Bonsoir :)
Je suis toute nouvelle sur ce site, et toute nouvelle au niveau fanfiction, alors j'espère que j'ai tout fait correctement!
L'univers et les personnages de Tolkien ne m'appartiennent évidemment pas, la seule personne qui m'appartient est donc mon OC.
Je vous souhaite une bonne lecture, et j'espère que ma petite histoire vous plaira!
Je l'approchai lentement de mes lèvres, ce plaisir tant attendu.
Les yeux brillants de désirs, à quelques pas seulement de l'endroit où je l'avais acquis, je le tenais fermement. Je jetai un coup d'œil à droite, puis à gauche, certaine qu'à la moindre occasion, on tenterait de me le voler. Cependant, personne ne semblait approcher, et bien que la plus grande partie de mon attention soit focalisée sur l'objet de mon désir, je guettais les alentours, prudente.
Faut dire que ce beignet, je l'avais amplement mérité !
Ma journée avait été complètement chaotique. Je m'étais levée tôt, et en retard, de surcroit ! Ce qui m'avait bien évidemment obligée à sauter la case petit déjeuner, à griller la priorité à un céder le passage, et à courir de ma voiture au magasin sous une pluie battante – ce qui avait eu pour effet de faire friser mes adorables cheveux-. Autant dire que ça avait bien commencé !
Par la suite, j'avais dû attendre devant les portes coulissantes que quelqu'un daigne venir m'ouvrir –car le supermarché n'était pas encore ouvert aux clients- pour ensuite me précipiter dans les vestiaires, me changer à toute allure, et courir à travers la moitié du magasin avant de biper avec une minute de retard – ce qui avait eu le don de m'agacer prodigieusement, soit dit en passant !-.
Puis, ça avait été le même bonheur que les deux derniers mois : prendre ma caisse dans le coffre, aller à la caisse où les responsables m'avaient placées, installer ma caisse, vérifier la présence de mon stylo et de mon tampon, regarder s'il restait assez de papier pour les ticket et pour les factures, nettoyer rapidement la tapis roulant et l'écran tactile, saluer mes autres collègues qui s'installaient autour de moi –pas trop proches pour éviter les bavardages- allumer la petite lumière qui indiquait que ma caisse était ouverte et puis…
L'attente.
Après quoi, l'annonce sonnant le début de la journée avait résonnée dans tout le magasin, et les premiers clients s'étaient précipités en courant dans les rayons. J'avais longuement soupiré en m'asseyant lourdement sur ma chaise : une nouvelle merveilleuse et gratifiante journée était sur le point de commencer. En attendant les premières personnes, j'avais tenté avec fougue de remettre mes cheveux en place et de les coiffer à l'aide de mes doigts, sauf que, n'écoutant que leur volonté propre, ils avaient tout simplement refusés d'écouter ce que je m'évertuais à leur dire depuis des années et rebiquaient de tous côtés.
J'avais laissé tomber cette affaire lorsqu'un client s'était présenté, visiblement pressé, tout au bout de mon tapis roulant. Les bips bips s'étaient ensuite enchaînés sans interruption, très vite rejoint pas les grondements sourds de mon ventre. Pour avoir ma pause, j'avais dû attendre encore quatre heures. Quatre heures de bips, de « vous avez la carte du magasin ? » « Est-ce que vous voulez une remise sur les casseroles ? » « Oui monsieur les promotions sont bien passées sur cet article. » « Ha, je suis désolée, le code barre est déchiré, vous voulez aller reprendre un autre article ? »… Quatre heures de galère pure et dure durant lesquels j'avais cru devenir folle.
Et enfin, alors que je pensais ne plus avoir de pause et songeais à demander à un client s'il ne voulait pas me céder un bout de pain, ma collègue était venue. Soupirant de soulagement, la vessie prête à exploser, mon ventre grondant plus fort que le tonnerre, je m'étais précipitée –sans oublier de biper- vers les vestiaires. En un temps record, j'avais fait ma petite besogne aux toilettes, pris le peu d'argent qu'il me restait dans mon porte-monnaie, et allumé la télé dans la salle de pause.
Je m'étais arrêtée plusieurs minutes devant le distributeur, lorgnant les paquets de chips qui pendouillaient derrière la vitre. Finalement, avec les quelques misérables pièces qui me restaient, j'avais acheté un paquet de bonbon bas prix et des twix. Cool le repas, hein ? Sauf que le paquet de bonbon était resté coincé, et malgré tous mes efforts pour le décrocher, il ne descendit jamais. Je m'étais donc contentée de mon twix en regardant une émission totalement barbante sur les pingouins –tout en lançant des regards incendiaires vers le distributeur-, puis avait attendu l'heure de reprise en zappant allègrement d'une chaîne à l'autre, constatant qu'en effet vers midi il n'y avait absolument rien à la télé. Rien de surprenant, en soi.
Et, malheureusement, l'heure avait sonné. J'avais beaucoup soupiré, en retournant vers ma caisse où ma collègue attendait que je reprenne ma place. Quatre autres longues heures trépidantes s'étaient ensuite déroulées, durant lesquelles plusieurs clients me braillèrent dessus parce que « vous allez trop vite je n'ai pas le temps de ranger mes courses ! » ou alors « vous ne pouvez pas aller plus vite ? » ou encore « Ce n'est pas le bon prix ! Ohlala dans ce magasin c'est toujours la même chose ! ». Bref, les plaintes avaient abondement plu sur moi, et quand enfin ma journée s'était terminée, j'étais si énervée que j'aurais sauté à la gorge du premier zozo venu.
J'étais sortie sur le parking alors que le soleil brillait encore, ce qui me réjouit énormément, car la plupart du temps, je ne le voyais pas de la journée. J'avais donc décidé de faire un petit tour en ville pour me dégager la tête de l'ambiance « supermarché », et m'étais très vite arrêtée pour baver et contempler amoureusement les viennoiseries exposées dans une vitrine. Ma production de salive et les grondements de mon ventre augmentant dangereusement, j'avais craqué sans trop de remord et était ressortie de la boulangerie avec un petit sachet brun, contenant mes précieuses victuailles.
J'avais ensuite trouvé un banc, vers la grande place, inondée de soleil, et m'étais assise. J'avais déballé avec une envie grandissante le beignet fourré au chocolat, et l'avais approché de ma bouche.
Et c'est là qu'un truc vachement étrange se produisit. J'allais –ENFIN- mordre dans cette petite merveille gustative qui faisait battre mon cœur à toute vitesse, lorsque le grondement rassurant de la foule se tu. Je m'arrêtai net, et relevai les yeux.
Oh. La. Vache.
Je n'étais plus sur la place de la ville, ni même sur un banc. Mon beignet toujours en l'air, j'écarquillai les yeux en contemplant le paysage autour de moi. J'étais assise sur un rocher qui me gelait le derrière, au milieu d'une plaine gigantesque. A l'horizon, sur ma gauche, je pouvais apercevoir la lisière d'une forêt et de l'autre côté, des montagnes dentelés très sombres dont l'une crachait un feu d'enfer.
Mes yeux retombèrent sur mon beignet, que je tenais toujours très précieusement entre mes mains. Voilà, je savais que je n'aurais jamais dû l'acheter, ce maudit beignet, c'était à cause de lui que j'avais cette hallucination. J'avais si faim que l'odeur appétissante qui se dégageait de cette viennoiserie faite de graisse et de sucre m'avait ébranlée le système nerveux. Si bien que mes nerfs n'avaient rien trouvé de mieux à faire que de m'imaginer perdue en pleine campagne, dans un coin paumé. Bien, les nerfs, bien.
Mais j'avais compris le principe : je devais manger cette chose succulente avant de tomber dans les pommes, ou, pire encore, avant de continuer cette vision des plus pittoresque jusqu'à croire qu'elle soit réelle. J'haussai donc les épaules, et approchai l'aliment sacré de mes lèvres. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite, mes pupilles se dilatèrent, ma salive se répandit dans ma bouche. J'allais enfin le manger, le croquer, le mâcher, le savourer, le… hein ? Mais qu'est-ce que c'était que ce bruit, encore ?
Mécontente, je relevai à nouveau les yeux afin de voir ce qui me coupait dans mon si bel élan. Un nuage de poussière s'élevait droit devant moi, avançant à une vitesse effarante dans ma direction. Je fronçai les sourcils, la bouche entrouverte, tandis qu'un vacarme ahurissant atteignait mes oreilles. Mon cher cerveau mit quelques secondes à réaliser que le vacarme et la nuée de poussière étaient en fait liés, et qu'ils semblaient se rapprocher de moi à une allure telle qu'ils seraient sur moi dans quelques minutes seulement.
Je ne savais absolument pas ce que ça signifiait, et à cause de la fumée, je ne parvenais pas à voir ce qui m'arrivait dessus. Dans tous les cas, cette nouvelle distraction m'empêchait de manger mon beignet, et je devenais de plus en plus frustrée à mesure que ma faim et mon envie grandissaient. Il était là, à portée de main, et pourtant, il n'avait toujours pas atteint ma bouche. C'était quand même incroyable !
Mais il y avait tout de même quelque chose de plus important à considérer, dans cette affaire : on me fonçait dessus. Je ne savais ni qui, ni quoi, mais ça me fonçait dessus. Et c'était pas bon du tout.
Le bruit et la fumée m'évoquaient les hordes de bisons ou d'éléphants qui couraient quand ils avaient peur et ravageaient tout sur leur passage. J'avais même entendu que par année, il y avait plus de personnes qui mouraient écrasées par des éléphants, que mangées par des requins. C'était pour dire si les éléphants étaient dangereux !
Bref, que ce soit des éléphants –peut-être que mes nerfs les avaient fait roses !- ou des bisons, ils me fonçaient dessus et de ce fait, la probabilité que je sois morte écrasée comme une crêpe sous leur patte, d'ici une à deux minutes augmentait considérablement. Quoi que… si l'on partait du principe que tout ceci n'était qu'une invention de mon cerveau à cause de mon manque de sucre évident, ce nuage de fumé bruyant devait en théorie ne me faire aucun mal. Je n'avais donc pas besoin de me lever et de courir comme une dératée dans telle ou telle direction pour échapper à une mort moins que certaine !
Soupirant de soulagement, je bougeai légèrement mes jambes qui commençaient à fourmiller de façon désagréable, et baissai mes mains, curieuse de voir ce que mon cerveau allait inventer pour la suite de cette vision. Peut-être que ce n'était qu'une métaphore, et que cette menace qui approchait n'était que l'évanouissement qui me guettait et qui ne tarderait pas à me frapper.
Je décidai de rester fermement campée sur mon petit rocher, à attendre cette masse fumante et grouillante qui s'approchait inexorablement de moi. De toute façon, il était trop tard pour fuir : la horde s'approchait. Et s'ils continuaient à courir de cette façon, ils me percuteraient dans 9…8…7…6…5…4…
D'un seul coup, la masse ralentit, et s'arrêta. Un vent léger se leva et quelques secondes plus tard, la fumée s'étiolait et disparaissait lentement.
Et je crus tourner de l'œil. Pas parce que j'étais en hypoglycémie profonde, mais à cause de ce qui se trouvait devant mes yeux…
