Chapitre 47

Deux erreurs facilement réparables.

Etudiant ses cartes dans sa cabine afin d'établir le prochain cap des Dragon Force, Aleswood ne put s'empêcher de pester en entendant la voix d'un de ses subordonnées qui annonçait leur retour au quartier général de la Marine, Marinford.

Un rictus mauvais orna ses lèvres en sortant de la pièce tandis que ses yeux se perdaient à la vue de l'imposant bâtiment, le signe matériel de la puissance de la Marine. Aleswood n'en avait que faire de tous ces artifices, lui désirait juste retourner sur les mers pour poursuivre les Dragon Forces.

Cependant, les ordres étaient clairs comme de l'eau de roche : « abandonner votre objectif actuel pour laisser les hommes rentrer ».

Une perte de temps car les marines connaissaient le prix à payer. Tant que les pirates pullulaient, leur devoir était en mer pour faire payer leur crime.

Le navire entra dans le hangar où tous les vaisseaux de la marine étaient soit accosté, soit en train de se préparer pour repartir en mer. Sans accorder le moindre regard à ses hommes, il descendit rapidement et se mit en route pour sortir mais il vit une silhouette se profiler à quelque mètre devant lui. La silhouette de quelqu'un que le colonel ne supportait pas le moins du monde.

- Chasseur blanc, te voilà revenu de mission, fit remarquer Aleswood en arrivant à sa hauteur.

Le colonel Smoker se stoppa et dévisagea son interlocuteur. Il répondit en expirant de la fumée de ses cigares :

- Chien de chasse.

- J'ai entendu parler de ta victoire à Alabasta, félicitation d'avoir mis une crapule de plus derrière les barreaux.

- Pour la dernière fois, c'est Luffy au chapeau de paille qui a battu Crocodile. Mets-toi bien ça dans le crâne, chien de chasse, grogna Smoker.

Cette phrase fit froncer les sourcils d'Aleswood qui renchérit, mauvais :

- Tu n'es même pas capable d'arrêter un criminel alors qu'est-ce que tu fais dans la marine ?

Smoker ne prit même pas la peine de s'arrêter tandis qu'Aleswood poussa un grognement frustré. Lui et Smoker se détestaient depuis leur entrée à l'académie et dès l'instant où ils s'étaient croisés.

Aleswood reprochait au chasseur blanc de n'en faire qu'à sa tête, de n'obéir qu'à sa propre justice et de faire honte à la marine. Smoker, quant à lui, trouvait le chien de chasse beaucoup trop extrême dans ses méthodes ainsi que d'être obnubilé par la vision de la justice absolu que poussait Akainu.

Le chien de chasse quitta le hangar et rejoignit les hauteurs de la base. Il s'arrêta à proximité d'un officier contemplant une troupe de soldat s'entrainer en contre bas.

- Nos nouvelles recrues ?

- Exact, elles sont arrivées il y a quelque semaine déjà.

- Est ce qu'il y en a qui se détache du lot ?

L'officier sortit une feuille qu'il tendit au colonel qui examina la feuille d'admission d'un jeune garçon au regard sévère, possédant des yeux noisette et cheveux noir.

- Léo Aponte, 18 ans, originaire de North Blue. Ses parents ne sont que de simple marchand mais il se montre assez doué au corps à corps et au maniement du sabre. Une future étoile montante de la marine si vous voulez mon avis.

- Il n'y a que des hommes ?

- Seule deux femmes ont passé les tests d'admission.

- Deux erreurs facilement réparables, commenta Aleswood.

Pour poursuivre la conversation, l'officier tendit deux autres feuilles d'admission, la première était une femme de 17 ans au courts cheveux lilas et au yeux vert, son visage respirait une certaine féminité mais la cicatrice qui barrait ses lèvres l'enlaidissait profondément.

- Liza Varela, 17 ans, elle est originaire de West Blue où son village fut rasé par une attaque du pirate Capone « Gang » Bege. Une des meilleures combattantes au corps à corps de la promotion.

- Et la deuxième ?

- Un cas qui devrait fortement vous plaire, colonel.

Il tendit alors la feuille d'admission d'une femme de 18 ans, aux cheveux bruns et aux yeux verts, mais ce qui contrastait avec les précédentes profiles fut le regard apaisé.

- Elle s'appelle Abbigaël Atherton, 18 ans, originaire de South-Blue.

Le nom de famille fit tiquer le colonel.

- Atherton ? Comme la célèbre lignée d'archéologue ?

- Exact, elle est l'unique descendante de la lignée à notre connaissance et vous connaissez les rumeurs qui courent sur la famille Atherton ?

- Cette stupide légende de malédiction, comprit Aleswood. L'avons-nous déjà vue à l'œuvre ?

- Pas encore.

- Alors pourquoi ne pas vérifier l'exactitude de cette légende.

Un sourire mauvais s'étira sur ses lèvres. L'officier s'inclina avant de descendre en compagnie du gradé. Voyant leur responsable arriver, les soldats se stoppèrent avant de se rassembler au garde à vous.

- Repos, soldat !

D'un mouvement fluide, ils se détendirent et l'officier demanda d'une voix forte :

- Soldat Atherton ! Vous êtes demandée !

Mais alors que les deux gradés s'attendaient à un mouvement de la part du soldat, rien ne vint.

- Soldat Atherton !

Mais le rappel ne fit bouger personne.

- Monsieur ! Je crois que mademoiselle Atherton n'est pas venue à l'entrainement d'aujourd'hui.

- Très bien ! Où se trouve sa camarade de chambrée !? Quelle s'avance !

D'un pas vif, Liza se détacha de la masse de soldat.

- Où se trouve la soldat Atherton ?!

- Sûrement à la bibliothèque, chef. Elle adore être fourrée tout le temps là-bas, répondit Liza d'une voix sèche.

La réponse surprit les deux gradés et Aleswood demanda d'une voix encore plus forte :

- Vous avez deux minutes pour la ramener, soldat ! Personne n'est autoriser à quitter l'entrainement.

- À vos ordres mon colonel !

Puis, d'une course rapide, Liza s'enfonça dans les profondeurs de Marineford pour mettre la main sur celle qui semblait penser qu'elle pouvait échapper à un entrainement sans en subir les conséquences.

- J'étais sûr de te trouver là.

Assise au milieu de plusieurs livres à la couverture ancienne, Abby leva la tête et planta son regard surpris dans celui blasé de sa camarade.

- Liza ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- C'est plutôt à moi de te poser la question, tu sais quelle heure il est ?

Abby se releva en remettant correctement son uniforme de soldat et réagit en voyant les rayons du soleil traverser la fenêtre.

- On est déjà le matin ?!

- Me dis pas que tu as encore passé toute la nuit veillée à la bibliothèque, fit Liza dans un constat plus qu'une demande en soupirant.

- Et bien...

- Tu es vraiment une gamine associable, pesta une voix.

- Je ne veux pas t'entendre, pesta Abby en murmurant.

- C'est à moi que tu parles ?

- Pas du tout ! Dénia Abby.

Liza étudia pendant quelque seconde celle qui était sa camarade de chambre en se demandant ce qui clochais avant de reprendre le sérieux.

- T'es vraiment bizarre dans le genre, mais bon, le colonel Aleswood veut te voir et a pas l'air de bonne humeur, alors dépêche-toi !

- Enfin un peu d'action !

- Ne rêve pas !

- Et évite de parler à toi-même, c'est dérangeant.

Les deux soldats quittèrent la bibliothèque avec rapidité et elles décidèrent d'user des nombreux raccourcis pour le moins dangereux comme se laisser glisser sur une pente en pierre avant de sauter pour rejoindre l'étage du dessous. Légèrement casse-cou ces deux jeunes femmes.

Cependant, ces cascades payèrent et elles arrivèrent plus vite que prévue devant les deux officiers. Tandis que Liza reprenait sa place, Abby se mit rapidement au garde à vous.

- Déclinez votre identité, soldat !

- Abbygaël Atherton, soldat en formation !

- Précise le rat de bibliothèque, susurra la voix dans son esprit.

Abby tenta de faire abstraction de la voix plus que bavarde pour se concentrer sur la voix du colonel qui tonna.

- Soldat Atherthon, que diriez-vous d'un petit combat amical ?

- P-Pardon ?! Bégaya l'intéressée, prise au dépourvu.

- Ecartez-vous, soldats ! Et saisissez une arme, soldat Atherton !

Abby vit tout le monde s'écarter et Liza s'approcher pour lui murmurer à l'oreille.

- Il fait ça pour te tester, alors reste calme.

Les soldats s'écartèrent pour mieux observer le combat alors qu'Abby saisit une carabine, son arme de prédilection, avec hésitation alors que Aleswood dégainait un sabre. Il avait besoin d'un défouloir et la jeune femme était parfaite dans ce rôle.

- Laisse-moi sortir, demanda la voix sèchement.

Abby l'ignora superbement tandis que la voix de l'officier résonna pour ordonner le début du combat.

- Tu t'es ridiculisée.

Abby ne chercha plus à répondre et se contenta de soupirer tandis qu'elle entendait des murmures des soldats passer non loin d'elle à l'infirmerie. Elle baissa les yeux en sachant pertinemment de quoi ils parlaient, d'elle et de sa malédiction familiale.

- Tu es désespérante, j'ai honte de toi, claqua encore la voix.

Elle ferma les yeux et fit le vide dans son esprit. Un exercice simple qu'elle avait appris pour communiquer avec cette chose qui serait condamné à lui tenir compagnie jusqu'à la folie. Elle rouvrit doucement les yeux pour faire face à son paysage mental qui était une plaine de coquelicot. Elle ferma les yeux, apaisée de voir le résultat de ses nombreux efforts à modeler un coin calme, loin de la grotte humide où la créature aimait résider.

- Tu viens admirer ton travail ?

Elle se retourna en sentant le souffle chaud de la bête et déclama d'une voix calme :

- Contente de te revoir.

La bête, semblable à un taureau au poil noir avec deux longues cornes de couleur chair vertical, était solidement attachée par de grosses chaines. Elle tenta de bouger mais les liens la maintenaient immobile. Abby approcha sa main et la posa sur le museau du bovidé et entreprit de le caresser pendant qu'il tentait de se dérober sans succès.

- Laisse-moi sortir, crachat-il entre ses crocs aiguisés comme des rasoirs.

- C'est impossible et tu le sais. Tu es un danger pour tout le monde.

- Ne me parle pas de danger ! Rétorqua-t-il avec haine.

Il tenta de se relever, démontrant des mains serties de griffes acérées comme des rasoirs.

- C'est de la faute de ta foutue famille ! Je te haïe ! Tu m'entends ?! Du plus profond de mon âme ! Tous ceux qui t'entourent te trahiront dès l'instant où ils connaitront mon existence !

Abby ne réagit pas à l'effluve de haine et déclara simplement :

- Tu as toujours le même discours, tu ne changeras jamais et je ne te libérerai jamais.

Elle revint à la réalité sous les cris de la bête qui vociférait de rage à son encontre.

- Tu as pris une foutu raclée, tu sais ?

Abby se tourna vers Liza qui s'assit sur le tabouret à ses côtés. La blessée remercia silencieusement la jeune femme d'accorder son temps et sa présence ses côtés.

- En tout cas, ne sèche plus aucun entrainement, Aleswood a l'air d'être le genre de type qui rigole pas.

- J'essayerais de m'en souvenir, répondit simplement Abby.

D'autres murmures fusèrent à quelque mètre à peine d'elles mais Liza les fusilla du regard, les faisant déguerpir.

- Merci.

- Pas de quoi même si je sais pas ce qui les prend d'agir comme ça alors que t'es justement dans les parages.

Abby adressa un regard surpris à Liza et comprit qu'elle ignorait tous des rumeurs. Celle-ci se leva en reprenant un air sérieux.

- Enfin, bref, j'espère pour toi que tes affaires sont prêtes.

- Pourquoi ?

- On quitte le quartier général et on part en mission.

Tandis que la bête hurlait toute sa rage, la brunette ne put s'empêcher de sourire à l'idée d'être enfin utile à la population.