Bonnnnjouuuuuuur, enfin, bonsoir.
Je suis très contente de vous retrouver pour un nouveau chapitre, bien que ça fasse très, (trop!) longtemps que je n'ai rein poster. Je ne peux que vous demander pardon car je n'ai pas vraiment d'excuse valable!
Je vous remercie toutes et tous pour vos reviews qui me réchauffent le coeur! Et aussi pour tous ceux qui aiment et tous les followers!
Je suis tellement scotchée par le nombre que vous êtes de partout! Je ne m'imaginais pas que mon histoire étrange puisse plaire!
Enfin bref, je vous laisse ce très court chapitre (oui il est bien court, mais je prévois d'en faire de plus longs prochainement, enfin je l'espère!), du point de vue de Narghaash, en espérant qu'il vous plaise! :D
Enjoy!
Narghaash s'arrêta un instant, et leva son visage vers les étoiles, qui brillaient intensément dans le ciel noir d'encre. Il renifla discrètement l'air, puis se remit à marcher. Ses yeux aux pupilles verticales se dirigèrent d'eux-mêmes vers Emilie, qui marchait avec peine devant lui. Il détailla son dos frêle, ses cheveux qui tombaient en mèches sales et emmêlées, les muscles de ses mollets qui se contractaient à chaque pas. Il l'observa plus intensément encore, et remarqua les tremblements qui parcouraient ses jambes, ses mains qui se crispaient de temps à autre et les imperceptibles gémissements que ses lèvres laissaient fréquemment échapper. Il avait déjà remarqué, plus tôt dans la journée, ces étranges comportements qu'il n'avait jamais vus autre part que chez les humains, et il commençait à s'interroger sur leur signification.
Emilie trébucha sur une racine, et ne pesta même pas lorsque Narghaash la retint d'un bras. Elle se remit en marche avec une grimace, et l'uruk fronça les sourcils, ayant sentit la chaleur inhabituelle du corps de la jeune fille contre sa paume. Il la suivit du regard, puis ne sachant que penser, se contenta de se tenir près d'elle au cas où elle trébucherait à nouveau.
Cela faisait cinq lunes qu'ils marchaient en direction des montagnes, inlassables. Narghaash avait rapidement changé le rythme, faisant marcher la petite troupe la nuit, afin de permettre aux faibles orcs de ne pas être brûlés sous les rayons du soleil. Il avait alors observé que les femelles humaines n'étaient pas capables de bien voir à travers les ténèbres, et cette découverte l'avait amusé. Alors que lui voyait avec clarté les obstacles se dessiner devant ses pas, elles ne parvenaient à les éviter et s'écorchaient sans cesse les jambes sur des cailloux, des branches et des racines traîtresses. Mais l'envie de rire l'avait très vite déserté quand il avait compris combien cela les ralentissait, et surtout, combien cela gênait Emilie. Toutefois, le colosse savait qu'il ne pourrait faire autrement. Ils devaient voyager la nuit, et cela ne changerait pas. Alors, il avait pris l'habitude de retenir la jeune fille à la peau sombre à chaque fois qu'elle perdait l'équilibre, ce qui arrivait de plus en plus fréquemment depuis que la lune et les étoiles étaient apparues dans les cieux.
Ces dernières nuits, ils n'avaient pu mettre la main sur de l'eau claire, et pour étancher leur soif, ils avaient dû boire l'eau croupissante de larges flaques vaseuses qui parsemaient leur chemin. Leurs maigres repas quant à eux, n'étaient constitués que de viande, crue pour les orcs et les uruk, cuite pour les femelles humaines. Narghaash s'en accommodait facilement, et était même satisfait de devoir chasser pour nourrir ce groupe qu'il guidait. Cette sensation était nouvelle pour lui, et il s'y accrochait pour oublier les quelques élancements douloureux qui couraient parfois dans son dos. Un uruk-hai n'avait pas mal.
Les yeux du colosse s'accrochèrent un moment sur les dos larges et rugueux de ses confrères Uruks, qui marchaient devant. Depuis leur sortie de la tour, ils n'avaient rien tenté. Ils étaient calmes, et ne semblaient pas vouloir monter de mutinerie. Cependant, Narghaash ne pouvait s'empêcher de les surveiller étroitement, n'accordant aucune confiance aux plus jeunes. Ils semblaient pourtant s'épanouir dans ce nouvel environnement chatoyant, libérés du joug de leur maître, des punitions collectives, des combats pour les meilleures places… Ils avaient un devoir, un but, leurs propres pensées... Ce que Narghaash n'avait finalement jamais eu, dans la Fosse. Toutefois, le colosse était l'un des uruks les plus âgés, et il savait mieux que quiconque de quoi étaient capables les nouveaux, car c'était inscrit dans leur sang, dans leurs gènes. Ils étaient avides de sang, de combat, et leur fierté n'avait pas de fin.
Un imperceptible grondement se propagea dans la poitrine de Narghaash : il les attendait, ces faibles jeunes et s'ils osaient le défier, il leur ferait goûter à l'amertume de la défaite.
Cependant, un drôle d'espoir concernant ces petits uruk-hai lui prenait parfois les tripes, et il découvrait alors qu'il aimait l'idée d'un groupe où ces jeunes auraient sa… sa confiance ? Le colosse ricana à sa propre bêtise. Les uruks-hai ne marchaient pas comme ça, ils s'entretuaient, et ne s'entendaient que lorsqu'il s'agissait de combattre. Mais était-ce vraiment ce qu'ils étaient, où ce que le Maître leur avait appris ? Etait-il possible de changer ? Ces drôles d'interrogations tournoyaient dans l'esprit torturé de Narghaash, où se combattaient ses instincts bestiaux et ces nouvelles idées idylliques. Il préférait souvent taire ces voix dérangeantes et faire comme s'il ne les entendais pas. Alors, pour éviter de perdre la face devant ses semblables et les humaines, il réagissait comme il l'avait toujours fait. Car c'était la seule façon de procéder qu'il n'ait jamais eue.
Un mouvement brusque d'Emilie le fit réagir, mais il n'eut pas besoin de la retenir car déjà, elle continuait sa route sans un regard pour lui, une main crispée sur son ventre. Narghaash observa ce drôle de comportement quelques secondes, puis ses prunelles se tournèrent vers le début de la file, où les orques avançaient. Cela faisait plusieurs jours qu'ils avaient débouchés dans une forêt dont la végétation lui était inconnue. Il avait longtemps fixé ces grands arbres dont les feuilles minuscules, dures et pointues ne commençaient qu'à mi-chemin sur le tronc, les laissant à découvert. Heureusement, il n'y avait eu aucune attaque des arbres-vivants depuis la tour, malgré les multiples frayeurs et alertes de Narghaash. Plusieurs soirs, il avait interdit aux sharlob de faire du feu, de peur d'être découverts et de mourir sous les pieds de bois des géants feuillus.
Le souvenir de ces grands êtres crissants, criants, tentant dans les tuer fit gronder le colosse, qui jeta des coups d'œil furtifs autour de lui. Peut-être que ces immenses arbres aux feuilles pointues étaient vivants, et qu'ils attendaient le moment propice pour les massacrer. Un léger rire secoua Narghaash. Si tel était le cas, ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire, car le grand Uruk ne se laisserait certainement pas faire, et s'il avait à les tuer, il le ferait sans hésiter, avec une joie carnassière.
La lune était déjà haute dans le ciel lorsqu'ils firent une courte pause. Les sharlob, visiblement épuisées s'assirent quelques instants contre les troncs, tandis que les orques et les uruks s'éparpillaient dans les alentours pour soulager leurs besoins. Deux par deux, les femmes allèrent également se cacher, et Narghaash ricana. Entre eux, les uruk ne faisaient pas autant d'histoires lorsqu'il en venait aux besoins naturels. C'était tel qu'ils avaient été créés, et ils n'en avaient pas honte, pas comme ces humains si fragiles qui se cachaient à la moindre occasion.
La première humaine à aller dans la forêt fut Emilie, en compagnie de la guérisseuse. Elles y coururent, la jeune femme à la peau sombre, les mains plaquées sur le ventre. Narghaash fronça à nouveau les sourcils, toute envie de ricaner ayant subitement disparue, et guetta avec une certaine appréhension le moment où elles reviendraient. Ce ne fut pas long, mais lorsqu'elles réapparurent, il aperçut le visage inquiet de la guérisseuse, et celui cendreux d'Emilie. Il observa plus attentivement ses joues creuses, ses mains crispées, et sa respiration erratique, se demandant ce qui pouvait la rendre étrange à ce point. Le colosse n'eut cependant pas le loisir de se pencher sur cette situation, car ses compagnons commençaient à se rassembler dans le but de repartir. Il lança un ordre bref et sec, et tous commencèrent à se mouvoir.
Mais alors qu'ils allaient se remettre en route, Emilie se pencha brusquement en avant, et dans un raclement ignoble, un liquide épais sorti de sa bouche. Interloqué, Narghaash s'arrêta, ne sachant que faire, alors que la guérisseuse se précipitait vers elle. Il se rappela subitement qu'il avait déjà vu des humains faire de telles choses, lorsque les uruks attaquaient les villages proches de la tour. Très souvent, c'était après avoir vu un carnage, le sang, la mort. Repensant aux expressions de leurs visages quand ils faisaient une telle chose, Narghaash en déduisit que ce n'était pas une chose agréable, et que visiblement, ils réagissaient de la sorte lorsqu'ils avaient peur, ou lorsqu'ils étaient en face de quelque chose de… d'horrible ? Toutefois, le colosse se demanda un instant pourquoi elle crachait, puisqu'elle n'avait rien vu de tel. Y avait-il quelque chose d'horrible ? L'avait-elle vu dans la forêt ? Mais avant qu'il ne puisse demander quoi que ce soit à la guérisseuse, la jeune fille à la peau brune vacilla, son corps perdit toute rigidité, et avec lenteur elle s'affaissa, frappant le sol dans un bruit mat. La guérisseuse émit un cri terrorisé en essayant de la retenir de toutes ses maigres forces.
Son hurlement fit frissonner de concert les uruk-hai, sans qu'aucun n'ose toutefois initier le moindre geste à l'encontre de la femme.
Ils connaissaient ce cri, c'était celui que leur apparition provoquait systématiquement lorsqu'ils se montraient aux villages humains, et malgré eux, il les remplit d'une excitation malvenue. Mais aucun ne bougea, conscient que leur chef n'était, pour une fois, pas atteint de la même folie guerrière qui les taraudait. En effet, le colosse restait de marbre, à regarder la silhouette sombre d'Emilie se découper nettement sur le sol tapissé de feuilles pointues. Il ne comprenait pas ce qui passait, mais son instinct lui criait que l'immobilité de la jeune fille n'augurait rien de bon. Il savait ce qu'était la mort, et elle ressemblait à cela. Les tripes du colosse s'agitèrent un instant. Ses sens cherchèrent à capter le moindre signe de vie, et il fut comme… libéré lorsqu'il entendit le bourdonnement infime que produisit la respiration d'Emilie.
Alors, il se dirigea vers elle, et s'accroupit en face de la guérisseuse. Il remarqua rapidement que les yeux de celles-ci étaient luisants, comme si de l'eau allait s'en écouler. Cela aussi, il l'avait déjà vu chez les hommes, dans les villages… Mais également sur Emilie, une fois.
« -Qu'est-ce qu'elle a ? » Grogna-t-il en langue commune, pour que tous le comprennent.
« -Elle est malade. » Répondit-elle avec son accent si particulier, la voix tremblante. Ses yeux papillonnèrent un instant, puis elle donna quelques ordres à l'une des femmes qui s'était approchée, lui enjoignant de cueillir des plantes que le colosse ne connaissait pas.
« -Malade ? » Répéta Narghaash, incapable de mettre des images précises sur cet état.
La jeune femme releva ses yeux mouillés, et une fugace grimace déforma ses traits.
« -Oui, malade... Et si on ne fait rien, elle va mourir ! »
Cette révélation percuta Narghaash, dont l'esprit vacilla. Bien que nul ne put deviner le trouble qui l'habitait car son visage garda sa constitution de marbre, ses tripes elles, furent rudement secouées. Les battements de son cœur augmentèrent rapidement, et il baissa les yeux sur le corps fragile, frissonnant, de la jeune fille qui l'avait sauvé. Certes, il avait fait sa part en la sauvant des flots, mais quelque chose de plus fort que lui, refusait de la laisser ainsi, et de la voir mourir.
« -Elle ne peut pas marcher ? » Demanda-t-il sourdement.
« -Non ! » Répondit la guérisseuse, tout en récupérant les plantes qu'on lui avait ramenée.
« -Qu'on la laisse ! C'est une faible, d'toute façon elle va crever ! » Eructa l'un des orques, avec un ricanement horripilant.
Un rugissement terrible secoua alors la forêt. Tous tremblèrent, et fixèrent leurs yeux sur Narghaash, qui se tenait debout, les muscles bandés et le visage furieux. Il s'était tourné vers le malheureux ayant osé dire pareille chose, et le regardait comme s'il allait le tuer sur-le-champ. L'orque baissa les yeux, et ses oreilles s'aplatirent sur son crâne nu. Conscient que celui-ci indiquait sa soumission par de tels signes, le colosse se résolut à décrisper ses poings. Son regard toutefois, resta braqué sur l'être infâme qui frissonnait de terreur.
« -On ne la laissera pas. » Gronda Narghaash.
Puis il se retourna vers Emilie, et attendit que la guérisseuse verse de l'eau mêlée de plantes entre ses lèvres. Après quoi, il donna l'ordre que l'on se remette en marche, et avant que quiconque ne puisse protester, il se baissa, prit Emilie entre ses bras et se releva. Tous le regardèrent faire sans qu'aucun n'émette le moindre mot. Voyant qu'ils tardaient à reprendre la route, le colosse gronda, et aussitôt le petit groupe se mit en mouvement. Narghaash se tint immobile quelques instants, ses yeux aux pupilles étrécies scrutant chacun de ses semblables, les invitant à venir défier son ordre s'ils l'osaient. Toutefois, aucun ne broncha, et tous se mirent en marche vers les montagnes, suivant docilement les orques qui ouvraient l'étrange cortège. Les femmes, maladroites, tremblantes, les suivirent difficilement. Le colosse émit un léger grondement de satisfaction, puis, tenant fermement Emilie dans ses bras, il ferma la marche.
Les heures suivantes parurent étrangement longues à Narghaash, dont l'esprit préoccupé par l'état d'Emilie ne cessait de sauter d'une pensée à l'autre. Le colosse resserra sa prise autour la jeune fille, qui frissonna. Sa peau était chaude, plus chaude qu'habituellement, et couverte d'une couche de sueur qui avait un drôle d'odeur, aigre. Après plusieurs heures, elle se mit à trembler entre ses bras, et à gémir doucement. Les fines oreilles du colosse perçurent le cœur d'Emilie, qui pulsait avec une rapidité inhabituelle, ainsi que sa respiration anarchique. Elle se réveilla dans un sursaut d'horreur, alors que le ciel commençait à pâlir à l'horizon. Ses yeux clairs s'accrochèrent aux prunelles de Narghaash, sans toutefois qu'elle ne réagisse sous son regard inquiet. Dérouté devant cette absence de réaction, il s'arrêta et se pencha un peu plus sur la jeune fille, puis l'appela doucement par son prénom. Quelques longues secondes passèrent avant qu'Emilie ne batte plusieurs fois des paupières, et ne regarde le puissant uruk. Son visage crispé sembla se détendre à la vue de celui-ci. Puis, brusquement, elle se dégagea d'un coup d'épaule des bras de Narghaash, et vomit ce qui ne sembla être au colosse que de la salive, dont l'odeur âcre lui piqua les narines. La jeune fille gémit, et planta ses ongles dans l'avant-bras de l'uruk. Des tremblements la saisirent alors et dans un réflexe qui lui était inconnu, Narghaash la serra contre lui, espérant faire disparaître ces choses qui pouvaient, d'après les dire la guérisseuse, la faire mourir.
Quelques heures passèrent encore avant qu'ils ne trouve un abri pour la journée. En grimpant plus fortement dans les hauteurs, quelques orques partis en éclaireurs avaient trouvé une grotte profonde et très large pouvant tous les abriter. Lorsque Narghaash entra dans cet abri, il décida en son être qu'ils y resteraient plusieurs jours, le temps que la guérisseuse sauve Emilie de la maladie, si cela était possible. Déjà, certains orques ramenaient du bois des alentours, et les humaines étendaient à terre près du futur feu, les quelques habits dont elles se couvraient habituellement pour résister au froid. La guérisseuse fit un signe de main au colosse, qui s'approcha des femmes. Certaines reculèrent, face à son aura de force brute, mais la guérisseuse ne fléchit pas, ayant pour seul but de sauver Emilie. Elle désigna de la main la maigre couche qu'elles avaient faite de leurs loques, et Narghaash s'accroupit. Sur le chemin, la jeune fille à la peau brune s'était à nouveau endormie, elle gémit doucement lorsque le colosse bougea. Alors qu'il allait l'allonger, le puissant uruk sentit un instinct inconnu monter en lui, et il eut l'envie de garder Emilie avec lui, contre lui, pour lui. Il se secoua, et se retint de ne pas gronder de fureur. Il la déposa doucement à terre, puis se releva, et après un dernier regard sur son corps frêle, secoué par des frissons irrépressibles, il se retourna.
Il s'approcha brutalement de la guérisseuse, qui se crispa, sans pour autant reculer.
« -Guéris-la. Sinon tu mourras de mes mains. »
La jeune femme leva les yeux vers le colosse, et il vit dans son regard quelque chose qui l'étonna. Elle semblait percevoir, si ce n'est comprendre l'état dans lequel il se trouvait. Etait-ce possible ?
« -Si elle meurt, je mourrais de tristesse avant même que tu ne poses ta main sur moi. » Répondit-elle d'une voix froide.
Après quoi, elle se retourna et se mit à couvrir la jeune fille de tous les habits dont elle disposait. Emilie gémit à nouveau, et le colosse s'enfuit. Il sortit de la grotte, puis se mit à courir entre les rochers, jusqu'à ce que ses cuisses le brûlent et que son souffle s'accélère.
Là, il tomba à genoux et hurla en direction du soleil levant, un lourd sentiment d'impuissance, rongeant comme une bête féroce son être entier.
Il n'était sûr de rien, sauf d'une chose : Si Emilie mourrait, il ne serait plus jamais le même.
