Un nouveau chapître, un nouveau tournant, une intrigue qui s'accélère et...

...et vous verrez.

Bonne lecture, et je vous dit encore un chaleureux merci pour vos encouragements bienveillants, et commentaires adorables.


CHAPITRE 12: Désillusion.

Tout était allé si vite ces dernières heures. Beaucoup trop vite. Entre le moment où les recherches de Multimouse n'avaient donné aucun résultat, la laissant profondément démunie, et le moment où Ladybug et Chat Noir s'étaient retrouvés encerclés par les Parisiens en colère, le temps semblait s'être enfui en un claquement de doigt.

En effet, alors que Ladybug se lamentait d'avoir vraisemblablement raté quelque chose quand elle avait affiné ses recherches pour trouver la planque de Papillombre, d'autres complications et mauvaises nouvelles s'étaient profilées à l'horizon. Matraque et yo-yo s'étaient mis à sonner dans tous les sens, diverses alertes s'affichant sur les écrans: un appel de Rena Rouge, des notifications médiatiques, des centaines de commentaires sur le Ladyblog…

Ils avaient tous les deux senti les ennuis à plein nez. Et, effectivement, ils avaient maintenant un très gros problème: le mirage qui couvrait la patrouille de ce soir avait tourné au fiasco à cause d'un pigeon. Un seul pigeon, qui avait effleuré l'illusion de Rena Rouge, la faisant instantanément disparaître. Malheureusement, la scène avait été filmée et rapidement diffusée partout sur les réseaux sociaux.

Les parisiens manifestaient à présent leur déception et mécontentement dans les rues, et à chaque seconde qui passait, ils étaient de plus en plus nombreux.

À cet instant précis, Ladybug et Chat Noir se retrouvaient donc encerclés et piègés sur la place des Vosges, devant la statue à leur effigie. Ils ne pouvaient que constater avec effroi la cohue générale dans le parc, mais aussi dans les rues environnantes.

Menteurs !

— Lâches !

— Les super-héros nous abandonnent ! Papillombre papillonne !

— Nous ne sommes pas des dommages collatéraux !

— Hypocrites !

Les reproches qui s'adressaient à eux étaient aussi douloureux et tranchants qu'un poignard planté en plein cœur.

Ils avaient indéniablement failli à leur devoir.

Ils avaient échoué.

Échoué, à tenir leur promesse de toujours protéger les Parisiens. Échoué, à démasquer et arrêter Papillombre durant ces dernières années. Pire que ça, les attaques de leurs ennemis étaient devenues de plus en plus puissantes, sans qu'ils ne puissent faire quoi que ce soit, hormis encaisser.

Mais, cette fois-ci, ils ne parvenaient même plus à encaisser. Ils étaient purement et simplement roués de coups, contre lesquels ils étaient incapables de riposter, et le KO final était proche.

Ladybug recula d'un pas et son dos heurta le torse de son partenaire. Elle regarda tout autour d'elle, puis en direction du compte à rebours qu'elle pouvait apercevoir au loin: celui-ci indiquait 2 jours, 12 heures, 1 minute et 5 secondes.

Elle regarda enfin en arrière, par-dessus son épaule, et jeta un coup d'œil insistant en direction de Chat Noir. Elle sentait les larmes s'accumuler dans ses yeux et brûler, alors qu'elle croisait son regard désemparé et inquiet. Il posa ses mains sur ses épaules et les serra fort, tout en la collant un peu plus contre lui.

— On s'en va, murmura-t-il dans son oreille. Il faut laisser refroidir les esprits. Ça ne sert à rien de foncer tête baissée maintenant dans des excuses et explications qu'ils ne voudront pas entendre.

Elle resta statique, pétrifiée par les sifflements et la colère de la foule. Leurs cris et leurs reproches résonnaient dans son crâne comme un douloureux écho qui martelait ses tempes. Cela lui donnait presque la nausée.

— Miraculeur est au sommet de la Tour Eiffel: ça sent les gros ennuis si on reste ici, ajouta-t-il. Je ne donne pas cher de notre peau.

Un bras fort et puissant s'enroula autour de sa taille suite à son manque de réaction et, l'instant suivant, elle se retrouva propulsée les pieds hors du sol et transportée sur un toit.

— Bug, on bouge ! Tout de suite !

Ladybug regarda son partenaire étendre sa matraque et bondir au sommet d'un autre toit, s'éloignant en prenant la direction de leur QG mais de façon détournée.

Elle ferma les yeux et des larmes coulèrent sous ses paupières closes, terminant leur course sur ses joues.

— Je suis désolée, mon Chaton, murmura-t-elle.

Elle déroula son yo-yo et le jeta dans une direction opposée, prenant la fuite en direction de son appartement, alors qu'un sentiment d'échec et de résignation l'envahissait et la rongeait jusqu'à l'os.


Chat Noir fronça les sourcils et se stoppa dans sa course. Il se retourna et constata que ses oreilles ne l'avaient pas trahi: il n'y avait aucun bruit derrière lui. Ladybug ne le suivait pas. Il tourna sur lui-même, scrutant les alentours avant d'essayer de déployer sa matraque pour essayer de la contacter.

"Ici Ladybug, laissez un message !"

Il soupira et rétracta son arme. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, n'est-ce pas ? Il allait simplement l'attendre au QG et elle le rejoindrait plus tard dans la soirée.

Cependant, les heures passaient, ponctuées par le tic-tac de l'horloge qui commençait à mettre à rude épreuve les nerfs et la patience de Chat Noir, sans que Ladybug n'arrive. Il était maintenant presque minuit et le félin attendait depuis près de quatre heures.

Le café, qu'il avait préparé pour eux deux en arrivant, était maintenant froid depuis très longtemps et bon à jeter.

Dans un ultime espoir de parvenir à joindre sa partenaire, Chat Noir essaya de l'appeler une fois de plus, la vingtième fois au moins, depuis qu'il l'avait éloignée de la foule en ébullition. Mais, en vain, il tomba instantanément sur la messagerie vocale, ce qui lui indiquait que l'héroïne n'était pas transformée et, démuni, il laissa un message supplémentaire pour elle.

"C'est encore moi, Bug. Je m'inquiète. S'il te plaît, fais-moi simplement un signe pour me dire que tout va bien… Je t'attends au quartier général... Fais attention à toi… Je t'… tu me manques déjà…"

Déconfit, il ferma son bâton et le déposa sur la table. Il y prit ensuite les deux tasses de café, qui y étaient posées depuis des heures, et se leva, marchant jusqu'à la cuisine pour jeter leur contenu dans l'évier. Comme s'il avait été réglé en mode autopilote, il rangea machinalement le studio, avant de rejoindre le lit et de s'y effondrer de tout son poids.


Quand Marinette rentra dans son appartement, elle ne s'attendait pas à être accueillie par une étreinte forte, spontanée et écrasante. Alya s'était jetée sur elle sans prévenir et la serrait maintenant comme si sa propre vie en dépendait. Hé bien, c'était plutôt celle de Marinette qui était en péril à ce moment précis, parce que si sa colocataire continuait de la serrer comme ça, elle risquait probablement de finir étouffée.

— Marinette ! Je suis vraiment désolée ! Je n'ai pas vu ce foutu pigeon ! Si tu savais comme je m'en veux pour ce qu'il s'est passé. J'aurais dû le voir. J'aurais dû le voir !

— Alya… tu… m'étouffes…

— Pardon ! s'excusa-t-elle en faisant instantanément un bond en arrière. Désolée. Je suis sincèrement désolée pour tout.

Marinette posa sa main sur le bras d'Alya et lui adressa un faible sourire.

— Ce n'est pas ta faute. Chat Noir et moi, nous aurions dû savoir que cela comportait un risque, soupira-t-elle longuement. À vouloir se donner du temps pour se consacrer à nos recherches, à Miraculeur et à Papillombre, on a négligé les autres aspects du problème. Les Parisiens ont raison: on enchaîne les erreurs et ils ne doivent surtout pas devenir des dommages collatéraux.

Alya posa ses mains sur les épaules de Marinette, soutenant sévèrement le regard de la bluenette.

— Les Parisiens sont des cons, cracha sans vergogne la brunette. Les gens sont toujours comme ça, quand la situation devient difficile à gérer, quand la situation les dépasse: ils cherchent une personne à blâmer, un coupable, déplora-t-elle en colère face à la réaction hypocrite des citoyens. Ils ont bien vite retourné leur veste et oublié que ceux qui sauvent leurs fesses depuis quatre ans, ce sont Ladybug et Chat Noir !

— C'est bien ça le problème, Alya, déclara Marinette, qui tourna subitement le dos à sa meilleure amie. En quatre ans, nous n'avons toujours pas démasqué Papillombre. Nous ne savons rien de ses motivations, si ce n'est qu'il ne lâche pas l'affaire pour obtenir nos Miraculous, et qu'il est même de plus en plus insistant et perfide. Il ne reculera devant rien. Il n'a peur de rien...

— Mari…

— Je vais abandonner Alya. Je rends les armes: il n'y a aucune autre solution pour garder la ville et ses citoyens sains et saufs, confessa-t-elle d'une voix rendue rauque par les larmes qu'elle retenait.

— NON !

Marinette sursauta face à la puissance du cri de son amie et fit volte-face, ne pouvant cacher les larmes d'eau salées qui naissaient dans ses yeux. Le regard sérieux et affolé d'Alya se porta tout à coup sur son sac.

— Dis quelque chose Tikki ! Tu ne peux pas la laisser faire ça !

Marinette serra les dents, ouvrit son sac et plongea la main dedans, avant de tendre à la brunette une petite boite sphérique, rouge à pois noir.

— Tu as déjà pris ta décision ! Tu as renoncé ! nota-t-elle avec une profonde déception. Et que pense Chat Noir de tout ça, hein ?!

Marinette baissa la tête et souhaita soudainement que le sol s'ouvre sous ses pieds pour l'engloutir dans les profondeurs. Le sentiment de culpabilité qu'elle ressentait était si fort qu'elle se voyait déjà assigner un aller-simple avec une place VIP tout droit vers l'enfer.

— Tu ne lui as rien dit… s'étonna Alya, ses yeux s'écarquillant suite à ce terrible constat. Marinette…

Cette fois-ci, Marinette ne put contenir plus longtemps le torrent d'émotions qui s'abattait sur elle. Le barrage céda, emportant avec lui tous les remords, toutes les incertitudes et toute la peur qu'elle ressentait.

— Oh Marinette… souffla doucement sa meilleure amie, tout en l'attirant dans ses bras pour l'étreindre affectueusement.

Alya lui frotta lentement le dos dans un geste réconfortant.

— Shht, tout ira bien, tu vas le retrouver ce soir et tu vas lui dire, d'accord ? Je suis admirative de ta combativité et du sacrifice que tu t'apprêtes à faire… mais Chat Noir à le droit de savoir. C'est ton partenaire et, si c'est votre ultime espoir, votre ultime décision, vous devez la prendre ensemble.

— Tu ne...comprends pas…Alya... Je...je ne veux pas… je ne peux…pas lui…demander... ça... pleura-t-elle, chacun de ses mots ponctués par des sanglots douloureux. Je ne veux plus le voir…se sacrifier...pour moi…pas après tout ce qu'il traverse…pas avec la vie compliquée qu'il a...il en fait déjà tellement…trop… avoua-t-elle, la gorge complètement nouée. Je m'en veux tellement de ne pas...avoir compris plus tôt…j'étais tellement aveugle...

— Marinette, tu parles comme si...comme si tu connaissais sa vie… comme si… Oh mon dieu ! Tu sais qui...tu sais qui est Chat Noir !

Ce n'était pas une question qu'Alya laissait planer en suspens entre elles deux, mais bien une affirmation parfaitement éclairée.

Marinette releva la tête, ses yeux meurtris par les larmes, et croisa le regard inquiet, mais aussi interrogateur, d'Alya. Elle pouvait presque voir les engrenages tourner et s'imbriquer dans le cerveau de la brunette, alors qu'elle essayait vraisemblablement de relier les points entre ses précédentes paroles et son état plus que lamentable. Le regard désemparé et rempli de souffrance que Marinette posa sur sa meilleure amie fut, sans aucun doute, la dernière pièce manquante.

— Adrien… murmura Alya, lui extirpant subitement une nouvelle vague de sanglots et coups de poignard portés en plein cœur.


Chat Noir s'endormit avec difficulté cette nuit-là et son sommeil fut agité. Chaque bruit à l'extérieur, chaque petit courant d'air et chaque grincement du matelas, lui avaient fait ouvrir l'œil pour s'enquérir de la (non) présence de Ladybug et il n'avait donc presque pas dormi. Malheureusement, au petit matin, il fut forcé de constater qu'il était toujours seul dans leur repaire secret.

Il prit sa matraque et constata avec tristesse qu'il n'avait aucun message. Se sentant complètement impuissant, il laissa tomber sa transformation et quitta prudemment le studio. C'était plus sûr de ne pas laisser Chat Noir se balader sur les toits, avec Miraculeur qui semblait essayer de profiter du chaos général pour leur mettre la main dessus et encore moins avec l'atmosphère anti-héros qui régnait sur Paris. En effet, les esprits révoltés ne semblaient pas encore prêts à abandonner et pardonner leur découverte de la veille.

Adrien s'enfonça dans les ruelles parisiennes encore foncièrement en effervescence. Marchant tête baissée, il se dirigea rapidement vers le Manoir, afin de ne pas manquer les vérifications d'usage que faisait son garde du corps chaque matin. Sur son chemin, il passa non loin de la Tour Eiffel. Il releva la tête: 48 heures, à une minute près. Voilà le temps qu'ils leur restaient et Ladybug était introuvable. Il continua sa route pendant quelques minutes et il sentit un chatouillement contre sa poitrine. Il baissa les yeux, et vit la tête de Plagg dépasser de sa chemise. Le regard du Kwami était concerné et inquisiteur.

— Ça va, gamin ?

Il s'arrêta et tapota gentiment la tête du petit Kwami.

— Ça va Plagg, ne t'inquiète pas, répondit-il avec un sourire forcé.

Il leva les yeux et le semblant de sourire qu'il s'efforçait d'esquisser s'évapora, lorsqu'il réalisa l'endroit où il se trouvait: devant l'immeuble où résidait Marinette. Il retint son souffle et ferma les yeux, baissant la tête avec résignation.

— Non ça ne va pas, Adrien. Pas du tout, nota le petit Kwami sans équivoque. Vas-y ! Vas lui parler !

Adrien ouvrit les yeux et regarda le petit chat dont le regard vert électrique était sévèrement braqué sur lui. Il pouvait y lire une intensité et une véracité sans égale. Il n'avait jamais vu son petit compagnon aussi sérieux et aussi…clairvoyant?

— Je ne vois pas de qui tu parles, Plagg.

— N'essaie pas de me prendre pour un idiot, Adrien: j'ai plus d'un million d'années. Je ne suis pas née de la dernière pluie… mais de la première !

— Plagg… soupira-t-il d'un regard suppliant.

Il ne voulait pas marcher sur ce terrain là. Pas maintenant. Il n'était pas prêt à dire la vérité à son kwami qui semblait déjà, très -trop- suspicieux à son goût.

— Il n'y a pas de Plagg qui tienne, gamin !

Le petit chat en savait visiblement beaucoup trop.

— Tu te trompes. Maintenant, cache-toi et mange ton camembert: je vais avoir besoin que tu me transformes à nouveau pour grimper aux fenêtres du Manoir… déclara-t-il en appuyant sur la tête du kwami pour l'obliger à rentrer sa tête à l'intérieur de sa chemise.

Adrien jeta un dernier coup d'œil vers les lumières qui se diffusaient à travers les rideaux du petit appartement que Marinette et Alya partageaient et soupira. Il se remit ensuite rapidement en marche afin de ne pas rater la vérification matinale du Gorille.


— Si tu as besoin d'un peu plus de temps…je comprends…mais tu dois lui dire, Marinette.

Alya entra doucement dans la chambre de la jeune femme, une tasse de chocolat chaud fumante entre les mains, qu'elle déposa sur la table de nuit.

Marinette était recroquevillée dans son lit et serrait ses genoux contre sa poitrine, la tête enfouie entre ses cuisses, évitant le regard, certainement désapprobateur de sa meilleure amie.

— J'espère que la nuit t'a porté conseil… déclara la brunette avant d'allumer la lumière et de quitter la pièce, la laissant seule avec ses pensées troublées et douloureuses.

Elle soupira et prit la tasse de chocolat chaud, se levant et se dirigeant vers la fenêtre. La nuit avait été mauvaise et elle n'avait pratiquement pas fermé l'œil, ressassant sans cesse le bien-fondé de sa décision.

Marinette écarta doucement les rideaux et son regard se posa sur la Tour Eiffel en arrière-plan. Elle ne pouvait pas discerner correctement le compteur de là où elle se trouvait mais, de toute façon, ce n'était pas nécessaire pour elle de le voir: le compte à rebours était gravé dans sa tête et elle savait qu'il ne restait que 48 heures avant que le temps qui leur était imparti prenne fin.

Elle baissa les yeux vers sa tasse et s'apprêtait à la porter prudemment à ses lèvres, lorsque son regard fut attiré par une silhouette familière dans la rue en contrebas: Adrien.

Elle manqua de laisser tomber sa tasse lorsqu'elle vit le jeune homme s'arrêter sous sa fenêtre. Elle tira rapidement les rideaux et se plaqua contre le mur à côté de la fenêtre, le cœur battant à tout rompre. Elle posa une main devant sa bouche et ferma les yeux, des larmes roulant soudainement le long de ses joues, atterrissant directement dans son chocolat chaud.

Un chocolat chaud qui aurait dû être réconfortant et apaisant mais qui avait maintenant un goût amer de défaite et de culpabilité.

À suivre...


S'en va sur la pointe des pieds sans rien dire avant de se faire étrangler par ses lecteurs.*

Oui, oui, je fais dans l'émotionnel pour le coup et le dramatique. Non, nos héros ne sont pas au bout de leur peine.

Oui, je leur réserve la fin qu'ils méritent. Je vous le promet. Ce sera sur une note plus douce.

Patience.

La semaine prochaine, chapitre 13: Demain est un autre jour.

N'hésitez pas à laisser votre avis sur cette histoire, surtout si vous venez d'atterrir ici par hasard. Cela me ferait vraiment plaisir de vous lire. Bisous Miraculeux.