T'es pas folle Claire, t'es juste un peu paumée

Le navire s'élança rapidement sur les vagues afin de faire face au navire ennemi. Barre à la main, Emma regardait avec détermination ses ennemis, le cerveau en total ébullition pour trouver la meilleure stratégie.

- Emma ! Tes ordres ! Demanda Animerya.

La brune planta son regard sur celui de la vampire qui attendait les ordres.

- Armez les canons et préparez-vous au combat !

La seconde priait surtout pour réussir à les abattre rapidement sans faire trop de dégât au Santa Cruz.

Du côté de Claire, cette dernière détailla son adversaire qui, sans le moindre signal, s'élança vers Claire qui leva les mains prête à parer chaque attaque.

Des lianes émergèrent du sol pour se diriger avec violence en direction de l'adversaire pour l'embrocher mais Arshela était bien plus rapide que Claire ne l'avait pensé et esquivait sans mal avant de parvenir rapidement sous les yeux de la médecin qui eut un mouvement de recul.

- Armure de Gaya !

Des ronces acérées entourèrent les membres de la médecin qui en profita pour lever sa jambe.

- Gaya Squatch !

Arshela protégea son visage à l'aide de son bras que la jambe de la médecin percuta de plein fouet. Arshela saisit le mollet de Claire et, comme prévu, ce dernier se décomposa en quelque seconde. La brune voulut retirer sa jambe mais cette dernière semblait solidement entraver par la prise musclée de son adversaire. Des ronces poussèrent autour de Claire qui reprit gravement :

- Libération de Physis.

Arshela se libéra rapidement, esquivant habilement les ronces mais Claire, plus maligne, fit pousser des ronces derrière Arshela. Cependant, cette dernière esquiva encore une fois, sauf que cette fois-ci, Claire atteignit sa cible comme fut témoin le biceps droit dont un filet de sang s'en échappait.

- Touché, prononça simplement Claire avec un fin sourire.

- Pas pour très longtemps, annonça Arshela.

Elle s'élança vers Claire, mais cette dernière leva simplement les mains lançant une quantité impressionnante de racine et de ronce. Arshela annonça calmement, nullement inquiétée par l'attaque :

- Profusion de putréfaction.

Ses mains touchèrent les plantes qui se désagrégèrent plus rapidement que d'habitude, inquiétant Claire qui sauta en voyant la totalité de ses plantes mourir mais son adversaire, sans lui laisser de répit, posa sa main sur la végétation et reprit aussitôt :

- Malédiction d'Hel !

L'herbe autrefois verdoyante se teinta rapidement de marron. Claire comprit que l'environnement entier et son pouvoir étaient touchés par le pouvoir de son adversaire quand elle ressentit une intense douleur rien qu'en posant le pied par terre. Elle sauta dans les airs, laissant le temps à son logia la guérir.

- Si je pose le moindre pied à terre, la putréfaction ne tardera pas me contaminer à mon tour, empêchant mon logia de fonctionner, déduisit rapidement Claire.

Malheureusement la brune ne pouvait rester éternellement en suspens et elle choisit de s'accrocher rapidement à un arbre dont les écorces s'enroulèrent autour de sa taille pour la maintenir accrocher, elle tendit le bras pour envoyer diverses ronces et racines en direction d'Arshela mais ces dernières flétrirent avant même d'atteindre leur but. Sans faire cas de ses piètres attaques, son ennemi s'avança lentement vers elle.

- Ne panique pas et réfléchis posément, Claire, se calma la médecin mentalement.

Elle observa la nature s'altérer rapidement ne la rendant plus exploitable correctement par le fruit de la médecin qui comprit bien vite les limites de son pouvoir quand un souvenir remonta dans sa mémoire.

- Mais je n'y arrive pas, maman !

La jeune Claire, alors âgée de sept ans, avait les bras tendus en direction d'un tronc d'arbre où de minuscules racines peinaient à grandir avant de se faner aussi vite. L'enfant se tourna avec tristesse vers une femme au long cheveux vert, cette dernière sourit avec bienveillance et s'agenouilla à côté de son enfant.

- Claire, ma puce.

Elle lui prit les mains et reprit avec douceur :

- Tu n'es pas obligée de réussir tout du premier coup, échouer fait partie de l'apprentissage.

- Oui mais c'est nul ! Toi, tu es quelqu'un de très forte ! Je veux être comme toi !

Shizuka posa alors une main sur les cheveux brun de sa fille et répondit :

- J'étais comme toi avant, j'étais quelqu'un qui ne savait pas se battre.

- Oui mais moi je veux être forte ! Comme ça, je vous protégerais toi et papa !

Shizuka sourit simplement avant d'apposer un tendre baiser sur les cheveux de son enfant. Celle-ci reprit, avec entêtement :

- Mais mon pouvoir est nul.

- Pourquoi dis-tu ça ?

- Je fais comment si j'ai pas de plante ? J'aurais préférée être le feu, ça, c'est classe !

Shizuka lui répliqua doucement :

- N'oublie pas que peu importe ce que les humains construisent, le socle de toute chose est la nature.

Et Claire comprit à ce moment-là, en se souvenant de la dernière phrase de sa mère. Le socle de toute chose était la nature, à la fois douce ou cruelle, elle pouvait se révéler dévastatrice. Prenant confiance, la brune appuya ses pieds contre le tronc tout en fixant Arshela qui s'était stoppée, prête à parer toute attaque, mais l'adolescente se propulsa avec force sur son adversaire. Cette dernière tendit le bras, prête à la toucher, et Claire prononça simplement en croisant ses bras :

- Soulèvement de Gaya !

Des racines émergèrent du sol, l'une d'elle saisissant Claire par la taille pour la propulser dans les airs et quatre autres entourèrent les membres d'Arshela qui se débattait à mesure que les plantes se resserraient sous les ordres de Claire. La brune prit appuie sur la racine qui était resté en l'air et se propulsa une seconde fois en direction de son adversaire immobilisée. Elle serra le poings et cria alors que ses plantes défaisaient leur prise lentement :

- Menace de Déméter !

Son poing heurta avec violence le ventre de son ennemi et l'impact fut si puissant qu'il propulsa les deux femmes au sol, chacun s'y écrasant lourdement.

Le choc avait soulevé la poussière qui prit de longue seconde à retomber mais le résultat du combat fut pour le moins surprenant car le corps de Claire fut violement projeté contre un arbre, lui arrachant un gémissement de douleur.

Elle finit par se relever avec lenteur, tout en se tenant la tête dont les marques de putréfaction marquaient le front et la tempe droite.

- Comment-..., commença-t-elle.

Mais elle ne put chercher à comprendre qu'un second coup de genou percuta avec violence son ventre, faisant qu'elle en cracha de la bile sous la force du coup.

- Tu pensais pouvoir m'avoir, petite sotte !

Arshela saisit avec violence les cheveux de Claire qui gémit de douleur en sentant ses tissus crâniens se détruire à cause du fruit de son adversaire.

Pour toute réponse, Claire planta ses ongles dans le poignet de son adversaire et tenta de se remettre sur pied mais Arshela envoya valser le corps meurtri de son adversaire à l'autre bout de la clairière.

Claire roula pendant de nombreuse seconde avant de s'arrêter, poussant des râles d'épuisement. Arshela, ne voyant pas la médecin bouger commença à narrer, certaine de sa victoire :

- Je me demande encore comment une simple adolescente a pu conduire sa propre mère sur l'échafaud.

Les râles de Claire et sa non réaction poussa Arshela à continuer dans sa lancée victorieuse.

- À vrai dire, tu es la preuve vivante que les enfants de criminelles ne peuvent qu'engendrer des engeances.

- Tu ne devrais pas parler de ce que tu ne sais pas, murmura Claire

Cette dernière se releva, tremblante et continua :

- Tu ne sais rien de ma famille, tu ne connais pas les sacrifices qu'a dû faire ma mère.

- Sacrifice qui la mena directement sur l'échafaud.

- Maman ?

L'adulte au cheveux vert recouvert d'une cape noir légère se tourna vers sa fille qui venait de se réveiller.

- Rendors toi Claire, intima la mère en souriant.

- Mais tu vas où ?

- Il faut que je parte, ma chérie.

La verte embrassa sa fille en sachant que c'était la dernière fois qu'elle la verrait.

Oui, Claire avait appris des années plus tard qui était réellement sa mère ce qui l'avait conduit à la folie et provoqué la destruction pur et simple de Bergéleme. La nature pouvait se révéler à double tranchant mais ça Arshela l'ignorait encore. À son plus grand malheur.

Claire se remit en position de combat, bien déterminée à clôturer ce combat qui n'avait que trop durer à ses yeux quand soudain Arshela voulut s'élancer à nouveau mais son corps se stoppa brutalement, comme paralyser par quelque chose.

- Que m'arrive-t-il ? Se demanda Arshela surprise

- La purplebud, lui répondit Claire.

Cette dernière ouvrit la main et une fleur violette fleurit rapidement dans sa main mais Claire entreprit les explications.

- Cette plante magnifique sécrète un puissant poison paralysant, la moindre goutte de ce dernier pourrait paralyser un éléphant. Imagines-tu ce que cela fait s'il se trouvait malheureusement dans le sang de quelqu'un ?

- À quel moment me l'as-tu injecté ?!

- Regarde ton poignet.

Arshela bougea difficilement la tête et put voir la trace des ongles que Claire avait planté dans sa chaire quelque minute auparavant, comprenant alors que c'était là d'où provenait le poison.

- Tu as commis trois erreurs en m'affrontant. La première, c'est que tu as pris tellement de temps à parler de mon passé que tu n'as pas pris le temps d'observer que la nature avait repris ses droits sur la plaine.

En effet, la pelouse autrefois en putréfaction avait retrouvé sa couleur d'antan.

- La deuxième, c'est que tu as pensé gagner sur un terrain végétal face à quelqu'un qui tire sa force de ces derniers, mais la plus grosse erreur que tu as commise...

Des racines entourèrent les chevilles et les poignets d'Arshela toujours immobile à cause du poison.

- C'est d'avoir manqué de respect envers ma mère !

Diverses plantes se rassemblèrent pour former un pic végétal sous la main de Claire, qui saisit l'arme avec force.

- Délivrance d'Oshosi !

Le pic fila avec violence en direction d'Arshela pour lui transpercer le cœur. Au bout d'un moment, les liens végétaux libérèrent le corps sans vie qui retomba mollement au sol. Une fois sûre de l'issu du combat, la brune se permit de reprendre sa respiration avant de retourner et de rencontrer deux yeux indigo qui la regardait étrangement.

- Tu es là depuis longtemps ? Lui demanda-t-elle en soupirant, bien trop épuisée pour être surprise.

- Oui.

- Alors tu penses que je suis folle ?

Clara sourit simplement avant de lui répondre aussi bonnement :

- T'es pas folle Claire, t'es juste un peu paumée.