Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
Hello everybody !!
Lys : Genre, tu sais speaker anglais...
XD !! Troisième chap de Papillon !
Bonne lecture !
Chapitre 3
Ron regarda sa montre. Il était un peu en retard, mais bon, Harry ne lui en voudrait pas. Lui-même semblait abonné aux retards. Mercredi, alors qu'il venait le voir, le rouquin avait bien dû attendre une bonne demi-heure avant que Harry s'apparaisse, chevauchant sa moto. Il lui avait dit qu'il avait eu un truc urgent à faire, sans lui avouer que Millicent s'était fait sérieusement aborder par cet inconnu. Enfin, maintenant, ils avaient son nom et son visage.
Le rouquin passa la porte de la boutique. Il n'y avait personne. C'était assez étonnant, pour un samedi. Il appela Harry, qu'il entendit dévaler les escaliers pour le rejoindre. Il lui fit un sourire désolé tout en s'avançant vers lui pour lui serrer la main.
« Désolé, j'ai pas vu l'heure. Tu vas bien ?
- Ouais, ça va. Y'a personne, c'est normal ? Demanda le rouquin.
- Tata et Sirius sont allés faire des courses. Teddy tousse, alors Nymph' l'a amené chez le toubib.
- C'est bien le seul gosse capable de tomber malade par une chaleur pareille.
Harry haussa les épaules. Il faisait très chaud, c'était vrai, mais il lui était arrivé d'avoir une crève pas possible alors qu'il faisait trente degré à l'extérieur.
La séance put commencer. Ron s'installa, retirant son tee-shirt pour révéler son torse pâle. De, son côté, Harry préparait sa machine. Il le faisait toujours devant le client afin de montrer que les aiguilles n'avaient pas été utilisées avant, en autre. Puis, il s'y mit, le visage sérieux, ses yeux verts posés sur la peau pâle de Ron. Ses lunettes étaient posées sur son nez fin, ajustant sa vue quelque peu déficiente.
« Au fait, Molly va bien ? Ça fait un bout de temps que je ne l'ai pas vue.
- Ouais, elle va bien. Je leur ai montré mon tatouage !
- Et alors ? Fit Harry en souriant.
- Maman a fait une très bonne imitation du poisson rouge. »
Ils eurent un petit rire, alors que Harry imaginait très bien Mrs Weasley atterrée de voir un tatouage défigurant la peau tendre de son cher fils. Enfin, elle avait accepté que son fils continue. Il était de toute façon trop tard pour y remédier. Et puis, ce n'était pas trop extravagant.
« Il faudrait que je passe, un de ces jours.
- Pourquoi pas demain ? Proposa Ron.
- Ouais, pourquoi pas ? »
Le téléphone sonna. Harry leva les yeux du tatouage puis les baissa. Il savait qui c'était. Ron voulut lui dire d'aller répondre mais il comprit, en voyant le visage assombri de son ami, qui était en train de téléphoner. Le rouquin poussa un soupir exaspéré.
Harry entendit le téléphone sonner plusieurs fois avant qu'il ne se taise. Il y avait eu une violente dispute au téléphone, la veille, entre Sirius et Severus. Son parrain avait tenté un rapprochement par téléphone, ce qui avait été un lamentable échec. A cette heure-ci, ce ne pouvait-être que Severus qui voulait en terminer avec toute cette histoire. Sirius avait été très blessant et il lui avait raccroché au nez.
« Comment tu fais pour savoir que c'est Rogue ? Demanda Ron.
- C'est simple : si ça avait été important, on aurait appelé sur mon portable. A cette heure-ci, qui appellerait sur le fixe ?
- Quelqu'un qui n'arrive pas à vous joindre ?
- Ou quelqu'un qui ne veut joindre personne sauf Sirius. »
La conversation était close, et Harry le fit bien comprendre à Ron. Il n'avait pas du tout envie de parler de ça. Il préféra s'apaiser en prenant des nouvelles de la famille Weasley, et surtout de Charlie. Spécialisé dans l'étude des reptiles en tout genre, il partait régulièrement dans le monde au grand dam de sa mère qui aurait préféré qu'il reste en Angleterre au lieu de vagabonder dans elle ne savait quel pays pour regarder ces bestioles répugnantes.
Tout en discutant, Harry s'appliquait à remplir les tribales de noir. Il savait qu'il n'aurait pas terminé cet après-midi-là, et il l'indiqua à Ron qui accepta de prendre un troisième rendez-vous. Il n'était plus à ça près, ça faisait déjà deux fois qu'il venait. Et autant prendre son temps plutôt que de le finir à la va-vite.
Au bout d'un long moment, la porte d'entrée s'ouvrit. Harry n'eut pas besoin de lever les yeux, il entendit la voix de Millicent, et celle des autres étudiants. Il sentit une étrange angoisse le prendre à l'idée que le blond soit là, et quand il leva la tête pour sourire à sa cliente, il l'aperçut. Cet étudiant blond.
Il n'était pas laid, c'était certain. On pouvait même dire que c'était un beau gosse. Peut-être un peu plus grand que lui, assez fin, un visage bien dessiné et pâle, des cheveux blonds qui tombaient à peine sur ses épaules… et deux yeux bleu gris… Vraiment, c'était un beau garçon, et il se dégageait de lui une aura imposante. Il avait du charisme, de la prestance.
A vrai dire, Harry avait pensé à lui. A son visage, à ses cheveux… Mais le voir à nouveau, affronter son regard, cela ne lui était pas agréable du tout. Il repensait à cette sensation d'oppression alors que le blond le regardait avec insistance. Harry ne supportait pas qu'on le regarde, ou du moins de cette façon-là. Et pourtant, il n'y avait pas de malsain dans ses yeux, rien de vulgaire, de mauvais.
Millicent s'avança vers lui et lui fit la bise. Il était venu la « sauver » deux fois, elle se sentait un peu plus proche de lui. Elle avait parlé de son problème à ses parents qui avaient prévenu la police. Cette affaire était en train de s'arranger.
« Vous êtes en avance, non ?
- Millicent avait hâte de te voir, glissa Blaise.
- Mais n'importe quoi ! »
Les joues de la jeune fille étaient en feu. Harry eut un petit rire. Ron en rajouta une couche.
« Harry est un vrai bourreau des cœurs.
- Non mais ça va, oui ? C'est pas moi qui me fais draguer par Parvati.
- Tu l'as vue ?! »
Harry lui fit un sourire amusé et ne répondit pas. Ron tenta de le faire céder mais son ami avait toujours ce sourire ironique sur le visage. Blaise voulut en savoir plus et le rouquin avoua qu'une fille voulait sortir avec lui, mais elle avait bien dû se taper tout le quartier. Elle et sa frangine s'affrontaient, à celle qui aurait le plus de mecs. Ou celle qui aurait le plus beau gars. Ron n'était pas vraiment tenté par ce genre de filles superficielles.
« Faudra que tu me la présentes ! S'exclama Blaise.
- Si tu veux, j'en serai débarrassé. »
Harry allait ajouter quelque chose quand il vit une voiture se garer devant la boutique. Il poussa un soupir à fendre l'âme. Millicent l'interrogea du regard, tandis que la porte de la boutique s'ouvrait.
Draco et Blaise furent abasourdis de voir leur professeur de fac, M. Rogue, entrer dans cette boutique aux murs recouverts de motifs de tatouages. Vêtu de noir de la tête aux pieds, les cheveux coupés aux épaules et un visage sévère, il n'avait rien d'avenant, du moins à ce moment-là.
« Professeur… Balbutia Blaise.
- Mais qu'est-ce que vous faites-là, vous deux ? Demanda Rogue.
- Ils accompagnent une amie. »
C'était Harry qui venait de répondre. Il avait le visage fermé, concentré sur sa tâche. Ignorant les étudiants, Rogue s'avança dans la pièce, jetant un regard perçant au jeune tatoueur.
« Harry, on doit parler.
- Y'en a qui bossent, je te signale ! »
Il semblait plus énervé qu'autre chose, et cette remarque sembla faire exploser le professeur, qui se dirigeait vers la porte qui menait à l'intérieur de la maison.
« Où est ce sale clébard ?!
- Il est dehors avec Tata. Et si tu es venu pour taper un scandale, tu peux rentrer chez toi ! »
Severus le foudroya du regard, les poings crispés et au bord de l'explosion.
« Mais de quel côté tu es ?! Du sien ou du mien ?
- Mais vous commencez vraiment à me faire chier avec cette histoire ! »
Rageur, Harry se leva, posa son appareil sur le comptoir et disparut hors de la pièce en claquant la porte derrière lui. Ron poussa un soupir exaspéré alors que des cris se faisaient entendre, derrière, où la voix rauque du professeur se mêlait à cette plus claire du tatoueur.
Draco et Blaise étaient tout simplement hallucinés. Ils regardèrent Ron, qui grimaçait. Il ne savait pas vraiment comment expliquer la situation. Surtout qu'ils semblaient connaître Rogue… Il n'allait quand même pas leur dire que leur vénéré professeur était un gay et casé avec un écrivain volage et stupide ? Ça ferait mauvais genre…
« Heu… Il se passe quoi, en fait ? Fit Millicent.
- Comment expliquer… »
Ils entendirent Harry hurler quelque chose d'incompréhensible, et en anglais, alors que Rogue lui répondait sur le même ton. Ça chauffait, là-derrière…
« Disons que Rogue a un petit différent avec la personne avec qui il est en couple… »
Mouais… On avait vu mieux comme explication, mais il valait mieux qu'il évite de dire que la personne en question n'était pas une fille. A moins que Sirius ait changé de sexe entre temps, mais à sa connaissance, il avait encore son service trois pièces entre les jambes.
« Et quel est le rapport avec Harry ? » Demanda Blaise.
Connard… Songea le rouquin. Il n'allait pas répondre que cette personne avait promis, à l'église lors du baptême de Harry, de le protéger toute sa vie s'il arrivait le moindre malheur à ses parents… Il passerait vraiment pour un abruti…
Il n'eut pas le temps de dire quoique ce soit de plus que la porte du garage grinça. Il y eut un silence de mort, dans la maison. Et, soudain, les hurlements explosèrent, les faisant sursauter. Ils entendirent surtout Rogue et la voix d'un autre homme, ainsi que celle de Harry et d'une femme.
« Dispute familiale ? Proposa Hermione, gênée.
- Mouais… on va dire ça… »
Ron était exaspéré. Il aurait bien voulu essayer d'arranger la situation mais il savait parfaitement que cela serait inutile : si Harry et Isaline ne pouvait rien faire, alors lui ne servait pas à grand-chose.
D'ailleurs, en parlant de Harry, il revint dans la boutique, excédé. Sans prononcer un mot, il reprit place sur son tabouret, attrapa son appareil et s'apprêta à continuer son travail, alors que les cris continuaient de fuser à l'étage. Un silence de mort régnait dans la boutique, jusqu'à ce que Ron le trouble.
« Heu… Harry ? Il vont s'entretuer, là…
- Et alors ? Ça me fera des vacances !
- Mais je crois que Rogue va assassiner Sirius, là…
- Ils sont majeurs, vaccinés, qu'ils se démerdent ! »
Le brun reprit son appareil et indiqua à Ron de ne plus bouger, ils reprenaient. Sans un mot, le rouquin se remit en place, n'osant protester : Harry semblait particulièrement énervé, et il fallait dire que les cris, à l'étage, n'y était pas pour rien.
Soudain, ils entendirent un bruit de verre cassé. Ils levèrent tous les yeux vers le plafond, comme si cela pouvait leur permettre de savoir ce qui se passait là-haut.
« Ah, ils sont passé à l'étape supérieur, fit Ron en soupirant.
- Ouais : ils se balancent les vases.
- A quand les assiettes ? »
Tandis que Harry soupirait tout en reprenant son travail, Draco et Blaise se regardaient, stupéfaits : ils avaient du mal à comprendre ce qu'on criait, là-haut, mais ils avaient bien compris que la dispute avait lieu entre deux hommes, dont le professeur Severus Rogue, et ils avaient nettement entendu le prénom Sirius. Ils avaient comme loupé un épisode…
« Il se passe quoi, au juste ? Fit Blaise.
- Vous êtes des élèves de Severus ? »
Blaise et Draco acquiescèrent, tandis que Hermione et Millicent répliquaient qu'elles étudiaient le droit. Ils entendirent une femme hurler qu'ils n'étaient que des abrutis à s'engueuler comme du poisson pourri, et Harry ne se sentit pas du tout d'humeur à ménager ces pauvres élèves de médecine.
« Severus se dispute avec sa moitié. »
Un ange passa. Même deux. Ron éclata de rire en voyant le visage des deux bourges mais Harry réussit à se retenir.
« De quoi ?! »
Harry haussa les épaules et se concentra sur le tatouage de Ron qu'il termina, sans répondre aux questions pressantes du black. Ce dernier n'aurait jamais imaginé que leur professeur fût gay. En fait, il l'aurait plutôt imaginé en éternel célibataire, sans vie sociale et enfermé dans ses bouquins. Ce qui était à peu près vrai avant que Sirius ne se mette à lui courir après comme un chien après un lapin. Quoique, Severus ne rappelait pas vraiment un lapin mais plutôt une chauve-souris…
Soudain, les cris cessèrent. Il y eut un bruit de pas dévalant les escaliers, puis d'une porte qui claque. Harry se demanda vaguement qui de Sirius ou Severus avait craqué, jusqu'à ce qu'il entende à peu près le même bruit quelques secondes plus tard. Tandis qu'il appliquait un pansement sur le bras de son meilleur ami, les talons d'Isaline tapait lentement sur les marches. Elle poussa la porte de la boutique et poussa un soupir à fendre l'âme.
« Severus s'est barré en claquant la porte et Sirius a fait pareil. Je vais le chercher avant qu'il ne fasse une connerie. Tu t'occupes de la boutique ?
- Tu peux pas appeler Nymph' ?
- C'est son jour de congé ! Si des clients viennent, tu prends rendez-vous. Avec leurs crises de couple, ils vont finir par me faire couler, ces deux crétins… »
Et elle disparut, en continuant de rouspéter. Harry soupira, alors que Ron disait que, en effet, à force de courir partout pour éviter que Sirius ne fasse des siennes quand Nymph' n'était pas là, la boutique aurait du mal à tenir debout.
« Remarque, t'es assez beau gosse pour attirer les clients ! Fit le rouquin avec un sourire moqueur.
- Espèce d'idiot. Si ça suffisait, la boutique serait pleine ! »
Millicent et Hermione gloussèrent malgré elle, tandis que Harry regardait vaguement sa montre. Puis, il fit un magnifique sourire à sa cliente qu'il invita à prendre place. Ron se leva, et tandis que Millicent s'asseyait et retirait son pull pour se retrouver en débardeur, le rouquin précisa à son ami qu'il le paierait la semaine qui venait, promis juré. Enfin, ce n'était pas comme si Harry était très inquiet quand il s'agissait de le payer, mais Ron aimait que les choses soient bien faites. Il regarda sa montre et soupira : il était temps qu'il s'en aille, il avait promis à sa mère de l'accompagner pour faire ses courses.
« Hey, oublie pas de m'appeler le jour où tu lui montres ton tatouage !
- T'inquiète pas, tu seras aux premières loges ! »
Il voyait déjà ça d'ici… Ron s'en alla donc gaiment, en préférant ne pas penser aux quantités astronomiques de nourriture qu'il allait devoir pousser dans le caddy de sa mère. Il adorait sa maman, mais maintenant que seule Ginny vivait chez elle, elle pourrait quand même réduire un peu les doses…
Harry se retrouva donc seul avec Millicent, qui lui présentait son tatouage dont seuls les contours noirs étaient tracés, ainsi que les trois autres étudiants. Il mit en place son appareil, comportant aiguille et encre, et il put commencer à remplir de couleur l'étalon dessiné sur l'épaule de la jeune fille.
Tout en travaillant, et sans quitter une seule fois son travail des yeux, il discuta avec les étudiants. Il apprit entre autres que la fille aux cheveux ébouriffés était étudiante en droit, avec Millicent. Le black et le blond, en revanche, allaient dans une fac de médecine, où enseignait Severus Rogue. Une telle coïncidence étonna un peu Harry, mais ce fut au tour des étudiants d'être stupéfait en apprenant que le compagnon de leur professeur, en plus d'être un homme mais ils le savaient déjà, était le parrain du tatoueur. Ils se firent donc une image caricaturale d'homme baraqué dont la peau été ravagée par les tatouages. L'image était erronée : certes, Sirius était loin d'être un spécimen délicat et androgyne, mais ce n'était pas pour autant que sa peau était recouverte d'encre… Bon, il avait quelques tatouages, mais pas tant que ça…
Tandis qu'il discutait, Harry continuait à sentir le regard du blond dans son dos, et cela lui procurait une gêne terrible, pire qu'une piqûre de moustique male placée. Il sentait la colère monter à nouveau en lui : Harry avait horreur d'être maté. Vraiment, il ne le supportait pas, que cela vienne d'un garçon ou d'une fille. Etre dragué était différent : la personne vous regardait droit dans les yeux. Quand quelqu'un le regardait, c'était quand lui avait les yeux baissé, et toujours de façon insistante, comme pour le forcer à lever les yeux.
Le portable de Millicent sonna. Celle-ci s'excusa, puis elle attrapa son téléphone et répondit, à l'aide de son bras tatoué. Harry leva alors les yeux vers le blond mateur.
Il l'avait déjà fait une fois, et à ce moment-là, toute colère s'était évaporée de son esprit. Et quand il plongea à nouveau son regard dans les yeux bleu gris de l'étudiant, il se sentit comme aspiré. Il avait vraiment des yeux magnifiques. Un regard franc, profond, qui semblait lire en lui.
Mais Harry était le genre de livre auxquels on s'intéressait sans jamais en comprendre vraiment le sens. Harry était un récit fait de lignes qu'on arrivait à suivre sans saisir la signification. Draco avait beau se plongé dans les yeux verts du tatoueur, il était incapable de voir que ce soit, hormis la beauté de ses iris.
Ce contact visuel fut brisé que Millicent raccrocha et se réinstalla. Harry lui sourit et poursuivit sa tâche, de façon soigneuse et appliquée. Quand il eut terminé, ils entendirent une porte s'ouvrir, à l'arrière, et deux fois : celle de la patronne et celle de celui qui devait être Sirius. Harry les ignora et laissa Millicent et ses amis filer : le paiement se ferait en plusieurs fois, il s'était déjà arrangé avec la mère de sa cliente.
Il suivit le groupe des yeux jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Plus précisément, Harry regardait le dos du blond, qui s'était retourné une fois. Il se sentait bizarre, et il s'insulta de façon assez vulgaire : mais qu'est-ce qui lui prenait ? Ce n'était qu'un inconnu dont il connaissait juste le nom, un étudiant prétentieux qui passait son temps à le déshabiller des yeux. Un petit con d'étudiant… aux yeux magnifiques.
Harry poussa un soupir. Malgré lui, il pensait au nom de cet inconnu : Draco. Un nom court, peu ordinaire. Un nom qui claquait, faisait son petit effet.
OoO
Draco dégaina son portable et le porta à son oreille. Il n'avait même pas regardé qui pouvait être son interlocuteur, et à l'instant même où la personne le salua, il le regretta.
« Draco, c'est Terry ! Je te dérange ?
- Plutôt, ouais. Qu'est-ce que tu veux ?
- Heu… En fait, c'est le cours de Martinez, j'ai pas trop compris le texte qu'il nous a demandé de lire… »
Draco poussa un soupir excédé. Ce n'était ni le jour ni le moment de lui demander une explication sur un texte qu'il avait lu et relu jusqu'à connaître chaque mot par cœur. Ou presque. Le professeur Rogue lui avait souvent dit que les textes étaient écrits pour être compris. Seuls ceux qui comprenaient le sens de ce qui était écrit étaient dignes de les lire. Blaise affirmait que, si c'était le cas, l'économie du livre serait en chute libre.
« Ecoute, Boot, j'ai autre chose à faire que de t'expliquer.
- Mais Draco, je dois absolument…
- Tu fais comme moi : tu te débrouilles avec ce qui te sert de cerveau. »
Et le blond raccrocha, sans même dire « au revoir ». Boot, bien qu'il soit assez sympathique, l'exaspérait. Draco et Blaise étaient toujours fourrés ensemble, mais cela ne voulait pas dire qu'ils étaient asociaux et qu'ils ne parlaient à personne. Au contraire, il leur arrivait de fréquenter d'autres étudiants et de se mêler plus ou moins aux groupes d'élèves. Terry Boot, qui avait été leur camarade de classe du temps du lycée, avait cru qu'il avait quelques privilèges, et qu'il pouvait donc joyeusement appeler Malfoy pour ses devoirs. Draco se devait donc de le remettre de temps à autre à sa place. Il se demanda vaguement comment il avait eu son numéro, mais en fin de compte, ce n'était pas important.
Enfin, Draco arrêta d'y penser. Il n'avait pas été sympa avec Terry, mais il fallait dire qu'il était d'assez mauvaise humeur, et ce pour deux raisons. D'abord, il devait donner des cours de soutien ce matin-là. Contrairement à certains étudiants, il n'avait pas besoin de bosser pour payer ses études et son loyer. Il vivait chez ses parents et sa famille était suffisamment aisée pour subvenir largement à ses besoins. Cependant, il donnait tout de même des cours régulièrement, pas spécialement pour avoir de l'argent de poche, mais surtout pour son père.
Lucius Malfoy était un homme d'affaires, appartenant à la noblesse anglaise. Draco, en bon fils qu'il était, donnait donc des cours aux enfants des collègues ou amis de son père. Etant donné qu'il n'avait pas suivi de filière économique, comme Lucius l'aurait souhaité, il se devait d'obéir au moindre désir de son père, qui voyait ses relations améliorées avec les parents concernés. Draco trouvait exaspérant de donner quelques heures de son temps à des nanas sans cervelles qui semblaient plus intéressées par la taille de son sexe que par celle des molécules.
Ce matin, comme tous les samedis, il se rendait chez un de ses studieux élèves, une jeune fille répondant au doux de Marie-Cécile, ce qui promettait d'être absolument passionnant. Enfin, après, il devait passer chez Patrick, ce qui n'était guère plus passionnant.
La seconde raison de sa mauvaise humeur était due tout simplement à Terry. Enfin, plutôt au fait qu'il l'ait appelé. Draco ne lui adressait plus du tout la parole, pour la bonne et simple raison qu'il était tout simplement obsédé par Harry, et Boot lui avait manqué de respect.
La veille, il l'avait revu, à la boutique. Il avait l'impression d'être une midinette boutonneuse. Mais son profil, son visage, ses yeux verts et ses cheveux ébouriffés où se perdaient quelques mèches rouges… Tout en lui attisait sa curiosité. Draco avait eu envie de lui parler, mais la présence des autres l'en avait empêché, tout comme son regard plongé dans le sien. Il ne l'avait pas montré, mais ce court échange l'avait cloué sur place.
Le tatoueur savait que Draco le regardait, et de façon insistante. Le blonde avait ressenti une sorte de rejet, mais cela s'était évanoui quand leurs regards s'étaient croisés. C'était stupide, Draco en avait conscience, mais il avait envie de revoir ces yeux émeraude, d'un vert si intense que c'en était irréel. Mais c'était terminé, il n'avait plus aucune raison de le revoir, et cela le mettait en rogne.
C'était toujours ainsi, quand quelqu'un lui plaisait. Et Harry lui plaisait. Mais ce n'était quelque quelques rencontres, un croisement dans le chemin de leur vie. Il ne le reverrait plus, il en était certain.
OoO
« Papillon de lumière ! Sous les projecteurs ! Papillon de lumière ! Revis dans mon cœur !! Dans mon cœur !!!
- Elles ont bu quoi ? De la vodka ?
- A chanter comme ça, elles vont faire peur à Teddy. »
Sirius éclata de rire. En effet, le pauvre gosse regardait sa mère et Isaline chanter plus ou moins faux tout en se dandinant. Il fallait dire qu'une boutique de tatouage, ce n'était pas vraiment le lieu pour s'expérimenter au chant et à la dance, mais bon, il n'y avait personne.
Harry tenait le jeune Teddy sur ses genoux. C'était un adorable petit garçon de trois ans. Il avait un visage en cœur comme sa mère, mais il avait hérité des yeux ambrés et des cheveux châtains de son père, Remus. D'après Isaline, les cheveux de Tonks étaient autrefois brun foncé, presque noir, mais Harry ne l'avait jamais vue avec cette couleur de cheveux, et Nymphadora affirmait qu'elle était née avec les cheveux roses. Moqueuse, Isaline lui avait demandé de se déshabillé pour voir si ses poils étaient roses, eux aussi. Ceux à quoi la jeune femme avait répondu par un oreiller en pleine figure.
Il y avait si peu de monde ce jour-là qu'Isaline avait posé la radio sur le comptoir, histoire de mettre un peu d'ambiance. Il avait suffi d'entendre le single de Cindy Sander pour qu'un vent de folie voltige dans la boutique : il avait fallu quelques secondes à peine aux deux tatoueuses pour se mettre à se danser sur la musique endiablée et à chanter, ou plutôt crier, les paroles d'une profondeur abyssale.
Quand la musique se termina, Harry crut que le massacre serait terminé, mais il se trompait. Bénabar se mit à chanter « L'effet papillon », et ce fut peut-être encore pire, car Sirius se mit aussi à chanter. Harry éclata de rire quand Teddy se mit à taper des mains et à se dandiner sur ses genoux. Sa maman le prit dans ses bras et dansa avec lui, ce qui faisait rire le petit garçon.
Le temps sembla s'arrêter. Harry, assis devant le comptoir, regardait Nymphadora, avec ses cheveux roses qui tombaient sur ses épaules en mèches colorées, ses piercings aux oreilles et à l'arcade sourcilière, ses vêtements flashy, et cet anneau qu'elle portait à la main gauche. Nymphadora, mordant la vie à pleines dents, son fils dans ses bras.
Pendant quelques instants, Harry fit un saut en arrière, et il la revit, quand elle avait seize ans. C'était une jeune fille maigre, voire même squelettique. Ses cheveux étaient teints en un orange criard, son visage maquillé à outrance. Elle portait des vêtements déchirés, courts, qui cachaient à peine son corps d'adolescente.
La Nymphadora qu'il avait connu, ce n'était pas la femme épanouie qui chantait devant lui. Celle qu'il avait vue, pour la première fois, c'était une petite garce qui se mutilait les poignets et hurlait comme un porc qu'on égorge. Ce n'était qu'une gamine perdue qui traînait sur le trottoir sans savoir quoi faire pour s'en sortir. Elle en avait perdu la volonté, elle était enfermée dans un cercle vicieux dont elle n'arrivait pas à sortir.
Harry avait huit ans, à l'époque. Juste huit ans. Cela devait faire quatre mois qu'il vivait chez Isaline. Il voyait Tonks traîner dans les rues, devant la boutique. Elle lui faisait peur, mais sans doute pas autant qu'Isaline. Elle l'avait terrorisé, la première fois qu'il l'avait vue. Nymphadora, c'était juste une racaille, un fauve qui guettait ses proies, le regard farouche et le visage froid.
Un soir, sa tante disparut. Apeuré, il était resté dans la cuisine, attendant son retour. Il n'aimait pas quand elle s'en allait sans lui. Quand elle revint, elle soutenait Tonks, toutes deux trempées par la pluie qui tombaient au-dehors. Harry était resté à sa place, regardant ce chat mouillé qui tenait à peine sur ses jambes.
Nymphadora ne repartit plus jamais de la maison. Si, une fois. Mais, dans le fond, elle était toujours là. Elle tenta à plusieurs reprises de s'enfuir de la maison, mais elle échoua à chaque fois. Isaline la giflait, lui criait dessus. Harry entendit des mots, dont il ne comprenait pas le sens, à l'époque : « passe », « fric », « salope ». Nymphadora pleurait beaucoup, elle vomissait beaucoup, elle était malade. Harry, petit garçon qu'il était, avait essayé de l'approcher, mais elle lui donnait des coups de griffe.
Un jour, elle réussit à s'enfuir de la maison. Mais elle revint. Nymphadora n'avait nulle part où aller. Personne n'était gentil avait elle. Isaline était la seule à l'avoir regardée, à l'avoir prise dans ses bras. Elle était la seule à lui avoir dit ses quatre vérités, et à continuer à la soutenir. Et Nymphadora avait réussi à s'en sortir. Elle avait cessé d'être cet animal sauvage qui ne voyait le monde que comme une jungle féroce. Elle avait une maison. Une famille. Une maman, Isaline. Un grand frère, Sirius. Un petit frère, Harry.
Quand Sirius était venu à la maison, il avait été comme Nymphadora. Après s'être réchauffé, il avait tenté de s'enfuir, d'échapper aux gifles et aux remontrances. Mais il était comme eux : Sirius était un chien perdu qu'Isaline avait récupéré dans la rue. Comme Harry, comme Nymphadora. Ils étaient tous des enfants perdus qu'elle avait ramenés chez elle. Dans son monde imparfait et instable. Mais dans un monde où il faisait chaud, et où on avait sa place.
Un sourire fleurit sur ses lèvres. Elle était belle, Nymphadora, tournoyant avec son petit garçon dans ses bras. Elle était belle comme un cœur.
OoO
Il pleuvait des cordes. Harry était dégoûté. Lui avait envie de courir, il pouvait toujours aller se rhabiller. Il soupira et, de dépit, sortit de sa chambre. Leur maison se composait ainsi : au rez-de-chaussée, derrière la boutique, se trouvaient la cuisine, un cagibi, le salon et une petite pièce qui leur servait de salle de sport. A l'étage, il y avait trois chambres, celles d'Isaline, d'Harry et une petite chambre d'amis, la salle de bain et les commodités.
Isaline n'était pas particulièrement sportive, mais tant qu'à faire, elle préférait rester en forme. Quant à Sirius, il avait besoin de se muscler pour se sentir bien. Isaline avait donc acheté deux appareils, au fil des années : un tapis de course et un appareil pour muscler les bras. Ces appareils avaient coûté assez chers, mais Isaline préférait faire ça chez elle et ne pas se faire mâter dans les centres.
Harry rentra dans leur salle de sport improvisée. Un lit était posé dans un coin, le tapis de course devant la fenêtre et l'autre engin le long d'un mur. Harry commença par courir sur le tapis, les écouteurs de son baladeur dans les oreilles. Il courut pendant une vingtaine de minutes, avec une certaine facilité. Il aimait courir, cela le détendait, et le bruit régulier de la pluie le rendait un peu nostalgique.
Un souvenir lui revint. Il pleuvait aussi, ce jour-là. Harry s'était enfermé dans sa chambre, caché sous ses draps. Il tremblait de peur et pleurait. C'était en plein jour, il avait renversé la brique de lait dans la cuisine. Isaline travaillait dans la boutique, elle n'avait entendu que ses petits pas montant les escaliers quatre à quatre, au risque de tomber.
Il pleuvait des cordes et le ciel était gris. Un peu comme aujourd'hui. Mais à ce moment-là, Harry avait huit ans. Harry n'avait pas le corps tatoué. Il n'y avait pas de noir sur sa peau, mais les bleus des coups. Terrifié, recroquevillé dans son lit, il attendait qu'Isaline vienne le corriger. Et elle était venue, ouvrant doucement la porte. Elle s'était glissée dans le lit et avait prit l'enfant dans ses bras, pour le serre contre son cœur.
Alors qu'il courrait sur le tapis, Harry sentait les larmes monter à ses yeux. Il les ferma quelques secondes, se rappelant la chaleur et la tendresse de son étreinte. Lui qui n'avait subi que des coups, qui n'avait jamais connu les caresses d'une mère, il se sentait fondre contre cette femme, qui lui proposerait un petit peu plus tard de boire un grand verre de lait avec du sirop de fraise.
Harry aimait la pluie. Parce que c'était un son triste, mais qu'il n'était jamais malheureux. Parce que Tata était toujours là pour le faire sourire. Elle n'avait jamais vraiment eu d'amant, elle n'avait jamais été mariée. Elle avait toujours vécu pour Harry, pour son fils. Il savait qu'elle aurait souhaité autre chose pour lui : une bonne situation, une jolie maison. Elle aurait souhaité une autre vie pour lui. Et à chaque fois qu'il le pouvait, Harry lui disait à quel point il l'aimait, et à quel point sa vie était belle. Si belle, comparé à celle qu'il aurait vécu si elle n'avait pas été là.
« T'écoute quoi ? »
Harry tourna la tête vers sa tante qui avait enfilé son jogging et un débardeur. On était lundi, la boutique était fermée. Son neveu eut un large sourire et se mit à fredonner. Isaline leva les yeux en ciel en souriant l'air, et se mit à chanter les paroles.
« Appelle mon numéro, j'humeur à zéro, appelle mon numéro…
- J'ai le sang si chaud…
- Appelle mon numéro, viens dans mon sillage…
- Ni trop sage, ni collage…
- Juste ce qu'il me faut… »
Harry éclata de rire, vite suivi par Isaline. C'était leur chanson du moment : après avoir vu le clip, qui était certes joli mais loin d'être fantastique selon eux, ils n'arrêtaient pas de la chanter. Au moins, Isaline arrêtait de chanter Papillon de lumière à tout bout de champ, un chef-d'œuvre de la variété française.
« Ah, cette brave Mylène, elle vieillit pas. T'as bientôt fini ? »
Harry regarda le compteur et acquiesça. Quelques secondes après, le tapis s'arrêta, et il s'assit sur le lit, tandis que sa tante montait sur le tapis et le mettait en marche. Harry reprit son souffle, tout en regardant sa tante courir.
« Au fait, Molly organise une petite fête pour l'anniversaire de Bill. Va falloir lui trouver un cadeau.
- Qu'est-ce qu'on pourrait lui offrir ?
- Un abonnement aux Echos ? Proposa la blonde.
- Il doit déjà avoir. »
Isaline pouffa. Bill était l'aîné des enfants Weasley et il travaillait dans une banque. Il était marié à Fleur, une jolie blonde, et ils avaient eu récemment une petite demoiselle qui portait le nom de Victoire. Isaline s'était demandé si c'était en rapport avec leur mariage, car il fallait dire que tous deux avaient un sacré caractère. Harry aurait plutôt pensé que c'était parce que Molly pensait, en son for intérieur, qu'ils n'étaient pas fait pour être ensemble. Ron leur avait dit qu'ils étaient mauvaise langue. Sans blague ?
« Il me semble que Ron m'a dit qu'ils se cotisaient pour lui offrir une moto.
- Eh bien on va lui offrir la veste qui va avec, qu'est-ce que tu en dis ? Je l'appellerai tout à l'heure. Et toi, pas question de t'échapper, tu viens avec moi. »
Harry n'était pas vraiment enchanté. Qui disait Weasley disait Ginny, et Ginny rimait avec « ennuis ». Il n'allait pas jusqu'à dire qu'il la fuyait, mais la veille, Ron était passé le voir, et il lui avait dit clairement que Ginny voulait sortir avec lui. Ron n'y voyait pas vraiment d'inconvénient, au contraire, ça l'arrangeait : comme ça, sa sœur arrêterait de lui casser les pieds. Mais il savait parfaitement que Harry, bien que bisexuel, était plus tourné vers les hommes. Mais bon, au moins, il lui avait dit.
« Pourquoi tu ne mettrais pas les choses au clair avec elle ?
- J'ai essayé, Tata. Mais elle ne veut pas comprendre. Et puis… sortir avec quelqu'un, ça me tente pas.
- Sois pas comme moi, Harry. Faut pas que tu finisses vieux et aigri comme ta tante.
- Qu'est-ce qui te plairait comme gendre ? Blond aux yeux bleus ? »
Isaline faillit s'arrêter de courir, et donc de se casser lamentablement la figure par terre. Harry eut un petit rire. Si lui avait du mal à oublier ce bel étudiant, ou plutôt ses yeux bleu gris, Isaline ne l'avait pas du tout effacé de sa mémoire. Elle se souvenait parfaitement comment il avait maté son neveu et elle n'avait pas aimé du tout.
« Me ramène pas un gars pareil à la maison, Ryry.
- Pourquoi donc ? Demanda Harry d'un air innocent. Il est canon.
- Je veux pas de gosse de bourges chez moi, canon ou pas. C'est le genre de mec qui te prend de haut, comme si t'étais une merde.
- Tu exagères.
- Dans ma jeunesse… Hey, la baleine, rigole pas comme ça. Donc, disais-je, dans ma jeunesse, j'ai connu un bourge un peu comme ça, qui pétait plus haut que son cul. Il portait le doux nom de James Potter. Crois-moi que ta mère lui a fait comprendre c'est qui le patron. »
Isaline songea que, si Harry sortait avec un bourge, il le dresserait comme sa mère avait dressé son père. Enfin, autant prévenir que guérir : Isaline n'était aisée, elle avait un train de vie modeste et peu de diplômes. Enfin, un petit truc de comptabilité, mais rien de très attrayant. Harry en avait autant qu'elle, et il était hors de question qu'il se laisse marcher sur les pieds. Cela lui était déjà arrivé une fois, elle ne voulait pas que cela se reproduise.
Mais la tatoueuse était peu rassurée : Harry avait le regard rêveur. Il songeait sûrement à ce blondinet, et elle espérait qu'il ne mette plus jamais les pieds ici. Elle savait qu'elle le protégeait un peu trop, mais c'était son bébé, même s'il avait dépassé la vingtaine.
« Tiens, mais où est Sirius ?
- Notre Dom Juan est allé présenter ses plus sincères excuses à Severus. Prions pour son âme. Allez musclor, monte sur la machine. »
Harry se leva du lit, se tirant de ses pensées, et tandis que sa tante continuait de courir, il fit travailler ses muscles.
OoO
Millicent sortit de l'université avec Hermione. Elles ne se quittaient jamais, toujours fourrées ensemble. Leur amitié datait du lycée, où elles avaient d'ailleurs connu Draco et Blaise. Toutes deux avaient comme projet de devenir avocat, et elles étaient bien parties pour atteindre leur but.
Aujourd'hui était un jour de grève. Quasiment de pas de bus et peu de métro. Hermione devait rentrer avec son père, qui avait réussi à se libérer pour venir la chercher. Mais personne ne pouvait prendre Millicent, qui n'habitait pas vraiment sur le chemin. Alors qu'elle appelait Harry, la veille, afin de prendre de ses nouvelles, ce dernier lui avait proposé de la ramener chez elle. Il n'était pas certain d'arriver pile à l'heure, mais il serait là pour la récupérer.
Une fois dehors, Millicent et Hermione cherchèrent une moto des yeux. Elle était rouge et noire, mais il y avait tellement de monde, de voitures et de motos qu'elles avaient du mal à y voir clair. Hermione retrouva son père, et ensemble, ils attendirent que Harry arrive. Il fut en retard de cinq minutes et, après avoir embrassé Hermione sur les deux joues, s'excusa auprès de Millicent.
« Je suis désolé, mais j'ai eu du mal à trouver !
- T'inquiète pas, c'est pas grave ! Le principal, c'est que tu sois là. Merci encore d'être venu.
- C'est rien. On y va ?
- Heu… Je peux te demander un service ? »
La jeune fille devait absolument apporter un bouquin à Blaise, qu'elle lui avait acheté récemment. Sa moto était en panne, il n'avait pas eu le temps d'aller dans une libraire et commander le livre. Il avait un travail à faire, et comme ils ne pourraient se voir que le week-end, et que Harry était en moto…
Harry, gentil qu'il était, accepta de l'emmener. Il avait son après-midi de libre et il n'était pas particulièrement pressé. Il tendit un casque à Millicent qui l'enfila avec quelques difficultés. C'était celui d'Isaline, mais elle montait si peu sur la moto que le casque n'était pas très abîmé. Puis, Harry chevaucha sa moto, Millicent derrière lui.
Ils ne mirent pas très longtemps à atteindre la fac de médecine. Harry connaissait bien le chemin puisque Severus y travaillait. D'ailleurs, si lui et Sirius ne s'étaient pas remis ensemble, c'était lui qui aurait dû aller le chercher au boulot.
Ils étaient en avance. Donc Harry gara son engin et ils discutèrent un peu. Millicent lui demanda comme cette histoire avec le professeur Rogue s'était terminée. Harry lui raconta que Sirius avait pris son courage à deux mains et il était allé s'excuser, au risque de se faire arracher la tête. Severus avait fini par accepter ses excuses.
« C'est bien ! Ils sont à nouveau ensemble !
- Ce n'est pas parce qu'il accepte ses excuses que Sirius est sorti d'affaires. »
Pendant au moins deux mois, Sirius allait trimer pour se faire excuser de son cher et tendre. Severus était rancunier et il allait lui en faire baver. Déjà, étant donné que Sirius écrivait des bouquins, et qu'il n'avait donc aucune contrainte d'un point de vue horaire, c'était lui devait emmener Severus tous les matins et revenir le chercher. Et en voiture. Severus n'acceptait de monter que sur la moto de Harry, sa conduite était acceptable comparée à celle de son parrain.
« C'est un sacré couple, quand même ! Fit Millicent.
- C'est à se demander comment ils tiennent encore debout. Que veux-tu ? L'amour a des raisons que la raison ignore.
- Ouais, mais quand même… »
Harry eut un petit rire, qui s'arrêta net. Ses yeux, qui balayaient la foule, venaient de s'arrêter sur deux étudiants : Blaise et Draco. Il avait complètement oublié le blond et il se traita d'abruti : pourquoi n'y avait-il pas pensé ? Il avait vraiment un cerveau d'oiseau…
Millicent leur fit un signe de la main. Les deux étudiants se pressèrent vers eux. Draco regardait Harry, il ne voyait que lui. De même, le brun le regardait, toujours avec cette lueur de défi dans le regard. Pas de gosse de bourge, Harry. Faut pas sortir avec des gosses de bourges, cela n'a apporté que des problèmes. Sa petite voix intérieure ne cessait de murmurer à ses oreilles, mais malgré lui, son cœur battait plus vite.
Il était beau, ce connard. Des cheveux blond doré, des yeux bleu gris. Une allure fière, le corps assez bien fait. Un canon, quoi. Le genre de mec qui brisait des cœurs à la pelle, sans le moindre regret.
« Mais qu'est-ce que vous faites là ? demanda Blaise.
- Harry est venue me chercher, y'a pas de métro à cause de la grève. »
La jeune fille embrassa les deux garçons. Blaise tendit la main vers Harry qui la serra franchement, puis Draco en fit de même. Harry hésita une seconde avant de glisser ses doigts dans la main blanche de l'étudiant. Sa main était froide, il eut un frisson.
« Salut, Harry. »
Une main aussi froide que sa voix. Seul son regard semblait vivant, alors que tout en lui n'était qu'indifférence et froideur. Comparé à Blaise, il lui faisait l'effet d'un glaçon sur pates.
« Tiens, c'est pour toi. »
Millicent ouvrit son sac et lui tendit un bouquin énorme. Harry ouvrit de grands yeux : ça existait, les gens qui lisaient des pavés pareils ?! À croire la mine heureuse de Blaise, ouais, ça devait exister.
« Merci Milli', t'es la meilleure !
- Je sais, merci, dit-elle en souriant. Vous rentrez comment, tous les deux ?
- Draco a sorti sa voiture ! Rien que pour moi ! Je suis gâté, hein ? »
Draco leva les yeux au ciel tandis que les deux autres se marraient à côté de lui.
« Tu sors jamais ta voiture ? Lui demanda Harry.
- Pourquoi faire ? Blaise m'emmène en moto.
- Sauf qu'aujourd'hui elle est en panne, donc Dray a sorti sa voiture ! »
Ils se quittèrent, Blaise et Draco rentrant chez eux avec la voiture de ce dernier. Harry échangea un dernier regard avec le blond, une étrange sensation d'inachevé dans le cœur.
OoO
Il était maudit. Ce n'était pas possible autrement, il était maudit. Pendant plusieurs jours, il avait essayé de ne plus penser à ce vulgaire tatoueur sans intérêt, et voilà qu'il se ramenait devant la fac. Bon, certes, Millicent était avec lui, il avait une bonne excuse. Mais tout de même…
Draco laissa tomber son sac contre le mur, Blaise en fit de même. Mais contrairement à Draco, qui s'asseyait élégamment sur son siège de bureau pour allumer son ordinateur, Blaise se jeta corps et âme sur le lit épais et douillet de son meilleur ami. Y'avait pas à dire, ce lit était à damner un saint… S'il n'avait pas été hétéro pur et dur, il aurait volontiers dragué son ami, histoire de profiter de son lit…
« Dis donc, t'as l'air de mauvaise humeur.
- Si tu le dis.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? Me regarde pas comme ça, je sais que quelque chose ne va pas. »
Cela faisait déjà quelques temps que Draco se comportait bizarrement. Enfin, disons plutôt qu'il semblait tourmenté, ennuyé par quelque chose. Blaise le connaissait comme s'il l'avait fait, ce que Draco savait parfaitement. Ce dernier soupira : Blaise le regardait avec sérieux, comme à chaque fois qu'il voulait savoir quelque chose. Et le blond n'était pas vraiment d'humeur à lutter. De toute façon, il ne l'avait jamais fait : Blaise était son journal intime personnel.
« Harry est passé à la fac.
- Je me disais aussi. Ce mec te plait, hein ? »
C'est le moins qu'on puisse dire, songea le blond. Malgré son allure débraillée et ses cheveux en bataille, il y avait quelque chose qui l'attirait inévitablement. Il y avait bien ses yeux verts, d'un vert émeraude assez hors du commun. Mais pour le reste, le jeune homme demeurait assez banal, si on exceptait sa profession. D'ailleurs, le fait qu'il était tatoué le rebutait et l'attirait en même temps. En clair, il était dans de beaux draps.
« Ouais, je vois… Fit Blaise, songeur. Ça me rappelle quand t'es sorti avec Seamus. Tu te souviens ?
- M'en parle pas… Mais ça n'a rien à voir ! »
Blaise eut petit rire. Seamus Finnigan était un étudiant de l'université, qui avait un an de moins qu'eux. Un irlandais au teint pâle et aux cheveux noirs, les yeux bleus et un sourire ravageur. De même que pour Harry, Draco avait été attiré par ce jeune homme séduisant, qui venait de quitter son pays pour la France. Il parlait parfaitement le français, sa mère y étant née, mais son accent persistait. Un adorable accent, d'ailleurs.
Sortir avec Finnigan n'avait pas été une mince affaire. Enfin, l'avoir comme petit ami n'avait pas été bien compliqué, étant donné que le jeune homme était très attiré par Draco. Mais une fois que le contrat fut signé, pouvait-on dire, cela se compliqua. Seamus se révéla être un petit ami très possessif et en manque cruel d'amour. C'était du moins la seule explication que Blaise avait trouvé, Seamus demandait trop d'attention pour que ça soit naturel. On aurait dit un petit chien. Sauf que l'animal de compagnie voulait être au sens de toutes les attentions, ce qui n'était pas au goût de Draco. Pensant qu'il se calmerait une fois qu'ils auraient couché ensemble, parce que cela lui prouverait son attachement, etc., Draco avait cédé.
Monumentale erreur. Si Draco avait su, il n'aurait pas sauté le pas. D'un, Seamus n'était pas vraiment bon au lit. Mais cela aurait pu passer, après tout, sans expérience on n'est pas bon à grand-chose. Sauf que Seamus avait eu l'idée saugrenue d'être au-dessus, ce qui était absolument hors de question pour Draco. De deux, il avait réclamé encore plus d'attentions, et Draco avait dû changer de portable : il en avait assez de supprimer tous les SMS de Seamus dans le seul et unique but de recevoir ceux riquiquis de Blaise. De trois, et c'était sans doute le pire : il voulait des déclarations d'amour. Problème : Draco n'en éprouvait pas. Et c'était assez problématique.
Au bout de trois mois, Draco avait cassé. Autant dire que Seamus fut malheureux et furieux et qu'il fit tout pour récupérer Draco. Mais cela fut vain : quand Draco avait décidé quelque chose, il s'y tenait. Et même les jérémiades de Lavande, réputée pour sa force de persuasion, ne put rien faire pour le faire changer d'avis. Il s'était donc séparé de ce beau gosse sans le moindre regret.
« Mais si, Dray ! Insista le black. Je me rappelle, t'as flashé sur lui et tu voulais absolument sortir avec lui.
- Résultat, j'ai été déçu.
- C'est pas dit que ce sera mieux avec Harry. Tu sais que c'est pas mon genre de juger les gens sur leur travail, mais il est tatoueur. Et là, t'as deux solutions : soit les riches l'intéressent et ça va faire comme Seamus, ou alors il s'en fout de toi, et tu vas galérer pour rien. En plus, je sais pas si tes parents aimeraient ce genre de gars comme gendre, si tu veux mon avis. Cela dit, je le trouve sympa. Moi, ça me dérangerait pas de l'avoir pour beau-frère. »
Draco s'étrangla et Blaise éclata de rire devant la grimace de son meilleur ami. Lui, il aimait bien Harry, mais il pensait aux parents de Draco. Ils avaient accepté l'homosexualité de leur fils, mais ce n'était pas pour autant qu'ils accepteraient un tatoueur dans leur famille. Blaise n'était pas connaisseur, mais il ne pensait pas que Harry soit riche en diplômes. Ce n'était pas pour autant qu'il était infréquentable, c'était avec ce genre de mec qu'il aimait traîner, si on exceptait Dray qui était un cas à part, mais il doutait que Lucius Malfoy pense de même.
« Ouais, je sais tout ça… Soupira le blond. Mais tu me connais, quand j'ai un flash comme ça, ça m'obsède.
- Tu veux tenter le coup quand même ? »
Draco hésita un instant, en sachant pertinemment qu'il suffisait d'un « oui » pour que Blaise se lance dans l'aventure, comme il le disait. Le blond avait passé tellement de temps à se dire que son attirance pour ce gars qu'il ne connaissait pas et au statut social si inférieur au sien était stupide, mais rien qu'à penser à ses yeux, son visage souriant, ses cheveux ébouriffés, il en oubliait les tatouages sur sa peau et cet appareil dans ses mains.
« Ouais. Je veux tenter le coup. »
Peut-être que cela ne le mènerait à rien. Peut-être que Harry n'était pas gay, ou que c'était un sale con qui ne valait même pas la peine qu'on s'intéresse à lui. Peut-être qu'il serait comme les autres. Mais Draco avait envie de tenter. Qu'avait-il à perdre ?
« C'est parti pour l'aventure ! »
Blaise, qui s'était voluptueusement allongé sur le lit moelleux de Draco, roula sur la matelas de façon à se mettre en travers du matelas, faisant face à son meilleur ami. Ce dernier ce pencha, les coudes sur les genoux, écoutant ce que Blaise allait lui dire. Vu ses yeux brillants, il ne pouvait qu'avoir une excellente idée pour attirer Harry dans ses filets. Ou plutôt dans ceux de Draco, mais c'était pareil. Cela avait toujours été ainsi entre eux : Blaise, fin stratège, mettait en place les plans, et c'était Draco, avec sa langue fourchue, qui les mettait en action. Comme ça, Draco ne s'embêtait pas à torturer ses méninges pour trouver un scénario, et Blais ne s'embêtait pas à faire les démarches et choisir ses mots.
« J'ai un plan.
- J'avais deviné, dit Draco d'un air faussement las.
- Milli' se sent pas bien en ce moment. Et tu sais pourquoi. »
Elle leur avait parlé récemment de ce type qui la suivait quand elle rentrait chez elle. La police avait été mise en courant, ses parents avaient porté plainte. Depuis, l'homme s'était fait discret, mais Millicent n'était pas rassurée pour autant. Draco avait été furieux qu'elle ne leur en parle pas, Blaise n'avait pas apprécié non plus. En fait, ils avaient été vexés que Harry, encore lui, soit au courant, et pas eux. Ils n'aimaient pas qu'un autre coq traîne dans leur basse-cour, ces deux là…
« Donc, je pensais organiser une sorti. Un resto' et un ciné. On verra ce qui sort. On invite Hermione, et…
- Harry. Pourquoi pas ? Mais tu oublies un détail.
- Et lequel ?
- Harry sait parfaitement qu'il me plait, et il ne va pas mordre l'hameçon aussi facilement. »
Blaise grogna. Et en plus d'être canon, ce mec n'était pas stupide ! Ce n'était pas rigolo, ça… Enfin si, mais pas pour son plan… Mais il eut l'illumination.
« Je sais ce qu'on va faire. Tu te rappelles de Ron ?
- Ron ?
- Le rouquin, chez Harry !
- Ah oui, fit Draco en se souvenant vaguement de ce gars-là. Et alors ?
- Il a mâté Hermione, quand on est passé. On a qu'à l'inviter aussi. Il est sympa. Comme ça, on invite les gens que Milli' apprécie pour lui remonter le moral. Et toi, t'en profite pour discuter avec Harry.
- Il va trouve bizarre qu'on veuille inviter le rouquin. Sauf si je parle d'Hermione…
- Exact, affirma Blaise. Tu vas rentrer dans ses bonnes grâces, comme ça. S'il a compris ton petit jeu, il faut que tu y ailles franco, mais en douceur.
- Tu n'as pas plus paradoxal ?
- Tu m'as très bien compris !
- Non, y'a un truc que je n'ai pas compris. J'y vais franco ? Au restaurant, ça va pas être… Oh non, Blaise !
- Oh si mon chéri, fit-il d'une voix niaise. Tu vas aller voir Harry et lui proposer cette sortie. Et pas de protestations, tu feras ce que je te dis ! De toute façon, tu passerais pour un lâche si je le faisais à ta place. Le mieux avec ce genre de mec, je pense, c'est d'être franc. »
Draco n'était pas du tout branché pour aller voir Harry de cette façon, mais il savait pertinemment que Blaise ne le ferait pas à sa place. Si les jérémiades de Lavande Brown étaient exaspérantes, celles de Blaise étaient tout simplement insupportables.
Blaise fixa la sortie au samedi qui arrivait. Au pire, ils pourraient décaler à la suivante, mais il fallait prévenir Harry assez rapidement. Comme il était hors de question de demander son numéro à Millicent. Nous étions mardi, Draco n'était réellement libre que le jeudi. Blaise refusa tout net de l'emmener, il devait réserver le restaurant et les places de cinéma. En gros, ça voulait dire : prends le métro et démerde-toi.
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
