chapitre 08

Naruto et Sasuke dormaient quand, très tard dans la nuit, Aburakkoi arriva dans la chambre, sans faire le moindre bruit. Ils étaient assez éloignés l'un de l'autre D'après ce que lui avait dit Hikari, ils avaient subi l'enfer. Trois semaines à ce rythme, et ils gagneraient énormément en force. Ou alors, ils seraient réduits à l'état de légume. Mais, connaissant ces deux là, ils s'adapteraient.

Aburakkoi les regarda longuement, avec une expression d'amusement sur le visage. Puis, il murmura : " Rakolmigad Nelchael ". À ces mots, une pâle lueur commença à se répandre lentement dans la pièce. De petites lumières blanches commencèrent à scintiller avec douceur, à la manière de lucioles, et voletèrent dans la chambre. Une brise tendre et légère souffla, faisant se soulever les rideaux. Puis, les lumières se réunirent autour de Sasuke et Naruto. Avec une infinie douceur, ceux-ci s'envolèrent de quelques centimètres, et se rapprochèrent, toujours enroulés dans leurs draps. Enfin, ils furent déposés avec précaution, l'un à côté de l'autre, tandis que leurs couvertures s'emmêlaient. Alors, les lumières s'évaporèrent.

Ils sont bien mieux comme ça, pensa Aburakkoi. Puis, il les contempla longuement. Ils lui rappelaient bien des souvenirs. De beaux et douloureux souvenirs... Un amour non partagé, un amour perdu et éploré... C'était peut être aussi pour ça qu'il voulait tant faire en sorte que Naruto et Sasuke soient ensembles. Il savait ce que ça faisait, de voir son amour sans écho en l'autre. Il en était presque désolé, de les manipuler et d'en tirer profit comme ça. Mais il était trop tard. Bientôt, il réaliserait avec eux la prophétie... Presque inconsciemment, il commença à en murmurer quelques vers :

Deux démons qui s'entrelacent

La nuit éternelle peut enfin commencer

Démon de feu, démon de glace

L'ange de la mort va se mettre à danser

Un amour sans aucune trace

Voici l'heure des dernières pensées

Qui fait que la mort s'efface

Celle où les tombes vont de nouveaux être encensées

Bientôt s'ouvriront les portes

Douce lumière enveloppée de ténèbres

Sur les incantations mortes

Savoir heureux, ou bien savoir funèbre ?

- C'est à mon tour de prendre la garde, dit Hikari de sa voix joyeuse, apparaissant à la fenêtre.

- Déjà ? répondit Aburakkoi en sortant de sa torpeur.

- Oui. Dépêches toi, tu as beaucoup à faire, aujourd'hui.

- Je sais, je sais... Bon, à plus tard. Ne les fais pas trop souffrir.

- Compte là-dessus...

Quelques heures après, Sasuke se réveilla... encore une fois enlacé par Naruto. Il commença à se dégager lentement, de crainte de réveiller le blond. Mais finalement, il y renonça. Ses membres étaient encore endoloris par l'entraînement de la veille. Aussi, il se contenta d'apprécier le contact avec celui qu'il aimait. Quelques instants plus tard, ce fût au tour de Naruto d'ouvrir ses yeux. Et quelle ne fût pas sa surprise quand il croisa le regard onyx de son vis à vis... Il détourna aussitôt les yeux, en rougissant un peu.

- Qu'est ce que tu fous collé à moi ? Demanda Naruto.

- J'en sais rien, répondit Sasuke. Je constate que nous sommes tous les deux hors de nos matelas, et que nous sommes prisonniers dans les draps l'un de l'autre. Je suppose que c'est Aburakkoi qui a fait le coup.

- Pourquoi aurait-il fait cela ? questionna Naruto en se dégageant des draps.

- Mais pour se marrer bien sûr, répondit Hikari, apparaissant devant eux tout sourire. Alors, tous les deux, vous êtes prêts à vous entraîner à nouveau ?

Pendant ce temps, Hinata attendait devant sa propriété, un sac sur le dos. C'est alors que son mystérieux nouvel entraîneur arriva.

- Bien. Tu es ponctuelle, c'est parfait.

- Il est essentiel pour un shinobi d'être ponctuel, maître, répondit-elle timidement.

- Si seulement tous les ninjas résonnaient de la sorte... Et ne m'appelle pas maître s'il te plaît. Sur ma montagne, je n'ai pas encore ce titre.

- Co... comment dois-je vous appeler, alors ? Je... j'ignore votre nom.

Il la regarda intensément, avec une pointe de tristesse dans les yeux. Cette enfant n'était pas née pour être shinobi. Mais en naissant, elle s'était vue attribuée le titre d'héritière. On lui demandait de n'être qu'une froide machine à tuer, elle si douce, si timide, si gentille... Quelle atrocité.

- Ne soi pas si timide, Hinata, dit l'homme avec un sourire tendre, malgré son regard froid. Je répondrai à cette question tout à l'heure. Pour le moment, dirigeons nous vers le lieu de ton entraînement.

Ils se dirigèrent silencieusement en bordure de Konoha. Ils s'enfoncèrent dans la forêt, avant de tomber sur une clairière, au milieu de laquelle se tenait une maison, un terrain sur lequel étaient plantés des poutres de bois. D'étranges machines étaient aussi disposées en un cercle un peu plus loin. Une grande rivière se tenait juste à côté, ainsi qu'une cascade. Bref, le lieu dégageait un certain charme.

- Va t'installer à l'étage, Hinata, dit d'une voix douce l'homme à la longue chevelure.

Hinata s'exécuta. En entrant, la première salle dans laquelle elle se trouvait était un dojo. En fait, tout le rez de chaussé n'était constitué que de ce dojo. Toutes les autres pièces étaient à l'étage. Après avoir trouvé une chambre libre, elle se rendit à nouveau à l'extérieur. Là, son instructeur se tenait assis sur un énorme rocher.

- Bien... Avant que nous commencions, tu as des questions ?

- Oui... Je... je voudrai savoir votre nom.

- Question difficile... T'en as pas une autre, plutôt ? demanda t-il avec une pointe d'amusement dans la voix.

Hinata était surprise. Face à n'importe qui d'autre, elle aurait pensé que cette réponse était une blague. Mais lui, il semblait extrêmement sincère.

- Bon, je vois que tu te poses des questions... En fait, je n'ai pas de nom. Là où je vis, on ne reçoit pas de nom avant d'avoir dépassé un certain niveau de force, et certaines épreuves nous sont infligées pour voir si on mérite ou non d'avoir un nom...

- Vous... Vous n'avez pas passé ces épreuves ?

- Je suis actuellement en train de passer la dernière... avoir un élève.

- Oh...

- Mais si tu veux, rien ne t'empêches de me donner un nom. Quel nom m'irait bien, à ton avis ?

- Oh... Je... Je ne sais pas si...

- Allez, propose.

Hinata réfléchit un moment. Cet homme était à la fois froid et doux, chaleureux... De même que la lune, à la fois effrayante et belle, glaciale et reposante.

- Yue... Le mot chinois pour lune. Voici le nom que je vous donnerai.

- Yue... ça sonne bien. Okay. À partir d'aujourd'hui, tu m'appelleras Yue. Et maintenant, commençons l'entraînement. Va t'installer au centre des lanceurs...

En disant ceci, Yue désigna le cercle formé par d'étranges machines. Hinata s'installa au centre, un peu intriguée.

- Trace autour de toi un cercle de deux mètres de rayon.

Hinata s'exécuta. Puis, elle regarda son instructeur actionner les étranges machines présentes.

- Je t'explique. Ces trucs lancent des balles de base-ball à grande vitesse. Le rythme de lancer est aléatoire. Ton objectif est d'esquiver la totalité des balles lancées, sans sortir de la zone que tu as délimité...

Une heure plus tard... Hinata était totalement épuisée Plusieurs bleus marquaient à présent son corps. Elle n'avait pas réussi à esquiver toutes les balles, et les coups reçus la faisaient atrocement souffrir. Certes, elle avait évité la très grande majorité d'entre elles, mais la cadence soutenue par les lanceurs l'avait vidée de ses forces.

Soudain, Yue interrompit l'exercice, en éteignant les machines.

- Désolé de t'avoir fait subir ça, Hinata, mais c'était essentiel pour moi d'évaluer tes faiblesses. Maintenant, je vais pouvoir t'aider à fond. On va commencer par le contrôle du chakra... Tu sais grimper aux arbres ?

- Euh... oui.

- Tu sais marcher sur l'eau ?

- Non...

- Parfait. Alors voici ce à quoi tu vas t'exercer.

Pendant ce temps là, à Konoha... Naruto et Sasuke vivaient l'enfer auprès d'Hikari. Celui-ci enseignait à Naruto la suractivité corporelle, tandis qu'il entraînait Sasuke aux sorts Genjutsu les plus efficaces, sans avoir recours au Sharingan. Dit comme cela, ça semblait simple, mais en fait... Naruto n'arrivait pas à bien gérer les vagues de chakra dans son corps (nécessaires à la suractivité corporelle), et du coup, détruisait ses muscles à chaque fois. Quant à Sasuke, son esprit était en bien piteux état. Il avait encore du mal à se souvenir de son nom.

Alors que Naruto et lui faisaient une pause, Sasuke demanda :

- Dis moi, Hikari, que fait Aburakkoi, en ce moment ?

- Je n'en sais rien. Peut être qu'il fomente un complot pour prendre le pouvoir sur le pays du feu...

- Non ? Sérieux ?

- Je t'ai dit que je n'en savais rien. Mais ça ne m'étonnerait pas de lui. Tout ce qui lui passe par la tête, il le fait. Cependant, il n'a jamais été attiré par le pouvoir. Bon, après mûre réflexion, je vais quand même voir ce qu'il fait, on ne sait jamais. L'entraînement est terminé pour aujourd'hui.

Hikari se volatilisa en un nuage de fumée.

Pendant ce temps, Hinata apprenait à marcher sur l'eau. Elle, qui pratiquait le Jûken, avait rapidement compris comment manipuler le chakra dans cette situation. Une fois que Yue jugea qu'elle maîtrisait effectivement bien l'exercice, il interrompit Hinata.

- C'est très bien, Hinata. Tu arrives à tenir près d'une demi-heure en marchant sur l'eau pour la première fois. Demain, tu devras t'exercer à tenir une heure.

- Une... Une heure ?

- Oui. Mais nous verrons cela demain. On a fini les exercices en extérieur pour aujourd'hui. On va s'installer dans le dojo.

Une fois dans le bâtiment, Yue s'installa au centre du tatami. Puis, il mit un bandeau sur ses yeux, et s'agenouilla. Puis, il déclara :

- Voici un nouvel exercice, Hinata. Ton but est de me mettre K.O.

- Mais... avec tous vos handicaps...

- Ne t'inquiète pas pour moi. Attaque moi.

Hinata hésita un moment puis, elle s'élança en direction de Yue, la paume gorgée de chakra. Mais en un éclair, elle se retrouva plaquée au sol, Yue au dessus d'elle, une main contre sa gorge, et l'autre tenant son bras. Et Yue était toujours à genoux.

- As tu compris ce qui vient de se passer ?

- Heu... non.

Yue la relâcha, puis inspira profondément. Il se frappa alors le torse avec ses doigts, en touchant des points précis.

- Je viens de diminuer ma vitesse d'action. Maintenant, recommence.

Hinata attendit un peu avant de recommencer. Elle se promena silencieusement autour de lui, en ninja qu'elle était. De la sorte, il ne pouvait la localiser, lui qui n'avait plus sa vue. Puis, ayant trouvé un angle moins risqué à attaquer, elle s'élança. Et cette fois, elle vit précisément ce qu'avait fait Yue. Celui-ci s'était déplacé dans sa direction, toujours en gardant les genoux à terre. Puis, il avait saisi son poignet tandis qu'elle donnait le coup, tout en lui faisant une balayette à la jambe de sa main libre. D'un mouvement, il l'avait projeté par dessus lui, avant de la plaquer au sol d'un mouvement puissant. Ceci venait de se dérouler encore une fois.

- Bien, Hinata. Je viens de me voiler la vue, j'ai même diminué ma gamme de mouvements en me mettant à genoux, et pour finir, j'ai aligné ma vitesse sur la tienne. Maintenant, réponds moi. À ton avis, qu'est ce qui te manque ?

- Le... le talent, dit elle, un air triste sur le visage.

- Absolument pas. Le talent, tu en as, c'est juste que tu ne sais pas l'exploiter. Ce qui te manque, c'est tout simplement la maîtrise du flot.

- Le flot ?

- Oui. C'est ainsi que l'on nomme la somme de sensations qui te permettent de savoir ce que va faire l'adversaire.

- Comment ?

- En fait, tu ressens ce que va faire ton adversaire. Tu le ressens et tu le vois. Et tu bouges en fonction de ce que tes sens te disent, tu te laisses emporter par le flot de ses mouvements... C'est comme une danse, en fait. Tiens, essaie, dit-il en lui donnant un bandeau.

Hinata, prise de court, accepta le bandeau. Elle le plaça sur ses yeux, avant de dire :

- Euh... je risque de déclencher le Byakûgan par réflexe.

- J'avais oublié. Attends un instant.

Yue se mit face à elle. Par l'intermédiaire de son oeil blanc, elle vit Yue réunir du chakra au bout de ses doigts. Puis, il la frappa, sans force, juste au dessus des tempes, avec ses doigts, et puis... Hinata perdit la vue.

- Ne t'inquiète pas. Je te rendrai la vue quand l'exercice sera fini. Maintenant, essaie de me toucher.

Hinata, se fiant à son ouïe, tenta de localiser son adversaire. Cependant, celui-ci se déplaçait aussi silencieusement qu'une ombre. Soudain, un coup sur la tête s'abattit sur elle. Puis, un coup dans le ventre. Puis, une légère gifle. Hinata tentait bien de riposter, mais ne parvenait que très vaguement à saisir les déplacements de Yue. Alors, celui-ci prit la parole.

- Je vois bien que tu ne te fies qu'à ton ouïe. Tu as d'autre sens à ta disposition. L'odorat, le toucher... Fais le vide de pensées dans ta tête. Concentre toi sur ce que tu ressens. Et ne privilégie aucun sens. C'est tout ton être qui devra m'attaquer.

Hinata comprit. Elle se calma, et détendit son corps... Elle inspira profondément, et localisa l'odeur de Yue. Cependant, elle n'attaqua pas, car elle avait compris que cela ne servirait à rien. Mieux valait attendre...

Quelques minutes plus tard, Yue commença à bouger. Saisissant les déplacements de l'air, elle tenta de suivre Yue dans ses attaques. Mais elle n'y parvint pas. Elle n'arrivait pas à bien déduire les mouvements de son entraîneur uniquement grâce au vent qu'il dégageait. Elle n'esquiva aucune attaque, mais réussit cependant à le toucher à plusieurs reprises quand il la frappait.

- Tu réfléchis toujours trop. Ne te concentre sur rien. Toutes tes réactions doivent être purement instinctives. Ressens mon flux de chakra, sens mon odeur, entends mon pas, touche l'air que je déplace... Fais le vide.

Encore une fois, Hinata fit le vide dans son esprit. Puis, elle se concentra sur ses sens, chacun à leur tour. Elle commença par écouter son pas. Elle saisit aussi le bruit de sa respiration. Puis, elle inspira toutes les effluves qu'il dégageait. Alors, elle se mit à sentir l'air qui se déplaçait dans la pièce, au gré des mouvements de Yue, comme une eau bouge dans un aquarium, quand un poisson ondule. Et il attaqua. Sans aucun ménagement, presque sans retenue, mais toujours sa vitesse amoindrie. Et, pour la première fois, elle esquiva. Alors, une danse gracieuse et élégante commença. Yue attaquait, Hinata esquivait, et ceci semblait ne pas avoir de fin. Tous deux étaient comme liés l'un à l'autre, comme unis par un lien, le lien du combat. Tous deux tournoyaient dans le dojo, comme on virevolte sur une piste de danse... Au bout d'une heure, Hinata s'évanouit, tant elle était fatiguée. C'est alors qu'Hikari apparut dans le dojo.

- Comment ça se passe ?

- Plutôt bien. Elle a saisi un des principes de base, je ne doute pas un instant qu'elle progresse à une vitesse phénoménale.

- Ce n'est pas à cela que je faisais allusion.

- Oh... ne t'inquiète pas. D'ici vingt minutes, elle se réveillera, et on commencera à en parler.

Vingt minutes plus tard, Hinata se réveilla, en sentant une délicieuse odeur de nourriture. Sortant doucement de sa torpeur, elle entendit la voix de Yue.

- Enfin, tu es réveillée. Viens, on va manger.

S'asseyant à table,Hinata s'émerveillait de la quantité de plats présents. Tous avaient l'air délicieux. Et parmi toute cette nourriture, il y avait...

- Des ramens... murmura t-elle.

- Tu aimes les ramens, Hinata ? demanda Yue en servant Hinata.

- Oui... en fait, je connais quelqu'un qui les adore.

- Ah vraiment ? J'ai l'impression que ce quelqu'un n'est pas n'importe qui à tes yeux...

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? demanda t-elle, surprise.

- Quand tu parles de lui, tes yeux s'adoucissent, et tu es moins timide... J'en conclus que tu tiens à lui... Est-ce vrai ?

- Euh... et bien... oui.

Curieusement, elle ne parvenait pas à mentir face à son instructeur.

- En fait, je perçois aussi que tes sentiments sont mitigés. Tu hésites entre l'aimer comme un frère, ou comme un modèle inaccessible... ou comme l'homme de ta vie.

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

- Les pulsations de ton coeur et ta respiration ne sont pas tout à fait en accord. ça ne trompe pas.

Hinata fût stupéfaite. C'est vrai qu'elle ne s'interrogeait sûr ses sentiments, ces derniers temps... Mais personne n'en avait rien su. Sauf Kiba. Kiba était toujours là pour elle.

- Tu penses à qui d'autre, là ? demanda Yue, dans la plus grande indiscrétion qui le caractérisait.

- Euh... Mais... À personne, finit elle par dire en rougissant.

- Bien sûr... Et moi, je suis un dresseur de serpents à sonnettes. Allez, dis moi qui c'est, demanda t-il avec un énorme sourire, le premier véritable sourire qu'Hinata avait vu sur lui. Mais, comme s'il avait lu dans ses pensées, il cessa aussitôt.

- Bon, si tu ne veux pas me dire qui c'est, ce n'est pas grave. Finit de manger, et va te coucher. Une dure journée nous attend, demain.

Quelques instants plus tard, Hinata posa ses baguettes et monta à l'étage pour s'effondrer sur son lit, exténuée. Son esprit n'arrêtait pas de bourdonner à la pensée de ce que lui avait dit Yue. Mais, la fatigue eut raison d'elle, et elle finit par s'endormir.

Pendant ce temps là, en bas, Yue finit de ranger la vaisselle. Soudain, il entendit le sifflement d'un kunaï lancé contre lui. D'un geste rapide, il empoigna le projectile en plein vol, et le renvoya vers son propriétaire, debout devant la porte, en prenant bien soin de viser une partie vitale. Mais celui-ci, en prenant bien soin de faire voler sa grande cape rouge de manière ostentatoire, rattrapa le kunaï.

- Toujours d'aussi bon réflexes... Tu sais qu'un jour, tu finiras par me tuer ? dit Hikari en riant légèrement.

- Tu n'as qu'à ne pas m'attaquer, alors que tu sais bien que j'ai un côté... paranoïaque. Alors, que me vaut le plaisir de ta visite ?

- Je suis juste passé voir où tu en étais.

- Je l'ai mise sur la voie. Bientôt, elle aura abandonné Naruto. Enfin, je l'espère.

- J'ai l'impression que tu me caches quelque chose...

- Allons dehors. Elle pourrait nous entendre.

Silencieusement, ils s'enfoncèrent dans les profondeurs de la nuit. Lorsqu'ils jugèrent qu'ils étaient assez loin, Yue reprit la parole.

- J'ai souris... D'un vrai sourire. Alors que je ne suis pas censé sourire de la sorte. Je suis censé être froid, un peu distant, mais fascinant.

- Allons, ce n'est pas pour autant qu'elle va deviner que c'est toi, mon cher Aburakkoi...

Un sourire machiavélique traversa le visage dur et froid de Yue. Et soudain, tout son corps sembla se déformer atrocement. Tous ses membres se mirent à grossir, tandis que son corps rapetissait. Ses bras se tordaient, se brisaient même... Son tronc se contorsionnait dans tous les sens, sa colonne vertébrale et sa nuque prenaient un angle bizarre, de même que ses jambes. Puis, les membres de Yue se remirent correctement à leur place, sauf que sa peau était bien plus foncée, que ses cheveux étaient plus courts, et noirs, que ses yeux étaient également noirs... Ce n'était plus Yue qui se tenait devant Hikari, mais Aburakkoi.

- Ta transformation est une horreur... Pire qu'un film gore.

- Ce n'est pas une transformation. C'est une restructuration. J'ai dû modifié l'ensemble de mes gènes, ainsi que le schéma de mes méridiens. Si ce n'était qu'une simple métamorphose, Hinata aurait vu ma véritable identité à travers son Byakûgan. Quand je suis Yue, c'est mon véritable corps, auquel j'ai apporté des changements. Ce n'est pas une illusion. Que deviennent Naruto et Sasuke ?

- Oh... ils progressent à une vitesse phénoménale.

Soudain, Aburakkoi se raidit. Il avait perçu un étrange son, dans sa tête. Un rugissement.

- Tu l'as senti aussi ? demanda Aburakkoi.

- Oui. C'est Shizumu. Il arrive bientôt.

- Parfait, dit-il. Bon, tu m'excuses, je vais voir Sasuke et Naruto.

- Ils doivent déjà être en train de dormir...

- Non. Je sens que Sasuke est debout... Ils arrivent à ne pas tomber tout de suite de sommeil avec ton entraînement, ils ont donc réellement progressé depuis hier. Bon, j'y vais. Salut.

Aburakkoi disparut dans le silence de la nuit. D'un pas léger et rapide, il se dirigeait vers là où il avait la certitude de retrouver Sasuke : assis sur son arbre favori, en train de regarder la lune.

Pendant ce temps, installé sur sa branche, observant le ciel, Sasuke se morfondait. Depuis l'arrivée d'Hikari, il ne pensait plus continuellement à Naruto durant la journée, tant l'entraînement l'épuisait. Mais le soir... sa tête bouillonnait. Vivre avec Naruto, dormir près de lui... ça devenait un enfer. Et Sasuke n'était pas du genre à accepter la souffrance comme ça. Non, c'était un battant, comme Naruto. Il ne reculait devant aucun moyen. Seulement, il ne savait pas quoi faire. Là, l'ennemi, c'était l'amour. Et le but n'était pas de tuer. Si seulement son ange gardien pouvait apparaître, en cet instant.

-Et bien, Sasuke, que t'arrive t-il ? demanda Aburakkoi, apparaissant aux yeux de Sasuke.

- Je ne sais pas... répondit il. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas comment agir.

- Et si tu lui avouais ton amour ? Au moins tu serais fixé...

- Rassurez moi, vous plaisantez...

- Tutoies moi. Je préfère. Et oui, je plaisante... Je pense que la première chose que tu dois faire, c'est lui montrer que tu tiens à lui, et lui avouer à demi-mot que pour toi, il est plus qu'un ami. Et si vous organisiez une autre fête, aussi ? Je m'arrangerai pour qu'il y ait des boissons alcoolisées. Des fois, l'alcool, ça aide. Mais je ne te conseille pas trop. Personnellement, je n'aime pas cette méthode.

- Aburakkoi, pourquoi m'aides tu ? Sincèrement ?

- Parce que... parce que ça me fait marrer, dit simplement Aburakkoi, en s'installant aux côtés de Sasuke, et en regardant la lune. Parce que je ne comprends pas l'écart entre fiction et réalité. Pourquoi une histoire comme dans les livres ne se déroulerait-elle pas dans la réalité ? Et pourquoi ne pourrait on pas apprécier un événement de la même manière, qu'il soit fictif ou réel ? Aussi, je m'amuse, en modelant la réalité au gré de mes délires. Et aussi parce que tous les deux, vous servirez, à terme, les intérêts des douze fous, et les miens... surtout les miens.

Aburakkoi regarda avec une certaine tendresse Sasuke qui s'était endormi. Puis, il alla le déposer dans sa chambre, avant de repartir en direction de la forêt. En effet, il était certain qu'à l'heure actuelle, quelque chose s'y tramait. Or, Aburakkoi avait une confiance aveugle en son instinct.

Une fois dans une clairière sombre, il sentit une odeur qu'il n'avait pas senti depuis bien longtemps. Un parfum fort, profond... un parfum persistant, qui vous faisait frémir. Les certitudes d'Aburakkoi se confirmèrent.

- Bonsoir, Aburakkoi, fit une voix dans la pénombre. Je suis ravi de te voir...

- Moi de même, Orochimaru...

Le serpent sortit alors de derrière l'arbre où il s'était caché. Ses grands yeux reptiliens fixaient le fou, avec une lueur malsaine et colérique. Un grand silence tomba. Aucun des deux n'osa plus bouger. Ils se regardaient intensément, les yeux dans les yeux. Puis, Aburakkoi brisa le silence.

- Je suppose que tu es là pour Sasuke, malgré le fait que... tu te sois trouvé un nouveau corps.

- Oh, tu es donc au courant... je suppose que ce sont les membres du conseil des cinq Kage qui t'ont mis au courant... toi et tes compagnons.

- Tout à fait. Je suis contraint de devoir te mettre aux arrêts, mon vieil ami.

- ça m'étonnerait que tu y arrives.

Aussitôt, Orochimaru brandit son bras en direction d'Aburakkoi, alors que d'énormes reptiles en sortaient, et se précipitaient sur lui. Aburakkoi esquiva en fonçant vers Orochimaru, tout en faisant des signes d'incantation. Orochimaru plongea alors dans le sol, juste avant qu'Aburakkoi ne soit à portée pour lancer un sort. Mais à cet instant, Aburakkoi plaqua ses mains sur le sol.

"Doton, explosion souterraine."

Alors que le sol se craquelait et que des flammes en surgissaient, il vit l'espace d'un instant une ombre sortir du sol et se diriger vers le ciel. Levant les yeux, Aburakkoi esquiva juste à temps une salve de parchemins explosifs, en roulant sur le côté. Orochimaru, rapide comme l'éclair, se précipita alors sur lui. Mais à peine était il prêt de lui qu'il se prit de plein fouet le Hakkesho Kaiten, le tourbillon divin du Hakke, l'ultime technique du poing souple. Tandis qu'Orochimaru se ramassait par terre, son adversaire se précipita sur lui, en projetant une lame de vent. Orochimaru fût coupé en deux, mais des serpents surgirent de son buste, et plongèrent dans l'autre partie du corps. Les deux parties se recollèrent.

- Impressionnant, fit Aburakkoi.

- Merci. Mais rassure moi, tu ne te battais pas à fond, là ?

- Voyons, tu me connais... Et je sais que toi aussi tu te retiens.

Alors Orochimaru bondit sur Aburakkoi, et s'enroula autour de lui comme un boa. Il commença à l'étouffer...

- J'ai gagné... siffla le serpent, avec un regard sadique.

Alors, le regard du fou changea. Tout son visage exprimait la colère. Luttant comme un diable, il réussit à dégager un bras. Orochimaru n'eut pas le temps de s'enfuir que déjà, il se prenait en pleine face un coup aussi puissant que ceux de Tsunade... Il alla s'écraser une bonne vingtaine de mètres plus loin, tandis que Aburakkoi reprenait tranquillement son souffle.

- Ne m'enterre pas trop vite, mon cher reptile...

Le dit reptile se releva... Puis, il regarda son adversaire avec un air furieux. Il adorait se battre contre Aburakkoi. Il avait toujours adoré ça, plus encore que se battre contre ce crétin de Jiraiya. Mais il n'avait pas le temps de se battre. Il n'était pas là pour ça. Il devait récupérer Sasuke. Aussi, il devait rapidement achever ce combat.

Il prit une grande inspiration, puis s'élança, avec bien plus de force et de rapidité que lors de ses assauts précédents. Aburakkoi eut du mal à esquiver, mais Orochimaru réagit aussitôt en donnant un coup de pied arrière, en direction d'Aburakkoi. Coup que cette fois-ci, il n'esquiva pas. À son tour, il vola vingt mètres plus loin. Orochimaru fonça vers son adversaire, avant qu'Aburakkoi n'ait pu se relever, mais c'était sans compter sur ses extraordinaires réflexes défensifs... Alors qu'Orochimaru s'apprêtait à lui enfoncer une lame dans la gorge, Aburakkoi, toujours au sol découpa net la jambe du serpent avec le tranchant de la main gorgé de chakra, tout en saisissant le poignet du serpent. Aussitôt, Orochimaru étira son tronc jusque là où était sa jambe, à la manière d'un énorme serpent, puis dévora son membre tranché, et sa jambe repoussa. Il s'apprêtait à se trancher le bras pour pouvoir s'enfuir, mais Aburakkoi envoya une décharge de chakra à travers ce bras... décharge qui atteignit ses organes. Il cracha une gerbe de sang, avant de s'effondrer au sol, tandis que son corps reprenait une forme plus humaine... Il ne vit pas Aburakkoi s'approcher.

- Bye bye, mon serpent adoré...

Mais cette fois, c'était lui qui avait sous estimé son adversaire. Orochimaru se releva en un éclair, et roua de coups Aburakkoi, tout en s'entortillant dans tous les sens comme un cobra pour éviter les ripostes d'Aburakkoi. Fort heureusement, celui-ci n'avait pas dit son dernier mot. D'un bond surpuissant, il s'éleva d'une vingtaine de mètres dans les airs, esquivant les coups d'Orochimaru. Celui-ci enchaîna alors des signes incantatoires...

" Suiton, le déferlement des eaux célestes"

Une véritable cascade qui provenait des nuages se dirigea avec force sur Orochimaru, qui réussit à esquiver avec sa rapidité diabolique. Alors qu'Aburakkoi retombait, ce fût à son tour d'enchaîner les signes...

" Katon, les flammes de l'enfer"

Tout le corps d'Orochimaru s'embrasa, puis les flammes se dirigèrent sur Aburakkoi. Celui-ci ferma les yeux, et, juste avant que les flammes ne le touchent, murmura :

" Fleur de lotus verso ; ouverture des trois premières portes ; technique bagua, l'envol du phénix. "

En un dixième de seconde, il réunit toute cette nouvelle énergie dont il débordait dans ses bras repliés sur lui. Et, alors que les flammes le touchaient, il déplia les bras avec force, tout en relâchant son chakra. Un souffle se leva alors, qui balaya en une fois les flammes et propulsa Orochimaru au loin... Celui-ci atterrit contre un arbre, et semblait assommé... Aburakkoi inspira longuement. Ce coup était très épuisant. Puis, voyant qu'Orochimaru se relvait, il murmura

"Sorû"

Il se précipita droit sur Orochimaru si rapidement qu'il n'avait pas pu le suivre des yeux. Puis, Aburakkoi le frappa d'un uppercut qui le fit s'envoler. Une fois en l'air, Orochimaru étira son bras jusqu'à la figure d'Aburakkoi, le saisit, et l'envoya valdinguer quelques mètres plus loin avec une force extraordinaire. Orocimaru se rétablit sur ses jambes, et plongea sa main dans sa gorge, pour en sortir l'épée de Kusanagi...