Chapitre 4: Le Vol Final
Newt aurait dit que sa tête allait se fendre en deux. Il grogna, ferma les yeux très fort, effrayé de ce qu'il pourrait voir s'il les ouvrait.
" Ah, il s'est réveillé," entendit-il dire une voix.
Avant même qu'il réalise ce qui se passait, quelqu'un l'avait redressé et lui faisait ingurgiter un liquide dégoûtant de force. Il postillonna et toussa, battant des bras, mais ce quelqu'un le plaqua sur le lit et dit "Du calme. Je sais que ce n'est pas agréable, mais c'est pour votre bien."
Newt ouvrit les yeux avec répugnance ; la douleur dans sa tête disparaissait graduellement. Pendant un moment tout fut brouillé, mais peu à peu tout redevint net. Il vit le petit visage de l'infirmière, Marie, penché sur lui. "Où... où je suis?" croassa t-il.
"Vous êtes à l'Infirmerie, et vous avez de la visite," dit-elle, pointant le doigt à sa droite.
Newt réalisa qu'il était allongé sur l'un des petit lits blancs de l'Infirmerie, et, assis près de lui, l'air plus perturbé que Newt ne l'avait jamais vu, il y avait Patrick. Il était en robe de travail, bouche bée devant Newt comme si c'était un fantôme, et un bref moment Newt craignit que ce ne soit le cas.
"Salut, Patrick..." dit Newt, un peu lentement. "Qu'est-ce que tu fais là?"
Patrick paraissait inquiet. "Tu ne te rappelles pas ce qui s'est passé?"
Newt loucha sur Patrick, son esprit complètement embrumé, et fouilla sa cervelle pour deviner comment il était arrivé ici. Une forme roulait et marmonnait sur le lit d'à côté, et il remarqua que c'était Porpentina, endormie. Un sort de Lumos sembla soudain se mettre en marche dans sa cervelle, et avec un sursaut qui le fit presque tomber du lit, il se rappela tout ce qui s'était passé pendant la soirée.
"Que... Qu'est-ce qui s'est passé?" croassa t-il.
"Tu veux que je commence par quoi?" demanda Patrick, s'agitant sur sa chaise.
"Je... la dernière chose dont je me rappelle, c'est cette grosse branche qui venait droit vers moi... Ouch," ajouta t-il, bien qu'il n'eut plus mal.
"Ouais, c'est ce que Porpentina a dit aussi."
Newt se tourna lentement et regarda Porpentina dans le lit voisin, qui ronflait bruyamment. "Elle va bien?" chuchota t-il.
" Ca devrait aller. L'infirmière lui a donné une potion qui lui a donné le fou rire, et donc elle lui a donné une autre potion qui l'a fait dormir."
Newt laissa retomber sa tête avec découragement. "Tu es sûrement là pour me tuer, hein?"
"Ben, quand j'ai appris ce qui s'est passé, ça a été ma première idée, en effet, mais... Newt je veux m'excuser."
Newt redressa la tête, stupéfait. "Tu veux t'excuser? C'est moi qui ai été un parfait imbécile!"
"C'est vrai," dit Patrick avec un faible sourire, avant de redevenir grave. "Bien qu'en toute franchise Newt, je... j'aurai du être un meilleur ami. J'aurai pu t'aider aujourd'hui, tu le sais ça. Et de toute façon, ce n'est pas ma faute si tu es un idiot complet."
Newt se sentait trop soulagé pour le contredire. "Tu… tu ne m'en veux pas d'avoir emmené Porpentina dans la Forêt?"
Patrick secoua la tête, souriant affectueusement à la silhouette endormie de sa sœur. "Non, pas vraiment. Elle s'en tire bien. Et de toute façon, je savais qu'elle serait sauve avec toi. Il semble qu'elle ait apprécié l'expérience."
"Vraiment?"
" Eh bien, apparemment quand Ogg l'a ramenée en premier, elle baragouinait comme une folle, mais après avoir bu les potions elle a seulement dit que c'était une 'Drôlement Belle Aventure.'"
"Seigneur, Patrick, je suis désolé."
Patrick haussa nonchalamment des épaules. "Je comprends ce que tu as essayé de faire. J'aurai fait pareil, tu sais. Ou j'espère que je l'aurai fait. Mais franchement, je me sens surtout désolé pour toi. D'autres n'auraient pas su quoi faire contre la fureur de Porpentina Murray. Mais j'ai l'impression que tu arrives à te débrouiller avec elle."
"Pourquoi ça?"
Patrick haussa de nouveau les épaules, sans répondre. Newt soupira et se rallongea dans son lit. "Que s'est-il passé exactement? Comment Porpentina s'en est sortie? Où est Eddy?"
Patrick eut de nouveau un rictus. "Et bien, d'après ce qu'a dit Porpentina, après ta chute, elle a paniqué, mais elle a réussi à faire s'arrêter elle s'est arrangée pour arrêter Eddy. Ensuite elle l'a guidé vers toi, et t'a hissé sur son dos. Apparemment, elle a été sacrément effrayée par un groupe de Serpencendres, fraîchement éclos, probablement, mais elle a pu les éloigner en leur balançant son cartable (une arme utile, ça, songea Newt) et monter sur Eddy. Je crois qu'elle a vu d'autres créatures, aussi, mais elle n'a pas pu déterminer ce que c'était. Pour finir, Eddy a galopé à toute vitesse, mais pendant quelques minutes elle a pensé cru qu'elle s'était perdue. Elle ne voulait pas risquer de faire voler Eddy au cas où tu tomberais encore. Bon, il n'y avait pas de danger immédiat, mais Porpentina a paniqué quand elle a vu un centaure, et donc Eddy aussi, et il s'est envolé. Par chance, elle a réussi à t'attraper solidement à t'agripper fermement, et il s'est avéré vous étiez tout près de la lisière de la Forêt. Eddy... Eddy s'est posé près de la cabane de Ogg, et Porpentina l'a persuadé de l'aider à t'amener ici." Il s'arrêta marqua une pause. "Ce qui est important, c'est que vous soyez tous deux en vie."
"Et Eddy?" demanda doucement Newt. "Comment il va?"
Patrick ouvrit la bouche d'un air embarrassé, mais avant qu'il puisse dire quelque chose qu'il ait pu dire quoique ce soit, la porte s'ouvrit avec un BANG retentissant.
Newt vit, au milieu de tout le monde, sa mère qui se tenait à la porte, complètement livide.
Patrick jeta un coup d'œil à Newt, marmonna "J'te verrai demain," et se dépêcha de filer hors de la pièce, se faisant aussi petit que possible en passant devant Elizabeth Scamander. Newt était à la fois heureux et malheureux de le voir partir.
Elizabeth se rua vers sur son fils, les traits tirés et ses courts cheveux bruns volant dans toutes les directions. Elle s'arrêta juste devant son lit et hurla "Newton Artemis Fido Scamander!" Du lit d'à côté, Porpentina éclata soudain en gloussements incontrôlables. Eh bien, regardez qui se réveille, pensa Newt avec morosité.
Elizabeth regarda un moment Porpentina avec hébétude d'un air ahuri avant de se retourner vers son fils. "Jeune homme, as-tu seulement idées des problèmes dans lesquels tu t'es fourré?" siffla t-elle, ressemblant incroyablement à un Serpencendre.
Newt déglutit et leva les yeux vers le visage furieux de sa mère. Il remarqua que le Professeur Dumbledore était aussi entré dans la pièce, discrètement. "Je suis vraiment, vraiment désolé, Maman. Tu ne sais pas à quel point. J'étais juste... je m'inquiétais pour Eddy, c'est tout. Je suis tellement, tellement-"
Le visage d'Elizabeth se décomposa et soudain elle se jeta sur Newt, en pleurant : "Oh, mon bébé!"
"MAMAN!" cria Newt, à présent tout à fait choqué. "Ca... ça va... vraiment, je vais bien."
Elizabeth continua à sangloter sur l'épaule de Newt. "J'étais tellement, tellement inquiète. Je venais juste ici pour récupérer Eddy, et j'ai appris ce qui était arrivé... Oh, Newt pourquoi tu n'as pas pu le laisser seul juste pour une fois?"
"Maman, de quoi tu parles?"
Elizabeth regarda tristement son fils, tandis que Dumbledore se raclait la gorge avec gêne. "Newt, Eddy... Eddy n'a pas tenu. Il est mort il y a une demi-heure."
La gorge de Newt devint complètement sèche. "Que voulez-vous dire? Il... Il n'aurait pas pu... Je... Ce n'est pas possible."
Elizabeth serra son fils dans ses bras. "Je suis désolée, chéri, mais tu aurais dû t'y attendre. Eddy était très, très vieux, et il devenait plus faible chaque jour..."
Newt cligna furieusement des yeux. "Tout est ma faute," croassa t-il. "C'est ma faute comme d'habitude. J'aurai pas dû insister pour qu'il vienne ici. Je... je l'ai même fait voler aujourd'hui, à quoi je pensais? Sans moi, il ne serait jamais allé dans la Forêt et... Maman," dit-il, sa voix se brisant, "Pourquoi? Pourquoi il y est allé? Et quand je l'ai vu, il n'a même pas voulu venir, et... tout est ma faute."
Elizabeth secoua son fils comme pour essayer de lui faire reprendre ses esprits. "Newt écoute-moi, Eddy aurait pu vivre encore un jour ou deux s'il était rentré à la maison, mais je ne pense pas que c'était ce qu'il voulait."
Newt fixa sa mère sans la voir. "Qu'est-ce que tu veux dire?"
Elizabeth hésita. "Chéri, je n'ai jamais laissé cet hippogriffe être... lui-même. Etre ce qu'il était censé être. C'était mon premier dressage, et je l'aimais tendrement, mais je suppose que je l'ai un peu trop couvé. Je l'ai entraîné à être très sensible au danger, mais je ne l'ai jamais laissé en faire l'expérience. Eddy a vécu une vie très... ennuyeuse, Newt. Je ne l'ai jamais laissé se mêler avec les autres hippogriffes à moins qu'ils ne soient déjà apprivoisés. Je pense que comme il était ici, avec personne pour le surveiller, il n'a pas pu s'empêcher de se sentir un peu audacieux et d'aller explorer. C'était son instinct naturel. Il savait que son temps touchait à sa fin, et je suppose qu'il voulait juste une petite aventure avant de partir."
Newt réfléchit pendant quelques secondes. "Mais alors... il n'a même pas pu vivre cette aventure. Je l'ai arrêté. Je l'ai privé d'une chose qu'il a toujours voulu. Je... je ne savais pas, Maman."
Elizabeth hocha la tête pour montrer qu'elle comprenait, mais Dumbledore le regarda pensivement.
"Oh, je ne sais pas, Newt. A en juger par le témoignage de Miss Murray, il semble avoir fait une petite escapade pendant que vous étiez inconscient. D'un autre côté, j'ai toujours pensé que la Mort était qu'une aventure de plus... Tout va bien, Newt," ajouta t-il, remarquant que Newt avait commencé à pleurer.
"Chéri, ça va aller?" demanda Elizabeth, soucieuse.
Newt hocha la tête, essuyant rapidement son visage dans les draps. "Ca ira, Maman. C'est juste... Ca ira."
Elizabeth enlaça encore son fils. "Je vais passer la nuit ici, Newt. Je viendrais te voir demain matin avant que tu ne retourne en cours."
Les cours. Newt sentit la sensation de panique désormais familière le submerger. "Professeur, est-ce que Gryffondor va perdre des points pour ça?" demanda t-il avec inquiétude.
Dumbledore regarda Newt posément. "Les seuls qui soient au courant sont Ogg, Marie, et moi-même. Ils ne diront rien si je le leur demande. Je n'ai pas l'impression que ce serait juste de vous retirer des points après ce que vous avez traversé cette nuit. Bien que j'espère que vous réalisez la gravité de ce que vous avez fait. Vous avez non seulement risqué votre vie, mais aussi celle d'un autre élève."
Newt hocha la tête, se sentant plus mal que jamais. "Je vous suggère de prendre quelque repos, Newt," dit Dumbledore, non sans gentillesse, en quittant la pièce. "Je vous verrai demain."
Elizabeth enlaça Newt, l'embrassa sur le front et lui dit : "J'espère que tu te rend compte que ça veut dire que tu n'auras plus d'argent de poche jusqu'à ce que tu aies tes résultats des BUSEs."
Newt hocha la tête, avec un faible sourire, et fit au revoir à sa mère quand elle quitta la pièce. L'infirmière s'affaira sur lui et lui fourra un gobelet plein d'une potion bleuâtre dans les mains. "Maintenant que c'est fini..." marmotta t-elle. "Buvez le tout, Scamander, et pas de chichis. Je vais revenir." Sur ce, elle quitta elle aussi la pièce.
Newt plissa le nez à l'odeur de la potion. "Je me demande où elle va," marmonna t-il pour lui-même. Dans le lit voisin Porpentina gloussa encore. Newt avait presque oublié qu'elle était là.
"Probablement à une session nocturne top-secrète de pelotage avec le Professeur Whitby," chuchota t-elle sur le ton de la confidence.
"Quoi?" s'exclama Newt.
"C'est vrai." Elle hocha la tête de manière guindée. Elle resta silencieuse pendant quelques secondes, et ajouta, "ils sont probablement en train de faire ça comme des lapins en ce moment."
Newt secoua la tête pour rejeter cette image mentale plutôt perturbante tandis que Porpentina continuait de glousser. "Tu comprends bien, cher Newt, qu'une fois que l'effet de cette potion se sera dissipé, je vais te tuer."
"Je n'attend que ça."
Porpentina gloussa encore et se réinstalla dans son lit. "Bon'nuit, Newton Artemis Fido Scamander," marmotta t-elle d'un air endormi.
"Bonne nuit, Porpoise," (1) marmonna t-il, mais Porpentina dormait déjà.
Newt soupira, et ravala stoïquement quelques larmes de plus qui menaçaient de couler. Cela ne lui ferait aucun bien de se remettre à pleurer. Eddy était parti. Les animaux partent. Les gens partent. C'était l'ordre naturel des choses. Si quelqu'un comprenait la nature, c'était bien lui. Il jeta un œil à Porpentina sans vraiment savoir pourquoi.
Newt soupira encore, se pinça le nez et avala l'horrible concoction. D'un coup, il sentit une sensation de calme envahir son corps, détendant chacun de ses nerfs. Est-ce que c'est ce que Eddy ressent maintenant? se demanda Newt paresseussement. Je suppose qu'il doit être heureux là où il est. Il s'en est allé vers ses grandes aventures, je pense. Je me demande comment est le paradis des hippogriffes... J'espère qu'il y a plein de Veracrasses, Eddy a toujours aimé les manger... Salut Adieu, Eddy...
Et Newt glissa dans un paisible sommeil sans rêves.
Fin
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(1): C'est bien sûr un jeu de mot sur le prénom de Porpentina, Porpoise signifie "marsouin", un cétacé proche du dauphin aussi appelé "cochon de mer", pour l'anecdote. (merci Tortoise pour cette précision !) De plus, pour ceux qui n'ont pas lu le petit livre « Les Animaux Fantastiques », sachez que Porpentina est la future épouse de Newt !
Note : Voilà, je remercie encore l'auteur et cette chère Tortoise qui m'a rendu un sacré service sur une tâche ingrate avec un sacré enthousiasme ! Je te note comme « esclave plus que volontaire et talentueuse à la correction de fics » !
D'ailleurs, elle me dit qu'elle a traduit une autre fic sur Newt ! Allons-y !
