Note de l'autrice : Hello tout le monde ! Voici le nouveau chapitre à l'heure et prêt à être dévoré.

On arrive dans le vif du sujet avec beaucoup d'évènements. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à laisser un commentaire pour ceux qui ne l'ont pas encore fait.

Ce chapitre a été corrigé par Livia Tournois qui sort actuellement son deuxième livre auto-édité "Aventurières".

Bonne lecture !


Chapitre 19

- Et après, Angelina s'est pris un coup de batte parce que George essayait une figure de sa propre création. Il ne l'avait pas vu. Olivier s'est mis à hurler de colère mais Angelina l'a super mal pris car ce n'était pas de sa faute. En même temps, Olivier avait raison car elle n'était pas à son poste. Bref, tout le monde a essayé de calmer le jeu sauf qu'Angelina est partie comme une furie. Et après ça, plus personne ne savait quoi dire !

Potter était un moulin à paroles. Qui l'aurait cru ?

Depuis un mois et demi, le gamin se rendait deux fois par semaine dans les cachots pour prendre ses potions. Une routine s'était installée. Severus corrigeait ses copies tandis que le Gryffondor mangeait, la plupart du temps beaucoup trop bruyamment.

Sa croissance était repartie doucement à la hausse d'après Pomfresh. Severus, en bon Serpentard qui assure ses arrières, préférait cependant continuer les rendez-vous avec Potter pour vérifier qu'il continuait de manger.

Le philtre qu'il lui donnait ne comportait plus que quelques vitamines que n'importe qui pouvait prendre en période hivernale.

A quel moment le gamin avait jugé bon de commencer à parler et c'était senti assez à l'aise pour raconter sa journée ? Severus n'en avait fichtre aucune idée mais cela lui donnait régulièrement mal à la tête. A chaque fin de repas, il se promettait de ne plus le convier mais étonnamment, il recommençait sans trop savoir pourquoi.

Et quelle excellente idée avait-il eu ce soir de demander comment s'était déroulé son entraînement de Quidditch ! Ici, sans aucun doute, Potter avait hérité du gène passionné de son père pour ce sport.

- Et après - Severus étouffa un soupir agacé face à ce tic de langage - Fred a essayé de détendre l'atmosphère. Il a dit qu'Angelina devait sûrement être dans sa période du mois.

Severus leva ses yeux de la copie - d'un niveau affligeant - qu'il corrigeait pour plonger dans ceux excessivement inquiets de celui du garçon. Nul doute que son cerveau tournait à cent à l'heure et qu'il était déjà en train de s'imaginer un tas de choses.

Les lèvres pincées, le maître des potions hésita à arrêter les pensées du gamin qui semblaient partir dans tous les sens mais il se ravisa et se replongea dans sa tache. Il pouvait presque entendre les méninges de l'enfant s'agiter mais il refusa de s'engager sur ce terrain.

Au bout d'un moment, le bruit des couverts lui indiquèrent qu'il s'était remis à manger.

- Est-ce qu'on a le droit d'avoir des élèves loup-garous ?

Severus posa sa plume doucement malgré sa sidération.

- Pourquoi donc cette question ?

- Ron pense qu'Angelina est une loup-garou parce que… Vous savez… Après ce que Fred a dit, la période du mois. Mais Neville nous a entendu et il a dit qu'il était impossible qu'on fasse venir un loup-garou dans l'enceinte de Poudlard.

- Et votre Miss-je-sais-tout n'a rien trouvé d'intelligent à dire je suppose ? s'amusa-t-il à imaginer la scène respirant de naïveté.

- Mais c'est ça le plus bizarre ! s'emporta le gamin les yeux brillants de curiosité. Elle a dit qu'on était juste stupides et qu'on ferait mieux de faire notre devoir de Métamorphose. Et puis d'ailleurs, arrêtez de l'appeler Miss-je-sais-tout ! Hermione est ma meilleure amie.

Severus leva les yeux au ciel face à tant de susceptibilité. Il ne put cependant retenir un certain amusement face à la candeur de ces gamins, mêlés à de l'inquiétude qu'il soit si peu au fait des… choses de la vie.

- Alors c'est possible qu'un loup-garou soit élève ?

- Oui Potter, c'est possible, finit-il par répondre sans lâcher des yeux sa copie, les souvenirs de sa cinquième année s'agitant dans son esprit.

Devait-il prendre le risque de lui raconter l'histoire de cet élève loup-garou à Poudlard ? Désormais, le visage de Remus Lupin flottait dans son esprit et cela n'avait rien d'agréable.

- Mais ce n'est absolument pas le cas de Miss Johnson, ajouta-t-il. Soyez rassuré. D'ailleurs, si vous aviez été un brin intelligent vous et vos copains, il vous aurait suffit de regarder le calendrier lunaire pour comprendre que votre théorie ne tenait pas la route.

- Oh mais je n'étais pas inquiet, répondit Harry. On se disait juste avec Ron qu'on aurait pu l'aider si elle le vivait mal.

Severus fut pris d'une quinte de toux. Ce gosse était le digne fils de ses parents. Douce Lily qui avait passé tant de temps avec Lupin à l'époque… Severus en avait crevé de jalousie. Une obsession sournoise s'était immiscée dans sa tête et il n'avait eu de cesse de chercher quel était le secret de ce garçon pendant tout le premier semestre.

Se pinçant l'arête du nez, le professeur agita sa baguette pour faire disparaître le repas de Potter qui avait terminé de dîner depuis plusieurs minutes.

La plupart du temps, lorsque le Gryffondor discutait, Severus n'avait juste qu'à écouter son monologue. Parfois il le reprenait lorsqu'il disait quelque chose d'incorrect ou que l'occasion se présentait pour lui rappeler de travailler sur ses devoirs. Et bien qu'il ne l'aurait jamais admis même sous la torture, ces soirées n'étaient finalement pas vraiment désagréables.

En revanche, lorsque Potter réveillait en lui des souvenirs si enfouis qu'il les avait oubliés, il se demandait sérieusement ce qui lui avait pris de promettre à Dumbledore de garder un œil sur le garçon.

Harry Potter avait le pouvoir d'ouvrir des brèches que Severus pensait parfaitement colmatées dans le ciment du déni. Bien malheureusement, cet enfant faisait tout exploser dans ce genre de moment. Sans même le vouloir, Harry avait le pouvoir de le projeter plusieurs années en arrière.

- Et bien vous n'aurez pas à faire ça, dit-il lentement. Maintenant, je vais vous raccompagner…

- Mais qu'est-ce qu'il voulait dire alors Fred ? Qu'est-ce qu'il entendait par période du mois ?

- Oh bon sang ! siffla Severus parfaitement mal à l'aise. Il y a différents prospectus à ce sujet dans toutes les salles communes des élèves !

- Mais vous pouvez m'expliquer quand même ! Qu'est-ce que ça vous coûte ? demanda-t-il d'une voix plaintive.

Les yeux verts du gamin brillait de curiosité et de naïveté. Un véritable petit garçon.

Severus se leva et se mit à faire les cents pas. Décidément, il se transformait en véritable Dumbledore…

Il expliqua alors de façon très sommaire et mécanique ce qu'avait voulu dire ce stupide gamin Weasley et qui le mettait désormais lui dans une situation qu'il n'aurait jamais imaginé. Dans quel monde parallèle, lui Severus Rogue, expliquait au rejeton Potter les mécanismes de l'anatomie humaine ?

Harry devenait de plus en plus rouge au fur et à mesure des explications et à la fin, il semblait tantôt effrayé, tantôt fasciné.

- Par ailleurs, la réflexion que Weasley numéro cinq a dit est totalement inappropriée. Ce ne sont pas des choses qui se disent. Maintenant, à moins que vous vouliez savoir comment on fait les bébés, j'aimerais vous raccompagner à votre salle commune.

Le regard paniqué de Potter rassura au moins Severus sur un point : il n'était pas aussi naïf.

Ils marchèrent silencieusement jusqu'à la tour de Gryffondor. Le gamin ne parla plus du tout. Son visage était sérieux et il semblait perdu dans ses pensées.

Pourtant, une fois au pied des escaliers de la tour des lions, Harry releva la tête. Son regard déterminé attira la méfiance du maître des potions.

- Je voulais savoir…

Par Merlin… Le gamin n'allait quand même pas lui demander pour les bébés…

- Est-ce que je peux changer de lieu de retenue et venir avec vous ?

Ouf…

- Certainement pas.

- Mais c'est horrible mes retenues avec Lockhart ! Il me fait signer ses stupides cartes de vœux !

- Peu m'importe.

Oh que ce fut difficile de ne pas craquer face à ce regard vert chargé de larmes de crocodiles.

Mais il était hors de question de faciliter la tâche au Gryffondor. Il méritait le conseil de discipline. Un mois de colle avec Lockhart était peu cher payé compte tenu de ce que le Survivant et ses amis avaient trouvé à faire.

S'il avait tout fait au début d'année pour que Lockhart se trouve loin de Harry, les choses avaient changé.

L'homme n'avait aucune influence sur l'enfant et n'en aurait jamais.

Par ailleurs, depuis quand le gamin, Potter, Survivant et Gryffondor, venait réclamer du secours auprès de lui ?

- Au lit, dit Severus d'un ton qui n'autorisait pas la rébellion.

Harry hocha la tête, obéissant.

Enfin seul, Severus se permit un sourire bref en songeant à l'innocence de Harry qui le touchait malgré lui.

oOo

- Si Rogue est capable de t'expliquer ce genre de choses, tu ferais mieux de lui tirer les vers du nez pour Hagrid ! dit Ron qui enfilait son pyjama.

Harry avait raconté à son ami sa soirée. C'était devenu un rituel chaque fois qu'il revenait de chez Rogue.

Ron était rassuré et Harry se rendait compte du chemin parcouru entre lui et son professeur. Pour autant, il n'était pas certain qu'il soit judicieux de parler de ce qu'il avait découvert la veille dans le journal de Tom Jedusor.

L'objet n'était pas un vulgaire cahier. A peine Harry avait écrit à l'intérieur qu'il s'était retrouvé à échanger avec ce fameux Tom. C'est ainsi qu'il avait appris comment la Chambre des Secrets avait été ouverte cinquante ans plus tôt.

- Ce que je veux dire, reprit Ron qui boutonnait son pyjama, comment Hagrid aurait pu faire ça ? Et dans quel but ?

- Je ne suis pas certain que Rogue aurait les réponses…

Il avait l'impression que cette discussion avait eu lieu une bonne centaine de fois.

Lorsque Tom Jedusor lui avait montré en souvenir l'arrestation de Hagrid, Harry n'arrivait tout simplement pas à y croire. Pourtant, tout concordait concernant le renvoi de leur ami. Mais des questions restaient en suspens et le trio était incapable d'y répondre.

Ron avait alors pressé Harry pour qu'il questionne Rogue. Facile à dire lorsque ce n'était pas lui qui se chargeait de la besogne !

L'homme avait été très clair sur l'héritier et s'il apprenait que le trio mettait son nez là où il ne fallait pas, nul doute qu'il les aurait expédiés tout droit dans le Poudlard Express.

- Tu parles, cette chauve-souris à toujours réponse à tout ! Allez, il est tant de dormir ! T'as un match de Quidditch demain !

Harry observa son ami se glisser sous ses draps sans rien dire et se décida aussi à se mettre en pyjama, perdu dans ses pensées.

Il ne pouvait expliquer pourquoi il n'avait pas jeté le journal de Jedusor. Bien sûr, le trio avait fait des recherches sur Tom Jedusor mais ils étaient rentrés bredouilles. La seule chose qu'ils avaient appris était que Jedusor avait été récompensé pour service rendu à l'école.

.

Le lendemain matin, le dortoir des deuxièmes années fut réveillé de façon tout à fait désagréable. La voix autoritaire et pompeuse de Percy Weasley résonna beaucoup trop fortement aux oreilles de Harry qui tenta de se rendormir en vain.

- C'est une véritable porcherie ici !

- Dégage Percy ! Laisse-nous dormir !

- Il est neuf heures !

- Et on est samedi !

- Ron, plus vite tu te lèveras, plus vite ce sera terminé. Bon sang mais comment faites-vous pour vous déplacer ici !

La réponse de Ron fût étouffée par un bruit sourd. Se résignant à ouvrir les yeux, Harry se redressa dans son lit pour voir Percy étalé de tout son long par terre, ayant visiblement trébuché sur une des malles. Les joues rouges, le sixième année se releva avec le peu de dignité qui lui restait et adressa un regard assassin à Dean qui ravala son rire dans un étranglement.

- Vous allez me ranger tout ça avant la fin de la journée ! Et Ron, je t'ai déjà dit que Ginny a besoin de sa plume effaçable qu'elle t'a prêtée la semaine dernière. C'est un cadeau de Tante Murielle et elle y tient. Rends-la lui !

- Mais de quoi je me mêle ? s'emporta Ron. Ginny est assez grande pour venir chercher sa plume elle-même.

- Non mais qu'est-ce que vous faites ? On vous entend depuis la salle commune !

Hermione se tenait sur le palier, les sourcils froncés. Lorsqu'elle s'aperçut de la présence de Percy, elle se ratatina et bredouilla des excuses.

- Ce n'est rien Hermione, répondit l'aîné des Weasley - toujours heureux lorsqu'un élève se montrait impressionné par son statut de préfet - en bombant le torse.

- Qu'entends-je ? résonna une voix qui se révéla être celle de Fred Weasley.

- Mais oui c'est bien ça ! apparut George en poussant gentiment Hermione qui déclara qu'elle allait chercher Ginny. Perciflette fait encore des siennes !

- Mais enfin Perciflette, ça te réjouit tant que ça de jouer au petit chef et réveiller tout le château ?

- Vous deux ça suffit ! s'exclama Percy, rouge pivoine. Il s'agit d'une conversation entre Ron et moi !

- Ginny est assez grande pour demander ce dont elle a besoin ! Il est venu nous réveiller pour récupérer une plume que Ginny m'a prêtée comme si ça pressait forcément à la minute !

Seamus, Dean et Neville prirent le parti d'aller à la salle de bain afin de laisser la fratrie s'écharper.

- Tu t'ennuies tant que ça Perciflette ?

- La ferme Fred ! beugla Percy. Ginny était seule en bas face à sa feuille et les yeux dans le vide. J'ai juste voulu l'aider à se mettre au travail.

Harry se décida finalement à sortir de son lit et ranger ses affaires qui trainaient ici et là. Habituellement, les préfets prévenaient lorsqu'ils inspectaient les chambres, permettant à tous les élèves de ranger un minimum.

Harry attrapa une paire de chaussettes et la balança dans sa panière à linge sale. Il ouvrit sa malle, pensant au fait qu'il y aurait peut-être un vêtement ou deux qu'il aurait oublié de mettre au sale. Il fouilla à l'intérieur tandis que les frères Weasley continuaient de crier à travers le dortoir. Au milieu des boules de vêtements, il récupéra le journal de Jedusor qu'il posa sur son lit.

- J'ai demandé à Ginny de venir pour qu'elle puisse s'expliquer au sujet de cette plume, résonna la voix d'Hermione.

Percy grogna et tous les Weasley se tournèrent vers la benjamine qui se tenait à côté d'Hermione. Aussitôt qu'elle eût croisé le regard de Harry, elle rougit violemment et ferma la bouche.

Harry tenta de masquer sa gêne et se remit à ranger sa valise en tenant le journal de Jedusor serré contre son torse.

Ginny émit un bruit étouffé et ce fût finalement Hermione qui prit la parole :

- Ce serait bien que tu rendes la plume à Ginny lorsque tu auras terminé Ron mais elle n'en a pas besoin tout de suite.

Rapidement, les jeunes filles disparurent rapidement suivis par Fred et George dont le dernier lança une grimace puéril à Percy.

- N'oubliez pas que je repasse ce soir ! Rangez moi ce bazar et allez vous laver, ça pue le fauve ici.

- N'importe quoi, dit Ron lorsque son frère fut parti. S'il croit que j'irai me laver ! J'ai déjà pris une douche avant-hier !

Harry hocha la tête avec vigueur et se dépêcha de s'habiller pour descendre au petit déjeuner.

Le soleil de février perçait ça et là la couche de nuages qui couvrait le ciel mais le froid continuait de s'infiltrer dans les couloirs. Harry savoura avec plaisir un thé brûlant et mangea avec appétit.

L'absence d'attaque depuis plusieurs semaines autorisait un certain relâchement. Les weekends, les élèves pouvaient vaquer à leurs occupations tout en ayant ordre de respecter le couvre-feu. Les préfets et préfets-en-chefs assuraient la surveillance des couloirs et Percy assumait cette responsabilité avec le plus grand sérieux, ce qui avait tendance à énerver tout le monde.

Mais plus que Percy, Ron et Harry ne pouvaient plus supporter les parades du professeur Lockhart qui ne cessait d'assurer qu'il avait permis de sauver Poudlard des attaques. Ses vantardises laissaient les professeurs perplexes voire terriblement agacés. Harry avait bien remarqué - pour en avoir fait les frais lorsqu'il mangeait chez lui - la mimique si reconnaissable du professeur Rogue lorsqu'il était à deux doigts du point de rupture, prêt à déverser son exaspération. Seulement, il y avait quelque chose en plus dans le regard du maître des potions lorsque Lockhart s'adressait à ce dernier mais Harry ne savait pas l'identifier.

C'est en observant Rogue qu'il s'était aperçu de la moue dubitative de Mcgonagall et du regard songeur de Dumbledore. Ces trois-là étaient au moins aussi sûrs que Ron et Harry que Lockhart n'était pour rien dans l'arrêt des attaques.

Par ailleurs, les élèves observaient toujours Harry d'un œil suspicieux. A la fin de la matinée, alors que le trio profitait d'une balade vivifiante dans le parc, Harry se retrouva nez-à-nez avec Ernie Macmillan, un élève de Poufsouffle et accessoirement meilleur ami de Justin. Le garçon s'était planté devant lui, les joues rouges mais Harry était incapable de savoir si cela était à cause du froid ou de la nervosité apparente du garçon.

Ce dernier faisait partie de ceux qui lui adressait des regards sombres depuis qu'Harry avait utilisé le Fourchelangue au Club de Duel.

- Euh… Salut ? dit Harry avec hésitation.

- Je ne sais pas quel est ton plan Potter mais sache qu'on te tient à l'œil, déclara Ernie d'une traite. Je suis un sang-pur depuis neuf générations mais je n'ai jamais eu de problèmes avec les nés-moldus. Justin est mon meilleur ami et sache que si je n'ai pas su le protéger de toi, je ferai tout pour protéger ceux de ma maison.

- Pour qui est-ce que tu te prends, tête de gland ? lança Ron. Harry n'a rien fait ! Tout le monde sait qu'il était avec Rogue le jour où Justin a été attaqué.

- Ah parce que tu fais confiance à Rogue toi maintenant ? répliqua Ernie tremblant de peur comme une feuille mais le menton haut. Tu sais très bien qu'il était un partisan de Tu-sais-qui ! D'ailleurs, tu ne trouves pas cela bizarre ce rapprochement entre Potter et Rogue ? J'ai même entendu des Serpentard être étonnés de voir à quel point il ne dit plus rien à Harry en cours alors qu'il était sa cible préférée l'an dernier !

- Ça suffit ! coupa Hermione d'une voix ferme. Ernie, je comprends ta tristesse et ta colère mais bientôt Justin reviendra à lui, ajouta-t-elle d'une voix douce.

Ernie observa tour à tour les membres du trio puis tourna les talons. Courageux mais pas téméraire.

- Quel enflure celui-ci !

- Il est juste malheureux par rapport à Justin et s'en veut certainement de ne pas être intervenu plus tôt auprès d'Harry.

- Qu'est-ce que ça aurait changé puisque Harry n'est pas l'héritier de Serpentard !

- Je le sais Ron, soupira Hermione, mais Ernie doit certainement se dire "et si…" ?

- C'est un abruti. Harry est-ce que ça va ?

Harry cessa d'observer dans le vide et secoua la tête.

- Excusez-moi, je réfléchissais à ce qu'à dit Ernie concernant le professeur Rogue.

- Oh, dit platement Hermione avant de lancer un regard équivoque à Ron et de reprendre la marche vers la tour de Gryffondor.

- Quoi ? demanda Harry les sourcils froncés.

- Et bien, on en parlait justement avec Ron l'autre jour quand tu étais chez le professeur pour tes potions. Au début, on n'était pas trop sûr que ce soit une bonne idée tout ça mais on ne peut s'empêcher de constater qu'il est moins aigri et haineux qu'il ne l'était l'an dernier et puis… Comment dire ?

- Il te fait du bien, trancha Ron. C'est difficile à admettre au premier abord mais c'est George qui m'a permis de m'en rendre compte. Il a dit que tu souriais plus et que tu avais pris des couleurs. Ensuite il a ajouté que personne n'aurait cru que la chauve-souris des cachots en soit responsable.

- Et ça ne vous fait pas bizarre ? demanda Harry dont un poids se retirait inexplicablement de ses épaules.

- Au début, on avait surtout peur que ce soit un sale coup de sa part mais finalement on est aussi gagnant dans l'histoire. Tu n'as pas remarqué que les cours de potions étaient plus apaisés ?

- Il favorise toujours les Serpentard, répondit Harry en pensant encore comment Drago Malefoy avait eu des points alors que la potion d'Hermione était bien meilleure.

- Oh comme dirait ma mère, on ne change pas le caractère d'un gobelin en un seul voyage, mais Rogue nous retire moins de points et il a diminué ses répliques cinglantes. Même Neville semble un peu plus détendu pendant les cours de potion.

Harry ne s'était absolument pas aperçu de tout cela. Ses pensées étaient tellement parasitées par les attaques, la découverte du journal et la prochaine visite d'Hestia Jones - Mcgonagall l'avait prévenu à la fin des vacances scolaires que Jones viendrait prochainement - qu'il assistait aux cours avec un certain détachement.

Mais maintenant qu'il y réfléchissait, Harry ne pouvait nier que les cours de potions étaient bien plus calmes. Oh bien sûr, Rogue était toujours partial et il fallait tout comprendre du premier coup mais il était comme apaisé et se contentait souvent d'un regard sombre lorsqu'un élève réalisait mal sa potion. Il ne fallait cependant jamais aller trop loin dans la bêtise au risque de perdre des points. Rogue restait Rogue.

Harry s'apprêtait à demander à ses amis s'ils pensaient que le professeur de potions était aussi plus clément avec les autres classes mais Dean Thomas débarqua comme un boulet de canon.

Le regard paniqué, Harry se demanda un instant si leur camarade n'avait pas été témoin d'une nouvelle attaque.

- Harry, Ron ! On nous a saccagé notre dortoir !

Sans un mot, ils pénétrèrent dans la salle commune sous les hurlements outrés de la Grosse Dame clamant qu'on ne poussait pas un tableau de la sorte.

Hermione étouffa un cri avant même que Harry ne comprenne ce qui avait pu se passer. Tout était dévasté mais le coin de Harry était celui qui avait été le plus mis à sac. Le matelas retourné, les tiroirs de sa table de nuit décrochés, l'intégralité de ses vêtements jetés de leur armoire… Un véritable champ de bataille.

- Dire que Percy nous avait demandé de ranger pour ce soir, gémit Ron. Qui a bien pu faire ça ? Macmillan ?

- Comment aurait-il pu avoir le mot de passe ? demanda Hermione fort à propos. Ou alors ce n'est pas un élève…

- Le journal de Jedusor… Il a disparu, dit platement Harry.

A cet instant, la voix horrifique qu'il n'avait pas entendu depuis si longtemps s'empara de sa tête de façon si soudaine qu'il plaqua ses mains sur ses oreilles.

- J'ai si faim… Je vais trouver de la chair fraîche pour l'écorcher, la torturer, la transpercer…

- Harry ?s'inquiéta Ron.

- Ça recommence, la voix, dit Harry en regardant le plafond d'où il avait la sensation qu'elle provenait.

- Je crois que j'ai compris quelque chose ! s'exclama alors Hermione. Je vais à la bibliothèque !

Elle disparut aussi vite qu'un vif d'or. Ron et Harry tentèrent de remettre un peu d'ordre dans leur dortoir, habitués aux illuminations d'Hermione. Lorsqu'ils eurent terminé, les mains de Harry tremblaient encore. Il devait à tout prix se calmer s'il voulait pouvoir attraper le vif d'or pour le match de l'après-midi.

- Allons manger, dit Ron. Tu dois prendre des forces, on doit mettre la raclée à Poufsouffle surtout après ce qu'à dit cet imbécile !

Mais il n'y eut pas de match.

Alors que l'équipe de Gryffondor s'apprêtait à sortir des vestiaires après un discours long et barbant du capitaine de l'équipe, Olivier Dubois, le professeur Mcgonagall débarqua. La gravité sur son visage laissa deviner que quelque chose d'important venait de se passer.

Son regard se posa sur Harry qui sentit son cœur tomber comme une pierre dans son estomac.

oOo

Après l'attaque d'Hermione Granger, Severus ne pût s'empêcher de penser à Harry. Il savait déjà que la loyauté du gamin allait le mener droit dans le pétrin. Il briserait les règles et la promesse de cesser de chercher l'héritier de Serpentard.

Avalant dans une dernière gorgée son café -extrêmement serré- Severus signa un dernier courrier et s'autorisa un petit moment de faiblesse en s'adossant à son siège.

Bien évidemment que les attaques allaient reprendre.

Dumbledore lui avait demandé de garder un œil sur le Survivant mais aussi tous les élèves qu'il aurait pu trouver suspects au sein de sa maison. Et avec tout ça, Severus travaillait sur ses potions - particulièrement celle pour ramener les pétrifiés à la vie - en plus de tout ce qui lui incombait en tant que professeur de potions et directeur de maison.

Scellant l'enveloppe à l'adresse du père de Théodore Nott -encore un ancien camarade de la sombre époque- Severus déposa le courrier sur la pile prévue à cet effet afin que les elfes se chargent de les envoyer.

Les parents d'élèves de Serpentard, et plus précisément les anciens mangemorts, voulaient en savoir plus sur les attaques mais Severus répondait seulement qu'il menait l'enquête. Conservant cette double casquette de mangemort, il devait tourner le courrier d'une façon qu'il jugeait tout à fait détestable.

Un jour, il finirait par perdre la tête…

Les dix années auprès de Dumbledore l'avaient influencé sur les idéologies de sang-purs. Dumbledore lui avait montré la voie. D'abord en l'invitant à différentes conférences magiques où une flopée de grands sorciers venus de partout se rencontraient. Puis, en le missionnant pour aller chercher différents ingrédients à travers le monde.
L'ouverture d'esprit de Severus avait alors grandi - et il partait de loin- changé et petit à petit, sans même s'en rendre compte, le maître des potions avait délaissé les idées sur la pureté du sang.

Au fond de lui, il avait toujours su que ces histoires de hiérarchie sorcière n'étaient que de la poudre aux yeux mais elles lui assuraient une place privilégiée dans la société en tant qu'héritier des Prince, lui apportant un certain réconfort. Il pouvait assumer son goût pour la magie noire, pouvait faire payer aux autres toutes ses frustrations et se gardait une place en haut de l'échelle.

Bien maigre consolation lorsqu'il avait pu voir tout ce qu'il y avait perdu…

La nuit était arrivée à toute vitesse et Severus n'avait pas eu le temps de se rendre dans la Grande Salle. Il aurait aimé vérifier que le gamin y était bien.

Il chassa la boule d'angoisse qui se logeait dans son estomac comme à chaque fois qu'il pensait à cette dernière attaque et fila directement dans ses appartements. Une bonne douche et un petit remontant ne serait pas de trop.

.

Les jours suivants n'offrirent pas plus l'occasion à l'homme de voir l'enfant. Harry passa en vitesse pour prendre ses potions mais demanda à Severus s'il pouvait manger dans la Grande Salle afin de se rendre ensuite à l'infirmerie pour rendre visite à son amie.

Severus n'eût pas le cœur à lui refuser cette demande d'autant qu'il était lui-même sous l'eau.

Les courriers n'arrêtaient pas de tomber et des réunions exceptionnelles avaient lieu tous les deux jours. Le Ministère avait définitivement mis son nez dans les affaires de l'école et surveillait Dumbledore de très près.

Les deux hommes discutaient énormément sur les avancées de la potion et les réponses à apporter aux anciens mangemorts.

Severus entretenait sa couverture d'espion. Dumbledore y veillait au grain.

- Ils finiront par me renvoyer Severus, vous le savez aussi bien que moi, dit un soir l'homme alors qu'il observait le parc depuis son bureau.

Severus n'aimait pas quand le directeur abordait cet air. Cela signifiait que l'heure était grave.

- Vous continuerez de veiller sur Harry comme vous l'avez toujours fait, n'est-ce pas ? Il a besoin de vous plus que jamais.

Severus ravala la réplique cinglante qu'il avait sur le bout des lèvres et hocha simplement la tête. Il voulait nier, envoyer paître le directeur mais il ne pouvait tout simplement pas.

- Le ministre de la magie est arrivé, déclara Dumbledore d'une voix blanche. Lucius Malefoy ne devrait pas tarder d'après mes informations. Je pense que vous avez compris ce que cela signifie.

- Ils ne peuvent pas ! s'exclama le maître des potions d'une voix qu'il jugea beaucoup trop plaintive mais l'heure n'était plus à la gêne. Si vous n'êtes plus là…

- Severus, dit doucement Dumbledore en se retournant pour planter son regard bleu pénétrant dans celui du maître des potions, il y a des choses autrement plus importantes actuellement.

- Sans vous on ne pourra arrêter celui qui commet les attaques ! Vous le savez aussi bien que moi ! Et les élèves finiront par être renvoyés chez eux ! Que va-t-on faire de Harry ? explosa-t-il finalement sans même s'en rendre compte.

Severus tenta de masquer ses joues rougies par un masque d'indifférence mais il était déjà trop tard, le regard de Dumbledore pétillait. Par Merlin…

- Je suppose qu'une procédure d'adoption sera accélérée, déclara l'homme en caressant sa barbe d'un air songeur.

- Vous savez aussi bien que moi que cela prend des mois…

- Il ira en famille d'accueil en attendant. Ne faites pas cette tête Severus, les choses pourraient s'arranger. Maintenant si vous le voulez bien, je vais me rendre aux portes du château pour accueillir notre Ministre.

Dépité, Severus traversa le château pour se rendre à la tour de Gryffondor. Il devait voir Harry. C'était comme si ses entrailles le portaient droit vers l'enfant. Il avait comme ce besoin irrépressible d'être certain qu'il n'allait pas être envoyé à l'orphelinat sur le champ. C'était évidemment stupide mais le manque de sommeil et la peur qui lui tiraillait le ventre lui faisaient oublier tout sens de la rationnalité.

Lorsque Harry apprendrait le renvoi de Dumbledore, nul doute qu'il serait inquiet et déboussolé. Seul un idiot n'aurait pas remarqué à quel point l'homme comptait pour l'enfant. Il était un pilier dans son existence où trop peu d'adultes étaient présents pour lui. Et Severus avait suffisamment connu ce sentiment pour savoir à quel point il était puissant dans l'impact qu'il pouvait avoir dans une vie.

La salle de Gryffondor était vide du duo et Severus jura sous cape, la pression montant d'un cran.

Les gamins étaient déjà certainement à élaborer un plan pour trouver l'héritier. Étouffant un soupir, la peur s'échappa par tous les pores de sa peau pour laisser place à une colère sourde.

- Si je le trouve, il va se prendre la soufflante de sa vie ! maugréa-t-il lorsqu'il trouva l'infirmerie exempte de visiteurs.

Avec appréhension, il observa la forêt interdite où le gamin s'était réfugié quelques mois plus tôt. Aurait-il pu entraîner Weasley là-bas ? Et pour quoi faire ?

Il vit alors du mouvement au loin, à côté de la cabane du gardien des clés et des lieux. Dumbledore s'en allait, accompagné de Fudge, Malefoy père et Hagrid.

Severus vola presque jusqu'à la résidence permanente du demi-géant mais le quatuor était déjà parti. Il entendit alors des voix et reconnut celle de Harry. Soupirant presque de soulagement, il contourna la cabane et trouva les deux gamins en pleine discussion.

- On ne va quand même pas aller dans la forêt ? s'exclama le rouquin.

- Il nous a dit de suivre les araignées ! Je suis certain que Hagrid n'a jamais rien fait mais peut-être aurons-nous des réponses.

- Bon…

Weasley fit un pas vers son ami, prêt à suivre Harry n'importe où. Loyauté stupide de Gryffondor…

Ce fût la colère qui anima le maître des potions. Ils étaient visiblement prêts à aller dans la forêt interdite et suivre des araignées. Harry ne l'écoutait donc jamais !

- Puis-je savoir ce que vous faites ? susurra-t-il en s'approchant d'eux d'un pas rapide.

Weasley glapit en se mordant les lèvres mais semblait plutôt soulagé d'être ainsi sauvé par le gong de la sorte. En revanche, Harry parût dégoûté par la tournure que prenait la situation.

Severus essaya de ne pas se vexer.

Cela échoua lamentablement.

Au contraire, sa colère se multiplia. Pourquoi le gamin ne l'écoutait jamais ? Pourquoi ne tenait-il pas ses promesses ? Pourquoi avait-il cette manie à s'autodétruire pour trouver des solutions à des problèmes qui ne concernaient que les adultes ?

Pire, le gamin affichait désormais un air si sûr de lui qu'une bouffée de rancoeur l'emporta. Il n'avait jamais autant ressemblé à son père qu'à cet instant.

Son père, qui trouvait normal d'agresser les autres lorsqu'ils faisaient quelque chose de répréhensible. Son père, qui gardait la tête haute et une assurance à toute épreuve dès lors qu'il considérait qu'il agissait pour le bien.

Son père, que Lily avait choisi.

Lily, morte par sa faute à lui, Severus.

Severus qui avait donné la prophétie.

Severus qui maintenant devait… non qui voulait protéger ce gamin.

Mais gamin qui n'en faisait qu'à sa tête. Rien ne rentrait donc dans son crâne. A croire qu'il voulait mourir.

- Weasley, rentrez, siffla-t-il.

- Mais… Je…

- Rentrez.

Le regard confiant de Harry vacilla un instant mais il se reprit rapidement. Il aurait fait un bon Serpentard, ne pût s'empêcher de penser Severus à cet instant.

- Qu'est-ce que c'est que ces histoires d'araignées ? demanda-t-il de but en blanc, la voix dangereuse.

- C'est Hagrid qui nous a dit de les suivre.

- Et donc d'aller dans la forêt interdite ? répliqua Severus d'une voix de plus en plus grave qui fit à peine tressaillir le gamin. Qu'est-ce que vous vouliez savoir ?

Harry semblait hésiter à répondre alors Severus lui lança un regard qui le défiait de ne rien dire, voire de mentir.

- On voulait savoir qui a fait entrer le monstre dans la Chambre des Secrets ! répondit finalement le gamin avec précipitation.

- Ne t'avais-je pas demandé de ne plus t'occuper de ces choses-là ? grinça Severus.

Comment pouvait-il être au courant pour le monstre et le lien avec Hagrid ? Il balaya cette interrogation, se concentrant sur le présent.

- C'est différent ! Hermione a été pétrifiée et maintenant Dumbledore et Hagrid sont renvoyés ! La prochaine fois il y aura des morts et…

- MAIS CE N'EST PAS A TOI DE GERER CA ! explosa Severus dans une colère noire pleine d'exaspération. QU'EST-CE QUI TE FAIT CROIRE QUE TU PEUX TE MÊLER DE CE GENRE DE CHOSES ? TU AS DOUZE ANS ! DOUZE ANS ! répéta-t-il la voix s'éraillant dans les aigües.

- J'ai le droit de m'inquiéter pour mes amis ! répliqua Harry sans se démonter.

- EST-CE QUE TU VOIS D'AUTRES ÉLÈVES FOUINER DE CETTE FAÇON ET ALLER DANS LA FORÊT INTERDITE DROIT DANS UN NID D'ARAIGNÉE ? SÉRIEUSEMENT ? TON BRILLANT ESPRIT CHEVALERESQUE NE S'EST PAS DIT QUE TU ALLAIS ÊTRE DÉVORÉ AVANT MÊME DE POUVOIR REVENIR ICI ? IDIOT ! ON FERAIT QUOI D'UN SURVIVANT AVEC UNE JAMBE ARRACHÉE OU PIRE MORT ?

- Mais qu'est-ce qu'on s'en fiche que je sois mort ! Peut-être que ce sera un autre élève qui mourra si on n'arrête pas l'héritier de Serpentard mais peut-être que ça vous arrange, tempêta Harry les joues rouges de colère. Ils ont peut-être raison les autres ! Que je sois le Survivant ne change rien ! Vous êtes comme les autres, vous vous intéressez à moi juste parce que je suis célèbre.

- Espèce de petit arrogant, cracha Severus dont le cerveau lui hurlait de s'arrêter et d'aller se calmer. Que tu sois le Survivant change tout. Et risquer ta vie comme tu le fais là c'est de l'inconscience. Écoute en classe, apprends, élève-toi au lieu de vouloir jouer les héros avant l'heure. Tu auras bien le temps de le faire plus tard ! Ton destin arrivera bien assez vite !

- Qu'est-ce que ça veut dire ça ? répondit Harry les bras croisés sur le torse, le regard toujours aussi effronté.

Severus devait se taire. Il le devait. Mais Harry devait comprendre sinon il se tuerait avant la fin de l'année, dévoré par une araignée ou pire.

- Crois-tu que Dumbledore te garde à l'œil pour le plaisir de tes beaux yeux ? Ne t'a-t-il pas dit que le Seigneur des Ténèbres reviendra un jour ? Maintenant fait le lien dans ta petite tête dure de Gryffondor. Tu es destiné à l'affronter un jour. Tu n'auras pas le choix, tu es sa cible. Alors arrête de mettre ta vie en danger pour rien. Cent vies à Poudlard ne vaudront jamais la tienne !

- Vous mentez pour me faire peur, reprocha Harry dont le regard s'était assombri, plus si sûr de lui.

- Ah oui tu crois ça ? ricana Severus. Je suis celui qui a apporté la prophétie au Seigneur des Ténèbres. Je n'ai jamais été aussi bien placé pour savoir à quel point il te voudra. Alors maintenant, soit tu fais ce que je te dis, soit tu cours droit vers le danger où tu ne risquerais pas seulement pour ta vie mais aussi celle des autres !

Ses derniers mots claquèrent dans l'air. Un coup de poignard aurait eu le même résultat. C'est une grimace de douleur mêlée à de la peur qui habillait désormais le visage de l'enfant. Severus eut l'impression qu'un seau d'eau glacée lui avait été jeté dessus. Sa colère retomba immédiatement et le regret lui rongea les entrailles.

Figé, fixant le gamin, le maître des potions se retrouva dans l'incapacité de dire quoique ce soit. Inapte à trouver les mots.

Harry l'observa attentivement, semblant chercher une réaction de la part du maître des potions, en vain. Il s'éloigna alors d'un pas puis deux avant de partir en courant à toute vitesse, rejoignant Weasley qui l'attendait au loin.

.

Longues et mornes, les semaines défilèrent avec une lenteur excessive. Le mois de mars laissa place aux beaux jours bien qu'un froid vicieux se faufilait dans les couloirs, comme la menace permanente d'une nouvelle attaque.

En cours de potions, les élèves se tenaient étonnamment bien. Harry gardait toujours la tête rivée sur son chaudron ou ses livres. Il n'était d'ailleurs jamais revenu prendre ses potions. Mais il n'en avait plus besoin et Severus ne pouvait l'obliger à venir. Pomfresh avait été claire à ce sujet : l'enfant était petit mais il avait retrouvé un poids standard par rapport à sa taille. Hormis le laisser grandir, il n'y avait plus rien à faire pour le moment.

Severus n'était pas le genre d'homme à discuter de sentiments et à revenir sur des événements passés. Il savait qu'il avait été trop loin avec Harry qui était bien trop jeune pour entendre toute la vérité. Cependant, il se retrouvait dans l'incapacité totale de s'approcher de l'enfant pour présenter ses excuses et surtout le rassurer. Et même si la honte et la culpabilité le rongeait de jour en jour, il se savait incapable de rassurer Harry.

Il avait bien essayé maladroitement de montrer qu'il n'avait aucune animosité envers l'enfant lors de ses cours en tentant de lui donner des conseils sur ses potions sans paraître trop sévère ou encore de ne mettre aucun commentaire désobligeant sur ses copies.

Simplement, cela ne marchait pas du tout.

Inaccessible, Harry demeurait fermé comme une huître et ne desserrait jamais les mâchoires.

En dehors des cours, le Gryffondor conservait un comportement normal pour qui ne connaissait pas le gamin comme Severus avait appris à le connaître au fil des mois.

Le regard d'Harry se perdait facilement pendant les repas, signe d'une inquiétude omniprésente, il jouait avec ses doigts, les tordant dans tous les sens, sa nervosité s'échappant par ces gestes incontrôlés ou encore ses devoirs qui étaient bien moins qualitatifs qu'auparavant. Déjà que le niveau de l'enfant était moyen, on frôlait désormais la catastrophe...

Severus espéra alors secrètement que Minerva ferait le nécessaire pour apporter tout le réconfort nécessaire à Harry.

Le soir où cette dernière débarqua en trombe dans son bureau, les joues roses et le regard des mauvais jours, Severus comprit que quelque chose de grave venait de se produire. Il suivit la femme sans un mot et découvrit avec horreur les mots inscrits sur le mur.

Son corps reposera à jamais dans la Chambre des Secrets.

- Ginny Weasley, répondit la directrice de Gryffondor lorsque Pomona demanda qui avait été enlevé.

Un bourdonnement désagréable s'empara de la tête du maître des potions. Il entendit de loin cet idiot de Lockhart apparaître sur ses entrefaits et Minerva lui demander d'intervenir. Il voulut s'en mêler, dire que l'homme n'allait sûrement rien faire du tout tant tout son être criait à l'imposture mais ses pensées étaient tournées vers le Survivant.

Ginny était importante aux yeux de Harry. Severus l'avait très rapidement remarqué.

Le Gryffondor ne devait même pas s'en rendre compte mais il était évident que Harry considérait la fillette comme un membre à part entière de son clan de lionceaux.

Et lui qui courait si facilement pour défendre la veuve et l'orphelin, nul doute qu'il tenterait de sauver la petite sœur de son meilleur ami.

- Severus ? répéta Minerva.

- Pardon ?

- Nous allons dans mon bureau afin d'organiser les différents départs. Les enfants rentrent chez eux dès demain.

Pâle comme un linge, Severus ravala de justesse la question qui se fracassa sur ses lèvres. Où Harry irait-il ? Sûrement pas chez les Weasley qui auraient besoin d'être au calme et en famille. Minerva lui adressa un sourire triste, posant une main amicale sur son épaule. Le maître des potions se raidit à son contact et afficha un masque d'impassibilité avant de s'éloigner.

oOo

Harry courait à toute vitesse dans les couloirs. Ils avaient tout compris à peine quelques heures plus tôt, grâce à Hermione. Il était hors de question qu'elle se réveille dans quelques semaines et découvre que Ginny était morte.

Dérapant dans un couloir, Harry et Ron arrivèrent dans les toilettes des filles.

- Tu es sûr qu'on ne devrait pas prévenir un adulte ?

- On ne peut faire confiance à aucun adulte, répondit Harry avec une pointe d'amertume à peine dissimulée.

Mimi Geignarde les accueillit en chouinant. Et ce fût pire lorsqu'ils lui demandèrent de raconter l'histoire de sa mort. Mais la vérité se révélait. Ils allaient sauver Ginny.

oOo

Le maître des potions espérait que Dumbledore arrive au plus vite. Maintenant qu'une élève avait été enlevée, nul doute que le Magenmagot reviendrait rapidement sur sa décision d'avoir évincer le directeur de son école.

Minerva terminait les derniers documents lorsqu'on frappa plusieurs coups secs et pressés à la porte.

Severus roula des yeux lorsqu'il entendit distinctement Pomona Chourave couiner qu'elle espérait qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle attaque. La femme semblait au bord du malaise. Ce n'était certainement pas le moment de paniquer. Les élèves étaient tous en sécurité dans leur salle commune respective - même Harry. Cette certitude s'envola lorsque la porte s'ouvrit sur Percy Weasley, bégayant que son frère et Harry Potter manquaient à l'appel.

Satané Gryffondor. Satané cape d'invisibilité. Satané Potter !

- Peut-être avaient-ils des renseignements à fournir à Lockhart ? tenta Flitwick.

Minerva se leva d'un bond et tenta d'appeler le professeur depuis la cheminée, en vain.

- Il doit déjà être dans la Chambre des Secrets, dit Pomona.

- Ou à l'autre bout du pays, intervint Severus la voix basse.

Il fallait réfléchir et vite.

Avoir été un mangemort puis un espion permettait de réagir au quart de tour.

Harry et son ami avaient déjà sûrement trouvé des réponses. De cela, il faudrait s'en occuper plus tard, la priorité étant de trouver les enfants. Deux solutions : ils avaient emmené le professeur de Défense contre les forces du mal avec eux ou ils étaient partis seuls.

- Allez chercher Lockhart, je vais chercher Harry, dit Severus à l'adresse de Minerva. Vous vous chargez de la surveillance de l'école, ajouta-t-il à l'adresse de ses deux autres collègues et directeurs de maison.

En un mouvement de cape, Severus était déjà dans les couloirs, à interroger les fantômes et autres tableaux. C'est comme cela qu'il apprit que Lockhart s'était fait la malle. Ce sale petit lâche.

Voyant que ses interrogatoires ne menaient à rien, Severus lança un sort de traçage l'épuisant jusqu'à la moelle. Le sort l'attirait vers les toilettes des filles mais quelque chose clochait, comme si l'enfant était beaucoup trop loin. Jurant à voix haute, le cœur tambourinant avec violence dans sa poitrine, Severus accéléra le pas jusqu'aux toilettes.

Lui qui avait été tellement agacé la première fois qu'il avait utilisé un sort de traçage pour retrouver Harry, voilà qu'il était désormais dévoré par l'angoisse.

Tel un Gryffondor, il se dirigea droit vers le trou béant qui était visiblement apparu. De quelle façon Harry avait pu l'ouvrir, cela demeurait un mystère… Quoique maintenant qu'il descendait à toute vitesse dans ce qui ressemblait aux tréfonds des cachots, la réponse se révéla comme une claque.

Il en aurait presque éclaté de rire.

Salazar Serpentard. Rien que le nom, l'indice était déjà massif. L'homme parlait aux serpents. Tout comme Harry. Harry qui avait souvent un comportement étrange juste avant une attaque. Et maintenant qu'il y pensait, le maître des potions était quasiment certain que les basilics étaient de ces animaux qui pouvaient pétrifier. Comment avait-il pu passer à côté ? Pire, comment Dumbledore avait pu ignorer cela ?

Un basilic l'attendait en bas où trois élèves se trouvaient peut-être déjà.

Sans aucune mesure, Severus se mit à courir à toute vitesse, dévoré par la peur qu'il ne soit déjà trop tard.