Chapitre 8 : fight

Le fort n'était plus le même depuis l'attaque. Les soldats, ainsi que les chevaliers, étaient à bout de nerfs et las. Les bâtiments avaient été renforcés et un nouvel architecte avait été mandé. Morgane n'avait pas pu prendre la place de sa mère. Celle qui allait la remplacer se nommait Cecilia Aries. Elle viendrait de Rome avec son mari Justus et ses enfants. L'arrivée de cette famille était pévue pour la fin de l'été. Les amener sains et saufs au Mur d'Hadrien serait la première mission des garçons sarmates.

Owain avait décidé qu'il serait mieux pour Arthur que Morgane réside près de lui. Une chambre près de la sienne lui fut donc attribuée. Toutes ses affaires avaient été détruites pendant l'incendie. Tout ce qu'elle possédait était la robe qu'elle portait alors.

Arthur se surpassa pendant les entraînements. Il se battait et pratiquait deux fois plus que les autres. Lorsque Lancelot lui demanda pourquoi il répondit avec détermination :

« Je serai ainsi capable de tuer les bâtards qui ont assassiné ma mère. »

Son expression haineuse était si prenante que Lancelot alla consulter Morgane, inquiet.

Elle lui expliqua que, s'il était en bonne santé, et s'il gardait le souvenir de sa mère, il n'y avait pas d'inquiétude à avoir. La vie reprit donc son cours.Morgane s'occupa de plus en plus à la taverne, aidant Vanora et sa mèreIl y eut quelques altercations à son propos entre Lancelot, Kay des soldats romains. Morgane était honorée qu'ils veuillent la protéger, mais tenta tout de même de les dissuader.

Un jour, près d'un mois avant que les chevaliers durent retrouver la famille Aries, Morgane fut réveillée par des coups frappés contre sa porte. Elle l'ignora et tourna sur elle-même. Elle était prête à se rendormir lorsque quelqu'un la poussa. Elle se retourna et jeta un regard noir à la silhouette qui se tenait près de son lit.

« Qu'est-ce que tu veux ?

- Tu es fatiguée ?

- Tu as de la chance que je n'ai pas crié et tu vas devoir expliquer à Owain ce que tu fais dans ma chambre.

- Lève-toi.

- Pourquoi ?

- Je vais t'apprendre à te battre, maintenant habille-toi.

- Est-ce un rêve ?

- Non. T'attendais-tu à rêver de moi ? demanda-t-il avec un petit sourire en coin.

- Tu parles comme Lancelot. Maintenant sors, je dors.

- Debout.

- Tristan - »

Il partit avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit. Morgane songea à retourner dans son lit, mais la lueur déterminée dans les yeux de son ami le lui déconseillait.

Grognant contre elle-même, elle se vêtit de la tunique et des bas que Gauvain lui avait offert.

Elle ouvrit la porte et trouva Tristan, adossé confortablement contre le mur.

« Prête ?

- Oui, mais pourquoi fais-tu cela ? demanda-t-elle alors qu'ils commençaient à marcher.

- Nous allons partir, déclara simplement Tristan.

- Donc ?

- Nous serons absents un mois et demi, et tout peut arriver. »

Morgane inclina la tête.

« Oh, dit-elle simplement. »

Le couple sortit dans l'air frais du matin.Morgane frissonnaquelque peu,le terrainsemblait inquiétante dans l'obscurité. La courd'entraînementétait recouverte d'une voûte sur lecôté le plus éloigné de la courL'abri, rempli d'armes d'entraînement et d'équipements, dominait le côté gauche, tandis que les étables prenaient une grande partie de l'espace de droite. Le terrain en lui-même était au milieu. Le sol était graveleux, et crissait sous ses pieds bottés. Tristan l'emmena jusqu'à un arbre qui était au bout de la cour. Il lui ordonna de s'asseoir, et s'exécuta à son tour.

« Il faut que tu clarifies tes pensées, dit-il à voix basse.

- Je croyais que tu devais m'apprendre à me battre.

- C'est ce que je fais. Un bon guerrier doit avoir l'esprit clair et ne doit s'occuper que de ses ennemis. Tu ne peux pas laisser le soin à tes alliés de regarder derrière toi. A présent je suis ton opposant, concentre-toi sur moi. »

Après ceci, Tristan se redressa et commença à tourner autour de Morgane. Elle ferma les yeux et tenta de se concentrer. Elle devint très sensible aux bruits provenant du village. Elle entendait les villageois partir au travail, les vaches meugler, les soldats faire leur ronde. Elle était également sensible au bruit des pas de Tristan sur les graviers. L'exercice qu'il lui avat demandé de faire lui était très difficile. Elle était constamment distraite.

Soudainement elle sentit une main se poser sur son épaule et sursauta. Elle regarda Tristan d'un air penaud.

« Essaye encore. »

Ils continuèrent l'heure suivante. Finalement Tristan la quitta pour attirer son attention sur un fermier laboureur, pendant qu'il allait trouver des armes. Comme s'il s'agissait d'un test, il marchait silencieusement jusqu'à elle. Elle ouvrit les yeux lorsque la main du jeune homme s'arrêta à quelques pouces d'elle.

« C'est mieux, mais tu es encore morte. »

Morgane roula des yeux et se releva.

Tristan la ramena au milieu du terrain d'entraînement et lui donna une lame en acier. Elle faillit tomber tellement l'arme était lourde.

« Maintenant, déclara Tristan en prenant à son tour une épée, tu places tes pieds comme ça, et tes bras ainsi. »

Les heures suivantes furent chargées : Morgane eut du mal à maintenir sa lame en place. Il vint à chaque fois, lentement, replacer ses bras et ses pieds.

Alors qu'il était presque dix heures, Tristan s'interrompit.

« Allons manger quelque chose, dit-il. »

Elle l'aida à ranger les armes et ils marchèrent jusqu'à la taverne.

« Pourquoi ne prends-tu pas la place de ta mère, Morgane ? demanda soudainement Tristan.

- Je n'ai pas l'âge, répondit-elle.

- Quelle est ta date de naissance ?

- Beltane, répondit-elle.

- Beltane?

- Cette fête est la célébration de la vie. Elle se déroule le premier du mois de Mai. C'est une fête païenne, c'est pourquoi beaucoup de gens veulent y assister.

- Et que faîtes-vous durant cette fête ? demanda Tristan. »

Morgane rougit.

« Il y a un Roi et une Reine de Mai. Ils dansent, ainsi que les autres, autour d'un large feu de camp durant la nuit. Puis le Roi et la Reine de Mai s'éloignent et… essayent de créer la vie. Les danseurs peuvent se joindre à eux s'ils le désirent. »

Tristan sourit devant son expression confuse.

« Nous célébrons quelque chose du genre en Sarmatie.

- D'après la mère de Vanora, je serai extrêmement… Fertile, dit-elle en riant.

- Je n'avais pas besoin de savoir cela. »

La taverne était vide lorsqu'ils arrivèrent.

« Morgane, qu'es-tu donc allée faire ? s'exclama Vanora.

Morgane haussa les épaules.

« Je suis allée me battre avec Tristan, répondit-elle. »

La jeune fille de treize ans se tourna vers Tristan, qui se tenait derrière elle.

« Tu ferais mieux de ne pas lui faire de mal.

- Je n'en ai pas l'intention.

- Combien de temps êtes-vous restés dehors ?

- Nous y sommes depuis longtemps... Un peu avant l'aube. »

La mère de Vanora, Aslin, qui avait entendu l'essentiel de la conversation, dclara :

« Vous devez être affamés. »

Tristan et Morgane s'assirent, une montagne de nourriture à quelques pouces d'eux. Après le premier choc, ils se jetèrent dessus.

« Morgane, essaye de clarifier ton esprit comme je te l'ai montré, chaque soir, avant de dormir, pendant une heure. »

Morgane acquiesça et prit la vaisselle pour la nettoyer. Tristan disparut.

« Tu sais, lorsqu'il enlève son masque d'impassibilité, il est vraiment attirant, commenta Aslin.

- Pas attirant comme Bors, n'est-ce pas Vanora ? »

Vanora rougit et fixa avec intérêt l'assiette sale qu'elle tenait. Morgane rit quelque peu.

« Il t'aime beaucoup tu sais. »

Vanora leva les yeux.

« Vraiment ?

- Uh huh. »

La jeune fille eut un large sourire et commença à siffloter alors qu'elle lavait les couverts.