Hello tout le monde! Je sais ça fait bien longtemps que je n'ai pas posté et je m'en excuse, je crois que la régularité n'est pas mon fort!
Je voulais vous remercier de tout mon coeur parce que j'ai plus de 50 reviews et... voilà je n'ai pas de mots... C'est juste GENIAL! Merci pour vos mots d'encouragements, ça me fait tellement plaisir!
D'ailleurs, sachez que vos reviews peuvent changer le cours de mon histoire, ou me donner des idées parfois, et voui!

Darkklinne - Ghiii, j'ai cru rêvé quand j'ai vu une review de toi... Je suis ta fanfic avec Cerise et je l'aime tellement, c'est juste incroyable que tu viennes lire la mienne, je me sens toute chose xD

aliena wyvern, Neiflheim, La Plume d'Elena, La - Merci pour la constance de vos reviews qui me font tellement chaud au coeur :D

atiketook - Merciiii!

Sakiie-chan - Haha, beignet powa! Quoi que ton idée est proche de la vérité, hein hein, tu verras, tu verras!

Anna - Je kiffe tes commentaires, haha! Les ents en meuble ikéa... Certes, certes c'est une idée! Ouiiii, pour le manque de sommeil, j'avais vraiment envie de décrire précisément car je sais que quand cette situation m'arrive et que je ne peux pas dormir, je trouve ça vraiment vraiment désagréable, alors je suis contente que ce soit bien ressortis dans le texte :)

HayaDesdemona - Hahahaha, ton commentaire m'a fait trop rire! Ouiii, en vérité je suis nulle en titre... et franchement je l'ai écrit qu'après le premier chapitre, donc le plaisir interdit c'est le beignet quoi, il ne faut pas chercher bien plus loin avec moi, dans ces cas-là xD
Hihihi, en tous cas merci pour ton commentaire qui me fait vraiment super plaisir! (Hahaha, faut avouer que Narghaash envoie plus que Legolas, même si je l'aime bien moi, ce blondinet ;p)

Voilà donc la suite de l'histoire. Je vous préviens d'avance, je n'aime pas écrire les dialogues parce que je trouve que je les écrits mal. Voilà xD Malheureusement ce chapitre est (c'était à prévoir) truffé de dialogues, donc en espérant que cela ne va pas vous dégoûter, je vous dis: ENJOY!

/!\ Ce chapitre contient de nouveau des idées et propos qui peuvent être choquants! (en même temps nous sommes avec des orques et nous parlons de leur vie, donc ne vous attendez pas aux belles fleurs et aux éléphants roses!)


Mon cœur battait à toute allure, et mes membres étaient tétanisés. Je ne parvenais pas à y croire… Ce n'était pas possible ! Et pourtant, mes yeux largement agrandis par la surprise fixaient toujours cette femme, bien réelle, qui s'était avancée vers moi avec dans le regard, un étonnement non feint. Nous nous dévisagions avec voracité, cherchant la moindre faille, le moindre détail qui pourrait nous enlever l'espoir infime qui gonflait nos cœurs abasourdis. Etait-ce une illusion ? Un piège ? Une farce ? N'était-ce que notre imagination qui nous jouait des tours ?

Sans m'en rendre compte, je tendis ma main vers elle, mes prunelles plongées dans les siennes. Je voulais la sentir, m'assurer qu'elle était bien réelle et que cette apparition n'était pas le simple fruit de mon esprit. Elle attrapa mes doigts avec force et lorsque nos peaux entrèrent en contact, elle tomba à genoux en poussant un gémissement de soulagement. Je vis des larmes couler le long de ses joues tandis que des sanglots irrépressibles se bousculaient entre ses lèvres. Nos secondes mains se lièrent également, et nous nous accrochâmes l'une à l'autre avec une force impressionnante. Chacune était la bouée de l'autre, et nous nous accrochions désespérément afin de ne pas couler et sombrer au milieu de ce monde fou où nous avions atterris. La gorge serrée par l'émotion, je peinai à trouver le moindre mot. Toutefois, aucune de nous n'avais besoin de mot pour comprendre ce que l'autre ressentait. Une joie, une joie folle qui me transperçait l'être de part en part, mêlée d'un soulagement intense, qui me fit monter les larmes aux yeux : je n'étais plus seule. Je n'étais plus seule dans ce monde affreux, plus seule à traverser ces dures épreuves, plus seule à ne rien comprendre lorsque l'on parlait autour de moi… et cela m'enlevait un tel poids que je ne parvins pas à m'arrêter de pleurer.

Et puis, des centaines de questions se mirent à se bousculer dans mon esprit surmené, et malgré mon envie pressante de les poser à cette femme mystérieuse, je ne pus prononcer un mot car ma gorge était trop serrée. Combien de temps cela faisait-il qu'elle était ici ? Pourquoi ? Comment ? Quand ? Où ? Trop, trop de choses se mélangeaient dans ma tête et je me contentai de laisser les larmes de soulagement glisser sur mon visage, attendant le moment où je me serais calmée pour parler. La jeune femme balbutia quelques mots que je ne compris pas, et je serrai fort ses mains entre les miennes. Je ne pouvais toutefois pas lui répondre, la gorge toujours nouée par l'émotion.

Nous aurions probablement continué longtemps comme ça, si un grognement sourd ne nous avait pas arrêtées. Aussitôt, sa posture se modifia et elle baissa la tête, les épaules rentrées. Comme… comme si elle avait peur. Ne comprenant pas ce qui se passait, je relevai ma tête vers Narghaash, en le fixant droit dans les yeux. Il ne me regarda qu'à peine, et son morceau de viande toujours dans la main, s'adressa de façon brutale à la jeune femme. Celle-ci me lança un coup d'œil rapide, puis baissa les yeux et retira ses mains d'entre les miennes. Mon cœur fit un second bond lorsqu'elle lui répondit dans sa langue gutturale. Elle connaissait leur langue ! Mais… cela voulait dire que… elle devait être ici depuis très longtemps? Ou bien elle avait appris ma langue par quelqu'un d'autre, qui était venu de la même façon que moi ? Non, vu son air soulagé et ses pleurs, elle ne pouvait que venir de mon monde.

Mais… depuis combien de temps était-elle dans ce monde ? Elle avait l'air de craindre Narghaash et les autres étranges créatures, parlait leur langue, et semblait connaitre le groupe de femme duquel elle m'avait rejointe –elles nous fixaient d'ailleurs d'un drôle d'air-. Qui était-elle ? Comment était-elle arrivée ici ? Comme moi ? Trop de questions, trop de questions m'embarrassaient l'esprit. Toutefois, vu l'air de mon ancien camarade de cellule, le moment ne semblait pas opportun à ce que je les pose.

Lentement, la jeune femme de mon monde se releva, et sembla attendre quelque chose… les ordres de Narghaash ! D'accord, j'avais bien compris qu'à présent, c'était lui le chef ici. D'autant plus maintenant qu'il avait éliminé la concurrence ! Mais, il commandait également sur les femmes ? Donc… il commandait sur moi ? Je dévisageai un instant le visage de celui que j'avais nourris pendant une semaine entière, ne comprenant pas entièrement quel était mon rôle dans tout ça, et ce que je devais faire. Le colosse me jeta un coup d'œil, puis reporta à nouveau son attention sur la jeune femme. Il prononça quelques autres phrases incompréhensibles, et je fronçai les sourcils. Alors, elle se baissa légèrement, et attrapa ma main. Elle m'adressa un faible sourire et m'aida à me relever.

-Il souhaite que je m'occupe de toi pendant qu'il va chasser.

-Oh, d'accord. Répondis-je simplement, suivant le mouvement.

Elle m'amena vers les autres femmes qui me regardèrent avec méfiance. Elles n'eurent cependant aucun mouvement de recul lorsque je m'assis parmi elle. Deux d'entre elles tenaient dans leur bras la jeune fille qui avait été violentée quelques instants plus tôt, et le cœur serré par ce spectacle, je détournai les yeux. Mais dans quel monde étais-je tombé ? Que leurs avaient-ils fait, en bas, dans l'immense crevasse fumante ?

Je m'obligeai à ne pas y penser, sûre que la réponse me ferait vomir à nouveau. Et je n'avais pas envie de vomir à nouveau. De toute façon je n'avais plus rien dans le ventre. Mais là n'était pas la question ! Furieuse contre moi-même d'avoir des pensées si stupides, je tournai la tête pour voir Narghaash armé d'un arc –qu'il avait sans doute récupéré auprès de l'un de ses nouveaux compagnons - s'enfoncer dans la forêt. Son départ me causa à la fois une vive peur et un certain soulagement. Je renonçai aussitôt à comprendre ces sentiments contradictoires et reportai aussitôt mon attention sur la femme de mon monde, qui s'était tenue silencieuse, à mes côtés.

Je lançai un regard circulaire pour m'assurer que personne ne viendrait nous interrompre cette fois-ci, et remarquai que les créatures restantes s'étaient replacées autour de la clairière, guettant le moindre danger. Après quoi, je posai ma main brune sur celle beaucoup trop pâle de la jeune femme qui releva le regard. Je lui souris pour la rassurer, puis m'éclaircis la gorge, tentant de penser à une question… convenable pour commencer.

-C'est le beignet, c'est ça ? Demandai-je avec un rire dans la voix, ne sachant comment commencer une conversation sérieuse sans une touche d'humour.

Tout d'abord, elle me regarda avec de grands yeux ronds, et je me demandai si je n'avais pas été un peu trop loin, à penser qu'elle était arrivée de la même manière que moi dans ce monde barbare. Puis, elle gloussa doucement, me rassurant instantanément. Je me détendis légèrement.

-Oui, c'est le beignet. Dit-elle avec un léger accent que je n'avais pas remarqué plus tôt, mais qui sans aucun doute était bien présent. Un accent que je n'avais jamais entendu sur notre bonne vieille planète terre. Je me demandai un instant si c'était à cause du temps qu'elle avait passé ici sans pouvoir s'exprimer dans sa langue maternelle. C'était une question à lui poser mais… plus tard ! Je me souviens encore des deux drôles de messieurs qui me l'ont vendu, près d'une place publique. Continua-t-elle alors, les yeux perdus dans le vide.

Aussitôt, je fronçai les sourcils. Deux drôles de messieurs ? Je me plongeai en un instant dans mes souvenirs, et remarquai avec surprise que mon beignet m'avait également été vendu par deux petits hommes semblables d'apparence, à la grande barbe argentée et au sourire un peu trop malicieux. J'haussai les épaules, de toute façon qu'avaient-ils à voir avec notre chute dans ce monde ? Probablement rien.

-Je me souviens m'être assise sur un banc, et d'un seul coup je n'étais plus au même endroit. J'étais dans une plaine immense, bordée par une chaîne de montagne, et je suis restée assise. J'ai attendu morte de peur, et puis un vieil homme est venu vers moi.

Le visage de la jeune femme se ferma soudainement, comme si ce souvenir était pénible, et je vis de la colère briller dans ses yeux.

-Si seulement j'avais su qui il était vraiment ! Cracha-t-elle subitement. Il avait l'air digne de confiance, et je l'ai suivi comme une idiote. Je ne comprenais pas un mot de ce qu'il racontait, mais je l'ai suivi. Je n'avais rien de mieux à faire… Je suis allée dans sa tour, et là… là…

-Il est entré dans ta tête… Ajoutai-je, les yeux vides, le corps frissonnant sous le souvenir.

-Oui… Ajouta-t-elle dans un chuchotement. Un moment de lourd silence plana alors sur nous, tandis que nous nous remémorions ces douloureux instants. Il est passé des dizaines et des dizaines de fois sur une chose, une seule chose...

- Laquelle ?! La coupai-je brusquement en me rapprochant d'elle, presque désespérée d'entendre ce qu'elle avait à me dire, ce qui était peut-être un indice sur ce que nous faisions ici, un indice qui pourrait nous renvoyer chez nous.

-Un film, que j'ai vu il y a longtemps, et que je n'avais pas spécialement aimé : le Seigneur des Anneaux.

-Le seigneur des anneaux ? Répétai-je lentement.

-Oui, je n'ai vu que le premier. Mais maintenant je regrette amèrement de ne pas avoir vu les suivants, tu sais pourquoi ?

Lentement, je secouai la tête de gauche à droite, ne voyant pas où elle voulait en venir. Je n'avais jamais vu ces films. Cela partait de quelque chose de tout à fait stupide. Ma meilleure amie était raide dingue de tout ce qui touchait au fantastique, à la fantaisie, et dévorait tous les bouquins, regardait tous les films qui avaient trait à cela. Comme j'étais têtue, et aussi stupide –mais ça, je l'avais déjà dit- j'avais bien voulu regarder certains de ces films avec elle, mais avais toujours refusé de voir le seigneur des anneaux. Va savoir pourquoi ! Je ne me souvenais que de quelques petites choses qu'elle m'avait dites ça ou là, mais rien de plus. Cela ne m'avait jamais réellement attirée et c'était peut-être pourquoi j'avais été particulièrement dérangée par l'apparition des arbres vivants et des horribles créatures.

-Parce que je suis persuadée que nous sommes en plein dedans.

-Euh… Je fronçai les sourcils, peu sûre de comprendre ce qu'elle me disait. Tu veux dire que nous sommes… tombées dans une histoire ?

-Oui. Dit-elle avec force, en me regardant le plus sérieusement du monde.

Je ne pus me retenir plus longtemps, et éclatai de rire. Si fort, et si soudainement, que cela me surpris moi-même et je tombai à la renverse. Une fois sur le dos, les deux bras enroulés autour de mon ventre contracté par ma crise d'hilarité, je continuai à laisser sortir ces éclats de joies qui m'avaient tant manqués, et qui me faisaient tant de bien. Je n'avais pas ris depuis plus d'un mois, et toute la pression que j'avais accumulée jusqu'alors s'enfuit de mon corps crispé en grandes gerbes joyeuses.

Je ne sais combien de temps je passai à me rouler sur le sol en gloussant, mais lorsqu'enfin ma crise d'hystérie heureuse passa et que j'essuyai les larmes qui s'étaient frayées un chemin sur mes joues, je m'aperçus que tous les regards étaient tournés vers moi. Pas seulement ceux des femmes, mais également ceux de toutes les étranges créatures qui s'étaient sensiblement rapprochées. Comme s'ils n'avaient jamais vus quelqu'un rire… Surprise, je jetai un rapide coup d'œil autour de moi, puis me raclai la gorge et me reconcentrai sur la jeune femme de mon monde, tentant d'oublier le poids de leurs regards.

Je remarquai alors que ses lèvres étaient pincées en une fine ligne, et que ses yeux brillaient un peu plus. De colère ? De tristesse ? Cela me fit tout de suite réagir, et je repris ma mine sérieuse.

-Je suis désolée, c'était plus fort que moi, je crois que j'en avais besoin… Tu disais donc que nous sommes dans un livre… ou un film ? Je me retins in extremis de repartir dans un fou rire qui aurait sans doute été mal vu, et serrai les dents. Mais ce n'est pas possible, comment est-ce qu'on aurait pu… « tomber » dans un conte ?

-Je ne sais pas… Dit-elle d'une petite voix. Mais je suis convaincue que c'est la réponse. Ce sorcier dans la tour, c'était Saroumane, et toutes ces choses autour de nous, ce sont des orques. Les plus grands, comme celui qui est parti chassé et avec qui tu es arrivée, ce sont des Uruk-Hai. Des sortes de semis-orques créés par Saroumane, dans la Fosse. Tout concorde avec ce que j'ai vu dans le film, mais comme je n'ai jamais vu les suivant, je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. Je ne savais même pas que des Ent devaient venir attaquer la tour.

-D'accord.

J'avais franchement du mal à y croire. Certains noms cités me disaient certes quelque chose, mais c'était tout.

Oui, oui… Peut-être que nous étions tombées dans un autre monde ou une autre dimension, cela j'étais prête à le croire je n'avais qu'à regarder autour de moi ! Mais de là à penser que nous étions en train de vivre les écrits de quelqu'un… je n'y parvenais pas, ce n'était pas dans ma nature de croire de telles fantaisies. Et puis, cela me semblait bien trop réel, pour une fiction. Je décidai toutefois de ne pas la contredire elle était la seule personne que je connaissais dans ce monde ici-bas.

-Il me semble que ça se finit bien… Enfin, c'est ce que Chloé, ma meilleure amie me disait. Dis-je doucement, plongée dans mes souvenirs.

-Tu parles de l'histoire ? Me demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.

-Oui… Je crois que les gentils gagnent. Mais je ne sais pas si c'est tout beau tout gentil pour tout le monde, tu vois ? Si ça se trouve ça finit bien mais la moitié des personnages meurent… Enfin, je n'en sais rien… Et je n'ai pas très envie de savoir. De toute façon, ça ne nous avancerait à rien !

La jeune femme ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, puis apercevant mon visage renfrogné se tut. Je n'avais pas très envie de continuer cette conversation, car pour moi elle était tout à fait inutile, et elle semblait l'avoir compris. De toute façon, si nous étions tombées dans ce livre – ce qui me paraissait tout à fait abracadabrant- nous n'étions pas tombées au bon endroit : Chloé me parlait souvent d'une ville où il y avait des elfes soi-disant trop beau et trop classe. Je ne voyais aucun être trop beau et trop classe aux alentours… seulement des créatures à la peau noire et aux crocs aiguisés. Non, si nous étions dans le seigneur des anneaux, nous n'étions définitivement pas au bon endroit. Et au final je m'en fichais pas mal, parce que tout ce que je voulais c'était rentrer chez moi, et non pas comprendre où nous étions. Je n'avais pas besoin de savoir où je me trouvais, puisque j'allais rentrer dans mon vrai monde… c'était obligé, je ne pouvais pas rester dans cet endroit ignoble toute ma vie… si ?

Un doute transcendant, affreux me transperça l'âme en deux, et je décidai aussitôt de fermer mon esprit à tous ces questionnements, avant que je ne devienne folle et ne me mette à hurler. Oui, j'allais rentrer chez moi. Je n'avais pas à m'inquiéter, tout allait bien se passer, ce n'était rien, je devais juste respirer un bon coup…

Je pris une longe inspiration, puis me tournai à nouveau vers la jeune femme, réalisant combien j'avais été impolie envers elle durant tout ce temps. Elle venait de trouver quelqu'un qui la comprenait, qui venait du même monde qu'elle, et voilà que je l'envoyais bouler à la moindre occasion sans même me soucier de ses sentiments… Qu'est-ce que je pouvais être égoïste parfois ! Prise de remords, j'inspirai une nouvelle fois pour calmer l'agitation qui se déployait dangereusement en moi, et baissai d'un ton.

-Je suis désolée, je suis en peu sur les nerfs en ce moment… D'ailleurs, j'ai complètement oublié de te demander ton prénom! Moi c'est Emilie. Lui dis-je en ébauchant un léger sourire.

-Ce n'est pas grave, je comprends, et puis nous avions des choses plus importantes à nous dire. Moi c'est Angélique.

-Angélique, ok, ravie de te rencontrer… Dommage que ce soit dans ce monde-là et pas dans l'autre.

Elle me renvoya un petit sourire et lança un rapide coup d'œil autour de nous. Intriguée par la peur que je voyais naître sur son visage lorsqu'elle effectuait ce geste, je suivis son regard et tombai sur l'une des créatures ressemblant à Narghaash. Elle se tenait un peu plus loin et nous tournait le dos. Etrangement, en regardant ce drôle d'individus je ne ressentis aucune crainte, contrairement à ce que semblait éprouver Angélique. Mais c'était peut-être parce que nous n'avions pas appris à connaitre ces êtres dans les mêmes situations. Ma seule expérience avec ces créatures était celle que j'avais eue avec Narghaash et elle n'avait pas été réellement déplaisante. Mais la jeune femme, qu'avait-elle vécu ? Je repensai soudainement à ce qui était arrivé un peu plus tôt, avec celui qui avait tenté d'emporter la jeune fille hurlante, et frissonnai.

-Dis, Angélique, tu es ici depuis combien de temps ? Demandai-je subitement.

Elle releva les yeux vers moi, puis évita mon regard. Et je sus alors que la réponse n'allait p as me plaire.

-Je crois que… si je calcule bien, et si j'ai bien compté chaque jour… environ cinq ans.

Je restai interdite un court instant, mon cerveau n'ayant pas bien compris ce que les derniers mots signifiaient. Puis, mon esprit se remis en marche, et l'horreur de la situation ma frappa de plein fouet, me coupant la respiration.

-Cinq ans ! Dis-je en gémissant de stupeur, incapable de réaliser ce que cela voulait dire.

-Oui…

-Mais… Mais… Mais comment… comment as-tu fait ? Demandai-je abasourdie.

-Je… je ne sais pas trop. Je vivais au jour le jour… et… j'ai survécu. Je crois que c'est tout ce qui compte.

-Tu…Tu as vécu cinq ans dans cette crevasse pleine de feu ?

-Non… à cette époque il y avait encore un grand jardin avec des arbres immenses autour de la tour. Le jour où je suis arrivée, après être entré dans ma tête, le sorcier m'a enfermée dans un cachot. J'y suis resté un très long moment, mais heureusement avec moi il y avait quelqu'un de notre monde qui s'appelait Mathieu. Il était arrivé bien longtemps avant moi, et n'avait malheureusement plus toute sa tête. Mais il m'a raconté qu'il avait eu le temps de voyager un peu avant de se retrouver dans cette tour. Il a découvert quelques villages ruraux avant d'être interpellé par Saroumane et de finir dans sa maudite tour. Il disait que les villageois vivaient à la dur, et qu'ils travaillaient le sol à l'ancienne, comme son grand-père. Je crois que ça l'avait beaucoup interpellé, et moi avec.
J'ai longtemps cru que nous avions atterris dans le passé, et que nous étions sous la garde d'un seigneur fou aux pouvoirs étranges. Nous avons passé quatre ans et demi dans ce cachot. Jusqu'au jour où on est venus nous chercher, lui et moi. Des ignobles créatures sont entrées, et nous ont amenés jusqu'à Saroumane qui une fois encore est entré dans nos esprits… Et Mathieu…

La voix d'Angélique se brisa légèrement, et je vis ses yeux s'humidifier. Elle bougea légèrement et changea de position, ses mains entourant ses genoux, comme si elle cherchait à se protéger de quelque chose. D'un souvenir, par exemple ou d'une douleur ancienne. Comprenant ce qui avait dû advenir de son ami, je tendis ma main et la posai sur son avant-bras, en signe de réconfort.

-Mathieu n'a pas survécu à l'intrusion, et il est mort alors même que le sorcier entrait dans ma tête. Je n'ai rien pu faire, car déjà la douleur m'assaillait et j'ai hurlé. De toute mes forces, et tellement longtemps. Il passait et repassait sur le film du seigneur des anneaux, des dizaines et des dizaines de fois… j'ai cru que j'allais devenir folle et mourir comme Mathieu, mais il est sorti avant que tout cela ne se produise. Je n'ai compris que plus tard pourquoi il s'était arrêté sur cet évènement-là… Il s'est aussi arrêté sur quelque chose d'autre qui allait déterminer très vite ma place dans la Fosse…
Il a regardé avec attention mes années d'études en tant qu'infirmière et c'est comme ça que je me suis retrouvée face à une orque, la seule que je n'ai jamais vu, capable de mixer des plantes qui m'étaient inconnues pour en faire des breuvages stupéfiants. Elle était chargée de m'apprendre à préparer des grogs, des cataplasmes, et également les langues qu'elle connaissait. Je l'ai suivie, je n'avais pas d'autres choix, et c'est la première fois que je suis entrée dans la Fosse qui avait été creusée entre temps. Un endroit ignoble, nauséabond, où les orques et les Uruk-Hai nouveau-nés se battaient sans cesse pour un peu de nourriture, un coin tranquille ou simplement pour prouver qui était le plus fort…

Elle frissonna, et je serrai les lèvres, incapable de faire le moindre commentaire. Je n'avais pas vu toutes ces horreurs puisque j'avais été laissée dans mon cachot, mais j'avais entendu les souffrances de ceux d'en bas et cela m'avait suffi.

-Tu n'imagines pas ce qui se passait dans cet endroit… Souffla-t-elle, le regard hanté. Ce que j'ai vu… ce qu'ils faisaient à ces femmes… Et je devais les soigner… Et elles me regardaient avec cette souffrance, ces supplications dans les yeux, et je ne pouvais rien faire. Rien. Lufda, l'orque que je suivais était tellement impassible… Mais elle était bonne envers moi. Elle m'a appris plusieurs langues comme le noir parler du Mordor, le Westron qui est la langue commune en Terre du Milieu, et quelques mots de celle utilisée par les orques de sa tribu. J'ai très vite appris, voulant savoir et comprendre où je me trouvais, quel était cet endroit… Je crois que j'ai passé quatre mois à soigner ces femmes qui mourraient une à une de désespoir.

Suspendue à ses lèvres, mes yeux ne lâchaient pas les siens, qui brillaient d'une peur et d'un désespoir contenu.

-Et puis, il y a eu l'eau. La majorité des Uruk-Hai étaient partis en guerre et le peu qui restait étaient ceux qui venaient de naître et ceux qui étaient revenus trop tard d'une expédition contre un village d'hommes. En bas c'était la panique, les orques couraient partout, tentaient d'enflammer ces arbres géants, et moi je suis restée tétanisée. Je ne savais pas quoi faire et Lufda avait disparue. Des femmes m'ont supplié de les délivrer alors je suis partie chercher les clefs. Heureusement, il n'y avait plus personne pour faire attention à moi et j'ai pu les récupérer facilement. Je n'ai eu le temps d'ouvrir que trois cellules avant que l'eau ne pénètre dans la Fosse. Elle a éteint les feux et la fumée s'est propagée partout. Je ne voyais plus rien, et j'ai laissé tomber les clefs. J'ai tenté de les retrouver mais l'eau montait trop vite… Elles hurlaient… Mais je ne les trouvais plus… Je n'arrivais pas… Alors j'ai couru à l'aveugle dans ces couloirs que je connaissais par cœur. J'ai couru pour ma vie, et leurs hurlements résonnaient dans mes oreilles… Je ne sais pas exactement comment je suis sortie de ce dédale vivante, mais j'ai débouché à l'air libre en même temps que celles que j'avais délivrées et nous avons couru ensemble vers l'endroit qui nous semblait le plus sûr en évitant de nous faire écraser : la forêt. Quelques orques et Uruk-hai ont eu la même idée et nous nous sommes retrouvées sous leur autorité de nouveau. Nous ne nous sommes pas enfoncés trop loin dans la forêt, par crainte de nous retrouver face à un autre Ent, et nous avons décidé de camper à découvert. Nous étions tous trop abasourdis pour faire quoi que ce soit… l'un des orques, le plus vieux a fait un feu, et puis tu es arrivée sur le dos de l'ancien Pizdur. Et…

J'attendis la suite, mais elle se tut simplement, évitant mon regard. Je fronçai les sourcils et secouai doucement son bras, la pressant.

-Et quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

-Tu… Non, qu'importe.

Cela eu le don de m'agacer prodigieusement, et j'inspirai profondément pour tenter de dissiper l'énervement et l'inquiétude qui montaient en moi.

-Quoi, je ? Angélique, dis-moi !

-Tu n'avais pas peur de lui ! Cria-t-elle.

Je restai interdite, et relâchai ma main qui tomba de son avant-bras. Doucement, je m'assis sur mes talons et fronçai les sourcils tout en croisant mes bras sur ma poitrine.

-Tu es arrivée sur son dos sans la moindre crainte, et lui il t'a déposée à côté de nous avec une douceur dont je ne le pensais pas capable, et au lieu de rester avec nous, tu es allée t'endormir à ses côtés… et je ne comprends pas… je n'arrive pas.

Elle secouait vivement la tête, comme si elle était folle et qu'elle ne parvenait pas à croire ce qu'elle disait, et ce qu'elle avait vu.

-Je n'ai pas peur de lui… je crois…

-…Que t'a-t-il fait ?

-Pardon ?!

-Qu'est-ce que Saroumane t'a fait pour que tu puisses apprécier le contact de ce monstre ?

-Mais… rien ! Je…

-Tu es allée volontairement vers lui ? Tu as… tu as…

La bouche ouverte, les yeux agrandis par l'incompréhension, je l'observais sans comprendre ce qu'elle me disait. Oui, j'étais allée volontairement le nourrir, mais comment savait-elle cela ? Et pourquoi cela était-il mal ? Et puis, qu'est-ce que j'avais fait volontairement pour qu'elle soit si choquée ?! Soudainement, la lumière se fit dans mon esprit quand je vis l'expression de dégout pure sur son visage et je m'indignai de façon virulente sous son insinuation.

-QUOI ? Mais il ne m'a même pas approchée ! Et jamais je n'aurais fait… quoi que ce soit avec lui ! Mais qu'est ce qui te passe par la tête ? C'est complètement dégueulasse ! Il a été enfermé dans le même cachot que moi, c'est tout. Je l'ai nourris parce qu'il était incapable de le faire, et ça s'arrête là ! Ensuite, quand l'eau est venue, il m'a sauvé la vie ! C'est pour ça que je n'ai pas peur de lui parce que je lui dois la vie… Mais il ne s'est RIEN, tu entends ? RIEN passé entre lui et moi ! Criai-je, tremblante de fureur.

Angélique rougit légèrement et baissa les yeux, mais ne dis rien. Je secouai la tête, encore horrifiée par ce qu'elle venait de me dire. Comment pouvait-elle penser un truc pareil ? C'était impensable, et je n'aurais d'ailleurs jamais cru qu'une telle chose puisse lui passer par l'esprit. C'était malsain et…

-Tu n'es jamais venue dans la Fosse, n'est-ce pas ?

-...non.

-Alors tu ne sais pas ce que ces bêtes font avec les femmes.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Demandai-je, méfiante, peu sûre de vouloir connaître la suite.

-Sous les ordres de Saroumane, ils perpétuent leur race en fécondant des femmes… contre leur volonté évidemment. Et si je te dis que les ordres du sorcier étaient effectués à cœur joie… est-ce que tu comprends ce que ça signifie ?

Je restai silencieuse, trop choquée par ce que je venais d'entendre. Certes, j'avais émis des hypothèses quant aux cris que j'entendais jour et nuit, mais je n'avais jamais creusé trop profondément, sûre que ça allait compromettre ma santé mentale. Et en effet, la vérité était terrible à entendre. Des nausées violentes assaillirent mon corps et je me courbai légèrement sur le côté, mais rien ne sortit.

-Ce sont des bêtes, des ordures sans cœur, qui méprisent les hommes, tuent sans vergogne et trouvent leur plaisir dans la peur. Ce sont des monstres, et toi tu n'en as pas peur ? Ils sont si forts qu'ils pourraient te briser d'un seul coup ! Ne vois-tu pas combien ils sont mauvais ? Cracha-t-elle avec une haine contenue.

Je secouai la tête. Bien sûr, je les avais vus se ruer sur leur confrère mort, tenter de tirer une jeune fille terrifiée dans les bois, j'avais vu la cruauté dans leurs yeux… et oui j'avais peur de ce qu'ils pouvaient faire. Mais… je ne parvenais pas à me sentir terrifiée lorsque je regardais Narghaash. C'était peut-être le fait de l'avoir nourris, et de m'être habituée à se présence qui m'empêchait d'avoir peur.

-Si… j'ai peur d'eux… plutôt de ce qu'ils peuvent faire… mais Narghaash…

-…Etait le pire d'entre tous.

Je me tournai vers elle avec des doutes plein les yeux, peu encline à la croire.

-Il était leur chef, celui qui avait le privilège de passer du temps avec Saroumane en personne, celui qui menait les raids contre les villages, celui qui ramenait des femmes, celui qui réclamait sans cesse du sang, et des humaines. Celui qui dans ses colères tuait à mains nues dix de ses confrères… Il régnait sur la Fosse, et jamais je n'ai vu un cœur plus cruel que le sien.

Je fermai les yeux, incapable de superposer la description qu'elle me donnait du colosse à la vision que j'avais de lui. Je me remémorai un instant l'état dans lequel il était lorsqu'il avait été amené dans le cachot. Sa force écrasante et pourtant, l'étrange vulnérabilité que j'avais vue en lui. Mais, je ne savais rien de lui. Je ne l'avais connu que quelques jours durant lesquels il avait été attaché. S'il n'avait pas eu ces liens, qu'aurait-il fait ? M'aurait-il violentée, ou pire ? J'avais envie de croire que le vrai Narghaash était celui qui m'avait sauvé la vie, et non pas celui qu'elle me décrivait, et que moi seule, j'avais vu une facette de son être qui était bonne. Cependant, je ne savais ce qu'était la vérité. Qui, ou quoi devais-je croire ? Angélique était là depuis plus longtemps, et elle avait vu son comportement dans la Fosse… mais moi je l'avais vu dans ce cachot où il m'avait sauvée… Tout était tellement compliqué… Je ne savais que penser et que faire ! Et puis, pourquoi est-ce que je me prenais la tête ? De toute façon, j'allais rentrer chez moi, et tout cela ne serait qu'un mauvais souvenir !

Je sentis le regard brûlant d'Angélique sur moi, et refusai d'ouvrir les yeux.

Non, je ne pouvais pas me cacher derrière cette excuse pitoyable. Elle était là depuis cinq ans, et jamais elle n'avait trouvé le moyen de rentrer chez elle, jamais elle n'était « retombée » dans notre monde, alors qu'espérais-je ? Que je serais une exception ? Que pouf, j'allais rentrer chez moi d'une minute à l'autre ? Visiblement ça ne marchait pas comme cela, et j'étais bien naïve de croire que j'étais exceptionnelle. J'étais toutefois persuadée que j'allais rentrer chez moi un jour ou l'autre, mais je ne savais pas combien de temps cela me prendrait. Peut-être quelques jours… ou cinq ans. Pour l'instant, j'étais ici, et je me devais de réfléchir.

La première fois que j'avais vu Narghaash, j'avais été effrayée. Bien sûr, qui ne l'aurait pas été ? Il avait une apparence monstrueuse et bestiale. Il m'avait traînée dans la tour du sorcier, puis m'avait enfermée dans un cachot. Quelques semaines plus tard, il était revenu me voir. Il ne m'avait rien fait, mais si je n'avais pas essayé de m'échapper, qui savait ce qu'il aurait pu me faire ? Et ensuite, s'il n'avait pas été attaché ? Non, il ne fallait pas que je pense comme cela. Il avait eu des dizaines d'occasions pour me blesser, et il ne l'avait pas fait. A la place, il avait choisi de me sauver la vie au péril de la sienne, et je n'étais pas prête d'oublier ça. Comment pouvais-je alors avoir peur de la personne qui m'avait sauvé la vie, mettant dans un même temps en jeu la sienne, alors même qu'il était censé me mépriser ? Je ne pouvais pas. Cependant, je refusai de répondre à Angélique et restai muette, incapable de mettre des mots sur mes pensées.

-Oui, il était le plus cruel, mais quelques semaines avant qu'il ne soit emprisonné, il a changé. Murmura alors la jeune femme, et j'ouvris les yeux. Il ne participait plus aux carnages, et punissait plus rarement les rebelles. Il se murmurait même qu'il était devenu l'un d'entre eux. Voyant mon regard interrogateur, elle continua. Les rebelles étaient ceux qui souhaitaient recouvrer leur liberté, et se défaire du joug du sorcier. Je ne pensais pas que cela soit vrai, jusqu'à ce que je le vois se faire trainer, en sang, jusqu'à la tour. Alors peut-être qu'il a changé, rien qu'un peu… mais tu devrais avoir peur de lui, car on ne ressort pas intact de la noirceur de la Fosse. Il a habité trop longtemps dans ces ténèbres, et je pense qu'elles sont encore profondément ancrées en lui.

-Tu as sans doute raison… Murmurai-je.

Un craquement se fit entendre à notre gauche et nous tournâmes dans un même geste nos visages dans sa direction. Narghaash émergea de la forêt avec une biche sur l'épaule, et alors que ses yeux se posaient sur moi, je détournai le regard. Peut-être que les mots d'Angélique étaient à méditer, car après tout, ils étaient bien plus sage que mes sentiments et mes impressions…