Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Salut les gens ! Voici le second chapitre de Papillon !

Lys : Merci pour vos reviews :-)

Ouais ! :-)

Bonne lecture !


Chapitre 2

Très concentré sur son travail, Harry ne pensait à rien d'autre qu'au dessin qu'il était en train de réaliser sur la peau hâlée de son client. Il était allongé, le torse nu, et Harry travaillait sur son ventre. Il avait demandé un tatouage représentant le plan du métro. Harry avait dit que c'était assez pratique quand on était perdu. En gardant pour lui que c'était aussi pratique d'avoir un petit plan dans la poche.

Il avait beau apprécier son métier, Harry trouvait quand même quelques fois que les demandes de tatouages étaient ridicules, ou inutiles. Tatouer, c'était son truc. Discuter, c'était son truc. Mais faire comprendre à un client que c'était stupide de se tatouer telle chose, il n'en était pas capable. Isaline avait plus de répartie que lui dans ce domaine.

D'ailleurs, certaines demandes étaient assez limites. Harry était capable de pas mal de choses, mais certaines lui étaient impossibles. Dernièrement, un homme avait voulut se teindre tout le doigt en noir. Il avait d'abord dit non, il n'allait pas lui tatouer tout le doigt avec une seule couleur, comme ça ! Le client s'était plaint à la patronne qui l'avait regardé d'un drôle d'air. Et elle avait sorti l'argument imparable : pas de tatouage sur les parties visibles du corps avant vingt-cinq ans.

Un autre lui avait demandé de lui tatouer un Mario sur une surface de peau s'étendant de derrière l'oreille à la naissance du cou. La personne venait tout juste d'avoir vingt-cinq ans et Harry fut obligé de lui tatouer ce personnage de jeu vidéo. Qu'il se le fasse sur l'épaule, ou autre part, soit. Mais sur le visage… Enfin, il semblait déterminé, et comme disait sa tante, il n'avait aucune raison de refuser, ce n'était pas son corps.

« Voilà, j'ai fini. »

Tracer le plan du métro n'avait pas été évident et il s'était tapé un fou rire avec le client quand il avait sorti sa règle pour tracer les traits. Il avait mis du temps mais son travail, même long, était soigneux. Pas question de faire ça à la sauvette parce que ce n'était pas compliqué et, à son avis, idiot.

Le client partit un peu plus tard, après lui avoir serré la main et remercié pour son travail. Harry lui fit quelques dernières recommandations et l'invita à revenir s'il y avait le moindre problème. Il était quand même fier d'avoir réussi ce tatouage. Il ressentait toujours de la fierté quand il finissait un travail.

Alors que le brun rangeait son matériel, la porte de la boutique s'ouvrit et un petit bruit de sonnette se fit entendre. Il ne se retourna pas tout de suite mais regarda Nymph' qui eut un sourire goguenard. Harry eut peur mais il se retourna. Et il avait raison d'avoir peur…

« Salut Harry ! »

Ginny lui sauta au cou et l'embrassa sur les deux joues. Harry se força à lui rendre son étreinte, en imaginant Tonks, qui travaillait sur une cliente, se faire violence pour ne pas éclater de rire.

« Merci pour ton cadeau, ça m'a fait très plaisir ! Dit-elle en lui montrant un collier pendant autour de son cou.

- C'est rien. Tu as été gâtée ? »

Elle lui fit un compte-rendu très complet de sa fête d'anniversaire que Harry écouta avec plus ou moins d'attention, en continuant son rangement, alors que Tonks se faisait entendre çà et là, commentant avec amusement les cadeaux plus ou moins puériles de Ginny. Harry, au bout de cinq minutes, en avait déjà marre et rêvait du moment où elle partirait.

En soi, Ginny n'était pas chiante comme fille. Elle était adorable et assez mignonne, avec ses cheveux roux ondulés, ses petites tâches de rousseur et son corps joliment fait. Mais, malgré la vingtaine tout juste passée, elle demeurait une gamine qui rêvait du prince charmant.

Harry avait depuis longtemps laissé tomber cette idée de l'amour soudain et éternel. Mais comme Ron, Ginny avait cette vision de l'amour, du petit ami parfait. Mais à la différence de son meilleur ami, elle ne semblait pas avoir l'intention de beaucoup travailler. Aux dernières nouvelles, elle travaillait dans une boutique de fringues, ayant laissé tomber assez tôt l'école. Ron en avait fait de même mais il s'était glissé dans une filière qui lui apporterait de quoi manger plus tard. Ginny ne réfléchissait qu'au jour le jour.

Bien qu'il soit assez jeune, Harry ne se voyait pas vraiment en couple. Mais si, par bonheur, c'était le cas un jour, il refusait que la personne soit un ou une glandeuse et qu'il soit le seul à bosser. Harry se savait assez mignon et ne gagnait pas trop mal sa vie. En somme, il n'était pas le pire des partis, si on aimait les tatouages.

« Et comment va Ron ? Demanda Nymph', pour changer un peu de sujet.

- Bien, comme d'habitude. J'ai vu Parvati, elle était triste parce qu'il ne voulait pas sortir avec elle. Harry, tu pourrais pas lui dire quelque chose ? C'est une vraie tête de mule, il ne veut pas m'écouter. »

Et, à vrai dire, lui aussi ne voulait plus l'écouter. Nymph' sembla le comprendre et pouffa, sans que Ginny ne comprenne pourquoi.

Cette gamine l'éclatait. Elle était toute mignonne et pleine d'espoir, regardant Harry avec envie et admiration, alors que lui ne voyait en elle que la petite sœur de son meilleur ami. D'ailleurs, la tatoueuse trouvait étrange que Ron et Ginny soient si différents l'un de l'autre. Ron n'était pas une lumière mais il était bosseur et, malgré ses airs ahuris, en avait dans le crâne. Il n'était pas fait pour les études, voilà tout, et étant le dernier garçon d'une tripotée de six, il y avait de quoi se sentir découragé.

Mais sa frangine était tout le contraire. C'était le genre de glandeuse qui passait sa vie à lécher les vitrines. Nymph' avait été comme elle, autrefois, mais en pire. Bien pire. Aujourd'hui, elle avait une assez bonne situation et ne manquait de rien. Mais elle avait dû se battre pour avoir ce qu'elle possédait maintenant, elle avait été soutenue. Ginny avait sa famille et tout pour réussir, et Nymph' ne comprenait pas qu'elle puisse passer son temps à traîner.

Enfin, chacun sa vie… soupira-t-elle intérieurement, alors que Harry raccompagnait Ginny à la porte, des fois qu'elle se perde en chemin. La jeune fille lui jeta un regard tendre et l'embrassa sur les deux joues, avant de s'en aller.

OoO

« Milli, dépêche-toi ! On va être en retard ! »

La jeune fille se pressa à la suite de sa mère et de Hermione dans la rame de métro dont les portes se refermèrent derrière elles. Elles poussèrent un soupir de soulagement : un peu plus et elle loupait leur train. ? Terry, Draco et Blaise les attendaient à un autre arrêt où deux lignes de métro se croisaient. Elles se doutaient que les étudiants ne leur en tiendraient pas rigueur, mais ce n'était pas si sûr concernant les tatoueurs.

Millicent allait enfin se faire tatouer. Elle avait hâte, autant de se faire poser son tatouage que de revoir ce charmant tatoueur, qui lui avait semblé si rassurant. Hermione partageait, malgré elle, son enthousiasme. Elle était intriguée et voulait voir comment l'opération se passait.

« Milli, tu as bien pensé à ton motif ? »

La jeune fille acquiesça et sa mère sembla un peu rassurée. Elle avait oublié de le lui rappeler, mais elles étaient parties si vite qu'elle avait omis de le lui dire. Elle voulait accompagner sa fille pour être sûre que tout se passe bien, et notamment payer le tatouage, ou du moins une partie. A moins qu'ils ne leur envoient une facture… Millicent avait oublié de demander et ce Harry avait également oublié d'en parler.

Les garçons ne tardèrent pas à les rejoindre. On était samedi et il y avait du monde dans la rame, mais Millicent ne voyait rien d'autre que le visage de Harry et l'étalon sur sa feuille. Blaise la taquina en sous-entendant qu'elle était attirée par ce charismatique tatoueur alors que l'étudiante, rougissante, affirmait le contraire, tandis que Mrs Bulstrode pouffait en posant plein de questions sur cet étrange jeune homme.

Draco les écoutait en se disant que Harry n'avait rien d'extraordinaire, à part ses yeux. Mais, apparemment, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus beau chez lui, d'après les deux spécialistes en matière de garçon, à savoir Hermione et Millicent. Blaise n'avait pas encore viré gay et Terry refusait de faire le moindre éloge sur ce tatoueur de pacotille.

La rame d'arrêta et le groupe descendit du wagon, puis se dirigea vers les escaliers et, enfin, sortit de la station. L'air leur fit le plus grand bien et ils se dirigèrent vers la boutique, en constatant qu'ils étaient un peu en avance.

« Mieux vaut être en avance qu'en retard ! » Affirma Mrs Bulstrode.

La vitrine de la boutique leur sembla presque familière. Ils entrèrent et le bruit caractéristique de la sonnette résonna quand la porte s'ouvrit. Ils cherchèrent le tatoueur du regard et ne mirent pas longtemps à le trouver.

Des sièges mobiles étaient installés dans la pièce, et deux d'entres eux étaient occupés. Sur l'un, une fille était allongée, sans tee-shirt, et la fille aux cheveux maintenant bleu électrique était penchée sur elle. Sur un autre siège, un jeune homme roux était assis, torse nu, et Harry lui faisait un tatouage sur son épaule.

Le visage du brun était extrêmement concentré sur sa tâche et il ne remarqua même pas les visiteurs, avant que Ron ne le lui fasse remarquer. Il leva alors les yeux de la peau de son ami et fit un sourire aux visiteurs. Jusqu'à croiser les yeux gris du blond, qui était là aussi la dernière fois. Ses yeux gris qu'il n'avait pu oublier…

« Bonjour. Vous êtes un peu en avance, non ?

- Oui, répondit Millicent. Finissez, on peut attendre. »

Alors Harry se repencha sur l'épaule du rouquin qui semblait résister à l'envie de gigoter. Il regardait désespérément la fille aux cheveux bleus, comme pour lui réclamer de l'aide, alors que le tatoueur continuait de travailler sur sa peau.

« Oh, Ronny, un peu de courage ! L'encouragea Nymph'.

- Après, t'auras un beau tatouage ! Ajouta la cliente.

- Mais j'en ai marre !

- Ron, bouge encore ne serait-ce qu'une seule fois et je t'émascule. »

Ron pâlit tandis que Nymph' et sa cliente s'écroulaient de rire. Blaise et Millicent ne purent se retenir et ils eurent un four rire qu'ils communiquèrent à Draco et Hermione, qui demeurèrent cependant plus dignes. Le pire, en fait, c'était que Harry semblait très sérieux.

« Tu sais parler aux hommes, Ryry ! Fit Nymph' en riant.

- Le pire, c'est qu'il en serait capable, se lamenta le rouquin.

- Ca y est, j'ai fini, espèce de chochotte. »

Ron regarda son tatouage, des arabesques tribales dont seuls les contours avaient été tracés. Il devrait revenir pour le « remplissage »… Mais c'était quand même assez joli, le travail était bien fait, et son sourire fit comprendre au tatoueur qu'il était assez content de son tatouage, bien qu'il soit encore inachevé. Harry fit le pansement, terminant ainsi son travail.

« Bon, voilà qui est fait. On se revoie quand pour le reste ?

- Dans deux semaines, s'il te plait.

- Parce que ce n'est pas fini ? Fit Hermione, étonnée.

- Nan, il reste le remplissage. »

Ron semblait amer et Harry lui donna un coup sur la tête, en lui disant qu'il allait leur faire peur. Le rouquin demanda qui allait se faire tatouer. Millicent leva la main en disant que Harry devait s'occuper d'elle, et Terry fit un signe vague sans rien dire. Ron fronça les sourcils, puis regarda Nymphadora, qui semblait bien occupée, puis la surprise lui éclaira le visage et il se mit la main sur la bouche, ahuri. Non, ce n'était quand même pas la patronne qui allait…

Harry éclata de rire, puis il se dirigea vers la porte de l'arrière boutique qu'il ouvrit. Alors que Ron semblait toujours halluciné. Le brun appela « le professionnel ».

« Hey, t'as du monde ! Ton rendez-vous est arrivé ! »

Puis, le brun se dirigea vers le comptoir, posa un rendez-vous, puis s'avança vers Millicent. Il serra la main de sa mère, un léger sourire flottant sur ses lèvres.

« Bonjour, je suis Harry, et c'est moi qui vais m'occuper de votre fille.

- Bonjour. Je suis juste venue pour voir si ça se passait bien, et aussi parler au paiement… »

La porte de l'arrière boutique s'ouvrit, et Isaline débarqua. Grande, mince, jean élimé et débardeur trop grand qui laissait voir les brettelles de son soutien-gorge, et accessoirement ses tatouages, elle entra sans la moindre grâce dans la pièce en tripotant son portable qu'elle fourra dans sa poche.

« Salut les jeunes. Lequel voulait me voir ?

- Celui-là. »

Harry montra Terry du doigt. Il était pâle, regardant cette asperge et l'imaginant avec une machine à tatouer dans la main. Il regarda Harry qui se marrait intérieurement, emmenant gentiment Millicent vers un siège. Les autres regardaient Terry en se demandant s'il n'aurait pas mieux fait d'accepter l'offre de Harry.

« Salut, mon gars. Alors, on a envie d'un tatouage ? »

Terry acquiesça et lui répondit qu'il en voulait un sur l'épaule, représentant son prénom en japonais. La blonde allait lui demander de retirer sa veste pour regarder sa peau, comme Harry était en train de le faire avec Millicent qui avait enfilé un débardeur le matin-même, mais son portable sonna. Enervée, elle le sortit de sa poche et regarda le clapet où le nom de l'interlocuteur devait être inscrit. Elle soupira.

« Ryry, occupe-toi du devis, tu seras adorable. »

Et elle se précipita hors de la pièce, causant ce qui semblait être de l'anglais. Harry soupira alors que le client fouillait dans son portefeuille pour en tirer l'image de son tatouage, qu'il tendit au brun.

« C'est Terry en japonais, précisa-t-il.

- Ah ? »

Il était visible que Harry se faisait violence pour ne pas éclater de rire. Blaise et Draco eurent un sourire moqueur, ce qui était écrit devait être une connerie, à tous les coups…

« Bon, d'accord, alors on vous écrit « abruti » sur votre épaule ? »

Ron, Nymphadora et Blaise éclatèrent de rire alors que le brun se retenait tant bien que mal. Millicent cachait sa bouche derrière sa main, alors que Terry pâlissait de colère. Harry lui montra le papier, où deux signes avaient été dessinés l'un en dessous de l'autre.

« Il n'est pas écrit « te » et « ri », mais « ba » et « ka ». Soit, imbécile, crétin… Je peux tous vous les faire. Et ne me regardez pas comme ça, j'ai fait du japonais. »

Harry tourna la feuille vers Nymph' qui n'arrivait pas à stopper son fou rire. Terry semblait être plus pâle encore à l'idée de se faire tatouer un truc pareil sur le bras. Ses camarades, à savoir Blaise et Draco, ricanaient. En fait, ils trouvaient assez dommage que Harry ne le lui ait dit ça que maintenant.

Quant au tatoueur, il se faisait un plaisir de ridiculiser ce gosse de riche. S'il avait été pourri, il n'aurait absolument rien dit, mais il avait un minimum de conscience. Et puis le client semblait assez déçu. Harry lui proposa de lui écrire lui-même son nom en japonais, mais l'étudiant refusa, humilié.

A ce moment-là, Isaline revint dans le salon.

« Alors, ce devis ?

- Pas de devis, monsieur allait se faire écrire « baka » sur le bras.

- Génial, ça m'arrange. Harry, je dois te laisser, ton parrain est en train de me faire sa crise d'adolescence.

- Ca y est ?!! »

Elle jeta un regard noir à Nymph', Ron et la cliente qui riaient comme des baleines.

« Vous êtes méchants !!

- Il pourrait pas faire sa crise un peu plus tard ? Fit Harry. Benoit va sûrement passer cet après-midi…

- Eh bah tu t'en occuperas ! Répondit sa tante. Sirius nous fait sa crise existentielle, on peut pas le laisser tout seul, le pauvre ! »

Et sur ces mots, elle s'enfuit à nouveau hors de la pièce, laissant son neveu désespéré et son autre employée hilare pour s'occuper de la boutique, tandis que Wonder Woman allait sauver le pauvre Sirius en détresse… Ah, ces hommes, de vrais bébés…

Harry, désespéré, regarda sa tante partir. Il se massa les yeux avec ses doigts, prévoyant déjà la crise de nerfs de Benoît en ne voyant pas la femme de ses rêves, qui ne le resterait, justement, que dans ses rêves… Il inspira profondément.

« Bon, on se lance. »

OoO

Harry nota le rendez-vous pour dans trois semaines exactement. Puis, il salua tout ce petit monde qui sortit, le sourire aux lèvres.

Millicent sentait sa peau chauffer un peu sous le pansement, mais elle se disait que c'était normal. Harry lui avait tout expliqué concernant l'entretien de son tatouage lors des premiers jours. Le cheval avait été tracé sur sa peau, il ne restait plus que la couleur à ajouter.

Cela avait été assez long, mais Millicent était contente, et ses amis ne regrettaient pas d'être restés avec elle. Harry était soigneux et méticuleux dans son travail, tournant son regard concentré vers le tatouage sans s'en défaire, tout en parlant avec sa cliente.

Elle trouvait le tatouage joli, il était, à ses yeux, l'exact réplique de l'image qu'elle lui avait donné, imprimé sur la feuille. Il avait tout fait pour la mettre à l'aise, en lui assurant que tout se passerait bien. Il lui expliqua tout un tas de choses, sur le fonctionnement de la machine, les aiguilles… Sa mère avait été charmée par ce jeune homme poli et agréable, si loin de l'image qu'elle se faisait des tatoueurs. A vrai dire, il ne ressemblait en rien à cette femme qui était entré dans la boutique avant de s'en aller en courant.

Alors qu'il piquait la peau de Millicent, le tatoueur leur avait expliqué que cette femme était sa tante. Ils vivaient tous les deux à l'étage. En général, lui et Nymphadora, qui avait semblé furieuse quand il avait prononcé son nom en entier, s'occupait des jeunes, et aussi des adultes, mais les durs, les motards et les tatouages assez spéciaux, c'était Isaline qui s'en chargeait.

Blaise lui avait demandé de quel genre de tatouages « spéciaux » cette nana s'occupait. Harry lui répondit le plus naturellement du monde ceux, par exemple, positionnés sur les parties intimes du corps. Ce qui avait eu l'effet de choquer les femmes présentes, à savoir Hermione, Millicent et sa maman. Draco avait été stupéfait et Blaise, hilare, avait demandé des détails, mais Harry l'avait vite stoppé, il ne tatouait pas à ces endroits-là. Cela l'écœurait, tout simplement, et Nymph' refusait de toucher à un homme. Elle était mariée et mère de famille !

Cette dernière remarque eut pour effet de faire rire les étudiants, qui avaient du mal à imaginer cette fille aux cheveux teints avec un mari et un enfant. Enfin, disons plutôt qu'ils avaient du mal à l'imaginer dans une maison élégante et distinguée. Sans savoir qu'elle avait épousé un professeur d'université qui gagnait assez bien sa vie.

En tout cas, Millicent était contente de son après-midi, et elle avait hâte de revenir.

OoO

La flèche traversa l'écran et s'arrêta sur un icône. Harry cliqua deux fois, puis, le regard posé sur l'ordinateur et son menton casé au creux de sa main, il se connecta sur MSN Messenger. Il haussa les sourcils. Luna était connectée. Ça faisait un bout de temps qu'ils n'avaient pas bavardé. Il ouvrit une fenêtre de conversation. Elle répondit rapidement.

Harry avait arrêté ses études après sa seconde, pour des raisons qui lui étaient personnelles, et il s'était consacré au tatouage. En première année de lycée, il avait été dans la même classe qu'une fille qu'on surnommait Loufoca. Elle restait toujours seule dans son coin et disait souvent des choses étranges. Apparemment, elle croyait à la magie, et son père tenait une revue traitant du surnaturel. Mais ce qui emmerdait vraiment les lycéens, en fait, c'était qu'elle se tapait toujours des super notes, malgré son air déglingué.

Tout d'abord, Harry ne l'avait pas abordée. Cette fille était trop bizarre, même si elle était très jolie. Il commença à lui parler quand ils furent mis ensemble, en volley, dans des équipes mixtes. Elle ne bougeait pas beaucoup et personne ne lui adressait la parole. Ayant pitié, Harry lui avait parlé, couvrant ses arrières et ses avants.

Au fil du temps, ils avaient fini par parler, et il avait découvert que, malgré ses propos assez étranges, Luna était une personne merveilleuse. Elle avait une voix douce et semblait deviner ses maux sans même qu'il ne les prononce. Pas besoin de s'expliquer pour qu'elle comprenne. Et il arrivait lui aussi à déterminer quand elle allait mal, ce qui arrivait de temps à autre.

Ils étaient devenus amis. Personne n'avait compris. Certains amis de Harry refusaient que Luna reste avec eux, et le brun avait maintenu ses positions. On finit par accepter la jeune fille, mais on ne comprit jamais ce qui les liait vraiment. Peut-être était-ce ce monde fabuleux qui gravitait autour de cette jeune fille lunatique. Elle emmenait Harry dans ses voyages, il partageait ses délires avec plaisir.

De plus, elle avait été assez bien acceptée à la maison. Sirius adorait Luna, partant complètement dans ses délires et croyant dur comme fer tout ce qu'elle pouvait lui raconter. Isaline soupirait en se disant qu'elle avait une famille de plombés, même si elle appréciait cette gamine. En fait, Sirius la faisait plus flipper que Luna… Pendant ce temps-là, égale à elle-même, Nymph' riait en se disant que Harry avait le don pour se faire des amis louches.

« Salut ! Tu vas bien ?

- Salut Harry. Oui, ça va, mais j'ai mal au ventre. J'ai des nargoles au-dessus de ma tête. »

Traduction : j'ai mes règles.

« Ah ça… Ils adorent les filles, c'est connu.

- Pourquoi ils ne vont pas voir les garçons ?

- Non mais t'imagine l'horreur ?!

- Bah pourquoi les filles et pas les garçons ? »

Harry soupira. Nan, il ne pouvait pas imaginer que du sang puisse couler de… cet endroit. Oui, bon, c'était machiste, mais d'un autre côté, il ne voyait pas vraiment à quoi ça leur servirait, à eux, d'avoir leurs règles…

« Au fait, et tes études ? Ça marche ?

- Oui, ça va. Mais mon patron est possédé par un esprit malin. »

Traduction : il me fait trimer comme une malade.

« Ah bon ?

- Oui, il n'arrête pas de me demander des trucs qui servent à rien. Je te dirai, je suis payée à la fin du mois. Mais à quoi ça sert de photocopier dix fois la même feuille pour ensuite les jeter à la poubelle ?

- A te faire bouger ?

- Tant qu'à faire, je préfère aller chercher du café. Au moins, tu as le temps de causer avec les doxys coincées dans les rideaux. »

Luna faisait des études de journalisme et s'était trouvé un petit boulot dans un journal. Harry, bien qu'il adorât Luna, se demandait encore comment elle avait pu tenir le rythme, enfin elle et ceux qui bossaient avec elle, avec toutes ses bizarreries. Il était habitué et ça l'amusait, mais pas sûr que ça plaise à tout le monde. Enfin, elle semblait s'en sortir. Luna s'en sortait toujours…

Ils discutèrent encore un long moment, jusqu'à ce qu'elle s'en aille parce que, apparemment, son père avait un problème avec sa machine. Et Luna se faisait mécano à ses heures…

Alors qu'il fermait sa session MSN, on toqua à la porte. Harry prononça un vague « Entrez ! » et Sirius entra discrètement dans la chambre. Il était arrivé à la veille, jeté à la porte par un Severus furieux. Parfois, Harry se demandait si Luna n'avait pas raison, quand elle le comparait à un vampire…

Son parrain lui fit un petit sourire gêné et s'assit sur le lit. Il ne se sentait pas bien, ça se voyait. Harry se leva donc et attrapa sa guitare calée contre un mur. Puis, il s'assit sur son lit, tandis que Sirius s'allongeait et fermait les yeux, ses mains croisées derrière la tête.

Les accords de la guitare s'élevèrent dans la pièce, la remplaçant d'une mélodie douce et chaude. Harry se mit à jouer, comme son parrain lui avait appris. Il chanta, même, accompagnant la musique de sa voix.

Quand il était plus jeune, Harry avait toujours vu Sirius jouer de la guitare, quand il était triste. Puis, il avait appris à Harry à en jouer, et lui en avait offerte une pour ses seize ans. Il jouait mieux que lui encore, et il adorait l'écouter jouer, chanter. Cela le relaxait.

Dans ces moments-là, Harry avait la sensation de retomber en enfance. Il avait toujours un sentiment de nostalgie quand il grattait les cordes de sa guitare, tout en regardant le beau visage de Sirius, encadré par ses cheveux noirs. Un homme séduisant plus sensible qu'il ne voulait bien l'avouer.

Harry entendit plus qu'il ne vit Isaline entrer à son tour dans la chambre. Elle se glissa elle aussi sur le lit et écouta son neveu, qui souriait, tout en se laissant aller, balançant doucement sa tête.

Pendant quelques secondes, le jeune homme eut l'impression d'être un enfant. Un petit garçon, avec son papa allongé sur le lit et sa maman en train de l'écouter. Ses parents étaient là, près de lui. Ils avaient toujours été là, et ils le seraient éternellement.

Toujours…

OoO

Le réveil sonna. Une main émergea de sous la couette et s'abattit sur l'appareil qui couina. Après un grognement indistinct, Draco repoussa sa couette et se leva. Il se traîna dans la salle de bain, rattachée à sa chambre par une simple porte. Il n'était pas encore tout à fait réveillé, ses cheveux ébouriffés et ses yeux embués de sommeil le rendaient méconnaissable.

Quand il ressortit de la salle de bain, un peu plus tard, il était fin prêt. Il avait enfilé des vêtements sobres mais classes, ses cheveux blonds étaient ramenés en arrières, son masque de glace plaqué sur son visage qui n'avait plus rien d'endormi.

Draco attrapa son sac, son casque de moto, puis il sortit de sa chambre. Il descendit des escaliers et traversa quelques couloirs avant d'atteindre la cuisine. Ses parents devaient encore dormir, il était tôt, mais leur cuisinier, M. Dobby, avait déjà préparé son petit-déjeuner. Il prenait toujours son petit-déjeuner avec le vieil homme rabougri. Cela ne dura que dix minutes, le temps d'avaler son café et une tartine.

Le matin, tout était calculé. Du moment où il se lavait à celui où il mangeait, en passant par la séance habillage dans la salle de bain. Tout cela se passait dans le silence, afin de ne pas réveiller ses parents. Et Draco n'avait de toute façon aucunement l'habitude de faire du bruit.

La seule chose qui n'était toujours pas très précise, au grand dam de l'étudiant, c'était l'heure à laquelle Blaise arrivait. S'étant offert une nouvelle moto lors de ses dix-huit ans, il avait pris l'habitude d'emmener Draco à la faculté quand ils commençaient tôt, étant donné que sa maison était sur son chemin. Et le blond avait eu beau lui rappeler à quelle heure Blaise était censé arriver, son ami demeurait imprévisible. Enfin, Draco avait cessé de lui faire la morale.

Le jeune homme sortit donc de chez lui, referma la grille du jardin et attendit que Blaise arrive. Il entendit plus qu'il ne vit la moto foncer sur la route. Une belle moto noire et jaune qui passait difficilement inaperçue. Enfin, Blaise et ses goûts esthétiques…

Le black s'arrêta devant lui, retira son casque et lui fit un sourire éclatant, ses dents blanches contrastant fortement avec sa peau chocolat au lait. Pendant quelques secondes, Draco se souvint de la réaction de son père le jour où il avait rencontré pour la première fois son meilleur ami. Lucius et ses préjugés… Il avait fallu que Blaise squatte chez eux un nombre incalculable de fois pour que son père le traite presque contre son fils…

« Allez Dray, on y go ! »

Draco enfila son casque de moto, puis ils montèrent sur l'engin. Blaise démarra au quart de tour, et Draco, une fois de plus, fut heureux d'avoir les cheveux courts. Quelle tête il aurait sinon en arrivant à la faculté ? De plus, Blaise conduisait terriblement mal, et si le blond n'était pas habitué, il aurait rapidement eu une crise cardiaque due à la peur de rencontrer une voiture.

Le chemin ne fut pas très long. Ou peut-être était-ce parce que les deux étudiants étaient habitués. Cela faisait plusieurs années qu'ils pratiquaient de cette façon-là. Draco payait une partie de l'essence et avait acheté le casque. Son père lui avait offert une voiture, mais Draco ne supportait pas les bouchons et les problèmes de parking. Et puis, ça faisait tellement plaisir à Blaise de frimer sur sa moto…

Ils arrivèrent à la fac. Blaise gara sa moto et mit l'antivol, tandis que Draco se passait la main dans les cheveux pour les ordonner. Blaise n'avait pas ce genre de souci, ses cheveux noirs et frisés étaient tressés. Un des avantages à être noir : pas besoin de se coiffer pour être présentable. Draco, au contraire, avait un besoin constant de se passer la main dans les cheveux pour les ordonner, ce qui faisait ricaner son soi-disant ami.

Les cours n'allaient pas tarder à commencer, et le premier avait lieu avec le professeur Rogue. Le cours promettait donc d'être intéressant, même si Blaise baillait d'avance. Il ne saisissait pas vraiment la passion de Draco pour les cours de cet homme-là, qui lui semblait si loin d'eux. Le professeur Rogue demeurait enveloppé dans son cynisme et il fallait dire qu'il était assez sévère. L'étudiant devait tout de même avouer que ce professeur avait le mérite d'être précis et instructif, même s'il répondait rarement aux questions des élèves, les jugeant stupides. Les questions, pas les élèves. Quoique…

Le cours fut assez long, du moins pour Blaise, car Draco passa son temps à gratter. Il prenait ses notes avec une écriture fine et serrée. Blaise parvenait à la comprendre mais il la trouvait si désagréable à l'œil que, quand il s'endormait, il devait recopier les cours de Draco et non les photocopier car il n'arrivait pas à apprendre. Blaise avait plutôt ce qu'on appelait « une écriture de fille », avec des lettres rondes et bien formée, des espaces entre les lettres et un minimum de lisibilité.

D'un autre côté, Draco n'était pas là pour exercer sa calligraphie mais pour apprendre et prendre des notes. Et, de toute façon, il était connu que les médecins avaient une écriture atroce. A se demander même comment les infirmières arrivaient à lire les ordonnances…

Le cours se termina, et Severus put enfin sortir de cette horrible pièce. Il était épuisé, aussi bien physiquement que moralement. Il n'avait qu'une envie : rentrer chez lui. Mais il avait déjà loupé des heures de cours, et il était hors de question qu'il en évite d'avantage à cause d'un clébard pas fichu de se tenir correctement.

Le professeur sortit donc précipitamment comme s'il avait le diable aux fesses, quand soudain, son téléphone portable vibra dans sa poche. Il maudit Sirius un cours instant. En fait, le temps qu'il attrape son portable et voit que ce n'était pas cet abruti qui l'appelait. Il décrocha en poussant un soupir.

« Allô ?

- C'est Harry. T'es occupé ?

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Oh, du calme ! J'y suis pour rien dans toute cette histoire, moi ! »

Severus se reprit. Bien qu'il soit le filleul de cette saleté de clébard et le fils de son ennemi quand il était au lycée, Harry n'était en rien responsable de ce qu'il se passait.

« Je suis sur les nerfs.

- J'avais compris. Je t'appelle pour te dire que Sirius ne va pas très bien…

- C'est hors de question qu'il revienne ! Il…

- Mais c'est quoi cette manie de couper la parole aux gens ! Ah, les hommes !

- Harry, tu es un homme.

- Moi, au moins, je sais faire la différence entre une orange et une clémentine ! »

Un point pour lui.

« Bon, où en étais-je ? Ah oui. Donc, Sirius ne se sent pas bien, mais je suis de ton côté.

- Pardon ?!

- Sirius est allé un peu loin cette fois-ci… »

Alors que Harry lui faisait part de son soutien, inattendu, Severus aperçut Malfoy qui s'avançait vers lui. La journée n'était décidément pas si pourrie que ça. Non seulement il avait un allié, et de taille, mais en plus ce jeune homme intelligent venait lui remonter le morale. Sans qu'il ne le sache, bien sûr, mais Malfoy était l'un des rares élèves dont il appréciait la conversation.

« Harry, je vais te laisser.

- Dis tout de suite que tu en as marre de toi.

- Je peux ?

- Salaud ! »

Un léger sourire sarcastique apparut sur les lèves de Severus. Quel sale gosse… Mine de rien, ça lui avait quand même fait plaisir qu'il l'appelle. Pour une fois, il ne passerait pas pour le pourri de l'histoire…

Malfoy salua son professeur respectueusement, comme il en avait l'habitude. Il s'excusa de le déranger, lui affirmant qu'il n'avait pas compris quelque chose. Enfin, ce que Malfoy ne comprenait pas, il ne mettait guère de temps à le saisir. Et Severus avait besoin d'un peu de conversation, en rapport avec son travail, afin de lui changer un peu les idées.

OoO

« Elle commence à me casser les couilles !

- Ronny ! Ton langage ! Y'a des âmes sensibles, ici !

- Qui ça ? Toi ?

- Si ta mère t'entendait, elle t'arracherait les oreilles ! »

Un point pour elle. Isaline avait beau parler comme un charretier, elle n'aimait pas du tout ce genre d'expression, disons assez imagées. Et il fallait dire que Ron avait un vocabulaire assez varié en termes d'insulte, dont il leur faisait part quand il était en colère.

Et il y avait de quoi être en colère. Ron, le plus innocemment du monde, venait voir Harry pour être sûr que son tatouage allait bien. Mais à peine notre professionnel des voitures arriva-t-il chez son meilleur ami qu'il découvrit Parvati exhibant ses seins assez conséquents à un Harry coquelicot. Il fallait dire que la lingerie était si… petite qu'il n'avait même pas vu l'intérêt d'en mettre.

Ron, horrifié de la voir là et la poitrine quasiment nue, avait été à deux doigts de s'enfuir, mais Parvati lui avait sauté dessus pour lui faire du rentre-dedans presque indécent. Isaline le sauva en ordonnant à la jeune femme de remettre son débardeur, il y avait des âmes sensibles dans ces boutiques. A savoir elle, même si tout le monde s'en fichait. Harry était trop occupé à se marrer avec Nymph' pour venir en aide au pauvre rouquin.

Après avoir réglé un tatouage sur le sein gauche, Isaline demanda poliment à sa nouvelle cliente de bien vouloir s'en aller, ils avaient du travail. Ron comprit, un peu tard, que si elle se tatouait, c'était parce qu'elle voulait le séduire. D'où ce dernier juron particulièrement fin.

« Nan, mais vous vous rendez compte ? Elle veut se faire tatouer pour me séduire ! Elle pense que j'aime les tatouages sur les filles !

- Et ce n'est pas le cas ? Demanda Harry, étonné.

- Pas sur les seins ! Sur les épaules, le bas du dos, pourquoi pas ? Mais les seins ?! Criait Ron, éberlué. Et Betty Boop, en plus ! Quel est l'intérêt de se tatouer Betty Boop ?

- Surtout qu'elle lui ressemble pas du tout. »

Isaline et Harry s'écroulèrent de rire, alors que Ron foudroyait Nymph' du regard, qui elle-même riait à en pleurer. Il fallait dire qu'ils s'étaient retenus pendant les dix minutes que Parvati avait passé dans la boutique, il fallait bien détendre l'atmosphère…

« Vous êtes pas marrants… Grogna le rouquin…

- Excusez-moi ? »

Ron se retourna d'un coup, terrifié à l'idée de revoir Parvati. Les tatoueurs étaient pliés en deux tellement ils riaient, donnant une image peu sérieuse.

Blaise haussa un sourcil, alors que Millicent les interrogeait du regard. Hermione, les mains sur les hanches, pensaient qu'on se fichait d'eux, tandis que Draco tentait de comprendre pourquoi ils riaient comme des baleines.

Ron, bien que rassuré, foudroya Harry et Isaline du regard. Le brun réussit à se calmer un peu, s'éventant avec sa main. Ses joues légèrement rougies, ses yeux verts brillants et ce sourire sur son visage firent battre le cœur de Draco, qui détaillait la figure joyeuse du tatoueur, sans aucune gêne.

« Nan, pas de Parvati en vue !

- Oh, ça va !

- Zen, Ron, on reste zen ! De toute façon, si elle revient, elle ne va pas nous refaire voir ses seins. »

Ron se cacha le visage dans les mains, honteux. Blaise ricana en le voyant se cacher dans un coin, boudeur. C'était tous des méchants pas beaux…

« On vient de louper un joli spectacle ? Demanda Blaise.

- Si les gros seins te plaisent, ouais, tu viens de louper un joli spécimen, répondit Harry en lançant un regard amusé à son ami.

- Je te l'avais dit, Dray ! On aurait dû se dépêcher !

- Les filles exhibent souvent leur poitrine, ici ? Fit Hermione, dédaigneuse.

- Non, seulement pour draguer ce jeune homme, répondit Isaline en montrant Ron.

- De toute façon, je ne sortirai pas avec elle !

- Ta vie privée ne nous regarde pas, Ronny Chéri ! »

Le rouquin tira la langue à Nymph' de façon peu mature, et retourna bouder. Les étudiants levèrent les yeux au ciel, mais ils souriaient légèrement, amusés. Harry se leva du comptoir, où lui et Isaline s'étaient effondrés de rire, et s'avança vers Millicent à qui il serra la main de façon chaleureuse. Il était un peu étonné de la voir là, leur rendez-vous était pour dans deux semaines, normalement.

« Salut. Que puis-je faire pour toi ?

- En fait, j'ai pris rendez-vous pour dans deux semaines, mais je ne pourrais pas venir. On peut décaler à la semaine prochaine ?

- Tata ??

- Je regarde. »

Isaline avait sorti l'agenda dont elle tourna les pages rapidement, lisant en diagonale les différents rendez-vous notés sur les feuilles.

« Ouais, après Ronny. Donc quatre heures et demie. Ça vous va ?

- C'est parfait ! Approuva-t-elle.

- Vous faites le remplissage, aussi ? Demanda Hermione au rouquin.

- Ouais ! Et je serai tranquille ! »

Il souriait à nouveau, son boudin était fini. Harry et Nymph' se lancèrent un regard entendu et eurent un sourire innocent. Ron avait les yeux qui brillaient quand il regardait cette jeune fille. Et ça voulait tout dire…

Une conversation tournant autour des tatouages commença. Millicent avait fait des recherches là-dessus et elle posait des questions sur la formation des tatoueurs, alors que Hermione semblait prendre intérieurement note de ce qu'Isaline leur racontait, leur parlant gentiment. Elle était en mode « patiente ». Ces nanas avaient de la chance.

Ron avait les yeux posés sur une étudiante aux cheveux ébouriffés et il ne la quittait pas des yeux. Goguenard, Harry lançait des regards moqueurs à Ron qui rougissait comme une midinette. Mais le brun sentait un regard posé sur lui, ce qui le gênait terriblement. Il savait que c'était un des étudiants, le blond, qui le regardait intensément, détaillant sans doute son visage, son corps. Il n'était pas le premier à faire ça, et il ne serait sans doute pas le dernier. Harry n'avait qu'une envie, et c'était de le jeter hors de la boutique. Pour que cet abruti arrête de le mâter, de le déshabiller des yeux.

Mais à la place, il leva les yeux vers lui et rencontra son regard. Il ne vit une légère surprise dans les yeux acier de l'étudiant, qui ne s'attendait sans doute pas qu'il croise son regard.

Et tout sembla disparaître autour d'eux, pendant à peine quelques secondes. Draco ne voyait plus que ce tatoueur, son visage fin, ses yeux verts qui brillaient d'une lueur de défi. Le genre de lueur qui voulait dire qu'il avait tout à fait compris. Tandis que le brun ne voyait que ces iris argentées, froides mais douces.

Sa réaction avait été excessive, comme à chaque fois qu'il était confronté à ce genre de situation. Il n'y avait aucune lueur malsaine dans le regard de cet étudiant. Rien de malveillant.

Soudain, Isaline se leva. Un client n'allait pas tarder à arriver. Harry vit dans ses paroles une sorte de diversion. Elle avait vu. Ce lien visuel qu'ils avaient échangé, lui et cet inconnu. Et il savait à quel point elle détestait ce genre d'homme, ceux qui vous mâtent de loin en se croyant plus intéressants que vous. Si elle n'était pas d'une politesse extrême avec les jeunes, elle aurait bien jeté ce gosse de riche hors de sa boutique.

Mais il partit avec ses amis, en jetant un dernier regard à Harry. Il venait de donner son numéro de portable à Millicent, des fois qu'elle aurait un problème. Il espérait qu'il ne le regretterait pas…

OoO

Draco était devant son ordinateur, ses doigts pianotant sur les touches du clavier. Ses yeux étaient posés sur l'écran, où il lisait en diagonale un texte scientifique. Il était fatigué, au point d'avoir sorti ses lunettes qu'il avait posées sur son nez. Il les mettait toujours quand il restait trop longtemps sur l'ordinateur.

Il y eut un petit bruit. Blaise semblait s'être réveillé, se connectant sur MSN. Draco était toujours hors ligne, et Blaise, l'ayant compris, ne se gênait plus pour venir taper la discute. Il se mit justement à lui causer de ce texte scientifique. C'était dans ces moments-là que Draco se disait que Blaise n'était pas aussi stupide qu'il pouvait en avoir l'air. Enfin, il n'était pas débile, non plus. Mais il possédait une certaine intelligence qu'il cachait assez bien, derrière son attitude de séducteur.

Il fallait dire que sa décision de tenter une carrière dans la médecine l'avait étonné, au premier abord. Non pas que Blaise n'en fut pas capable, mais il l'aurait plutôt vu dans quelque chose de moins long, d'un point de vue études. Draco se demandait même si son meilleur ami n'avait pas décidé de suivre le blond, tout simplement.

« Au fait, tu trouves pas que Millicent est bizarre, ces temps-ci ?

- Non, pourquoi ? Elle est comme d'habitude.

- Mouais… Moi je trouve qu'elle est un peu bizarre. Je sais pas, elle avait pas l'air très rassurée, quand on est allé voir Harry, samedi. »

Harry. Rien que voir ce nom tapé sur son écran qu'il se sentait partir. Il repensa au jeune homme, à ses yeux émeraude. Il l'avait détaillé un long moment, jusqu'à ce qu'il s'en rende compte. Ou, du moins, jusqu'à ce qu'il lève les yeux vers lui, le défiant du regard.

Il n'était sans doute pas le premier à le regarder ainsi. Il fallait dire que Harry était assez mignon, et il avait un petit quelque chose d'assez attirant. Un petit quelque chose de mystérieux. Et ce qui avait vraiment étonné Draco, c'était qu'il avait rapidement répliqué à ses œillades peu discrètes. Sans violence, juste par son regard. Et nul doute que la patronne avait remarqué, elle aussi, et qu'elle les avait jeté dehors de façon polie pour cette raison.

Dommage. Harry semblait être assez farouche, et sa tante devait le protéger. C'était assez embêtant mais intéressant, en même temps. Draco n'aimait pas les défis trop faciles, car ils ne duraient jamais longtemps. On finissait toujours par se lasser des filles qui ouvraient leurs jambes trop vite. Mais on finissait par s'attacher à celles qui vous refusaient un baiser.

On frappa à la porte de sa chambre. Il n'eut pas le temps de crier sa mère, car ce devait être elle, qu'elle pouvait entrer, que Narcissa apparaissait, belle comme le jour. Draco tapa quelques mots à Blaise puis se déconnecta, il avait horreur qu'on vienne lui parler quand sa mère était dans sa chambre.

Narcissa, élégante dans sa robe bleu nuit, avait relevé ses cheveux blonds en un chignon, et son visage était joliment maquillé. Elle s'assit sur le lit de son fils, attendant qu'il ait toute son attention.

« Je ne te dérange pas, au moins ?

- Jamais. Je discutais avec Blaise.

- Comment va-t-il ?

- Bien, comme toujours. Il a une nouvelle copine, apparemment.

- Justement, je voulais te parler de ça. »

Et on était reparti pour un tour… Draco était exaspéré d'avance même s'il n'en montra rien à sa chère mère, qui devinait aisément la lassitude de son fils.

Il fallait dire que Draco n'attirait pas les foules, en dépit de son physique attrayant. Enfin, il les attirait, mais sa mère avait rarement vu de jeunes filles, ou de jeunes hommes, au bras de son cher fils. D'ailleurs, il n'avait jamais amené personne à la maison. Pourtant, même Lucius l'encourageait à leur présenter ses rares conquêtes, c'était pour dire…

« Tu sais que tu peux me…

- Oui, je sais, Maman, soupira le blond. Je peux t'en parler, mais je n'ai personne en ce moment.

- Je pense que tu es trop exigent, affirma Narcissa. C'est vrai, tu n'as jamais eu de relation sérieuse avec qui que ce soit. La seule personne de ton entourage que je vois, c'est Blaise ! Et puis ces deux jeunes filles, Millicent et Hermione, mais c'est assez rare.

- Je n'ai pas encore trouvé de chaussure à mon pied. »

Non pas que sortir avec une fille, ou un garçon, lui déplaisait. Au contraire, il trouvait ça assez agréable : la conquête, les rendez-vous, les nuits au lit… Mais Draco trouvait que ce genre de choses était assez pénible. Il fallait faire concorder les emplois du temps, supporter les plaintes de l'autre quand on ne se voyait pas assez souvent, et tous ces trucs dégoulinants de bons sentiments que ses partenaires exigeaient, surtout après qu'ils aient eu leur première nuit ensemble. Les filles réclamaient encore plus d'attention, si c'était possible, et les garçons exigeaient de s'afficher clairement en public. Et Draco n'aimait pas particulièrement rouler des patins à ses petits copains en plein milieu de la rue, ou faire les boutiques pour acheter des trucs ridicules à ses petites copines.

Peut-être ne choisissait-il que des plaies. Peut-être avait-il des goûts pourris, même si Blaise lui affirmait le contraire. Mais Draco n'était pas vraiment pressé de se caser, il vivait au jour le jour, attendant qu'une perle rare se manifeste.

Il songea au tatoueur, à ses yeux émeraude. Ce gars-là, ce devait en être une, de perle. En tout cas, il en avait rarement vu des comme lui. Mais il n'eut pas le temps de s'attarder sur ses pensées car sa mère le ramena rapidement sur terre.

« Bon. J'étais venu te voir parce que nous allons recevoir les Parkinson pendant les vacances de la Toussaint. »

Si Draco n'avait pas été assis, et s'il n'avait pas été élevé par des aristocrates, il serait tombé par terre d'horreur. Car Parkinson n'allait pas sans Pansy. Et qui disait Pansy disait : grosses emmerdes en vue.

« Pardon ?

- Pansy et ses parents vont venir chez lui, nous pour la Toussaint. Je voulais les inviter pour Noël, mais ils étaient déjà pris. »

Quand ses parents vivaient en Angleterre, ils avaient pour voisins la charmante famille Parkinson. Donc, Draco passa ses jeunes années en compagnie de leur fille unique, Pansy. Les Malfoy déménagèrent quand leur fils avait sept ans, et ils ne pouvaient savoir à quel point cette initiative avait été joyeusement acceptée par Draco, qui voyait ainsi la fin de son calvaire.

En soi, Pansy n'était pas vraiment une mauvaise fille. Disons simplement qu'elle était jalouse, possessive et légèrement stupide. Elle était persuadée qu'elle se marierait un jour avec Draco, et tous, sauf le principal concerné, rêvait de cette avenir. Dont Narcissa, qui ne voyait chez Pansy que la jeune fille agréable et polie, alors que Draco y voyait un savant mélange d'hypocrisie et mièvrerie.

« Elle… va séjourner ici ? A la maison ?

- Bien sûr ! J'espère que tu seras poli avec Pansy. »

Sa mère lui fit quelques recommandations, même si la venue des Parkinson était le mois prochain, mais mieux valait le prévenir maintenant. Elle n'aurait pas à le faire plus tard !

Quand Narcissa eut quitté la pièce, Draco n'avait plus qu'une pensée en tête :

« Je dois me trouver quelqu'un ! »

OoO

Millicent fit la bise à Hermione puis quitta le wagon. Elle arriva sur le quai et, sans regarder en arrière, la jeune fille sortit de la station. Il faisait encore bon et il n'était pas très tard.

Pourtant, Millicent n'était pas rassurée. Elle avançait droit devant elle sans regarder autre chose que son chemin, mais elle se sentait observée. Et elle savait qu'elle l'était.

Deux semaines que ça durait. Deux semaines qu'elle sentait un regard posé sur elle, insistant, obsédant. Pas le matin, elle était à moitié endormie, mais le soir, quand elle rentrait chez elle, deux yeux étaient posés sur elle. Et impossible de s'en défaire…

Un homme la suivait. Elle l'avait déjà aperçu mais un bonnet et des lunettes cachaient son visage et il était habillé sobrement. Rien qui ne lui permette de le reconnaître, ni même de l'identifier. Il était toujours là, quand elle sortait du métro, jusqu'à ce qu'elle attrape son bus, où il ne l'avait jamais suivie, et disparaisse à ces yeux scrutateurs.

Millicent était terrifiée. Tellement terrifiée qu'elle n'osait même pas en parler à ses parents, ou même à qui que ce soit. Alors elle continuait à rentrer chez elle, avec ce type accroché à elle, sans qu'elle n'ose jamais lever les yeux vers lui.

Soudain, elle s'arrêta net. Son bus passa devant elle. Horrifiée, elle regarda le véhicule disparaître au détour d'une rue. Millicent regarda discrètement derrière elle. Ce type était là, tout en noir, avec un bonnet et des lunettes fumées qui l'empêchaient de voir son visage.

Il s'était arrêté, lui aussi. Il eut un léger sourire, puis s'avança vers elle. Millicent reprit alors sa marche, ses jambes faisant des grands pas, l'écartant de cet inconnu qui la poursuivait.

Paniquée, elle se mit à courir. Elle ne se retourna pas mais elle sentait qu'il la suivait. Encore. Soudain, elle bifurqua et s'engouffra quand une boutique, où elle se cacha, parmi les rayons. Elle sortit son portable et tenta d'appeler Draco, puis Blaise, mais ni l'un ni l'autre ne répondit. Ils devaient être en cours, ou à moto. Qui pouvait-elle appeler ? Ses parents ? Ils travaillaient…

Soudain, elle eut l'illumination.

OoO

Isaline entra dans l'arrière boutique pour se laver les mains. Les éclairs au chocolat, c'était bon, mais pas évident de les manger sans en mettre partout. Enfin, à la limite, on pouvait s'essuyer les mains, mais quand il fallait faire un tatouage, mieux valait avoir les mains bien propres.

Elle entendit un petit vrombissement. Cherchant des yeux l'origine de ce bruit, elle aperçut le téléphone portable de Harry vibrer sur la table de la cuisine. Elle sortit de la cuisine et cria dans l'escalier.

« Ryry ! Ton portable sonne dans la cuisine ! »

Alors qu'elle revenait dans la boutique, Harry dévalait les escaliers et rentrait dans la cuisine, en se rappelant enfin où il avait fichu son portable. Il fut étonné de voir « Millicent Bulstrode » s'afficher, mais il décrocha, en se demandant si le rendez-vous allait, une fois de plus, être décalé.

« Allô ?

- Harry, c'est Millicent ! »

Sa voix était paniquée. Harry fronça les sourcils.

« J'ai un problème ! Un mec me suit depuis tout à l'heure ! Ça fait des jours qu'il me suit, je ne sais pas quoi faire ! J'ai peur, Harry ! »

Elle semblait au bord des larmes. Harry se reprit, calculant le temps qu'il lui restait avant son prochain rendez-vous. Qui avait lieu dans une heure.

« Tu es où ? »

Millicent lui donna l'adresse approximative. Par chance, Harry voyait à peu près où la superette se situait. Ah, ses escapades dans Paris avec sa moto…

« Ecoute-moi, Millicent : tu ne bouges pas. D'accord ? Ne bouge pas, je viens te chercher. »

Et il raccrocha. Tout en criant à sa tante qu'il serait en retard pour son rendez-vous, il attrapa ses clés et courut dans le garage. Harry enfourcha sa moto et se rua dans la rue, fonçant sur son bolide.

Il aurait pu calmer Millicent, au téléphone, et la rassurer. Mais il savait ce qu'elle ressentait, il avait déjà connu cette sensation étouffante d'un regard posé sur lui constamment, d'un corps étranger qui vous suit où que vous alliez. Il avait déjà expérimenté cela, et quand il ne put plus supporter cette situation, il fit la même chose que la jeune femme : appeler quelqu'un, à l'abri entre les murs d'une boutique.

OoO

Ça devait bien faire quinze minutes qu'elle était dans la boutique. Millicent n'osait pas sortir pout tenter d'apercevoir Harry, alors que cela aurait été plus évident pour lui de la trouver.

Elle s'en voulait de l'avoir dérangé en plein boulot, surtout qu'ils ne connaissaient peu, mais il lui avait assuré qu'il venait la chercher. Elle se sentait rassurée même si la crainte de voir cet inconnu la tourmentait toujours.

La porte de la supérette s'ouvrit. Millicent pâlit affreusement en apercevant son harceleur. Masqué par ses lunettes, un bonnet enfoncé sur la tête, il lui fit un léger sourire. Terrifiée, la jeune fille se réfugia au fond du magasin, tout en sachant que c'était une mauvaise idée.

L'inconnu lui attrapa soudain le bras. Sa poigne était ferme, presque douloureuse. Millicent lui jeta un regard furieux, en lui ordonnant de la lâcher. Mais l'homme ricana.

« Ça fait tellement longtemps que j'ai envie de te parler, je ne vais pas te lâcher maintenant, déclara-t-il.

- Laissez-moi, ou je hurle !

- Tu n'oseras pas, je le…

- Millicent ? »

Tel un ange tombé des cieux, Harry apparut, beau comme le jour. Millicent le trouva absolument magnifique. Enfin, c'était son sauveur, il ne pouvait qu'être magnifique…

Il adressa un charmant sourire à l'inconnu.

« Bonjour. Vous êtes son ami ?

- Je…

- Non, pas du tout, affirma l'étudiante.

- Ah bon, j'aurais cru. Dépêche-toi, on va louper la séance de ciné ! Je t'ai cherchée partout ! »

Le jeune homme lui attrapa la main et la tira dans les rayons, laissant l'inconnu derrière eux. Harry ne lâcha sa main que quand ils furent à l'extérieur, afin d'ouvrir un petit coffre renfermant un casque de moto qu'il tendit à Millicent.

Harry avait un sourire doux sur le visage. Le genre de sourire qui vous rassure et vous met du baume au cœur. Elle avait envie de le serrer fort dans ses bras.

« Merci d'être venu. Désolée pour le dérangement.

- Y'a pas de quoi. »

Il lui demanda son adresse, puis il l'aida à enfiler son casque. Tous deux campés sur la moto, ils foncèrent sur les routes de la capitale, jusqu'à arriver chez Millicent. Harry ne connaissait pas vraiment ce coin-là mais il trouva l'adresse et déposa la jeune fille qui l'embrassa sur la joue pour le remercier, quand elle eut ses deux pieds posés sur le sol.

Harry lui fit cependant quelques petites recommandations : elle devait absolument en parler à ses parents ou, sinon, cela pouvait dégénérer. Millicent rougissait, elle ne savait pas vraiment comment leur en parler, et elle avait peur des conséquences…

« Millicent, il faut que tu en parles à tes parents, c'est important. »

Il était ferme et bien campé sur sa position. Il tenta de trouver une explication sans parler de sa vie personnelle, qui n'intéressait absolument personne.

« Millicent… Ce genre de personne te suivra jusqu'à ce que tu en ais assez, et à ce moment-là, il prendra vraiment contact avec toi. Il pourra alors s'imaginer plein de choses…

- Il ne peut rien s'imaginer si je ne lui parle pas beaucoup !

- J'avais une amie qui était suivie, elle aussi. L'homme la suivait partout et il avait fini par tout savoir d'elle. Alors il a décidé qu'elle devait lui appartenir. Dans tous les sens du terme. »

Millicent sembla pâlir. Elle demanda ce qui était arrivée à cette fille, Harry lui répondit qu'elle en avait parlé à ses parents et tout s'était arrangé. Il préféra éviter de dire que cette fille, c'était lui. Mais ces quelques phrases semblèrent troubler l'étudiante qui lui promit timidement qu'elle ferait un effort et elle en parlerait à sa mère.

Elle lui promit aussi que, si cette situation se reproduisait, elle l'appellerait. Millicent fut touchée par son inquiétude, qui était sincère. Elle entra chez elle, soulagée, alors que Harry regardait autour de lui en se traitant d'abruti. Ce gars n'était plus là, et s'il les avait suivis, Harry l'avait semé avec sa moto. Il avait roulé si vite… Millicent n'avait pas dû s'en rendre compte.

OoO

Il était tard. A peu près vingt-deux heures. Harry devait s'être couché, il avait l'air fatigué. Il était arrivé en catastrophe dans la boutique, ayant du retard sur son rendez-vous. Par chance, le client non plus n'était pas à l'heure, et il n'était pas particulièrement impatient de commencer son énorme tatouage dont Harry ne voyait plus le bout.

Sirius et Isaline étaient dans la cuisine. Sirius fumait une cigarette, tandis qu'Isaline regardait vaguement la télévision posée sur le réfrigérateur. Le silence régnait depuis une bonne dizaine de minutes. En fait, depuis que Harry était passé leur dire bonne nuit, avant de s'enfermer dans sa chambre.

Ça devait faire une bonne semaine que Sirius s'était installé chez eux, et il ne semblait pas décidé à rentrer. Enfin, il avait bien envie, lui, mais sa moitié depuis environ trois ans n'était absolument pas d'accord. Et impossible de lui faire changer d'avis depuis que Harry avait pris son parti.

Cela avait été assez étonnant de sa part. D'habitude, son filleul était toujours de son côté, mais cette fois-ci, bien que le jeune homme ait toujours la même attitude envers son parrain, il considérait que Severus avait tout à fait eu raison de jeter son amant dehors. Et cela avait fichu un sacré coup dans le moral de Sirius, qui prenait encore plus conscience de sa connerie.

A vrai dire, elle n'était pas énorme. Mais il y en avait eu trop du même genre avant pour que ce soit admissible. Cela avait démarré par une dispute houleuse entre les deux amants : Sirius s'était pris d'une nouvelle lubie, la musculation à outrance, et Severus ne supportait plus de faire toutes les tâches ménagères et de passer sans cesse derrière lui, car Sirius ne faisait plus grand-chose à part se muscler et taper sur son ordinateur afin de poursuivre son nouveau roman.

Furieux, Sirius avait alors quitté l'appartement et, pour se calmer, il était allé au salon de remise en forme. Puis, suivant quelques amis, il était allé boire un coup. Pour revenir ensuite chez lui avec un homme qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Autant dire que Severus fut moyennement content de voir son amant se faire embrasser de façon indécente sur son pallier.

Ce genre de situation était arrivé rarement, et les fois où cela s'était produit, Severus avait fini par pardonner, après plus d'un mois d'abstinence et nombre de corvées et caprices. Mais, là, cela avait été la goutte qui faisait déborder le vase. Sirius avait à peine eu le temps de faire ses valises et de s'excuser, soudain dessoulé, que le professeur le jetait hors de chez lui sans ménagement.

Il avait fait une belle connerie. Pas énorme, mais suffisamment pour que Severus pète un câble. A sa place, Sirius aurait été énormément blessé, mais il n'avait pas réfléchi à ses actes. Comme toujours. Il ne réfléchissait qu'après avoir commis la faute. Et il se rendait encore plus compte de ce qu'il avait fait maintenant que Harry était du côté de Severus.

Isaline, comme à son habitude, lui avait dit ses quatre vérités sans pour autant le laisser tomber. Elle savait que cela allait s'arranger, comme d'habitude, mais d'ici là, il valait mieux garder Sirius en un seul morceau et ne surtout pas le laisser se lamenter dans un coin de Paris à se bourrer la gueule.

Elle savait qu'il en serait capable. Il avait beau avoir du caractère, Sirius avait ses faiblesses, apparues à sa sortie de prison. A cette époque, il déprimait pour un rien, et par moment, même après tant d'années, cela lui revenait. Surtout qu'il tenait à Severus. Toutes ces erreurs qu'il faisait, il ne s'en rendait pas toujours compte. Son caractère fort et irraisonné s'était accentué comme ses moments de pessimisme après sa sortie de prison, et son amant en avait fait plus ou moins les frais, tentant de maîtriser cet homme blessé sans pour autant y arriver totalement.

Il y avait des choses qu'on ne pouvait changer. Et alors qu'il écrasait sa cigarette dans le cendrier, il songeait que, pourtant, il s'était amélioré, au contact de Severus, d'Isaline. De Harry et Nymphadora. Mais cette cigarette consumée dans le petit récipient de verre, elle n'avait jamais quitté ses lèvres…

« Je vais me coucher.

- Ouais, moi aussi, soupira Isaline en se levant pour éteindre la télévision.

- On dort ensemble ? »

Elle stoppa son geste et se retourna lentement vers lui. Sirius la regardait comme un enfant. Elle se souvint de toutes ces nuits où il venait chez elle, quand son père était encore vivant et qu'il tenait seul avec un employé la boutique. Elle se souvint de toutes ces soirées où, défait, il lui demandait juste de rester avec elle. Parce qu'il avait honte d'aller chez James, qui vivait dans une famille si aisée, si belle, si chaleureuse.

Il y avait des blessures qu'on ne pouvait soigner et qu'on ne pouvait dévoiler aux autres. Il avait osé les montrer à cette gamine mal fringuée et aux cheveux colorés, car elle savait les soigner, et elle avait vécu ça, elle aussi. Mais Sirius n'avait jamais réussi à avouer ses souffrances à James, jusqu'à ce qu'il les découvre lui-même. Il essaya de comprendre, mais il n'avait jamais été frappé par ses parents. Il n'avait jamais reçu la moindre claque.

Ils n'avaient même pas une quinzaine d'années, à l'époque. James en voulut à Sirius, Lily et Peter ne comprirent pas pourquoi il préférait se confier à cette fille bizarre plutôt qu'à eux. Seul Remus sembla saisir pourquoi, il ne fit jamais aucune remarque à son ami. Il fallut que Sirius aille à l'hôpital pour qu'ils comprennent qu'Isaline n'était pas la file qu'elle semblait être. A partir de ce moment-là, elle devint leur amie, et tous s'attendirent à ce que Sirius et elle sortent ensemble. Mais ce ne fut jamais le cas, Sirius était irrémédiablement homosexuel. Ce qui l'avait en partie conduit à sa perte.

Isaline poussa un long soupir. Elle était fatiguée et nullement d'humeur à argumenter, ce que Sirius vit tout de suite.

« Allez, au dodo. »


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !