Chapitre vingt-cinquième

Retrouvailles

Lorsqu'elle eut payé, elle se hâta de sortir et retrouva Harry qui l'attendait dehors en compagnie de Ron, auquel sa mère avait apparemment laissé quartier libre. Elle s'empressa de leur raconter sa mésaventure. Ron ne dit rien mais son visage s'assombrit et un éclair de colère passa dans son regard. Harry quant à lui ouvrit de grands yeux et s'écria :

"Mais pour qui il se prend, celui-là ? Pour le Parrain ?"

"Le parrain ? Mais de qui ?"

Ron avait l'air déconcerté par la remarque d'Harry et, voyant sa mine déconfite, Hermione et Harry éclatèrent de rire, avant de lui expliquer qu'il s'agissait d'un film moldu.

Ils parvinrent ainsi devant la boutique de farces et attrapes de Fred et Georges et s'engouffrèrent à l'intérieur.

Quand ils revinrent au Terrier, dans l'après-midi, ils déposèrent les divers paquets qu'ils portaient sur la table du salon et s'effondrèrent dans les fauteuils. Seule Molly Weasley semblait avoir encore de l'énergie et elle s'employa aussitôt à ranger ses emplettes. Une fois terminé, elle leur ordonna de monter préparer leurs valises. Après avoir fini, Ron et Harry se lancèrent dans une bataille de polochons ; les filles qui, elles aussi, en avaient fini, et intriguées par le bruit, les rejoinrent et des plumes volèrent bientôt en tout sens dans la chambre.

Ron se laissa tomber sur son lit, à bout de souffle, pris de fou rire, bientôt imité par Harry. Hermione et Ginny, les voyant abandonner, se ruèrent sur eux, comme pour les achever. Ils se débattirent en riant de plus belle lorsque soudain un cri perçant venu du rez-de-chaussée les figea sur place.

Se dressant d'un bond, Ron se rua hors de sa chambre, Ginny sur ses talons ; Harry et Hermione les suivaient de près. En bas de l'escalier, ils entendirent des exclamations provenant du salon et quand ils entrèrent dans la pièce, ce fut pour trouver Mme Weasley, encadrée de Ron et de Ginny, à genoux, penchée sur le corps inanimé de Percy.

Ils s'exclamèrent tous deux en choeur et s'approchèrent. Ils virent alors que ses vêtements étaient lacérés, presque en lambeaux et qu'il respirait avec peine. Ils s'agenouillèrent eux aussi ; à cet instant, Percy ouvrit les yeux, le regard dans le vague et d'une voix rauque, murmura :

"…danger… attaquer…"

Molly, les larmes aux yeux, lui toucha doucement la joue et fit d'une voix que l'émotion étranglait :

"Chut, mon chéri, ne parle pas tu…"

Mais, dans un sursaut de volonté, Percy parvint à lever la tête et, regardant sa mère, il dit avec effort :

"Partez tout de suite ! Ils vont… ils vont attaquer ici ! Je… je…"

Et il retomba inanimé.

En un clin d'œil, Mme Weasley fut sur ses pieds. Elle sortit sa baguette, la pointant sur Percy :

"Mobilicorpus !"

Elle s'empara du bocal de Poudre de Cheminette et en jeta dans le feu, en s'écriant :

"Sainte-Mangouste !"

Aussitôt les flammes prirent une teinte verte. Elle y propulsa la civière sur laquelle Percy, toujours inconscient, reposait et, avec un grand calme, leur dit :

"Allez chercher vos malles, tout de suite !"

Ils s'apprêtèrent à monter mais Hermione leur fit signe de rester là et elle disparut dans l'escalier. Quand elle revînt, les quatre malles venaient derrière elle, en lévitation à cinquante centimètres du sol. Molly leur fit signe de se dépêcher et l'un après l'autre, ils empruntèrent la cheminée. Hermione envoya les quatre malles à la suite de Ron et Molly lui fit signe de passer quand un sort brisa une vitre, venant frapper le plafond. Alors elles bondirent et plongèrent toutes deux dans les flammes.

A Sainte-Mangouste, soudainement, un énorme nuage de suie fut expulsé, en même temps que Mme Weasley et Hermione, maculées de noir de la tête aux pieds, mais saines et sauves.

Le soir même, dans une petite pièce attenante à la grande salle du Chaudron Baveur, se tenait un conseil extraordinaire. S'y trouvaient Harry, Hermione, Maugrey Fol-Œil, Rémus Lupin, Shacklebolt, Tonks et toute la famille Weasley – à l'exception de Percy, toujours à Sainte-Mangouste, en observation.

Dès qu'il avait su la nouvelle, Arthur Weasley était accouru à l'hôpital et quand sa femme lui avait appris que c'était Percy qui était venu les avertir, il avait fondu en larmes. Bill et Charlie avaient Transplané un peu plus tard et eux aussi avaient été très émus par ce que leur cadet avait fait. Quand celui-ci avait enfin repris conscience, il avait trouvé toute sa famille assemblée autour de lui – Harry et Hermione avaient jugé préférable de disparaître un moment. Il n'avait tout d'abord pas osé affronter leurs regards mais quand son père, la voix pleine d'émotion, lui avait dit qu'il était très fier de lui, il l'avait regardé droit dans les yeux et avait éclaté en sanglots et ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre.

Pour l'heure, Maugrey les informait des détails de l'attaque sur le Terrier. La présence d'esprit de Molly, qui, aussitôt parvenue à Sainte-Mangouste, avait alerté Shacklebolt, avait permis aux Aurors d'arriver sur les lieux avant que les Mangemorts n'aient pu disparaître. Ils avaient réussi à arrêter deux d'entre eux, Barjow, le propriétaire du magasin de l'Allée des Embrumes et Nott, le père de Théodore, le Serpentard. Ils avaient aussitôt été jugés et condamnés. Ils devaient être transférés par les Aurors dans la nouvelle prison, puisque Azkaban, désormais désertée par les Détraqueurs était maintenant insuffisamment sûre pour y détenir d'aussi dangereux prisonniers.

Par bonheur, la maison n'avait pas été saccagée, mais cependant, par précaution, les Weasley logeraient dorénavant au Quartier Général de l'Ordre. La discussion se poursuivit encore un peu, puis, tombants de sommeil, encore sous le choc des évènements de la journée, ils montèrent se coucher, pour prendre un peu de repos avant d'affronter une fois de plus la rentrée à Poudlard.

Le lendemain, ils partirent assez tôt pour King's Cross, où le Poudlard Express les attendait. Parvenus à la barrière, ils passèrent par petits groupes de deux et se retrouvèrent sur le quai de la voie 9 ¾. Ils se dirigeaient vers l'avant du train lorsque Ron, qui marchait en tête, s'arrêta net. Harry, qui le suivait de près, le heurta avec son chariot, et grommela :

"Ron, enfin, tu pourrais prévenir !"

Celui-ci se retourna et lui fit signe de regarder devant eux. Harry s'exécuta et lorsqu'il aperçut ce que lui montrait le rouquin, il jura à mi-voix :

"Nom de Dieu !"

Hermione, qui, avec Ginny, était arrivée à leur hauteur, leur demanda :

"Que se passe-t-il ?"

A son tour, elle regarda dans la même direction et horrifiée, mit sa main devant sa bouche :

"Seigneur !"

A quelques pas se tenait Drago Malefoy. S'il était toujours vêtu de la même manière luxueuse, il semblait ne tenir debout que par miracle, il flottait dans ses vêtements, et son visage, aux joues creuses, était encore plus blanc qu'auparavant, l'absence totale de couleur soulignée par le noir de sa tenue ; on aurait cru voir un spectre.

Il s'était aperçu de l'agitation du petit groupe de Gryffondors et il se tourna vers eux, les toisant d'un air hautain ; cependant, il ne fit aucune remarque et, se détournant, il monta dans le train, d'un pas plus vif que les quatre amis ne l'en auraient cru capable.

Ils se regardèrent, mal à l'aise, puis sans un mot, ils se remirent en route et ils montèrent avec leurs bagages dans le premier wagon. Une fois installés dans un compartiment, les filles les laissèrent pour aller retrouver leurs amies et ils s'assirent, parlant de choses et d'autres, lorsque Harry, regardant dehors, interrompit Ron en lui demandant :

"Tiens, regarde là-bas, tu vois, vers le poteau, le gars de profil, il ne te rappelle pas quelqu'un ?"

"Si, c'est vrai mais je ne vois pas…"

Harry lui montrait un garçon efflanqué, assez grand et mince, aux cheveux noirs, qui semblait attendre quelqu'un. Il lui semblait familier, mais il ne parvenait pas à mettre un nom sur ce visage. Soudain, une vieille femme surgit derrière lui, portant un grand sac à main vert et coiffée d'un chapeau orné d'un vautour et les deux garçons s'écrièrent :

"Neville ?"


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