JOUR 10 : Breakdown
Personnages : Bernadette, Halley & Howard
Cela faisait une demi-heure maintenant que Halley pleurait. Bernadette avait tout essayé : le biberon, changer la couche, le câlin, la musique, la promenade dans l'appartement... En vain. Cela la désespérait : qu'avait sa petite ? Était-ce grave ? Ou ses pleurs n'étaient-ils dû qu'à une fatigue de bébé ? Bernadette n'en savait rien, ce qui la frustrait énormément. Elle tenta alors une nouvelle approche, prit Halley dans ses bras et lui chanta une comptine, mais les hurlements ne firent que redoubler.
- Mais arrête de chialer, je comprends rien ! finit-elle par crier à son tour.
Après tout, pourquoi Halley serait-elle la seule à avoir le droit de hurler ? Malheureusement, son cri ne fit qu'effrayer la petite, dont les pleures redoublèrent d'intensité. Et là, à cet instant précis, Bernadette eu une pensée terrible.
Celle que tout serait bien plus simple si elle envoyait ce bébé hurleur à travers la pièce et qu'ainsi, elle cesserait peut-être enfin de pleurer.
Bernadette culpabilisa alors de raisonner ainsi. Pourtant... cette idée obsédante qu'elle voulait que Halley se taise par tous les moyens possibles, quitte à recourir à la violence, ne la quittait pas. Elle comprit alors qu'il était tant pour elle d'agir, avant de commettre un acte irréparable. Elle reposa alors le bébé dans son lit, veilla à ce qu'elle soit en sécurité, et quitta tout bonnement l'appartement. Elle ne comptait pas aller plus loin que la cage d'escalier, mais elle avait un besoin viscéral de sortir de cet univers de larmes qui l'avait mené au bord du gouffre.
Plutôt que de rentrer immédiatement, elle appela donc Howard. Quand il dérocha, elle ne chercha pas à tourner autour du pot :
- J'ai besoin que tu rentres. Tout de suite. Je... je ne peux plus m'occuper de Halley pour l'instant.
- Qu'est-ce qui se passe ? S'inquiéta Howard. Elle va bien ? Toi aussi ?
- Ça va. C'est juste que... j'ai besoin de souffler. Je... en fait non, ça ne va pas. J'ai eu envie de tuer notre bébé. Je... je suis une horrible personne Howard !
- Tu n'es pas une horrible personne, Bernie. Tu es épuisée. Ceux qui disent que les parents ne regrettent jamais d'avoir un enfant sont des idiots ou des moralisateurs qui n'y connaissent rien. Alors calme toi. J'arrive tout de suite, le temps d'avertir mes supérieurs et de faire le trajet, je suis là dans vingt minutes. Tu es où ?
- Sur le palier...
- Alors restes-y. Si jamais une alarme ou autre s'active dans l'appartement tu pourras intervenir, mais tu as besoin de t'éloigner un peu de Halley pour l'instant. Et quand je rentres, tu iras voir Amy ou Penny, ou te faire un cinéma toute seule ou... ce que tu veux. Ok ?
- Ok, souffla Bernadette.
Quand elle raccrocha, elle entendait toujours Halley sangloter, mais les pleurs lui étaient moins durs à supporter : elle savait que Howard avait saisi l'urgence de la situation. Le savoir prêt à prendre le relais l'aidait déjà à se calmer. Reprendre un peu ses esprits lui fit donc conclure qu'elle avait peut-être besoin de voir un psy, pour l'aider à accepter l'idée de passer moins de temps avec sa fille. Mais d'ici là, elle se contenta d'attendre Howard, soulagée de voir son mari jouer son rôle de père jusqu'au bout.
