Ce recueil a dépassé les 1000 vues ! Si vous saviez ce que ça me fait plaisir ! ;w; Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de le lire ! Et encore plus à celles qui ont laissé une petite review de l'amour !
Gilles était aux anges. Affamé depuis plus de deux jours, le dos et la poitrine déchirés par les coups de fouet et dans un état de fatigue qui lui avait fait frôler l'évanouissement à plusieurs reprises, mais malgré tout, il était heureux. Pourtant, il ne faisait rien de spécial. Il était juste étendu en position semi-allongée au pied d'un chêne, sur un vieux morceau de couverture à moitié roussi par le feu.
Et justement, c'était ça qui était merveilleux. Il n'avait strictement rien à faire.
"Tu as soif ? lui demanda gentiment Robin en venant s'accroupir à côté de lui."
Le jeune homme lui sourit et tendit le bras pour prendre le bol que son nouveau frère tenait à la main, mais celui-ci l'en empêcha. À la place, il lui redressa la tête et l'aida à boire lentement en gardant sa main dans ses cheveux.
Gilles s'efforça de boire lentement et de ne pas en mettre partout, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. La soif qui lui brûlait la gorge était insupportable... En fait, il n'avait pas bu une seule goutte d'eau depuis plus d'une journée entière, et il avait l'impression qu'il n'y en aurait jamais assez dans toute la région pour le désaltérer.
"Tu en veux d'autre ? s'enquit Robin, un peu désarçonné par la façon dont son nouveau frère buvait avidement l'eau qu'il lui présentait."
Il n'avait pas vu quelqu'un mourir à ce point de soif depuis plus d'un an. Depuis la prison en Terre Sainte... Cette pensée le ramena fatalement aux amis qu'il avait dû laisser là-bas, et à Pierre qu'il avait perdu... Pierre qui avait été une partie si immense de sa vie pendant si longtemps... Une violente décharge de douleur lui broya soudain le coeur, et il posa de nouveau son regard sur Gilles. Gilles qui était étendu sur le dos dans la terre et les restes du campement... Gilles qui l'avait tellement irrité pendant tout ce temps, le contredisant et le provoquant sans cesse, au point de devenir l'un de ses ennemis les plus farouches, avec le Shérif. Gilles qui avait le visage couvert de saleté et qui portait l'une de ses chemises, qu'il venait de lui céder car la sienne avait été déchirée par les mauvais traitements. Gilles qui avait les cheveux aussi blonds que les siens, un détail auquel il n'avait jamais prêté attention car avoir les cheveux de cette couleur, c'était plutôt courant. Comme il n'avait pas prêté attention à la manière dont il se tenait toujours droit, d'une façon fière et noble qui lui rappelait tellement son... leur père. Comme il n'avait pas non plus prêté attention à l'éclat d'intelligence qui brillait dans son regard vert et narquois, à la manière dont il clignait lentement des yeux au moment de comprendre quelque chose, à son sourire satisfait lorsqu'il accomplissait un exploit.
Tout cela aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, pourtant.
Gilles était son frère depuis dix-huit ans et il ne l'avait jamais su.
Gilles était un membre de sa famille... ce qui faisait qu'il n'était plus seul au monde, comme il l'avait pensé après la mort de sa mère, la mort de son père, la mort de Pierre et de tous ses amis d'enfance, et la mort de Duncan, dernière perte qu'il devait endurer... Un frère... il n'était plus tout seul, il avait un frère...
"Heu... Robin ? Quelque chose ne va pas ? s'inquiéta le frère en question lorsqu'il vit ses yeux se remplir de larmes.
-Non, c'est rien, répondit le chef des voleurs en les essuyant rapidement avec sa manche. Simplement...
-Robin, nous allons enterrer les morts, l'interrompit Frère Tuck d'une voix douce. Tu devrais venir lui dire au revoir maintenant.
-Oh... Oui, tu as raison, murmura l'archer, et ses yeux se remplirent soudain d'un chagrin insondable qui prit totalement Gilles au dépourvu."
Désarçonné, le jeune homme le suivit des yeux tandis qu'il se levait pesamment de sa position accroupie, puis suivait Frère Tuck jusqu'à l'endroit ombragé où ils avaient étendu les morts. Gilles se redressa pour mieux voir, la main pressée sur son ventre bandé et déchiré par les blessures. De là où il était, il n'aperçut qu'un long manteau bleu nuit dont la capuche était rabattue sur le visage du propriétaire. Lorsque Robin l'ôta doucement pour passer une dernière fois sa main avec tendresse et chagrin sur la joue du mort, il reconnut les longs cheveux blancs de Duncan. Duncan... le vieux domestique de son frère, celui qu'il avait toujours traité avec affection et attention... il avait donc péri pendant l'attaque du campement ?
En fait, il aurait pu s'en douter tout seul. Il était resté en avant avec Robin jusqu'au dernier moment, tandis que les Celtes engagés par le Shérif chargeaient le camp. Personne ne s'était soucié du vieillard aveugle qui les avait, sans le vouloir, attirés jusque là...
Le coeur de Gilles se serra en voyant les épaules de son frère s'affaisser sous le coup du chagrin. Il y avait toujours eu une telle amitié entre le jeune seigneur et le domestique, et voilà que Duncan était mort ? Il comprenait mieux à présent la peine dans les yeux de Robin...
En tremblant, malgré son corps lourd et perclus de fourmillements désagréables, Gilles se mit debout. La forêt se mit à tournoyer autour de lui, mais il enfonça ses doigts dans l'écorce dure d'un arbre voisin pour tenir bon. Il ne pouvait pas s'affaisser une nouvelle fois sur le sol de la forêt, comme quand Robin avait lâché son visage tout à l'heure...
Il attendit un peu que le vertige se dissipe puis, la main toujours pressée sur son ventre, il s'avança en tremblant vers son frère. Le chemin fut difficile, car il lui semblait que la moindre feuille morte, que le plus petit caillou ou bout de bois qui tapissaient cette forêt essayaient de le faire trébucher. Il parvint néanmoins à rejoindre son frère et s'effondra, davantage qu'il ne s'assit, près de lui.
"Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit gentiment Robin, un peu distrait de sa douleur par l'étonnement que lui inspirait son comportement."
Il posa sa main sur la joue de son frère sans vraiment y réfléchir. Gilles cligna des yeux, surpris malgré la forêt qui continuait étrangement de tourner autour de lui. Sans prévenir, une migraine le frappa soudain derrière la nuque et son estomac se souleva.
Le jeune homme essaya quand même de répondre, sincèrement touché par le geste tendre de cet homme qui le détestait à peine quarante-cinq minutes plus tôt, mais il n'y parvint pas. Il avait oublié sa question et une puissante nausée, acide et brûlante, remontait dans sa bouche. Robin le vit pâlir et se mettre à trembler, et à peine eut-il le temps de passer ses bras autour de lui que Gilles se mettait à vomir. Il ne rendit pas grand chose, bien sûr. Son estomac était vide depuis deux jours, mais c'est justement ce qui rendit ses vomissements encore plus douloureux. Après l'eau qu'il venait tout juste d'avaler, ce fut un liquide trouble, acide et piquant, qui se déversa hors de sa bouche et lui entraina des convulsions douloureuses qui se mirent à tirer sur les points de suture qu'Azeem lui avait faits. Les vomissements et les soubresauts ne s'arrêtèrent pas durant de longues secondes; Gilles fut même persuadé qu'il allait en mourir. Des larmes se mirent à déborder de ses yeux, il appela sa mère, ou son père, ou peut-être même Robin, il ne savait plus très bien. Toujours est-il que deux bras se positionnèrent autour de lui pour le soutenir pendant qu'il rendait, et qu'une main se posa sur son front pour le soutenir. Il entendit des mots doux; il savait que c'était Robin mais il ne comprit pas ce qu'il disait.
Une éternité plus tard, le liquide brûlant cessa de couler de sa gorge. Le mal de crâne continua de pulser dans ses tempes, mais il s'atténua. Des mains le manipulèrent, l'écartèrent des buissons où il avait vomi, le retournèrent, l'allongèrent sur le dos. La cime verte des arbres, leurs feuilles qui se balançaient dans le vent et des morceaux de ciel apparurent dans son champ de vision. Puis, le visage de Robin. Clairement préoccupé s'il en croyait ses yeux fixés sur lui et la façon dont il lui touchait le front du bout des doigts. Gilles tenta de lui sourire. Il avait envie de sourire à ce frère qu'il venait à peine de retrouver.
"Gilles ? Est-ce que... tout va bien ? s'enquit l'archer avec inquiétude.
-Mmm... oui... je me sens mieux, maintenant..., murmura le jeune homme avec sincérité, même si sa tête continuait de palpiter un peu."
Vomir l'avait aidé à se débarrasser de cette impression de nausée persistante. Sa vision s'éclaircit et, en tournant la tête, il aperçut Azeem et Frère Tuck qui accouraient dans leur direction. Le moine avait dû s'empresser d'aller le chercher lorsqu'il s'était mis à vomir.
"Ro-bin..., marmonna Gilles en bougeant de nouveau la tête, et il s'aperçut qu'elle était posée sur la jambe de son frère.
-Oui, répondit Robin en lui prenant fermement la main. Je te tiens."
Gilles sourit et ferma les yeux. Il se sentait vraiment bien. Sa gorge le brûlait, sa tête palpitait et les blessures de son corps s'étaient remise à le tirailler affreusement, mais il se sentait bien. Robin avait posé sa tête sur ses genoux, et il lui touchait le front...
"Qu'est-ce qui s'est passé, Chrétien ? s'enquit Azeem avec attention en posant sa main sur le front du jeune homme, à la place de celle de son frère.
-Il s'est mis à vomir pendant qu'on parlait, répondit son ami avec inquiétude. Je ne sais pas pourquoi c'est arrivé... Il n'avait pourtant rien mangé..."
Gilles laissa échapper un petit soupir de satisfaction en sentant la paume fraîche d'Azeem parcourir sa peau brûlante.
"Il a de la fièvre ? s'inquiéta Robin.
-Non, il est juste à bout de force, le rassura le maure en ôtant sa main. Il ne fallait pas le réhydrater aussi vite. Il a besoin de boire et de manger, mais lentement pour que son estomac se réhabitue. Son corps est encore à moitié en état de choc, Chrétien."
Robin hocha la tête.
"Qu'est-ce que je peux faire, alors ?
-Nous allons lui procurer de l'eau et de la nourriture. Et, une fois que tu auras fini de faire tes adieux à Duncan, tu l'aideras à manger et à boire mais sans procéder trop rapidement."
À ces mots, Gilles rouvrit brusquement les yeux. Mais oui ! Duncan ! C'était pour ça qu'il était allé rejoindre son frère sous les arbres malgré la douleur...
"Robin..., murmura-t-il, et il vit les trois visages qui l'entouraient se tourner vers lui.
-Oui ? répondit son frère avec douceur en posant une main sur son épaule pour le rassurer.
-Je suis... désolé... pour Duncan..."
Robin cligna des yeux, pris au dépourvu.
"Désolé ? Pour Duncan ? répéta-t-il avec incompréhension, tandis que son frère faisait un effort considérable pour se redresser en grimaçant. Hé, doucement. Doucement, Gilles, tu vas te faire mal."
Le jeune homme retint le couinement de douleur qui essayait de franchir le barrage de ses lèvres, et il s'appuya avec reconnaissance contre le bras que son frère avait passé dans son dos pour le soutenir. Un nouveau vertige menaça de l'engloutir, mais le jeune homme serra les dents et au bout de quelques secondes, il se dissipa.
Robin le dévisageait toujours avec incompréhension.
"Gilles, pourquoi tu me parles de Duncan ? s'enquit-il en coulant un regard rempli de peine vers son vieil ami.
-Je sais à quel point tu étais proche de lui, expliqua le jeune homme en grimaçant -la douleur était vraiment insupportable. Ça doit... te faire beaucoup de peine de l'avoir perdu."
Il prononça ses mots avec prudence, en évitant de regarder son frère. Ils ne se souciaient l'un de l'autre que depuis une petite heure, après tout; c'était encore difficile de montrer sa préoccupation profonde.
Mais Robin ne se formalisa pas d'un tel comportement; après avoir dévisagé son frère avec étonnement, un sourire triste vint adoucir les traits de son visage.
"Oui, murmura-t-il doucement en regardant le corps de son ami. Beaucoup de peine."
Comme lorsqu'Azeem avait déposé sa dépouille auprès de lui, ses lèvres se mirent à trembler, mais il se retint. À la place, il effleura le front, la joue et les cheveux de son vieil ami d'une caresse remplie de larmes, puis il rabattit doucement la capuche de tissu bleu nuit sur son visage, et il se redressa.
"Viens, murmura-t-il en passant un bras solide autour de la taille de Gilles pour l'aider à se mettre debout."
Le jeune homme tangua mais parvint à tenir sur ses pieds. Robin l'entraina un peu plus loin à travers les restes du campement.
"Là, assieds-toi, suggéra-t-il en aidant son frère à se poser à l'ombre d'un arbre."
Il retourna chercher la couverture qu'ils avaient abandonnée un peu plus loin et en couvrit les épaules de son cadet.
"Heu, merci. Mais je n'ai pas vraiment froid, tu sais, s'amusa Gilles en le voyant faire.
-Je tiens pas à ce que tu attrapes un rhume, se justifia Robin en lui souriant presque timidement."
Il s'assit auprès de lui et ajouta :
"Tu veux que je retourne te chercher de l'eau ?"
Le jeune homme grimaça, mal à l'aise, en se remémorant les vomissements douloureux qui l'avaient pris quelques minutes plus tôt. Il n'était pas certain de vouloir retenter l'expérience, mais sa gorge le brûlait maintenant deux fois plus à cause des remontées acides. Et puis Azeem avait semblé très sérieux à ce sujet : il devait boire et manger pour reprendre des forces. Bien qu'affaibli, il ne voulait pas ressembler à un poids maintenant qu'il avait enfin l'attention de Robin, alors il acquiesça.
"Je reviens."
Son frère se remit debout et lui effleura pensivement la joue d'une caresse avant d'aller lui chercher de l'eau dans le broc posé un peu plus loin. Et une nouvelle fois, Gilles ne put s'empêcher de sourire bêtement à la façon dont Robin s'était soudain mis à prendre le plus grand soin de lui. Il n'avait même pas besoin d'aller se chercher de l'eau lui-même... Le chef des voleurs se souciait suffisamment de lui pour le faire à sa place, dans le souci de lui épargner plus de fatigue et de douleur.
"Qu'est-ce qui te fait sourire ? s'enquit Robin en revenant vers lui.
-Rien de particulier, répondit Gilles sans parvenir à gommer les petits étincelles de joie dans ses yeux. Tu sais que tu es tout échevelé ? On dirait un fou.
-Tu ne t'es pas regardé, rétorqua Robin en essayant de répondre à la plaisanterie, mais un éclat de chagrin brillait toujours dans son regard."
Cet éclat chassa toute la bonne humeur de Gilles. En silence, il laissa son frère s'installer à côté de lui et lui donner à boire une nouvelle fois; il fit cependant attention à ne pas lui faire ingérer trop d'eau d'un coup, ou trop vite. Aucun des deux n'avait envie que le jeune homme recommence à être malade.
"C'est bon comme ça ? s'enquit Robin lorsque le récipient fut vide."
Gilles hocha la tête pour lui signifier que oui.
Un silence timide s'installa alors entre eux. C'était bête sans doute, mais ils ne savaient pas vraiment quoi se dire. Ou plutôt, ils ne savaient pas par où commencer, car il y avait tellement de choses à raconter. Gilles se contentait de retenir ses cris de douleur, car malgré les onguents d'Azeem, la souffrance demeurait insupportable. Robin, lui, ne pouvait pas s'empêcher de penser à Duncan. À tout ce qu'il avait représenté pour lui pendant toutes ces années...
"Robin, l'interrompit alors Gilles, de la même façon troublante que s'il avait lu dans ses pensées. Qu'est-ce que Duncan représentait exactement pour toi ?
-Ce qu'il représentait ? répéta l'archer. Eh bien, il a été l'intendant de Père aussi longtemps que je m'en souvienne. Son homme de confiance, aussi. Et... il a également été le mien..."
Gilles leva la tête vers lui et fut une nouvelle fois frappé par sa bouche qui tremblait.
"Je... J'ai toujours pu compter sur lui quand j'en ai eu besoin, murmura Robin en baissant la tête. Après la mort de Mère, et puis... et puis plus tard, quand j'ai cessé de faire confiance à Père..."
Gilles tressaillit en comprenant à quoi il faisait allusion, mais ce n'était pas encore le moment de parler de ça...
"Après la mort de Pierre et de mes amis en Terre Sainte, quand je suis revenu... Duncan était tout ce qu'il me restait de ma vie d'avant... de mon enfance, continua Robin, et il était vraiment au bord des sanglots cette fois. Maintenant qu'il est mort, j'ai l'impression... de ne plus avoir de passé...
-Robin..."
Chagriné, Gilles posa sa main sur son bras pour le réconforter.
"Je suis désolé...
-Je sais..."
Le jeune homme ne savait pas quoi dire d'autre pour le consoler, alors il fut un tout petit peu soulagé en voyant Robin lui sourire tristement. Certes, devant le deuil de son frère, il ne pouvait pas faire grand chose... mais il se prit à espérer que, peut-être, par sa présence, Robin arriverait à se sentir un peu moins... seul ? Cette pensée le troubla. Une heure plus tôt, il ne pensait même pas pouvoir tenir le plus petit rôle dans la vie de son frère...
"Tu devrais prendre un peu de repos, suggéra doucement Robin en voyant son regard trouble et vague.
-Oui, je vais essayer..., soupira le jeune homme en essayant de fermer les yeux, même si c'était à contrecœur."
Il n'avait pas envie d'être un poids, de devoir se contenter de dormir pendant que les autres s'épuisaient à la tâche autour de lui. Maintenant qu'il avait enfin l'impression d'appartenir de façon pleine et entière aux hors-la-loi de Robin, il n'avait pas envie de le décevoir...
Mais il n'avait plus de force, il le savait mieux que quiconque. Même si ça lui portait peine, il ne pouvait que s'allonger et attendre.
"Je vais aller chasser avec Jean et Azeem, lui murmura Robin en glissant ses doigts dans ses cheveux blonds. Est-ce qu'il y a quelque chose dont tu aurais envie ?
-Que tu reviennes en un seul morceau, rétorqua Gilles sans savoir d'où lui venait cette idée.
-Je parlais du gibier, répondit l'archer sans parvenir à gommer le sourire dans sa voix.
-Oh... eh bien, non, à rien de particulier.
-D'accord..."
Robin se releva mais, au lieu de partir, il marqua quelques secondes et ajouta :
"Je suis vraiment heureux que tu sois mon frère, Gilles. Grâce à toi, je... j'ai de nouveau un endroit où me sentir à ma place..."
Et, sans attendre de réponse, il s'éloigna. Gilles resta allongé par terre à fixer quelques instants les arbres devant lui, malgré ses paupières plombées de fatigue. Il aurait bien aimé pouvoir répondre quelque chose à cette affirmation qui le touchait, mais il savait que, même si son frère ne s'était pas esquivé aussi vite, il n'aurait rien réussi à lui dire. Une heure, c'était trop tôt... il avait besoin de ses défenses encore. Mais un jour, peut-être...
Maintenant qu'il avait enfin quelqu'un à qui dire toutes ces choses.
