Auteur : Sayuri Nobara
Base : D
Pairing : Asagi x Ruiza, Hide-Zou x Tsunehito(?)
Disclaimer : :x
Genre : AU, yaoi, vampirisme, tragédie, drame, petit peu de lemon humain XD
Chapitre 4 : Kuro ningyô

Tsuki no Unmei

Chapitre 4 : Kuro Ningyô (1)

Le vent soufflait doucement et faisait onduler les cheveux blonds autour de son beau visage trop pâle. Son pas n'était pas hésitant, plutôt mécanique, comme la démarche d'un pantin qui ne sait pas trop où il va. Ses habits étaient en majorité de couleur noire, seuls quelques lambeaux blancs s'enroulaient autour de ses jambes comme s'ils caressaient leurs formes avant d'être à nouveau chassés par les courants d'air. Ses épaules étaient à demi voûtées et ses yeux ne regardaient rien en particulier. Son visage était fermé, aucune émotion ne s'y lisait, que la fatigue qui soulignait ses yeux de cernes violacés. Son corps était trop vieux par rapport à l'âge qu'il semblait avoir. Il faisait un pas devant l'autre le long du chemin de terre brune parsemée de feuilles mortes qui se dessinait sur le sol du parc. Il ne savait pas pourquoi il était là, il ne savait pas non plus comment il y était arrivé, il y avait bien longtemps qu'il avait fini de se poser des questions. Son comportement était toujours le même, chaque jour il dormait allongé sur le lit aux draps de soie rouge, fixant le plafond d'un œil vide quand il se réveillait, et attendait que la lumière du jour baisse pour sortir à l'air libre. La nuit, il partait se nourrir, tuait sans volonté, buvant le sang qui s'échappait du cou de ses victimes d'une muette indifférence, ne cherchant pas à effrayer ni à rassurer le regard paniqué qui se dardait sur lui quand il se montrait. Il n'avait plus goût pour rien, il ne ressentait plus rien, il ne pensait plus, il effectuait simplement des tâches répétitives sans aucun entrain, comme si l'être vivant qu'il était n'était en réalité qu'une poupée, sans personnalité, sans vie, jetée sur l'échiquier de l'existence sans avoir été finie (2). Sa porcelaine était ébréchée, et la couleur de ses joues n'était pas rosée...

La nuit était tombée rapidement, se mouvant silencieusement dans les rues de Tokyo, l'enveloppant de ses ombres siamoises, dansant aux pieds des réverbères et des immeubles illuminés, tandis que lui continuait de marcher, encore et encore, sans s'arrêter... Il voulait que cette nuit soit la dernière. Mais combien de fois déjà l'avait-il désiré ? Il ne comptait plus les fois où seul devant la silhouette de sa souffrance, il avait demandé la mort... Juste pour le retrouver... Où es-tu maintenant ?... Il leva la tête vers le ciel, mais la pollution empêchait de voir quoi que ce soit. Il ferma alors les yeux et se remémora comme les nuits étaient étoilées quand il regardait dans ses yeux... Tu me manques tant... Il courba le cou et sentit les larmes couler sur ses joues sans qu'il n'ait l'impression de les verser. Il ne contrôlait plus sa vie, plus sa tête, plus son corps... Qu'est-ce qui m'empêche d'aller m'enfoncer une dague en argent dans la poitrine ?... Sa promesse. Asagi avait voulu jusqu'au bout que lui, Ruiza, vive, il s'était sacrifié pour lui. Quel droit avait-il d'ignorer son dernier cadeau ? Mais pourquoi m'obliger à continuer d'errer si je dois passer l'éternité seul, sans toi ?... Il serra les poings et enfonça ses ongles dans la paume de sa main. Je ne peux plus... Je suis désolé... Il se mit à courir, volant presque au-dessus du sol tant son pas était léger, traversa le parc en sortant du chemin, les branches griffaient son visage mais il n'avait pas de sensation. Il n'entendait que son souffle et le pas de sa course, bousculant volontairement les gens devant lui, fonçant droit devant, là où ses pieds le menaient. Il traversa les routes sans s'arrêter, provoquant la colère des conducteurs qui pilaient pour l'éviter, mais ne prit même pas le temps d'entendre leurs insultes. Dans sa tête, il courait dans un couloir sombre où des entités se mouvaient pour l'empêcher d'avancer, mais il voyait au loin une petite lumière qui l'appelait et le guidait, l'incitant à la rejoindre. Alors il courait vers cette lumière, sans savoir ce qu'elle était vraiment et d'où elle venait, courait sans s'essouffler, courait pour oublier, s'enivrer de la vitesse...

La lueur se rapprochait petit à petit, alors il allongea davantage le pas, les bras battant l'air pour l'aider à progresser, et quand il tendit la main, elle était là, à sa portée... Soudain tout disparut, et il se trouva debout devant la porte d'une bâtisse qu'il avait déjà vue bien souvent dans ses rêves... Ou plutôt ses cauchemars. Dans un lointain passé il avait forcé cette entrée, pour permettre à son amant et lui d'y prendre refuge... Cette maison était celle de la jeune européenne blonde à qui il avait arraché la vie...

Sa main retomba à son côté, et il hésita avant de la poser sur la poignée et de doucement appuyer et pousser. La porte s'ouvrit dans un cliquetis, et dès qu'il posa le pied dans le couloir, les souvenirs lui sautèrent au visage. D'abord étourdi par leur violence, il recula, puis se récria et se décida à avancer davantage. Il se figea lorsqu'il découvrit dans le salon, non pas la même disposition que du temps de la jeune femme, mais des meubles qui lui semblaient avoir déjà vus quelque part... A quelques exceptions près. Il tendit l'oreille, discernant à l'étage de petits bruits étouffés. Curieux, il monta les escaliers sans bruit, crispant sa main sur la rambarde, se souvenant avec mélancolie que son amant avait exécuté le même geste quelques temps avant sa disparition...

Les bruits s'amplifièrent petit à petit, mesure qu'il se rapprochait de la chambre dans laquelle il se souvenait qu'Asagi et lui avait connu leur dernier moment de plaisir... Avant de revenir à la douleur de la séparation. Il n'avait pas vraiment envie de pénétrer à nouveau dans cette pièce, mais il était curieux de savoir qui avait bien pu s'y installer en sachant qu'il y avait eu un meurtre... Et une extermination de vampire. Quelque chose attira son attention vers la gauche. Au pied du mur, il y avait comme une aura... Une sorte de présence morte qui semblait flotter à cet endroit précis. Il fit jouer ses doigts dans l'air et caressa le papier peint où il semblait y avoir la trace d'une tâche qu'on avait vivement effacée. Il se sentit envahit par cette étrange sensation, elle s'insinua en lui, il la respira avidement, et ses yeux s'ouvrirent en grand lorsqu'il reconnu en cette essence la trace de la fin brutale de la vie de son amant. Il porta une main à sa bouche et tomba à genoux, appuyé contre le bas du mur, mouillant à nouveau ses joues de pluie. Il sanglota doucement, se recroquevillant à l'endroit où il devinait qu'Asagi s'était affaissé pour attendre la mort, lorsque un petit cri parvint à ses oreilles et le força à se relever. Il s'essuya rapidement les yeux et s'approcha à nouveau de la porte de la chambre non fermée qu'il poussa du bout du pied. La surprise lui fit perde ses moyens.

Hide-Zou était agenouillé entre les cuisses d'un jeune homme brun aux yeux trop ronds et au visage trop féminin, qui écartait les bras et cambrait son dos nu tandis que son ancien ami bougeait lascivement contre son bassin. Les gémissements de l'un et les grognements de l'autre l'écoeurèrent. Ils faisaient l'amour dans leur lit à eux, celui qui avait auparavant appartenu à l'européenne et que les deux vampires avaient étrenné, tâchant les draps qui le recouvrait de leurs sangs, construisant autour de ce simple meuble une histoire d'amour désespéré qui s'était fini dans le couloir, au bas de ce mur à la vielle tapisserie qui portait encore la trace du meurtre.

Il vit Hide-Zou donner de plus violents coups de reins, chacun lui arrachant un long râle de plaisir, tandis que son compagnon se tordait et haletait son nom.

- AaaaAaaAaAAAAAh ! Hide-ZoooOOOUUU ! Continuuuuuuue !

Ruiza était médusé devant le spectacle. Il se tenait d'une main au mur pour se soutenir, ployant sous le poids de sa souffrance et de ce qu'il voyait se dérouler sous ses yeux. Mais il n'avait pas la force de regarder ailleurs. Alors il vit Hide-Zou donner un dernier coup de hanches et rejeter la tête en arrière en lâchant un long cri profond et guttural, tandis que celui dont il ne connaissait pas le nom se tendait en criant son plaisir sans le cacher. Hide-Zou retomba entre les cuisses écartées et se retira en s'allongeant sur l'autre l'embrassant à pleine bouche en l'étreignant. Suffoquant, Ruiza ne pu en supporter davantage, étourdi et sensiblement triste devant la vue de ces deux corps nus serrés l'un contre l'autre.

- Tu as enfin compris ce que moi j'éprouvais pour lui...

Sa voix lui parut étonnement cassée et rauque lorsqu'elle s'éleva dans l'air occupé quelques instants auparavant par des exclamations de plaisir. Hide-Zou se retourna en se redressant et Tsunehito tira vivement sur le drap pour cacher leur virilité.

- Rui... Ruiza !

- Ne fais pas semblant d'être surpris. Tu savais que je reviendrais un jour ou l'autre.

Il déglutit et s'avança vers le lit, où les deux amants coupables lui semblaient si vulnérables. Il posa un regard glacial sur les créatures insignifiantes qu'il aurait pu briser d'un coup de crocs.

- Qu'est-ce que tu es venu faire ici... ?

Hide-Zou ne semblait nullement en colère contre lui. Et cela décupla son amertume. Il aurait préféré voir de la haine dans ces yeux noisette, la même que celle qu'il avait vouée à Asagi. Ruiza ne répondit pas de suite, prenant le temps de réfléchir à sa plus proche pensée.

- Te tuer, je pense.

Il darda ses yeux bleus sur l'autre et retroussa ses babines en une grimace terrifiante qui laissa échapper un couinement de peur à Tsunehito. Hide-Zou recula instinctivement et tâtonna autour de lui comme s'il s'attendait à tomber sur le contact froid de son arbalète.

- Tu ne vas pas te défendre ? Oh, tu me déçois...

- Ruiza non, ne... ne fais pas ça...

- Et pourquoi aurais-je de la pitié ? Tu as détruis mon existence, tu as anéanti celui que j'aimais, et tu as pris un malin plaisir à me savoir en liberté, devant vivre avec le poids de son absence... Tout est de ta faute, Hide-Zou, et tu vas payé pour ça.

Il attrapa violement sa nuque et releva la tête pour prendre de l'élan, mais quelque chose le frappa à la poitrine et il relâcha sa poigne pour baisser les yeux sur le manche de la dague qui dépassait. Il se tourna vers Tsunehito qui le regardait avec curiosité.

- C'est bien, toi au moins tu as su défendre celui que tu aimais...

Il recula en trébuchant et arracha l'arme d'un coup, fit danser la lame devant ses yeux et souriant en admirant le sang goûter sur le sol. Il l'approcha de sa bouche et le lécha en fermant les yeux à demi, écorchant sa langue au passage.

- Ce sang n'est pas seulement celui de mes victimes... Il était en lui aussi... Nous avons si souvent mêler notre sang, que maintenant il fait parti de moi... Je ne voudrais pas en perdre...

Il sourit, du sourire de celui qui a perdu la raison, et se traîna jusqu'à la porte de la chambre. Il tomba sur le côté et glissa le long du mur, laissant une longue traînée sanguinolente sur la tapisserie, sa main cherchant une quelconque prise pour se retenir. Il était adossé au même endroit que son amant lorsque la flèche avait transpercé sa poitrine. Ruiza sentit cela et laissa ses lèvres s'étirer alors qu'un filet de sang lui coulait de la bouche, se mêlant au liquide lacrymal. Il sentit le froid envahir ses membres, le pénétrer jusqu'aux os, et une forte odeur lui sauter aux narines. Il comprit lorsqu'il essaya de parler aux deux hommes qui le regardaient muettement agoniser, serrés l'un contre l'autre, et que le sang lui gicla à gros bouillons d'entre ses lèvres.

- Je vais enfin le rejoindre... Enfin le retrouver... Comme ton absence m'a fait mal mon amour...

Il tourna la tête vers la droite, comme s'il pouvait voir Asagi se pencher vers lui, et laissa sa tête s'affaisser mollement contre le mur, son corps agité quelques instants encore de spasmes alors que de la fumée sans teinte s'échappait de tout son être et l'enveloppait doucement, le consumant lui-même. Elle virevolta devant ses yeux qui perdirent leur couleur et se voilèrent, n'incarnant plus que deux billes éteintes, et alors la poupée ne fut plus qu'un jouet cassé gisant sur le sol, désarticulée et morte, que le souffle de vie qui s'échappa de ses lèvres entrouvertes murmura en disparaissant : Je m'envole vers toi...

OoOoOoO

(1) Poupée noire

(2) J'adooore cette phrase ! Ce chapitre est bourré de phrases philosophiques XD

Mot de fin : Permettez que j'aille chercher un mouchoir ? Oui j'écris des choses ignobles, et alors ? C'est pas pour autant que j'y suis insensible ! Bref, je me suis fait bobo au kokoro en écrivant ça XD J'espère que la fic vous a plu... Ce chapitre est très court mais bon... lol Nous voici donc à la fin... Je dédie cette fic à Kmy, comme promis lool Mais aussi à ma Saki, qu'adore les vampires :P Gros kisu à vous deux!