Aujourd'hui, le 18 janvier, c'est l'anniversaire de Kevin Costner, l'acteur de Robin !
L'OS qui suit a été écrit en majorité il y a quelques mois puis interrompu par maque de motivation. Mais, comme pour l'anniversaire de Christian Slater, l'acteur de Gilles, un tel événement se fête ! (et ce serait injuste qu'ils n'aient pas tous les deux un OS de récupération. Voilà le préambule (ahah, « bule », qu'il contenait au départ : "Quand j'entreprends de croiser Robin, Gilles et des bulles)".
Merci à Kevin Costner d'exister et d'avoir donné un si charmant visage et tant d'émotions et de douceur à Robin des Bois (une vraie âme, en somme !) à ce personnage que j'adore ! En plus, Kevin Costner est né le même mois que le Robin des Bois de la légende, comme quoi x)
Encore une fois, ce défi a été partagé avec Nanthana14, allez donc lire son texte.
Robin avait passé de longues minutes à parler à son frère, essayer de le faire réagir, effacer cette mine à la fois sombre et distante qui ne le quittait pas, mais il avait rapidement abandonné. Gilles faisait visiblement sa mauvaise tête et il n'arriverait jamais à le persuader que oui, il était bien à sa place dans ce château, et que non, il n'aurait pas mieux valu qu'il ne vienne jamais. Alors, il se saisit d'un bloc de savon qu'il leva bien haut en un geste triomphant totalement exagéré. En réaction, son frère cligna vaguement les yeux d'un air sceptique. Robin lui adressa un grand sourire et revint vers le baquet d'eau brûlante dans lequel il était installé, puis trempa le gros morceau lisse et odorant à l'intérieur, avant de le frictionner énergiquement pour en faire sortir de la mousse. Un parfum riche et doux s'éleva aussitôt dans l'air et envahit la petite pièce.
Sans attendre, Robin cueillit les moutonnements blancs et légers dans ses mains et en coiffa les cheveux blonds de son frère.
« Qu'est-ce que tu fais ? grommela ce dernier en constatant que son aîné arrangeait presque méthodiquement la mousse autour de sa tête. »
L'archer ne répondit pas et finit de recouvrir entièrement les mèches, avant de se mettre à rire tout seul.
« Tu es complètement taré, soupira le jeune voleur en faisant mine de sortir du bain. Je ne pense vraiment pas que me regarder barboter vaille la peine que tu perdes ton temps. Je vais sortir de l'eau…
-Hé là, minute, papillon, objecta Robin en le repoussant dans le baquet. Tu trembles encore de froid. Si tu n'avais pas pris tout ce temps pour venir me retrouver, ça ne serait pas arrivé.
-Mais…
-Reste dans l'eau. Détends-toi et laisse-moi faire.
-Te laisser faire quoi ? Me mettre du savon dans les oreilles ? »
Oui, Gilles faisait vraiment sa mauvaise tête. Qu'à cela ne tienne; Robin préleva encore plus de mousse sur le savon et lui en tartina les épaules. Puis, il lui en posa un peu sur le bout du nez. Le jeune homme cligna des yeux, surpris, et lâcha un éternuement qui projeta des copeaux blancs autour de lui.
« On dirait presque de la neige, remarqua-t-il d'un ton vaguement intrigué en observant les éclats nuageux qui se posaient doucement sur l'eau.
-C'est vrai, admit son frère en lui savonnant les épaules. En beaucoup moins froid. Et maintenant, lève la tête. Non mais où es-tu allé te fourrer ? Tu as de la terre jusqu'aux yeux !
-Eh bien, la nourriture ne tombait pas tout cuit sur la table de ma salle à manger, rétorqua le jeune voleur.
-Ne sois pas de mauvaise foi. Ça aurait été le cas si tu étais venu avant. »
Robin cueillit de nouveau de la mousse dans ses mains en coupe et l'appliqua sur les joues de son frère en faisant bien attention à lui souligner ses yeux de ses pouces pour ne pas les irriter avec le savon.
« Est-ce que tu as l'intention de me transformer en statue de mousse ? protesta le jeune homme, qui finit pourtant par se détendre imperceptiblement dans l'eau chaude.
-Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorqua Robin avec un grand sourire, non sans lui tartiner généreusement le front et le nez de savon. Au moins, tu seras un peu plus présentable. Est-ce que ce sont des tiges de fougères que tu as dans les cheveux ? Et derrière les oreilles ?
-C'est une longue histoire. Et je trouve assez déplacé de ta part de me dire ça alors que c'est à toi que Marianne a demandé de prendre des bains !
-Que dirait-elle à te voir ainsi, dans ce cas ! »
Avant que son frère puisse protester, Robin se saisit l'anse du seau qui était par terre à côté de lui et déversa généreusement son contenu sur la tête du jeune homme. Ça ne coupa pourtant pas court à ses cris et Gilles se mit à l'invectiver vertement, l'affublant même de sobriquets qu'il n'avait jamais entendus de sa vie, pas plus chez les soldats que chez les paysans.
« Ce n'est pas drôle ! s'écria le jeune homme en l'entendant se mettre à rire. Tu comptes faire quoi, me couler ?!
-Maintenant que je t'ai un peu savonné, tu ressembles moins à un tas de fumier !
-C'est toi le fumier ! »
Cette fois-ci, Robin se mit à rire si fort qu'il perdit sa vigilance. Son frère, que la douche impromptue avait bien regonflé à bloc, jaillit à moitié du baquet pour le ceinturer par la taille et l'entrainer avec lui dans l'eau.
« Hé, lâche-moi tout de suite ! parvint à protester l'archer, mais entre deux hoquets de rire. Arrête !
-Jamais de la vie ! »
Les deux frères luttèrent l'un contre l'autre pendant un instant, mais Robin finit par basculer en arrière, sur l'angle du baquet puis directement dans l'eau et au milieu de la mousse. Heureusement, la baignoire était assez grande pour deux et il se redressa en crachotant.
« Tu es dangereux, feignit-il de protester en projetant une gerbe d'eau en direction de son cadet. Tu as failli me couler !
-Et moi ? s'indigna Gilles en lui rendant la pareille.
-Ne dis pas n'importe quoi, j'ai fait en sorte que tu n'aies pas une goutte d'eau dans le nez ! »
Robin hésita un instant à se tirer de l'eau, puis décida de rester dedans. C'était vrai qu'elle était pile à bonne température et que l'odeur du savon était délicieuse. Il se débarrassa de ses vêtements trempés et s'enfonça dans la mousse. Gilles le regarda en plissant les yeux d'un air méfiant, puis il sourit et lui donna un coup de pied sous l'eau.
« Tiens-toi un peu tranquille, le houspilla Robin en essayant de l'attraper. Tu ne peux vraiment pas profiter d'un moment de détente, sans t'agiter ?
-Je n'ai pas l'habitude des moments de détente, se défendit Gilles. On ne sait jamais ce qui peut nous tomber dessus.
-Plus maintenant, le rassura son frère. Tu es à l'abri dans un château, avec de bons feux de cheminée, un repas qui t'attendra quand tu auras faim et un grand baquet d'eau savonneuse. Savoure le moment.
-Je n'ai pas l'habitude, répéta le jeune homme à mi-voix, le regard perdu dans la mousse.
-Je sais. Mais tu t'y feras rapidement, crois-moi. Tu veux que je te savonne les cheveux ?
-J'ai presque l'impression que tu me prends pour un enfant.
-Non, pour mon petit frère. Nous avons plein de choses à rattraper, n'est-ce pas ? Alors faisons comme si nous avions toujours pu être deux enfants qui jouaient dans une baignoire.
-Robin, j'ai passé l'âge de faire semblant. »
Le comte le regarda en haussant les sourcils et puis sourit. Lui, il ne passait jamais l'âge de rien. Il ne comprenait pas, d'ailleurs, quel était l'intérêt de rester grave et solennel en toutes circonstances et encore moins avec son frère ! Il aimait prendre plaisir à la vie et taquiner les gens et il avait envie de taquiner Gilles.
« Tu te prends trop au sérieux, décréta-t-il en s'appuyant confortablement contre le rebord du baquet.
-Et toi pas assez, rétorqua son frère, les mains en coupe pour s'asperger le visage d'eau chaude. Pour un noble aussi important, je ne pensais pas que tu pouvais te le permettre.
-Au contraire ! Je suis haut placé dans l'entourage du roi, donc je dispose de quelques libertés. »
Gilles s'était déjà désintéressé de la question, Robin le vit à son regard vague posé sur la mousse. Il le laissa méditer quelques instants en silence et, quand ses yeux remontèrent progressivement, il les accompagna pour remarquer qu'ils se posaient sur le médaillon brillant à son cou. Le jeune homme tendit la main, puis se ravisa et rétracta ses doigts.
« Ce pendentif n'est pas qu'à moi, tu sais, le rassura Robin doucement. Tu veux le prendre ? »
Il commençait déjà à ôter la chaîne de son cou mais son frère recula, comme s'il voulait s'échapper de la pièce.
« Non, garde-le, déclina-t-il très vite.
-Mais…, commença de protester le comte, confus.
-Je t'assure, Robin, je n'ai pas besoin de le prendre. Je… Je voulais juste le regarder.
-Et l'admirer de plus près, ça ne te dit pas ?
-Non… S'il te plaît, je ne suis pas encore à l'aise avec… tout ça.
-Gilles, ce n'est qu'un médaillon qui appartenait à Père. »
Le jeune homme ne répondit rien, mais ses épaules furent parcourues d'un tressaillement et il serra ses bras contre sa poitrine entre les remous de l'eau du bain. C'était étrange, parce qu'il ne s'était jamais montré aussi réservé quand ils étaient encore dans les bois de Sherwood et qu'ils parlaient de leur père et de la vie qu'ils auraient une fois restaurés les droits des Locksley. Peut-être que ce château immense et silencieux, posé au sommet de ce promontoire dominant la forêt, l'intimidait davantage qu'il voulait bien l'admettre. Mais, par délicatesse, au lieu d'en faire la remarque, Robin observa :
« Tu commences à avoir froid ? On devrait sortir du bain. »
Gilles hocha la tête et se leva en frissonnant. Rapidement, Robin l'imita et lui jeta un linge pour qu'il puisse se sécher. Il s'enroula également dans un drap et attrapa un serviteur dans le couloir pour qu'il leur apporte leurs vêtements de nuit. Il n'oublia pas de lui demander une cape doublée de fourrure pour que son frère n'ait pas froid le temps d'arriver à sa chambre.
« Tu n'as pas faim ? demanda-t-il dans le silence des couloirs tandis qu'ils marchaient côte à côte.
-Non… Je t'assure que je n'ai pas envie de manger, répondit Gilles en s'appuyant inconsciemment contre lui. Je suis juste… épuisé…
-D'accord… Nous ferons un bon petit-déjeuner demain matin. »
Le jeune voleur hocha la tête sans répondre. C'était vrai qu'il paraissait quasiment dormir debout, les pas lourds et la démarche zigzagante. Robin se demandait combien de temps il avait passé dehors, dans la rigueur piquante du début d'hiver, avant de se décider à venir le retrouver. Il avait dû dormir si mal et passer si près des infections qui étaient légions en cette saison… Cette pensée lui serra le cœur.
Il allait reprocher de nouveau à Gilles, avec douceur et tendresse, d'avoir été inconscient en ne le rejoignant pas assez vite, mais il fut coupé dans son élan en le voyant pris d'une vigueur soudaine.
« Qui sont tous ces gens ? demanda-t-il en pointant du doigt le premier d'une grande série de portraits qui ornaient les murs du couloir.
-Celui-ci, c'est Pierre Dubois. Le frère de Marianne. Mon meilleur ami, expliqua Robin avec un amour rempli de tristesse. Tu sais…
-… celui qui est mort aux Croisades. Oui, je sais, répondit Gilles doucement. »
Il s'éloigna vers un autre tableau et considéra la belle femme blonde aux yeux bleus qui s'y trouvait. Il paraissait un peu ému.
« C'est ta mère ? demanda-t-il.
-Oui… Alice de Locksley. Il y a déjà vingt ans qu'elle est partie et elle me manque toujours autant, souffla l'archer en se postant derrière son frère pour poser sa main sur son épaule.
-Oui, je comprends… »
Les deux hommes restèrent absorbés un instant devant le portrait puis continuèrent leur marche dans le couloir. Il y avait aussi, bien sûr, un tableau représentant leur père qui les plongea en contemplation pendant un long moment, et d'autres portraits de Duncan ou de la nounou de Robin quand il était petit.
« Tu as décidé que tous ces gens devaient nous surveiller jusqu'à la fin de nos jours ? plaisanta le jeune homme quand ils bifurquèrent à gauche pour rejoindre sa chambre.
-Non…, répondit Robin en riant doucement. C'est simplement une façon de leur rendre hommage. J'aimerais qu'ils soient toujours auprès de moi.
-Toujours aussi sentimental, à ce que je vois.
-Et j'aimerais bien, quand tu t'en sentiras près… que nous ajoutions un portrait de ta mère à tous ceux-là. »
Cette fois, Gilles ne répondit pas, mais Robin devina très bien à son reniflement léger qu'il était touché. Comme l'épuisement se faisait vraiment ressentir, il se dépêcha de l'emmener dans la chambre qu'il avait préparée. Elle était adorable, intime et chaleureuse avec sa cheminée ornant le mur parallèle au lit, son coffre et son armoire et sa couche près de la fenêtre. Il y avait une pile de couvertures épaisses et moelleuses, de toutes les couleurs, posée sur la couette et Gilles alla s'enterrer dessous en poussant un soupir d'aise.
« Je vois que le lit te plaît, plaisanta Robin en s'asseyant au bord. Ai-je le droit de te dire bonne nuit ou bien tu vas dormir tout de suite ?
-Non, reste avec moi un instant, répondit Gilles en sortant la tête de sous la couette. Je… ne sais pas si je me sens très à l'aise avec l'idée de me retrouver seul maintenant…
-Oui, je comprends que ce soit plutôt intimidant, affirma Robin en serrant ses doigts dans les siens.
-Est-ce que tu ne voudrais pas… dormir avec moi cette nuit ? Ça te ferait peut-être plaisir, ajouta Gilles. »
Il battit des cils d'un air innocent et Robin éclata de rire. Il sentit une bouffée d'amour le submerger en caressant la joue de son frère. Il aimait tellement ce jeune homme. Il était tellement heureux d'avoir eu la chance de tomber sur lui, presque par hasard, dans cette rivière, il y avait plus d'un an. Sa vie était devenue tellement différente qu'il savait qu'il ne serait plus jamais capable de vivre sans lui.
« D'accord, acquiesça-t-il donc en venant se couler sous les couvertures. Mais c'est bien parce que c'est toi.
-C'est ça, j'imagine bien que tu ne dormirais pas avec Bouc ou Bull toutes les nuits s'ils te le demandaient. »
Robin pouffa dans les cheveux de son cadet et l'attira fermement contre lui. La discussion ne se poursuivit pas jusque tard dans la nuit, comme on aurait pu s'y attendre. Gilles était tellement épuisé qu'il s'endormit en quelques secondes. Robin, lui, resta un moment à écouter sa respiration et les bruits du dehors. Il était tellement heureux qu'il soit enfin à la maison.
