Hellow mes chers et chères!
Je suis tellement heureuse de vous donner ce chapitre que j'ai eu du mal à écrire, et qui pourtant est l'un de mes préféré; pour plusieurs raisons :D
J'espère qu'il vous plaira autant qu'il m'a plu de l'écrire!
Comme vous voyez, le titre est révélateur (et je l'ai aussi choisis en petit clin d'oeil à un film qui est passé hier soir à la télé, haha, bref!) Donc vous allez enfin connaître le prénom de notre chère OC, huhu! Bon ne vous attendez pas à un truc de ouf, hein, c'est une fille banale après tout ;)
Voilà voilà, je vous laisse à votre lecture en remerciant de tout mon cœur:
-Tous ceux qui m'ont ajoutée en tant que favoris
-Tous ceux qui m'ont ajoutée en tant que followers
-Tous ceux qui lisent ma fanfiction sans forcément se manifester (ce que je comprends ^^ je le fais moi-même huhu)
-Tous ceux qui me laissent des reviews! Special thanks to Anna (j'aime tes reviews :D), l'allien, et les plus fidèles: La plume d'Elena et Sakiie-Chan
Comment ferais-je sans vous tous? :D
Enjoy!
Narghaash s'ébroua. Des tiraillements douloureux parcoururent son corps entier, et il serra les dents pour contenir le grognement de souffrance qui pointait dans sa gorge. Ses épaules étaient ankylosées, tout comme ses bras et les muscles de son cou, qui retenaient sa lourde tête, penchée en avant.
Jamais il n'aurait un jour pensé se trouver dans une telle position de faiblesse. Lui, le puissant, le cruel, le plus âgé des Uruk-hai réduit à l'état lamentable de prisonnier, vidé de son sang et de sa combativité.
Pour la première fois de sa vie, il souffrait. Non pas physiquement –un Uruk-hai ne ressent pas la douleur-, mais mentalement. Ses pensées étaient un champ de bataille ravagé, ou tournoyaient encore quelques volutes de raison, et quelques bribes de sensations. Il était brisé. Les tortures qu'on lui avait infligées avaient été atroces, et dans ses rares cris, il avait cru percevoir la détresse de tous ceux qu'il avait maltraités.
Ils avaient été si nombreux, à goûter à ses fouets, ses poings, ses crocs… Si nombreux qu'il ne parvenait même plus à se souvenir de leurs visages. L'horreur et le dégoût l'avaient alors submergé avec plus de force que la douleur de ses plaies : combien en avait-il fait mourir ? Des milliers ? Bien plus. Bien plus…
Saroumane avait beau eu tenté de lui implanter des images, de remanier sa façon de penser, il s'était raccroché à ce sentiment de culpabilité, nouveau mais poignant qui lui avait transpercé le cœur. Le dushatâr n'avait rien pu faire, et ses cris de rage s'étaient répercutés dans le ciel, formant un orage tel que Narghaash n'en avait jamais vu. Terrifiant. Mais le Chef n'avait plus peur. Il savait.
Le colosse releva doucement la tête, et ses yeux de chats tombèrent sur la silhouette menue de la femelle à la peau brune. Une semaine s'était écoulée depuis qu'ils l'avaient amené dans cette cellule, pour le punir. Le dushatâr avait compris, en violant ses souvenirs, que le changement de son meilleur élément avait été causé par cette pitoyable sharlob, et avait ordonné qu'il soit enfermé pour l'éternité dans un cachot en sa présence. Pour qu'il la haïsse, pour qu'il la tue de ses propres mains lorsque la folie s'emparerait de lui, et qu'ensuite il se tue lui-même, fou de désespoir.
Narghaash secoua la tête, tentant de faire refluer ces souvenirs douloureux, et se força à regarder ailleurs, épargnant à l'humaine le poids de son regard. L'humaine. Il avait voulu la tuer, le premier soir, alors qu'il était fou de rage et de douleur. Son esprit voilé de rouge avait conclu qu'elle était la cause de toutes ces souffrances. Et elle l'était, en un sens. Elle ne lui avait voulu aucun mal, il le savait puisqu'il l'avait senti, mais il n'avait supporté sa présence, sa pitié, son regard. Il avait bandé les muscles dans l'intention de l'attraper, et il avait rugit, voulant l'éloigner ou la mordre, il ne le savait plus vraiment. L'odeur puissante de sa terreur avait frappé ses narines avec force, mais pas autant que son regard, effrayé… blessé.
Ensuite, il s'était laissé retomber. Ses jambes avaient été trop faibles pour soutenir son poids et son cœur lourd. Puis, le ricanement insupportable du geôlier avait retentit et il avait senti sa colère décupler. Les heures suivantes, il avait combattu les élancements de souffrances qui pulsaient dans chacun de ses membres, et la haine rougeoyante qui vibrait devant ses yeux et dans son cœur. Il avait senti son sang bouillant s'écouler le long de ses plaies, et peu à peu la rage s'était éloignée, laissant place à la douleur seule. Intolérable. Puis, à bout de force, il avait lentement basculé dans l'inconscience.
Une étrange sensation de bien-être l'avait réveillé bien plus tard, et alors qu'il revenait doucement à lui, il avait senti ruisseler sur son corps un liquide frais. Sa bouche, auparavant parcheminée était humide. Il avait discrètement humé l'air, et l'odeur frappante de la femelle à la peau brune l'avait envahi. Il avait senti la chaleur de son corps percuter la sienne. Puis, une onde de fraicheur s'était écoulée sur son torse brûlant, coupant court ses investigations.
Il était resté interdit, se demandant ce que faisait la femelle. Des milliers de questions s'étaient alors mises à tourbillonner dans son esprit de combattant, mais aucune n'avait trouvé de réponse. Et parmi les nombreuses sensations qui s'étaient engouffrées en lui, une lui était apparue comme étrangère : Ce qu'elle avait fait n'était pas un danger pour lui, il n'y avait eu aucun acte caché ou malveillant dans ses gestes, et cela avait été terriblement nouveau...
Malgré lui, Narghaash laissa ses yeux dériver vers le corps minuscule de l'humaine, recroquevillée contre l'un des murs de la cellule, et une drôle de sensation se fit sentir dans sa poitrine. Quelque chose d'inconnu qu'il renonça aussitôt à comprendre. Il n'était pas habitué à ces émotions qui explosaient en lui, inattendues. Il n'avait jamais eu le besoin de ressentir, autrefois. Il n'agissait que par instinct, prenant sans demander ce qui lui était, le pensait-il alors, dû. Les sentiments, il avait craché dessus, riant au nez de ceux qui les prônaient comme ces hommes si faibles. Et puis à travers une brèche imprévisible, ils avaient pénétrés en lui, par un individu même de la race qu'il avait tant dénigrée. Cela avait été si soudain, si impromptu, qu'il ne parvenait toujours pas à s'en remettre. Mais cela avait été le début d'une aventure nouvelle et remplie de surprise.
En effet, ces trois semaines passées avec les rebelles avaient été salvatrices. Il avait eu l'idée de les rejoindre au moment où il était sorti de l'immense tour d'ivoire, après être passé dans le cachot de la jeune humaine. Les premiers jours avaient été difficiles : il s'était lentement remis de sa découverte, et avait continué à jouer son rôle dans la Fosse… avec toutefois bien moins de zèle qu'autrefois. Les châtiments s'étaient espacés, les exécutions avaient été suspendues, les fouets oubliés… Malgré sa soif de sang et de torture, il n'avait plus à cœur toutes ces choses. Il avait changé, et cela n'était pas passé inaperçu.
Un soir, alors qu'il était sorti pour marcher pensivement dans la Fosse, il avait entendu des chuchotements. Il s'en était approché lentement, et avait découvert un petit groupe composé d'Orcs et étonnamment, de quelques Uruk-Hai, dont son fidèle second Nûrzum. Lorsqu'il était apparu devant l'attroupement, une onde de panique s'était propagée dans l'air, puis s'était peu à peu tue quand il s'était laissé tomber sur ses genoux en lâchant ses armes, ses yeux fixés sur son second. Doucement, Nûrzum s'était avancé, tandis que des tremblements imperceptibles secouaient Narghaash.
-Nûrzum… Avait grondé le colosse, la gorge nouée.
Le second n'avait rien répondu, devinant les pensées de son chef comme si elles étaient siennes. En vérité, elles avaient été siennes un an auparavant, quand lui-même avait découvert les ténèbres dans lesquels il vivait.
-Je n'sais plus où j'suis… avait avoué Narghaash, les yeux perdus dans le lointain.
-J'sais, chef. Venez, on va vous montrer. Avait proposé Nûrzum.
Et il était venu. Et il avait vu. Vu ce qu'auparavant il avait toujours cru comprendre. Pendant les trois semaines suivantes, il avait aidé les rebelles à rassembler des vivres, à trouver des brèches dans la Fosse, à s'enfuir. Il les avait cachés, il les avait couverts aux yeux de tous, et il avait cessé les tortures. En retour, ils lui avaient appris à ressentir. Ils lui avaient appris à respecter la vie de chaque personne, de chaque race. Ils lui avaient appris à comprendre les messages que son cœur lui envoyait parfois. Ils avaient doucement chassés les ténèbres qui l'habitaient et sa soif s'était dissipée. Il avait compris qu'une vie meilleure pouvait leur être offerte, et qu'il était capable de bien plus que de détruire. Il avait également apprit l'existence de plusieurs groupes d'Orcs libres, se trouvant dans le Mordor profond, dans les montagnes et dans des contrées peu explorées… Dans ces groupes, il y avait des Orcs, et leurs shaûk, ainsi que des enfants. Ces derniers détails avaient troublé le Chef, qui ne connaissait que peu ces termes et leurs réelles significations. Lui qui avait toujours vécu dans la Fosse sous le joug du Maître, qui détruisait, pillait, torturait avec délice… voilà que quelque chose se déchirait, lui laissant entrevoir un futur bien plus beau. Nûrzum, sur qui il avait toujours compté fut celui qui ouvrit grand son cœur et ses yeux. Ils avaient passés de longs moments ensemble à discuter de leur vie nouvelle, des difficultés qu'ils avaient à se séparer des ténèbres qui les avaient si longtemps habités, et de l'emprise du Maître sur leurs esprits. Peu à peu, la confiance qui avait régné entre eux pendant les dernières années s'était renforcée, devenant une amitié pure et infaillible.
Mais cette découverte avait été trop belle pour rester si longtemps secrète, et le changement du comportement de Narghaash le grand Chef, n'était pas passé inaperçu. Dans l'ombre, plusieurs jeunes Uruk-Hai dont un certain Lurtz, épiaient ses moindres faits et gestes, assoiffés de pouvoir et de vengeance. Un soir, alors que les rebelles s'étaient retrouvés dans les profondeurs de la Fosse pour chercher un moyen de faire sortir un nouveau groupe souhaitant rejoindre les montagnes, ils avaient été découverts. Cela avait été un véritable carnage que le colosse n'était pas prêt d'oublier. Les rebelles s'étaient battus avec rage et malgré leur soif de liberté, ils n'avaient pu remporter cette bataille, trop peu nombreux. Narghaash avait été consumé par un désir de se battre tel, qu'il avait à main nue tué plusieurs de ses assaillants. Il avait tenté de toutes ses forces de protéger ces individus remplis d'espoir, et Nûrzum. Ce dernier était parvenu à se défaire de la plupart de ses adversaires, et s'était tenu aux côtés du titan durant la bataille. Mais, malgré leur force et leur expérience, ils n'avaient pu triompher. Ils furent ensevelis sous les coups de leur semblable. Narghaash avait hurlé, s'était débattu, avait mordu, frappé, mais trop nombreux, ils l'avaient maîtrisé. Et sous ses yeux fous, ils avaient battu son second jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'une masse informe et sanguinolente.
Alors, ils avaient insulté celui qui, auparavant était leur chef bien-aimé, et l'avaient trainé jusqu'à la tour de Saroumane, où ils l'avaient laissé choir au pied du Maître. Le dushatâr furieux l'avait d'abord interrogé, une douceur inhabituelle dans la voix, qui contrastait avec la folie habitant ses yeux. Puis, ne tirant aucunes paroles de son plus fidèle guerrier, il l'avait torturé à l'aide de sortilèges oubliés, qui découpèrent l'âme, le corps et les pensées de Narghaash. Alors même qu'il n'avait laissé échapper aucun cri plus tôt, il hurla toute sa souffrance tandis qu'il s'embrasait de l'intérieur.
Le magicien avait ensuite exploré avec cruauté les souvenirs et les pensées de sa créature, tentant de le blesser et de le rendre vulnérable, afin qu'il renie tout ce qu'il avait vécu et revienne dans le droit chemin, celui de la servitude. Bien plus tard, essoufflé et n'obtenant aucun résultat, Saroumane avait demandé à ce qu'on amène les fouets qu'autrefois, l'Uruk avait tant apprécié. Narghaash fut fouetté si longtemps, et si fort, qu'il s'évanouit plusieurs fois. Pour tenir, il s'était accroché à cette culpabilité, qui le rongeait depuis plusieurs semaines déjà. Il méritait ce qui lui arrivait, car il avait lui-même fait souffrir tant des siens avec ces fouets.
Et grâce à ce sentiment, il était parvenu à tenir. Tenir ces longues heures de punitions, autant mentales que physiques, en tentant de se remémorer tous les visages de ceux qu'il avait condamnés. Le dushatâr avait hurlé de rage devant son échec, déclenchant cet orage monstrueux qui avait ébranlé la plaine entière. Après quoi, il avait été amené dans la cellule, essuyant en chemin les railleries des snaga orcs qui avaient pris un malin plaisir à le tourmenter.
Cela faisait désormais une semaine qu'il était dans cette cellule. Une semaine durant laquelle il avait tenté de repousser la peine immense qui noyait son cœur. Mais ses rêves étaient sans cesse peuplés des visages tordus des rebelles et de celui de son second, massacrés sous ses yeux, et il se réveillait chaque nuit en retenant des hurlements de désespoir. Alors, pour calmer les battements affolés de son cœur et le tournoiement de ses pensées, il tentait de se remémorer ce qu'ils avaient vécus ensemble, avant que tout ne bascule. Et il les remerciait, dans son cœur, pour tout ce qu'ils lui avaient appris. Grâce à eux, il avait enfin eu l'impression de trouver un sens à l'existence qu'il menait, et il avait appris en trois semaines, bien plus qu'en ses trois piètres années d'existence.
Narghaash cligna des yeux, chassant ces tourbillons inconnus qui gonflaient en lui. Il ne souhaitait plus penser. Il ne voulait plus se perdre dans les méandres compliqués de ses émotions. C'était trop dur. Pour le moment, il désirait seulement profiter du calme profond qui régnait dans la prison. Il inspira longuement, se gorgeant de l'odeur de la pièce, et de celle de la sharlob. Ses oreilles se redressèrent quand elle bougea, murmurant quelques mots étrangers qu'il ne parvenait pas à comprendre.
A ses yeux, elle était une énigme. Jamais personne ne s'était comporté comme elle devant lui. Elle le regardait sans ciller, ses prunelles claires habitées d'une lueur qu'il n'arrivait pas à traduire. Bien sûr, il sentait sa peur quand elle s'approchait de lui, mais au lieu de le fuir comme le faisaient tous ceux qui l'entouraient, elle restait fièrement campée face à lui, et continuait à lui donner de l'eau, et de la nourriture.
Subitement, le colosse grimaça, se rappelant les premières fois où elle lui avait donné à manger. En effet, il ne pouvait se nourrir lui-même, ses mains étant attachées trop en hauteur. Elle avait très vite compris qu'il ne pourrait s'alimenter seul et malgré ses virulentes réticences, elle avait partagé son maigre repas avec lui, approchant ses doigts fins des crocs aiguisés sans trembler. Narghaash détestait se faire donner la becqueter ainsi Lui le fier, le grand Uruk-Hai qui avait toujours su se débrouiller seul, en était réduit à se faire nourrir par une femelle humaine. Pitoyable.
La première fois, lorsqu'il avait compris ce qu'elle comptait faire, il avait grogné avec force, tentant de la dissuader. Cela avait marché… pour un temps seulement. Elle était revenue quelques heures plus tard, une lueur de franche détermination brillant dans son regard. Furieux, il l'avait repoussée une nouvelle fois. Et puis le lendemain, affaiblit par la dénutrition et ses blessures, il n'avait pu résister. Rempli de rage, il avait accepté. Cela avait été une expérience étrange, de voir cette créature si faible s'approcher volontairement de lui, et lui tendre lentement de la viande séchée. Délicatement, malgré la faim redoutable qui lui tordait l'estomac, il avait attrapé la nourriture entre ses dents, un grondement de frustration et de soulagement montant en lui.
Depuis elle revenait inlassablement vers lui, apportant sans faillir le peu de denrée qui leur était donné. Malgré ses réticences premières, il commençait à s'habituer à cette routine, et sentait enfler en lui un sentiment certain qu'il ne parvenait à définir : Il était comme… redevable. Il… appréciait le fait qu'elle lui donne à manger… Il lui était… reconnaissant. Oui, c'était cela, reconnaissant. Sans elle et sa persévérance, il serait probablement mort de faim. Il détestait le fait d'avoir une dette envers une sharlob, mais il se promit de veiller à l'accomplir quoi qu'il lui en coûte.
Plusieurs fois, elle s'était approchée plus timidement avec la cruche contenant l'eau, et avait lavé les blessures du colosse. Durant ces séances de nettoyage plus qu'agréable, Narghaash ne pouvait faire autrement que regarder au plafond afin d'éviter un contact qui gênait la sharlob. Une fois, il avait posé son regard sur elle pendant qu'elle versait le liquide froid sur lui. Elle avait remarqué la lourdeur de ses yeux, s'était arrêtée, et une forte onde de peur avait cinglé les narines de l'Uruk. Depuis, il évitait soigneusement de regarder la jeune humaine, et tentait de maîtriser les pulsions qui parcouraient parfois son corps lorsqu'il l'observait.
Elle était la seule femelle humaine au monde à l'avoir approché de son plein gré, et à s'être occupé de lui. Il n'était pas question qu'il gâche tout cela par une réaction incontrôlée. Etrangement, il ne souhaitait pas l'effrayer, ni même la brusquer et mettait tout en œuvre pour rester le plus calme possible lorsqu'elle l'approchait. C'était quelque chose de difficile pour lui, car son corps avait été parfaitement conditionné pour réagir en présence d'une sharlob. Les rebelles lui avaient appris ça, quelques semaines plus tôt. Tout était fait –leurs corps, leurs pensées, leur lieu de vie- pour qu'ils soient fous de sang, d'orgies et de viols. L'emprise légère du Maître –maudit soit-il !- sur leurs esprits exacerbait ces envies malsaines et conduisait les Uruks à satisfaire ces besoins quoi qu'il leur en coûte.
Mais Narghaash ne voulait plus de ces pensées et de ces mauvaises envies qui détruisaient l'âme, avaient dit les rebelles. Alors il se taisait et fermait son esprit quand l'humaine approchait, désireux de bien faire.
Narghaash soupira, et chassa avec emportement ces pensées tourbillonnantes, qui commençaient à l'agacer. Ses oreilles pointues captèrent subitement un bruit et il tourna la tête vers la porte. Au bout du couloir, le geôlier commençait à distribuer les repas. Le bruit de ses pas contre le sol de pierre fit bouger la sharlob qui se retourna lentement. L'Uruk fixa son regard sur elle, tandis qu'elle ouvrait les yeux. Elle cligna plusieurs fois des paupières, bailla longuement, puis s'étira de tout son long, cambrant légèrement le bas de son dos. Aussitôt, le colosse détourna le regard. Quelques secondes plus tard, un plateau passait sous la porte dans un raclement, et la jeune humaine se redressa. Elle adressa un regard enthousiaste à Narghaash qui émit un grondement d'une douceur inhabituelle. Surprise, la jeune fille lui sourit puis sans attendre se leva pour prendre le plateau. L'uruk resta un moment interdit car jamais personne ne lui avait souri de la sorte, et cela répandit une étrange chaleur dans sa poitrine.
La sharlob s'approcha vivement de lui, et posa le plateau à terre. Elle attrapa un morceau de viande, sachant que c'était ce qu'il préférait manger, et le lui tendit sans aucune peur. Le repas très frugal se termina rapidement et tandis qu'à son tour, assise par terre, elle avalait les quelques bouchées de pains qui restaient, Narghaash détendit ses muscles raidit. Puis comme les jours précédents, la jeune fille prit la cruche et versa doucement la précieuse eau entre les lèvres du colosse. Elle but à son tour et reposa le récipient, gardant le reste pour plus tard. Après quoi, elle s'assit devant l'Uruk, et leva ses grands yeux clairs vers lui. Surpris, il ne broncha pas, et resta immobile devant cette scène inhabituelle. Qu'attendait-elle ? Que voulait-elle ? Il huma discrètement l'air et ne trouva aucune peur en elle, mais une joie qu'il ne comprit pas et qui picota ses narines.
Il gronda, subitement méfiant et alors qu'il baissait les yeux vers les siens, elle sourit à nouveau puis porta sa main droite sur sa poitrine, là où se trouvait son cœur et prononça un mot :
-Emilie.
Aucune réaction ne parcouru le corps ou l'esprit du colosse qui continua à la fixer. Il ne comprenait pas ce qu'elle tentait de lui dire, mais cela lui plut d'entendre le son de sa voix car elle n'avait que très rarement parlé durant la semaine qu'ils avaient passés ensemble dans cette cellule. La sharlob fronça les sourcils, mais ne perdit pas son sourire en voyant le manque de réaction de l'uruk. Elle réitéra alors son geste. Elle engloba son visage et son corps avec ses mains puis en plaça une sur son cœur, et répéta plus lentement :
-Emilie.
Ensuite, elle pointa sa main ouverte vers le colosse et attendit quelques secondes. Une lueur de compréhension éclaira un instant les yeux de Narghaash qui crut comprendre ce qu'elle lui demandait. Il allait lui répondre lorsqu'elle se redressa, se mettant sur ses pieds puis se rapprocha de lui. La chaleur corporelle de l'humaine rencontra celle de l'Uruk qui frémit légèrement. A nouveau, elle sourit, posa une main sur son cœur et avec patience, répéta :
-Emilie… et…
Elle posa alors sa petite main contre sa poitrine massive où battait un cœur puissant, rompu à la course et aux combats. Un doux grondement roula en son être tandis qu'il lui répondait de sa voix rauque, son regard rivé sur celui de la jeune humaine.
-Narghaash.
La jeune fille recula lentement puis laissa tomber sa main. Elle lui offrit un nouveau sourire, visiblement ravie qu'il ait compris ce qu'elle avait voulu lui demander. Ensuite, elle fronça les sourcils et remua les lèvres, essayant de répéter ce prénom aux consonances si étranges.
-Nagarch ? Tenta-t-elle avec un regard interrogateur.
Le colosse rit doucement, et s'arrêta aussitôt lorsqu'il aperçut son regard étonné. Après réflexion, lui-même ne comprit pas ce qui lui était arrivé. Jamais encore il n'avait ri de la sorte, aussi spontanément et avec un amusement réel. Sous les yeux médusés de la shar… d'Emilie, il se reprit et tenta un nouveau sourire tout en répétant plus lentement son prénom.
-Nar-gha-ash.
-Narghaash. Dit-elle en fronçant les sourcils sous la concentration. Narghaash ! Répéta-t-elle un peu plus fort, fière d'y être arrivé puis elle riva ses prunelles aux siennes, cherchant son approbation. Il apprécia aussitôt la façon dont elle prononçait son nom et un doux grondement roula dans sa poitrine.
-Emilie. Lui répondit-il dans un grondement sourd, ses yeux aux pupilles verticales fixant celle de la jeune fille avec une intensité qui lui donna des frissons.
Elle baissa vivement les yeux et recula, un sourire plus éthéré sur ses lèvres closes. Le colosse prit une courte inspiration et serra les dents, se maudissant d'avoir tout gâché. Puis voyant qu'elle ne faisait pas mine de fuir et qu'elle ne semblait pas lui en vouloir, il se détendit.
Au moment où elle relevait ses yeux vers lui, un étrange sentiment d'urgence se faufila en Narghaash qui remua, inquiet. Il se redressa brusquement sur ses pieds, et huma l'air. Son regard perçant se perdit dans le vide tandis que ses oreilles pointues frémissaient, captant des sons qu'il ne connaissait que trop. Des cris, lointains. Qui se rapprochaient. Le colosse fit tinter ses chaînes en se tendant vers l'avant, son instinct explosant dans ses tripes avec une force qui ne lui présageait rien de bon. Son instinct ne le trompait jamais. Quelque chose de grave était en train de se produire et il était enchaîné à ce mur, sans défense, inutile.
Soudain des mugissements effroyables éclatèrent au loin, se propageant dans la plaine, faisant vibrer la tour et les êtres s'y trouvant. Narghaash rugit, sentant son corps se cabrer sous la menace. Il tira sur ses chaînes pour les faire céder, les muscles bandés, le cœur battant à tout rompt, mais il ne réussit qu'à s'écorcher les poignets et grogna, furieux. Quelque chose se préparait, il le sentait au plus profond de son être. Tout à coup, des cris et des hurlements se firent entendre et la terre trembla de toute part, comme si des géants s'acharnaient à marteler le sol de leurs pieds. Narghaash rugit à nouveau. Son corps entier tremblait, d'anticipation, d'urgence, d'excitation. Il sentait l'odeur du sang des snaga orcs, il sentait leur terreur et entendait le craquement de leurs os. Et cela le rendait fou. Quelque chose percuta le bas de la tour au niveau de la fenêtre de leur cellule, et de la poussière retomba sur les deux habitants qui toussèrent. Le colosse fixa alors son regard sur Emilie, qu'il avait momentanément oubliée. Ses yeux étaient remplis d'horreur, et elle se tenait au mur non loin de lui. Il sentait sa peur électrisante sur sa peau, et percevait les tremblements qui parcouraient son frêle corps. Il détacha brutalement son regard d'elle et se concentra sur les sons qu'il entendait, tentant de glaner des indices sur les évènements. Mais ce ne furent que les bruits caractéristiques d'une bataille qui heurtèrent ses oreilles, et l'odeur piquante de la rage.
Brusquement, un terrible craquement ébranla l'air, et un grondement sourd et terrifiant roula sur la terre. Flairant le danger éminent, Narghaash se sentit devenir fou. Ses narines captèrent une odeur d'humidité particulière qui fouetta subitement l'air, et quelques secondes plus tard, des hurlements se faisaient entendre de toute part, résonnant dans les profondeurs de la terre comme à l'extérieur de la tour. Alors, un flot d'eau rugissant pénétra dans la cellule par la haute fenêtre, et balaya la jeune humaine comme un fétu de paille. Narghaash rugit, ses yeux fouillant le liquide brunâtre qui lui arrivait déjà aux genoux, à la recherche d'Emilie. Sa tête creva la surface non loin de lui, et elle aspira goulument l'air humide de la prison.
-Emilie, rugit Narghaash afin de couvrir le vacarme épouvantable.
Les yeux paniqués de la jeune fille se posèrent sur lui, et elle fendit difficilement l'onde pour le rejoindre, tremblante. Elle s'accrocha à l'un de ses bras, ballotée par les flots qui lui arrivaient à la taille. Le colosse jeta un regard à la fenêtre, qui déversait toujours des litres de liquide, remplissant à une vitesse hallucinante la petite pièce sombre. Son cœur battait à toute vitesse, envoyant pulser son sang noir avec force contre ses artères, gorgeant ses muscles d'oxygène. Narghaash emplit ses poumons d'air, et banda ses muscles, tirant de toutes ses forces sur les lourdes chaînes noires. Il serra les dents, contracta son corps entier et se pencha vers l'avant, ses biceps saillants agités de tremblements. Voyant sa manœuvre, Emilie plaça ses pieds contre le mur et portée par l'eau, s'accrocha au lourd anneau. Elle tira en poussant sur ses pieds, sa faible force décuplée par la peur et l'adrénaline qui affluaient en elle. Déjà, l'eau effleurait le cou du colosse qui rugit en tirant un peu plus sur ses liens.
Mais rien ne se passait, et alors que la jeune fille commençait à céder au désespoir, de légères fissures apparurent dans le mur de pierre, affaiblit par les coups qui avaient ébranlés la tour. Elle ouvrit grand les yeux, et gémit en tirant un peu plus sur ses muscles tendus. Un léger craquement, à peine audible se fit entendre, et quelques secondes plus tard, alors que Narghaash redoublait d'effort, la chaîne se détacha brusquement du mur. La jeune fille tomba dans l'eau, et refit surface au moment où le colosse tirait de ses deux mains la chaîne restante. L'eau lui arrivait désormais au niveau du nez et il devait se mettre sur la pointe des pieds pour respirer correctement. Emilie nagea jusqu'au mur portant la fenêtre, tentant de se tenir hors de l'eau.
Le colosse tira une dernière fois sur la deuxième chaîne, qui s'échappa du mur dans un craquement sourd. Il enroula promptement ses liens autour de ses avant-bras afin qu'ils ne le gêne pas, et se retourna difficilement pour apercevoir la jeune humaine, flottant dans l'eau. Il eut un moment de panique lorsqu'il se rendit compte qu'il faudrait qu'il nage lui aussi, or, il n'avait jamais appris, les Uruk-Hai n'ayant pas besoin d'aller dans l'onde. Emilie dû sentir son malaise soudain car elle nagea jusqu'à lui, et se contentant de mimer les gestes, elle battit l'eau de ses pieds et de ses mains, lui montrant comment se tenir à la surface. Son cœur battant à toute allure, une légère inquiétude tordant ses tripes, Narghaash imita ses mouvements, et découvrit avec stupeur qu'en battant frénétiquement des jambes, et en faisant d'ample mouvement avec ses bras, il pouvait maintenir sa tête hors de l'eau. Un sourire faible et rempli de peur étira un instant les lèvres de la jeune fille.
Le colosse regarda promptement autour de lui. Et maintenant, qu'allaient-ils faire ? Un grognement sourd monta en lui tandis qu'il tournait la tête en tous sens, cherchant une issue. Soudainement, Emilie prit une longue goulée d'air, et disparu sous les flots. Narghaash resta un moment interdit, fouillant l'eau de ses yeux, ne comprenant pas ce que la jeune fille était en train de faire. Voulait-elle se tuer ? Pourquoi avait-elle disparu sous l'eau ? Fou de rage, la peur explosant dans sa poitrine, il frappa l'eau du plat de la main et rugit. Quelques secondes plus tard Emilie réapparaissait, essoufflée. Elle secoua la tête de gauche à droite, en pointant de son doigt la porte désormais immergée par laquelle ils étaient tous deux entrés dans le cachot. Il n'y avait pas d'issu. Et ses muscles commençaient à le tirailler. Alors, la jeune fille se mit à pleurer, ses yeux fixés sur le plafond qui se rapprochait de minute en minute. Narghaash gronda, ses yeux jaunes remplis de crainte et de colère.
Etait-ce donc ainsi qu'il allait mourir ? Dans une cellule ?
La seule pensée qui traversa son esprit à ce moment-là fut : « Quelle mort pitoyable ».
Puis, les flots glacés emportèrent toutes ses réflexions et en voyant Emilie suffoquer, ses faibles forces d'humaine la quittant, il rugit, terriblement impuissant.
La mort était la plus forte.
Fin...
..
..
Hahaha, non je blague :p Je ne pourrais pas faire mourir mes chers personnages ainsi... quoi que, si je suis l'exemple des séries que j'aime en ce moment, cela se pourrait tout à fait ;) Mouhahahaha
Lexique:
dushatâr - sorcier
sharlob - humaine
snaga- esclave
