Auteur: Mysid

Disclaimer: Sin Wildsmith est à moi. Le monde dans lequel il vit et les personnes qu'il y rencontre appartiennent à J.K. Rowling.

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Note de la traductrice: Je vous présente mes plus plates excuses quant au retard avec lequel arrive ce second chapitre (presque 7 mois! Oh Seigneur, je suis une grosse feignasse :). Si jamais vous m'en vouliez pour cette impolitesse (si si de mon point de vue c'en est une!), j'espère tout de même que vous n'en tiendrez pas rigueur à cette fic et que vous continuerez à la suivre, je m'en voudrais beaucoup dans le cas contraire!

Je voulais aussi vous dire merci à tous pour vos reviews, ça prouve que je n'ai pas trop un goût de chiotte (pardon) en matière de fics (en même temps faut vraiment être difficile pour ne pas aimer les petites merveilles de Mysid :-) et que je ne traduis pas trop mal! Merci aussi à Temys pour son boulot de béta!


When Moony Met Sin

Lune Gibbeuse

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Février 1983

En traversant le Chaudron Baveur sur le chemin qui le ramenait du Chemin de Traverse vers son appartement dans la partie Moldue de Londres, St. John jeta un coup d'œil rapide à chacun des clients du pub, à la recherche d'un visage ami. Un homme portant des vêtements Moldus, assis seul à une petite table près du feu et écrivant sur un carnet de notes, attira son regard.

"Il y a quelque chose de familier dans ce visage—quelqu'un que j'ai rencontré à Poudlard ? Quelqu'un que j'ai rencontré au travail? Quelqu'un avec qui j'ai couché?" Juste à ce moment là, l'homme releva la tête et scanna la pièce jusqu'à ce que son regard se verrouille sur St. John. Un effet de lumière créa un moment l'illusion d'un éclat doré dans ces yeux, comme l'étincelle de lumière provenant des yeux d'un animal nocturne. "Des yeux dorés? Oh—Remus—celui qui s'en est sortit." Sin sourit au jeune homme et fut récompensé par le sourire timide qui l'avait intrigue plusieurs années plus tôt. Il parcouru la pièce jusqu'à la table de Remus.

"Remus? Je ne sais pas si tu te souv—"

"Salut, St. John. Est-ce que tu aimerais t'asseoir?"

Sin sourit. Il était flatté que l'on se souvienne de lui après tant d'années. "Avec plaisir. Laisse-moi juste commander un verre d'abord. Qu'est-ce que je t'offre?"

"Non, c'est bon," répondit Remus. Une demie tasse de thé reposait près de son coude.

"Laisse-moi te payer un verre," le persuada Sin. "Tu ne veux pas que Tom te jette dehors parce que tu ne prends rien, n'est-ce pas?"

Remus jeta un coup d'oeil à l'aubergiste chauve puis il sourit à Sin. "Si tu le présentes sous cet angle, quelque chose de chaud serait bienvenu. J'ai de la peine à me réchauffer aujourd'hui."

Sin alla commander deux bièreaubeurres et retourna à la table de Remus. Remus avait mis son carnet de côté et était prêt à consacrer toute son attention à Sin.

"Comment vas-tu, Remus? Je ne t'ai pas revu depuis la première fois où on s'est rencontré, et tellement de choses se sont passées depuis."

Remus tenait la tasse chaude entre ses paumes, les yeux tristement fixes dessus. "Je ne vais pas me plaindre. Je suis le chanceux de l'histoire, tu te souviens? Comment vont les Pettigrew depuis la mort de Peter?"

"Ils vont mieux maintenant. Prudence était anéantie, bien sûr; Peter était son bébé. Mais un nouveau petit-fils—prénommé Peter—a été le meilleur remède qui soit."

Remus releva les yeux et sourit en entendant que son ami avait un homonyme.

"J'ai été surpris de ne pas te voir aux funérailles."

Le sourire de Remus s'évanouit, et il prit une large gorgée de sa boisson. Le cœur de Sin se serra quand il se rendit compte du peu de délicatesse dont il venait de faire preuve.

"Par les couilles d'un Magyard à pointe! C'était pas la chose à dire. Je suis désolé, Remus. Je suppose que les funérailles auraient été terriblement gênantes pour toi, compte tenu des circonstances."

Remus secoua légèrement la tête. "Non, je voulais y aller. Je n'ai pas pu."

Sin comprit. "Prudence."

"Non, pas elle." Remus sembla être en train de décider si oui ou non il devait s'expliquer. Il prit une autre gorgée de bièreaubeurre et continua à la regarder tandis qu'il parlait. "Le Ministère. J'ai été 'retenu pour interrogatoire' le jour de la mort de Peter. Ils pensaient que j'avais peut-être été le complice de Sirius. Le temps que je sois innocenté et relâché, j'avais manqué les funérailles." Il releva les yeux, guettant Sin, attendant de voir sa réaction en apprenant que Remus avait été suspecté.

Sin hocha la tête et sourit de manière encourageante. "Je suppose que ça aurait été étrange s'il n'avait pas été suspecté."

Remus parut avoir le courage de continuer. "Après avoir été relâché, je suis allé chez Mrs. Pettigrew pour lui présenter mes condoléances, mais elle n'a pas voulu me voir."

Sin acquiesça de nouveau. "Compréhensible. Injuste, mais compréhensible. Ton amant a tué son fils."

Remus secoua la tête et se cala plus loin sur sa chaise. "Non, elle ne savait pas que—ne sait pas que—à moins que toi ou Simon lui ayez raconté. Peter n'a jamais su pour Sirius et moi. On a arrêté de coucher ensemble avant d'avoir le courage d'en parler à Peter, alors on ne lui a jamais dit."

"Alors pourquoi Prudence n'a pas voulu te parler?" demanda Sin. La question était autant rhétorique, qu'adressée à Remus.

"En fait," fit Remus, souriant de nouveau légèrement, "Sirius et moi avons rompu quand on fait ce séjour chez toi en Suisse."

"Vraiment?" Sin réalisa que Remus était en train de s'éloigner du sujet déprimant qu'ils venaient d'évoquer. Il devait tirer profit de ce changement de sujet. "Et bien, j'espère que cela ne t'as pas dégoûté des charmes de cet endroit si singulier."

"Non. Et avec le recul, c'était probablement la seule fois où j'ai pris une décision intelligente concernant Sirius." Il frotta son poignet d'un air absent.

"Bien," dit Sin avec un sourire comme il se penchait en avant et faisait glisser sa main par dessus celle de Remus. "Maintenant j'ai de bonnes chances de te persuader d'y aller avec moi."

Remus ne répondit pas, mais il n'enleva pas non plus sa main.

"Soyons direct"pensa Sin. Il jeta un coup d'oeil rapide à sa montre. "Presque six heures moins le quart." "Tu sais, je déteste manger seul. Pourquoi tu ne viendrais pas dîner chez moi ce soir, et on pourrait continuer cette conversation?"

Remus retira sa main. "Non, je ne croi—"

"On dit que je suis un très bon cuisinier. Et si tu t'inquiètes à propos de mes intentions peu honorables, sache que je couche rarement le premier soir, alors tu devrais être à l'abri du grand méchant loup, au moins pour ce soir." Il envoya à Remus son sourire le plus charmeur.

Une ombre étrange traversa le visage de Remus comme il réfléchissait. "En fait, je m'inquiétais plus du fait que tu puisses ne pas être à l'abri du grand méchant loup, mais si c'est juste pour dîner—j'accepte."

Aux mots de Remus, Sin sentit son estomac faire un demi tour nerveux, et puis une autre sensation plus familière juste en dessous. Quand il réussirait finalement à mettre celui-ci dans son lit, les choses pourraient se passer quelque peu différemment de ce qu'il avait d'abord présumé. Remus n'était peut-être pas la chose timide qu'il paraissait être. Sin trouva cette incertitude tout à fait excitante Il sortit sa carte de visite et la poussa de l'autre côté de la table.

"Parfait. J'ai quelques courses à faire sur le chemin du retour, mais je serais là à six heures trente au plus tard. J'ai l'intention de préparer le dîner pour sept heures trente, alors tu peux arriver n'importe quand entre les deux."

Remus lu l'adresse et acquiesça. Sin finit son verre et se leva pour partir.

"Sin? Um, ça va te paraître bizarre, mais—" Remus se mordit nerveusement la lèvre inférieure.

"Laisse-moi te mordre les lèvres, Golden Eyes (1)," pensa Sin. Il était vraiment heureux de porter une robe lâche aujourd'hui, à la place d'un pantalon Moldu serré. Il rejeta sa cape devant lui, juste au cas ou. "Essaie toujours. Je doute que tu puisse dire quelque chose que je trouve bizarre."

"Si j'arrive assez tôt, est-ce que ça te dérangerais beaucoup si je prenais un bain? Tu vois, l'endroit où je vis en ce moment est plutôt froid et plein de courant d'air, et j'adorerais vraiment prendre un bain chaud dans une pièce agréable."

Sin sourit, autant pour l'adorable façon qu'avait eu Remus d'expédier l'explication, que pour la très, très séduisante idée d'avoir un Remus nu dans sa baignoire. "Non, ça ne me dérange pas. Je sortirais mes plus belles serviettes."

XXXXXXX

En fait, Sin n'avait qu'une seule course à faire avant d'accueillir Remus, quelques ingrédients à aller chercher au marché pour le dîner. Il voulait un peu plus de temps pour mettre de l'ordre dans son appartement et le présenter à son avantage. Bien qu'il soit vrai qu'il ne couchait généralement pas au premier rendez-vous, il n'avait pas non plus de règles qui allaient à cet encontre. Mettre des draps propres semblait donc judicieux. "Bleu marine. La peau pâle de Remus sera magnifique contre les draps sombres." Il vérifia deux fois le contenu de la boîte en bois posée sur sa table de nuit—diverses huiles de massage et autres lubrifiants, parfumés ou non.

Quelques bougies se trouvaient déjà dans la salle de bains. Quel genre de sorcier ne possédait pas de bougies à travers toute sa maison? Sin en ajouta quelque unes de plus. L'appartement était situé dans une partie Moldue de la ville et était donc alimenté en électricité. Il espérait que s'il se munissait d'assez de bougies, Remus renoncerait à la lumière agressive des lampes électriques et resterait dans une humeur cadrant avec la lueur des bougies. Il accrocha quelques grandes et douces serviettes, remerciant mentalement l'ancien amant qui, adorant les bains à deux, l'avait incité à les acheter. Il suspendit une robe de chambre en soie derrière la porte et fit courir sa main le long des plis du tissu, imaginant la sensation du corps ferme de Remus sous la surface glissante. Mais le tissu était froid au toucher.

"Un bain chaud dans une pièce agréable," avait dit Remus. Il n'y a aucune chance que Remus enfile ça après son bain. Il préfèrera plutôt remettre ses vêtements chauds. Sin ramena la robe de chambre dans sa chambre et sélectionna une confortable robe de chambre en tissu-éponge à la place. Remus pourrait peut-être bien mettre ça après son bain. "Chaud, confortable, rassurant—voilà le trois mots clé pour une soirée de séduction."

Sin venait juste d'ouvrir une bouteille de vin rouge quand il entendit frapper à la porte. "Salut, Beau Gosse (2). Tu es pile à l'heure."

Remus rougit, souriant, à l'accueil de Sin. Il hésita sur le pas de la porte. Sin décida de ne pas le bousculer, au sens propre comme au figuré. Il s'en retourna à son vin et lança par dessus son épaule, "Vas-y, entre. Accroche ta veste à côté de la porte. Je viens juste d'ouvrir du vin rouge. Est-ce que tu veux un verre? Tu peux le prendre avec toi dans ton bain." Comme il parlait, il entendit la porte se refermer.

"Oui, je veux bien. Merci."

"Il n'a pas eu le temps de respirer, mais—" Sin se retourna, tenant un verre de vin et observa Remus approcher. Il portait les mêmes vêtements Moldu que ceux qu'il avait au Chaudron Baveur, un large pull marine avec une bande dorée en travers de la poitrine et une paire de jeans pas-vraiment-assez-serrés. Sin appréciait l'allure que donnaient aux hommes les vêtements Moldus, mais il était déçu pour deux raisons. Premièrement, les jeans n'étaient pas assez serrés pour mouler correctement le cul de Remus, et deuxièmement, les vêtements Moldus représentaient un obstacle supplémentaire pour, disons, accéder réellement à cet adorable cul.

"J'espère vraiment que tu enfileras cette robe de chambre après ton bain," pensa-t-il. Il tendit un verre de vin à Remus, mais Remus réussit à le prendre sans toucher la main de Sin. "Ça ne va pas être facile."

"Merci," murmura Remus avant de prendre une gorgée. "Tu es sûr que ça ne te dérange pas si je prends un bain? Je sais que c'était vraiment une étrange demande. Je veux dire, tu me connais à peine, et—"

"Bien sûr que non ça ne ma dérange pas." Sin sourit et se versa un verre. "Je ne serai pas d'une très agréable compagnie pour un petit moment, de toutes façons, j'ai des ingrédients à préparer et d'autres choses de ce genre. Je serai moins distrait de la préparation du dîner si mon bel invité n'était pas dans ma ligne de mire. Et puis, quand tu te seras réchauffé, tu pourras revenir par là et me tenir compagnie." Il soutint le regard de Remus comme il prenait une gorgée de vin. "Je flirterais avec toi pendant que j'ajouterais les dernières touches au dîner."

Cette fois, Remus ne rougit pas, pas plus qu'il ne détourna nerveusement le regard. "Je n'arrive pas à le cerner," pensa Sin tout en laissant ses yeux se promener le long du corps de Remus, puis remontant pour trouver Remus le regardant toujours dans les yeux. "Une minute le langage de son corps dit d'aller doucement, la minute d'après—"

Sin fit quelques pas en arrière, du côté de la salle de bain. "Laisse-moi te montrer où est la salle de bain." Remus commença à le suivre, et Sin fit un demi tour sur lui-même pour lui montrer le chemin. "En fait, tu n'es pas le premier homme à y venir avec l'envie d'utiliser la baignoire," il poussa la porte pour l'ouvrir et fit un pas en arrière pour permettre à Remus de voir la pièce éclairée à la lueur des bougies, "mais il l'a toujours utilisé avec moi."

Remus s'arrêta sur le seuil de la porte et regarda de nouveau le visage de Sin, sans dire un mot. Il ne pouvait entrer dans la pièce sans frôler le bras de Sin—Sin n'avait pas été assez bête pour faire le pas en arrière. Quelque chose dans le regard fixe et silencieux de Remus était troublant—et très excitant. Sin se mit à rire nerveusement. "Désolé, je voulais rien insinuer de particulier." "Mon cul que j'voulais pas." "Je ne t'oblige à rien pour pouvoir utiliser cette baignoire, tu sais." Il recula d'un pas encore, donnant à Remus libre accès à la salle de bain. "Je serais dans la cuisine, et tu pourras avoir ton intimité. Mais, um, si tu veux que quelqu'un te frotte le dos, ou n'importe quoi d'autre, tu n'auras qu'à appeler." Sin baissa vivement les yeux et se dépêcha de retourner à la cuisine.

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Remus n'appela pas, pas plus qu'il ne choisit de porter la robe de chambre. "Moi qui espérais que prendre un bain était une ruse de sa part pour avoir une raison de se dépouiller de quelques couches de vêtements, c'est raté. Au moins le pull n'est plus là." Il entra dans la cuisine, portant son jeans et la chemise blanche aux trois quart boutonnée qui se trouvait auparavant sous le pull. Tout avait presque l'air fraîchement repassé, et Sin présuma que Remus avait effectué un charme de nettoyage sur ses vêtements.

"Tu te sens mieux?"

"Bien mieux. Le dîner sent merveilleusement bon. Qu'est-ce que je peux faire pour aider?"

"Pourquoi tu ne remuerais pas la salade, et je surveillerais les pâtes et le veau. Tu n'es pas philosophiquement opposé à l'idée de manger du veau, n'est-ce pas?"

"Non." Remus se mit à glousser, comme à une blague connue de lui seul. "La sauce sent vraiment bon. Origan, piments rouge, anchois—" Il identifia quelques uns des ingrédients uniquement grâce à son odorat. "Est-ce que tu suis une recette ou bien tu improvises?"

"Un peu des deux. C'est une sauce puttanesca (3); la légende voulait que les prostituées Italiennes l'utilisent pour attirer leurs clients." Sin lorgna ouvertement Remus pendant un moment avant de reporter son attention sur la poêle. "Les premières fois, j'ai utilisé une recette. Maintenant je la fais de mémoire et j'improvise un peu entre les ingrédients et les quantités. Passe-moi le moulin à poivre, veux-tu?" Sin posa partiellement sa main sur celle de Remus comme il lui retirait le grand moulin de bois des mains. Remus lui retourna son sourire, puis il apporta le saladier jusqu'à la table. "Parfait, il semble que ma décision de le laisser seul dans son bain l'a rendu plus détendu." "Parle-moi de toi, Remus. Je ne connais toujours pas ton nom de famille."

"Lupin, mais on a déjà parlé de moi au Chaudron Baveur. Qu'est-ce que tu fais pour vivre, Sin?"

Sin finit de mélanger les pâtes et la sauce et commença à verser la nourriture dans les assiettes. "Et bien, on s'attendait à ce que je me lance dans l'affaire familiale, l'invention de mon arrière-arrière-etc-grand-mère." Remus eut l'air quelques peu perplexe. "Souviens-toi de tes cours d'Histoire de la Magie—La Poudre de Cheminette—Ignatia Wildsmith." Il posa les assiettes sur la table éclairée aux chandelles, et ils prirent chacun un siège.

"Oh! C'est dur de se rappeler de quelque chose provenant de ce cours. Rester seulement éveillé était déjà un exploit." Remus remplit de verre de vin de Sin pour lui.

"Tu le penses aussi, hein? En tout cas, Simon m'a fait remarquer que mon frère, mon cousin et moi n'étions jamais d'accord sur rien, alors diriger une entreprise n'était pas une idée lumineuse. J'ai reconsidéré la question et ai suivi ma propre voie. Je travaille actuellement pour la Compagnie de Balais de Courses Nimbus. Nous avons récemment réalisé un très beau coup, celui d'obtenir que les Equipes Nationales Anglaises et Ecossaises, ainsi que tous les joueurs des Pies de Montrose jouent sur nos balais. La Ligue des Champions—c'est une excellente publicité."

"Toutes mes félicitations," dit Remus comme il portrait un toast avec un verre de vin presque vide. Sin se saisit de la bouteille et remplit le verre de Remus.

"Ah—mais ça n'est pas ce dont je suis le plus fier." Il marqua une pause de manière dramatique pour pouvoir manger quelques bouchées de nourriture. "Tu vois, il est facile de rallier la plupart des joueurs. Cours quelques épreuves de vitesse, prouve que tu possèdes le balai le plus rapide du moment, et Attrapeurs, Poursuiveurs, Batteurs, tous voudront ton balai. La difficulté ça a toujours été de rallier les Gardiens. Ils n'ont pas besoin ni ne veulent de vitesse, ils ont besoin de maniabilité et de nervosité."

Remus hocha la tête et continua de manger.

"Pendant des années, tous les grands fabricants de balais ont modifié le haut de gamme de leur ligne de balais en faisant du cas par cas afin de les rendre plus adaptés aux Gardiens professionnels. Alors ils ont pu faire ce que nous venons juste de faire, à savoir se vanter d'avoir une équipe entière de gagnants sur nos balais. Mais la vérité c'est que les balais que nous fournissions à nos Gardiens professionnels privilégiés n'avaient qu'une vague ressemblance symbolique avec ceux que l'on vendait au public."

"Pourquoi n'avez-vous pas créé une ligne de balais conçue pour les Gardiens?"

Sin se cala dans son siège et se mit à rire. "Tu viens de me bousiller mon effet, là ! C'était la chose évidente à faire, mais apparemment soit j'étais le premier à le suggérer, soit j'étais le premier à poursuivre dans l'idée. Les prototypes sont utilisés par différents Gardiens à travers toute le Ligue, et nous nous préparons à lancer la ligne pour le printemps." Sin secoua la tête et rit de nouveau. "Promets-moi que tu ne travailleras jamais pour un de mes concurrents, Remus. Ça m'a prit quelques années pour trouver cette brillante idée, et toi ça t'a pris cinq minutes."

Remus sourit et baissa les yeux sur son assiette. "Non, c'est juste la façon dont tu as expliqué la situation—la réponse était logique." Il releva de nouveau les yeux, souriant toujours. "Tu es celui qui a identifié le problème et qui l'a retourné à son avantage."

Sin tendit le bras au dessus de la table pour toucher la main de Remus. "Mon ego meurtrit et moi te remercions." Remus retourna sa main et serra les doigts de Sin un moment avant de retirer sa main.

"Est-ce que Simon a déménagé, ou bien tu lui as dit de disparaître pour la soirée?" demanda Remus comme il ramenait ses couverts dans son assiette.

"Est-ce que tu es en train de me demander si on sera seuls toute la nuit?" se demanda Sin. "Simon a déménagé. Il s'est enfuit l'été dernier pour se marier avec une de nos anciennes camarades de classe, Kitty Whitaker. Cette Chère Prudence était quelque peu froissée que Kitty soit née de parents Moldus, mais le fait qu'elle était du genre féminin a plus que compensé la chose." Remus se mit à rire réellement, et Sin sourit. "Ouais, Simon savait exactement ce qu'il faisait quand il torturait sa mère avec moi."

"Le dîner était merveilleux, Sin. Celui qui t'a dit que tu étais un bon cuisinier t'a dit la vérité. Je peux peut-être faire la vaisselle?"

Sin secoua la tête et vida le reste de la bouteille de vin dans leur verre. "Ma mère insiste pour m'envoyer un de leurs elfes de maison chaque nuit. Si je ne laisse pas quelque chose à faire pour ce pauvre petit chéri, elle s'affole carrément. Laisse tout ça comme c'est et viens me rejoindre sur le sofa."

Sin attrapa la bouteille de vin comme il se levait et fut satisfait de voir Remus lui emboîter le pas. Il laissa assez de place à sa droite pour que Remus puisse choisir ou non de s'asseoir près de lui. "O.K., il n'est pas assis aussi près de moi qu'il ne l'était la fois près du ruisseau, mais il n'est pas non plus à l'extrémité du sofa. Juste à portée de main." Il fit venir une grosse boîte en forme de cœur d'une étagère juste à côté. "Ne ris pas. Simon et moi nous nous en achetons une, juste après le jour de la Saint Valentin. Ça a commencé comme une blague quand on était enfants et maintenant—" il haussa les épaules.

"Et maintenant vous continuez parce que c'est devenu votre tradition."

"Exactement. Je n'ai pas fait de dessert, mais peut-être que tu aimes le chocolat?"

"Non merci."

Sin en sélectionna un et posa la boîte sur la table derrière le sofa. "Choses à se rappeler à propos de Remus Lupin: il aime le veau, mais il n'aime pas le chocolat."

Remus se mit à rire. "En fait, généralement j'adore le chocolat. C'est juste que de temps en temps ça ne m'attire plus autant pendant quelques jours." Il baissa tristement les yeux sur ses mains. "C'était une des choses à propos desquelles mes amis aimaient me taquiner. Ils me volaient mes grenouilles en chocolat et les mangeaient durant ces jours là, disant que de toute façon, puisque je ne les mangeais pas—et puis quelques jours plus tard, ma réserve de grenouilles en chocolat était toujours réapprovisionnée. Ils remettaient toujours plus de grenouilles qu'ils n'en prenaient."

"C'était de bons amis."

"Les meilleurs." La main gauche de Remus glissa sous le bord de sa manche droite comme s'il cherchait sa montre. Sin retint son souffle, espérant que Remus n'était pas sur le point de lui dire qu'il partait déjà, mais Remus caressa simplement son poignet et fixa de nouveau le visage de Sin.

"Est-ce que ça te dérangerais si je t'embrassais?" demanda Remus.

"J'ai cru que tu ne demanderais jamais."

Ils se penchèrent tous les deux pour réduire la distance qui les séparait, Sin posant une main sur la jambe de Remus et prenant son visage au creux de l'autre. Remus conserva ses mains sur lui. Le premier baiser était une tentative, juste doux. Des lèvres rencontrant d'autres lèvres, et le léger goût d'une bouche chaude qu'il voulait explorer. Remus baissa les yeux sur la main de Sin et l'emprisonna dans les siennes, caressant la paume avec doigts de la main du dessous. Quand Remus tourna sa tête, l'autre main de Sin glissa de la joue de Remus jusqu'à son cou. Remus ferma les yeux tout en frottant son cou contre cette main. Le niveau d'excitation de Sin avait varié durant la soirée comme il regardait et écoutait Remus. Maintenant, tandis qu'il sentait les tendons et les muscles fermes du cou de Remus et voyait le visage rempli de bonheur de Remus, il sentit son érection se durcir indéniablement. Il était tellement facile d'imaginer cette expression sur le visage de Remus pendant qu'il caresserait encore plus de ce corps puissant.

"Embrasse-moi encore," susurra Sin.

Remus se tourna et regarda fixement dans les yeux de Sin. L'intense inertie des yeux étrangement colorés de Remus excita Sin encore plus qu'il ne l'avait été plus tôt dans la soirée. Il voulait voir Remus quand ils feraient l'amour. Il n'y avait rien d'hésitant dans le baiser de Remus cette fois. L'une des mains de Remus glissa dans la nuque de Sin et l'attira plus près. Un enchevêtrement de langues et de lèvres, chaudes et humides; le baiser de deux personnes qui n'avaient pas encore appris les habitudes et désirs de l'autre, mais qui le désiraient. La main de Sin continuait de caresser l'intérieur de la cuisse de Remus et remontait un peu plus à chaque caresse, jusqu'à ce que ça ne soit plus la jambe de Remus qui reçoive ses bons soins. La main gauche de Remus plana au dessus de celle de Sin comme s'il attendait un message de son cerveau pour arrêter ce que l'autre homme était en train de faire, mais le message fut intercepté en chemin.

Remus se retrouva soudainement sur les genoux de Sin, le chevauchant, l'écrasant contre le sofa. Sa langue était plongée profondément dans la gorge de Sin, explorant avec insistance. Sin su qu'il voulait plus que la langue de Remus dans sa bouche—et très vite. Les mains de Remus tirèrent sur les robes de Sin, dégageant le tissu, essayant d'atteindre sa peau. Sin tira par à-coup sur la chemise de Remus, essayant de la libérer de sa ceinture et de ses jeans. Remus empoigna chacun de ses poignets et les épingla contre le dossier du sofa.

"Non!" gronda Remus avec rudesse. Il continua à immobiliser les mains de Sin pendant qu'il embrassait et mordillait la gorge de Sin. Sin était écartelé entre, s'abandonner au frisson d'être dominé et son désir de toucher chaque pouces du corps de Remus. Il lutta pour libérer ses mains, mais Remus était plus fort.

Remus se recula juste assez pour fixer de nouveau Sin dans les yeux. Il cligna des yeux et s'écarta précipitamment de lui. "Je suis désolé—c'était une erreur—je dois partir." Remus s'était déjà saisit de sa veste et était sur le point d'ouvrir la porte quand Sin le rattrapa et empoigna son bras. Remus se figea dans sa course mais ne se retourna pas.

"Calme-toi, Remus. Parle-moi," implora Sin. "Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal? Dis-moi ce que tu veux."

"Je sais ce que je ne veux pas." La voix de Remus était à peine plus élevée qu'un murmure, mais Sin s'appliqua à écouter. "Je ne veux pas que Sirius Black soit la seule personne avec qui j'ai jamais couché."

"Personne d'autre?"

Remus secoua légèrement la tête.

"Alors pourquoi tu t'enfuis? Reste pour la nuit."

"Pas cette nuit."

"D'accord, pas cette nuit, promis." Sin relâcha le bras de Remus et avança d'un pas. "Mais ne pars pas"

"Il faut que je parte. Je suis désolé."

Sin caressa le cou de Remus, espérant inspirer la même réaction que précédemment. "Quand est-ce que je pourrais te revoir?"

Remus se tourna pour le regarder, mais ses sourcils étaient froncés et ses yeux troublés. "Qu'est-ce que tu veux vraiment savoir ? Quand est-ce qu'on pourra se revoir, ou alors quand est-ce que je coucherais avec toi? Les deux questions sont excellentes, mais elles ont deux réponses différentes."

Sin avait réellement très très envie de mettre celui-là dans son lit, maintenant plus que jamais, mais ce n'était pas tout ce qu'il voulait. Il se rendit compte qu'il appréciait la compagnie de Remus. "Les deux?"

"Une semaine, et deux semaines."

"Alors je te verrais dans une semaine."

Remus sourit faiblement et passa la porte. Sin erra jusqu'à la fenêtre donnant sur la rue. Il regarda Remus sortir de l'immeuble. Remus fit une pause quand il atteignit le trottoir et fixa le ciel pendant un long moment. Sin leva les yeux pour voir ce qui avait attiré l'attention de Remus. Un hibou, peut-être? Il voyait seulement la lune et les étoiles, brillant toutes d'une lumière froide dans le ciel clair de l'hiver. Il regarda de nouveau le trottoir, mais Remus était parti. Sin jeta un coup d'œil au ciel une fois de plus avant de quitter la fenêtre. "C'est la pleine lune? Non, pas totalement. Peut-être demain ou la nuit prochaine."

A suivre...


Note de l'auteur: J'ai volé la phrase "enchevêtrement de langues et de lèvres" dans une chanson "Say Goodbye" de Dave Matthews. Cela semblait approprié puisque la même chanson est à l'origine des titres des deux premières histories de cette série. Et oui, Sin continue d'appeler Prudence Pettigrew "Chère Prudence" parce que c'est un fan des Beatles.

Pourquoi Remus n'est pas resté pour la nuit? La réponse est dans le dernier paragraphe. Pourquoi n'a-t-il pas laissé Sin lui retirer sa chemise? Si vous ne le savez pas, vous allez devoir attendre jusqu'à ce que Sin le découvre dans le prochain chapitre.

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(1) Désolée pour cette fois mais là, une traduction aurait fait vraiment ridicule, quelque chose comme 'mes yeux dorés' ou... non, vraiment trop niais...

(2) En désespoir de cause j'ai opter pour la suggestion de Temys quant à la traduction de 'Gorgeous' qui signifie en fait 'magnifique', cependant cela aurait fait un surnom un peu trop féminin, et comme Temys le dit si bien, Sin est plutôt brute de décoffrage et doit retenir ses élans à plusieurs reprises, alors pour le côté tendre, faudra revenir! Personnellement, je n'aime pas trop 'Beau gosse', je trouve ça un petit peu péjoratif, alors si vous avez des idées...

(3) Pour ceux qui l'ignorent –comme moi quand j'ai voulu traduire- la sauce puttanesca est une préparation Italienne composée principalement d'olives noires, d'anchois, de piments, de câpres et de tomates écrasées… Avec des spaghetti je suis persuadée que c'est excellent -d'ailleurs la photo que j'ai en face des yeux m'a l'air plutôt appétissante… (sauf que moi je n'aime ni les câpres ni les olives ni le piment ni les tomatescuites (bon à part sur la pizza pour les tomates, bien évidemment :)) Bon Appétit!

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NDT: Je promets de ne pas vous faire attendre 7 mois pourle chapitre 3 ;p