Disclaimer : Et non, je ne les ai toujours pas vu débarquer chez moi et vu que je m'acharne sur eux, il ne viendront jamais, surtout Duo qui m'en veut à un point inimaginable tant je lui fais endurer des atrocités… Et ça continue dans ce qui suit.

Titre : Ce sera notre petit secret bis

Auteur : Ephemeris

Résumé : Dans une période creuse où les cinq pilotes doivent rester dans une maison en attendant leur prochaine mission, un des pilotes inflige à Duo un traitement que personne ne devrait infliger à un ami.

Couples : Pour ceux qui ont lu la première version, vous le savez déjà alors...

Genre : Pas drôle du tout !

Rating : T

Warnings : Yaoi, viol. Ceci est la version sans POV de l'histoire de base racontée par Duo. Je conseille à ceux qui n'auraient pas lu cette première version d'aller la lire avant d'entreprendre celle-ci pour ne pas se gâcher la fin. Il faut dire que je me suis donné énormément de mal pour brouiller les pistes que ça me ferait de la peine que vous ne puissiez pas en bénéficier. Cette version me sert en fait à donner des explications sur le comportement de chaque pilote en dehors de Duo que je n'ai pas pu aborder dans l'autre, étant exclusivement réservée aux états d'âme de Duo. Donc, allez lire la première version avant d'attaquer celle-ci...


Chapitre 6


« Il croit vraiment qu'il y a quelqu'un avec lui… » dit doucement Heero.

Le jeune homme était toujours assis contre le mur, sous les yeux de Wufei qui ne savait comment faire pour rassurer son ami. De toute façon, comment rassurer quelqu'un quand on n'arrive pas à se rassurer soi-même ? C'était l'état d'esprit de Wufei à cet instant.

Comme Heero, l'état dans lequel était Duo lui faisait très mal, voyant toute la douleur que le garçon ressentait sans pouvoir y remédier. Mais il s'était tellement refermé sur lui-même, avec ce garçon qui n'existait pas, qu'il refusait presque de lui adresser la parole. Ce manque de confiance était sans doute ce qui le blessait le plus.

« Heero, ressaisis-toi. Ce n'est pas en restant prostré comme ça que tu pourras faire avancer les choses, » tenta Wufei même s'il savait que malgré toute la bonne volonté du monde, il serait très difficile de faire dire à Duo ce qui n'allait pas.

C'est alors que la voix de Duo s'éleva de l'intérieur de sa chambre. Les paroles qui vinrent aux oreilles des deux garçons ne firent que les alarmer davantage.

« Merci Arthur. Merci d'être là pour moi. »

Cette phrase fit l'effet d'un coup de poignard dans la poitrine de Heero qui se releva, la colère lui redonnant des forces. Il s'approcha de la porte et parla à travers.

« Duo… »

« Vraiment, je ne sais pas ce que je ferai sans toi. »

Apparemment, l'interpellé ne semblait pas avoir entendu qu'on l'appelait, mais Heero s'adressa à lui de nouveau.

« Duo… »

« Je sens que toi, tu ne me trahiras pas. »

Ces quelques mots furent de trop pour le pilote qui ouvrit la porte en criant.

« Duo ! »

Ce dernier sembla se rendre compte qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce et en fut plutôt étonné. Il vit ensuite un regard bleu furieux qu'il reconnut tout de suite.

« Duo, arrête de parler tout seul, il n'y a personne. »

Heero n'arrivait plus à supporter ce mensonge dans lequel Duo s'efforçait de rester et en était arrivé à prononcer des paroles dures, qui auraient même pu blesser Duo, de cela il en était conscient, pour le faire sortir de ce rêve. Mais Duo ne se démonta pas malgré ces mots qu'il ne voulait pas entendre. Une seule chose comptait pour lui à cet instant : Arthur.

Duo ressentit soudainement le besoin de sortir de cette chambre si pleine de souffrance et d'horreur. Il regardait Heero qui se dressait sur son chemin, mais il ne se laissa pas gagner par la peur de devoir affronter le pilote. Il se leva de son lit et fonça vers la porte, se cognant à Heero pour sortir.

A sa grande surprise, Duo ne rencontra pas la résistance à laquelle il s'était attendu, Heero l'ayant presque laissé sortir sans réagir, comme s'il était resté dans le chemin uniquement pour la forme. En fait, Heero aurait voulu le retenir, mais il n'aurait pas supporté de se refaire rejeter par Duo comme il l'avait déjà fait.

Une fois hors de sa chambre, Duo se précipita dans l'escalier qu'il descendit à une vitesse folle, comme si le diable le poursuivait, mais arrivé en bas, il regarda tout autour de lui sans savoir où se diriger.

Alors qu'il était complètement perdu, Duo aperçut, en face de la porte d'entrée, un coin vide qui l'attira profondément, comme s'il l'attendait depuis toujours, et s'y propulsa dans un vacarme épouvantable pour s'y réfugier, se recroquevillant sur lui-même dans ce petit coin.

Mais dans son geste désespéré, il n'avait pas mesuré sa force et son épaule gauche était entrée en collision brutale avec le mur, la déboîtant de son articulation. Mais cette situation ne gêna pas Duo qui se considérait protégé dans ce coin qu'il avait fait sien.

En entendant le bruit qu'avait fait Duo en se jetant contre le mur, Heero et Wufei étaient descendus à leur tour pour voir ce spectacle horrible qui s'offrait à eux. Duo avait l'air d'un fou perdu dans un monde irréel, comme s'il était aveugle. Ce fut d'ailleurs le cas pendant un moment, alors que la vision du jeune homme était embrouillée. Mais Duo fit partir le nuage qui lui bloquait la vue en secouant la tête, ce qui lui permit de voir Heero et Wufei qui l'observaient.

« Qu'est-ce qu'il a encore ? » demanda Wufei qui se sentait de plus en plus inutile dans cette histoire.

Il lança un regard à Heero qui ne lâchait pas Duo des yeux, complètement perdu, complètement perdu qu'il était. Mais Duo ne supportait pas de se faire regarder ainsi, il en avait mal au cœur. De plus, il ne comprenait pas pourquoi les deux garçons restaient là à le regarder. Il se sentait envahi.

Heero sentait les larmes lui monter aux yeux tant la douleur qu'il voyait sur le visage de Duo lui faisait mal. Il voulait tellement lui venir en aide, faire quelque chose pour que cette douleur s'arrête, mais Duo ne le laissait pas faire, à son plus grand désespoir.

Wufei, lui, était dans un état proche de celui de Heero, mais malgré la peine que provoquait la vision de son ami dans cette position, il avait gardé un semblant de clarté d'esprit et tentait toujours de comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux.

C'est alors que Duo, ne supportant vraiment plus leurs regards sur lui, se mit à hurler pour les faire partir, idée qui n'était pas mauvaise puisque les deux garçons, au son de la voix de Duo, se mirent à reculer. C'est alors que des mots remplacèrent les hurlements et que des mots franchirent ses lèvres.

« Sortez de mon espace vital ! Je ne veux personne si près de moi ! »

Bien qu'ils voyaient qu'aucune discussion n'était possible avec Duo, Heero et Wufei hésitaient à faire ce que leur ami leur demandait. Le Chinois, dans un dernier espoir, s'avança de nouveau vers le jeune homme, sa main tendue vers lui, mais l'éclat de la lame d'un canif brandi devant lui le fit se figer.

Mais d'où sortait ce petit objet ? Ni Heero ni Wufei n'avaient vu d'où Duo tenait cette arme, parce que dans les mains de Duo, même une si petite chose pouvait être très dangereuse. Wufei reporta alors son regard sur Duo qui lui lançait un regard aussi tranchant que ce qu'il avait à la main.

« Toi, ne m'approche pas. Ne me touche pas. »

« Duo… » tenta-t-il.

« Ta gueule ! »

Wufei fut surpris d'un tel accès de colère contre lui alors qu'il n'avait rien dit mis à part son prénom. Mais c'était justement cela qui avait gêné Duo qui voyait dans cette utilisation soudaine de son prénom de la part de Wufei un élan de pitié qu'il ne supportait pas.

« Je t'interdis de m'appeler comme ça, tu entends. Je ne veux pas que ce prénom, qui vient d'une personne qui m'était si chère, sorte de ta bouche. »

Oui, Duo pensait à Solo. C'était parce qu'il aimait ce garçon de tout son cœur qu'il s'était choisi un prénom en relation avec le sien. Et donc, en mémoire de celui qui avait tant compté pour lui, il refusait que ce prénom soit prononcé par des gens qui le laissaient dans ses angoisses sans rien faire pour arrêter cette situation.

Mais Wufei avait été très peiné de ce que lui avait dit Duo. Il était vrai qu'il l'avait toujours appelé par son nom de famille, mais ce n'était en rien par mépris. En fait, son éducation le freinait dans ses rapports avec les autres en général et Duo n'avait pas échappé à ses manières désagréables de s'exprimer face aux gens.

De côtoyer ses camarades ne l'avait pas empêcher de rester dur dans sa façon se s'exprimer, mais il s'était attaché à ces garçons, et à Duo en particulier, ce qui faisait que maintenant qu'il n'allait pas bien, il s'en trouvait lui aussi affecté et n'écoutait plus ce qu'on lui avait inculqué. C'est pourquoi la phrase de Duo le blessa profondément.

Heero, malgré son propre trouble face à la réaction de Duo, réussit à s'approcher de Wufei et à lui prendre le bras pour l'entraîner plus loin et faire comme Duo le leur avait dit. Wufei se laissa faire alors que Duo se sentit soulagé de toujours pouvoir se faire respecter.


« On ne peut pas le laisser dans cet état, » dit doucement Quatre.

Les pilotes s'étaient rassemblés dans la cuisine, à l'écart de Duo qui était toujours prostré dans le couloir. La situation avait énormément dégénéré et il fallait absolument trouver un moyen de le faire revenir à la réalité.

« Mais il a un couteau, » continua Wufei. « Et ça ne m'étonnerait pas qu'il s'en serve sur nous si on essaie de le faire bouger de là. »

Il porta sa main à son visage et se frotta les yeux. Il était vraiment affecté par tout le mal que Duo ressentait et il avait peur que le garçon, dans un accès de folie, puisse faire une bêtise.

« En plus, il est blessé, » enchaîna Quatre.

Un silence de mort s'installa entre les quatre garçons. En fait, la conversation était entretenue seulement par Quatre et Wufei car Heero et Trowa s'obstinaient à garder le silence. Il était vrai qu'une telle attitude n'était pas inhabituelle chez les deux pilotes, mais la situation était grave et ils devaient tous réfléchir à une solution.

Mais Heero était encore moins en état de parler que d'habitude. Il ne voulait pas faire cet effort. Il ne voyait aucun moyen de faire changer Duo de comportement. Quant à Trowa, il sentait une pointe de culpabilité, mais c'était la tristesse qui prédominait en lui à cet instant. Duo ne voulait plus se faire approcher, pas même de lui, et il ne comprenait pas cela.

Il lança un regard à Heero qui semblait supporter aussi bien que lui le fait de ne pas pouvoir approcher Duo. Mais cette vision le rassura un peu. C'est alors que Heero se leva et sortit de la cuisine lentement.

« Heero, » tenta de le retenir Quatre.

« Je ne vois pas ce qu'on peut faire… »

Et il sortit de la pièce dans le but d'aller se coucher. Cela faisait bien deux nuits qu'il n'avait pas dormi, la déchéance de Duo lui faisant trop mal et l'ayant empêché de trouver le sommeil.

Mais c'est en se dirigeant vers l'escalier qui menait à l'étage qu'il vit la chose la plus effrayante que même la guerre ne lui avait jamais montré. Là, sous ses yeux, il vit Duo, la chemise ouverte, en train de se mutiler, faisant passer la lame de son canif sur son torse, le sang coulant des coupures qui étaient en grand nombre.

Duo n'avait pas remarqué la présence de Heero, trop occupé à s'infliger cette douleur physique pour oublier sa douleur intérieure. Il était donc en train de reporter la lame vers son torse lorsqu'elle disparut de son champ de vision. Heero, n'ayant pas supporté cette vision d'horreur, s'était précipité sur le canif alors qu'il s'apprêtait à réitérer ce geste odieux pour l'arracher de la main de Duo qui n'avait rien vu venir.

« Qu'est-ce que tu fais, bon sang ! »

Heero était horrifié. De voir toutes ces traînées de sang souiller la peau si pâle de Duo lui donnait des frissons, surtout que c'était Duo lui-même qui s'était infligé une telle chose. Mais pourquoi avait-il besoin d'aller jusqu'à s'automutiler ? La souffrance était-elle si grande que rien d'autre ne lui était venu à l'esprit ?

Duo baissa le regard sur son torse en observant son travail. Il était très conscient qu'une telle vision pouvait très bien effrayer les autres pilotes, mais ils n'avaient pas le droit d'interférer dans les décisions qu'il prenait. Il releva les yeux et aperçut les trois autres pilotes qui avaient sans doute été alertés par le cri de Heero.

« Rends-moi mon canif, » dit-il à Heero.

Dans cet endroit de la pièce, à la vue de tous, ne craignant pas d'assaut sur son corps, Duo avait repris de l'assurance et affronter Heero ne lui faisait plus du tout peur. Mais ce dernier ne voulait pas obtempérer et le laisser se mutiler de la sorte sans rien dire.

« Pas question ! Pas pour te mettre dans un tel état ! »

Les trois autres s'étaient un peu rapprochés de Heero et avaient fini par former un cercle autour de Duo. Quatre sentait les larmes lui monter aux yeux tant l'état dans lequel s'était mis le jeune homme lui faisait mal. Il n'arrivait pas à saisir quel mal pouvait à ce point le ronger pour qu'il en arrive à de telles mesures. Tout ce qu'il voulait faire, c'était de le prendre dans ses bras et de le protéger de tout et de n'importe quoi. Mais Duo ne voulait plus qu'on l'approche.

Wufei, lui, était complètement hypnotisé par ces marques maculant le torse de Duo. Pour lui, chacune de ces coupures était un blasphème envers la justice. Ce garçon, empreint d'une idéologie si sincère, ne méritait pas d'avoir sombré dans une telle folie, ne méritait pas tout ce qu'il avait dû endurer. Alors pourquoi la justice ne faisait-elle pas son travail ? Pourquoi ne donnait-elle pas la paix à ce garçon qui la méritait tant ? Si Wufei avait pu s'en emparer, de cette paix, il l'aurait donné à Duo pour le soulager de ce mal qui le rongeait.

Un peu à l'écart, mais quand même dans le cercle, Trowa ne savait plus où il en était. De voir Duo ainsi lui déchirait le cœur, mais il n'était pas tout à fait conscient que cela était de sa faute. En fait, il n'était plus vraiment sûr de quoi que ce soit. Un coup d'œil au visage de Duo lui remit les idées en place. Le jeune homme toujours assis au sol regardait Heero avec colère et cela, Trowa en était très heureux.

Mais le regard de Heero était si lourd de sentiments, vision dont personne n'avait l'habitude, que Duo ne put le soutenir et tourna la tête vers le vide, prenant très mal le refus de Heero de lui rendre son canif.

« Il comprend pas Arthur, il comprend pas. Comment il peut agir comme ça alors que je souffre tant. »

Encore une fois, Duo préférait se confier à cet être qui n'existait pas et cela fut comme si ce canif qu'il tenait à la main avait trouvé refuge dans son propre corps, lui créant une douleur plus qu'insupportable.

« Duo… »

Mais Duo ne l'écoutait plus. Il ne voulait entendre que la masse d'air à qui il avait mis un visage et un nom, mais qui restait une masse d'air. Tous ressentirent un serrement de cœur en voyant Duo se renfoncer un peu plus dans son délire.

« Ça fait des jours que je vis dans cette horrible situation. Ils ne comprennent pas ce que ça me fait ? Ils ne voient pas que j'en souffre ? »

Les larmes commencèrent à monter dans ses yeux, mais malgré tous ses efforts, il n'arriva pas à les retenir, se laissant pleurer tout en continuant sa confession à Arthur.

« C'est trop dur, c'est vraiment trop dur. Je suis solide d'habitude, mais pas cette fois-ci. J'en ai trop enduré et je suis à bout. »

Dans un dernier élan d'espoir, Wufei tenta d'attirer l'attention de Duo.

« Duo, qu'est-ce qui se passe, réponds… »

Mais le garçon continua dans sa lancée, passant outre la question qui lui avait été posée.

« Wufei, il pense juste à lui de toute façon. Quatre, il fait celui qui s'inquiète pour tout le monde, mais en fait, c'est parce qu'il a pas confiance en lui et qu'il a peur d'être seul. Heero, il ne pense qu'à ses missions et à cette Relena complètement débile. Et Trowa, Trowa… »

C'est alors que Duo sembla reprendre conscience que des gens l'entouraient et, levant les yeux, il les plongea dans un regard vert qui s'agrandit à la marque de tristesse empreinte dans les yeux de Duo. Mais une vague de colère mélangée à une profonde déception monta en Duo et le fit hurler dans ses sanglots :

« Tu… tu étais comme mon frère. Pourquoi tu m'as fait ça, hein ? Pourquoi ? »

Mais Trowa n'eut jamais le temps de répondre car quelqu'un l'avait attrapé par le cou et l'avait plaqué au mur, sa tête percutant dans le mouvement la paroi. Quand sa vision s'éclaircit, il put voir qu'il s'agissait de Heero, une rage horrifiante ayant pris son visage d'assaut.

« Qu'est-ce que tu lui as fait ? Réponds ! »

Mais il ne dit rien. Il n'avait rien à lui dire à lui. Cette histoire ne concernait que lui-même et Duo. Heero n'avait rien à voir là-dedans, il était même celui qui était le plus à exclure.

Quatre, ayant du mal à saisir ce qui venait d'être dit, regardait tour à tour Duo et Trowa, tentant de comprendre ce qui avait bien pu se passer entre eux. Tous les événements des derniers jours lui revinrent en mémoire ; la perte de joie de Duo, son détachement brutal envers les autres, son refus de se faire toucher, le fait qu'il ne voulait pas rester seul avec l'un d'entre eux et ce regard implorant qu'il lançait à tout va.

Une conclusion odieuse lui vint en tête. Il ne pouvait pas s'agir de cela, Trowa en était incapable. C'est alors qu'il regarda une nouvelle fois Duo, recroquevillé, apeuré et noyé dans ses larmes. Il lança ensuite un regard à Trowa et la lueur qui brillait dans ses yeux verts lui confirma ce qu'il pensait. Trowa avait violé Duo, Dieu seul savait pendant combien de temps. Quatre dut retenir un cri qui se fit tout de même entendre alors qu'il reculait et que tous les yeux étaient braqués sur lui.

« Non, tu n'as pas fait ça ! »

Mais sans attendre une réponse, ne supportant plus de voir celui qu'il considérait comme un ami devant lui, il partit en courant vers l'escalier et alla s'enfermer dans sa chambre. Cette réaction ne plut pas du tout à Heero qui commençait à perdre patience et qui s'énervait.

« Tu vas répondre, sale enflure, qu'est-ce que tu as osé lui faire ? »

Trowa le fixa d'un regard haineux.

« Tu ne peux pas comprendre. »

Heero fut surpris d'un tel regard. D'où venait donc cette haine à son égard ? Trowa continua.

« Toi, tu as tes missions et ta Relena pour t'occuper, et tu t'en occupais très bien comme ça. Moi, je n'ai rien, je n'ai jamais rien eu. Tant de fois, j'ai pensé mettre fin à ma vie, mais j'ai tenu le coup parce qu'il était là. Je n'ai connu l'amour que grâce à lui. Et j'étais très heureux de cette situation. »

A cette dernière phrase, Duo sursauta légèrement. Trowa venait-il vraiment de dire qu'il l'aimait ? Mais cela n'avait aucun sens ! Heero, lui, ne voyait pas bien le rapport que cela avait avec lui, mais il eut sa réponse très vite.

« Mais bien sûr, il a fallu que toi, le soldat parfait qui réussit tout ce qu'il entreprend avec succès, qui pilote comme personne et qui fait fantasmer une princesse, il a fallu que tu convoites la seule chose à laquelle je tenais. Je me la suis donc appropriée. »

Le sang de Heero ne fit qu'un tour lorsqu'il comprit de quoi il s'agissait. Trowa n'avait donc pas supporté que lui, Heero, soit également tombé amoureux de Duo et avait décidé de le faire sien en le violant. Cette pensée lui faisait horreur et il ne put retenir son poing de venir s'écraser sur la joue du garçon qui en tomba au sol.

Wufei, qui avait tout entendu sans broncher, regardait Duo qui semblait totalement perdu dans ses larmes. Le garçon secoua la tête pour chasser le brouillard qui l'empêchait de voir et croisa ainsi le regard de Wufei qui était empreint d'une douceur comme il n'en avait jamais montré.

Le Chinois, le cœur serré de comprendre enfin quel mal lui avait enlevé cet être cher qu'était Duo, s'agenouilla devant lui. Il avait mal en son for intérieur, il avait mal de voir qu'il n'avait pu empêcher ce qui était arrivé, mais il faisait tout pour ne pas le montrer, voulant tout faire pour rassurer le jeune homme, lui faire comprendre que son calvaire était terminé.

Doucement, Wufei approcha sa main du visage de Duo pour la poser délicatement sur sa joue toute mouillée de larmes. Duo se laissa faire, le regard si doux avec lequel il le regardait le réconfortant. Ensuite, il vit ce regard descendre sur son torse alors que Wufei portait son autre main à sa bouche tout en relevant de nouveau le regard vers celui de Duo. Ce regard fut comme un rayon de soleil dans l'esprit de Duo alors qu'il se sentait enfin soutenu et compris.

Alors que Duo savourait la douce pression de la main de Wufei sur son visage, un petit sourire aux lèvres, profitant de l'inattention de Heero qui avait observé les mouvements de Wufei, Trowa s'approcha de Duo en ôtant la main du Chinois, venant se placer à quelques centimètres du visage de Duo qui, instinctivement, recula.

« Tu n'as pas compris Duo ? Tu n'as pas compris mon amour pour toi ? »

L'émotion était telle que Duo n'arriva pas à répondre, incapable de parler, alors que le flot de larmes s'intensifiait. A cette vision, Trowa eut un serrement de cœur et s'approcha de Duo pour l'embrasser, lui faire ainsi comprendre que son amour était réel. Mais Duo le vit venir et, pris de peur, se mit à hurler.

« Ahh ! Solo ! Au secours Solo ! »

Ce ne fut pas le cri de Duo, mais le nom prononcé qui fit arrêter Trowa dans son mouvement. Solo ? Une autre personne inventée ? C'est alors que Heero arriva à son niveau et le poussa sur le côté, aux pieds de Wufei, pour prendre Duo dans ses bras et le rassurer.

« Ne crains rien Duo, c'est fini maintenant. Je suis là pour te protéger. »

Duo le regarda et un merveilleux sourire apparut sur son visage, sourire si lumineux comparé à cette ombre qui persistait sur son visage depuis quelques jours qu'il fit presque mal aux yeux de Trowa et Wufei. Et ce sourire s'agrandissait sans que Duo ne lâche Heero du regard.

« Solo, c'est toi Solo. »

Heero eut un quart de seconde d'hésitation, mais s'agenouilla à côté de Duo.

« Oui Duo, c'est moi. »

Heero prit alors Duo dans ses bras tout en le berçant tendrement sous les yeux ahuris de Wufei et de Trowa. Mais Duo avait l'air si heureux que Wufei n'osa rien dire, empêchant Trowa de prononcer un seul mot de plus. Heero continua de bercer Duo jusqu'à ce qu'il s'endorme.


Heero sortit de sa chambre où il avait soigné et couché Duo. Il se doutait que le garçon aurait paniqué s'il s'était réveillé dans sa propre chambre, là où il avait dû passer d'horribles moments.

Heero descendit à la cuisine où Wufei avait attaché Trowa sur une chaise après une tentative d'évasion de la part de ce dernier. Heero avait réussi à faire sortir Quatre de sa chambre et une petite réunion avait pu s'organiser ainsi. Tous assis autour de la table, ce fut le blond qui commença les hostilités.

« Je t'ai entendu Heero. Qu'est-ce qui t'a pris de rentrer dans le délire de Duo ? »

Heero fixa Quatre dans les yeux avant de répondre.

« Si tu avais vu ce sourire sur son visage… Je n'ai pas trouvé le courage de le désillusionner. »

« Dis plutôt que ça t'arrange, » lança Trowa, le regard fixé au sol.

« Toi tu la fermes ! » lui répondit sèchement Quatre.

Ce dernier tenta de se calmer un peu face à la situation.

« Et maintenant, que comptes-tu faire avec Duo ? »

Heero ferma un instant les yeux. D'avoir vu une telle expression sur le visage de Duo alors que celui-ci l'avait pris pour un autre lui avait apporté une telle joie qu'il avait agis sans réfléchir. Mais maintenant, il avait mis de l'ordre dans ses pensées et avait pris la décision qu'il croyait la meilleure pour Duo.

« Je vais trouver une maison où il vivra avec moi. Je m'en occuperais. »

« En tant que 'Solo' ? » s'exclama Wufei. « Alors au lieu de tout faire pour qu'il retrouve ses esprits et qu'il puisse revivre dans la réalité, tu préfères te faire passer à ses yeux pour un de ces personnages qu'il a inventé ? »

« Solo a vraiment existé. »

Un silence accompagna cette révélation. Tous regardèrent Heero, intrigués, même Trowa qui avait relevé la tête tant cette affirmation l'avait surpris. Heero continua ses explications.

« Souvent, quand je partageais ma chambre avec Duo, la nuit, il faisait des cauchemars. Dans ces cauchemars, il appelait toujours ce Solo, lui demandant de ne pas mourir, de ne pas l'abandonner. Puis il se réveillait brusquement. »

« Solo était donc… » continua Wufei.

« Sans doute la personne qui a le plus compté pour Duo. C'est sans doute pour ça que c'est son image qui est apparu à ses yeux lorsqu'il m'a regardé. Et je veux bien accepter que Duo ne me reconnaisse plus jamais plutôt que d'essayer de le faire revenir à la réalité. Je crois qu'il est perdu à jamais. »

Il fit une pause, sentant un petit pincement au cœur. C'est alors que la voix de Trowa s'éleva de nouveau.

« C'est bien fait pour toi. Tu dis que tu vas t'occuper de lui pour le reste de ta vie, très bien, mais au moins, j'aurais la satisfaction de savoir que lui, il ne sera pas vraiment avec toi. Il te considérera toujours comme un autre, jamais pour qui tu es. »

Il eut un petit rire nerveux, mais Heero ne broncha pas. Quatre bouillonnait sur place, se retenant comme il le pouvait de se lever et de gifler cet homme qui avait causé tant de mal en si peu de temps. Heero se leva alors et, passant derrière Trowa, il défit les liens qui le retenaient à sa chaise. Trowa se releva et se recula du petit groupe, ne lâchant pas Heero des yeux.

« On ne te retient pas. Tu es libre d'aller où bon te semble, le plus loin de nous sera le mieux. Et pas la peine de te dire de ne plus jamais approcher Duo. Si je te recroise un jour, il ne restera pas grand chose de toi. »

A ces mots durs, Trowa sortit de la maison en courant sous les yeux de ses anciens compagnons d'armes. Sa poitrine lui faisait mal, comme si son cœur avait été arraché. Il ne voulait pas que cela se termine ainsi, il voulait que Duo l'aimât, qu'il lui rende ses sentiments. Mais il avait échoué et il ne le reverrait jamais.


Cela faisait maintenant un mois que Heero vivait avec Duo dans une petite maison au bord de la mer. Duo était redevenu le même qu'à l'époque où Heero l'avait rencontré. Les deux seules différences avec cette époque étaient que Duo ne faisait plus de cauchemar et qu'il l'appelait Solo. Mais il y avait tant d'amour et de joie lorsque ce nom passait les lèvres de Duo que Heero ne s'en faisait plus.

Duo n'avait plus aucun souvenir de la guerre et des Gundams. Il s'était réinventé des souvenirs en occultant ses quatre compagnons pilotes, y compris Heero. Sa vie tournait maintenant autour de Solo et d'Arthur dont il n'avait pas pu se défaire.

Un matin, Duo était assis à la fenêtre, contemplant la vue, lorsqu'il fut interrompu par la sonnerie du téléphone. Heero, qui était dans la cuisine, n'eut pas le temps d'en sortir pour répondre que Duo avait déjà le combiné à la main.

« Allo ? »

Heero arriva dans la pièce, Duo lui faisant dos.

« Bonjour, pourrais-je parler à Monsieur Heero Yuy, s'il vous plaît ? » dit une voix masculine à l'autre bout du fil.

« Heero qui ? »

« Heero Yuy. »

Heero se précipita sur le téléphone et s'en empara avec un tel doigté que Duo le sentit à peine glisser de sa main. Heero fit un petit clin d'œil à Duo et s'éloigna pour ne pas que Duo entende.

« Allo ? »

« Monsieur Yuy ? »

« Oui. »

« Bonjour, je voulais vous informer que les médicaments sont arrivés. Vous pouvez venir les chercher dans la journée. »

« Bien, merci. »

Il raccrocha et se retourna vers Duo qui le regardait d'une drôle de façon.

« Pourquoi tu as répondu ? C'était un faux numéro. »

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? »

« Il a demandé Heero Yuy. Il n'y a personne de ce nom ici. Et puis d'abord, c'est qui Heero Yuy ? »

Heero sourit. Même à l'entente de ce nom, Duo ne se rappelait pas de lui. Mais si le garçon se sentait bien ainsi, de se faire appeler Heero ou Solo n'avait aucune importance. Heero s'approcha ensuite de Duo et passa un bras autour de la taille du garçon pour l'entraîner dans la cuisine où trois couverts avaient été mis sur la table.

« C'est personne, absolument personne. Allez, on va manger, Arthur nous attend. »


FIN


Note de l'auteur : C'est ainsi que s'achève cette deuxième et dernière version, je tiens à le préciser, de cette histoire qui, je le rappelle, était une idée de Heiji au départ que j'ai écrite au fil de mon imagination. Pour ceux qui ont lu la première version, j'espère que cette réécriture vous aura éclairé. Quant aux autres, je souhaite de tout mon cœur de vous avoir fait passé de bons moments et que la fin vous a plu. Je ne sais pas pour vous, mais je me suis vraiment attaché à Trowa et je le plains vraiment. En fait, il n'a pas su exprimer ses sentiments d'une bonne façon et se fait totalement rejeté à la fin, ne pouvant même plus revoir la personne qu'il aime. Enfin, c'est des idées de mon esprit dérangé tout ça…

Cette histoire étant terminée, il ne me reste en cours qu'une seule histoire, ce qui va me permettre d'en commencer une autre qui me trotte dans la tête depuis quelques jours et qui ne demande qu'à être écrite. Ce ne sera pas joyeux, encore une fois, mais on se refait pas, désolée. Alors je vous donne rendez-vous pour ma prochaine histoire. Merci de m'avoir lu et à bientôt.

-Ephemeris-