Chapitre 10

Naruto et Sasuke se promenaient actuellement dans les rues de Konoha. Quand ils ne s'entraînaient pas, ils ne savaient pas quoi faire, aussi cette situation les gênait. Fort heureusement pour eux, il y avait actuellement une fête foraine qui se tenait au village. De quoi se changer les idées, en somme. Ensemble, ils firent la quasi totalité des attractions, et s'amusèrent comme des fous. Certes, Sasuke conservait son air glacial, mais maintenant, Naruto savait décoder ce visage de marbre à environ 70 pour cent. Il avait donc bien compris que cette journée lui avait bien plu dans son ensemble. Et il aimait cette idée.

Sur le chemin du retour, dans la soirée, ils passèrent dans un parc déserté, des barbes à papa dans la main. Le temps était doux, le vent délicieux... Le silence planait entre les deux amis/ennemis tandis qu'ils dégustaient leurs friandises. Soudain, Naruto trébucha maladroitement , en renversant autour de sa bouche pratiquement toute sa barbe à papa.

- Baka, se moqua gentiment Sasuke. Tu n'es même pas fichu de manger correctement.

- Oh, ça va... J'ai juste trébuché.

- N'empêche que maintenant, t'en as partout, dit Sasuke en tendant la main vers le visage de son vis-à-vis.

Naruto fut surpris par ce geste, et s'écarta un peu brusquement. Mais Sasuke, avec une douceur infinie, commença à essuyer la barbe à papa du bout des doigts, pour ensuite les porter à sa propre bouche. Il répéta cette action plusieurs fois, toujours avec cette même douceur, cette même tendresse dans les gestes, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de barbe à papa autour de la bouche du blond. Sur le coup, Naruto avait rougi. Il ne l'aurait jamais avoué, mais ce contact l'avait électrisé. La chaleur qui s'était dégagé des doigt de Sasuke l'avait fait frissonner. Il ne demandait qu'une chose, que Sasuke recommence, tant il avait trouvé ça agréable.

Quand il se rendit compte de la tournure que prenait ses pensées, il se ressaisit. Sasuke, lui, s'amusait à observer ses réactions, et commençait à se dire que finalement, il avait peut être une chance.

- Quelque chose ne va pas, dobe ? demanda amicalement Sasuke.

Naruto ne répondit rien. Il se contenta de continuer à avancer, pour enfin regagner son domicile, en compagnie de Sasuke. Arrivé chez lui, quel ne fut pas sa surprise quand il vit que Aburakkoi, Hikari et Shizumu se trouvaient là, en train de dîner.

- Vous en avez mit du temps, dit Hikari.

- C'est vrai, dit Aburakkoi. Je vous rappelle que vous devez vous entraîner.

- Vous n'avez rien dit de vraiment précis, répondit Sasuke. C'est à vous la faute.

- Sans doute, ajouta Shizumu. De toutes façons, ça ne change absolument rien.

- On ne va vraiment pas dormir, alors ? geignit Naruto.

- Oh, mais si, dit Aburakkoi, un large sourire aux lèvres. Vous n'allez même faire que ça.

- Mais je comprends rien à ce que vous dites, se plaignit Naruto. On dort, ou on s'entraîne ?

- Tu verras, dit Shizumu. Pour le moment, tous les deux, préparez vous à dormir.

Sans pour autant voir la moindre logique dans leurs paroles, les deux obéirent aux fous. Ils enfilèrent donc leur pyjamas , et s'installèrent dans leur futons. Ils burent ensuite un breuvage somnifère, concocté par Shizumu, et s'endormirent.

- Parfait, dit Hikari. Ils ne restent plus qu'à les conduire dans le monde des esprits. À toi de jouer, Aburakkoi.

- Je les conduit au QG spirituel ? Ce sera plus simple, leurs esprit seront moins affectés.

- Nous n'y serons pas seuls, dit juste Shizumu. Mais ce ne sera pas gênant.

- Ok. Alors, direction le QG.

Sasuke se réveilla difficilement. Curieusement, tout son corps était engourdi. Non, ce qu'il y avait d'encore plus curieux, c'était qu'il se trouvait à présent dans une grotte. Surpris, il se leva, vif comme l'éclair, et trébucha sur le corps endormi de Naruto. Celui-ci ouvrit lentement un oeil.

- Mmmmmh... Sasuke... keskigna ? Dors...

- Baka, réveille toi ! On n'est pas chez nous !

Naruto se redressa aussitôt. Pour deux raisons. La première, Sasuke avait dit "chez nous", donc, Sasuke considérait qu'il était chez lui dans la demeure du blond, et cela lui faisait plaisir. La seconde, le fait qu'il ne soit pas chez lui l'intriguait. Ils se trouvaient effectivement dans une énorme grotte. Ne sachant pas très bien comment ils avaient réussi à atterrir en ce lieu, ils commencèrent par l'explorer. En suivant le bruit de ce qui semblait être une chute d'eau, les deux compagnons arrivèrent dans une salle bien étrange...

Il s'agissait d'une gigantesque salle circulaire. En son centre, une énorme fontaine, surmontée par une grande sphère qui flottait au dessus d'elle. Les courants de treize cascades taillées dans la roche convergeaient vers cette fontaine. Et, au sommet de chacune des cascades, un siège de pierre se tenait, entouré par des torches. Soudain, une petite voix claire retentit.

- Euh... S'il vous plaît... Qui êtes vous, et que faites vous là ?

Sasuke et Naruto furent surpris. Ils se demandaient d'où provenait cette voix, car tous les sons faisaient échos dans la salle.

- Si... si vous me cherchez, je... je suis derrière vous, reprit la petite voix.

Aussitôt, ils se retournèrent, et virent une femme. Elle était plutôt petite, environ 1m60 (désolé pour ceux qui font cette taille, mais c'est quand même assez petit ), et portait des lunettes. Ses longs cheveux châtains étaient noués en un catogan dans son dos. Elle était habillé d'un simple kimono bleu et noir. Sur son front, un bandeau de ninja, avec pour un signe un point d'interrogation renversé. Elle avait l'air très timide.

- Euh... Peut être n'avez vous pas... entendu ma question. Qui êtes vous, s'il vous plaît ? Je suppose que... que si le système de sécurité ne s'est pas déclenché, c'est que vous avez sans doute été invités.

- Je suis désolé, répondit Sasuke, mais nous ne savons pas où nous nous trouvons, ni même ce que cette histoire d'invitation signifie. Avant que nous ne vous répondions, dites nous où nous sommes.

- Oh, vous avez étés embarqués ici sans explications ? D'accord. Par le plus grand des hasards, et par la plus folle des coïncidences... ne connaîtriez vous pas... un... un dénommé Hikari ? Ou Aburakkoi ?

- Euh, oui, répondit Naruto. Ce sont nos professeurs.

- Je vois. Bon... Ici, vous vous trouvez dans l'un des quartiers généraux des douze fous. Et c'est aussi un lieu d'entraînement. Je... je m'appelle Kodomo.

- Ah, d'accord... Et nous nous sommes

- Vous êtes Uchiwa Sasuke et Uzumaki Naruto, du village caché de Konoha. Je viens de le comprendre.

Kodomo se tut. Sasuke et Naruto aussi. Pendant un moment, le silence perdura. Kodomo ferma les yeux, murmurant quelque chose, puis reprit la parole.

- Hikari, Shizumu et Aburakkoi viennent de m'avertir, ils seront là d'ici dix minutes. Ils m'ont également demandé de vous entraîner un peu en attendant. J'ai accepté. Je crois que vous maîtriser le Sorû et le Pas-de-Lune, c'est bien ça ?

- Euh... Enfin, on ne les maîtrise pas encore totalement.

- Et bien un combat devrait arranger ça. Suivez moi.

Elle les emmena dans un autre couloir, avant de s'arrêter. Et soudain, une pression monstrueuse se fit sentir. Sasuke et Naruto étaient figés par la peur... Kodomo, qui semblait n'être qu'une kunoichi insignifiante, dégageait maintenant une hostilité incroyable. Elle se retourna vers eux, les yeux brillants. Elle enchaîna des signes incantatoires avant de plonger dans le sol...

Quand ils arrivèrent, Hikari, Shizumu et Aburakkoi virent un spectacle surprenant. Sasuke et Naruto étaient couverts de blessures, face à Kodomo. Leurs yeux brillaient, leurs souffles étaient rauques, et leur sueur coulait... La tension entre Kodomo et ses adversaires était palpable, elle envahissait l'atmosphère humide et moite de la grotte, grotte qui se trouvait dévastée. Sasuke et Naruto semblaient eux aussi plus imposant.

- Vous vous amusez bien ? demanda Hikari.

- On a réussi, fit Naruto, avec un sourire triomphant. On l'a fait.

- Ils ont maîtrisé le Sorû et le Pas-de-Lune, dit simplement Kodomo. C'est assez impressionnant ce qu'ils en font, combiné à leur techniques. Et je crois qu'ils commencent à maîtriser le Kami...

- Je savais que ce serait une bonne idée de te les laisser, Kodomo, dit Hikari. Mais tu as quand même fait énormément de dégâts... T'aurais pu te retenir.

- Tu dis ça comme si ce serait dur à réparer. Aburakkoi, s'il te plaît...

- J'ai pas envie... demande à Akunin, ton petit copain.

- Il n'est pas là, et j'en suis la première affectée...

Et Kodomo s'effondra en un torrent de larmes. Habitué, Shizumu composa des signes, et plus aucun son ne se fit entendre, jusqu'à ce que Kodomo ait fini de se plaindre. Shizumu fit alors un signe d'annulation.

- Tu as enfin fini de te plaindre, dit Shizumu. C'est moi qui dois me plaindre tout le temps, pas toi.

- Bon... Aburakkoi, répare ce lieu, s'il te plaît, demanda Hikari.

- D'accord, si c'est toi qui me le demande. Mais tu me dois une faveur.

- Ok... Mais répare.

Aburakkoi ferma les yeux, se concentra, claqua des doigts, et la salle se restaura comme par magie.

- Bon, dit Sasuke. Quelqu'un va t-il enfin nous expliquer où nous sommes précisément ?

- C'est vrai, reprit Naruto. On se réveille hors de nos chambres, on nous affronte, mais on ne nous révèle rien.

- D'accord, d'accord. En réalité, vos corps sont toujours dans votre chambre. Vous êtes... dans le monde des esprits. Ou plutôt, dans un des multiples mondes des esprits. Celui-ci est pratique. Il est complètement coupé du notre, il en est totalement indépendant. Car c'est nous qui l'avons créé. Enfin bref. Nous vous avons amené ici pour vous entraîner pendant deux jours. Mais, dans la réalité, seulement une nuit se sera écoulée.

- Une nuit est équivalent à deux jours ? demanda Sasuke, qui cherchait à comprendre les lois de ce monde.

- Si on le voulait, une seconde serait l'équivalent d'un siècle. Mais, pour ne pas que vos esprits et vos corps souffrent trop du décalage, on s'est limité.

- Vous pouvez m'expliquer comment vous avez pu créer un endroit pareil ?

- Oh, c'est simple, il suffit d'un chamane, d'un psyker, et d'une personne nous donnant la matière nécessaire.

- Quelle est cette matière ?

- Et bien... aussi contradictoire que cela puisse paraître, il faut que la matière soit immatérielle... Nous avons choisi l'ombre comme matériau de construction. Ensuite, le psyker et le chamane façonnent le monde, de manière à ce que l'âme et l'esprit puisse s'y balader sans danger. Nous avons aussi fait en sorte qu'on puisse basculer corps, âme et esprit dans ce monde. Mais on ne l'a pas fait avec vous.

- Pourquoi donc ?

- Ce monde n'accepte de recevoir que les les corps des douze fous. Si d'autres veulent entrer, ils ne peuvent plus utiliser le ninjutsu et le genjutsu tant qu'ils restent ici. Et comme on veut vous entraîner, ce n'aurait pas été pratique. Cette règle de sécurité a été instaurée par les créateurs de cet endroit. Les créateurs ont un contrôle absolu sur ce lieu. Bon, vous avez encore des questions ?

- Oui, demanda Naruto. À quoi sert la fontaine ?

- Et bien dit Shizumu, la sphère au dessus de la fontaine nous permet d'observer n'importe où, n'importe quand. On peut aussi revoir des événements passés. C'est très pratique. La fontaine nous sert de salle de réunion.

- Dans ce cas, pourquoi y a t-il treize sièges ? demanda Sasuke. Vous n'êtes bien que douze...

Un lourd silence s'abattit à cet instant sur l'assemblée. Un sentiment de malaise se faisait à présent sentir, et Sasuke regretta sa question. Ce fût Hikari qui brisa l'instant de gêne.

- On va rester comme ça encore longtemps, ou on va commencer l'entraînement ?

Un long moment plus tard, Naruto s'éveilla, dans sa chambre, avec Sasuke à ses côtés. Tous deux étaient l'un contre l'autre. Encore un cadeau d'Aburakkoï. En temps normal, Naruto aurait tenté de se dégager. Il l'aurait même fait en beuglant à tout va contre Sasuke, comme il en avait l'habitude. Mais ce jour là, son corps se trouvait en bien trop mauvais état pour faire le moindre mouvement. Et il aurait crevé plutôt que de l'admettre, mais à ce moment là, la chaleur émise par son partenaire lui faisait un bien fou. Or, il en avait besoin, tant son corps était meurtri... Il resta là un moment, sans trop bouger, sans penser à rien, juste en savourant la présence de son rival à ses côtés. Il s'aventura même à détailler son compagnon des yeux... Sa peau blanche comme l'albâtre, à l'apparence si délicate... Sa silhouette fine et gracieuse, symbole de perfection...

En temps normal, Naruto se serait baffé mentalement pur avoir eu de telles pensées. Seulement, la fatigue l'empêchait même de raisonner (certains diront que c'est habituel, mais ce n'est que de la calomnie ). Et soudain, Sasuke ouvrit les yeux à son tour. Celui-ci fut assez surpris de voir que deux yeux aussi bleus que l'océan le fixaient intensément... C'est à cet instant que Aburakkoi entra dans la chambre.

- Salut les jeunes... Bien dormi ?

- Non... répondit Naruto. Tout mon corps a du mal à se rétablir, même avec le chakra du Kyubi.

- Il faut avouer que l'entraînement qu'on vous a infligé était très éprouvant, ces deux derniers jours.

- Tu veux dire dans notre sommeil ? Effectivement... C'est assez dur de se dire qu'on s'est entraîné durant deux jours, alors qu'en fait, on n'a fait que dormir... Très troublant.

- Vous ne faisiez pas que simplement dormir. La preuve : vos corps sont fatigués, et portent les blessures de l'entraînement. Donc, pour que vous vous rétablissiez, aujourd'hui, repos complet. Pas de discussion. On reprend ce soir. Bonne journée.

Quand Aburakkoi fut parti, les deux genins n'avaient toujours pas trouvé en eux la force de se lever. Aussi, ils restèrent là, l'un contre l'autre. Sasuke aimait fortement ce genre d'instants. Il les voyait comme une récompense. Ces derniers temps, il avait fait beaucoup d'efforts. Il avait voulu se montrer agréable envers son aimé. Et même, il ne l'avait pas engueulé lors de son intrusion alors qu'il se douchait. Il fallait aussi avouer que la perspective d'être maté par Naruto ne le dérangeait pas plus que ça. Et lorsque Sasuke avait essuyé la barbe à papa sur Naruto, on aurait dit que le blond était un chat ronronnant sous les caresses de Sasuke... En somme, Sasuke avait agit de manière complètement opposée à sa personnalité. Et ces changements s'opéraient grâce à Naruto, c'était indéniable...

Au cours de leurs jours (en fait nuits...) d'entraînement, Naruto et Sasuke avaient fait plus ample connaissance avec les fous. Enfin, disons qu'ils avaient eu l'occasion de voir à quel point les douze fous méritaient leurs noms... Aucune conversation n'était vraiment normale, quand ils se trouvaient dans leur QG. Et si la conversation n'était pas normale, c'était sans aucun doute parce que les interlocuteurs non plus n'étaient pas normaux. D'ailleurs, ce soir là, ils avaient encore droit à un exemple fameux, tandis que tous (enfin, Aburakkkoi, Migurushii, Akunin, Hikari, Shizumu et Kodomo) dînaient

- Migurushii, tu peux me passer le sel, s'il te plaît ? demanda Kodomo.

- Tiens ! Hurla Migurushii en lui lançant la salière de toutes ses forces en direction de la gorge, comme pour la tuer.

- Mais tu vas te calmer, Migurushii ? intervint Aburakkoi en attrapant le sel juste avant que Kodomo ne se fasse heurter par l'incongru projectile. Tu veux gâcher un bon sel comme ça ? T'es pas bien dans ta tête, toi...

- Bon, le gros... dit méchamment Migurushii.

- Qui est gros ? répondit Aburakkoi dont le visage était marqué par la fureur extrême, au point que Migurushii se cacha sous la table en couinant.

C'est alors qu'Hikari renversa sur la tête d'Aburakkoi le gigot de mouton, tout en s'esclaffant. Aburakkoi se mit alors à poursuivre Hikari en hurlant qu'il voulait le tuer, Kodomo fondit en larmes parce que Migurushii avait été méchant avec lui, Migurushii regardait tranquillement Aburakkoi et Hikari en pleine course poursuite, Shizumu se plaignait de toute cette bonne nourriture gâchée alors qu'il y avait des enfants qui mourraient de faim dans le monde, et Akunin essayait de réconforter Kodomo en lui faisant un câlin (je rappelle que ces deux là sont ensembles).

Naruto et Sasuke étaient abasourdis. Et encore, ce n'était pas là le repas le plus spectaculaire auquel ils avaient pris part. Non, une fois, Hikari s'était mis en tête de ramper à la manière d'une chenille à travers toute la salle à manger, juste pour le fun, et Aburakkoi avait décidé de l'accompagner. Puis, Migurushii avait dansé un tango avec Shizumu sur la table, slaloomant entre les plats, tandis qu'Aburakkoi imitait une vahiné en pagne, mais sans pour autant en prendre l'apparence... Pour finir, Hikari, Migurushii et Aburakkoi avaient décidé de rester tête en bas tout le reste de la soirée.

Vraiment, leurs hôtes ne tournaient pas ronds. Aussi, lors de ce repas (où Aburakkoi poursuivait Hikari parce qu'il lui avait renversé du gigot de mouton dessus), Naruto et Sasuke décidèrent de demander des explications quant à leur étrange comportement. Hikari répondit :

- C'est simple. Nous sommes tous fous. Tous de manière différente, bien que les conséquences soient à peu près les mêmes.

- Certains échappent à la règle, ajouta Shizumu. Par exemple, la folie d'Akunin se manifeste dans sa trop grande recherche de la mesure. On a aussi Aburakkoi, dont la folie est la plus grande de toutes. Sa folie est même indéfinissable. Il a reçu toutes les folies, et elles ont fusionnées en lui, pour créer celle qui l'habite actuellement.

- Vous avez reçu ces folies ? demanda Naruto.

- C'est une histoire très ancienne, dit Kodomo. Un jour, en entraînement, nous avons tenté d'invoquer un démon très puissant. Il faut pas moins de douze personnes pour l'invoquer. Ces douze personnes furent les douze fous. Mais... l'invocation s'est mal passée.

- L'invocateur majeur, celui qui avait le plus de signes à composer durant l'invocation, et celui qui a du canaliser la majorité de l'esprit du démon dans cette dimension, a mal composé les signes, dit Aburakkoi. Le démon fut alors divisé et enfermé dans nos âmes, générant en chacun de nous une folie différente. Et moi, en tant qu'invocateur majeur, j'ai reçu la majorité du démon en moi. À l'époque on avait entre quatorze et seize ans.

- Pendant plusieurs jours, on a été dans le coma, gagnés par la folie. Cette période fut appelé "la grande ombre"...

- Mais cette folie n'a pas que des désavantages. Grâce à elle, nous sommes tous connectés. On peut communiquer par la pensée, et savoir si les autres sont blessés. De plus, elle a considérablement augmenté notre force...

- N'empêche qu'à cause de ce crétin, on n'a plus jamais au de rapports normaux avec le reste du monde, rajouta Akunin d'un ton froid.

- On était tous d'accord pour tenter l'expérience, et on savait tous que c'était risqué, dit Shizumu. Aburakkoi nous avait prévenu.

- Quand on a une once d'intelligence, on ne tente pas une expérience qu'on n'est pas sûr de maîtriser. On mesure les risques.

- La vie est une expérience qu'on n'est jamais sûr de maîtriser, Akunin ! rugit Aburakkoi.

- Raison de plus pour ne pas l'écourter par des pratiques imbéciles. Mais toi, bien sûr, tu t'en fous. Pour toi, la vie n'est qu'un jardin de roses. Quand te décideras tu enfin à grandir ? Quand renonceras tu à tes rêves puérils et éphémères ?

Sans un mot, Aburakkoi se leva, sourit, et s'en alla en riant légèrement. Un lourd silence s'abattit autour de la table. Les cinq fous encore présents s'étaient tus, de même que Sasuke et Naruto. Alors, Migurushii composa un signe, et lentement, Naruto et Sasuke se sentirent glisser dans un profond et doux sommeil, tandis qu'une pale lueur les enrobait. Et ils disparurent du monde spirituel, se réveillant dans leur véritable chambre...

Dans le monde spirituel, à la croisée des mondes, Aburakkoi fulminait.

- Parle, mon ami, parle. Lance sur moi les dards empoisonnés que sont tes mots. Tu m'as atteint en plein coeur. Car tu bafoues mes rêves, et par la même ma raison d'être. Entre les deux, il n'y a pas de différence. Tu ne supportes pas ce que je suis ? Tu ne supportes pas le fait que des gens aient le courage de défier leurs rêves, et tu as peur qu'ils triomphent ? Ah, mon ami, mon plus-que-frère... Toi qui autrefois lutta à mes côtés lors de mes combats les plus difficiles, toi qui autrefois fut mon confident... Moi qui fut le tien... Je me demande bien comment nous avons pu nous lier d'amitié... Pour toi, il ne faut ni rêves, ni convictions, il faut juste se conformer au monde tel qu'il est. Pour moi, il n'y a que les rêves qui donnent à la vie toute sa valeur, et il faut se battre pour changer le monde.

- Encore à parler tout seul; Aburakkoi ? fit la voix de Shizumu.

- Et oui, que veux tu. Je me lamente. L'une des personnes à qui je tiens le plus ne m'accepte pas tel que je suis, et renie mon existence.

- Tu sais qu'il tient à toi aussi.

- Oh, je me le demande... Mais l'heure des comptes va bientôt sonner. Bientôt, le vent de l'histoire va se mettre à souffler, et me donnera tort ou raison. J'aurai ma revanche, quoiqu'il arrive. Et les hommes mourront, et les femmes pleureront. Disparaîtra le plus grand nombre. Et le sang coulera, et la mort sourira. Je m'esclafferai dans l'ombre...

- Aburakkoi, tu me fais peur, là. Que comptes tu faire ?

- Déjà, en premier lieu, finir d'entraîner Naruto et Sasuke. Et aider Hinata également. Quand ceci sera fait, alors seulement tout ce pour quoi j'ai oeuvré jusqu'à présent arrivera.

- À t'écouter, on pourrait croire que tu ne fais tout ça que par volonté de revanche envers Akunin.

- Il y a un peu de ça...

- Mais au fond, tu sais que tu l'aimes toujours comme un frère. Et c'est aussi à cause de ça que vous vous opposez sans cesse. Ce sentiment fraternel que vous éprouvez vous pousse à toujours vouloir avoir raison, vous pousse à vous opposer.

- Ouais... C'est chiant, les sentiments, des fois.

- Tu l'as dit... tu comptes toujours faire souffler le vent de l'histoire ?

- Plus que jamais, mon ami.