Le 1er septembre, c'est la saint Gilles ! Je sais que son vrai prénom c'est William, mais c'est l'avantage d'utiliser obstinément les noms des VF ! Développement du mot "Doux" des soirées drabbles.


Gilles aurait senti la présence de Robin dès son entrée dans la chambre, si seulement il ne dormait pas si paisiblement depuis que son frère l'avait fait aménager au château. Il n'aimait pas ça, mais il fallait bien admettre que, en plus d'un an, certains de ses réflexes avaient bien commencé à s'amenuiser. C'était peut-être la pression sous laquelle il vivait depuis si longtemps qui commençait à se dissiper... En tout cas, l'ancien voleur n'entendit pas la porte s'ouvrir en couinant faiblement, pas plus que les pas de son frère sur les pierres. Sa main tiède lui effleura la joue qu'il ne réagit même pas.

"Gilles ? murmura la voix de Robin à son oreille. Gilles ? Allons, marmotte, réveille-toi.

-Mmm, grommela le jeune homme dans son sommeil, avant de bouger lorsque des doigts glissèrent sur son front. Quoi... ? Robin... ? C'est toi ?

-Bien sûr, pourquoi ? Tu attendais quelqu'un d'autre ?"

En ouvrant les yeux, Gilles distingua les prunelles claires et rieuses de son aîné qui fouillaient les siennes.

"Ce n'est pas souvent que je te vois dormir aussi profondément, remarqua l'archer. J'ai cru que tu étais malade, pendant un instant.

-Malade de devoir me plier en quatre pour tous les nobles qui passent pas ici, grommela Gilles en s'étirant. À croire que tu les fais venir au château exprès.

-Ne raconte pas n'importe quoi ! Moi aussi, j'ai besoin d'un moment pour m'échapper.

-Et c'est pour ça que tu viens me faire la conversation alors que je dors ?

-Non, pas exactement. Tu sais quel jour nous sommes, aujourd'hui ?

-Pas ton anniversaire, ça c'est certain, soupira le jeune homme en se tournant sur le côté, enroulé dans ses couvertures, afin d'échapper à son frère.

-Gilles... Nous somme le 1er septembre. C'est ta fête, aujourd'hui.

-De quoi ?

-C'est la saint Gilles. Tu ne le savais pas ?"

Le jeune homme se tourna de nouveau face à son frère, cette fois bien réveillé. La saint Gilles... Il n'avait plus pensé à ce terme depuis bien longtemps. À l'époque, lorsqu'il avait encore une mère pour veiller sur lui, c'était vrai qu'elle lui offrait toujours un petit cadeau après la messe, durant laquelle le prêtre narrait avec emphase la vie du saint dont il partageait le prénom. Il ne se souvenait plus de ce que ce bonhomme avait fait exactement, mais il espérait que sa vie avait été plus facile que la sienne...

Dans les rayons dorés du soleil qui pénétraient dans la chambre, les cheveux de Robin paraissaient plus blonds et plus brillants que jamais. Gilles savait que les siens aussi. À la réflexion, il avait sûrement eu plus de chance que saint Gilles, dans la vie...

"Eh bien, merci d'y avoir pensé, bailla le jeune homme en s'étirant. Tu peux me laisser me rendormir, maintenant.

-Pas avant que je t'aie donné mon cadeau, protesta Robin. Allez, assieds-toi. Sinon, tu vas t'en mordre les doigts."

Croyant qu'il parlait du fait de manquer une surprise, Gilles s'exécuta en marmonnant. Aussitôt, Robin se pencha, saisit quelque chose dans ses mains et la lâcha sur son frère. Des petites pattes griffues s'enfoncèrent lourdement dans son ventre et le jeune homme écarquilla les yeux de surprise.

Comme sa stratégie avec le poulain avait merveilleusement bien fonctionné, Robin avait décidé d'offrir un chiot à son frère pour apaiser un peu sa frayeur des molosses. La petite boule de poils était vraiment adorable, brune et blanche, et Gilles s'exclama en la prenant dans ses bras :

"Mais il est tout doux ! Tu es sûr qu'il va devenir un de ces horribles chiens qui pourchassent les cerfs et mordent les jambes des intrus ?

-Évidemment, sauf si tu le maternes autant que ton poulain ! rétorqua son frère. Tu veux bien me laisser jouer avec ?

-Non, c'est le mien, répliqua Gilles, les yeux brillants d'amusement. Tu n'as qu'à adopter un de ses frères et sœurs !

-Je vais me gêner !"

Une petite langue rose et râpeuse empêcha Gilles de répondre et il rit pendant que la petite boule de poils essayait de lui grimper dessus.

"Ça te fait plaisir ? demanda Robin en souriant, assis sur le bord du lit de son frère. Je l'ai choisi exprès pour toi.

-C'est vraiment parfait, Robin. Merci."

Gilles fit signe à son frère de se pencher et l'embrassa sur la joue, avant que le chiot ne bondisse vers lui et ne lui lèche le menton. Les deux frères se mirent à rire et Gilles désigna sa tempe.

"Pas question, rétorqua Robin, les yeux brillants de malice, tu es plein de bave !

-Ah oui ? Pas toi, peut-être ?"

Il souleva le petit animal tout doux et l'approcha du visage de Robin pour qu'il le gratifie d'un nouveau coup de langue, ce que son frère tenta d'esquiver en reculant, mais il finit rapidement par terre et son cadet en profita pour jaillir du lit et le clouer au sol.

"Arrête, arrête ! s'exclama Robin en bougeant la tête de tous côtés pour éviter la langue rose et les petites pattes marron et blanc. Je me rends !

-C'est ce que je voulais entendre !"

Gilles laissa son frère se relever, mais uniquement lorsqu'il lui eût à son tour donné un baiser sur la tempe. Puis, ils filèrent tous les deux derrière le château, et il ne fallut pas attendre longtemps pour voir les deux seigneurs de Locksley jouer dans l'herbe avec l'adorable chiot et ses frères et sœurs, comme les deux enfants qu'ils avaient été et qui rattrapaient le temps perdu.