Juste pour fixer les choses, étant donné effectivement que je prends beaucoup de temps pour avancer, voilà un petit résumé :
Harry, Ron et Hermione sont en sixième année. Harry suit des cours avec Dumbledore pour se préparer à affronter Vous-Savez-Qui tandis qu'Hermione et Ron se débattent dans leur histoire, devenue plus sérieuse, mais toujours aussi compliquée. Mais Ron a de sérieux doutes sur son avenir et cela ne va pas en s'arrangeant...
Chapitre trente et un
Les déboires de Ron Weasley
Lorsque Ron s'assit, il mit quelques secondes avant de réaliser qu'il était le seul à être déjà arrivé – normal, il devait bien avoir une demie-heure d'avance, étant donné que le cours d'Herbologie n'était pas terminé. Enfin, seul… sans compter le professeur McGonagall, qui était à sa place habituelle, derrière son bureau, penchée sur une pile de parchemins. Elle ne l'avait apparemment pas remarqué et elle tendit la main pour attraper sa plume, levant machinalement la tête ; l'apercevant, elle sursauta avant de bafouiller :
"Ronald Weasley ! Vous… Par Merlin, vous m'avez fait une peur bleue… Je… je ne vous ai pas entendu entrer…" Elle avait l'air vraiment surprise, mais elle se reprit vite, reprenant son air légèrement guindé, avant de se replonger dignement dans l'étude de ses parchemins sur lesquels elle annota quelques mots rapides. Sans doute quelques essais qu'elle n'avait pas eu le temps de rendre à la fin de l'année précédente, avec tout le… avec tout ce qui s'était produit. Les cours avaient été interrompus deux semaines avant la fin, personne n'aurait de toute façon eu le cœur à étudier, après ce qui s'était passé… De toute façon, ça n'aurait rien changé pour lui… Il se rembrunit en songeant à la discussion qu'il avait eu avec ses parents, à celle qu'il avait surprise cet été et à celle qui s'était déroulée dans le train qui les ramenait ici… Il soupira intérieurement ; au fond de lui, il reconnaissait qu'Hermione avait raison et il le savait, et l'admettre devant ne servirait à rien d'autre qu'à s'attirer le fameux regard "je-te-l'avais-bien-dit", sans pour autant résoudre son problème… Il tourna et retourna la chose dans sa tête, sans qu'aucune solution ne lui apparaisse… Il gémit intérieurement ; jamais il ne pourrait faire de bonnes études, jamais il ne pourrait trouver un travail convenable et il resterait toujours le petit Ron, l'éternel dernier, toutes les fois il s'était tiré de ses… ennuis avec les cours, c'était grâce à Hermione, à Harry… Il ne valait vraiment rien… Même Hermione semblait ne pas vouloir de lui… il était vraiment le dernier des nuls et…
Il interrompit cette descente aux enfers mentale en réalisant que McGonagall s'était levée et s'approchait de lui. Elle s'arrêta à deux pas de sa table et, d'une voix moins sévère que d'ordinaire, elle lui dit : "Monsieur Weasley, vous avez l'air préoccupé… Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ?" Comprenant parfaitement de quoi il retournait, il hésita un instant entre une profonde irritation et… un certain soulagement : après tout, si quelqu'un pouvait l'aider, c'était bien la Directrice de Gryffondor…
…
Lorsqu'il eut terminé, il leva sur elle un regard que l'espoir disputait au fatalisme ; elle soupira profondément d'un air las, avant de répondre d'une voix douce :
"Monsieur Weasley, je me dispenserai de vous asséner un sermon du type "je vous l'avais bien dit" mais…" et son regard se fit perçant… "vous l'auriez tout de même mérité… Je vous avais prévenu contre tout cela, la dernière fois que je vous ai vu, mais apparemment, comme la plupart des recommandations que je vous ai adressé, à vous ainsi qu'à vos camarades, cela n'a pas dû être bien compris…"
L'ironie contenue dans ces propos le fit grimacer ; quoiqu'elle en dise, elle allait le chapitrer comme à l'accoutumée et il esquissa un geste mi-exaspéré, mi-accablé… Cependant, elle poursuivit, imperturbable :
"Mais le problème n'est pas là. Je suis d'accord avec vous quand vous me dites que vous avez de grosses difficultés, mais contrairement à vous, je pense que tout n'est pas perdu… Vous resterez après le cours, je verrai avec vous ce que l'on peut faire. Mais je vous préviens, il va vous falloir du travail, beaucoup de travail…" Elle laissa planer le silence, tandis que les premiers élèves arrivaient pour le cours… "Et cette fois, il ne faudra compter que sur vous-même, Monsieur Weasley…" Disant cela, son regard, qui venait de se poser sur Hermione qui rentrait en compagnie d'Harry et de Neville, le transperça une dernière fois, et, sur cette flèche du Parthe, elle se détourna pour rejoindre son bureau.
…
"Bon, c'est l'heure de manger… On y va ?"
Harry se retourna vers Ron et l'interrogea du regard. Hermione avait déjà rejoint Lavande et les jumelles Patil – cette année, leurs cours de Métamorphoses auraient lieu avec les Serdaigle. Ron lui jeta un bref coup d'oeil avant de secouer la tête :
"Allez-y, je vous rejoindrai…"
"Tu… tu es sûr ? Je peux t'attendre…"
"Non, non, ça ira…" répondit aussitôt le rouquin, peut-être un peu trop brusquement et, pour tempérer la sécheresse de son ton, il ajouta aussitôt : "J'ai… j'ai quelque chose à faire avant de descendre… Vas-y avec les autres, je vous retrouverai…"
Harry eut l'air d'hésiter un instant, puis il se détourna, à contre-cœur, sembla-t-il à Ron, pour sortir de la salle.
Quand il ne resta plus que lui, il s'approcha du bureau de McGonagall, qui mettait de l'ordre dans ses papiers. Il s'immobilisa et attendit qu'elle termine ; au bout de quelques secondes, elle leva brusquement les yeux sur lui et il cilla sous le poids de ce regard sans aménité qui s'adoucit cependant quelque peu à sa vue. Elle esquissa un geste :
"Asseyez-vous, Monsieur Weasley…"
Il obtempéra, se demandant vaguement ce qui risquait de lui arriver sous peu ; il ne tarda pas à être fixé :
"Bien ! J'ai réfléchi à ce dont nous avons discuté tout à l'heure… Je vais vous faire une faveur, Monsieur Weasley : je vais vous donner… des cours particuliers, du rattrapage en quelque sorte. Je ne tolérerais aucun manquement de votre part et j'attends de vous un travail soutenu… Est-ce clair ?
Il resta un instant figé, abasourdi par ce qu'il venait d'entendre… Puis, conscient qu'il ne pouvait plus reculer, il acquiesça lentement… Mais en son for intérieur, il se demandait s'il avait bien fait ; après tout, ce n'était pas en quelques mois qu'il rattraperait son retard accumulé depuis la première année… Et si cela s'avérait inutile… et bien, il aurait en plus perdu un certain nombre de soirées…
"Je vous attends demain soir, dans mon bureau, à 20 heures précises. Soyez là, Monsieur Weasley !"
"Je… euh… oui, Professeur…"
"Très bien !"
Satisfaite, McGonagall approuva du chef, avant de se replonger dans ses papiers ; au bout de quelques secondes, elle releva la tête et ajouta d'un ton sévère :
"Ce sera tout, Monsieur Weasley."
…
Ils entrèrent dans la Grande Salle et rejoignirent leur place habituelle. Tout en bavardant, ils commencèrent à manger, Harry discutant avec animation avec Dean, Seamus et Ginny au sujet du dernier match de Quidditch de l'Irlande contre le Pérou, tandis qu'Hermione, parcourant distraitement la Gazette du Sorcier, mangeait du bout des lèvres… Au bout d'un moment, Ginny se tourna vers elle et l'interrogea :
"Quelque chose ne va pas, Hermione ?"
"Quoi ? Euh… je… Non, non, tout va bien…" lui répondit-elle. Ginny haussa les sourcils d'un air moqueur :
"A d'autres ! Tu ne manges rien, tu as l'air complètement dans la lune ; je parierais même que tu es incapable de me dire ce que tu fais semblant de lire… Alors, quel est le problème, dis-moi ?"
"Ron ! On est là !" Harry les fit sursauter ; il s'était à demi levé et faisait de grands signes au rouquin qui venait d'entrer dans la Salle. Ginny lui jeta un regard noir avant de se retourner vers Hermione, mais celle-ci venait de se lever et se dirigeait déjà vers la sortie. Lorsqu'ils se croisèrent, elle eut un mince sourire à l'adresse de Ron, qui le lui rendit avec une légère hésitation.
Ron les rejoignit et s'assit à la place d'Hermione, tandis que Ginny foudroyait Harry :
"C'est malin ! Elle allait presque me dire…"
"Te dire quoi ?" s'enquit Ron, l'air préoccupé.
"Je… en fait, je ne sais pas…"
"Pas la peine d'en faire une montagne, alors…" déclara Harry en riant. Ginny lui jeta une boulette de pain, qu'il esquiva avant de riposter avec un petit pois, mais il toucha Dean qui s'empressa de lui renvoyer. Il sembla un instant qu'une bataille allait éclater, mais Rogue, qui passait à cet instant, lança :
"Potter, qu'est-ce que vous croyez faire ?"
Imperturbable, Harry répondit :
"Une bataille de nourriture, monsieur…
Le Professeur de Potions fronça les sourcils, avant de demander d'un ton doucereux :
"Vous vous croyez drôle, Potter ?"
Sans se départir de son sérieux, quoique avec une lueur d'amusement dans les yeux, celui-ci rétorqua :
"Absolument, Professeur…"
Rogue se pencha vers lui, un sourire mauvais sur les lèvres :
"Insolence, Potter, insolence… Cela ne vous mènera à rien de bon, Potter, voyez votre parrain, où cela l'a conduit…"
Harry recula comme s'il avait été giflé ; il sentit Ron et Ginny se tendre à ses côtés. Pendant un instant, il ne dit rien, son visage complètement dépourvu de la moindre émotion, mais sous la fureur, ses yeux avaient pris la teinte du jade sombre, un vert si profond qu'il semblait noir ; d'une voix glaciale, il répliqua :
"Sans doute, puisque vous…"
Les yeux noirs de Rogue étincelèrent et il ouvrit la bouche pour le couper mais fut à son tour interrompu lorsque le verre de Ron explosa dans sa main, les aspergeant tous de jus de citrouille. Le professeur le gratifia d'un regard peu amène, chargé de mépris, avant de se tourner à nouveau vers Harry et de lui lancer, d'un ton grinçant :
"Retenue, Potter… Ce soir, huit heures, dans mon bureau."
Sans répondre ni même attendre que Rogue ait disparu, Harry et Ginny se tournèrent vers Ron, très pâle, qui avait enlevé les quelques morceaux de verre qui s'étaient plantés plutôt profondément dans sa paume et tamponnait ses coupures avec un mouchoir, qui rougissait à vue d'oeil.
"Qu'est-ce qui s'est passé ?"
"Tu t'es coupé ? Ca à l'air sérieux, Ron, il faut que tu ailles à l'Infirmerie !"
"Je… je ne sais pas… je crois que… J'ai dû serrer trop fort mon verre… Oui, ça doit être ça… Je vais aller voir Madame Pomfresh…"
"Tu veux que je t'accompagne ?" proposa Harry, l'air inquiet.
"Non, non, ça va aller..." répondit Ron, précipitamment. Il avait presque l'air anxieux à l'idée qu'Harry le suive, ce qui fit hausser les sourcils à ce dernier, mais avant qu'il n'ait pu poursuivre, Ron se leva, un peu chancelant et se dirigea vers la sortie. Son regard s'arrêta un instant sur la table des Serpentard, où Malefoy se trouvait, seul, à l'écart des autres élèves de sa maison. Celui-ci le dévisageait avec le même genre d'expression qu'il arborait la dernière fois qu'ils s'étaient croisés. Décidément…Qu'est-ce qu'il a encore trouvé, celui-là ? Ron fronça les sourcils et lui rendit son regard, imperturbable ; puis il haussa les épaules et détourna les yeux tout en se dirigeant vers l'Infirmerie.
…
Jonathan O'Neill, première année à Serdaigle, s'était perdu en voulant retourner à leur Salle Commune. Il avait tourné à gauche au sommet de l'escalier du troisième étage, alors qu'il fallait prendre à droite, il s'en souvenait maintenant. Il avait essayé de rebrousser chemin, mais les couloirs semblaient s'être déplacés depuis…
Soudain, un frôlement derrière lui le fit sursauter. Il poussa un cri et se retourna vivement mais il ne distingua personne dans la mi-obscurité du couloir. Il reprit sa marche d'un pas plus vif dans la direction qu'il pensait être celle de l'escalier.
Parvenu à une intersection, il s'arrêta, cherchant à s'orienter. Il avait l'impression grandissante d'être observé et il regarda nerveusement autour de lui ; soudain, un mouvement brusque à la lisière de sa vision attira son attention, mais il eut à peine le temps de tourner la tête… Tout ce qu'il entrevit fut une masse sombre qui le percuta avec une violence inouïe et ensuite, il perdit connaissance.
