voici la fin alternative et originale du Royaume des aveugles...
bonne lecture
« -J'espère qu'il est de meilleur humeur qu'hier. » Murmura Molly Weasley en levant les yeux vers les étages après y avoir entendu un bruit de porte qui claque. « Hier, il a cassé son assiette de rage.
-Maman, ne rêve pas trop. » Répondit Ginny sur le même ton. « Il est comme ça depuis son retour de l'hôpital, il n'accepte pas son … problème.
-Mais ça va faire un mois et demi ! Il devrait commencer…
-Chut, il arrive ! »
Molly Weasley et sa fille Ginny se turent et se tournèrent avec appréhension vers l'escalier où apparut la silhouette imposante de Ronald Weasley qui s'agrippait fermement à la rampe.
« -Vous parliez de moi, je parie ? » Dit-il avec agressivité.
« -On s'inquiète pour toi, mon chéri. Ce n'est pas bon de rester enfermé toute la journée, tu devrais sortir un petit peu… » Dit d'une voix plaintive sa mère.
« -Et faire quoi ? Allez voir quel temps magnifique il fait ? Ou mieux allez sur le Chemin de Traverse et me renseigner sur le dernier Comète 500 ? Oh merde ! C'est bête, je ne peux pas ! Je suis aveugle ! Un putain de Mangemort a trouvé amusant de me crever les yeux ! Franchement si vous avez d'autres conneries du même genre, vous pouvez les garder pour vous ! Allez, c'est bon, vous me faites chier, je retourne me coucher !
-Mais… Mais … tu n'as même pas mangé !
-Tes putains de jérémiades m'ont coupé l'appétit. »
A ces mots, Molly Weasley éclata en sanglot que Ginny tenta aussitôt d'apaiser alors que Ron remontait les escaliers en grommelant.
Quels besoins avaient sa famille de lui rappeler sans cesse qu'il était maintenant un poids pour eux tous ? Il le savait parfaitement, il le savait depuis qu'il était tout petit. Ses parents voulaient une fille et c'est lui qui était arrivé, il s'était montré si quelconque qu'ils avaient fait un autre enfant qui à leur grande joie s'était révélé entre une fille cette fois-ci. Comme il pouvait haïr Ginny, elle avait tous les avantages… Non, il ne l'haïssait pas, il l'enviait.
A peine, avait-il claqué sa porte qu'elle se rouvrit à la volée.
« -Comment oses-tu parler comme ça à Maman ? Elle ne t'a rien fait ! Ce n'est pas de sa faute si tu es aveugle ! Elle fait tout pour te faciliter la vie… » Hurla Ginny.
« -Elle me prend pour un gamin, oui ! Toujours en train de me demander si je vais bien, si j'ai faim ou si j'ai besoin d'aide pour faire quoique ce soit ! Et si encore il n'y avait qu'elle mais vous êtes tous comme elle à me traiter comme un gamin !
-Si tu n'agissais pas comme tel, on te traiterai comme un adulte ! Mais tu ne fais que geindre et te plaindre ! Tu débites tes âneries à la chaîne ! Tu passes tes journées à te lamenter dans ta chambre dans le noir …
-Qu'est ce que ça changerait de toute manière que j'ouvre mes volets ?
-Si en plus tu ouvrais ta fenêtre, ça sentirait moins le fennec faisandé pour commencer !
-Lâche-moi Ginny ! Tu ne sais pas ce que je vis ! Tu as un avenir toi ! Je devais devenir auror et parce que mes saloperies d'yeux sont morts, je n'ai plus rien ! Alors fous-moi la paix avec tes leçons de moral ! »
Brusquement sa joue le brûla tandis qu'un claquement sec résonnait dans la chambre.
« -Tu fais chier Ron ! » Lui dit Ginny en refoulant ses larmes. « Nous faisons tout pour t'aider et toi, tu nous repousses ! Pourquoi crois-tu qu'Harry et Hermione ne viennent jamais te voir ?
J'ai l'impression que tu te complais dans ton malheur et que finalement cela t'arrange ! Tu veux que je te fiche la paix ? Très bien, tu as gagné ! Je ne me préoccuperais plus de toi ! Mais je te préviens… si tu refais pleurer encore une fois Maman, je te le ferais regretter amèrement ! »
Sa sœur sortit de sa chambre en faisant claquer la porte encore plus violemment que lui. Ron soupira, une au moins allait le laisser tranquille, c'est tout ce qu'il leur demandait mais ils ne semblaient pas vouloir le comprendre.
Il s'allongeait sur son lit quand on frappa à sa porte.
« -Foutez-moi la paix ! » Cria-t-il.
« -Un hibou … Un hibou vient d'arriver pour toi ! » Dit sa mère d'une voix hésitante. « Je te glisse le message sous la porte.
-Met-le au feu ! » Grogna-t-il.
« -Ça vient du Ministère…
-Ils veulent offrir du travail au pauvre aveugle ? Super ! » Marmonna Ron avec aigreur. « Fous cette satanée lettre au feu !
-Tu es invité à une cérémonie en l'honneur des participants à la Guerre … » Poursuivi sa mère sans laisser paraître si elle l'avait entendu ou pas.
« -Je refuse !
-Ecoute Ron…
-Non, Maman, je n'irais pas ! De toute manière, ils ne s'attendent pas à ce que je vienne… Ils ne vont pas célébrer un handicapé comme moi alors qu'ils auront Harry Potter, la parfaite Hermione Granger ou le célèbre Viktor Krum ! »
Ron, n'entendant plus rien dans le couloir, crut que sa mère avait finalement renoncé et qu'elle était redescendue dans la cuisine mais un reniflement derrière la porte le détrompa.
« -Je vais leur répondre que tu es souffrant.
-Parfait, Maman, dis leur donc ça !
-Comptes-tu descendre dîner ce soir ?… Harry et Hermione doivent venir.
-Super ! » Marmotta Ron avec irritation. « Le Sauveur et Miss Je Sais Tout ! Je sens que ça va être la fête ce soir et que je vais avoir droit à une nouvelle leçon de moral…
-Tu descendras dîner ? » Lui redemanda Molly d'un ton suppliant.
Ron repensa à ce que sa sœur lui avait dit quelques minutes plus tôt, il la savait capable de mettre ses menaces à exécutions.
« -Oui, Maman. »
Il l'entendit pousser un cri de surprise bien vite étouffé.
« -C'est vrai, mon chéri ? Tu descendras vraiment dîner ?
-Oui, Maman.
-Et tu mangeras quelque chose ?
-Je te dis qu'oui, Maman !
-Merci, Ron, merci. » Se mit-elle à sangloter avant de redescendre.
« -Super ! » Songea Ron. « Je vais devoir me farcir Harry et Hermione en plus. Comme si ma famille ne suffisait pas ! »
De toute manière, Harry allait faire comme d'habitude, il viendrait lui parler cinq minutes avant d'aller passer le reste de la soirée à roucouler avec Ginny. Quant à Hermione, c'était la première fois qu'elle venait le voir… lui rendre visite depuis qu'il s'était réveillé aveugle à Sainte Mangouste, il se demandait quelles excuses, elle allait lui fournir. De toute façon, il s'en fichait d'elle, il l'avait aimé et elle l'avait repoussé, certainement à cause de son foutu bulgare. C'était d'ailleurs entre ses bras qu'elle avait passé ce mois et demi.
Après tout, il était tout ce que lui, Ron Weasley, n'était pas et ne serais plus jamais. Riche, beau, célèbre et excellent joueur de Quidditch. Comment avait-il pu croire qu'Hermione pouvait penser à lui autrement que comme un ami ? L'était-il de toute manière ? Apparemment pas mais Hermione comme Harry pouvait prétendre à une plus grande destinée et donc une plus grande reconnaissance de la part des sorciers. Alors que lui était voué à rester éternellement un anonyme médiocre dans tout ce qu'il entreprenait. Lors de son oraison funèbre, il aurait peut-être droit à un mot de leurs parts où ils reconnaîtraient qu'ils l'avaient momentanément autorisé à les côtoyer et qu'ils lui avaient sauvé la vie en de très nombreuses occasions.
A eux la gloire, à lui l'obscurité éternel.
A eux la richesse, à lui la quête perpétuelle et avilissante d'aide.
A eux le bonheur, à lui la pitié.
En pleurant de rage, il se mit à frapper sur les murs de sa chambre. Pourquoi était-il devenu, lui, aveugle ? Qu'avait-il fait à Merlin pour mériter cette punition ? Il était encore jeune et tous ses projets d'avenir étaient maintenant irréalisables. Tout ça à cause d'un stupide pas de coté ! Pourquoi avait-il sauté entre ce putain de sort et Hermione ?
Sur le moment, il s'était dit qu'il devait la protéger alors qu'elle soignait son précieux Viktor Krum qui venait de tomber à terre, terrassé par un sort. Personne n'avait remarqué son acte, trop inquiet pour le bulgare à terre. Mais maintenant que le temps était passé et qu'il avait pu réfléchir, il savait réellement pourquoi il l'avait fait. Il voulait prouver à Hermione que lui aussi était brave, qu'elle cesse de regarder Que son Vicky de merde et qu'elle le remarque enfin.
Il aurait mieux valu qu'il meure. Que ce soit l'Avada Kedavra au lieu d'un stupide sort d'éclatement, cela aurait facilité les choses pour tout le monde et à commencer par lui.
Des coups nerveux frappés à sa porte le tirèrent de ses réflexions ou comme le dirait ironiquement Ginny, ses lamentations. Ils ne voulaient et ne pouvaient donc pas le laisser tranquille cinq minutes, toujours à venir lui dire « Ron, tu veux ci ? Tu veux ça ? Tu viens avec nous. »
« -Ron ? » Fit une voix plaintive qu'il reconnut instantanément comme étant celle d'Hermione. « Ron, je sais que tu es là alors ouvre-moi, s'il te plait. » Insista-t-elle.
Ron traversa sa chambre d'un bond, sans se cogner à quoique ce soit et ouvrit sa porte d'un geste brusque.
« -Bonjour Hermione. » Dit-il d'un ton cassant.
« -Bonsoir plutôt…
-Oh ! Tu sais pour moi maintenant, c'est un peu du pareil au même ! » Continua-t-il avec le même ton.
Hermione ne répondit rien mais Ron l'imaginait parfaitement en train de se mordiller la lèvre inférieure tout en refoulant ses larmes.
« -Qu'est ce que tu veux ? » Lui demanda-t-il en restant planté devant sa porte et en dirigeant son visage vers l'endroit où il estimait que son amie se trouvait.
« -Tout d'abord entrer puis ensuite te parler. »
Il poussa un grognement avant de déplacer légèrement pour lui permettre de passer.
« -Ne fait surtout pas attention au désordre, je suis en train de re-décorer complètement ma chambre. Je pensais la repeindre totalement en noir parce qu'en fin de compte, l'orange me pique un peu trop les yeux. » Dit-il en essayant de ne pas penser à la flagrance de parfum qu'il venait de respirer.
« -Qu'est ce que tu as fait de tes posters des Canons de Chudley ? » Lança-t-elle depuis un endroit proche de sa fenêtre.
« -Mis au feu avec tout ce qui ne m'est plus utile… Qu'est ce que tu fais ?
-J'ouvre ta fenêtre… Je ne sais pas depuis combien de temps, ça n'a pas été fait mais …
-Qu'est ce que tu me veux, Hermione ? » Lui ordonna-t-il après l'avoir bousculé pour refermer sa fenêtre et ses volets. « Me parler ou faire du ménage dans ma chambre ?
-Excuse-moi, Ron, je …
-Tu quoi ? Tu viens t'excuser pour ne pas être venue me voir depuis que je suis sorti de l'hôpital ou de n'être venue qu'une seule fois pendant que j'y étais ou bien encore parce que tu as honte d'avoir fait l'amour avec moi cette fois là ?
-Un peu… un peu de tout ça… Mais Ron, je ne voulais pas … Je savais pas … » dit Hermione en sanglotant.
« -Franchement Hermione, je m'en fous de tes explications. En tout cas comme ça, je sais ce que je représente véritablement pour toi.
-Non, Ron, ce n'est pas ça, ce n'est pas du tout ça ! Je suis…
-Je m'en contrefiche royalement, Hermione !
-Ecoute-moi, Ron, c'est important !
-Si c'était si important que ça, tu serais venue avant !
Hermione se mit à pleurer alors à chaude larmes et Ron dut combattre de toutes ses forces l'envie d'aller la serrer contre lui pour la consoler.
« -Ecoute-moi Ron, je t'en supplie, écoute-moi !
-Et pourquoi faire ? Parce que je ne suis plus bon qu'à écouter ? Et tu sais pourquoi je suis comme ça maintenant ? Parce que le sort qui m'a rendu aveugle ne m'était pas destiné ! Non ! Il était pour toi ! Ça, tu le savais pas, n'est-ce pas ? Tu ne l'a même pas remarqué ! Ton précieux Vicky de mes deux était blessé et c'était bien plus important que moi !
-Je t'ai vu prendre le sort, Ron ! Je…
-Ah ! Je comprends mieux maintenant ! Quand tu es venue me voir à Sainte Mangouste, tu as fait l'amour avec moi parce que tu pensais ainsi me remercier ! Tu as pensé que comme ça, ça compenserait le fait que je sois devenu aveugle à cause de toi ! Et maintenant tu réalises que tu as fait la plus grosse erreur de ta vie ! Tu regrettes amèrement ! Et bien, je vais te dire, on est deux dans ce cas ! » Hurla Ron.
« -Non … pas … du … tout ! » Parvint à articuler Hermione entre deux sanglots
« -Tu avais raison, ça pue ici ! Mais c'est étrange, c'est uniquement depuis que tu es entrée ! Je crois que je vais sortir prendre l'air. Au plaisir de ne plus jamais te revoir, Hermione ! … En fait, perdre la vue n'est peut-être pas une si mauvaise chose ! »
Ron descendit les escaliers branlants du Terrier en se cramponnant désespérément à la rampe. Jamais avant qu'il ne soit aveugle, il n'avait remarqué à quel points ils étaient dangereux. Quand il entra dans la cuisine, les conversations se turent instantanément…
« -Comme à chaque fois. » Pensa amèrement Ron.
« -Ça va ? »Demanda anxieusement sa mère.
« -Je vais faire un tour. » Dit-il de la voix la plus neutre dont il le put.
« -A cette heure là ? Tout se… » S'inquiéta Molly.
« -Je viens avec toi. » S'exclama Harry de façon joyeuse.
« -Je n'ai pas besoin de ton aide !
-Mais je ne te la propose pas. J'ai moi aussi besoin de prendre l'air.
-Prenez votre temps, Molly gardera vos parts au chaud ! » Lança Arthur Weasley d'un ton autoritaire.
Un grognement à coté de lui et le fait qu'on lui écrase durement le pied empêchèrent Ron de répondre quoi que ce soit avant qu'Harry ne l'entraîne à l'extérieur.
L'air frais d'un début de soirée de mi-août le frappa instantanément. Il y avait si longtemps qu'il n'était pas sorti du Terrier et de sa chambre plus particulièrement qu'il ne se rappelait même plus à quel point cela pouvait être agréable d'être dehors.
Il marcha silencieusement pendant plusieurs minutes dans la direction de ce qu'il estimai être celle de Loutry Ste Chaspoule avec Harry à ses cotés avant de stopper.
« -Allez crache ta valda !
-Quoi ? » Fit Harry d'une voix étonnée.
« -Dis-moi ce que tu as à me dire qu'on en finisse une fois pour toute avec cette comédie.
-Comme tu veux… Tu es vraiment un sale con en ce moment ! Tu t'en prends à ta famille alors qu'elle ne t'a rien fait !
-C'est bien, Ginny va être contente, tu as bien appris ta leçon !
-Laisses Ginny en dehors de tout ça ! C'est mon avis et puis qu'est ce que t'as fait Hermione pour tu la traites comme ça ?
-Une simple question comme ça : combien de fois es-tu venu me voir ? Enfin quand je dis ça, je devrais plutôt dire venu voir Ginny.
-Arrête avec ça ! Je suis venu te voir !
-Tu ne réponds pas à ma question !
-Presque tous les jours, il me semble.
-Et combien de fois as-tu vu ou entendu dire qu'Hermione était venu me rendre visite ?
-Euh… Je ne sais pas…Presque aussi souvent que moi.
-Perdu ! C'était la première fois ! Si bien entendu, je ne compte pas lorsqu'elle est venue à l'hôpital. »
Ron entendit Harry se remettre à marcher silencieusement et il le suivit.
« -Elle vit une période particulièrement difficile, tu sais.
-Parce que ce n'est pas mon cas peut-être ? Arrête de lui trouver des excuses, je t'en prie ! »
Harry ne répondit plus rien et ils finirent leur promenade sans échanger d'autres paroles. Quand ils revinrent au Terrier, Ron mangea sans rechigner ce qu'il y avait dans son assiette et alla après s'assoire dans un fauteuil pour écouter la radio avec sa famille.
A partir de ce jour, Ron se montra moins agressif avec eux mais pas pour autant plus bavard. Il passait de longues heures autour du Terrier quand le temps le permettait. Dans le cas contraire, il s'entraînait à utiliser sa baguette pour faire tous les petits gestes qu'il était désormais incapable de faire seul. Il ne parlait plus d'Hermione et personne ne le faisait en sa présence mais sa cécité avait développé ses autres sens, surtout son ouie et il les entendait mentionner fréquemment son prénom quand ils pensaient qu'il ne les écoutaient pas
Les jours se transformèrent en semaines qui se transformèrent à leurs tours en mois. Les feuilles rougirent avant de tomber des arbres, les températures baissèrent et le paysage se recouvrit bien vite de neige. Noël arriva sans Ron ne s'en rende compte. Ce n'était plus le même jeune homme, il ne s'emportait plus mais ne riait plus aussi. Personne n'aurait pu croire si on leur avait dit qu'il avait seulement dix-huit ans, il en paraissait au moins dix de plus dans ses meilleurs jours, certaines personnes le croisant le prenaient régulièrement pour son frère aîné Bill ou leur père.
Toute sa famille s'était réunie pour fêter Noël au Terrier. Bill était venu avec se femme Fleur et leur premier enfant Richard, Charlie avait pris quelques vacances et était arrivé de Roumanie avec une jeune femme prénommé Olga Ivanovitch qu'il leur avait présenté comme sa fiancée. Percy, quant à lui, était arrivé en compagnie de Pénélope Deauclaire dont le monde se demandait d'ailleurs comment elle parvenait à le supporter. Fred et George étaient venus seuls mais ils laissaient à ceux qui voulaient bien l'entendre et même à ceux qui ne le voulaient pas que cela n'était que temporaire et qu'ils allaient bientôt être surpris. Ginny, elle, retrouvait avec bonheur Harry sous le regard attendri de leur mère.
Et lui était tout seul dans son coin à les écouter sans participer à leurs rires. Il sentit un brusque courant d'air froid avant d'entre la porte de la cuisine se refermer lentement.
« -Hermione, ma chérie ! Viens donc te mettre près du feu, il ne faut surtout pas prendre froid dans ton état ! » S'exclama joyeusement Molly.
Ron réalisa qu'on envoyait son ancienne amie s'assoire à ses cotés ou tout du moins fort près de lui.
Tous les convives se turent, saluant la jeune femme quand elle passait à leur hauteur mais Ron sentait sur sa peau leurs regards braqués sur lui, s'attendant très clairement à ce qu'il réagisse violemment mais contre toute leurs attentes, il décida de ne rien en faire, le mal dont il soufrait était incurable et il ne devait pas en blâmer Hermione.
« -Bonjour Ron. » Dit-elle timidement en s'asseyant à ses cotés.
« -Bonjour, Hermione. » Répondit-il en essayant de cacher l'animosité dont il ne parvenait toutefois pas à se débarrasser.
« -Tu vas bien ?
-Je fais aller avec.
-Euh …
-Quoi ?
-J'ai un cadeau pour toi…
-Ah ? Merci beaucoup. »
Ron sentit qu'on fourrait dans sa main un petit paquet de forme légèrement oblongue. Quand il l'ouvrit et qu'il laissa courir ses doigts sur l'objet, il perçut deux petites sphères reliés entre elles par une petite anse et possédant de chaque coté deux branches… Non, ça ne pouvait être ça, elle ne lui avait quand même pas offert des …
« -Des lunettes ! Tu m'offres des putains de saloperies de lunettes ! Tu as vraiment un grain, ma pauvre fille ! Ton sens de l'humour est vraiment déplorable ! » Cracha-t-il en se levant brutalement et en lassant tomber à terre la paire de lunettes.
« -Ecoute, Ron… » Entendit-il avant qu'il ne monte les escaliers quatre à quatre.
Ils devaient bien rire en bas. Ils savaient parfaitement qu'il n'avait toujours pas accepté son handicap.
« -Ron, je t'en conjure, ouvre-moi !
-Pourquoi faire ?
-Parce que … J'ai travaillé pendant six mois sur ses lunettes pour toi.
-Et elles sont censées faire quoi tes lunettes ? Me rendre la vue.
-Oui. » L'entendit-il murmurer à travers la porte.
« -Aucun guérisseur n'a réussit à ma rendre la vue et toi, tu penses y arriver.
-Oui. » Fit-elle d'un ton plus assuré.
« -Pourquoi ?
-Parce que je … Fais-moi confiance, je te promets que cela va fonctionner.
-Entre alors ! »
La porte grinça et la pièce s'emplit de l'odeur d'un parfum légèrement vanillé.
« -C'est beaucoup mieux rangé que la dernière fois et puis l'odeur …
-Si tu es venue pour te foutre de ma gueule, tu peux redescendre voir même mieux te barrer définitivement de ma vie !
-Non, Ron ! Je m'excuse ! S'il te plait, mets ces lunettes.
-Je vais me répéter mais pourquoi ? »
Hermione poussa un soupir fatigué.
« -Je peux m'assoire ?
-Vas-y. »
Elle s'assit en soupirant d'aise.
« -Vivement que ça se termine. » marmonna-t-elle.
« -Quoi ?
-Quoi quoi ?
-Pourquoi dis-tu « vivement que ça se termine. » ?
-Mets tes lunettes et tu comprendras.
-Tu es malade ? » Demanda Ron avec plus d'inquiétude qu'il ne s'en saurait cru capable à l'égard d'Hermione.
A son grand étonnement, elle éclata de rire avant de l'embrasser sur la joue.
« -Merlin, non ! Bien au contraire, même ! Ron, s'il te plait, mets ces lunettes. »
Devant tant d'instance et voulant s'avoir s'il allait vraiment retrouver la vue, il posa les binocles sur son nez. A peine, l'avait-il fait que les petits globes forcèrent le passage de ses paupières closes et s'installèrent dans ses orbites creuses.
« -Aaaaaah ! » Hurla-t-il de douleur.
Il voulut les arracher mais Hermione l'empêcha.
« -Attends un tout petit peu, ça va passer. » Lui murmura-t-elle d'une voix apaisante.
Il suivit son conseil et comme elle lui avait prédit, la douleur diminua rapidement. Ron ouvrit prudemment les paupières et à son grand étonnement et surtout avec plaisir, il découvrit qu'il avait réellement recouvré la vue. Il pouvait voir ses mains, le mur en face de lui…
« -Alors ? » Lui demanda anxieusement Hermione.
« -Ça marche ! » Dit-il en se tournant vers elle. « Tu es un génie, Hermione ! Tu es … »
Alors qu'il la détaillait de la tête au pied pour la première fois depuis plus de six mois, il remarqua son ventre.
« -… Tu es enceinte ? » Fit-il surpris.
« -Oui ! » S'exclama-t-elle en rayonnant de joie et en caressant tendrement son ventre.
« -Toutes mes félicitations alors !…
-Merci ! »
Ron se leva et alla jusqu'à la fenêtre.
« -Comment as-tu fait pour ces lunettes ?
-Tu ne me demandes pas qui est le père ? » Fit Hermione.
-Non ! Pourquoi faire de toute manière ? Je pense savoir parfaitement qui s'est.
-Ah ? » S'étonna-t-elle.
-Tu félicitera Viktor de ma part… d'ailleurs ça m'étonne que tu ne sois pas venue avec lui aujourd'hui. »
Ron entendit Hermione partir d'un rire hystérique.
« -Ce … n'est … pas … Viktor !
-Ah, alors qui est-ce ? » Dit-il en se retournant pour la découvrir juste derrière lui.
« -Le père de mon enfant est mon premier et unique amour… Il suffit d'un regard de lui pour que je fonde … Nous avons toujours eu des relations tendus…
-Ne me dis pas que c'est Malfoy !
-Tu le fais exprès ou quoi ? Dans ma vie, je n'ai fait l'amour qu'une seule fois … Je m'étais laissé emporté, bien que ce ne soit pas le bon mot, et cela a suffit.
-Une seule fois ? … Alors …. Ça serait moi le père ? »
Hermione hocha simplement la tête, Ron poussa alors un hurlement de joie.
« -Je retrouve la vue et j'apprends que je vais devenir papa le même jour ! C'est merveilleux ! »
Tout aussi brusquement qu'il avait laissé échappé sa joie, il s'affaissa en se mettant à pleurer.
« -Je ne mérite pas ça ! Je me suis comporté comme un égoïste, je ne voyais que mon propre malheur et pas celui des autres, j'ai fait du mal à tous ceux qui m'aimaient… Hermione, reprends tes lunettes et surtout tient cet enfant loin de moi !
-Shhhh ! » Fit la petite brune en caressant le front de Ron. « Je ne ferais rien de tout ça ! Tu as été celui qui a été le plus durement touché et je ne me suis pas comporté de la meilleure des manières… Je n'aurais pas du t'éviter après ce qui s'est passé à l'hôpital. Je savais que tu m'avais protégé, je voulais t'en remercier et te dire que je t'aimais même si tu étais aveugle mais je n'ai pas pu refréné mes envies et ça a un peu dégénéré … »
Ron étouffa un rire.
« -… Quand j'ai réalisé ce que nous venions de faire, je ne savais plus quoi te dire sans que tu prennes ça pour de la pitié puis après notre dispute en août, j'ai eu mal. Je réalise maintenant que j'aurai du te forcer à m'écouter mais le mal est fait et rien ne peut le changer. Alors je te propose de tout reprendre entre nous à zéro… Bonjour, je m'appelle Hermione Granger, je suis amoureuse de toi et je suis accessoirement aussi enceinte de toi. »
Ron éclata de rire en entendant cela.
« -Ron ! » Le pressa Hermione.
« -Bonjour, je m'appelle Ronald Weasley, je suis amoureux de toi et je voudrais que tu m'épouses !
-Quoi ? Qu'est ce que tu viens de dire ?
-Tu m'as très bien entendu ! Je veux que tu deviennes ma femme. Alors ta réponse ?
-Tu ne crois pas que c'est un peu précipité ?
-D'après ce que je vois, tu vas accoucher bientôt et ma mère va me tuer si son … d'ailleurs, c'est une fille ou garçon ? Enfin peu importe. Elle va me tuer si notre enfant naît alors que nous ne sommes pas mariés, alors c'est oui ou c'est non ?
-Alors uniquement pour éviter à ta mère de faire une grosse bêtise et de finir bêtement ses jours à Azkaban, je dis oui. »
Ron l'embrassa alors lascivement.
« -Tu es certaine que c'est l'unique raison ? » Susurra-t-il à l'oreille de son amie.
« -A bien y réfléchir, il y en a bien une ou deux autres.
-Comme ?
-Je n'ai pas très envie que notre enfant grandisse sans père et sa grand-mère et qu'elle me demande sans arrêt pourquoi.
-Tu as dit elle ! Alors c'est une fille ! »
Hermione lui sourit énigmatiquement puis elle l'embrassa.
« -Mione ? » Parvint-il à articuler la bouche pleine de sa langue.
« -Quoi ? » Fit-elle sans cesser de l'embrasser.
« -Tu ne m'as toujours pas dit comment marche ses lunettes.
-Maugrey.
-Quoi Maugrey ? C'est peut-être très clair pour toi mais moi, je suis dans le brouillard.
-Tu te souviens de son œil magique ?
-Tu veux dire que j'ai deux yeux magiques ? Que je peux voir à travers les murs ou que je peux regarder derrière moi sans bouger la tête ?
-Non ! J'ai eu un peu de mal à réduire l'angle de rotation ainsi que la puissance magique mais tu vois quand même mieux que tout le monde…. Le plus dur a quand même été de les régler pour que tes yeux regardent tous les deux dans la même direction.
-Ah ! » Fit Ron déçu. « Pourquoi ?
-Je n'ai pas très envie que tu regardes les autres filles dans la rue ou que tu les espionnes sous la douches pendant que tu te promènes dans la rue.
-Je n'ai même pas le droit de te regarder toi sous ta douche ?
-Non, tu en as même pas l'obligation.
-Tant mieux ! »
Ron s'aperçut alors qu'Hermione fixait ses « yeux ».
« -Il y a un problème ?
-Oui…
-Quoi ?
-La couleur des yeux est parfaite, c'est la même que tes vrais yeux, les mouvements sont parfaitement synchro mais j'aurai du prendre une monture plus ronde plus les lunettes… »
Ron soupira de soulagement tandis qu'Hermione éclatait de rire tout en mordillant les lèvres du roux.
« -Nous devrions redescendre. » Murmura-t-il soudain.
« -Nous pourrions attendre encore un peu …
-Je le voudrais mais je dois leurs présenter mes excuses.
-Tu n'es pas obligé, tu sais ?
-Je leur dois quand même. » Fit-il sombrement puis brusquement un sourire illumina son visage. « Je me dois aussi de leur montrer mes nouveaux yeux, leur présenter la future madame Ronald Weasley ainsi que notre héritière…
-Je ne te dirais pas si c'est un garçon ou une fille !
-Notre héritier alors ?
-Ron ! »
