Coucou les gens :)
J'ai mis pas mal de temps à poster celui-la, simplement parce que je n'étais pas là la semaine dernière! J'espère qu'il vous plaira!
Un grand merci à tous ceux qui ont mis des reviews, qui ont mis dans leur favoris et leur follow, ça me fait plaisiiiir!
Enjoy:
Yerk. Je ne savais pas ce que mon cher cerveau souhaitait m'envoyer comme message subliminal, mais pour l'instant ce n'était pas très clair… ni très glorieux. Mes yeux grands ouverts, j'observais avec attention les… spécimens qui se tenaient devant moi, à quelques mètres à peine de mon rocher.
Bein cerveau, bravo, ils ont l'air vachement réels ces monstres !
Et ils sentaient vachement mauvais, aussi, pensais-je en fronçant le nez. C'était fou ce que mon subconscient était productif et inventif sur ce coup-là. J'avais déjà fait des rêves plutôt surprenant dans ma vie, mais celui-ci les dépassait tous de très loin. Un monde entier et une horde d'étranges créatures, avec autant de détails et une texture si profonde, ce n'était pas arrivé souvent.
Je savais pertinemment que c'était un rêve, une simple fantaisie de mon cerveau qui surmenait à cause de la faim. Cependant, je ne parvenais pas à chasser le malaise pressant qui croissait en moi. Ce volcan qui crachait sa fumée noire, au loin, et cette troupe monstrueuse qui m'observait avec force de grognements, ça ne faisait pas très bonne pub pour la région, et surtout, ça faisait jaser mers nerfs.
J'étais en train de me demander ce que je devais faire quand l'un d'eux –celui qui était en tête- se mit à parler d'une voix gutturale. Et malgré tout ma bonne volonté, je ne pus comprendre un traitre mot dans tout son baragouinage. Ce n'était pas une langue que je connaissais. Je fronçai un peu plus les sourcils.
Vachement fort, cerveau, pour inventer une nouvelle langue !
Soudainement, une peur lente et glacial s'immisça sournoisement dans mes veines, et je décidai de la repousser avec force. Si c'était mon subconscient qui inventait tout ça, n'aurais-je pas –théoriquement- été en mesure de comprendre cette langue ? Je me secouai doucement, tentant d'enfouir ces pensées dérangeantes et effrayantes tout au fond de mon être.
Voyons, je n'avais pas à m'inquiéter ! C'était mon cerveau en manque de sucre qui avait inventé tout ça, et ce n'était qu'une simple petite hallucination. Je me réveillerai bientôt, à n'en pas douter… Dès que j'aurais mordu dans mon précieux beignet. Oui, c'était ça la solution, je devais manger mon beignet, et tout irait mieux. Plus de montagne maléfique crachant de la fumée noire comme du charbon, plus de horde poussiéreuse au langage barbare, et plus de rocher froid comme la glace sous mon derrière.
Vivement, et très décidée à chasser cette horrible vision, je portai le beignet à mes lèvres –pour la troisième fois de la journée !-, mais au moment où j'allais mordre dans cette pâte sucrée et incroyablement savoureuse, les créatures se précipitèrent vers moi. Comme si mon geste, pourtant loin d'être offensif, avait réveillé en eux un instinct primaire.
Mes yeux descendirent sur ma précieuse victuaille, et avec un cri, je me renversai en arrière. Je fis une drôle de pirouette depuis le haut du petit rocher, mais parvint à retomber –je ne sais comment- accroupie sur mes pieds. Là, mon sac sur l'épaule droite, et mon beignet jalousement serré entre mes mains, je me relevai d'un seul coup, et me mis à courir droit à travers la plaine en hurlant comme une folle. Malgré mes hurlements perçant, j'entendis distinctement les pas lourds de la horde qui semblait vouloir me poursuivre. Mon indicateur interne de danger explosa.
Ils voulaient mon beignet, j'en étais sûre. Sauf que c'était Mon beignet, et jamais ils ne l'auraient, moi vivante !
Je couru ainsi sur plusieurs dizaines de mètres, gardant ma viennoiserie dans mes mains, ce qui était très peu pratique, observais-je après quelques foulées folles. Mon hurlement s'était heureusement épuisé et je me concentrais maintenant sur ma respiration erratique. J'avais toujours été plutôt douée en sprint, mais alors l'endurance, ce n'était vraiment pas ma tasse de thé.
Au bout d'un moment qui me sembla très court, je commençai déjà à ralentir. Mes poumons brûlaient, ma gorge et mes yeux me piquaient affreusement, et par-dessus tout, je sentais leur haleine fétide dans mon cou. Mes poils s'hérissèrent de toute part et une bouffée d'adrénaline se propagea dans tout mon corps, me donnant un coup de fouet mémorable. J'allongeai mes foulée en essayant de caler ma respiration sur mon rythme effréné tout en évitant de faire tomber mon précieux.
Une petite minute. N'étais-je pas en train de fuir une invention de mon subconscient ? C'est-à-dire, quelque chose qui n'était absolument pas réel ? Visiblement, oui.
Tout ça, c'était nul. Je n'avais qu'à faire comme dans Inception : tomber en arrière, ou me jeter dans une mare glacée, et je me réveillerai de ce cauchemar. Ou alors, mourir. Mourir piétinée… boh, si je me réveillai après, pourquoi pas.
Lançant un cri de frustration je m'arrêtai brusquement, prenant de court mes assaillant qui ne purent freiner à temps, et me percutèrent avec une brutalité inouïe. Je me retrouvai à terre, des pieds m'écrasant de toute part, et je me recroquevillai tentant de me soustraire à ces attaques. J'inspirai pour hurler ma terreur et ma douleur, mais l'air était remplis de poussière qui s'infiltra dans mes poumons, et je portai une main à ma bouche tandis qu'une horrible toux me secouait de toute part.
Finalement, le bruit autour de moi s'atténua doucement, la poussière retomba, et je pus enfin respirer convenablement. Je tremblais de toute part, contusionnée et haletante. Mais plus que tout, j'étais profondément choquée : j'avais mal, terriblement mal. Chaque parcelle de ma peau semblait en feu et je sentais mon pouls battre furieusement à plusieurs endroits distincts, me signalant ainsi des blessures plus ou moins graves.
Je ne comprenais rien à ce qui se passait. Si je n'étais pas dans mon cerveau, alors où étais-je ? Je n'avais jusqu'alors pas eu peur de cette horde monstrueuse car j'avais vu en eux un message de mon subconscient. Sauf que le subconscient et les rêves ne blessaient pas de cette façon. Mon corps se mit à trembler de plus belle sous le coup de l'émotion. Où étais-je ?!
Une voix s'éleva au-dessus de moi, et mon cœur se mit à battre frénétiquement dans ma poitrine, comme un petit oiseau affolé. Je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'ils disaient, cependant je sus qu'ils discutaient de mon sort. Soudainement, une main dont les griffes se plantèrent dans mon cuir chevelu m'attrapa par les cheveux et me força à me lever.
J'hurlai de douleur et de terreur tout en lâchant mon beignet pour attraper le poignet de l'individu, tentant ainsi d'alléger le tiraillement exercé sur mon crâne. Des larmes de terreur se mirent à couler doucement sur mes joues, tandis que j'affrontais enfin le regard de celui qui avait osé me toucher.
J'en eus le souffle coupé. Tout à l'heure, quand les monstres s'étaient arrêtés à quelques mètres de moi, je n'avais vu que la masse, l'ensemble, mais maintenant que j'en avais un devant moi, qui me scrutait, c'était bien plus effrayant. Il avait des yeux en amande et des pupilles d'un jaune inquiétant. Il était couvert de saleté, son nez était large et écrasé, ses cheveux pendaient le long de son corps, sales et amassés sur eux-mêmes en sortes de dreadlocks. Sa peau était noire, marbrée de bande brune très foncée, et lorsqu'il entrouvrit ses lèvres quasi inexistante, je pus apercevoir des crocs acérés. Et il était grand, si bien que je devais me tenir sur la pointe des pieds pour que la pression sur mon cuir chevelu soit supportable.
Un grognement s'échappa de sa poitrine massive, et j'eus toute les peines du monde à ne pas m'évanouir de terreur. Je tus le gémissement de peur qui enflait dans ma poitrine. Ils étaient pires que dans mes cauchemars. Pires que tout ce que j'avais pu imaginer jusque-là, et je n'avais qu'une envie : me réveiller et manger mon beignet sur le banc de la place publique.
Soudainement, celui qui me faisait face et me torturait le haut du crâne sans une once de pitié lança quelque chose dans sa langue rocailleuse, et toute la horde se mit à grogner. Je mis quelques secondes à comprendre qu'ils riaient. Puis, sans ménagement, le monstre qui me tenait fermement me rapprocha de lui. Si près que mon menton toucha son torse, il tira mes cheveux vers le bas de façon à ce que son haleine fétide me caresse le visage. Il semblait m'observer. Je frémis de tout mon être en sentant le corps monstrueux de cette abomination me toucher. Cependant je ne bronchai pas, mon être entier paralysé par une peur atroce.
Euh… tu me fais quoi, cerveau, là ? Et toi adrénaline ?
Visiblement, il n'y avait plus une once de quoi que ce soit en moi. Plus de courage, plus de force, seulement la panique. Une panique terrifiante, dévastatrice, qui dévorait chaque parcelle de mon corps et me laissait complètement démunie. Je n'étais plus qu'un fétu de paille, sans plus de volonté et de réflexion, balloté dans les bras puissant d'un monstre terrifiant. Même la douleur ne m'atteignait plus, seule la terreur subsistait.
Vaincue, laissée pantelante par cette épouvante ravageuse, je perdis mon emprise sur ma conscience et mon cerveau. Je n'étais plus là. C'était comme si une brume épaisse avait pris ma place, et que je voyais ce qui se déroulait autour de moi d'un œil extérieur, totalement indifférent. Une spectatrice.
En vérité, j'avais une envie folle de me mettre un bon coup de pied aux fesses, pour que je réagisse enfin. Qu'au moins je fasse quelque chose ! Hurler, vomir, m'évanouir, foutre mes pieds dans les parties génitales de ces bestioles –s'ils en avaient… Mais je n'étais plus capable de rien.
Je n'étais qu'un pantin, un pauvre petit pantin désarticulé aux fils coupés, incapable de se mouvoir par lui-même. En bref, j'étais pathétique.
Spectatrice, je ne pus donc qu'observer le monstre grogner en direction de la horde, qui lui répondit. Puis, ils s'approchèrent de mon corps flasque, et je crus que le pire allait arriver. Sauf que, au lieu de me rouer de coup ou pire encore, ils m'observèrent avec curiosité. Si j'avais pu, j'aurais levé un sourcil. Leur comportement jusqu'à présent avait été plus que contradictoire. D'abord, ils me couraient après, puis maintenant qu'ils m'avaient entre leurs mains, ils me passaient à la loupe comme si c'était la première fois qu'ils voyaient quelqu'un comme moi.
Je n'avais pourtant rien de très original, si ?
J'avais été adoptée au Congo, je ne savais donc pas à quoi ressemblaient mes parents biologiques. Toutefois, j'avais hérité des traits de ce peuple, une peau brune, des yeux en amande, un nez légèrement aplatis, de longues jambes –d'assez bonnes formes, faut l'avouer- et des lèvres pleines. Il y avait tout de même quelques détails qui détonnaient sur moi, comme mes cheveux d'un noir profond, aux boucles larges, au lieu d'être crépus, et mes yeux bruns très clairs, tirant parfois sur l'or.
Bref, rien d'exceptionnel, sauf qu'ils me regardaient d'une façon un peu trop étrange pour que cela passe inaperçu. Et alors que je croyais que celui qui m'avait tirée à lui l'avait fait pour s'amuser, je remarquai qu'il me dévisageait également d'une drôle de façon.
Quoi ? J'avais une saleté sur le visage ? C'était quoi leur problème ?
Ce ne fut qu'en voyant mes mains brunes, sur sa peau tout aussi sombre que je commençai à comprendre : Je leur ressemblais. Et c'était peut-être ça qui les troublait. Attend une minute ? Tu entends ce que tu dis ? Toi, ressembler à ces choses ? Haha, ma pauvre, tu es folle! Et pourtant… ma peau brune, mes yeux en amande, mes cheveux noirs, mes yeux clairs…
Tt, tt, tt ! Arrêtes ce délire, c'est la faim qui te monte à la tête !
Tête qui d'ailleurs, commençait à tourner dangereusement. J'eus soudainement très envie de chercher mon beignet, qui était tombé à terre au moment où le monstre s'était emparé de ma chevelure broussailleuse. Je tournai légèrement ma tête sur le côté, espérant apercevoir mon appétissante victuaille. Mais mon geste parut sortir tous ces montres de leur état contemplatif, car ils se mirent à gronder sourdement, et celui qui me tenait les fit taire d'un geste de sa main libre. Après quoi, il se mit à parler à ses congénères de sa voix grave, et quelques secondes plus tard, dans un brouhaha digne d'un troupeau d'éléphant en furie, ils se mirent en formation. Enfin, en plusieurs rangées, quoi…
J'étais en train de les contempler d'un air ahuris quand une main griffue attrapa mon poignet. Je soupirai de soulagement lorsque la tension sur mon cuir chevelu disparu, avant de grimacer à nouveau lorsque mes poignets furent liés très serrés par une corde crasseuse qui irrita instantanément ma peau.
Puis, d'un geste brusque, celui qui me tenait me plaça sur son dos, et passa mes bras liés autour de son cou, ce qui eut pour conséquence de me couper le souffle, et de tirer désagréablement sur les muscles de mes épaules. Je me forçai à respirer tandis qu'il se mettait en marche pour rejoindre l'avant de la horde. J'eus une envie subite de l'étrangler de toutes mes forces et de m'enfuir.
Heureusement, je refoulai rapidement cette pensée stupide. Fallait être réaliste: jamais je n'aurais réussis à l'étrangler! Il avait un cou de taureau et des muscles en béton ! Je n'étais qu'une petite mouche embêtante qu'il pouvait tuer d'un coup de main nonchalant.
Et puis, j'avais trop peur de ces monstres pour tenter la moindre chose –même si j'avais très envie de ruer, de crier, de vomir sur ces bestioles répugnantes-. Et j'étais bien trop faible pour courir, si par bonheur j'arrivais à défaire ces liens trop serrés. J'étais condamnée. Fuck.
Je tournai la tête et repérai mon beignet, seul et abandonné, dans l'herbe. Une boule de terreur dans la gorge, et des larmes pleins les yeux, alors que la horde se mettait à courir dans la direction opposée, je m'obstinais à le garder dans mon champ de vision, jusqu'à ce qu'il disparaisse. Et ce ne fut qu'à ce moment-là que les larmes que j'avais contenues se déversèrent sur mes joues.
