Voilà, voilà! Normalement ce chapitre devait être plus court que les autres... et finalement il est bien plus long que ce que je pensais! Pour votre plus grand plaisir ;)
Pour ce chapitre-ci, nous ne sommes plus dans la tête de notre chère petite OC, et vous verrez donc un peu plus ce qui se passe autour d'elle, je vous laisse découvrir ;)
Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont laissés de super belles reviews qui me font tellement plaisir: La Plume D'Elena, Ebene, Neiflheim et Sakiie-Chan! Gros bisous à vouuuus!
ATTENTION: Ce chapitre est par quelques aspects bien plus sombre que les autres, et il est suggéré certaines choses qui pourraient peut-être en choquer certain, donc à vos risques et périls!
En espérant que ça vous plaise,
Enjoy ;p
Narghaash s'arrêta un instant pour observer la fosse béante qui s'ouvrait sous ses pieds, comme une plaie rougeoyante dans le paysage sombre de la plaine. Ses yeux de fauve passèrent sans s'arrêter sur les centaines d'orques qui fourmillaient un peu plus loin, jetant des arbres majestueux dans la crevasse, qui les avalait un à un, sans jamais être rassasiée. Tout au fond de la brèche, s'élevait un brasier ardent, qui dévorait avec ardeur le bois qui lui était donné, créant une chaleur suffocante qui s'étalait langoureusement dans la plaine entière.
Il emplit ses larges poumons d'air enfumé, puis grogna de satisfaction en découvrant que déjà, une fébrile activité s'était mise en place dans la fosse pendant son absence. Il entendait les fouets du maître de la fosse claquer, et des cris rauques s'élever, preuve que l'orque n'avait pas perdu la main, et que ses coups redoutés étaient à la hauteur de sa réputation.
Le colossal Uruk-Hai se permit de rester quelques secondes de plus à l'air libre, profitant du spectacle grouillant qu'il avait sous les yeux. Il avait été voir le Maître, un peu plus tôt, et un sourire s'étira sur ses lèvres alors qu'il se remémorait leur discussion. De nouveaux snaga Uruk allaient bientôt sortir de terre. Ils étaient prêts, et dès que le Maître aurait posé son sceau sur leurs faibles esprits, ils pourraient se joindre à leur peuple, et se battre pour Lui. En attendant, lui, Narghaash, son plus fidèle et plus sanguinaire Uruk mènerait un raid contre un village proche, afin d'en piller les ressources, et de ramener des femmes humaines.
Un contentement certain gonflait le cœur du capitaine, à qui la Maître avait laissé une totale liberté quant à la façon de mener ses troupes, et ses affaires. Il savait que le Maître ne faisait confiance à personne, toutefois la soif de sang et la cruauté de Narghaash avaient dû lui plaire, car l'esprit de l'Uruk n'était que peu envahit par celui de son maître, contrairement aux autres. Il était celui qui guidait tous les Uruks aux combats, les punissait quand ils en avaient besoin, aidé par le Maître de la fosse, un petit Orque au regard cruel et au visage couturé de cicatrices. Il était l'un des plus forts, l'un des plus grands, l'un des plus anciens Uruks créés, et tous pliaient devant lui.
Un nouveau grondement s'éleva dans la poitrine du colosse, de colère, cette fois-ci. La Maître lui avait fait part, avec beaucoup de mécontentement, que depuis quelques temps, des orques et des Uruk-Hai s'échappaient de la fosse, glissant ainsi hors de sa portée. C'était bien sûr un nombre tout à fait infime, mais cela déplaisait grandement au maître des lieux. D'autant plus qu'un mouvement de rébellion secouait parfois certains Orques, qui loin de leur famille devenaient mélancoliques.
Narghaash punissait sans une once de pitié ceux qui s'opposaient au Maître et à lui-même. Il méprisait ces faibles, ces misérables, ces lâches qui se laissaient gagner par des sentiments ! Le grand Uruk cracha à terre, dans un geste de dégoût profond. Un Uruk-Hai était un guerrier supérieur. Il ne ressentait ni douleur, ne froid, ni chaud, ni aucun sentiment, qui n'étaient bon que pour les peauxblanches, ces faibles êtres sans défenses qui mouraient si vite !
Et pourtant, il lui arrivait de devoir punir, tuer, des Uruk qu'il connaissait depuis longtemps. Certains qui avaient même été sortis de terre quelques semaines seulement après lui. D'abord, leur façon de penser changeait, et ensuite, ils refusaient de piller, de tuer, de violer, d'arracher les membres, de manger des peauxblanches. Puis, ils devenaient plus faibles, et se réunissaient pour s'enfuir. La plupart du temps, le Maître les voyait, et Narghaash était envoyé pour les punir, avant qu'ils ne commettent des fautes graves envers les Uruks et envers le Maître. Parfois, ils arrivaient à partir, et des troupes d'Uruk étaient lancés à leur poursuite avec ordre de les tuer et les scènes qui suivaient étaient de véritables carnages… des membres déchiquetés, du sang noir couvrant les plaines…
Toutefois, certains traîtres restaient, et tentaient de faire changer d'avis leur peuple, et ceux-là étaient les pires. Ils étaient habiles, cachés, et souvent ne se faisaient découvrir qu'au moment où plusieurs autres commençaient à changer à leur tour. Dans ces instants, Narghaash, tout comme le Maître, étaient furieux. Et les traîtres étaient torturés devant les yeux de tous les habitants de la fosse, en titre d'exemples.
Mais alors que Narghaash pensait que cette vague de rébellion se tarirait d'elle-même à cause des tortures et des dissuasions du maître et de lui-même, elle ne fit qu'augmenter et le colosse dû faire mourir la plupart de ces confrères à cause de ces idées malsaines, semées dans leurs têtes.
Et puis, quelque chose de nouveau s'était introduit dans cette routine macabre et cruelle. L'humaine, à la peau brune, qu'ils avaient ramenés quelques semaines plus tôt au Maître. La Maître avait senti –une déflagration magique majeure- son arrivée avant même qu'elle n'apparaisse à Isengard, et il avait envoyé ses fidèles Uruk-Hai pour la recueillir. Ce phénomène était déjà arrivé plusieurs fois, et le colossal Uruk avait été mécontent de devoir courir plusieurs kilomètres avec ses pizuruk pour un simple humain.
Il l'avait vue de loin, et lorsque qu'ils étaient arrivés à quelques mètres d'elle, il s'était arrêté. D'abord pour évaluer le danger, puis par pure surprise. La femelle humaine n'avait pas bougé, et les regardait tranquillement, une lueur de défi dans ses yeux clairs. Pas une once de peur. Ce qui avait interpellé Narghaash, ainsi que sa couleur de peau, qu'il n'avait vu nulle part ailleurs chez les humains. Foncée, brune... comme eux. Pendant le voyage, il avait senti sa douleur et sa condition de femme avait chatouillé les narines de chacun de ses soldats, et ils s'étaient échangés des moqueries, plus ou moins grossières sur cette humaine si étrange.
Après que le Maître ait fouillé son esprit, il l'avait emmenée, car trop faible, dans un cachot tout en bas de la tour. Il l'avait posée avec brusquerie, dérangé par son odeur bien trop humaine et sa peau qu'il jugeait trop semblable à la sienne. Il n'avait d'abord pas compris pourquoi le Maître avait souhaité lui donner une cellule seule alors qu'elle aurait pu rejoindre les salles de reproductions, où se trouvaient les autres femmes humaines. Puis, il avait simplement obéi, en se disant que le Maître avait ses raisons.
Puis il était partit. Sa vie dans la Fosse avait été la même, si ce n'est que plus en colère et cruel que d'habitude, il tua à mains nus deux nouveaux Uruks qui, dans leur arrogance, avaient cru pouvoir tromper leur chef et ainsi prendre sa place. A cause de cet évènement, Narghaash, tremblant de rage, décapita lui-même tous les traitres qui lui furent présentés, et la Fosse trembla, de peur de se retrouver entre ses mains.
Mais quelque chose, d'infime, qui pouvait s'étioler à chaque seconde, avait brusquement changé chez l'Uruk-Hai. Malgré lui, son regard fut attiré plus d'une fois vers cette tour blanche, qu'on voyait de la Fosse. Plusieurs fois, il y était retourné, pour une raison ou une autre, et il s'était arrêté à l'entrée du couloir, où s'étendaient des dizaines et des dizaines de portes contenant divers prisonniers.
Lui-même, le guerrier sanguinaire, la brute, le cruel, ne comprenait pas pourquoi il s'arrêtait ici, écoutant les respirations des détenus. Une fois, il avait entendu chanter. Un chant étrange, dans une langue mélodieuse qu'il ne connaissait pas, et le geôlier s'était approché de lui, ricanant, en lui disant que c'était la sharlob qui chantait ainsi, et qu'elle faisait cela depuis un moment. Il partagea les moqueries de l'orque, puis s'en fut, ses pensées s'étiolant dans divers chemins jusqu'alors inconnus.
Narghaash gronda en revenant à la réalité, furieux de laisser son esprit vagabonder ainsi, puis il longea la crevasse, et descendit brusquement les escaliers qui le mèneraient au fond du trou. Dès qu'il toucha le sol, son valeureux second, Nûrzum s'approcha de lui.
-Pizdur, deux traîtres ont été découverts, ils allaient sortir de la Fosse avec des armes et des provisions, sans autorisation.
Le colossal Uruk-Hai laissa échapper un hurlement de colère, qui amena un silence mortel sur la Fosse. Il se dirigea vers les deux orques appréhendés, en murmurant des insultes, des éclairs furieux illuminant ses yeux de félins jaunes.
Les deux malheureux avaient les mains nouées dans le dos, et baissaient la tête, vaincus. En voyant leur piteux état, Narghaash se mit à rire, bientôt imité par la foule, qui convergeait doucement vers l'horrible spectacle.
-Que vous êtes pitoyables, misérables vermines. Pushdug ! Cria-t-il en pointant un doigt accusateur sur les traîtres qui firent de leur mieux pour ne pas trembler de terreur. La foule reprit le cri du Capitaine, et bientôt toute la Fosse fut remplie de hurlements surhumains.
-Que l'on m'amène les fouets. Hurla Narghaash, un sourire machiavélique figé sur ses lèvres. Je vais faire couler leur sang jusqu'à ce qu'ils me supplient de les tuer, alors, je les fouetterai encore et encore, et je vous les laisserai. La foule, composée majoritairement d'Uruk-Hai et d'Orques hurla à son tour, intenable.
Un lourd fouet fut amené au Chef, qui l'attrapa. Il souleva doucement les lanières en cuire, terminées par des crochets en fer, et les deux orques fautifs furent dénudés, puis tournés de façon à ce que leur dos soit mis à découvert. Alors, la punition commença, et Narghaash frappa. De plus en plus fort, à mesure que le sang coulait. La foule fut emparée d'une frénésie et d'une excitation incroyable tandis que le sang noir coulait sur le sol poussiéreux de la Fosse. Le brasier qui flambait toujours apportait à la scène une lueur lugubre, et une chaleur insoutenable. Mais, furieux, le colossal Uruk ne s'arrêtait pas. Les deux traîtres laissaient de temps à autres des gémissements affreux s'échapper de leur corps douloureux, et cela était puni par un coup de fouet plus violent encore.
L'un des deux orques, plus vigoureux que l'autre, se retourna à demi pour plonger ses yeux verts, où l'on voyait briller des larmes de détresses, dans ceux du Chef, et supplia :
-Je t'en prie, Narghaash, sois indulgent, comprends-nous, nous voulions seulement revoir nos familles, nos shaûk, nos petits… Nous ne comptions pas vous trahir ! Hurla-t-il à l'intention de la foule.
Un silence certain s'installa tandis que le Chef retint son coup de fouet. Pendant un instant, l'orque cru qu'il aurait peut-être droit à un répit, ou à n'importe quoi, pourvu que ce ne soit pas la mort. Narghaash se redressa lentement, laissant tomber son bras. Puis il se mit à rire, un rire diabolique, remplis d'un mépris insupportable. La foule se remit à hurler, scandant des phrases de tortures ignobles, et des pierres furent jetées sur les traîtres. Le colossal Uruk s'approcha doucement des deux orques tremblants, blessés.
-L'indulgence… c'est un mot que je ne connais plus, pushdug. Nûrzum ! Cria-t-il soudain à l'intention de son second. Prends quelques orques, et va fouiller les montagnes à la recherche des familles de ces misérables, quand tu les auras atteints, tues-les tous.
Les deux orques levèrent subitement la tête en hurlant de désespoir, et en suppliant Nargaash de les laisser sauf.
Impassible, le chef leur tourna lentement le dos. Après quoi, dans un grognement, il lança à la foule : je vous les laisse. Puis, alors que les Uruk, rendus fous à cause de l'odeur du sang, se précipitaient sur les deux malheureux, Narghaash se dirigea vers sa chambre, sans voir le regard de son second, remplis d'une infinie tristesse, braqué sur lui.
Le lendemain, lorsque Narghaash repassa sur les lieux de la torture, il ne put y voir que des langues de sang noires qui avaient imbibées le sol poussiéreux. L'Uruk détourna les yeux, puis inspira profondément. Une odeur de bataille, et de victoire, s'élevait dans l'air. Doucement, il emprunta le passage creusé dans la roche qui le ferait parvenir jusqu'en haut de la Fosse où l'attendait d'un pied ferme la garnison qu'il conduirait jusqu'au village des peauxblanches.
Ils étaient tous là, ces fiers guerriers qui piaffaient d'impatience, en espérant le voir donner ses ordres. Lui-même se sentait fébrile. Il avait revêtu une armure noire, fine, et tenait dans sa main une épée énorme qu'il était l'un des seuls à savoir manier. Il la brandit en l'air, puis hurla, chassant brutalement l'air de ses poumons. Tous les Uruk-Hai hurlèrent à leur tour, joignant leur voix à leur grand Chef.
Alors, celui-ci se retourna et se mit à courir de toutes ses forces, son âme animée d'une folie guerrière. La petite armée le suivit sans une hésitation, et ils avancèrent à une vitesse impressionnante à travers les plaines d'Isengard.
Ils atteignirent le village en une heure à peine, et là, le massacre commença. Le grand Uruk lança quelques ordres brefs dans sa langue gutturale. Les soldats savaient ce qu'ils avaient à faire ce n'était pas leur première mission dans un village humain. Ils enfoncèrent les portes en poussant des rugissements, et bientôt, des hurlements s'élevèrent de toute part tandis que les paysans attaquaient les Uruk-hai avec leurs fourches, tentant de faire gagner du temps à leurs femmes et leurs enfants, qui s'enfuyaient par les fenêtres dans les champs entourant les chaumières.
Naghaash était une véritable bête. Son sang pulsait dans ses veines avec une force incroyable, et il rugissait de joie en courant derrière ces faibles peauxblanches. Avec son épée massive, il donnait de grands coups, fendant la peau de ses adversaires avec une facilité déconcertante, décapitant, égorgeant, découpant les membres… Il se mit à courir dans la rue principale, au passage, il jeta un coup d'œil dans une ruelle, et aperçut deux Uruk qui trainaient une femme hurlante hors d'une maison. Ils tentaient d'arracher ses vêtements, en riant de ses coups inoffensifs et de sa peur effroyable qui faisait frémir leurs narines d'envie.
Habituellement, Narghaash aurait seulement rit avec eux des tentatives de coups inutiles de cette femme, toutefois, avant qu'il ne puisse se joindre à eux dans leur horrible besogne, un corps de couleur brune se superposa à celui de la femme affolée. Le Chef cligna un instant des yeux, et le mirage disparu. Sa soif de destruction, tout comme sa combativité brusquement évanouie, il vacilla, ne parvenant pas à comprendre ce qui venait de lui arriver. Hébété, il laissa ses yeux vides fixés sur les deux Uruk, et quand il parvint à revenir à lui, la femme ne hurlait plus.
L'odeur de fer dans l'air, la fumée qui montait désormais des chaumières, et les hurlements des enfants le ramena rapidement dans son état bestial. Voyant que les Uruks avaient terminé le travail, et que certains chargeaient déjà sur leurs épaules les vivres et les femmes, il rugit en se mettant à l'entrée du village. Bientôt, tous les Uruks se joignirent à lui, et ils partirent, tournant le dos au carnage. Laissant derrière eux des corps morts et mutilés, ainsi qu'un énorme brasier.
Pendant le trajet du retour, qu'ils effectuèrent en courant, Narghaash tenta de se remémorer ce qui l'avait perturbé durant de longues minutes, pendant l'attaque. Lorsqu'il revit le corps brun, se superposant à celui de cette femme, il comprit. C'était la femelle humaine, qu'il avait portée dans les cachots, une semaine et quelques jours plus tôt. Une drôle de sensation s'installa en lui, tandis qu'il se remémorait le visage de l'étrange humaine.
Pourquoi toute sa bestialité s'était-elle envolée d'un seul coup ? Pourquoi cette femme hurlante lui avait-il fait penser à cette faible femelle à la peau brune ? Pourquoi soudainement, tout au fond de lui-même, il avait cru entrevoir quelque chose qu'il n'avait encore jamais soupçonné avoir ?
Toutes ces questions le frustrèrent grandement, et en colère contre lui-même d'avoir eu un tel moment de faiblesse, il ne dit pas un mot, ni ne se joignit aux hurlements de victoire de ses soldats. Il laissa les Uruk apporter les victuailles et les femmes dans la Fosse, et aperçut son second, remonter la pente pour le voir. Il attendit quelques instants, puis Nûrzum s'installa à ses côtés, plongeant à son tour son regard félin sur l'immense crevasse.
-Les as-tu tous tués ? Demanda sourdement Narghaash
-Jusqu'au dernier. Confirma le plus jeune Uruk-Hai.
-Bien. Ce soir nous mangerons de la chair fraîche, et les autres pourront fêter leur victoire.
-Les autres, Pizdur ?
-Je vais aller voir le Maître, répondit le colosse, impassible. Ensuite, je resterai seul, que personne ne me dérange.
Il tourna le dos à Nûrzum, puis se dirigea vers la tour. Le second resta quelques instants au même endroit, observant le dos massif de son chef, en se demandant ce qui avait pu lui arriver. Habituellement, il était le premier à se jeter dans la fête, à déclencher des duels, et réclamer sa part sur les femmes blanches. La joie était totale, et ils avaient effectués ce que le Maître avait demandé, pourquoi ce soudain revirement ?
Tout au fond de lui, Nûrzum se surprit à espérer. Puis, il descendit dans la fosse, où il se fondrait dans la masse grouillante, en regardant avec impassibilité les horreurs qui s'y accomplissaient.
Narghaash fit son rapport à son Maître, comptabilisant le nombre de femelles rapportées, ainsi que les victuailles et les armes. Celui-ci se déclara fort satisfait du travail de son plus vieil Uruk et lui donna son autorisation : il pourrait prendre l'humaine qu'il voudrait parmi celles qu'ils avaient rapportés, et la garder s'il le souhaitait. Le colosse remercia grandement son Maître, réalisant combien c'était un privilège de pouvoir avoir une humaine pour lui seul. Après quoi, il descendit les escaliers de marbres, et s'arrêta un instant devant la porte lui permettant de sortir.
Pour la première fois depuis bien longtemps, il hésitait. Quelque chose n'allait pas en lui. Il sortit, alors que le soleil caché par les lourds nuages plongeait derrière les montagnes. Il s'éloigna de la Fosse et se mit à courir, sans but précis. Jamais il n'avait fait une telle chose. Jamais il n'avait commencé à réfléchir d'une telle façon. Il avait toujours suivit ses instincts, le Maître et les habitants de la Fosse l'y encourageant. Il ne s'était jamais demandé si c'était bien ou non. On attendait des choses de lui, il les faisait et récoltait les honneurs. C'était simple et gratifiant pour lui. Toutefois, cette routine affreuse s'était brisée brusquement, et il ne comprenait pas pourquoi. C'était comme si des écailles étaient tombées de ces yeux, et qu'un voile s'était brutalement déchiré dans sa tête.
Il commençait à penser, par lui-même.
Il était cependant trop tôt pour qu'il réalise combien il 'était dans l'erreur, et combien alors qu'il se pensait libre, il ne l'était pas. Toutefois, l'éveil soudain d'un embryon de conscience et de personnalité bouleversait son être entier. Lui qui était si fort, si cruel, aveuglé par le sang et la bataille. Il était déboussolé.
Alors, il eut une idée, folle et probablement impossible, mais quelque chose s'était soulevé en lui. Il n'avait pas peur –un Uruk-Hai n'a pas peur !-, mais la curiosité –quelque chose de nouveau également- s'installait doucement en son être, et il voulait des réponses. Il s'arrêta brusquement de courir et dirigea son regard vers la tour. Voilà où tout avait commencé.
Il grogna légèrement, puis repartit à toute vitesse vers la splendide construction. Il descendit alors les escaliers qui le menaient au cachot, et sans prévenir le geôlier, il prit les clefs et pénétra dans le couloir qu'il avait parfois observé, sans réellement savoir pourquoi. Il marcha en direction de la porte, qu'il avait lui-même refermé quelques temps plus tôt, et s'arrêta. Quelque chose d'incompréhensible se formait dans son esprit. C'était comme s'il avait soif, soif… mais de quoi ? Le Chef Uruk perdait pied, ne se comprenait plus lui-même, et commençait à en être effrayé. Elle aurait la réponse à sa soif, et c'est pour cela qu'il avait besoin d'aller la voir. Car c'était avec elle, que cette soif avait commencé.
Il fit claquer le verrou, ouvrit la porte, et ses yeux de félins se posèrent sur la jeune fille, allongée au sol, dans une position étrange. La puanteur de la pièce sauta aux narines de Narghaash qui resta impassible, essayant au contraire de goûter à toutes les odeurs afin de comprendre. Ses pupilles verticales balayèrent la pièce entière, sa torche à la main. Il la posa à terre, capable de voir dans le noir sans cette lumière aveuglante, puis s'approcha doucement de l'humaine à la peau brune.
Elle sauta sur ses pieds en un bond, et se recula. Il sentit sa peur d'où il se tenait, et combattit son instinct bestial qui lui criait de lui sauter dessus. Il s'avança alors doucement, et attrapa son cou pour pas qu'elle ne s'échappe. La jeune femelle ferma les yeux, son cœur battant à toute vitesse, et Narghaash l'observa intensément, essayant de voir ce qui avait pu lui donner soif, chez elle. Il amena doucement sa main –aussi grande que son visage- sur son menton, et tourna sa tête de gauche à droite, tentant vainement d'apercevoir quelque chose, n'importe quoi qui puisse lui donner une réponse. Un grondement de frustration monta dans sa gorge tandis qu'il l'observait toujours.
Alors, elle ouvrit ses yeux clairs, et les plongea dans les siens. Dedans, il s'y vit lui, tel qu'il était vraiment : un monstre, ignoble et abjecte qui prenait plaisir en la douleur, et il la vit elle, effrayée et pourtant si résolue.
Puis elle baissa les yeux, et il perdit cette étrange connexion qui s'était établie. Doucement, son regard perdu sur le mur derrière elle, il murmura : J'ai toujours refusé de voir qui j'étais, mais maintenant je sais. Tu me l'as montré, sharlob.
Soudainement, toute la peur qui avait habité cette petite femelle humaine s'envola, et il sentit de la colère piquer ses narines. Puis, une douleur aigüe mais supportable se fit sentir entre ses deux jambes, et il lâcha l'humaine sous la surprise. Habilement, celle-ci se faufila entre ses bras ouverts, et se dirigea vers la porte. D'un mouvement vif et contenu, l'Uruk l'attrapa et la jeta contre le mur, tout en émettant un grondement terrible. Il tremblait de colère, et se demandait déjà comment il allait punir cette faible femelle, tout en admirant le courage dont elle venait de faire preuve.
Puis, subitement, il sut ce qu'il devait faire, et sa rage fondit. Il se retourna, reprit la torche qu'il avait laissée à terre, et enferma à nouveau la jeune humaine dans son cachot.
Quand il déboucha enfin à l'air libre, sa soif s'était atténuée.
Sharlob - femme humaine
snaga - esclave
Pizdur - Capitaine d'une armée orc
pushdug - fumier, saleté
pizuruk - soldats Uruks
