Note : Ce qui est en gras fait partie du livre "Harry Potter et le prince de sang mêlé" de J. .
- À Dorea ! s'exclama Ludwig.
- À Dorea ! suivirent les autres.
Les coupes emplies de champagne tintèrent dans le salon, puis ils lapèrent le liquide qui pétilla dans leur bouche. Les conversations reprirent entre eux, Ludwig avec Mr Weasley, Deirdre avec Émilie et Richard avec les Greengrass, et au plus vif étonnement de la jeune femme, Harry conversa avec Daphné et Blaise, sans même que l'un d'eux ne sorte sa baguette pour lancer un maléfice sur l'autre.
L'ambiance était légère et enjouée et Dorea éprouva un bonheur qu'elle n'avait pas ressenti depuis bien des mois déjà.
Elle n'avait pas eu l'occasion de remercier le professeur Dumbledore qui était très vite parti aussitôt l'audience finie. Elle se douta qu'il dût prendre un portoloin pour Londres dans les plus brefs délais. Mais Severus Rogue, bien qu'il dût également partir à son tour, ne manqua pas l'occasion de lui promettre un mois de retenue lorsqu'elle retournerait à Poudlard. Dorea lui avait alors répondu avec le plus grand des sourires et l'en avait même gratifié.
Elle se doutait que Drago Malefoy eût dû faire de même, ne l'ayant pas revu dans la salle d'audience lorsqu'elle en fut sortie.
Dorea chercha des yeux Théo, qui apparemment ne se trouvait pas dans le salon. La jeune femme fronça des
sourcils et sortit de la pièce pour trouver le jeune Nott assis sur les marches en bas de l'escalier menant à l'étage.
La jeune femme se glissa à ses côtés et tous deux se sourirent ouvertement.
- Alors, toi chez les Weasley, hein ?
- Rassure-toi, j'ai toujours autant envie de mettre une beigne à Wistiti quand je me lève chaque matin.
Dorea s'esclaffa et Théo l'imita.
- Comment…
La verte et argent hésita, mais se lança finalement.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Théo lui flanqua un rapide coup d'œil avant d'enfouir son regard dans le vide ambiant.
- J'ai réalisé que si je voulais changer les choses, alors ça devait commencer par moi, soupira-t-il.
Devant l'expression interloquée de son amie, il s'expliqua :
- Le soir même de ta fuite, je suis allé voir Dumbledore. Je lui ai demandé de me soumettre au véritasérum et je lui ai révélé tout ce que je savais sur les mangemorts en poste actuellement. Les missions qu'avait effectuées mon père lors des dernières années écoulées, ce que j'avais pu entendre dans les couloirs lorsque ses amis passaient à la maison et les archives qu'il détenait et où elles étaient dissimulées.
La jeune femme entrouvrit la bouche, stupéfaite et pleine d'admiration pour le jeune Nott.
- Et après ?
- Après ça, il m'a dit que j'étais un jeune homme courageux et qu'il en savait bien plus sur moi que je ne l'aurais pensé – Dorea eut un sourire en coin – donc il m'a proposé de me cacher le temps de l'été. À Poudlard, je suis en sécurité, mais pas à l'extérieur. Tu-sais-qui veut certainement mettre la main sur moi, du fait des informations que je détiens, et il n'était pas prudent que je rentre chez moi, seul, sans personne pour pouvoir me protéger. De même, si j'avais logé chez Blaise. Alors il m'a proposé de loger au QG de l'ordre. Imagine ma tête quand j'ai su que c'était chez Weasley.
- Ça on imagine bien, Nott ! intervint Blaise qui était apparu dans le salon.
- De quoi parlez-vous ? questionna Daphné en arrivant à ses côtés.
- De Nott chez les Weasley, fit Harry à son tour.
Les trois congénères s'avancèrent vers eux tandis que tous s'esclaffaient.
- Je dois reconnaître que les Weasley sont plutôt généreux, nota Blaise.
- Ils le sont, firent Harry et Dorea d'une même voix.
- Et je dois reconnaître, reprit le brun, que votre petite bande de serpentard est plutôt loyale envers les siens.
- On l'est ! dirent les verts et argent de concert.
Ils se regardèrent et éclatèrent soudainement de rire.
- Ce que vous ne savez pas, ajouta Dorea en recouvrant quelque peu son sérieux, c'est que Harry à faillit finir à Serpentard lors de la répartition.
Les trois autres vert et argent se tournèrent vers l'élu, plus que surpris.
- Harry Potter, chez les serpentard, dit Daphné pensivement. Qu'en penses-tu Blaise ?
- On t'aurait fait une petite place dans notre groupe ! répondit-il en haussant des épaules.
Ils éclatèrent de rire à nouveau alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un visage familier.
- Gabriel ! s'exclama Dorea qui se levait des marches pour se jeter dans ses bras.
Les trois serpentard échangèrent un regard entendu face à l'étreinte des deux jeunes gens.
- Ils t'ont enfin libéré ? fit Dorea en se reculant pour l'observer.
- Oui, ça y est. J'ai pu rentrer chez moi prendre une douche et j'ai souhaité rapporter tes affaires également, fit-il en suspendant le sac à dos cuirassé de la jeune femme.
- Je te remercie, c'est très aimable à toi, sourit-elle en saisissant le sac de sa main libre.
- Gabriel ! fit alors Deirdre en sortant du salon aux côtés de Ludwig, accompagnée des Beaumonts, des Greengrass et de Mr Weasley. Quelle surprise ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis venu rapporter les affaires de Dott' et… - il se balança d'avant en arrière sur ses pieds, ses mains s'enfonçant nerveusement dans les poches de son jean – vous annoncez que l'on m'a offert un poste au bureau des aurors à Londres.
- Mais c'est merveilleux ! fit Deirdre avec engouement.
Dorea fronça des sourcils, un détail ne lui échappant pas.
- Et ta fiancée ?
Gabriel se tourna vers elle et expira soudainement :
- J'ai préféré mettre un terme à notre relation. De toute manière, on se connaissait à peine.
- Tes grands-parents vont être grandement déçus, fit Émilie.
- Qu'ils le soient. J'ai à présent d'autres objectifs, lui répondit-il en lançant un regard en coin à la jeune Lady.
Cette dernière remarqua le haussement de sourcil interrogateur de son amie Daphné. Dorea lui adressa un « Quoi » silencieux tout en haussant les épaules. Pour toute réponse, la jeune Greengrass entretint un sourire narquois qu'elle préféra ignorer.
- Bien, je vais devoir vous laisser, dit Gabriel. Mais on se reverra certainement à Pré-au-Lard, dit-il à son adresse, posant une main sur son épaule.
- À Pré-au-lard ?
- Je vais faire partie des aurors qui vont être postés dans le village afin de renforcer la sécurité du domaine.
- Dorea sera extrêmement ravie de te revoir lors de nos week-ends de sortie, j'en suis certaine, gloussa Daphné.
La serpentard fusilla son amie du regard tâchant de lui signifier de se taire. Gabriel salua l'ensemble des convives de cette soirée improvisée et se dirigea vers l'ascenseur. Les portes se refermèrent sur un Gabriel qui lui fit un signe de main quelque peu hésitant auquel répondit Dorea.
- Bien, les enfants, intervint Mr Weasley, je crois que nous allons devoir y aller. Notre portoloin est dans moins d'une heure, dit-il en consultant sa montre.
Harry et Théo montèrent à l'étage pour récupérer leurs affaires dans les chambres d'amis tandis qu'Arthur remerciait les Feldmann sous le regard glacial des Greengrass et des Beaumont et plus particulièrement d'Émilie.
- Nous nous reverrons sur le quai 9 ¾ alors ? dit le patriarche à l'adresse de Dorea en se tournant vers elle.
- Passez le bonjour à Molly de ma part.
- Elle en sera ravie.
Il lança un rapide regard à Émilie qui haussa le menton dédaigneusement puis reporta son attention sur la jeune femme.
- Nous nous sommes arrangés avec tes grands-parents et ta tante et nous serions ravie de te recevoir pour les fêtes de Noël au Terrier.
- Oh, fit Dorea surprise.
- Et ensuite, dit Émilie en s'avançant vers eux, tu nous rejoindras à Highclere Castle pour la nouvelle année. Qu'en penses-tu ?
- Faisons ça alors, opina Dorea avec un grand sourire.
Harry et Théo redescendirent, munit de leurs sacs de voyage. Dorea happa Théo dans ses bras en premier puis ce dernier enlaça à tour de rôle Daphné et Blaise pendant que la jeune Artwood en fit de même avec Harry.
- Petite recommandation de ton grand frère, lui chuchota-t-il à l'oreille. Tu ne t'échappes pas, tu ne couches pas avec n'importe quel inconnu et surtout, surtout, tu fais attention à toi.
La jeune Artwood se détacha le jaugeant avec malice.
- Tu sais que j'ai sept minutes d'avance sur toi, alors c'est plutôt moi la grande sœur ici.
- Oui, mais tu n'es pas l'Élue, lui fit-il avec un clin d'œil.
Dorea lui administra une petite tape sur l'épaule et il s'esclaffa.
- Au fait, j'ai été nommé capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, ajouta Harry avec un grand sourire fier.
- Harry, mais c'est merveilleux ! fit Dorea avec de grands yeux ouverts de surprise.
- J'ai hâte que nous retournions à Poudlard pour écraser les Serpentards une nouvelle fois cette année.
- Ne parle pas trop vite Potter. L'équipe de Serpentard à ses atouts, tu sais ?
Tous deux se sourire, puis Harry l'embrassa sur la tempe avant de rejoindre Mr Weasley et Théo dans l'ascenseur et c'est quelque peu ému, qu'elle vit le visage de son frère disparaître derrière les portes.
Le lendemain matin, ce fut au tour des Greengrass et de Blaise de faire leurs au revoir aux Feldmann, aux Beaumont et à Dorea. Malgré qu'elle allât les retrouver dans moins de deux semaines à Poudlard, elle était un peu attristée que ses deux amis ne puissent demeuraient à New-York jusqu'à son propre départ. Bien que Diane Greengrass ne soit uniquement restée en soutien à son frère aîné qu'elle n'avait plus vue depuis une décennie entière et que son époux s'était, jusque-là, plié à ses exigences, il ne fallait pas être devin pour savoir que les Greengrass, avec le scandale qu'avait provoqué la réclusion de Dorea, ne souhaitaient pas être plus mêlés à cela.
Néanmoins, la venue des Beaumont, grande et illustre famille aristocrate française, avaient apparemment quelque peu apaisé les tensions des derniers jours entre Ludwig et Gareth.
C'est ce que constata Dorea lorsqu'elle réalisa que la mère de Daphné et sa propre grand-mère avait l'air de s'entendre comme « la rond en foire ».
L'après-midi même, la jeune Artwood fut convoquée dans le bureau de sa tante Deirdre.
- Entrez, entendit-elle après avoir toqué contre la porte aux moulures blanches.
Dorea ouvrit le battant et découvrit ses grands-parents, Deirdre, Ludwig et le professeur Dumbledore, installés en conciliabule autour d'une table basse faite entièrement de verre. La pièce était semblable au reste du Penthouse, lumineuse, des couleurs crème teintant la moquette et les murs tout comme le mobilier moderne et luxueux.
- Professeur Dumbledore, je croyais que vous étiez repartis en Angleterre ?! fit-elle d'un ton surpris.
- J'avais quelques affaires à régler avec toi, chère Dorea.
- Ma chérie, veux-tu venir t'installer, nous avons à te parler, dit Deirdre avec douceur.
Dorea referma la porte et chemina vers un fauteuil où elle prit place face au directeur de Poudlard. Elle remarqua alors, chose qu'elle n'avait pas fait la veille, lors de son audience, que la main droite de son mentor était entièrement noircie.
- Bien Dorea, amorça ce dernier, je suis ici, et comme tu dois t'en douter, pour mettre au clair ta réintégration à Poudlard. J'aimerais, premièrement que tu me fasses la promesse, que tu ne t'échapperas pas une fois de plus.
- Je crois que ma fuite m'a servi de leçon, professeur.
- Mais tu promets ? intervint sa grand-mère d'un regard appuyé.
- Je promets, répondit Dorea.
- Parce que jeune fille, crois-moi qu'à la moindre incartade, au moindre faux-pas, nous te rapatrions, ton grand-père et moi, en France.
- J'ai compris, grand-maman, répondit Dorea simplement.
- En es-tu certaine ?
- Elle a saisi Émilie, fit Deirdre alors. Dorea a fui parce qu'il y avait des circonstances atténuantes. N'est-ce pas Dott' ?
- Oui, c'est cela.
- Bien puisque cette question est réglée, nous devons en régler une autre qui va certainement moins te plaire, dit Dumbledore. Comme tu t'en doutes, Sirius a rédigé un testament quelques mois avant sa mort et t'a rajouté dessus. Dorénavant, Harry et toi êtes les propriétaires du Square Grimmaud ainsi que de Kreattur…
- Je ne veux pas, interrompit la jeune femme.
- Je te demande pardon ? dit le directeur en fronçant des sourcils
- Je ne veux pas de l'héritage de Sirius. S'il est mort, c'est en partie à cause de moi…
- Dorea, si Sirius est mort, c'est parce qu'il se battait pour la liberté, coupa Dumbledore d'un ton mesuré.
- Je sais. Je sais maintenant que ce n'est pas de ma faute. Mais sa mort est la conséquence d'une vengeance personnelle.
- Ne sois pas si dure envers toi. Sirius savait ce qu'il encourait en vous rejoignant au ministère. Il a pris un énorme risque, mais je crois dire que si c'était à refaire, il le referait sans hésiter. Vous étiez sa famille, Harry et toi. Et rien ne comptait plus au monde à ses yeux que votre sécurité. Tu comprends ce que je veux te dire.
Dorea baissa ses prunelles vers ses mains dont elle triturait ses doigts avec une certaine nervosité. Puis tout compte fait, elle opina du chef.
- Mais si tu ne veux pas accepter l'héritage, nous respecterons ton choix, ajouta le vieux sorcier.
Elle releva son regard et encra ses orbes verts dans celle bleutés du sorcier.
- Je préfère que Harry en possède la pleine jouissance.
- Bien, alors je respecterai ton choix, dit Dumbledore lui accordant un signe de tête.
Puis il tourna son regard vers les Beaumont et les Feldmann.
- Puis-je parler à Dorea seuls a seuls ?
Les Beaumonts et les Feldmann se jetèrent un coup d'œil perplexe et finalement se levèrent d'un même mouvement et sortirent de la pièce. Lorsque la porte se referma sur Deirdre, Dumbledore enchaîna :
- Comme tu le sais, nous sommes dorénavant en guerre déclarée avec Lord Voldemorts et ses sbires.
- Les mangemorts, ajouta pensivement la jeune femme.
- C'est cela, mais il n'empêche que nous avons encore beaucoup à accomplir. Et je dois vous préparer, ton frère et toi, à les combattre. À vous donner les meilleures armes pour battre Lord Voldemort.
Dorea grigna le front, quelque peu hésitante.
- Euh… Mais c'est ce que vous avez fait avec moi tout au long de ces dernières années, non ?
- Je pense plus à quelque chose qui pourrait vous servir pour véritablement détruire Lord Voldemort.
- Eh bien… d'accord, fit Dorea en haussant des épaules.
- Nous aurons des cours particuliers, ensemble. Puis-je donc compter sur toi pour ne rien dire à tes amis pour le moment ?
- Vous pouvez compter sur moi, déclara la jeune femme déterminée.
- Bien alors, je ne vais pas plus t'embêter que cela, fit le professeur Dumbledore en se relevant du fauteuil.
Dorea accompagna le geste et en fit de même. Ils descendirent dans l'entrée et la verte et argent accompagna son directeur jusqu'à l'ascenseur, toujours interloquée par ce qui avait bien pu arriver à sa main droite. Tout de même, elle n'osa rien lui demander à ce sujet, de peur de paraître trop insolente et déplora presque son mutisme lorsque les portes de l'appareil sur refermèrent sur un Albus Dumbledore souriant.
Elle pivota sur ses talons et fit quelques pas avant de remarquer que les Beaumont et les Feldmann étaient réunis autour de la salle à manger. Elle les rejoignit, se doutant que le quart d'heure des remontrances fût venue, au vu de l'expression pincée de sa grand-mère. Cette dernière lui fit signe de s'asseoir ce que Dorea fit sans contester. Après tout, elle méritait qu'on lui remontât, un tant soit peu, les bretelles. Ce dont elle avait parfaitement conscience.
- Bien, je ne vais pas y aller par quatre chemins, amorça Émilie d'un ton presque glacial. Ce que tu as fait, tout au long de ces dernières semaines… de ces derniers mois, auront des conséquences sur cette famille pour la décennie à venir.
- Je suis désolé, murmura Dorea l'air penaude.
- Nous attendons donc de toi, une conduite irréprochable. Nous ne voulons, ta tante et moi-même, ne recevoir aucune lettre provenant de Poudlard pour nous annoncer que tu as encore écopé d'une retenue ou que tu t'es t'engouffrer dans je ne sais quoi avec ce… Potter.
- Mon frère, rétorqua Dorea sèchement. Il s'agit également de ma famille.
- Je le conçois, mais dans ta situation, il serait bien que tu fasses preuve d'intelligence si tu veux conserver tes privilèges de Lady Artwood.
- Que voulez-vous dire ?
- Ta fuite au Mexique, intervint Deirdre, a eu des conséquences fâcheuses sur la réputation des Artwood et par extension… Nos familles respectives.
- Tante Deirdre…
Cette dernière l'interrompit en levant la main et continua :
- Tu n'as pas à être désolée Dorea. Tes actes sont parfaitement justifiés…
- Ne me dites pas que vous allez prendre sa défense, tout de même ! s'outra Lady de Beaumont. Nous nous étions mises d'accord !
- Laissez-moi finir Émilie, fit Deirdre sèchement.
Puis elle reporta son attention sur la jeune Artwood :
- Tes actes sont parfaitement justifiés lorsque l'on sait ce qui s'est réellement passé. Et après ton audience, il va falloir s'attendre à ce que ta vie privée, les faits qui t'ont amené à ta fuite ainsi qu'à ce massacre à Guadalajara soient relatés dans les journaux sorciers, voir même moldus, du monde entier. Étant donné – elle flanqua un regard courroucé aux Beaumont – que tes grands-parents ont eu la merveilleuse idée de demander aux gouvernements moldus d'également se mettre à ta recherche.
- C'était la meilleure idée qui soit sur le moment, se défendit Richard de Beaumont.
- Tu demeures un personnage public, poursuivit Deirdre, ignorant par la même occasion la remarque du Lord, et tu as donc une attitude à avoir, a montré pour que l'on te prenne au sérieux. Cette attitude, jusque-là, a nui à ta famille, mais également aux finances de cette même famille. Si nous ne redressons pas la barre dès maintenant, tu perdras l'héritage et le patrimoine que t'a laissé ton père. Un patrimoine pour lequel il a travaillé toute sa vie afin de le conserver.
Dorea resta interloquée par cette annonce. Elle lança un coup d'œil à chacune des personnes réunies autour de la table, espérant que l'une d'elles lui annonce que c'était une blague, de mauvais goût certes, mais une blague quand même.
- Je… Je suis ruinée ?
- Disons qu'au moindre faux pas, les actionnaires ainsi que les collaborateurs de ton père se retirerons des affaires entrepreunariales de sa société, répondit Deirdre calmement. Et… oui, tu perdras tout. Highclere, le château Dunnotar en Écosse, les appartements de Paris, New-York, Londres, Rome, la villa sur le lac de Come… Enfin, bref, tout.
Dorea avala sa salive avec difficulté, jaugeant sa tante avec une expression stupéfaite.
Honnêtement, s'il n'avait s'agit que d'elle, elle aurait bazardé tout cet héritage et ce patrimoine depuis bien longtemps. Mais comme l'avait si judicieusement dit sa tante : son père s'était battu toute sa vie pour maintenir et développer cette fortune et par conséquent lui offrir ce qu'il y avait de mieux. Elle ne pouvait se résoudre à salir la mémoire de feu Lord Artwood en faveur de sa petite personne. Sans compter, que tout ceci fournissait des emplois et ce serait bien égoïste de ne pas y penser.
Elle redressa alors le chef et expira sa nervosité grandissante.
- Dites-moi ce que je dois faire, alors ?
- Eh bien nous allons remédier à ce manque criant d'éducation, répondit Émilie sous l'œil réprobateur de Deirdre.
- Et nous allons donner un bal durant les vacances de Noël, ajouta cette dernière préférant faire fi de la remarqua de la vieille Lady. Ce sera un moyen décent de réintégrer une image de toi convenable aux yeux de la communauté sorcière.
- Un bal ? À Highclere ? Vous êtes au courant que le château a fait l'objet d'une attaque à cette même période, l'année dernière.
- Tout est arrangé avec le ministère de la Magie, qui fournira des aurors pour ta garde rapprochée et le professeur Dumbledore, qui lui-même s'occupera de la protection du domaine, à l'instar de Poudlard.
- Bien…
- Et tu vas également m'enlever cette couleur de cheveux grotesque et renouveler ton style vestimentaire, dit Émilie avec condescendance. Nous ne sommes pas chez le petit peuple ici !
Dorea ferma les yeux de dépit et souffla de nouveau, plus qu'agacée.
- Une dernière chose, dit Deirdre en poussant une enveloppe vers la jeune Artwood, que cette dernière remarqua seulement à cet instant. Voici tes résultats de B.U.S.E.S et – elle sortit de la poche de sa robe – ta baguette.
L'épouse Feldmann se leva, à l'instar de Ludwig et des Beaumont et posa la baguette devant Dorea. Tandis que sa famille s'éclipsait de la pièce. La jeune femme, sans attendre, s'en saisi et alors que ses doigts recouvraient le manche, aussitôt elle éprouva une chaleur réconfortante l'envelopper.
Ses grands-parents repartirent quelques jours avant son propre départ pour l'Angleterre et par conséquent sa deuxième rentrée au Collège Poudlard.
Ce fut donc en cette matinée du 1er septembre, qu'elle se retrouva sur le quai, accompagnée de Ludwig, son petit cousin William et sa tante.
- Tu as tout ce qu'il te faut, n'est-ce pas ? s'enquit Deirdre.
- Oui, soupira Dorea pour la énième fois de la matinée.
- Bien alors, tu te concentres sur tes études, tu évites les retenues et tu ne fais pas de vague, d'accord ?
- J'ai déjà récolté un mois de retenue avec le professeur Rogue, pouffa la jeune femme. Ça devrait suffire.
Deirdre, avec émotion, la prit dans ses bras et l'embrassa tendrement sur la tempe.
- Je t'en supplie, Dott', fait attention à toi, lui murmura-t-elle.
- Je le ferais, je te le promets, chuchota la rousse.
Dorea et Deirdre se détachèrent, puis la serpentard enlaça Ludwig avec qui elle s'entendait plutôt volontiers, puis son petit cousin qui l'embrassa sur la joue avec des yeux pétillants de malices.
Ainsi, elle se dirigea vers le wagon qui semblait encore vide tout comme le quai où seulement deux ou trois élèves, bien plus jeunes qu'elle, accompagnés de leurs parents, s'y trouvaient déjà.
La jeune femme salua les Feldmann, qui lui répondirent d'un geste de main et d'un mi-sourire presque forcé pour Deirdre, puis elle monta dans le compartiment, heureuse de recouvrer l'odeur si particulière du Poudlard Express. Elle s'installa ainsi délibérément au fond de train. Elle était parfaitement consciente que les autres élèves n'hésiteraient pas à la montrer du doigt à la seconde où il l'apercevrait. Autant retarder l'échéance de son avilissement contraint et forcé.
Elle pénétra donc le compartiment, hissa sa malle dans le filet à bagages au-dessus de la banquette et y prit place. Elle abaissa le rideau et allongea ses jambes sur l'assise, fermant paisiblement les yeux, le décalage horaire jouant sur son horloge interne.
Dorea n'entendit pas le quai se remplir progressivement, ni le brouhaha qui s'éleva pour devenir une cacophonie au fur et à mesure que l'heure du départ approchait. C'est lorsque le train siffla et que la porte s'ouvrit brusquement qu'elle se réveilla en sursaut. À cet instant, elle fit face à Daphné et à Blaise. Le deuxième siffla d'un air appréciateur en examinant sa tenue.
- Eh bien, c'est pour Monsieur Kowalski que l'on s'est habillé si élégamment ? questionna Daphné d'un ton narquois.
- Très drôle Greengrass, fit Dorea en levant les yeux au ciel tandis que les deux comparses s'installaient dans le compartiment à leur tour. Non, c'est ma grand-mère qui a décidé que je devais à présent, je cite « mûrir dans mon style vestimentaire », dit-elle d'une voix haut perchée en imitant les guillemets.
Ses amis ricanèrent doucement.
- Elle n'a pas complétement tort, remarqua Daphné qui prit place à sa gauche.
Dorea haussa des épaules. La porte du compartiment se rouvrit aussitôt et ils virent Astoria Greengrass se tenir aux côtés de Drago Malefoy, l'attitude éternellement nonchalante.
Dorea nota que le regard métallique du blond la détaillait de bas en haut, d'un air indifférent. Cette dernière prit donc un instant pour l'examiner brièvement à son tour et constata un changement physique qu'elle n'avait pas eu le temps de percevoir lorsqu'elle l'avait entrevu à New-York.
Le jeune homme avait considérablement pris une tête de plus durant l'été, ses épaules et sa corpulence était un peu plus massive bien qu'il restât fin et athlétique. Et à en juger par son costume noir, qui le cintrait parfaitement, son torse et les muscles de ses bras s'était considérablement développés.
- Ça ne vous dérange pas si on s'installe avec vous ? demanda la cadette Greengrass dans une grimace hésitante.
- Pas le moins de monde, répondit Blaise sous le regard réprobateur de sa copine.
- Dorea ? fit alors Astoria, un sourire avenant collé au visage.
La rousse se tourna vers la brune et la politesse de cette dernière l'agaça nettement. Bien qu'elle ne la connût que de vue, la jeune Artwood constata qu'Astoria Greengrass avait bien mûri physiquement depuis l'année passée. Elle dirait même qu'elle était d'une véritable beauté. Chose qu'elle n'avait pas réalisée jusque-là. Tout comme la nouvelle relation qu'elle entretenait avec le blond au vu de leur main entrelacée.
Instantanément, Dorea eut la sensation que quelqu'un l'avait frappé au ventre. Tâchant de rester stoïque face à cette image, la jeune femme secoua la tête dans une réponse négative et préféra reporter son attention vers la fenêtre.
Tandis que la rousse soulevait le rideau de la fenêtre qui donnait sur le quai, elle distingua le couple prendre place face à elle et le jeune Malefoy commençer à bécoter sa nouvelle petite copine. Elle soupçonna ce dernier de s'être installé exprès à cette place pour qu'elle soit un public de choix face à ses démonstrations énamourées envers la cinquième année.
Contenant ses larmes, elle scruta la foule qui s'y bousculait pour monter dans le train, dans l'espoir de distinguer son frère, Théo et les Weasley.
- Ho, je vous en prie ! râla Daphné. Si c'est pour faire ça, prenait vous un autre compartiment.
- Non, Drago, murmura Astoria. Arrête ça me gêne, gloussa-t-elle
- C'est bon, ce n'est que ta sœur, chuchota le blond.
Du coin de l'œil, Dorea vit la jeune Greengrass esquisser un signe de tête dans sa direction.
- On s'en fou d'elle, dit Drago assez fort pour que seule Dorea puisse l'entendre.
- C'est ton ex ! s'outra Astoria à voix basse.
- Ça n'a jamais été ni plus ni moins qu'une fille de passage. Et elle le sait.
Dorea contracta la mâchoire, mais se força à rester indifférente et impassible devant la remarque acerbe qu'elle venait d'entendre. Son cœur loupa un battement et lorsqu'elle perçut un bruit de succion, elle crut qu'elle allait vomir par-dessus la fenêtre.
- Dott', ça va ? s'enquit Daphné en posant une main sur la sienne.
La rousse ravala ses larmes et déglutit, puis se tourna vers la blonde un grand sourire aux lèvres.
- Bien sûr Daph', dit-elle comme si de rien n'était.
Dorea était touchée de la compassion de son amie. Mais elle voulait passer à autre chose. Malefoy la détestait. Véritablement. Il s'était joué d'elle et il n'y avait rien de plus à en dire. Dorénavant, elle devait tourner la page et avancer. Ses sentiments se tariraient bien un jour ou l'autre.
- Tu es sûr ? demanda Blaise en lançant un regard en coin au couple, à côté de lui, qui avait l'air dans sa bulle.
La rousse opina vivement du chef, ne laissant rien transparaître de son ébranlement soudain.
La porte coulissa alors sur un nouveau venu : Théodore Nott.
- Ah, vous êtes là ! s'exclama-t-il en soupirant tandis qu'il prenait place à son tour. Ton frère te cherche partout, dit-il à l'adresse de la jeune Artwood.
Le train s'ébranla et Dorea jeta un coup d'œil à travers la fenêtre où les parents saluaient leurs enfants.
- Il est où ?
- Je n'en sais rien, il était agglutiné d'une flopée de filles en plein milieu du couloir lorsque je l'ai quitté.
- Saint Potter… cracha Drago.
- Merci, Théo, sourit Dorea, ignorant volontairement la remarque du blond.
Drago donna un baiser langoureux à la brune duquel Dorea ne pouvait s'empêcher de détourner le regard. Puis il se détacha d'Astoria et se leva, défiant Dorea de ses prunelles orageuses.
- Je vais rejoindre Crabbe et Goyle dans leur compartiment, annonça-t-il. L'air empeste ici.
Puis sans crier gare, il sortit du compartiment, donnant, au passage, un coup d'épaule à Théo.
- Que vient-il de se passer ? demanda Dorea fronçant les sourcils.
- Tu sais bien, fit le jeune Nott. Moi… Chez les Weasley…
- Je suis désolé, Théo, intervint Astoria. J'ai essayé de lui parler, mais il ne veut rien entendre.
- On se passera de tes commentaires, siffla Daphné.
Astoria plissa les yeux et les deux sœurs se dévisagèrent d'un air menaçant.
- Je vais rejoindre mes amies, annonça la jeune Greengrass dans un soupir contrit.
- C'est ça… Fait dont, se moqua son aîné.
Puis la cadette se leva et sortit à son tour du compartiment sans le moindre regard pour chacun d'eux.
- Eh bien… C'est… Tendu entre vous, dit Dorea perplexe.
- Tu croyais réellement que j'approuverais cette relation après ce qu'il t'a fait l'année dernière. Qu'est-ce qu'elle croit, enfin ? Qu'elle a décroché le gros lot contrairement à toutes les autres. C'est un connard qui abuse tout simplement des jouvencelles en recherche de sensations fortes dans cette école.
Soudainement, le silence se fit dans le compartiment et Daphné releva la tête, les yeux écarquillés, horrifiée par ce qu'elle venait de dire.
- Je… Je suis désolé, Dott'. Je ne parlais pas de toi. Toi… c'est différent.
Dorea, la gorge serrée, se leva de son assise.
- Ne t'en fais pas. Je sais parfaitement que tu ne parlais pas de moi. Je vais rejoindre mon frère, je dois lui parler. À plus !
Sous le regard peiné de ses amis, elle embrassa au passage le jeune Nott sur la joue et se précipita au-dehors du compartiment, s'engageant dans le long corridor. Elle défila devant plusieurs compartiments où les élèves ne s'embarrassèrent pas de la moindre politesse à son égard. Ils l'épièrent, et la montrèrent du doigt. Mais ce qui interloqua Dorea, c'est qu'ils avaient l'air plus admiratif qu'autre chose. Elle fit fi de cette information et continua son chemin.
La jeune femme repéra rapidement Harry qui discutait avec un grand garçon brun et joufflu qu'elle reconnut être Neville Londubat.
- Alors comme ça, il parait que l'Élu à un sacré pédigré auprès de la gent féminine ? dit-elle en haussant la voix.
Harry et Neville se tournèrent vers elle d'un même mouvement et un immense sourire se fendit sur le visage du jeune Potter. Dorea s'avança vers lui et ils s'enlacèrent avec force.
- J'imagine que Nott s'est fait un plaisir de se moquer de moi auprès de tes amis ? dit Harry en levant les yeux au ciel.
- Il ne s'est pas gêné en effet.
- Sal… Salut Dorea, fit Neville, son visage rougissant à vue d'œil.
- Neville ! se récria la jeune femme.
Elle le prit hâtivement dans les bras, ce qui troubla un peu plus le gryffondor.
- Hello, tout le monde, dit une fille qui arriva derrière Neville.
Elle avait de longs cheveux et de grands yeux au regard nébuleux.
- Luna, salut, comment vas-tu ? demanda Harry avec engouement.
- Très bien, merci, répondit Luna.
Elle serrait contre sa poitrine un magazine dont la couverture annonçait en grosses lettres qu'il y avait en cadeau à l'intérieur, une paire de Lorgnospectres.
- Le Chicaneur marche toujours bien ? demanda Dorea.
- Oh oui, le tirage a beaucoup augmenté, répondit Luna d'un air ravi.
- Allons chercher une place, proposa Harry
Les quatre comparses partirent ensemble le long du train, parmi des hordes d'élèves aux yeux écarquillés. Ils trouvèrent enfin un compartiment vide et Dorea vit son frère s'y précipiter avec un soulagement manifeste.
- Même nous, ils nous regardent avec des yeux ronds, dit Neville désignant d'un geste Luna et lui, simplement parce qu'on est avec vous !
- Ils vous regardent parce que vous aussi, vous étiez au ministère, assura Harry en hissant sa valise dans le filet à bagages, tandis que Dorea s'installait sur la banquette face à lui. La Gazette du sorcier a beaucoup parlé de notre petite aventure là-bas, vous avez dû le voir.
- Sans compter, mon escapade au Mexique, murmura Dorea.
- Alors c'est vrai ?! tu étais bien au Mexique ? s'exclama Neville en dessillant ses yeux ronds.
- Oui.
- Whaou … souffla Neville. Grand-mère a dit que tu étais extrêmement courageuse d'avoir affronté tous ces moldus et ce mangemort. Elle t'admire beaucoup.
- Comment a réagi ta grand-mère après le ministère ? s'intéressa Dorea souhaitant changer de sujet.
- Oh, tu sais… je pensais que grand-mère serait furieuse de toute cette publicité, dit Neville, mais en fait, elle était très contente. Elle dit que j'y ai mis le temps mais que je finis par être digne de mon père. Elle m'a même acheté une baguette magique, regardez !
Il la sortit de sa poche et la leur montra.
- Bois de cerisier et crin de licorne, annonça-t-il avec fierté. On pense que c'est la dernière qu'Ollivandeur ait jamais vendue. Il a disparu le lendemain – hé là, reviens ici, Trevor.
- Ollivander a disparu ?! s'étonna Dorea.
- On pense qu'il a été enlevé par les mangemort, expliqua Harry avec gravité. Personne ne sait où il se trouve, ajouta-t-il.
Neville plongea sous la banquette pour retrouver son crapaud qui venait de faire une de ses nombreuses fugues.
- Est-ce qu'il y aura toujours des réunions de l'A.D. cette année ? demanda Luna, occupée à détacher des pages centrales du Chicaneur une paire de lunettes psychédéliques.
Dorea se tourna vers la Serdaigle, toujours ébranlée par ce qu'elle venait d'apprendre.
- Ce n'est pas la peine, maintenant que nous sommes débarrassés d'Ombrage, répondit Harry en s'asseyant.
Le jeune Londubat se cogna la tête contre la banquette sous laquelle il cherchait son crapaud. Il avait l'air terriblement déçu.
- J'aimais beaucoup l'A.D. ! J'ai appris des quantités de choses avec toi.
- Moi aussi, j'étais contente d'aller aux réunions, dit Luna d'un ton serein. J'avais l'impression d'avoir des amis.
Dorea grimaça se sentant quelque peu mal à l'aise par l'une de ces remarques que la Serdaigle avait pour habitude de provoquer en elle. Elle échangea un regard avec son frère mais avant que ce dernier n'ait pu répondre, il y eut un grand remue-ménage dans le couloir, devant leur compartiment. Un groupe de filles de quatrième année chuchotaient et gloussaient de l'autre côté de la vitre.
- C'est toi qui lui demandes !
- Non, c'est toi !
- Je m'en occupe !
L'une d'elles, une adolescente à l'air hardi, avec de grands yeux sombres, un menton proéminent et de longs cheveux noirs, se fraya un chemin jusqu'à la porte.
- Bonjour Harry, Bonjour Dorea. Je m'appelle Romilda, Romilda Vane, dit-elle d'une voix forte et assurée. Vous ne voulez pas venir avec nous dans notre compartiment ? Vous n'êtes pas obligé de rester avec eux, ajouta-t-elle en aparté.
Elle montra le derrière de Neville qui dépassait de sous la banquette, tandis qu'il cherchait Trevor à tâtons, et Luna qui portait à présent ses Lorgnospectres gratuites en ayant l'air d'un hibou bariolé et un peu fou.
- Ce sont des amis à nous, répliqua Harry d'un ton glacial.
- Ah bon ? s'étonna la fille. D'accord.
Elle battit en retraite et referma derrière elle la porte du compartiment.
- Les gens pensent que vous devriez avoir des amis plus cools que nous, dit Luna manifestant à nouveau une sincérité embarrassante.
- Vous êtes très cool tous les deux, trancha sèchement Harry.
- Sans compter qu'aucune d'elles ne se trouvait au ministère avec nous, ajouta Dorea.
- C'est très gentil de dire ça, répondit Luna le visage rayonnant.
Elle remonta les Lorgnospectres sur son nez et s'installa confortablement pour lire le Chicaneur.
- Mais nous, nous n'étions pas face à lui, fit remarquer Neville en émergeant de sous la banquette avec des moutons de poussière dans les cheveux et, dans la main, un Trevor au regard résigné. Vous deux, si. Vous devriez entendre ma grand-mère quand elle en parle. « Ce Harry Potter a une plus grande force morale que tout le ministère de la Magie réuni ! Et cette Dorea Artwood a non seulement la beauté, mais également l'intelligence de sa mère. Ce sera l'une des plus grandes sorcières de notre temps ! » Elle donnerait n'importe quoi pour vous avoir comme petits-enfants …
Harry et Dorea eurent un rire gêné, échangeant un nouveau regard hésitant. Harry décida de changer de sujet, parlant plutôt des résultats des B.U.S.E.S. Neville leur récita les notes obtenues et sans grandes surprise obtint un Optimal en botanique. Alors que Dorea écoutait Neville attentivement, elle vit son frère se plonger dans ses réflexions.
- Ça va, Harry ? Tu as un drôle d'air, remarqua Neville.
Harry sursauta.
- Désolé, je…
- Tu as peut-être attrapé un Joncheruine ? s'inquiéta Luna d'un ton compatissant derrière ses énormes lunettes colorées.
- Je… quoi ?
- Un Joncheruine… On ne les voit pas, ils entrent dans ta tête par les oreilles et t'embrouillent le cerveau, expliqua-t-elle. J'en ai senti un volé autour de nous.
Elle agita la main en l'air comme si elle chassait des insectes invisibles. La serpentard se retint d'éclater de rire et avec les deux garçons, se hâta de parler Quidditch.
Une heure passa durant laquelle ils traversèrent l'habituelle nappe de brume froide qui arrivait parfois sous le soleil timide. Ce fut lors d'une éclaircie que Ron et Hermione débarquèrent dans le compartiment.
- J'aimerais bien que le chariot du déjeuner se dépêche d'arriver, je meurs de faim, dit Ron avec convoitise.
Il pila sur place lorsqu'il aperçut la serpentard.
- Oh, sa… Salut, fit-il prenant une teinte rouge vif.
- Salut, dit Dorea quelques peu hésitante devant le comportement étrange du roux.
- Ron, tu bouches le passage, râla Hermione. Tu auras tout le temps de faire les yeux doux à Dorea pendant le reste du voyage.
Ron grogna et s'installa à côté d'Harry. Hermione enlaça la rousse avec engouement lui demandant comment elle allait, puis prit place à sa droite. Ron gigota sur la banquette, l'air soudainement mal à l'aise. Hermione soupira et leva les yeux au ciel.
- Ron, tu vas bien ?
- Oui, bien sûr.
Elle dévisagea un à un ses amis : Luna était plongée dans le Chicaneur, Neville esquivait son regard, Ron avait prit une teinte vermeille, Harry contenait son rire et Hermione avait l'air plus agacé qu'autre chose.
- Ok, dites-moi ce qu'il se passe ?
- Ron ne peut pas se contrôler un minimum devant la sorcière qui a été élue la plus ravissante de l'année, dit alors Hermione en fixant son ami.
- Je te demande pardon ? fit Dorea qui ne comprit pas un mot.
- Dans Sorcière Hebdo, lui expliqua-t-elle, le magazine t'a décerné le prix de la sorcière la plus ravissante de l'année.
Dorea observa Hermione et grigna le front. Son frère éclata soudainement de rire.
- Ils ont même dit que tu avais un tatouage en forme de serpent.
- Comment savent-ils cela ? souffla Dorea stupéfaite.
Harry s'arrêta subitement rire et l'observa ébahi.
- C'est vrai ?
- Oui, mais je me demande comment un torchon comme Sorcière Hebdo a pu avoir cette information. Je l'ai fait faire lorsque je suis arrivée au Mexique.
- Au fait en parlant de serpent, dit Ron en se tournant vers Harry.
- Ron, murmura Hermione exaspérée.
- Malefoy ne remplit pas ses obligations de préfet, il reste assis dans son compartiment avec les autres Serpentard. On l'a remarqué en passant.
- Ron ! fit Hermione plus fortement sur le ton de la réprimande.
- Quoi ? rétorqua-t-il importuné.
Dorea vit Hermione émettre un mouvement de tête vers elle.
- Oh… désolé, se rattrapa le rouquin.
- Vous pouvez parler de Malefoy devant moi, ça ne me gêne pas. De toute manière, lui et moi, c'est bien fini. Je ne ressens plus rien pour lui.
- Tu essayes de nous convaincre ou de te convaincre toi ? demanda Harry dubitatif.
Dorea roula des yeux et plongea son regard à travers la vitre, contemplant le paysage, n'écoutant pas la suite de la conversation entre les deux gryffondors.
Brusquement, la porte du compartiment se rouvrit et une fille de troisième année entra hors d'haleine.
- Je dois apporter ça à Dorea Artwood, Neville Londubat et à Harry P…Potter, balbutia-t-elle en devenant écarlate lorsqu'elle croisa le regard de Harry.
Elle tenait trois rouleaux de parchemin attachés avec des rubans violets entre ses mains. Perplexes, les trois amis prirent chacun le sien et la fille sortit à reculons du compartiment d'un pas trébuchant.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Ron tandis que Dorea déroulait son parchemin.
- Une invitation, répondit le brun.
« Lady Dorea,
Je serais ravie si vous pouviez venir vous joindre à moi pour prendre une petite collation dans le compartiment C.
Cordialement,
Professeur H.E.F. Slughorn. »
- Qui est le professeur Slughorn ? demanda Dorea.
- Un nouvel enseignant, répondit son frère. Je l'ai rencontré lorsque Dumbledore a réalisé mon transfert de Privet Drive au Terrier. Il était à la retraite.
- J'imagine qu'il faut y aller, non ?
- Mais pourquoi veut-il que je vienne aussi ? s'inquiéta Neville, comme s'il craignait qu'on lui inflige une retenue.
- Aucune idée, répondit Harry. Écoute Dott', ajouta-t-il à son adresse, pris d'une soudaine inspiration, on n'a qu'à revêtir la cape d'invisibilité, comme ça, on pourra observer Malefoy au passage et voir ce qu'il fabrique.
- Hein ? expira Dorea. Mais pourquoi on irait voir ce que fabrique Malefoy ?
- Je te raconterais, dit-il mystérieusement en se levant. Vous venez ? fit-il en ouvrant la porte du compartiment.
Dorea, ne comprenant rien au comportement étrange de son frère, le suivit sans faire plus de commentaire, précédée de Neville. Les deux gryffondors et la serpentard s'engagèrent alors dans le couloir interminable du Poudlard Express.
