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Bonne lecture,
CHAPITRE 13: Demain est un autre jour.
Une journée de plus sans nouvelles, suivie d'une nuit de plus avec un sommeil agité, voire inexistant. Adrien ouvrit un œil et le referma aussitôt, se tournant dans son lit et enfonçant son visage dans son oreiller.
24 heures. Ils ne leur restaient que 24 heures avant que le dôme explose et réduise Paris en un cratère béant. 24 heures et, pendant ce temps, Ladybug était toujours aux abonnés absents.
— Va lui parler, Adrien, ordonna sévèrement le petit Kwami chat qui se tassait sur l'autre oreiller.
— Comment sais-tu que je sais qui… elle est ?
Est-ce que Plagg venait réellement de soupirer si fort ?
— Je sais que tu peux être assez dense et aveugle mais tu n'es pas aussi stupide, s'insurgea le Kwami. On sait tous les deux que la boulangère a pris ce coup pour toi et que c'est pour ça qu'elle a la même blessure que Ladybug.
Le petit Dieu de la Destruction se nicha dans ses cheveux dorés et tira vivement sur une mèche.
— Aïe ! Pourquoi est-ce que tu fais ça !
— Vas la voir, Adrien !
— Marinette ne sait pas qu'Adrien est Chat Noir ! Protesta-t-il. Elle ne veut pas savoir !
—Tu n'es pas obligé de lui dire que tu es là pour parler avec Ladybug… Depuis quand Chat Noir ne peut-il plus rendre visite à sa civile préférée ?
Adrien se redressa et lança un regard sévère au petit chat noir.
— Depuis que c'est plus compliqué d'atterrir sur le balcon d'Alya et Marinette que sur celui de la boulangerie sans me faire prendre, grimaça-t-il.
— Si ce n'est que ça… J'ai un plan qu'on peut affiner comme un merveilleux Brillat-Savarin à la truffe.
Au crépuscule, Chat Noir se posa sur un toit en vis à vis avec l'appartement que Marinette partageait avec Alya et s'immobilisa un instant. Son regard se dirigea vers les fenêtres, d'où la lumière intérieure filtrait à travers les rideaux, avant de scruter le petit balcon fleuri qui se situait au niveau de la porte-fenêtre du salon.
Le cœur tambourinant dans sa poitrine, presque comme si celui-ci allait bientôt s'en échapper, le héros prit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs à vif. Il fit un grand bond vers l'avant et, avec l'agilité et la discrétion féline qui le caractérisait, il se posa en toute souplesse sur la rambarde métallique du balcon. Perché comme un véritable chat, il descendit lentement, ses bottines effleurant le sol avec une légèreté délibérée. Il était comme une ombre glissant dans la lueur du soir: silencieuse, furtive et insaisissable.
Sa main griffue, gantée et tremblante s'approcha lentement de la porte-fenêtre et il recula.
Une boule se forma dans sa gorge et dans son estomac. Il ne pouvait définitivement pas mettre le plan de Plagg à exécution et demander à Marinette du fromage pour nourrir son Kwami afin d'entamer une conversation avec elle.
Hors de question ! Nada ! Nope !Définitivement non !
Sa partenaire était une adulte capable de prendre ses propres décisions. Et, si elle avait décidé de fuir, de l'abandonner égoïstement et de laisser tomber, alors ainsi soit-il. Aussi douloureux fut-il de l'admettre, de rendre les armes et de perdre la bataille, il devait l'accepter.
Chat Noir étendit sa matraque et fit un bond en arrière—littéralement.
Il s'adossa à une cheminée et comtempla les lumières de la Tour Eiffel. Au sommet, le compte à rebours, qui affichait autrefois des chiffres verts, s'était maintenant paré de rouge. Un rouge flamboyant qui clignotait furieusement et alimentait la fureur des citoyens qui s'étaient rassemblés pour continuer à manifester leur désabusement au pied de la Dame de Fer.
Il prit une profonde inspiration et se leva, le corps lourd et presque vide de toute énergie. Vide de combativité. Vide d'espoirs. Il s'élança ensuite comme un vieux pantin abîmé et désarticulé jusqu'au quartier général. Une fois arrivé là-bas, il contacterait Rena Rouge. Il appellerait Alya et lui enverrait un message à diffuser sur le Ladyblog, afin de signaler que Chat Noir accepte de renoncer à son Miraculous au sommet de la Tour Eiffel, le lendemain matin.
Peut-être que, éventuellement, Ladybug le rejoindrait, puisqu'elle semblait avoir pris la décision de renoncer, elle-aussi, sans même lui en toucher un mot. Sans même un au revoir. Avec un peu de chance, il pourrait peut-être enfin lui dévoiler son identité, lui confesser la profondeur de son amour pour elle et…elle, lui dédier ses derniers mots, avant que Papillombre n'exauce son souhait et ne les sépare à jamais en changeant la réalité.
Il frotta ses yeux et chassa les larmes qui s'y étaient accumulées, avant de se pencher pour aligner son œil gauche devant le scanner rétinien. Lorsqu'il ouvrit la porte, il fut surpris par une silhouette se tenant dans l'ombre et se figea complètement sur le pas de la porte.
— Ma Lady…
Sa voix était à peine un murmure étouffé. Il était totalement décontenancé par sa présence ici.
— Tu… Tu es là…
Il tremblait et pouvait entendre la douleur, tout comme le chagrin, transparaître dans sa propre voix.
Il resta immobile, comme un pantin dont le marionnettiste avait cessé de tirer les ficelles. Une vieille marionnette en bois, poussiéreuse et cassée, sur laquelle la vie s'était acharnée encore et encore, combat après combat, coup après coup, échec après rebond, sacrifice après rédemption.
— Tu m'as laissé seul...
Son regard intense et sa voix brisée en disaient long.
Ladybug fit un pas vers lui et il fit deux pas en arrière, reculant comme un chaton effrayé pris dans les phares d'une voiture.
Elle s'immobilisa et son regard tomba tristement vers le sol.
— Tu as tout à fait le droit d'être en colère contre moi. Je le mérite amplement. J'ai agi comme une imbécile égoïste, admit-elle soudainement lorsqu'elle trouva enfin le courage de parler.
Il n'était pas en colère, non.
Il était bouleversé, incertain et quelque peu…déçu. Cependant, maintenant que le choc initial était passé et qu'elle était là, en chair et en os, devant lui, tout ce qu'il avait pu ressentir semblait plutôt futile face au profond soulagement qui l'envahissait.
— Je suis désolée. Tellement désolée, sanglota-t-elle, comprenant parfaitement sa réaction. J'ai eu peur et j'ai…fuis. J'ai fuis parce que je ne voulais pas que tu me vois aussi faible et vulnérable. J'ai fui parce que je ne pouvais plus supporter de voir notre monde s'écrouler autour de nous, sanglota-t-elle, essuyant ses larmes du revers de la main, mais c'était inutile, d'autres s'accumulaient déjà dans ses yeux et roulaient sur ses joues. J'ai fuis… parce que… parce que… je t'aime… et que je préférais te perdre à cause de moi… plutôt qu'à cause de Papillombre. Je croyais que ce serait moins douloureux. Mais ça ne l'est pas.
Ladybug porta sa main sur son cœur et ses doigts agrippèrent fermement le tissu de son costume, le serrant et le froissant entre ses doigts.
— Ça n'est pas moins douloureux. Ça l'est encore plus. Mon cœur ne bat plus, sans le rythme du tien. Tu fais partie de moi et…sans toi, j'ai l'impression qu'on m'a arraché le cœur à vif. Et ça fait mal. Tellement mal ! Chaton ! déclara-t-elle d'une voix brisée, tout en enfonçant ses ongles dans le tissu de son costume, le tordant plus fort encore entre ses doigts. Je sais que toutes les excuses du monde ne changeront pas ce que je t'ai fait subir, il n'y a même pas de mots assez forts pour dire à quel point je suis désolée. Mais s'il te plaît, crois-moi, je le suis. Je le suis vraiment.
Elle s'effondra en sanglots et courut dans ses bras, s'écrasant contre son torse, en pleurant à chaudes larmes.
Surpris, Chat Noir laissa ses bras ouverts quelques secondes, avant de les enrouler autour d'elle et de fermer les yeux.
— Shht… murmura-t-il en lui caressant les cheveux. Oui, tu m'as blessé, avoua-t-il, une boule obstruant sa gorge à ce souvenir douloureux des 48 heures passées dans la peur de ne plus jamais la revoir. Mais tu as réalisé que tu avais fait une erreur et tu as appris de cette erreur. Et tu es ici maintenant... Avec moi… C'est tout ce qui compte.
— J'étais perdue. Je suis perdue. Et j'ai peur. J'ai si peur, Chaton, sanglota-t-elle.
Il la serra plus fort dans ses bras et frotta doucement sa joue contre son front.
— Moi aussi, Buguinette. Je n'ai même pas pu dormir pendant ces deux derniers jours… admit-il.
— Moi non plus.
Elle se recula légèrement, ses yeux larmoyants s'accrochant aux siens.
— Tu veux essayer de dormir un peu avant qu'on ne discute de ce qu'on va faire ?
Il posa doucement son front contre le sien.
— J'apprécierais… murmura-t-il, sa voix semblant complètement vidée et fatiguée.
Les deux héros se câlinaient dans le lit, ne dormant pas du tout: l'envie et le besoin d'être ensemble prenant aisément le dessus sur leur fatigue, pourtant écrasante. La tête de Ladybug reposait sur son bras et il la tenait étroitement contre lui. Ils se regardaient dans les yeux avec une intensité sans pareil et se tenaient la main, leurs doigts entrelacés sur la poitrine du félin. Leurs jambes étaient entremêlées dans un enchevêtrement de membres, tandis que leurs corps se blottissaient le plus possible l'un contre l'autre.
Chat Noir voulait passer les quelques heures qu'il leur restait avant de se rendre -car oui, c'était ce qu'ils avaient décidé- bien éveillé, conscient de la présence de sa partenaire à ses côtés. Juste eux deux, ne faisant qu'un dans leur petite bulle et aucun mot n'avait besoin d'être prononcé pour savoir qu'elle souhaitait seulement la même chose.
Ou presque.
— Tu sais qui je suis sous le masque, n'est-ce pas ? Brisa-t-elle soudainement le calme qui les entourait.
Sa question était sortie de nulle part et prit le héros félin complètement par surprise. Ses yeux s'écarquillèrent et il déglutit, la bouche sèche.
Il n'y avait aucune raison de continuer à nier la vérité.
— Oui, je le sais.
— Tu es sûr de toi ? S'enquit-elle.
— Je le suis, souffla-t-il d'une voix douce et sereine.
— Est-ce que tu es toujours amoureux de moi, maintenant que tu sais qui se cache sous le masque ?
— Plus que tu ne pourras jamais l'imaginer, admit-il d'une voix remplie d'admiration et de tendresse.
Il déposa un doux baiser sur son front, et laissa ses lèvres là, délicatement appuyée contre la chaleur de sa peau.
— Est-ce que je suis…l'autre fille ?
Elle était vraisemblablement stupéfaite par sa précédente déclaration. Le félin hocha la tête, souriant contre sa peau alors que ses lèvres déposaient un autre baiser sur son front.
— Ça a toujours été toi… uniquement toi.
— Dis mon nom, Chaton, murmura-t-elle. J'ai besoin de te l'entendre dire.
Chat Noir ferma les yeux et inspira l'odeur enivrante, qu'il aimait tant, de son parfum, mélangé à son shampoing, ainsi qu'à une légère odeur de pâtisseries encore chaudes.
— Marinette, murmura-t-il, en posant sa main sur sa joue, son pouce traçant le contour de son masque rouge et noir.
— Adrien…
Son cœur se gonfla d'amour lorsqu'il entendit son prénom franchir les lèvres de sa partenaire.
— Tu le savais toi aussi ? S'étonna-t-il.
— Depuis quelques jours seulement.
— Le café partagé à la boulangerie, n'est-ce pas ? Demanda-t-il, haussant un sourcil, même si la réponse lui semblait assez évidente.
— Mmh mh, fredonna-t-elle en hochant lentement la tête. Pas étonnant que tu ais été si inquiet à propos de ma soi-disant chute ce jour-là, tu savais ce que cela cachait réellement…
La main du héros dériva sur ses côtes précédemment injuriées et il frotta doucement son pouce contre le costume.
— Ça fait toujours mal ?
Elle frissonna sous son toucher et posa doucement sa main sur la sienne.
— Non. Ça va mieux mais…
Elle se pencha un peu en avant et la main du héros glissa le long de sa taille.
Le visage de Ladybug s'était dangereusement rapproché du sien et son souffle caressait son menton alors qu'elle murmurait la suite de ses mots.
— …mais je connais quelque-chose qui m'aiderait à aller beaucoup mieux.
Son cœur battait à tout rompre, sachant parfaitement ce qu'elle sous-entendait.
Respire Adrien, elle le veut et toi aussi, s'apaisa-t-il mentalement.
— Ah bon ? Et qu'est-ce donc ? Demanda-t-il, d'une voix qu'il espérait complètement décontractée et malicieuse.
Il haussa un sourcil inquisiteur, un petit sourire en coin étirant ses lèvres et il vit l'expression de sa partenaire refléter la sienne, une étincelle espiègle brillant dans ses yeux sapphires.
— Avoir les lèvres du garçon dont je suis tombée amoureuse, le jour où il m'a tendu son parapluie, contre les miennes, murmura-t-elle, sa bouche frôlant la sienne alors qu'elle comblait la dernière distance qui les séparait.
Au vu de l'intensité et de l'intimité du moment, il s'était attendu à ce que sa bouche se pose contre la sienne. Il mentirait s'il disait qu'il ne l'avait pas vu venir au vu des éléments en sa possession ces derniers jours. Mais il ne s'était certainement pas attendu à la soudaine confession qu'elle venait de faire concernant l'autre garçon, lui, et encore moins à la décharge émotionnelle que cela suscita dans tout son corps. C'était comme une centaine de feux d'artifices explosant contre ses lèvres et se répandant partout: passant des étincelles dans son ventre, par le feu qu'il sentait couler dans ses veines, et finalement par l'explosion de sentiments, trop longtemps refoulés, qui lui réchauffèrent le coeur.
Il enveloppa ses bras autour de sa taille et la colla tout contre lui, ne laissant plus aucun espace libre entre leurs deux corps. La façon dont elle s'accrochait à lui était presque désespérée. Comme si elle avait peur de lâcher prise. Alors il l'embrassa jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'air, puis continua à la serrer de toutes ses forces. Il souhaitait trouver un moyen de la serrer plus fort, de lui montrer qu'elle était une partie inséparable de lui. Que même lorsqu'il serait finalement obligé de la laisser partir, elle resterait dans son cœur. Pour toujours. C'était vrai ce qu'il lui avait dit il y a longtemps: c'était eux contre le monde, jusqu'à la fin.
Cependant, il était en colère, parce que ce n'était pas juste. Ce n'était pas juste qu'ils aient passé des années de leur vie à combattre pour finir comme ça. Il était triste parce qu'ils étaient trop jeunes -Ils n'avaient que 18 ans, bon sang!- Il était triste parce qu'ils s'étaient enfin trouvés et allaient aussitôt être séparés.
Sa main serra la sienne et il tourna la tête, en clignant des yeux, chassant des larmes qu'il n'avait pas senties avant cela. Lorsque leurs regards se croisèrent, il y lut les mêmes sentiments, les mêmes peurs, la même colère et la même résignation. Il vit une larme s'échapper de l'œil de sa partenaire. Une larme pour tout le temps perdu, pour tout l'amour perdu qu'ils auraient pu avoir. C'était une farce cruelle qu'ils se soient retrouvés comme ça avant la fin. Il posa sa main sur sa joue et essuya une autre goutte avant qu'elle ne touche l'oreiller. Il n'y avait qu'eux et leurs dernières heures. Ils pouvaient les passer à pleurer et à se lamenter sur leur sort et toutes les choses qu'ils avaient ratées.
Ou pas. Alors, quand les lèvres de sa partenaire clamèrent les siennes pour un autre baiser, il céda sans opposition et s'abandonna complètement à la chaleur et au réconfort de sa présence.
Dans un moment de lucidité infime, Chat Noir se rendit compte qu'ils n'avaient pas prononcé un seul mot depuis leur premier contact qui avait mis le feu aux poudres et déclenché toutes cette série de baisers éléctrisants et envoutants. À bout de souffle, il murmura sa transformation contre ses lèvres, et elle fit de même, un scintillement de flash lumineux rose et vert les enveloppant tous les deux.
Leurs yeux se croisèrent, quelque chose d'inconnu, de nouveau, flottait dans l'air. Mais, malgré tout, le cœur perfide d'Adrien lui murmurait des mots douloureux. La fin était proche, mais, ici et maintenant, il n'y avait qu'eux, et il comptait bien chérir ce moment jusqu'à l'orée du jour.
Demain.
Demain était un autre jour.
À suivre…
Désolée ?
Je voulais quelque chose de très intense. Une histoire semblable à des montagnes russes. on monte haut, très haut. Mais je vous promets qu'on redescendra en douceur et avec un happy end. Il reste 3 ou 4 chapitres !
Vos commentaires sont toujours les bienvenus.
À la semaine prochaine pour le chapitre 14: Je le fais pour elle.
