Chapitre 17.
Hermione était allongée dans son lit, les mains croisées sur elle, le regard fixé sur le plafond depuis sans doute plusieurs heures, elle ne saurait donner un chiffre exact. Chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle était dérangée, soit par le bruit horrible que produisaient les ronflements de Ginny, soit par ses souvenirs un peu trop osés. Mais le pire, c'était ces instants de réflexion sur ce que lui faisaient ressentir Snape.
Et ça, elle essayait de le fuir à tout prix. Sauf que, plus le temps avançait, plus ces pensées prenaient de l'ampleur.
Après s'être posée pour la énième fois une foule de questions, Hermione grogna. Elle prit son coussin, le pressa contre son visage avant de se lever furieusement.
Il fallait qu'elle se dégourdisse les jambes, qu'elle pense à autre chose. Elle descendit alors les escaliers, se voulant discrète malgré les grincements évidents que le vieux parquet des marches provoquait.
La jeune femme fit face au grand salon de la salle commune, vide à cette heure tardive de la nuit. Alors, elle prit place sur un des sofas, fixant le feu magique dans l'astre qui s'allumait dès qu'un élève entrait dans la pièce.
Elle soupira de malaise avant de se passer les mains sur le visage, puis dans les cheveux.
Que lui arrivait-il ?
« Hermione ? »
C'était une voix endormie qui venait de l'extraire de cette énième introspection. La sorcière sourit d'affection face à un Neville Longdubat en pyjama avec de petits yeux fatigués.
« Neville, qu'est-ce que tu fais levé ? »
Le garçon ne répondit pas. Il vint s'asseoir à côté de la jeune femme et lui lança un rictus aussi cerné que réconfortant.
« Je t'ai entendu, et j'ai reconnu aux pas dans les escaliers que c'était toi. Pourquoi tu ne dors pas ? »
Hermione soupira. Elle fit couler son corps tout entier contre le dossier du canapé, fixant ses iris dans le feu de la cheminée, comme hypnotisée. Neville quant à lui, l'observait, dans l'attente, remarquant le reflet des flammes dans ses pupilles dilatées.
« Je cogite… lâcha-t-elle, pensive. Du moins, j'essaie de ne pas le faire.
_ A propos de quoi ?
_ Je pense que tu le sais. »
Hermione quitta le feu des yeux un instant afin de les fixer dans ceux de son ami. Ce dernier remua sur place, mal à l'aise.
Severus Snape s'était rapproché de lui durant leur mésaventure. C'était improbable, à peine croyable, mais il était pourtant indéniable qu'il l'avait aidé à tenir le coup et à maintenir les apparences le temps que son professeur de potions ne retrouve son corps. Ils avaient ainsi partagé, malgré eux ou non, des moments de complicité étranges qui faisaient que maintenant, Hermione était persuadé que si Severus Snape devait accorder une confiance aveugle en quelqu'un, il le ferait en la personne de Neville Longdubat. Alors, pourquoi n'en ferait-elle pas tout autant ? Ce garçon semblait, après tout, en savoir bien plus qu'il ne le devrait à propos de ce qui la tourmentait.
« On se fiche de ce que je sais ou non, finit par lancer Neville.
_ Non. Je crois que tu ne réalise pas. Neville… je suis perdue. »
Hermione ferma les paupières, dépitée.
Son interlocuteur eut la sensation de faire face au même tracas qui avait traversé Snape quelques temps auparavant. Et sans doute était-ce le cas.
« C'est à propos… à propos de… ?
_ On a couché ensemble, lança Hermione, sans préambule, sans même se donner la peine d'ouvrir les paupières.
_ Je sais. »
Cette fois, les yeux d'Hermione s'ouvrirent en grand, et elle afficha un air affolé et choqué à la fois. Neville rougit, en détournant le regard quant à lui. Il avait honte d'être tenu au courant d'un fait aussi intime de sa vie.
« Il me la dit, avoua-t-il.
_ Ça n'est pas arrivé qu'une fois. »
A cette révélation, le teint du garçon devint blême. Comment ça, « pas qu'une fois » ? Lui qui avait naïvement cru que c'était arrivé « par accident », si tant est qu'on puisse penser qu'une chose pareille puisse se produire de manière fortuite…
« Ne dit rien s'il te plait, lâcha Hermione en grimaçant, les paupières closes.
_ Mais pourquoi…
_ C'est justement la question qui est en train de me ronger. Bon sang, je me sens tellement coupable ! s'exclama Hermione en se tenant la tête dans les mains. Comment est-ce que j'ai pu faire ça à Ron ? »
De nouveaux, les jambes de la jeune femme remuèrent de nervosité. Compatissant, Neville posa une main chaleureuse sur l'épaule de son amie, mais cela ne lui fut pas d'une très grande aide.
« Je suis un monstre, marmonna-t-elle.
_ Non, Hermione… Je ne peux te dire que ce que tu as fait est bien, mais tu devrais peut-être te demander pourquoi tu l'as fais au lieu de te traiter de la sorte.
_ Pourquoi ? s'exclama-t-elle en se redressant. Severus, cet abruti avait rompu avec Ron la première fois, et puis on a fini par s'engueuler. Je lui ai dit que j'avais assisté à un de ses souvenirs, il a cru que j'avais fouillé dans ses affaires, alors dans cette méprise, il m'a avoué ce qu'il avait fait. Nous avions convenu qu'il ne devait rien changer à ma vie, alors ça m'a énervé. Quand il s'est rendu compte de son erreur, il s'est excusé, mais j'ai continué à lui hurler dessus.
_ Oui enfin, jusque là, rien d'anormal…
_ Oui, sauf qu'il m'a embrassé pour me faire taire. Et c'est là que c'est partie en vrille… J'y ai répondu, il m'a supplié d'arrêter, et je n'ai rien voulu écouter, soupira Hermione. Mais je n'étais techniquement plus avec Ron cette fois-là. L'autre par contre… nous venions de regagner nos corps, et… et je ne le vivais pas très bien. J'étais angoissée, parce que j'avais peur de perdre cette relation privilégiée que nous avions. tissé. Tu sais, à force d'échanger de corps et de partager notre intimité de manière forcée, on s'est rapproché. Enfin, c'est normal, non ? Je veux dire, il doit être la personne qui me connait le mieux dans ce château, même ma propre mère ne doit pas en savoir autant. Il sait comment j'aime mes toast, combien de sucres je met dans mon café, le nombre de petites culottes que j'ai dans mon tiroir et j'en sais tout autant de lui. On a du conjuguer avec tellement de choses. »
Neville acquiesça, concerné sans pour autant intervenir.
« Nous en sommes arrivés au point où d'un seul coup d'oeil, je parviens à savoir comment il se porte alors qu'il est une véritable tombe, où nous sommes capables de répondre à nos envies respectives à la seconde. Nous ne prenons même plus la peine de parler. Tout à l'heure, il m'a tendu un mug de thé parce qu'il savait que j'avais mal à la tête, lâcha Hermione pensivement, l'air vague et un léger sourire aux lèvres. »
Hermione se secoua la tête, réalisant qu'elle s'égarait.
« Bref. Lorsque nous avons du prendre le remède il m'a rassuré. Il n'y avait aucune raison pour que ce lien se brise, après tout. Alors, il m'a prit dans ses bras et… et j'ignore ce qui nous a pris. »
Hermione passa une main nerveuse dans ses cheveux ternes.
« Le pire c'est que tout est de ma faute, rit-elle jaune. Je vais tout perdre, mes meilleurs amis, et ce que j'ai tissé avec Severus, et tout ça pour quoi ?
_ Ecoute Hermione, qu'as-tu peur de perdre avec Snape exactement ? Il n'y a rien à perdre, vous vous calculiez à peine avant toute cette histoire.
_ Il m'aime. »
Neville déglutit, la gorge serrée.
« Enfin, il le croit, ou il hésite, j'en sais rien. Mais ça complique tellement de choses, parce que… parce que ce n'était que du sexe, murmura-t-elle, mal à l'aise.
_ Tu es sure de toi ? Tu es sure que ce n'était que ça ? »
Hermione détourna son regard, s'entourant de ses bras afin de se protéger.
« Comment en être bien certaine après tout, c'est si difficile d'en juger, souffla-t-elle.
_ Pourtant, je suis sure que tu es capable de le faire. »
Hermione déglutit, replongeant dans ses souvenirs. Elle se remémorait, son regard qui la dévorait, ses multiples baisers, ce besoin viscéral qu'ils ressentaient de ne faire qu'un, à n'importe quel prix, de ce bien être, de cette sensation qui s'était répandu en elle comme une trainée de poussière et cette sérénité après qu'il se soit écroulé, esseulé, hors d'haleine, les ayant amené au paroxysme du plaisir. Cet orgasme, seigneur elle s'en souviendrait toute sa vie.
Jamais elle n'avait jouis de la sorte avec qui que ce soit. Severus Snape était un homme qui avait enfin compris que la pénétration ne faisait pas tout, qui avait tant soigné cet acte pourtant spontané qu'elle avait atteint un pallier de plaisir long et d'une puissance inouïe. Ils n'avaient pas ressenti qu'un orgasme sexuel… Ils avaient aussi fait jouir leurs corps, leurs être tout entier.
Puis, il y avait eu ce moment où, après s'être écroulé, il avait simplement reposé sa tête sur ses seins. Elle avait alors caressé ses cheveux avec rêverie. Ça avait été si intense, mais si doux à la fois.
Si ça n'avait été que du sexe, jamais il ne serait resté. Ils n'avaient pas uniquement baisé.
« Possible, marmonna-t-elle.
_ Et qu'est-ce que ça change… qu'il puisse t'aimer, au final ?
_ Tu me pose vraiment la question Neville ? »
Le garçon haussa les épaules, l'air distrait.
« Snape ne peut pas m'aimer, c'est impossible. Il ne m'a jamais aimé, il a toujours détesté ma personnalité. S'il éprouve quoique ce soit à mon égard, c'est qu'il se trompe.
_ Et si… et si cette expérience lui avait ouvert les yeux sur qui tu étais vraiment ? Et s'il détestait l'idée qu'il s'était fait de toi, et que la réalité avait pris le dessus ?
_ Il t'a parlé de quelque chose ? demanda Hermione, suspicieuse.
_ Non. Non, il ne m'a parlé de rien… mentit-il. Mais c'est logique, en se retrouvant dans ta peau, il a pu te découvrir, comme tu l'as fais avec lui.
_ Découvrir quoi, que je n'ai aucun temps de disponible, que ma vie est insipide, que je n'ai pas si confiance en moi que ce qui n'y paraît, que je suis en réalité maladroite et empotée ?
_ Que tu es humaine, tout simplement. »
Hermione grogna en remuant sur place, mal à l'aise.
« Hermione, tu t'es toujours efforcée de ne montrer que tes qualités, de donner de ta personne à un point où tu ne dévoile aucune faiblesse, et c'est sans doute ça qui agaçait le professeur Snape. Toi aussi, tu as arrêté de l'asexuer, il a perdu son rôle de professeur avec toi. N'as-tu jamais pensé que de ton côté, cela avait pu un peu bousculer ce stéréotype de lui que tu avais en tête ?
_ Je sais que Snape est solitaire, taciturne, et cynique, rien n'a changé.
_ Alors pourquoi est-ce que ça t'empêche de dormir ?
_ Tu veux savoir la vérité ? Ce qui m'empêche de dormir, ce n'est pas lui, c'est Ron.
_ Oui, je sais, tu te sens coupable, explicita Neville.
_ C'est ça le problème. C'est l'unique sentiment que ça me procure. »
Neville fronça les sourcils, et Hermione soupira.
« Quand je le vois, je n'ai pas peur d'avoir tout gâché car j'ai l'impression qu'il n'y a rien eu à gâcher. »
Hermione grogna en fermant les yeux un instant.
« Tu te rends compte Neville ? Ron ne s'est même pas aperçu que je n'étais plus là. Il… Il est d'un égoïsme… Je ne peux pas lui vouloir, il a toujours été comme ça, mais j'en espérais autrement.
_ Et concernant Snape ?
_ Quoi « concernant Snape » ? Comme je te l'ai dis, ses défauts restent ceux que je connaissais de lui, et il est impossible de revenir sur ce que nous avons fait.
_ Oui, mais espérais-tu qu'il change ?
_ Non, voyons. Ses mauvais côtés ne m'ont jamais posé aucun problème.
_ Hermione, finit par poser Neville, calmement en apparence alors qu'en son fort intérieur, le garçon bouillonnait de frustration. Je sais que tous les défauts ne se valent pas, et qu'il y en a pires que d'autres… mais on dirait que même si Snape hurle, ça ne change rien de l'affection que tu nourris à son égard alors que plus Ron te parle, plus tu as envie de le chasser de ta vie.
_ Exactement, soupira-t-elle.
_ Aimer, ce n'est pas ça. Aimer, ce n'est pas espérer, ni tolérer, c'est conjuguer avec l'autre, le comprendre, être en harmonie, peu importe les situations, c'est lorsqu'on a l'impression de compter, qu'on se sent juste…
_ Bien ? »
Hermione déglutit. Avec Ron, ça ne s'était jamais passé ainsi.
Ils n'avaient eu de cesse de se disputer, de ne pas se comprendre. Ron était si maladroit, Hermione le savait mais ne pouvait s'empêcher de se sentir blessée par ses paroles, par son manque de tact et de considération. Il était rustre, peu enclin à s'instruire dirait-elle même et cela allait à un point où elle n'avait jamais ressenti d'attirance réellement physique pour lui.
Snape quant à lui… Oh il habitait chacun de ses pores, envahissait ses pensées et ses souvenirs en permanence. Ses gestes faits de petits riens, elle les considérait avec énormément d'importance, tout simplement car ils en avaient. C'était ainsi qu'il procédait, agissant dans l'ombre pour donner de lui.
Et puis, derrière son côté solitaire, elle y voyait la plaisance d'être seule en sa compagnie, sa discrétion lui accordait le plaisir de se contenter d'un agréable silence, et son intelligence lui permettait de n'émettre aucun jugement chaque fois qu'elle étudiait plus qu'il ne le fallait.
Mieux encore : travailler avec Snape n'avait rien d'une corvée, elle ne s'était jamais sentie utilisée, ni jugée, juste respectée. Il avait été là, avait agit pour son confort, afin de faire en sorte qu'elle se sente juste bien et ce, sans jamais rien souligner. Il n'avait jamais rien demandé.
Snape était cette bouffée d'oxygène dont elle avait désespérément besoin, cet élan de maturité qui l'allégeait de ce poids qu'elle avait sur les épaules.
« Mon Dieu, mais comment est-ce que je vais faire, soupira-t-elle en laissant tomber sa tête en arrière, dans le vide.
_ Mais dis-lui ! s'empressa de répondre Neville. Dis-lui ce que tu ressens.
_ Lui dire quoi ? Que je l'aime ? T'es malade ou quoi ? J'en ai même aucune putain d'idées ! Peut-être que ce que j'éprouve n'est que passager, peut-être que je me suis trompée, que ce que Snape m'a fait m'a juste rendue folle… »
Hermione resta silencieuse un instant, gardant néanmoins cette position.
« Je dois rompre avec Ron, se contenta-t-elle de marmonner. C'est tout ce que je sais. Ça me tue, mais… mais je dois le faire, pour être en phase avec moi-même. »
Ce qu'aucun des deux Gryffondors n'avait néanmoins remarqué, c'était une petite frimousse rousse, accrochée à la porte du dortoir des garçons.
Alerté par la voix de sa petite amie et de ses soupçons concernant Neville, Ron n'avait pu s'empêcher de se glisser sur le pallier au dessus du salon, tendant l'oreille.
Ce qu'il avait entendu lui avait tout bonnement glacé le sang… avant de le plonger dans une rage folle. Alors, il rassembla tout son self control pour ne pas exploser la porte de son dortoir, ainsi que tous les objets qui s'y trouvait.
A la place, il restait là, écoutant ces révélations terribles, avec une sensation affreuse lui tordant l'estomac.
Snape.
Depuis qu'il avait débarqué dans son couple, cela n'avait fait qu'empirer ! Ce sorcier n'était… il n'était qu'un fauteur de troubles. Il allait régler ses comptes avec lui, à l'ancienne !
xXx
Toute la nuit, Ron était resté éveillé. En vérité, il avait même revêtu son uniforme scolaire, sachant pertinemment que jamais il ne parviendrait à fermer l'oeil. Lorsque les premières lueurs de l'aube avait franchit la barrière des fenêtres, il s'était levé comme un ressors.
Avec une tête à faire peur, le garçon avait été le premier arrivé en salle de repas, alors que les elfes n'avaient même pas fini de préparer le petit déjeuner. S'en suivirent bien sûr, quelques Serpentards qui eux, étaient souvent les plus matinaux.
La table des professeurs que le rouquin fixait demeurait pour l'instant, vide. Il faisait encore un froid de canard à cette heure-ci, mais le garçon ne semblait pas en être importuné, y comprit concernant sa fatigue, puisque sa colère était tellement envahissante que plus rien d'autre ne semblait exister.
Snape entra alors dans la Grande Salle, sa longue cape virevoltant derrière lui à chacun de ses pas. Il était frigorifié, et même le sort de chaleur qu'il s'était lancé ne semblait guère avoir d'effet. Il n'avait alors qu'une hâte : boire son café avant de filer direction la salle des professeurs et son immense cheminée.
A son arrivée, Ron se leva d'un bond.
Personne ne le remarqua longer l'allée de la Grande Salle, le peu d'élèves présents trop occupés à émerger de leur courte nuit de sommeil à coup de bâillements.
On pouvait entendre certains étudiants grogner contre la pleine lune de la nuit dernière qui avait rendu les bêtes sous marines présents sous le lac noire particulièrement agitées.
« Snape. »
Le maître des potions fut interpellé par cette façon de s'adresser à lui. Lorsqu'il releva la tête, il vit Ron, rouge d'un sentiment confus, qui venait de hurler son nom plus qu'il ne l'avait hélé en vérité. Le garçon venait de se retrouver à trois mètres tout au plus de l'estrade de cette longue table derrière laquelle il avait prit l'habitude de s'asseoir.
Snape quant à lui n'était même pas encore arrivé jusqu'à sa chaise et le fixait étrangement, debout entre les places vides d'Aurora et de Flitwick.
D'ailleurs, le sorcier entendit Minerva ouvrir la porte dérobée derrière lui. Elle et sa voix agaçante, il aurait pu la reconnaître les yeux fermés.
Weasley et maintenant elle, soupira-t-il en son for intérieur. Encore une matinée merveilleuse.
« Pour vous, c'est professeur Snape, Weasley, alors surveillez votre langage. »
Le rouquin continua néanmoins son ascension, jusqu'à monter la petite marche de l'estrade. Sans réfléchir et avec une détermination sans faille, Ron arriva ainsi à une vitesse fulgurante jusqu'à la table des professeurs que jamais aucun élève n'allait importuner. Soudain, il lança son poing qui atterrit en plein dans la figure de la terreur des cachots.
Snape n'eut même pas le temps de parler, protester ni même de réagir qu'il en tomba à la renverse, se tenant machinalement le nez qui se mit dans l'immédiat à saigner à vive allure.
« Oh mon Dieu Severus ! s'exclama alors Minerva au loin, se précipitant sur son collègue suivit d'Hagrid et de Lupin qui avait la mine des mauvais jours, pleine lune oblige. »
Mais elle ne fut pas assez rapide, Ronald venant carrément s'enjamber la table pour se précipiter sur son enseignant qu'il rua de coups, le son de ses poings couvrant à peine les exclamations profondément choqués de la poignée d'élèves présents dans la Grande Salle. Certains se levèrent, pour observer le spectacle, n'osant intervenir.
Pris par surprise, Snape n'eut d'autre choix que de protéger son visage tant qu'il le put, dans l'incapacité physique de riposter ni de mettre la main sur sa baguette.
Bordel, c'était qu'il était sacrément enragé en plus celui-là !
« Weasley, mais qu'est-ce que vous faites ?! Arrêtez ça immédiatement ! hurla la professeur de métamorphose, sous le choc.
_ Il est devenu fou ?! souffla Lupin, éberlué.
_ Weasley ! appela-t-elle de nouveau. »
Minerva brandit sa baguette afin d'éloigner Ron du corps de son collègue resté pourtant bien silencieux malgré l'accès de violence dont il venait de faire l'objet. Le maître des cachots se redressa un peu, crachant une bonne quantité de sang sur le sol, tellement amoché qu'il n'avait toujours pas sorti un mot.
Il était loin d'avoir été préparé à subir un truc aussi violent, la dernière personne à l'avoir frappé physiquement ayant sans doute été son père avant qu'il ne crève.
Hagrid, juste derrière Lupin, se précipita quant à lui sur Ron afin de l'empêcher de se relever, alors que les yeux du rouquin étaient remplis d'une rage telle qu'ils étaient injectés de sang.
« Batard des cachots sera plus approprié désormais ! hurla le Gryffondor, hors de contrôle.
_ Ronald, mais qu'est-ce qu'il te prends ? Toi qui est si gentil enfin, reprends toi mon garçon !
_ On aura tout vu, lança la vieille sorcière, supportant un bras de son collègue qui se redressa tant bien que mal. »
Soucieuse, Minerva observa le visage tuméfié du professeur de potions qui grogna de douleur. Il avait l'arcade ouverte, trois hématomes se formant déjà sur ses pommettes, sans parler de sa lèvre fendue et de son nez sans doute cassé qui ne cessait de couler en flot ininterrompu.
« Mais enfin, Monsieur Weasley, vous avez perdu l'esprit ?
_ Demandez-lui, demandez-lui donc ce qu'il lui a fait ! Il l'a ensorcelé, même elle ! Même elle, elle croit éprouver quelque chose ! s'exclama Ron tandis que Snape devenait pâle comme un mort.
_ Bon sang, mais de quoi parlez-vous ? demanda Minerva.
_ De son fétichisme pour les sang de bourbe !
_ Les quoi ? grogna soudain Snape, serrant les dents, le sang présent dans sa bouche lui donnant un air animal. Répétez un peu ça.
_ Les sang de bourbe, s'exécuta fièrement Ron. »
Une exclamation commune et plus choquée encore s'échappa des élèves. Cette fois, ce fut Snape qui se défit sans problème du soutien de Minerva pour se ruer sur sur le garçon et le frapper. Impuissant, Hagrid ne parvint à retenir Ron qui s'extirpa de sa prise comme un serpent. Les deux sorciers commencèrent ainsi à se battre comme deux chiffonniers, faisant pleuvoir les coups. Mais Ron, plus jeune, plus fort et plus bagarreur était en train de l'amocher plus encore, même si Snape ne semblait pas plus soucieux de la douleur que le rouquin lui occasionnait. Minerva leva de nouveau sa baguette, suivit de Flitwick, et les deux professeurs maintinrent magiquement ces deux-là éloignés l'un de l'autre.
« Severus, gronda soudain Minerva, mais est-ce que tout le monde dans ce château est devenu fou ?
_ Hagrid, conduisez Severus à l'infirmerie, désigna Flitwick en voyant que Weasley n'avait qu'une arcade ouverte. »
Le rouquin fusilla du regard Snape qui ne manqua pas d'en faire autant. Puis, il grogna en se débattant de la poigne plus ferme d'Hagrid qui ne le laissa, cette fois, pas se faufiler.
« Weasley, j'enlève 200 points à Gryffondor ! Je veux vous voir dans le bureau du directeur immédiatement ! »
Ron sortit de la prise du semi géant en grognant comme une bête, avant de se diriger d'un pas vif vers la sortie, escorté par le professeur McGonagall sous le regard profondément choqué de l'assemblée toute entière. Le gardien des clés se dirigea ensuite vers Snape, soucieux.
Le maître des cachots repoussa presque brutalement le bras providentiel d'Hagrid, maintenant sa main en coupe sous son nez qui continuait de saigner, encore et encore. Il sortit de là par la sortie des professeurs, en toute discrétion.
Lupin resta alors planté sur place, les bras ballants pendant que les étudiants le s'il en savait quelque chose à cette affaire ! Même avec James, ils ne s'étaient pas battu comme ça !
« Retournez à vos affaires, lâcha le loup garou, perdu. »
xXx
Une heure plus tard, Ron rangeait ses affaires avec rage. Harry, qui venait d'entrer dans son dortoir afin de chercher son manuel, tomba sur son meilleur ami, rouge de colère, fourrant son pull en boule dans sa valise qu'il ferma avec difficulté.
« Ron ? Mais qu'est-ce que tu fais ?
_ Je pars.
_ Quoi ?!
_ Dumbledore m'a exclu pour deux semaines, je m'en vais ! »
Sans plus d'explication, le rouquin prit sa valise et partit, sous le regard éberlué d'Harry qui n'y comprenait rien. Mais le survivant n'eut même pas le temps de demander des explications lorsque le tableau de la Grosse Dame claqua, la faisant hurler dans toute la salle commune des lions, et faisant se réveiller Hermione qui, pour une fois, s'était enfin accordé une grasse matinée après la nuit horrible qu'elle venait de passer.
Ah bah ça, on s'en doutait bien que Ron n'allait pas super bien prendre la nouvelle non ?
