Heureusement que je me suis rappelé à temps que si j'écrivais un one-shot sur fond de Noël, il serait judicieux que je le poste avant Noël et non après XD.

Bonne lecture !


C'était insupportablement chiant, ces lumières de merde, qui clignotaient sans interruption à en donner des crises d'épilepsie à tout le quartier et ça le faisait putain de chier, comme tous les ans, qu'il n'ait pas eu l'intelligence de s'acheter une maison à l'écart des autres. C'était sympa l'ambiance de quartier, c'était cool de pouvoir discuter cuisine avec sa voisine, ancienne cheffe étoilée à la retraite et il adorait voir la fierté de ses voisins quand il rentrait de patrouille, encore en costume. Il tolérait même avec bienveillance les gamins qui lui demandaient des cookies ou qui jouaient sous ses fenêtres dans l'espoir d'apercevoir le pro-héro Dynamight.

Mais putain, ces lumières de merde lui mettaient les nerfs en pelote.

À souhaiter que Pikachu fasse un tour dans le quartier et balance une décharge au pif. De toute manière, toutes ces merdes étaient reliées entre elles, il suffisait d'en disjoncter une et tout le bordel suivait.

Katsuki récupéra son verre d'alcool en désertant la cuisine, impeccablement rangée, pour s'affaler dans son canapé sans précaution aucune, s'autorisant la folie insensée de mettre ses pieds sur la table basse, juste pour une fois. Cadeau de Noël de lui à lui. Ça et l'absence absolue de compagnie de sa soirée, garantie d'une humeur de chien qu'il classerait comme colère pour ne pas avoir à fouiller trop dessous, à lui trouver un nom plus adéquat, qui ferait plus mal encore.

Il sirota ce mélange d'amertume en même temps que son alcool, pas assez fort pour effacer de son organisme le néant qui infusait ses gestes en compressant un peu plus sa poitrine d'absurdité à chaque respiration. Putain, il détestait Noël.

Les lumières s'éteignirent d'un coup dans toute sa baraque, le plongeant dans un noir relatif, entrecoupé des clignotements du dehors. Rouge. Bleu pailleté. Vert.

« Putain. »

Et voilà, ça avait fini par disjoncter, mais dans sa putain de maison. Il expira lentement pour chasser la colère de ses épaules, suffisamment crispées comme cela et décida d'avaler le quasi-reste du verre avant d'amorcer un quelconque mouvement pour régler le souci.

Son instinct de pro-héro le figea dans son geste. Il y avait quelqu'un chez lui, un changement dans l'atmosphère, une autre respiration que la sienne, quelque part, il ne savait où. Une autre odeur.

C'était bien la putain de peine de payer une alarme dernier cri avec des sécurités partout qu'il déclenchait par inadvertance dès qu'il avait le malheur de se tromper de clés. Ses prunelles fouillèrent les ombres dansantes pour éliminer les possibilités de cachette de l'intrus, au moins dans le salon et alors qu'il passait son regard sur l'entrée menant au couloir de la terrasse, les contours flous de la haute silhouette fine détendirent son corps instantanément. Il reposa son verre à tâtons, absorbé par celui qui se parait des couleurs dégueulasses de Noël en traversant son salon, à pas si silencieux que jamais Katsuki n'aurait pu l'entendre s'il n'avait eu son regard fixé sur lui. Il repoussa légèrement la table pour lui permettre de s'approcher, de glisser ses jambes de chaque côté de lui jusqu'à s'asseoir sur ses cuisses, au milieu du kaléidoscope de couleurs. Rouge. Bleu pailleté. Vert. La seule qui lui aille bien.

« Toujours aussi charmant. »

Il sentait la clope froide, une odeur de tabac grossière qui nichait dans ses boucles et encadrait le visage de Katsuki d'une brume nocive. Étrange la sensation que ça lui faisait, de sentir ça sur Deku. À quel point ça lui remuait le cœur, de goûter la différence entre cette fumée et la sienne, la seule qui aurait jamais dû toucher la peau du vert, l'imprégner de cette saveur caramel brûlé qui l'aurait rendu intouchable.

« À quoi tu penses ?»

À ta saloperie d'odeur corrompue par une autre fumée que la mienne, songea-t-il, perdu dans la douceur de la langue de Deku sur ses lèvres, faussement timide, électrifiant son corps dans l'attente du prochain lapement.

C'était rare, bien trop rare, cette lenteur, cadeau de Noël à lui seul, eux qui baisaient souvent contre un mur, l'uniforme de Kacchan juste assez débraillé pour donner libre accès aux mains de Deku, dans la sueur de leurs travails et l'obscurité d'une ruelle oubliée. Le temps seul de pouvoir regarder l'autre était un luxe inouï, au creux de son appartement sans lumière.

Pouvoir le sentir, humer son odeur dont faisait désormais partie la saveur de la clope, redécouvrir pour la centième, millième fois, le velours mâchuré de cicatrice de sa peau. Aurait-il le temps de compter chacune des taches de rousseur sous ses doigts avant que l'aube ne lui donne la réponse ?
Puis les mains de Deku se posèrent sur ses joues, doucement, enserrant son visage comme s'il avait peur que Katsuki lui échappe, qu'il se dérobe et le corps du blond réagit instinctivement. Il attrapa férocement la nuque de Deku pour lui ouvrir la bouche de sa langue, l'envahit en savourant l'exclamation de surprise amusée, la douceur de la langue du vert contre la sienne, ses doigts qui l'attiraient plus encore dans leurs baisers, à l'en asphyxier. Tant mieux. Il voulait mourir enseveli sous les boucles vertes.

Le froid de l'extérieur reflua sous ses doigts, lorsqu'il les glissa sous le t-shirt de Deku, avec un soupir de soulagement lorsque ses paumes lui offrirent de nouveau la douceur de la peau du vert, qu'il étoila de frisson né du bout de ses doigts. Les dents de Deku s'accrochèrent à sa lèvre pour s'assurer qu'il ne reculerait pas, avant de lâcher son visage de ses mains pour ouvrir un à un, fébrilement, les boutons de sa chemise, suçotant sa lèvre prisonnière en même temps que sa respiration étourdie de désir. Dans un juste retour des choses, Katsuki lui mordit la lèvre à son tour en sifflant sous la froide caresse des doigts fins, ornés de tant de bagues que l'étreinte semblait être faite de glace. Glace au tranchant adouci par l'excitation de Deku, réchauffé par le désir de Katsuki, jusqu'à en devenir un trait de feu sur sa peau que les mains du vert dévoraient sans pouvoir s'arrêter, redessinant ses abdos, son torse, le creux de sa gorge et ses épaules dont il fit glisser la chemise devenue inutile. Et c'était insupportable désormais, ce putain de t-shirt grunge entre eux, toujours emprisonnant le torse de Deku.

« Katsuki, non ! »

« Katsuki, si ! » s'amusa le blond en posant ses mains à plat sur le dos de Deku et il envoya avant que le vert ne puisse réagir une infime décharge de nytro, absolument sans danger pour la peau de Deku. Il n'avait pas toujours fait preuve d'autant d'adresse. Le t-shirt s'étiola en fils carbonisés, se déchirant de lui-même pour laisser libre accès à Katsuki qui en arracha les derniers lambeaux avec le sourire le plus satisfait du monde.« Connard. »
« Je regrette. »

« Je vois tes dents luire malgré le noir, putain de menteur. »

« J'ai trop envie de toi. »

Le rouge sur les joues de Deku était soigneusement dissimulé par la pénombre, pas la chaleur qui s'en émanait et que Katsuki lécha avec délice, cette brume chaude de gêne couplée à la sensation de la peau veloutée défilant sous ses doigts lui donnant l'eau à la bouche. Sa langue descendit le long de la mâchoire et la pulsation des battements de cœur de Deku sous la peau lui ordonna de mordre là, juste là, au creux de sa gorge, enfonçant ses dents dans la tendre odeur. Les mains de Deku dans ses cheveux se crispèrent sous la douleur, comment aurait-il pu faire autrement alors que les crocs de Katsuki laissaient infuser une saveur métallique dans sa bouche ? Le blond lécha, mordit, embrassa, tortura chaque centimètre atteignable jusqu'à avoir la certitude qu'il y avait apposé l'empreinte de ses dents partout, dans un camaïeu d'hématome.

Deku lui redressa la tête en tirant à pleine main sur sa tignasse, lécha les plaies de ses lèvres pour y récolter les gouttes de leurs sangs mêlés dont il glissa le goût dans la bouche de Katsuki du bout de sa langue, laissant échapper une plainte légère, si légère que Katsuki aurait cru l'avoir imaginé s'il n'avait senti sous ses doigts la gorge du vert vibrer. Sa queue lui faisait mal, à la merci du moindre mouvement de Deku sur lui, du plus petit soupir dissimulé dans sa respiration malmenée, mal de ne pouvoir déjà le prendre et le faire sien encore une fois.

Trop impatient, il assura sa prise en enfonçant ses doigts dans le rebondi des fesses du vert à travers le jean et fit rouler ses hanches sur lui, libérant malgré lui la langue de Deku lorsqu'il ouvrit la bouche pour gémir sous le plaisir de la caresse sur son érection. Trop rugueuse, trop froide, pas assez Deku, mais si plaisante qu'il recommença aussitôt, appuyant plus encore sur le bassin du vert pour accentuer la pression, récompensé du gémissement dans sa bouche.

Encore.

Il réitéra, encore et encore, jusqu'à pouvoir sentir l'impatience de Deku à un infime tremblement niché entre ses doigts, dans les caresses dont il parait son corps, à l'agacement perceptible dans leurs baisers, devenus si chaotiques et précipités qu'un filet de salive leur avait échappé. Dégoûtant. Excitant.

« Lève-toi. S'il te plaît. » se força-t-il à rajouter, entre un baiser et un gémissement, les mains déjà sur les cuisses de Deku, agacé de la barrière du jean, bien trop épaisse. Il défit en catastrophe la ceinture, si lâche qu'elle était inutile, dézippa le bordel et commença à faire descendre cette saloperie tant bien que mal, sans pouvoir attendre que Deku se lève. Celui-ci pouffa de rire devant son empressement, un son bien trop enfantin pour les envies salaces qui défilaient dans l'esprit de Katsuki, bien trop pur pour sa queue douloureuse contre celle de Deku, puis le vert l'abandonna brusquement, se relevant sans effort aucun en dépit du canapé dans lequel ses pieds se perdaient. Et d'un coup, son jean glissa sur ses chevilles, dévoilant ses cuisses parfaites, pile devant Katsuki.

Qui y enfonça le nez, vénérant la douceur merveilleuse de la peau, le moelleux absolu des muscles sous ses doigts, sous ses dents, y déclamant une dévotion infinie. Ces cuisses envahissaient ses nuits des rêves les plus fous et étaient littéralement tatouées de son désir, en morsures passées ayant laissé leur trace. Cicatrices de plaisir pour y écrire son adoration de Deku. Il s'enivra de la sensation des cuisses cédant sous ses doigts, les laissant tant s'enfoncer en elles qu'elles semblaient absorber ses caresses, retenir ses mains et ses dents alors qu'il y égrenait un chapelet de prière à la gloire de leur perfection.

Et puis, quelques centimètres plus haut, il lécha la queue de Deku à travers son caleçon, lentement, imbibant le tissu de leurs salives, charmé par les sons étranglés au-dessus de lui. Avec grand regret, ses mains abandonnèrent les cuisses divines pour remonter jusqu'au cul et il plaqua le bassin de Deku contre lui, lui refusant tout échappatoire aux cercles qu'il traçait sur son érection du bout de sa langue, à l'aplat de cette dernière qui redessinait les contours de sa queue à travers le sous-vêtement, goûtant un plaisir rarement dévoré. La faute au temps.

Aussi ralentit-il celui-ci le plus possible, drogué de l'odeur de sueur musquée que chacun de ses coups de langue semblait faire émerger de la peau encore dissimulée, absorbé par la sensation du tissu brûlant de la chaleur de Deku contre sa bouche. Cela ne sentait pas la clope, pas ici, pas sous les habits et le sous-vêtement qu'il ôta délicatement, pas là au creux de la touffe de poils verte dont la ligne descendait le long de son ventre en un chemin de plaisir qu'il aurait parcouru encore un milliard de fois avant d'en être lassé.

" Att… "

Non. Certainement pas. Sa langue s'enroula autour de la queue devant lui sans laisser à Deku le temps de finir sa phrase, sans prendre le risque de se faire arrêter, de devoir patienter encore une poignée de minutes pour sentir l'étendu du désir du vert enfoui dans sa bouche. Le gémissement de Deku s'agrémenta d'un tremblement qui l'envoya main contre le mur pour assurer son équilibre, lui qui ne vacillait jamais. C'était meilleur que son odeur, meilleur que son goût sur sa langue, la manière dont le moindre de ses mouvements écorchait la respiration de Deku, en une mélopée de plaisir à le rendre fou. S'il ne l'était pas depuis longtemps.

Sa salive se teinta d'un goût salé, liquide pré séminal au fond de sa gorge qu'il avala aussitôt pour enduire celle-ci de la saveur de l'excitation de Deku et dénudant ses crocs juste assez pour effleurer la queue entre ses lèvres, fit courir la pointe de ses dents le long de l'érection. Sans pouvoir s'empêcher d'enfouir son nez dans les poils englués de sa salive et de sueur, de reprendre derechef cette queue au fond de sa gorge sous une plainte aiguë de Deku qui infiltra son bas-ventre d'une décharge de plaisir frustré. Pourquoi sa queue en lui, sa langue sur chaque recoin accessible et son odeur saturant son odorat, c'était trop peu, jusqu'à sa gorge qui s'imprégnait de sa saveur et ses mains perdues dans sa chair, ce n'était pas assez ?

Il n'avait pas la patience de le faire jouir sur sa langue, quand bien même le souvenir de son sperme dans sa bouche le faisait saliver au point que ses allers-retours sur l'érection de Deku deviennent presque trop glissants, trop faciles, frustrants. Libérant la queue luisante de sa salive, ses dents mordirent la hanche, pile là où un ancien entraînement avait laissé un souvenir en forme d'éclair, il se souvenait de son inquiétude et du sourire de Deku pour le rassurer, en dépit du sang qui dégoulinait le long de sa jambe.

La douceur de la peau, ronde sous ses doigts, désagrégea le souvenir alors qu'il avança sa main jusqu'à l'intimité de Deku en prêtant attention aux gémissements qui faisaient vibrer sa joue contre le ventre du vert, accroché à l'idée de le préparer en douceur en dépit de tout.

Il eut beau y aller avec toute la douceur et la délicatesse dont il pouvait encore faire preuve, avec son cœur mourant de désir et sa queue au martyr, son index glissa en Deku avec une facilité déconcertante qui ne pouvait signifier qu'une chose. Au-dessus de lui, le sourire se fit mutin, presque tranchant dans les joues que ledit sourire rendait à nouveau rondes, image fragmentée du passé qui donna envie à Katsuki de l'étreindre un peu plus :

« Moi aussi, j'avais envie de toi. Trop. »

Aveu sans fard, bien trop rare donc infiniment précieux. L'idée seule que Deku s'était préparé en pensant à lui, pour lui, faillit le faire jouir sur le moment. Il descendit le vert du canapé sans tenir compte de sa protestation et se releva d'un bond, les mains de Deku déjà sur sa ceinture, son pantalon qu'il arracha plus qu'il n'enleva, aussitôt suivi du caleçon avec ce qui semblait être un soupire de soulagement du vert contre ses lèvres. Chaleur glacée sur son membre, l'alternance des bagues et de la peau brûlante qui les portait créait des décharges de plaisir remontant en plainte dans sa gorge. Ses lèvres se perdirent dans les boucles vertes pour y murmurer à quel point c'était bon.

Et à quel point c'était frustrant, infiniment trop peu, en une litanie de « je te veux, je te veux, je te veux... », soufflés si doucement que Deku les récoltait sur son souffle, dans leur baiser, sur ses lèvres avides des siennes au point de le faire quasi miauler de désir sous leurs caresses. Deku colla son corps au sien, lentement, anéantissant l'espace entre eux en créant une fournaise d'un genre nouveau, de ceux qui assassinaient les amants pour les faire renaître dans leurs amours et appuya de tout son poids sur le blond, le fit ployer sous sa force insoupçonnée à le rasseoir sur le canapé. Katsuki aurait aimé que la lune soit pleine, qu'elle dispense un peu plus de lumière, pour ne perdre aucune miette du tableau sublime de Deku en face de lui, nu, se penchant sur sa bouche pour glisser ses cuisses de part et d'autre des siennes, retrouvant la brûlure familière de la peau du blond avec un soupir de soulagement.

Il sentit le sourire de Deku contre ses lèvres, lorsque la main du vert glissa sur leurs sexes réunis au creux de son poing, joueur, aguicheur, amusé par le grognement de frustration de Katsuki. Et en même temps, la caresse de sa queue sur la sienne, enfermée dans la chaleur de la paume de Deku, était terriblement plaisante, vague de plaisir qui mourrait sur les lèvres de Deku au diapason des gémissements de ce dernier. Encore. Assez. Plus.

Délaissant la taille fine, Katsuki attrapa une poignée de boucles à pleines mains, ploya le dos de Deku jusqu'à pouvoir mordiller son cou sans se soucier de son menton, crachant sur la peau déjà ravagée de ses morsures :

« Je te veux. Maintenant. »

Le temps qu'il lâche les boucles pour relever le bassin de Deku à deux mains, histoire d'assurer sa prise, le vert inclina la tête et laissa couler un épais filet de salive sur la queue de Katsuki, l'enduisit complètement en trois allers-retours experts de ses doigts si fins, détruisant la patience survivante du blond. Sa respiration se bloqua quand les cuisses de Deku se soulevèrent pour l'aider, une fraction de seconde avant que sa queue lubrifiée ne le pénètre, en un mouvement ridicule qui suffit pourtant à fouailler le bas-ventre du blond de plaisir, avec un gémissement étranglé résonnant dans les paumes de Deku, posées à plat sur ses épaules.

Et puis l'univers redevint unique.

Tout disparu alors que Deku s'abaissait lentement sur lui, le plaisir qui noya sa raison l'autorisa seulement à regarder son monde à lui se mordre les lèvres sous son propre plaisir. L'air même n'existait plus, pas alors que les mouvements de hanches de Deku les faisaient gémir dans le même souffle, la même plainte, la même volupté bien trop grande pour leurs corps qui les submergeait au point de décorer leurs images d'étoiles.

La vision en contre-jour dans l'obscurité du corps longiligne de Deku sur ses hanches lui coupa le souffle : il l'avait martyrisé, harcelé, ignoré, battu, pourquoi était-il là ? De cette même langue qui caressait le torse de Deku comme une affamée, il avait débité les pires insultes, les paroles les plus vicieuses qui s'étaient enfoncées dans l'âme de Deku pour la tordre un peu plus à chaque syllabe, pourquoi sa bouche s'accrochait-elle à la sienne comme si c'était son unique moyen de survie ? De ses mains sur son dos, remontant jusqu'aux épaules pour y effleurer les mèches bouclées, il l'avait marqué, il sentait encore à chaque passage le grumeleux cicatriciel de la brûlure de la forme de sa paume, juste sous l'omoplate, pourquoi Deku le chevauchait en l'étreignant comme s'il n'existait pas d'endroit plus beau sur terre que ses bras ?

Et ça s'enfonçait un peu plus dans le cœur de Katsuki, ravagé par les soupirs de Deku qui lui bousillaient l'âme en s'y imprégnant un peu plus. Mille années de sa vie pour qu'il ne s'arrête jamais.

Encore.

Deku roula des hanches sur lui, la chaleur de son corps autour de sa queue lui tira un gémissement et il mordit le bras du vert pour l'empêcher de s'éloigner. S'il l'avait pu, il aurait cousu la peau du vert à la sienne pour ne jamais le laisser le quitter, ne jamais avoir à sentir l'absence de sa chaleur sur son torse, mais il se contenta de gémir encore et encore de plaisir, les reins en feu et l'âme à l'agonie.

« Attends... »

« Kacchan ? »

Un jour, entendre ce surnom dans la bouche de Deku ne lui ferait plus rien, un jour, il en sourirait même, amusé, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, le surnom lui gonflait le cœur d'une idée insensée, à chaque fois la même, une illusion débile, un espoir fou furieux, celui que rien n'avait changé. Il était toujours Kacchan et lui Deku. Cela avait toujours été ainsi et ça le serait toujours, jusqu'à ce qu'ils crèvent, n'est-ce pas ?

« Plus doucement. Je veux profiter de toi. »

Juste en dessous des taches de rousseur, un sourire léger se glissa au coin des lèvres de Deku, si doux qu'il se jeta dessus pour emporter dans sa bouche un peu de cette douceur. Sa langue se força un chemin jusqu'à se lier à celle de Deku, de quoi lécher sa respiration quand, avec une lenteur délicieuse, il souleva son bassin lentement, teintant leurs souffles d'un gémissement frustré, avant de l'empaler de nouveau sur lui.

C'était bon, si doux qu'il aurait voulu en mourir sur place, à quoi bon le paradis quand il pouvait sentir le cœur de Deku contre le sien, pliés à la même cadence par le plaisir, à quoi bon l'enfer quand ils pouvaient faire l'amour ainsi, comme si demain n'existait pas ? Et les hanches de Deku qui suivaient le rythme de ses mains menaçaient à chaque instant d'arrêter son souffle de plaisir, après avoir assassiné des années plus tôt son libre-arbitre.

Il aurait voulu tatouer le son du geignement de plaisir de Deku, toujours le même, lorsqu'il s'enfonçait pile au bon endroit, sur sa peau, pour pouvoir entendre à l'infini ce hoquet haché qui lui donnait envie de le ravager. Ses dents heurtèrent celles de Deku à cause d'un coup de rein un brin trop fort, pourtant si plaisant qu'il ne put s'empêcher de recommencer, oubliant sa volonté de profiter dans le plaisir qui se nouait en lui à l'en rendre fou. Sous ses doigts perlaient des gouttelettes de sueur de Deku, balayées par la sienne qui imbibait leurs corps de son odeur, à l'exception du cou du vert où Katsuki perdait sa bouche pour y gémir plus encore.

« Kacchan... Je vais... »

Ce putain de surnom, encore, toujours. Il s'enfonça en Deku si violemment que les genoux de ce dernier quittèrent le canapé et son souffle sa bouche, pour un cri de pur plaisir que Katsuki devait entendre à nouveau dans la seconde, pour sa propre survie et il recommença son mouvement, immédiatement. Et encore. Contre lui, le geignement se répéta, si rapproché du précédent et du suivant qu'ils se fondirent en un seul et même cri, seulement ponctué par les coups de reins de Katsuki et agrémenté d'inspiration hachée quand le plaisir finissait par chasser l'air de leurs poumons. La jouissance qui menaçait lui brûler les veines nouait son estomac d'une tension insupportable, un peu plus intolérable à chaque mouvement où il s'enfonçait un peu plus dans la chaleur de Deku, transformait ses mains en griffes pour qu'il retienne un peu plus son amant contre lui, le dévorant des yeux.

C'était sublime, ce corps arqué sur le sien, cette courbe qui dévoilait son torse à la merci de son plaisir, qui offrait sa gorge pour ses lèvres qui s'égaraient malgré lui contre la peau, juste assez pressées pour y sentir le rythme fou du cœur de Deku. Pour y déchiffrer, du bout de sa langue, le plaisir écrit en braille pulsé sous la peau. Il n'aurait eu besoin que de ça pour sentir l'orgasme, si son esprit n'avait pas retenu, depuis des années, le sanglot caractéristique, un peu étranglé, qui étreignait Deku juste avant que l'orgasme ne le prenne. Juste à temps pour qu'il lève les yeux et regarde son monde rejeter la tête en arrière sous la volupté, bouche ouverte sur un cri somptueux, l'attirant à lui comme si la moindre distance entre eux à cet instant était un sacrilège.

Son propre orgasme le submergea sans crier gare, rompant d'un coup d'un seul le nœud de ses reins en une vague de plaisir si intense qu'elle l'aveugla une fraction de seconde.

Juste le temps de graver sur ses nerfs à vif le murmure de Deku, contre sa peau, piégé dans leurs odeurs entremêlées.

Katsuki le garda serré contre lui à lui faire mal, accroché à son corps sans pouvoir supporter le lâcher, même pour permettre à Deku de respirer plus facilement et autre chose que ses cheveux, récupérant son souffle en embrassant délicatement la clavicule du vert, prenant soin de ne pas toucher les suçons de son cou. Certaines œuvres étaient trop parfaites pour qu'on y retouche.

« Ça va ? »

Sa propre voix sonnait rauque, encore écorchée de plaisir et il sentit contre sa peau le sourire amusé de Deku, juste avant qu'il ne redresse un peu la tête pour plonger son regard dans le sien. Il avait la voie lactée qui lui dégoulinait des yeux, éparpillée dans les larmes que Katsuki recueilli de ses baisers. Sel étoilé sur ses taches de rousseur, qui avaient le goût des matinées ensoleillées.

« Ça va. Intense. Comme toujours. »

« T'aimes ça. »

« Jamais dit le contraire. »

Un gloussement de rire échappa malgré lui à Katsuki, infusant le sourire de Deku de cette nuance particulièrement d'amusement, celui de voir le blond céder, rien qu'un instant, à une blague. Toujours les siennes.

Dans le silence clignotant des lumières festives au-dehors, ils restèrent immobiles un instant, à annihiler le monde du dehors par leurs regards qui cherchaient tout deux à graver l'image de l'autre sur leurs âmes, en sueur et à bout de souffle, encore imprégnés des bribes de plaisir. Jusqu'à ce que Katsuki remarque le changement dans les prunelles de Deku, le basculement infime vers un regard curieux qu'il avait croisé presque chaque jour béni de son enfance, agrémenté d'une de ses innombrables questions :

« À quoi tu penses ? »

« Que j'aime pas Noël. »

Deku se pencha sur lui pour poser ses lèvres sur les siennes, tout doucement.

« Putain de menteur. »


« Dynamight ? »

« En personne. Que me vaut le non-plaisir de votre visite le lendemain de Noël à… » Katsuki se pencha vers sa cuisine pour vérifier l'horloge, « … 8h du matin ? »

« Nous… Nous venons pour vous poser quelques questions. »

« J'écoute. »

Le duo de policier se regarda, horriblement gêné, mais comme Katsuki restait impassible sur le pas de sa porte et qu'ils n'avaient aucun moyen diplomatique de demander à la montagne de muscle en boxer et peignoir, café à la main, de se pousser, le plus jeune attaqua :

« On a eu un signalement… Hier soir… De… D'un… Un cambriolage dans le quartier. »

« J'étais en congé. »

« Nous le savons, nous le savons, mais ce n'était pas pour ça… Il y a eu un témoin… »

Katsuki continua d'afficher la même expression, profitant de l'hésitation grandissante du policier pour siroter une gorgée de café, qui refroidissait bien trop vite là comme ça avec l'air froid du dehors. Et l'idée d'un café froid, ça le foutait en rogne.

« Le témoin… Pense avoir reconnu quelqu'un… Un… Un des auteurs du cambriolage… »

« Le seul. » rectifia le collègue.

« Oui, oui ! Il n'a pas pu identifier formellement... Mais... on se demandait... Auriez-vous vu quelqu'un de suspect ? Qui aurait pu avoir un lien avec le cambriolage. Comme notre témoin l'a vu ? »

« Vous avez pensé à l'interroger, ce témoin, plutôt que moi ? »

L'autre se dévoua face à l'âpreté du blond :

« Est-ce que vous pouvez simplement nous dire si vous avez vu un individu suspect dans les parages, s'il vous plait ? »

« Pas depuis ma dernière patrouille. Y'a deux jours. »

« Le témoin est... Formel. L'individu en question aurait escaladé la barrière de votre jardin dans sa fuite. »

« Je n'ai vu personne hier. »

« Pas même une ombre dans le jardin ? »

« Personne. »

« Ou quelqu'un qui se serait rapidement introduit chez vous ? »

« Chez un pro-héro ? »

L'absurdité soulignée par Katsuki résonna dans l'air piquant du matin, déstabilisant les policiers au point que le plus jeune se dandine sur place comme un pingouin avant de se jeter une dernière fois à l'eau, courageusement :

« Vous n'avez hébergé personne hier soir ? »

« Vous n'êtes pas en train de suggérer que j'ai abrité un voleur, officier. Pas dans ma maison. Non ? »

Demi-tour, marche arrière toute : « Nooon, pas du tout, pas du tout » « Monsieur Dynamight enfin ! » suivi d'un concert d'excuses en contrition majeure et embêtement accentué, que Katsuki acheva d'un grognement et il referma la porte, nez retroussé face à la froideur de son café du matin, son préféré, saloperie de flic. Le blond déposa la tasse inutile sur le comptoir et s'étira. Quels cons.

Le silence de la chambre n'était rompu que par la légère, si légère respiration dans son lit, les boucles vertes s'illuminant dans les rayons ras de l'aube, tardive en hiver. Cela faisait des fils dorés autour des taches de rousseur. Sans pouvoir s'en empêcher, Katsuki se baissa pour enfouir son nez dans la masse bouclée, respirer son odeur jusqu'à pouvoir presque la sentir sur sa langue, odeur chaude de corps endormi, un brin de sueur et de sperme et partout, mêlé à l'odeur piquante de Deku qui évoquait la forêt, son odeur de caramel brûlé à lui. Comme ça devrait toujours être.

Une main dans les boucles qu'il tritura en remarquant au passage qu'elles se faisaient de plus en plus longues, bientôt, il pourrait tresser les mèches avec un peu d'entraînement, il alluma la télé, toujours sur silencieuse en raison de son habitude à laisser ses appareils auditifs dans la salle de bain avant d'aller se coucher. Il trouva dès la première chaîne d'information en continu, bien sûr, comme si les médias allaient laisser passer ça.

Sur les images de la rue voisine à la sienne, comme le stipulait abondamment les encartes, il vit une silhouette floue remonter les jardins en courant, si rapide qu'elle en devenait impalpable visuellement, utilisant le moindre recoin d'ombre pour s'y dissimuler, jusqu'à escalader la haute barrière de protection de son propre jardin, culminant à près de deux mètres, avec une aisance remarquable. Autant pour le prétendu infranchissable périmètre de sécurité qu'il avait payé une blinde.

Il était aussi aveugle que lui sourd, leur témoin, parce que même avec la qualité de merde des caméra de surveillance bon marché, l'absence de lumière et la rapidité de l'action, il aurait reconnu la silhouette fine à des kilomètres, la démarche fluide et précise, comme si chaque pas était soigneusement calculé, le style vestimentaire soigneusement choisi pour être cool et invisible à la fois. La manière dont il ne jetait aucun regard en arrière, jamais, concentré sur sa prochaine action et le déroulement de son plan. La putain de chevelure bouclée.

À ses côtés, le regard de Deku, toujours enfoui sous les draps, le scrutait avec la même attention qu'il l'aurait fait d'un ennemi et Katsuki lui dédia un demi-sourire, sachant pertinemment qu'il analysait le relâchement de ses épaules, la posture de ses bras, de ses mains, la manière dont il bougeait. Il dû offrir un tableau assez rassurant pour que Deku le laisse encore un peu enfouir sa main dans ses boucles, caresser la douceur de sa peau de temps à autre, quand ses doigts descendaient sur la joue. L'attention du vert bondissait sur lui sans qu'il ne sache ce que l'esprit fin et retors de son amant cherchait et il reporta son propre regard vers la télé pour échapper à l'intensité de Deku. Une annonce à l'écran le fit rire :

« T'as braqué une bijouterie ? » Le silence que lui offrit Deku ne l'empêcha pas de ricaner. « T'aurais large pu te faire une banque. »

« C'était pas le fric que je cherchais. »

Le vert se redressa en laissant entrevoir sa frimousse au travers des boucles en vrac, le drap glissant sur sa nudité comme une offrande se dévoilant lentement, dans cette lumière d'aube qui lui donnait des airs de statue à la perfection absolue. À gestes lents, Deku extirpa de sous son oreiller une minuscule boite, soigneusement fermée.

Avec un soupir résigné, Katsuki attrapa la boite bien évidemment frappée du sigle de la bijouterie, qu'il ouvrit dans l'attente de la chute de la blague de Deku, il y en avait toujours une dans ses plans, un twist de fin qu'il ne racontait qu'à lui, lors de leurs conversations post-sexe, une ultime plaisanterie qui relevait toute la finesse d'exécution du plan et donnait à Katsuki la clé du talent infini de son amant. Quand bien même ce talent était utilisé pour des braquages, vols et trafics en tout genre.

Mais la blague n'en était pas une. Pas cette fois. Ou alors si bien orchestrée et si cruelle qu'il ne voulait même pas envisager cette option, pas de sa part. Pas à lui.

« C'est une idée de merde. Mais c'est pas la première qu'on aurait eue. Et puis... ça compensera peut-être pour l'odeur de la clope. » ajouta Deku, avec une pointe d'humour.

La réserve de Katsuki fondit assez pour laisser échapper un minuscule sourire, plus rictus que franc sourire, plus lumineux que le soleil au-dehors, sourire que Deku embrassa avec légèreté avant de disparaître dans sa salle de bain pour une douche qu'il savait brûlante.

Et Katsuki resta immobile, au creux des draps encore tièdes de leurs chaleurs, encore saturés de l'odeur de leur désir, ses doigts cartographiant avec avidité la bague extraite de la boite, sa bague, le regard perdu sur les images du plus grand et recherché criminel de leur époque, le Villain Deku.