Chères lectrices, chers lecteurs, je sais, je suis un auteur indigne... Je me rends compte que cela fait bien (trop) longtemps que je n'ai plus rien posté. J'ai été très pris ces derniers temps, avec mon premier boulot, déménagement et tout et tout... mais cela n'excuse pas cet indigne abandon... Me voilà donc de retour, avec la ferme intention de terminer cette fic... J'espère que vous aimerez !

Chapitre trente

Rencontres

Le lendemain, Ron s'éveilla la tête brumeuse, sans doute sous le contrecoup des évènements de la veille au soir, tiré de son sommeil par la clarté du soleil entrant à flots par les grands vitraux qui perçaient les murs du dortoir de l'Infirmerie. Voyant qu'il était réveillé, Madame Pomfresh se dirigea vers lui et, après une rapide inspection, lui déclara :

"Bien… tout semble être en ordre, je vais vous laisser rejoindre vos camarades pour le petit déjeuner."

"Merci, Madame."

Elle se tourna pour retourner dans son bureau, avant de se raviser :

"Ah, oui, j'allais oublier… Le Directeur souhaite vous voir dès que possible… Le mot de passe est "Chocogrenouille"…"

Ron ne fut pas surpris ; Dumbledore souhaitait se faire une idée sur ce qui s'était passé… mais il serait déçu : en effet, il n'avait quasiment aucune idée de ce qui s'était produit.

Soudain, à cette pensée, le souvenir de cette nuit lui revint brusquement en mémoire et il se figea, une chaussette à la main, son visage arborant une expression rêveuse. Et ce fut avec l'esprit ailleurs qu'il acheva de s'habiller, avant de filer rejoindre la Grande Salle.

Il entra dans la Grande Salle, marchant d'un pas vif et se dirigea vers la table de Gryffondor d'un pas décidé. Lorsqu'il parvint à leur hauteur, il ralentit légèrement : la place qu'occupait habituellement Hermione était vide et elle n'était nulle part en vue. Fronçant les sourcils, il s'installa à sa place coutumière. Ginny, de sa place entre Neville et Parvati lui adressa un signe, accompagné d'un grand sourire, imitée aussitôt par son voisin, ainsi que par Seamus et Dean, assis un peu plus loin, plongés dans la lecture d'un parchemin d'une longueur peu commune. Harry, l'air épuisé, leva les yeux de la Gazette du Sorcier et son visage s'éclaira :

"Ron ! Déjà de retour ! Comment ça va ?"

Le rouquin, dont l'humeur s'était considérablement assombrie depuis quelques instants, se força à sourire et à répondre aimablement :

"Mieux qu'hier, en tout cas…"

Il laissa passer un instant, avant de demander, avec une désinvolture aussi peu naturelle que de la neige en juillet :

"Et Hermione ? Elle ne déjeune pas, ce matin ?"

Sans relever la tête, Harry lui répondit :

"Je n'en sais rien, je ne l'ai encore pas vue…"

Silencieusement, Ron, dont l'humeur virait à l'orage, s'empara du pichet de jus de citrouille et se servit, avant de le reposer sur la table, avec un peu trop de violence. Harry sursauta et son regard étonné croisa celui de Ron qui le lui rendit, impassible. Le Survivant ouvrit la bouche, mais à cette instant, Hermione entra dans la Grande Salle et Ron lui adressa un grand signe accompagné d'un sourire radieux, sa bonne humeur revenant aussi vite qu'elle s'était enfuie.

La jeune fille marqua un temps d'arrêt presque imperceptible, une hésitation des plus légères, mais qui n'échappa cependant pas à Ron ; mais elle eut aussitôt un sourire timide, qu'elle accompagna d'un signe de la main. Elle s'installa ensuite à sa place, saluant Harry, qui lui tendit son journal et dans la lecture duquel elle se plongea derechef. Ron, après s'être servi un petit déjeuner des plus copieux, lui demanda :

"'Mione, est-ce que vous avez eu les emplois du temps ?"

Levant à peine la tête, elle lui répondit par la négative et ce fut Harry qui ajouta :

"McGonagall devrait nous les distribuer d'ici un moment…"

Au cours du quart d'heure qui suivit, Ron, quelque peu refroidi par l'attitude étrangement distante d'Hermione – et étonné qu'elle ne se soit pas étendue sur le sujet des emplois du temps, pourtant un de ses thèmes préférés en début d'année, poursuivit son petit déjeuner, tentant plusieurs fois d'engager la conversation, avec aussi peu de succès que la première fois… en conséquence de quoi, il se rembrunit au fur et à mesure que l'heure avançait, si bien que, quand Harry lui posa une question, qu'il n'avait d'ailleurs pas écoutée, il lui répliqua sèchement : "Je n'en sais rien !". Le Survivant ouvrit des yeux ronds, essayant de déterminer quelle partie de la phrase "Veux-tu encore du jus de citrouille ?" Ron n'avait pas saisie. L'air complètement perdu, il allait demander à Ron ce qui se passait, quand Hermione se leva d'un bond en s'exclamant qu'elle avait oublié un livre dans sa chambre et s'en fut à vive allure en direction de la porte. Ron bondit à son tour sur ses pieds et, expliquant qu'il devait passer voir Dumbledore, s'en fut à sa poursuite.

Eberlué, Harry les regarda disparaître, avant de se tourner vers la table des professeurs, l'air de douter de quelque chose… et sa confusion ne fit qu'augmenter quand il aperçut Dumbledore en grande conversation avec Hagrid. Mais qu'est-ce qu'il leur prend ?

Pavane – G. Fauré

Mille questions bourdonnaient sous son crâne et son incompréhension se teintait tantôt de colère, tantôt d'amertume, tandis qu'il se lançait sur les traces de la jeune fille et, quand il la rejoignit dans le couloir qui menait aux dortoirs de Gryffondor, il l'interpella d'une voix neutre, masquant ainsi la confusion extrême qui régnait dans son esprit :

"Hermione…"

Elle s'arrêta net, lui tournant le dos et, sans lui faire face, lui répondit :

"Qu'est-ce qu'il y a, Ron ?"

Sa colère s'enfla tout d'un coup et lorsqu'il s'exprima à nouveau, sa voix tremblait de rage contenue :

"J'aimerais bien que ce soit toi qui me dise ce qu'il y a, figure-toi !"

Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent de manière quasi imperceptible et elle soupira légèrement, avant de répondre, toujours sans faire face au rouquin.

"Ron, je…"

Un long silence s'ensuivit, qu'il finit par rompre :

"Tu quoi ?"

Une certaine sécheresse pointait dans sa voix, alimentée en cela par son impatience grandissante devant le mutisme d'Hermione. Celle-ci se retourna, l'air mal à son aise :

"C'est juste que… j'ai… Enfin, j'ai peur que tout ça aille trop vite… Tu comprends, tu… enfin, Ron, je t'aime, je t'aime de tout mon cœur…"

Disant cela, elle s'était rapprochée de lui et prit ses mains dans les siennes. Le cœur de Ron, réchauffé un instant par les paroles de la jeune fille, battait à tout rompre.

"Mais ?"

"Mais j'ai besoin d'un peu de temps, tu comprends… Je ne veux pas que nous brûlions les étapes… Je…"

Fugacement, le visage de Ron devint de marbre et son regard brûla d'une fureur qui se mêlait à l'incompréhension et au désarroi ; levant les yeux sur lui, elle s'interrompit, l'angoisse se peignant sur ses traits, avant que cette expression terrible ne fasse place à un air las, la tranquillisant quelque peu. Mais cette neutralité affichée contrastait puissamment avec le chaos intérieur, avec la tornade qui balayait son esprit, éparpillant ses pensées aux quatre vents.

D'un certain côté, il comprenait les hésitations d'Hermione : ils s'étaient cherché depuis tant de temps qu'il avait, lui aussi, fini par douter, parfois… mais depuis la nuit dernière, ses doutes s'étaient évanouis, comme s'étaient évanouis les obstacles qui se dressaient entre eux ; et voilà que maintenant, elle s'ingéniait à en dresser de nouveaux ! Comme si… comme si elle n'était pas sûre d'elle-même, comme si elle avait besoin d'une autre confirmation, comme si elle ne lui faisait pas entièrement confiance… Et d'un autre côté, bien qu'il soit vaguement conscient de l'absurdité de la chose, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la colère, il se sentait blessé, au plus profond de lui-même…

Enfin, il parvint à apaiser la tempête qui faisait rage sous son crâne et, retirant ses mains de celles d'Hermione, il répondit d'une voix douce, presque inaudible :

"Si… Si tu penses qu'il te faut plus de temps, alors… alors j'attendrai…"

Elle ouvrit la bouche, le soulagement se peignant sur ses traits, mais il leva la main, l'interrompant et ajouta, encore plus doucement :

"Mais je ne pourrais pas toujours attendre, Hermione…"

Elle baissa la tête et acquiesça dans un murmure :

"Je… je comprends…"

Elle fit volte-face et se dirigea, le regard rivé au sol, vers l'entrée de la Salle Commune de Gryffondor ; parvenue à l'entrée, elle donna le mot de passe et se retourna : il était immobile à sa place, silhouette mince et élancée, la lumière du soleil auréolant d'or sa chevelure flamboyante. Ils échangèrent un long regard et elle ajouta, dans un souffle :

"Merci, Ron…"

Puis elle disparut dans le passage.

Après un long moment, rassemblant ses esprits, Ron se détourna à son tour et se dirigea vers l'entrée du bureau de Dumbledore. Parvenu devant la gargouille, il prononça le mot de passe et s'engouffra dans l'escalier ; arrivé à la porte, la main levée, il hésita avant de frapper ; il avait à peine effleuré le battant que celui-ci s'ouvrit et la voix de Dumbledore s'éleva :

"Entrez, Ronald, entrez…"

Il pénétra dans la vaste pièce circulaire, largement éclairée par le soleil, au centre de laquelle trônait le bureau du Directeur. Celui-ci, debout derrière son bureau, lui désigna un siège, à côté d'un autre, occupé par Minerva McGonagall. Elle le salua d'un bref hochement de tête, avant de reporter son attention sur Dumbledore, ce en quoi Ron l'imita.

"Bien, je suppose que vous savez pourquoi je vous ai convoqué, Ronald… Je voudrais que vous m'expliquiez ce dont vous vous souvenez de la soirée d'hier…"

Ron s'agita nerveusement sur son siège ; en ce qui le concernait, il n'avait quasiment aucun souvenir, aucune réminiscence de ce qui avait bien pu se passer… Seule lui revenait en tête la douleur, une douleur vive, aiguë, qui l'avait lacéré, un instant avant qu'il ne perde connaissance…

Il s'éclaircit la gorge, avant de répondre :

"Je suis désolé, mais je ne me souviens de rien… A part… à part d'avoir horriblement souffert, juste avant de… de m'évanouir."

Dumbledore, qui s'était penché en avant pour l'écouter, se rencogna dans son fauteuil et le considéra un long moment. Il finit par soupirer, avant de déclarer :

"Bien… C'est regrettable que nous ne puissions pas savoir exactement ce qui vous arrivé… Enfin bref ! Vous pouvez disposer… Minerva, un instant…"

Ron se leva et sortit de la pièce, refermant la porte derrière lui. Il descendit les marches, l'esprit ailleurs, essayant en vain de préciser ses souvenirs, mais rien n'y fit. Réalisant qu'il venait de manquer son premier cours de l'année – Herbologie, rien de très intéressant, il jura à mi-voix et prit la direction de la salle de classe de Charmes. Au fur et à mesure qu'il repensait à la nuit dernière, son esprit dériva vers Hermione.

Il tourna dans le corridor qui menait à la salle de classe, toujours égaré dans les méandres de ses pensées et se retrouva nez à nez avec Malefoy. Ils s'arrêtèrent net et se toisèrent l'un l'autre, le visage marmoréen. Pendant quelques secondes, ils s'observèrent tous deux en chiens de faïence, avant que le Serpentard ne reprenne son expression hautaine habituelle et ne lance :

"Alors, Weasley, tu as perdu ta langue ? Je ne me plains pas, remarque, cela me dispense de t'entendre…"

Cependant, de manière surprenante, le ton, bien qu'agressif, manquait singulièrement de conviction et était dépourvu du mépris qui le teintait d'ordinaire. Ron hésita un instant à répondre mais il se contenta d'hausser les sourcils, avant de contourner sa Némésis sans un mot, ni même l'effleurer et il poursuivit sa route. Il s'attendait à une dernière pique lancée au vol par son ennemi de toujours, mais lorsqu'il parvint devant la porte de la salle de Flitwick, il jeta un coup d'œil par dessus son épaule et aperçut Malefoy qui le regardait depuis le bout du couloir avec une expression indéchiffrable avant de s'engouffrer dans la pièce.