Prologue

Le ciel blanc était dénué de nuages, ou remplis de ceux-ci, on ne pouvait le savoir. Toujours était-il que le temps était morose, comme on pouvait naturellement s'y attendre au mois de Novembre, en France. Le visage des passants parisiens étaient aussi sombres que le temps, personne n'aimait cette période, trop chaud pour la neige qui amenait l'esprit festif et trop froid pour apprécier l'extérieur.

Le temps et la température n'étaient qu'un reflet de l'état d'esprit général. Trop tôt ou tard pour être en vacances, trop fatigué pour sortir et sociabiliser, une période bien solitaire donc. Pourtant, Rue des Crêts, à travers des vitres jaunis et murs en bois, on pouvait ressentir la chaleur festive et conviviale. Bien que les décorations ne soient pas accrochées, elles attendaient bien sagement les premiers flocons dans trois cartons à peine dissimulés par le comptoir de caisse.

Un petit garçon venait de pénétrer dans cette boutique qui lui était si familière. Il entra en laissant tinter bruyamment la clochette sachant qu'il n'avait que quelques instants pour surprendre les propriétaires. Il connaissait chaque recoin du magasin peu fréquenté, il avait toujours aimé imaginer qu'il était dans une sorte de labyrinthe. Il avait aussi l'habitude d'avoir ses cachettes et objets fétiches -même si sa section préférée restait les vieux comics-.

Il s'était caché dans un rayon consacré à la vieille vaisselle quand il entendit sa tante. "Où est-ce que tu te caches, petit microbe ?" déclara-t-elle avec un ton affectueux et un grand sourire. La femme s'était occupé jusqu'à maintenant des nouvelles arrivées pour leur boutique dont des vêtements victorien et bijoux sans valeurs mais jolis malgrés tout. Elle savait que c'était son neveu car elle avait pu distinguer ses boucles brunes avant qu'il n'ait eu le temps de tourner dans le rayon fragile. De plus, les parents du petit les avaient prévenus de son arrivée imminente.

La clochette retentit à nouveau pour laisser entrer les parents du-dit microbes qui n'avait pas abandonné sa partie de cache-cache. Le couple entra et gratifia la plus vieille femme d'une bise, typique en France. S'en suivit une discussion interminable d'après le petit brun qui finit par en avoir marre d'attendre et sortit pour finalement sauter dans les bras de sa tante.

Après les embrassades, la propriétaire les conduits dans l'arrière boutique pour leur montrer leur nouvelles arrivées qui allait booster leur chiffres d'affaires d'après elle. L'enfant de huit ans n'en avait que faire de ses histoires de chiffres et de clientèle, son regard était posé sur une boîte à bijoux fermée. Cette boîte n'avait rien de vraiment spéciale si ce n'était qu'elle avait l'air vieille et poussiéreuse.

Les adultes discutaient toujours de...chose d'adultes et le petit finit par mettre la main sur la boîte qui l'obnubilait sans qu'il sache vraiment pourquoi. Il finit par l'ouvrir pour dévoiler un intérieur en crin noir avec un colier exposé, il était argenté avec un rubis rouge sang en son centre, le petit garçon fronça les sourcils, il ne savait pas à quoi il s'attendait mais il était déçu, ce n'était qu'un colier assez banal si on ne s'attardait pas sur la rougeur de la pierre précieuse.

Les adultes avaient migrés vers la partie cuisine quand le petit entendit sa mère appeler son nom. A l'entente de celui-ci, il reposa doucement la boîte, la laissant ouverte et sortit de la pièce comme si de rien n'était.

Ce que le petit n'avait pas vu, fut le léger éclat qui émanait du collier s'intensifier en sa présence, avant de retrouver sa couleur d'origine lorsque l'enfant disparut dans la pièce suivante, à la suite de sa famille.