Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Salut les gens !

Lys : Hello :-)

Voici un nouveau chapitre de Papillon ! Merci à tous ceux qui suivent cette fic et qui me laissent des reviews, elles me font vraiment plaisir !

Par contre, j'ai un truc à dire ! Je m'excuse auprès de ceux qui veulent devenir médecins ou photographe, mais je connais absolument rien sur le sujet ! Donc, il est possible que je sorte des trucs abérant, mais je n'y connais absolument rien. S'il y en a qui s'y connaissent un peu et qui sont choqués par ce que je raconte, n'hésitez surtout pas à m'en parler. Au contraire, cela m'aiderai !

Lys : Tu sers à que dalle, toi...

... T.T C'est pas une nouveauté...

Bonne lecture !


Chapitre 4

Harry s'était toujours demandé à quoi ressemblait la vie dans une vraie famille. Avec un papa, une maman, et des frères et sœurs. Luna était son amie la plus proche et elle était fille unique, sa mère étant morte quand elle était jeune, et son père ne s'était jamais remarié. Les autres amis qu'il avait eus avaient parfois un frère ou une sœur, ou même les deux. Mais, dans le fond, ils étaient tous enfants uniques. Pas d'unité dans les familles. Ce n'était pas comme lui avec Tonks. Ils étaient frère et sœur, tous les deux, même si aucun lien de sang ne les liait, pas plus qu'il n'avait de lien parenté avec Isaline et Sirius.

Avoir Ron pour ami lui avait donné une nouvelle image de la famille. Ils étaient sept enfants, tous des garçons sauf Ginny, la petite dernière. Tous étaient roux, et c'était assez amusant de voir les photos de famille. Harry avait parfois dormi chez eux, quand Ron ne vivait pas dans un appartement avec un collègue de travail, Neville Longdubat. Un gars assez maladroit et timide, mais étrangement assez doué dans l'automobile. Ron affirmait qu'il étai sérieux et appliqué, mais il fallait voir ses « dérapages », comme il disait.

Ron avait toujours vécu en France, où il était né, comme ses frères Fred, Georges et Percy, et sa sœur Ginevra. Mais ses parents avaient grandi en Angleterre, qu'ils avaient quittée à regret pour la France. Arthur Weasley travaillait dans le ministère de l'intérieur et il avait demandé un poste en France, fuyant les querelles familiales, en particulier celles qui mettaient en doute son bonheur avec Molly. Le couple et leurs deux enfants, Bill et Charlie avaient alors déménagé dans une nouvelle maison, recevant de temps en temps de la famille. Bien qu'ils regrettaient un peu leur pays, ils affirmaient être plus heureux en France que là-bas, où ils n'avaient plus à supporter la famille monstrueusement grande d'Arthur.

Les Weasley n'étaient pas une famille particulièrement riche d'un point de vue financier, mais ils l'étaient sentimentalement. Molly ne travaillait pas, préférant s'occuper de ses nombreux enfants, leur apportant autant d'amour que cela lui était possible, et ses garnements le lui rendaient plutôt bien.

Bill travaillait dans une banque et était assez bien placé. Marié à Fleur, il avait eu une petite fille, Victoire, qui ressemblait beaucoup à sa mère. C'était un homme très sympathique et assez fraternel dans sa façon d'être. Être l'aîné de sept enfants, ce n'était pas rien, quand même. Le second fils, Charlie, n'était pas encore casé et vivait actuellement en Afrique, où il travaillait dans une grande réserve de félins. A chaque fois qu'il le voyait, Harry le trouvait encore plus bronzé si c'était possible et ses cheveux flamboyants encore plus longs.

Ensuite, venait Percy, qui était sans doute l'élément le plus prometteur dans la famille, d'un point de vue étude. Ron disait qu'il avait toujours vu son frère travailler comme un fou, et qu'il avait même eu honte de sa famille pendant un temps. Mais quand il devint avocat, ce fut comme s'il sortait d'un long sommeil. Il devint très proche de sa mère et l'aida dans toute sorte de tâches et passant souvent des week-ends à la maison. C'était un homme sympathique mais terriblement sérieux et il fallait bien lui faire boire deux ou trois verres de vin pour qu'il se décoince un peu.

Ensuite venaient les jumeaux, Fred et Georges, et c'était sans avec eux que Harry s'entendait le mieux dans la famille. Farceurs et toujours prêts pour une bonne rigolade, ils n'avaient jamais éprouvé le moindre complexe vis-à-vis de leur situation familiale, au contraire de Percy, et même Ron ou Ginny. Au contraire, ils avaient tenté de s'en sortir en faisant ce qui leur plaisait vraiment, contre l'avis de leurs parents, et en particulier celui de leur mère, qui se faisait un sang d'encre pour eux. Ils avaient alors ouvert une boutique, combinant faces et attrapes, ainsi que divers sucreries tellement étranges que même Nymph' ne se serait pas risquée à en manger. Mais ça marchait assez bien. Ils étaient la fierté de leurs parents au même titre que les autres.

Cela n'avait pas été évident pour Ron. Tous ses frères avaient plus ou moins réussi leur vie professionnel, ou alors ils avaient un projet, mais lui n'en avait pas, et il voyait bien qu'il n'était pas fait pour les études. Il se dirigea donc vers l'automobile, sans savoir vraiment dans quoi il s'aventurait. Sa mère l'encouragea plus ou moins. Il fallait dire que Bill était le seul à ne pas lui causer de soucis : il ne jouait pas avec des lions, il ne visitait pas les prisons et ne tenait pas de commerce qui pourrait s'effondrer à n'importe quel moment. Pour elle, il fallait presque que tous soient devant un bureau à taper sur un ordinateur… Mais Arthur était de tout cœur avec son fils, et Molly se résigna. Harry comprit assez tard que ce qui ennuyait Molly, ce n'était pas le métier en lui-même de ses fils qui la préoccupait, mais plutôt les dangers qui y étaient assimilés.

Harry n'avait aucun lien de sang avec Isaline, Sirius et Nymphadora, mais ils étaient pour lui sa famille, qu'il n'aurait échangée pour rien au monde. Il avait toujours secrètement rêvé d'avoir un petit frère ou une petite sœur, mais jamais il n'aurait voulu en avoir six. Même si l'ambiance de la famille Weasley était chaleureuse, Harry ne pensait pas être capable de vivre sept jours sur sept avec une dizaine de personnes. Déjà que Tonks, quand elle était jeune, l'épuisait…

Aujourd'hui, avait eu lieu l'anniversaire dans la maison des Weasley. Tout le monde avait été invité : Harry, Isaline, Sirius et son compagnon, qui n'était pas si enchanté que ça, Nymphadora, son mari et son « adorable petit bouchon ». Ainsi que des amis de Bill, Fleur, et la famille de celle-ci. Harry s'était demandé comment Molly avait pu diriger cette fête aussi bien. Isaline lui affirmait que jamais, même le jour de son mariage, elle ne serait capable de gérer un truc pareil. Harry avait ri, en lui affirmant alors qu'il se marierait le plus tard possible.

Ils étaient arrivés vers deux heures de l'après-midi. L'ambiance était bonne enfant et Harry s'amusa beaucoup avec Ron et les jumeaux. Au moment du gâteau, qui était gigantesque, Arthur et Charlie sortirent le champagne, et tout le monde trinqua. Puis, les cadeaux furent ouverts. Ou plutôt, découvert : Bill fut halluciné de voir la moto que ses parents lui avaient offert. Impressionné par la moto, qui était sublime, et aussi que sa famille adorée ait réussi à convaincre leur adorable mère de contribuer à ce cadeau. Molly sembla mieux respirer quand elle vit le casque et la veste de Bill hors des paquets cadeaux. On lui avait dit qu'ils seraient offerts, mais savait-on jamais…

Les rires et la musique régna un long moment dans la maison des Weasley. Bill mit en route la chaine hi-fi et invita sa chère et tendre, Fleur, à danser. Cette dernière, délicate et élégamment vêtue, se laissa aller dans les bras de son mari. Puis, Fred mit un peu de musique rock et invita Isaline à danser, tandis que Georges s'inclinait exagérément devant Nymphadora, attendant l'accord de Remus, qui ne put qu'éclater de rire en voyant sa femme retirer sensuellement son gilet pour se préparer à danser. D'autres se joignirent à eux, dont Harry, qui ne put résister aux avances de son parrain. Il avait cru qu'il allait mourir de rire quand son parrain était venu le voir, le suppliant de lui accorder cette danse parce que Sevy chéri refusait de lever ses royales fesses du canapé.

Un peu plus tard, Harry et Sirius s'étaient écroulés sur le canapé. Severus put s'empêcher de ricaner quand il vit leur mine épuisée, mais ce fut très difficile de se contrôler quand Ginny vint quémander une danse. Sa jupe était un peu trop courte et son décolleté promettaient mille merveilles, mais Harry refusa, il était trop épuisé pour danser avec qui que ce soit, Sirius l'avait épuisé. Elle partit alors, d'un air déçu.

« Elle te drague encore, celle-là ? Demanda Severus d'un air dédaigneux.

- Ouais. »

Il leva les yeux au ciel. Cette fille lui faisait pitié, c'était le genre de gamine qu'il ne supportait pas. Ce n'était pas pour rien qu'il avait quitté le lycée pour l'université : c'était plus intéressant et il avait déjà moins de gamins devant lui. Fini les gamines qui gloussaient sur leurs tabourets, fini les gosses de riches qui énuméraient toutes les marques qu'ils avaient sur eux, jusqu'à celle de leur slip.

Ginny était assez jolie et elle n'avait pas un corps ingrat. Une jolie fille qui aurait pu plaire à Harry, mais il avait tendance à préférer les châtains et les blonds, étant plus axés sur les hommes que sur les filles. Il avait déjà éprouvé de l'attirance pour quelques filles, mais il n'était jamais sorti avec aucune d'entre elles. Il n'était jamais très sûr de lui avec elles. Et puis, malgré lui, Harry était quelqu'un d'assez passif. Il avait besoin, en quelque sorte, d'être dirigé. Isaline et Sirius l'avaient un peu trop chouchouté…

Ils partirent tard dans la nuit. Severus traina son amant dans la voiture, ce dernier étant bourré, tandis que Harry tira sans tante hors de la maison. Ils ne vivaient pas très loin et ils avaient fait le chemin à pieds. Isaline avait moins bu que Sirius, mais elle avait une démarche vacillante qui le fit un peu flipper.

OoO

Un plan foireux. Il en était sûr, c'était un plan foireux. Et le pire, dans cette histoire, c'était qu'il suivait le plan à la lettre.

Il avait été conclu que Draco, après les cours, prenne le métro et se rende directement dans la boutique de tatouage. Draco n'était pas quelqu'un de particulièrement stressé, mais il devait s'avouer que se retrouver devant la grande blonde qui tenait le commerce ne l'enchantait pas plus que ça, et il avait peur de se mélanger les pinceaux, même s'il savait parfaitement que ce ne serait pas le cas. Il possédait un certain self-control, et la seule personne devant qui il pouvait le perdre était son adorable mère qui prenait un malin plaisir à le faire sortir de ses gonds.

Blaise refusa de l'accompagner, et Draco savait parfaitement que son ami n'était pas rassuré à l'idée de se retrouver justement devant la patronne. Il n'avait pas autant d'aplomb que Draco, et il était certain que si elle lui ordonnait de déguerpir parce qu'il voulait parler personnellement à Harry, il le ferait sans demander son reste. Draco, au contraire, avait été spécialement entraîné par ses géniteurs pour ne pas se laisser faire. D'ailleurs, il valait mieux que ça soit le cas, vu les humeurs changeantes de sa mère…

Draco était dans le métro en train de lire un roman, Anges et démons. Il avait toujours un bouquin sur lui, et quand il n'en avait pas, il était à la limite de la crise de nerfs. Enfin, ça ne se voyait pas, mais Blaise sentait parfaitement les mauvaises ondes tourner autour de la tête de Draco dans ces moments-là.

Bien que le livre soit intéressant, bien qu'un peu tiré par les cheveux à certains moments, le blond était incapable de se concentrer. Il levait les yeux quand la rame s'arrêtait et lisait le nom de la station. Dépité, il finit par ranger son bouquin, sachant pertinemment qu'il serait incapable de lire sérieusement la moindre ligne tant qu'il n'aurait pas accompli sa « mission », comme le disait Blaise.

La rame s'arrêta à son arrêt et il descendit, longea le quai puis sortit rapidement de la station. Une fois dehors, il se mit en marche. Quand il passa devant une vitrine, il jeta un coup d'œil à son profil. Pantalon noir, chemise perle, veste sombre. Ses cheveux étaient ramenés en arrière. Il se demanda soudain s'il allait vraiment plaire à Harry, en comptant sur le fait qu'il puisse être bisexuel, ce qui n'était pas sûr. Ce genre de vêtements plaisait aux hommes qu'il côtoyait, mais pour un jeune tatoueur… Décidément, s'attaquer à des gens « du peuple » ne lui ressemblait pas…

Il vit la boutique, la petite vitrine reflétant les rayons du soleil. Il inspira doucement puis traversa la rue et entra. Un petit bruit de cloche se fit entendre, mais il n'y porta aucune attention. Il jeta un regard circulaire à la pièce. Il y avait la tatoueuse aux cheveux roses en train de travaillait sur la chute de rein d'une jeune fille, et Harry, assis sur un tabouret à côté d'elles.

Le brun leva les yeux vers le nouvel arrivant et son cœur se mit à battre plus vite quand il vit le blond. Seul. Sans Millicent ou qui que ce soit d'autre. Deux sentiments contraires s'imposèrent en lui : l'énervement de le voir ici, et un soulagement étrange. Mais il était seul, et l'exaspération l'emporta. Il était venu lui faire des avances, évidemment. Le blond, sans vraiment savoir pourquoi, devinait que Harry avait bien compris le motif de sa visite.

« Salut, fit Harry d'un air avenant, alors que tout dans son regard disait le contraire. Je suis étonné de te voir ici. »

Et il n'était pas le seul. Même si Nymph' n'avait pas levé les yeux de son travail, elle était toute aussi surprise de voir le blondinet, mais elle ne fit aucune remarque.

« J'imagine. Mais j'avais besoin de te voir. C'est à propos de Millicent. »

Cette fois-ci, Nymph' leva la tête et interrogea Harry du regard. Le brun se leva et lui fit signe de le suivre. Nymph' n'avait pas compris. Le blond était bon acteur. Quelle excuse allait-il lui sortir ? Draco le suivit dans la cuisine, petite et peinte dans les tons bleus. Harry s'appuya contre un meuble et le regard franchement. Il avait perdu son air avenant.

« Qu'est-ce que tu me veux ?

- Je viens de le dire, c'est à propos de Millicent. Elle ne va pas bien, et tu es le premier à le savoir. »

Le ton d'Harry était presque agressif et Draco, intérieurement, fut dérouté par cette entrée en matière. Mais il gardait son calme.

« Ouais, je sais. Elle est encore harcelée ? »

Son ton s'était radouci, mais il était comme ces chats qui se laissaient approcher de quelques centimètres, puis bondissait sur vous pour vous lacérer le visage.

« Apparemment non. Mais elle n'est pas rassurée, et je crois qu'elle galère un peu en ce moment avec ses études. Blaise a prévu d'organiser une soirée, histoire de la détendre un peu.

- Laisse-moi deviner. Je suis invité ? »

Harry avait un sourire ironique sur le visage.

« La bonne excuse, soupira-t-il.

- Tu peux ne pas venir. Millicent n'est pas au courant et on ne lui dira rien. Mais je pense que ça lui ferait plaisir, tu es un de ses amis. On ne sera pas beaucoup, moi, Blaise, Hermione et elle. Et ça te plairait sûrement.

- A toi aussi, ça te plairait. »

Draco avait horreur de ça. Le sourire narquois de Harry, sa voix détachée et sa manière de se moquer de lui. Il détestait ça.

Harry soupira. Il voyait une lueur de colère dans les yeux gris de son vis-à-vis. Il ne devait pas aimer qu'on lui résiste, qu'on se moque de lui. Tants pis.

« Tu veux sortir avec moi, c'est ça ? »

Là, Draco sembla se calmer. Autant mettre les choses au clair tout de suite.

« Je n'irai pas jusque là. »

Harry haussa un sourcil, sans comprendre où il voulait en venir. Draco eut un léger sourire : il le tenait. Enfin, plus ou moins. Et puis, il était fixé : Harry ne semblait pas être hétéro. Sinon, il ne l'aurait pas méprisé parce qu'il voulait sortir avec lui, mais parce qu'il était gay.

« Avant de sortir avec quelqu'un, je préfère voir comment il est. S'il est bien foutu mais stupide, ça ne vaut pas le coup. Tu vois ce que je veux dire ? »

Harry acquiesça lentement, attendant la suite. Le blond avait raison : si la personne était canon mais avec une cervelle d'oiseau, cela ne l'intéressait pas. Il préféra garder pour lui qu'il pensait aussi cela, concernant tous les petits amis potentiel, le blond y comprit, évidemment.

« Tu me plais, et tu le sais, pas besoin de m'étaler sur ce point. Mais j'aimerais te connaître. Que tu me laisses une chance de te connaître. Si, pendant cette soirée, je ne te plais pas, je laisserai tomber.

- T'es sérieux quand tu dis ça ? »

Le brun semblait septique. Il avait un peu de mal à le croire, il doutait que le blond soit vraiment du genre à laisser tomber aussi facilement. Que ce soit lui ou un autre, d'ailleurs…

« Je te le promets. Je t'embêterai plus. Tu veux que je te laisse réfléchir ? D'un autre côté, je ne vais pas te draguer ouvertement devant les autres, ce n'est pas mon genre. »

Le blond ne savait pas vraiment comment expliquer quelque chose d'aussi simple qu'une banale conversation entre eux deux au restaurant, mais il n'eut pas besoin de réfléchir longtemps, car Harry acquiesça : il avait compris où le blond voulait en venir. Dans le fond, ça le rassura. Il avait horreur qu'on le drague devant d'autres personnes, il trouvait ça extrêmement gênant et désagréable.

« Je serai là. Pour Millicent, précisa-t-il.

- Pour Millicent, répéta le blond avec un léger sourire. »

Harry lui demanda quand avait lieu la soirée et où. C'était samedi. Ils allaient d'abord dîner dans un restaurant chinois, péché mignon de Millicent, puis ils iraient au cinéma. Blaise allait réserver les places, mais le blond était incapable de lui dire quel film ils allaient voir, son ami refusait de lui dire le titre. Surprise, qu'il disait…

« Ah, et autre chose. Blaise voudrait que le rouquin de l'autre fois vienne aussi.

- Ron ?? Fit Harry, surpris. Mais pourquoi ? »

Une fois de plus, Draco avait oublié le nom du rouquin en question. Mais quelle idée de porter un nom pareil ? Quel manque d'imagination…

Draco lui expliqua que, la dernière fois qu'ils étaient venus, Ron avait beaucoup regardé Hermione, du point de vue de Blaise. Le blond garda pour lui que la seule chose qui l'avait intéressé à ce moment-là, c'était Harry. Millicent semblait apprécier le rouquin, et si cela pouvait créer quelque chose entre lui et Hermione… Harry sembla amusé, mais il demeurait septique.

« Vous êtes vraiment vicieux, tous les deux…

- Peut-être, mais c'est pour la bonne cause, affirma le blond. Il y a quelques mois, Hermione a cassé avec son copain, et ça ne s'est pas fait dans joie et la bonne humeur, si tu vois ce que je veux dire. »

Il précisa que la jeune fille avait perdu confiance en elle pendant un certain temps, et elle se méfait des garçons en général. Harry ne dit rien, comprenant parfaitement la jeune fille, mais il ne promit rien : pas sûr que Ron accepterait de venir aussi, mais il ferait le nécessaire. Son ami était un cas désespéré en amour, ça ne lui ferait pas de mal.

Draco sembla assez content de lui, il s'en était plutôt bien sorti. Il imagina pendant un instant Blaise en train de tourner en rond dans sa chambre, son portable à main, attendant un appel de son ami. Mais il était hors de question que Draco l'appelle : il allait le faire mijoter encore un petit peu, jusqu'à qu'il craque.

« Bon, c'est parfait. On viendra vous chercher ici vers dix-huit heures et demie. Ça te va ?

- Ouais, ça me va. »

Harry sortit de la cuisine, Draco sur ses talons. Le blond leva les yeux vers l'escalier, comme par instinct, et il se sentit pétrifié par le regard pénétrant de la patronne qui, les bras croisés, le détaillait des pieds à la tête. En voilà une qu'il aurait bien du mal à convaincre…

Il suivit Harry dans la boutique, ce dernier n'ayant pas fait attention à sa tante, et le blond se sentit revivre quand il échappa au regard scrutateur de la patronne, Isaline. Il s'en alla après une poignée de main avec Harry. Ses doigts étaient chauds contre les siens, et même s'il avait gagné une « bataille », il savait déjà que le combat n'était pas du tout terminé.

OoO

« Ryry !! Mon amour, soleil de mes nuits, mon bébé d'amour que j'aime très fort, dépêche-toi putain de merde !!! Ça va sortiiiiiiiir !! »

Et dire qu'elle critiquait Ron quand il parlait comme un charretier… Harry sortit de la baignoire, enfila une longue serviette autour de sa taille et déverrouilla la porte de la salle de bain pour en sortir. Isaline le foudroya du regard et se rua dans la pièce, jetant son neveu hors de la pièce. Harry éclata de rire et partit dans sa chambre. Il fallait dire qu'Isaline choisissait toujours ses moments pour aller aux toilettes. Ceux du rez-de-chaussée étaient actuellement hors service, et ce jusqu'au lendemain quand le plombier passerait, donc il fallait utiliser ceux de la salle de bain. Où Harry prenait tranquillement sa douche.

Harry entra dans sa chambre et s'essuya dans la grande serviette rose. Un joli rose bonbon assez écœurant, mais Isaline était dans sa période rose au moment où elle avait acheté ses serviettes. C'était à l'époque où elle voulait repeindre sa salle de bain en rose, Harry avait réussi à la convaincre que le vert serait plus joli. Il devait juste supporter les serviettes roses.

Après avoir enfila la serviette autour de sa taille, le jeune homme ouvrit son placard et regarda ses vêtements avec un air las. Il ne savait pas du tout comment s'habiller. Il sortait rarement avec un groupe de personnes et il ne connaissait pas très bien les étudiants. Il se demanda même pourquoi il avait accepté.

Peut-être parce que Draco avait de beaux yeux, et parce qu'il avait été franc. Ouais, ça devait être ça. Il se trouvait quand même assez stupide d'avoir accepté. Draco était son genre de mec, d'un point de vue physique, mais il doutait qu'il le soit, avec son caractère apparemment bien trempé. Harry était un peu embrouillé, il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. A part accorder une maigre chance au blond. Mais ce qui était certain, c'était qu'il lui en ferait baver, si cette soirée avait une suite…

« Vivement que le plombier me répare ces toilettes…

- Tu choisis vraiment tes moments pour avoir des envies pressantes !

- Et toi, tu choisis vraiment tes moments pour prendre tes bains ! »

Harry leva les yeux au ciel et les reposa sur ses vêtements. Isaline s'avança derrière lui, enlaça sa taille et posa sa tête sur son épaule, regardant aussi les étagères et les vêtements pendus aux cintres. Elle n'était pas vraiment d'accord pour cette soirée, se méfiant beaucoup de ce blondinet, mais si Harry avait décidé de tenter le coup, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Elle l'avait tout de même prévenu que, si jamais le blondinet lui faisait du mal, elle lui refaisait le portrait à la Picasso.

« Tu voudrais t'habiller comment ?

- Ni normal, ni trop classe. »

Normal : vêtements trop larges. Classe : chemise et pantalon moulant. Mouais, il lui fallait quelque chose entre les deux… Le téléphone, au rez-de-chaussée, sonna. Isaline grogna et sortit de la chambre pour aller répondre. Pendant ce temps, Harry prit un caleçon et l'enfila rapidement, puis il sortit un débardeur kaki et un jean sombre qu'il enfila. Il se regarda dans la glace. Le débardeur moulait son torse aux formes légèrement arrondies par la musculation. Ses bras étaient nus mais ils seraient cachés par une veste. Quand à son pantalon, il ne le moulait pas trop.

Il entendit plus qu'il ne vit Isaline entrer dans sa chambre. Elle siffla et le regarda d'un air admiratif, tandis que le brun rougissait.

« Mouais. Moi, je dis qu'il y a anguille sous roche.

- Mais non !!

- Oh si. Il te plait, le blondinet. Sinon, tu te serais habillé comme un sac à patates. »

Harry n'était pas spécialement bien habillé, mais vu ses fringues habituelles, avec son débardeur moulant et son pantalon noir, il avait fait un gros effort vestimentaire. Quand il se baladait avec Ron dans un pantalon de jogging ou ses vêtements trop larges, elle se demandait si elle n'avait pas raté quelque chose dans son éducation. Gay ou non, un mec devait avoir la classe.

« Bon, file dans la salle de bain te pouponner, je descends pour accueillir Ron. »

Le rouquin avait accepté de venir mais il avait clairement affirmé qu'Hermione était jolie mais qu'elle n'était pas du tout son genre de fille. Ce n'était pas pour autant qu'Isaline et Harry le croyaient, mais bon, autant éviter les conflits. Parce que, si ce n'était pas pour revoir l'étudiante, ils ne voyaient pas trop pourquoi Ron aurait accepté, surtout qu'il y avait Le seigneur des anneaux ce soir-là, et tous connaissaient la passion de Ron pour ce film.

Harry retourna dans la salle de bain, mit du déodorant, se brossa les dents et tenta de se coiffer mais sans grand succès. Les mèches rouges parsemées dans ses cheveux demeuraient aussi indomptables que les mèches de jais. Il attrapa un pot en verre où se trouvaient toutes ses boucles d'oreilles. Il poussa un soupir en voyant qu'Isaline avait encore posés les siennes dans la boite : Harry mettait rarement de fleurs roses à ses oreilles.

Enfin, il descendit dans la cuisine, où Ron venait d'arriver. Jean bleu et pull azur : lui aussi avait fait un effort. La couleur de ses vêtements mettait ses yeux bleus en valeur. Isaline lui en avait fait la remarque et elle se demanda si ce Noir et ce blond n'étaient pas un peu sorciers sur les bords. Parce que faire porter des vêtements corrects à Ron était un véritable casse-tête.

Il était dix-huit heures et demie. A peine Isaline annonça l'heure qu'on sonnait à la porte. Bon, voilà déjà une qualité du blondinet : il était à l'heure. Pour quelqu'un qui était toujours en retard, et qui avait contaminé son filleul avec cette étrange maladie de la panne d'oreiller, elle trouvait cela respectable. Elle alla ouvrir et fit face au sourire joyeux de Blaise qui lui tendit une main polie. Isaline lui fit un grand sourire et serra sa main avec tellement de force qu'il crut qu'il allait la briser. Le message était clair : fais du mal à mon bébé et tu auras affaire à moi.

Il salua de même Harry et Ron. Il leur dit que Draco les attendait dans la voiture dehors et qu'il les ramènerait. Il ne buvait que rarement lors des soirées, quelles qu'elles soient. Bon, ça c'était un point positif aussi, Isaline était quasiment incapable d'aller à une fête sans boire, à moins qu'il y ait un trajet en voiture.

Ron et Harry sortirent avec Blaise et se dirigèrent vers la voiture de Draco. C'était une Mercedes gris argenté qui devait couter assez cher. Enfin, Harry la jugeait hors de prix vu son budget à lui. Malgré lui, il fronça les sourcils : qu'est-ce que ce gosse de riche pouvait lui trouver ? S'il comptait l'impressionner en venant avec une voiture pareille, il pouvait toujours aller se rhabiller…

Ils montèrent dans la voiture, Blaise à l'avant, les deux autres à l'arrière. Après avoir salué les deux arrivants, Draco démarra. De suite, Harry se sentit mal. Il n'aimait particulièrement la voiture. Pour être franc, il n'aimait pas du tout monter en voiture, et surtout pas à l'arrière. Isaline conduisait relativement bien et pas très vite, sachant pertinemment que son adorable filleul serait capable de vomir ou de lui faire une crise d'hystérie si elle allait trop vite.

Ron, assis à sa gauche, le vit pâlir à vu d'œil et respirer lentement, regardant l'appuie-tête de Blaise comme si sa vie en dépendait. Draco roulait avec savoir-faire mais bien trop vite pour le petit cœur et l'estomac fragiles de Harry. Le rouquin attendit un feu rouge pour se pencher vers le blond.

« Draco, tu pourrais ralentir ?

- Pourquoi ?

- Parce que si tu continues à rouler à cette allure, Harry va nous faire une crise d'hystérie. »

Blaise et Draco se retournèrent d'un coup et, en effet, Harry semblait avoir perdu toutes ses couleurs. L'inquiétude passa dans le regard du blond, Blaise fut plus démonstratif.

« Hé, ça va ? Demanda-t-il.

- Ouais, ça va. »

Mais tout indiquait le contraire. Le feu repassa au vert et une voiture klaxonna. En jurant intérieurement, Draco repartit exactement à la même allure avant de ralentir un peu, jetant de fréquents regards au brun assis à l'arrière par le rétroviseur. Blaise demeurait inquiet, mais Ron le rassura : quand Harry avait une crise ou qu'il avait envie de vomir, il y avait toujours des signes avant-coureurs. Et pour le moment, il n'y avait pas d'alerte rouge, bien qu'Harry ne prononçât pas un mot de tout le voyage.

Quand la voiture s'arrêta au bord de la route, Harry se sentit bien mieux. Draco se gara avec facilité, un bras sur le dossier de Blaise, et ils purent sortir du véhicule. Harry s'éventa avec sa main : il n'était vraiment pas à l'aise en voiture, c'était quelque chose. Il avait presque honte de son mal d'auto, mais il lui suffisait de penser à l'origine de son mal, à savoir l'accident de ses parents, et bien d'autres choses encore, pour oublier sa gêne.

« Tu te sens bien ? »

Harry cessa de s'éventer avec sa main et croisa le regard un peu inquiet de Draco. Il n'aurait jamais pensé que Harry puisse être malade en voiture. Pour, lui, c'était un caprice de fille, mais vu son teint, ça semblait être quand même assez sérieux. Harry lui fit un maigre sourire et acquiesça.

« C'est pas mon truc, la voiture.

- Mais tu conduis une moto, c'est encore pire, répliqua Draco, à juste titre.

- C'est… psychologique. »

Draco préféra ne pas s'aventurer plus loin et Harry lui en fut reconnaissant. Ils marchèrent à peine deux minutes avant d'atteindre le restaurant, où Millicent et Hermione, qui avaient pris le métro pour une ou deux stations, les attendaient déjà. Millicent sauta dans les bras de Harry pour l'embrasser sur les joues, heureuse qu'il soit venu, et elle en fit de même avec Ron. Hermione se montra plus discrète, comme à son habitude.

Ils entrèrent dans le restaurant. Blaise, en temps qu'organisateur de la soirée, avait réservé une table dans un coin tranquille de l'établissement. Et là, Blaise utilisa son savoir-faire de manipulateur, en choisissant le plus discrètement possible les places de ses amis. Tout le monde s'y plia, même Harry. Il se plaça à gauche, puis s'en suivit de Ron et Millicent. De l'autre côté, Draco se mettait en face de Harry, puis Hermione et Blaise.

Un serveur asiatique vint leur apporter les menus. La conversation allait bon train : Hermione était aussi difficile en nourriture que Ron était facile à nourrir. Millicent voulait goûter à tout, Blaise zieutait déjà sur le saké. Seuls Draco et Harry demeuraient silencieux. Le serveur ne tarda pas à prendre leur commande. Ils préférèrent sauter l'entrée et passer directement au plat principal. Millicent tenta le canard laqué, tandis que Hermione commandait du bœuf aux oignons, ne voulant rien tenter de « chimique ». Blaise, quant à lui, du porc, sauce aigre-douce, et sur ses conseils, Ron se laissa tenter par le même plat. Draco préféra prendre du canard laqué comme Millicent. Harry semblait toujours hésiter. Quand le serveur vint à lui, il lui posa La question que Ron attendait depuis qu'il avait posé les yeux sur le menu.

« Le bœuf sauce piquante, ça pique beaucoup ? »

Il faillit éclater de rire tandis que le serveur et Blaise le mettaient en garde : ils y allaient franco avec la sauce, ici. Les yeux verts du brun semblèrent briller et il passa sa commande. Blaise lui affirma qu'il était suicidaire, il avait tenté une fois mais ça lui avait brûlé la bouche.

« Quand on va dans un restaurant chinois, expliqua Ron, lui et Isaline prennent toujours des trucs bizarres.

- C'est pas bizarre, tu en trouves partout.

- La dernière fois, tes crevettes étaient immangeables ! »

Sa langue s'en rappelait encore, il avait en avait juste mangé une tellement c'était fort. Harry lui fit un sourire innocent. Puis, chacun prit du traditionnel riz cantonnais, ainsi que des boissons, sans alcool évidemment. Les filles préféraient rester sobre, Ron ne tenait absolument pas l'alcool et Blaise préférait éviter : s'il était pompette, Draco refuserait tout simplement de le ramener chez lui, de peur qu'il lui pourrisse sa voiture. Quant à Harry, il préférait largement boire un bon Fanta.

En attendant les plats, ils discutèrent, parlant un peu de tout, et notamment du boulot. Enfin, plutôt des études, car Ron ne s'étendait pas vraiment sur son job, il se sentait un peu inférieur aux autres, qui faisaient tous de bonnes études. Harry était déjà plus ouvert de ce côté-là, faisant rire les filles par toutes sortes d'anecdotes. Draco l'écoutait d'une oreille attentive, sans pouvoir s'empêcher de regarder son visage. Il aimait sa façon de sourire, si sincère. Lui, il avait toujours l'impression de se forcer, comme si tout était calculé.

Evidemment, Harry vit bien que le blond le regardait, et cela le gênait. Il le lui fit comprendre par un regard et Draco haussa les épaules d'un air désolé : il ne pouvait pas s'en empêcher. A ce moment-là, les plats arrivèrent. Deux serveurs asiatiques disposèrent les assiettes et le riz devant les clients et ils leur souhaitèrent un bon appétit.

Contrairement à ce que Blaise aurait cru, Harry ne cracha pas de feu, mangeant tranquillement son plat. La conversation dériva vers la crise qui s'annonçait, avec les subprimes aux États-Unis. Ron était très actif dans la conversation, tout comme Blaise et Hermione. Millicent s'étonnait et écoutait avec intérêt, alors que Harry préférait rester en retrait : l'économie n'avait jamais été son truc, autant écouter sans rien dire ou il allait passer pour un idiot.

Draco, lui, écoutait vaguement ce qui se racontait, sans vraiment prendre part au débat. Blaise était une vraie pipelette, et quand il avait trouvé quelqu'un avec qui papoter sur un sujet où il était connaisseur, plus rien ne pouvait l'arrêter. Le blond n'avait pas du tout envie de se plonger dans un débat ce soir-là. Il remarqua que Harry ne parlait pas beaucoup, se contentant de manger son assiette avec ses baguettes.

« Tu ne parles plus beaucoup.

- J'y connais pas grand-chose, avoua le brun. J'essaie de m'intéresser, mais j'ai un peu de mal à tout comprendre. Tu ne sais pas manger avec des baguettes ?

- J'ai une certaine classe, donc il est hors de question que je me tache. »

Le brun eut un sourire amusé. Ce n'était pas difficile de manger avec des baguettes. Draco le croyait parfaitement, mais il était hors de questions qu'il essaie de manger avec ce soir.

« Tu manges souvent au restaurant ? Lui demanda Draco.

- Nan, pas vraiment. On commande, on achète au traiteur. »

Isaline n'était pas une grande cuisinière même si elle se débrouillait assez bien. Personne n'allait dire le contraire, c'était la seule qui savait faire quelque chose de mangeable et avec un aspect un minimum alléchant. Bon, Harry aussi savait cuisiner mais on connaissait son terrible penchant pour les choses soit très épicées soit, au contraire, très douces et sucrées. Sirius arrivait vaillamment à faire bouillir des pates, Nymph' ratait quasiment tout ce qu'elle entreprenait. Autant dire que son mariage avec Remus était une bonne chose, il savait cuisiner.

Draco souriait en l'écoutant lui parler. Il avait perdu cet air farouche et il parlait en mimant de temps en temps avec ses mains. Quand le blond lui en fit la remarque, le tatoueur soupira en lui disant que sa tante avait une mauvaise influence sur lui. En l'entendant parler, cela rameuta nos économistes en herbe et ils se mirent à parler cuisine.

Millicent ne savait rien faire de ses dix doigts, tout comme Blaise, sauf que lui savait se faire des sandwiches. Ron et Harry avaient haussé un sourcil, Draco s'était senti obligé de préciser que les sandwiches de Blaise étaient tellement complexes et étranges qu'ils mériteraient d'avoir leur propre restaurant. Quant à Ron, il savait juste tourner le minuteur du micro-onde, y glisser son plat et refermer la porte. Neville était le seul à savoir faire autre chose que réchauffer des plats tous faits, c'était lui qui s'y collait quand il était l'heure du dîner. Hermione n'était guère mieux lotie, elle affirmait avec désespoir savoir cuisiner les pates comme personne, étant donné qu'elle était juste bonne à faire chauffer de l'eau.

Harry sentit soudain le pied de Draco taper doucement contre sa jambe. Il leva les yeux vers lui et le blond lui fit un discret signe de tête vers le côté et Harry se retint de sourire. Hermione et Ron parlaient, et la jeune fille ne semblait pas être indifférente aux avances hésitantes de Ron. Bon, il se contentait de lui parler un peu plus qu'aux autres, quand Blaise lui en laissait l'opportunité, mais la jeune fille ne semblait pas rejeter son intérêt plus ou moins dissimulé. Hermione n'était pas une belle fille, au sens strict du terme, mais sa simplicité et son sourire la rendaient assez jolie. C'était du moins ce que devait en penser Ron.

Le tatoueur lança au blond un regard amusé : quels manipulateurs, quand même… Pour toute réponse, Draco lui piqua un morceau de viande dans son assiette et l'avala. Il cligna des yeux, la sauce était vraiment forte, mais il avait vu bien pire. Harry lui piqua à son tour du canard laqué, sous le regard d'aigle de Blaise qui n'avait absolument rien loupé de l'échange.

« Mouais, c'est fade.

- C'est ton plat qui est trop relevé. Tu aimes quand c'est épicé, pas vrai ? »

Draco lui coula un regard séducteur et Harry sentait ses joues rosir. Le revoilà, avec ses avances. Le blond avait le mérite d'être assez discret, mais ce n'était pas pour autant qu'il appréciait. Il décida de jouer le jeu, lui aussi. Un jeu qu'il n'aimait pas vraiment.

« Il me semble que toi aussi, tu aimes quand c'est épicé, non ? »

Les yeux bleus de Draco brillèrent, même si l'expression calme de son visage ne changea pas.

« Ça dépend du jour et du plat. S'il est alléchant, pourquoi pas » ?

Harry avait horreur de ce jeu. Il se demanda pourquoi il avait accepté, pourquoi il était venu. Pourquoi il avait choisi ces vêtements, qui ne cachaient rien de son corps avantageux.

« Et si le plat est trop pimenté ? »

Draco poussa un léger soupir.

« Je suppose que chaque chose a son charme. »

Le regard du blond avait soudain perdu toute lueur prédatrice. Il semblait au contraire assez franc avec le brun, et ce dernier était certain qu'il aurait voulu lui dire autre chose, mais la présence des autres ne le lui permettait pas.

Un serveur revint prendre leurs assiettes vides. Harry ne quitta maintenant plus Draco des yeux, lui faisant subir la même torture que celle qu'il vivait depuis le début du repas : être observé. Il détailla l'étudiant, et il trouva vraiment beau. Ses cheveux blonds n'étaient pas très longs mais ils paraissaient doux au toucher. Son visage clair avait la beauté des gens du nord. Il portait un léger pull gris perle et la table cachait son pantalon noir et ses chaussures en cuir et cirées. Il n'était pas très costaud, en tout cas moins que Harry, qui se musclait raisonnablement les bras, mais Draco était assez bien bâti.

Si Harry avait été un garçon, il aurait dit qu'il était canon. Sauf qu'il était de mauvaise fois, alors il se contentait de dire qu'il était bien fichu. Et peut-être aussi parce que le blond l'exaspérait. Sa tante avait sans doute raison : il y avait anguille sous roche. Harry aurait préféré attirer autre chose chez ce garçon que des remarques « épicées ».

Les jeunes gens commandèrent quelques desserts, puis payèrent la note. Les garçons, qui s'étaient mis d'accord, payèrent pour les filles. Si elles n'avaient pas été dans un restaurant avec pas mal de monde, elles auraient hurlé au scandale. Mais il fallait croire qu'elles étaient assez bien élevées. Elles quittèrent cependant le restaurant, bras dessus et bras dessous, sans remercier les garçons et boudant exagérément. Blaise et Ron entreprirent de se faire pardonner, leur tournant autour et racontant des bêtises aussi grosses qu'eux.

En retrait, Harry et Draco riaient doucement en les voyant ainsi se démener, les filles refusant de leur accorder ne serait-ce qu'un regard. Tous deux se lancèrent un regard, ne sachant quoi se dire. Draco se lança, voyant que Harry n'était pas prêt à engager la conversation.

« Le dîner t'a plu ?

- Oui, c'était sympa. J'ai particulièrement aimé le moment « épicé » du dîner. »

Il avait mis toute l'ironie dont il était capable dans son regard et son rictus. Draco ne savait comment réagir : l'avait-il vexé ou était-il passé pour un abruti ? Peut-être les deux… Sans se douter qu'il s'agissait surtout de la deuxième proposition. Le blond soupira.

« Désolé. Ça m'a échappé.

- J'ai vu ça.

- Je ne te plais pas ? »

C'était la première fois qu'il parlait de cela depuis qu'ils s'étaient salués. Harry n savait comment répondre. En fait, il ne voulait pas répondre. Alors il fit comme Isaline le lui avait enseigné : quand tu ne sais pas comment répondre, pose une question.

« Là n'est pas la question. Pourquoi tu veux sortir avec moi ? »

Un sentiment de lassitude envahit le blond. On y venait. Il aurait pu sortir toute sorte de raison : l'empressement de sa mère, l'envie d'avoir quelqu'un, la venue de Pansy, le stress des études, un moyen de détente… Tout un tas de raisons qui le poussaient un peu plus à se pencher vers Harry. Mais là n'était pas la question, une fois de plus. Pourquoi le brun l'intéressait ? Que pouvait-il lui répondre ? Qu'il aimait ses yeux, que ses cheveux lui donnaient un air rebelle, que son physique lui plaisait et que ce défi qu'il lisait dans son regard ne faisait que l'attirer un peu plus ?

« Tu me plais, lâcha-t-il.

- Mais encore ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis tatoueur, et tu es un…

- Oh, je t'en prie, Harry…

- Tu vas peut-être me trouver stupide, mais jamais je n'oserai m'acheter la voiture que tes parents t'ont offert à je ne sais quelle occasion. Jamais je n'en aurai les moyens, jamais je n'oserai dépenser un somme aussi importante pour un véhicule. »

On lui avait déjà sorti ce genre de remarque. La différence de statut. Il était étudiant, et sa copine était caissière dans un supermarché, ou son copain diplômé comme fleuriste. Lui poursuivait des études de médecine, il vivait dans une famille aisée.

Mais ce que lui disait Harry était différent. Ce n'était pas leurs chemins différents qu'il comparait, mais l'argent qu'ils avaient. Ou n'avaient pas.

« Il suffit de te voir pour savoir que tu as de l'argent, Draco. Ta voiture, tes fringues… Tu veux être médecin, en plus, tu n'es pas prêt d'avoir un boulot, et pourtant, tu es habillé comme un prince. Toi et moi, on n'est pas du tout pareil, alors je peux être étonné que tu t'intéresses à moi. »

Pendant quelques secondes, Draco eut envie de lui répondre que c'était ça lui plaisait, chez lui : sa lucidité. Harry n'était pas impressionné par lui, ou alors il n'en montrait rien. Il ne le regardait pas de haut ou d'en bas. Il ne sautait pas sur l'occasion. Ouais, c'était peut-être ça, aussi, qui lui plaisait. Harry préférait prévenir plutôt que guérir. Savoir à quoi il devait s'attendre pour ne pas panser ses blessures plus tard.

« Je ne sais pas. Peut-être parce que c'est toi, tout simplement. »

Harry haussa un sourcil d'étonnement. Il ne comprenait pas où il voulait en venir, et le blond poursuivit, regardant le groupe de ses amis marcher devant eux.

« Que ce soit le physique ou le caractère, tu me plais. J'aime qu'on me résiste, ça donne du vivant à ma relation avec les autres. Quand on me dit Amen à tout, ça m'agace. Si c'est ça qui t'inquiète, poursuivit-il pour que Harry ne le coupe pas, que tu sois tatoueur ou autre chose ne me regarde pas. Tu as ton boulot, ce n'est pas à moi de te juger. Et ne vas pas t'imaginer que je te considère comme inférieur à moi, loin de là.

- Donc, ça ne t'embête pas que je sois tatoueur, un mec, et que j'ai ma liberté ?

- Pas du tout. Bien au contraire. »

Draco lui fit un sourire charmeur et Harry sentit son cœur battre plus vite. C'était agréable. Vraiment agréable. Mais tout n'était pas joué, il le savait. Rien n'était joué, avec lui. Il en fallait plus pour cela…

Mais il ne réfléchis pas bien longtemps, car Ron se tourna vers eux, semblant enfin remarquer que Harry avait disparu, et il revint le chercher avec Millicent. Blaise les avait tenus longtemps écartés, et il eut peur que cela ne soit pas assez, mais le regard de Draco lui dit tout le contraire.

Ils arrivèrent devant le cinéma. Blaise n'avait toujours pas dit ce qu'ils allaient voir, et quand il leur révéla le titre du film, les filles pâlirent, tout comme Ron qui se demanda ce qu'il fichait là. Innocent, Harry lut le titre du film, sans voir Draco foudroyer Blaise du regard.

« Une nuit de pleine lune. Profond comme titre. Ça parle de quoi ? »

Ron jura contre Isaline : elle avait complètement raté son éducation cinématographique. Tout le monde, ou presque, savait que c'était Le film à sensation du mois, peut-être même de l'année. Et quand il parlait de sensation, ce n'était celles provoquées par des armes à feu, un beau mec en sueur et des effets spéciaux délirants. Il parlait des vraies sensations, celles qui vous donnaient des sueurs froides et vous hérissaient tous les poils du corps.

Hermione entreprit d'éclairer sa lanterne, Ron étant trop occupé à relire et relire le titre du film. Millicent en faisait de même et Draco fusillait de ses beaux yeux le presque cadavre de Blaise qui sortait les places de ciné.

« Je dirais que c'est une sorte de film d'horreur.

- Pardon ??

- Peut-être pas sanglant…

- Il est sanglant ! Affirma Ron.

- … mais c'est quand même pas très joyeux, finit-elle.

- Blaise ! Tu l'as fait exprès ! Fit Millicent, qui commençait déjà à avoir des sueurs froides.

- Oh arrête, ça va être sympa ! »

Il prit Millicent par le bras et la tira dans le cinéma, tandis que Hermione attrapait celui de Ron pour le faire entrer, ce dernier semblant peu enclin à les suivre. Harry ne fit pas autant d'histoire mais il n'était guère rassuré, Draco se maudit de ne pas s'être occupé lui-même de la réservation.

Ils passèrent au guichet où un employé déchira leurs billets. Tous, sauf Blaise évidemment, regrettaient de l'avoir remboursé, et ils montèrent dans les étages grâce aux escalators. La salle de cinéma était immense et déjà à moitié remplie. Ils réussirent à trouver des places, Harry se retrouvant entre Draco et Ron, lui-même à côté d'Hermione, puis suivaient Blaise et Millicent. Blaise était intérieurement furieux de ne pas être à côté de Draco, pour voir s'il se passait quelque chose dans l'obscurité complice du cinéma, mais ce dernier lui avait ordonné d'avancer, avec la sourde menace de le torturer s'il n'abdiquait pas.

Harry se pencha vers Ron et lui demanda de quoi parlait le film. L'histoire était assez banale, des amis avaient décidé d'organiser une fête d'Halloween dans une grande maison de campagne. Tout aurait pu se passer se passer normalement si un groupe de jeunes n'avaient pas décidé de pimenter un peu leur fête. Harry devinait aisément la suite, et il était peu rassuré.

Il y eut d'abord des bandes-annonces de films, puis des pubs. Et, enfin, les lumières s'éteignirent, et le film démarra. Dès les premières minutes, une étrange ambiance s'installa dans la pièce. Les amis se réunissaient pour préparer la fête, qui promettait d'être absolument hors du commun, et Harry avait envie de leur assurer que cela serait vraiment le cas.

Ses mains étaient posées sur ses cuisses et il faisait de gros efforts pour ne pas regarder Draco assit à côté de lui. Le film commença vraiment à débuter quand une troupe de jeunes déguisés prirent part à la fête. S'en suivit de bagarre, de flingues et de sang. Harry regardait le film, un peu écœuré par tant de violence. Il partagea pourtant l'angoisse de l'héroïne, une jeune fille brune assez jolie, qui regarda un de ses amis se faire égorger par un homme masqué.

Ce genre de film ne l'avait jamais attiré, à cause de la violence et du sang qui s'y trouvaient. Mal-à-l'aise, il se pencha pour retirer sa veste, mais ce n'était guère mieux. Draco sentit sa nervosité, alors qu'un couple arrivait à s'enfuir et couraient à travers champs. Le brun semblait crispé. Draco trouva cela un peu exagéré : c'était un peu violent, mais pas au point d'en faire un malaise. Il chercha quand même dans sa poche un paquet de chewing-gum et en tendit un à Harry qui le remercia dans un souffle.

Son état de nervosité s'accrut quand l'héroïne fut enfermée dans un placard. La pièce était à peine éclairée par une lampe pendant à un fil électrique, et elle se mit à frapper contre la porte, hurlant à plein poumon, terrifiée pour les autres et effrayée par cet espace exigu où elle étouffait, sa panique lui bloquant la respiration.

Des sueurs froides coulèrent le long du dos de Harry. Les yeux grands ouverts, il eut l'impression de se voir lui-même. L'enfant qu'il avait été, enfermé dans le même placard, sous l'escalier. Ses mains frappant la petite porte, sa gorge hurlant qu'il voulait sortir, ses larmes dégoulinant le long de ses joues. Sa poitrine qui se bloque, sa respiration difficile, et tout son corps qui tremble de terreur.

Une main froide et ferme attrapa la sienne et la serra fort. Il sembla sortir de sa transe et chercha des yeux un visage connu. Draco le regardait avec inquiétude : tout le corps de Harry tremblait, jusqu'à ses mains qui griffaient son pantalon, l'accoudoir. Et ses yeux hallucinés qui regardaient la fille pleurer à l'écran, pâle comme la mort.

« Ça va pas ? Tu veux qu'on sorte ? »

Harry fit non de la tête. Surtout pas. Il ne voulait pas sortir, il avait l'impression qu'il s'écroulerait au moindre pas.

« Tu as une mine épouvantable. Viens, on sort.

- Je suis un peu claustro'. »

Il serra en plus la main de Draco, quand on frappa sur la porte du placard pour ordonner à la jeune femme de se taire. Draco resta donc à sa place, tenant la main du brun, qui ne déstressait pas. il aurait pu être content de lui tenir la main, ce vieux cliché du film d'horreur où la jeune fille prend la main ou le bras du garçon aurait même pu le faire sourire. Mais il était très loin du compte, il n'aimait pas du tout voir le visage crispé de Harry, blanchi par la lumière vive de l'écran géant.

Le film dura deux heures. Deux longues heures d'angoisse où on entendit plusieurs cris de téléspectateurs, ou plutôt téléspectatrices. Harry, ayant perdu toute notion de honte ou de gêne, garda la main de Draco dans la sienne, la serrant quand on revenait au placard où quand une personne était enfermée dans une pièce et ne pouvait en sortir, mais se calmant quand d'autres scènes suivaient. A vrai dire, il était plus détendu lors des scènes de massacre.

De temps à autre, Draco murmurait à son oreille. Il trouvait ce film stupide mais devait reconnaître qu'il pouvait être assez angoissant, et il tentait de détendre le jeune homme en lui glissant quelques phrases à l'oreille, ce qui marcha étonnement bien. Harry retrouva même le sourire. Et puis, la scène du placard était terminée, le reste le dérangeait déjà moins

Leurs mains se lâchèrent quand le film fut terminé. Harry avait repris de ses couleurs et il poussa un long soupir. Il croisa le regard de Draco qui lui fit un léger sourire, auquel Harry ne put que répondre. Il n'éprouva aucune honte d'avoir flippé devant un simple film, et il ne vit aucune moquerie dans les yeux bleus de son vis-à-vis.

Les autres ne semblaient pas en meilleur état. Ron, qui avait la peau claire habituellement, avait pâli, tout comme Hermione qui s'éventait encore avec sa main. Millicent semblait mieux se porter mais ce n'était pas la grande forme. Seul Blaise avait l'air d'aller bien, même s'il était un peu retourné. Ils sortirent du cinéma sans un mot, et une fois à l'air libre, chacun fit part de ses impressions, même Harry se mêla à eux, même s'il avait juste envie de rentrer ce coucher. Apparemment, le film n'avait pas tellement plu aux filles qui le trouvaient trop violent. Ron, malgré la frousse qu'il avait eu, l'avait trouvé excellent, tout comme Blaise qui se plaignait d'une douleur aux bras, et Hermione et Millicent n'y étaient pas innocentes. D'ailleurs, Ron aussi semblait se plaindre d'un de ses bras…

Cette soirée, qui avait été agréable malgré la séance de ciné assez spéciale, se termina quand il fut temps de rentrer chez soi. Les garçons raccompagnèrent les filles jusqu'au métro et elles promirent d'appeler Blaise dès qu'elles seraient chez elles. Millicent remercia Harry d'être venu, Hermione en fit de même. Elle s'était détendue au cours de la soirée et avait perdu son air « Miss Je-sais-tout ». elle embrassa également Ron sur les deux joues, qui était toutes rouges, et elles s'en allèrent ensemble. Harry donna un petit coup de coude dans les côtes de Ron qui tenta de cacher la rougeur de ses joues avec ses mains, mais Blaise éclata de rire : il en pinçait pour Hermione, c'était certain.

« Bon, maintenant, on rentre, fit Draco qui avait envie d'aller se coucher.

- Ouais, il serait temps ! »

Blaise regarda sa montre et, s'il n'était pas métis, son visage aurait pali. Draco leva les yeux au ciel en voyant le visage décomposé de son meilleur ami, qui soudain paniqua.

« Draco, c'est terrible ! Il est vingt-deux heures dix !

- Et alors ? Fit Ron, sans comprendre.

- S'il n'est pas chez lui à vingt-deux heures trente précise, sa mère va le punir. »

Blaise jeta un regard noir à Draco qui se contentait de sourire d'un air narquois. La mère de Blaise, une femme blanche et très belle, était assez froide et extrêmement stricte. Elle imposait certaines règles à son fils, et si ce dernier osait les braver, il n'était pas certain d'en ressortir vivant, si jamais sa tendre maman arrivait à mettre la main sur lui. Elle fixait toujours une certaine heure à son fils, même s'il avait largement dépassé sa majorité, et elle était terrible quand il osait rentrer plus tard. Ron et Harry furent stupéfaits quand Blaise leur raconta ça.

« Allez Dray, bouge-toi les fesses ! »

Il attrapa le bras du blond et le tira vers la voiture. S'il n'avait pas eu peur de la colère terrible de Draco, et de sa rancune tenace, il l'aurait jeté sur le siège avant. Draco s'assit calmement devant le volant, tandis qu'Harry s'asseyait à côté de lui. Blaise et Ron restèrent à l'arrière, et le blond démarra, s'engageant sur la route.

Ils arrivèrent un peu plus tard devant chez Blaise, qui vivait dans un vaste pavillon. Il sortit de la voiture après avoir dit « au revoir » aux autres, et il passa la grille du jardin. La voiture s'en alla dans un vrombissement et le black maudit intérieurement sa mère : si elle n'était pas aussi stricte et terrifiante, il aurait pu rester avec Draco et voir comme il aurait demandé à Harry son numéro de téléphone. Il avait mal calculé, sur ce coup-là…

Draco déposa Ron devant chez lui, un modeste immeuble où il habitait depuis environ deux ans avec Neville, son collègue de travail. Tous deux se partageaient le loyer, l'un ne pouvant plus supporter les sautes d'humeur terribles de sa grand-mère, l'autre étouffant dans le cocon familial.

Puis, il ne resta plus que Draco et Harry. D'abord, le brun ne dit rien, puis, ne pouvant plus supporter le silence gênant de la voiture, il prit la parole.

« Désolé pour tout à l'heure, souffla-t-il.

- C'est moi qui suis désolé. J'aurais dû m'occuper du ciné au lieu de tout laisser à Blaise. Ta claustrophobie est sérieuse, ou…

- Non, pas vraiment. Je n'aime pas vraiment les espaces réduits, et le placard… »

Un passage épouvantable de son enfance. Le placard. Si petit et étroit, où il passait ses nuits et parfois ses journées, n'en sortant que rarement, pour se laver, aller aux toilettes ou manger. Une petite souris se baladant dans la maison, discrètement, pour que les maîtres des lieux ne le voient pas, ainsi que leurs invités. Mais personne n'était au courant de cela, sauf Isaline, et Sirius.

« Je vois. La prochaine, je choisirai un film sans placard. »

Harry eut un léger sourire. Une prochaine fois… Un silence s'installa dans la voiture. Draco lui demandait implicitement s'il voulait qu'ils se revoient, et son regard se posait régulièrement sur le visage de Harry. Ce dernier reconnu les rues, ils étaient bientôt arrivés.

Ce n'était peut-être pas une bonne idée. Draco lui avait fait bonne impression, mine de rien, mais le jeune homme n'arrivait pas vraiment à saisir pourquoi il l'intéressait. Certes, Harry n'était pas facile, et Draco semblait aimer quand sa ou son partenaire se montrait têtu. Mais le doute persistait, en lui. Comme toujours…

Pourtant, tandis que Draco se garait juste devant la boutique, Harry sortit son portable de sa poche et regarda Draco, dont le regard sembla briller, même si son visage n'exprimait rien.

« Je ne suis pas quelqu'un de facile. Ça fait longtemps que je ne suis pas sorti avec quelqu'un.

- Laisse-moi deviner. Je dois te séduire ? »

Harry hocha la tête : c'était exactement ça. Ce n'était pas lui qui voulait sortir avec Draco, c'était le blond qui le voulait pour petit ami. A lui donc de se démener pour l'avoir. Et cette perspective plaisait au blond. Il aimait cette idée de conquête.

« J'essaierai d'être à la hauteur, dit Draco d'une voix suave. Personne ne m'a jamais résisté.

- Espèce de vantard… »

Draco eut un petit rire et Harry se détendit contre le siège de cuir.

« Bon, on ne peut pas dire que j'ai souvent joué au séducteur, avoua-t-il.

- Ah oui ? Les filles te sautent dessus ?

- Comment tu as deviné ? »

Harry secoua la tête d'un air faussement exaspéré. Puis, il tendit son portable à l'étudiant qui en fit de même avec le sien. Harry tint l'appareil fin aux touches tactiles dans sa main, inscrivit son nom dans le répertoire, puis son numéro de portable. Puis, il le rendit à son propriétaire, et il récupéra son portable qu'il fourra dans sa poche.

« Bon, eh bien bonne nuit.

- Bonne nuit à toi aussi. Je t'appellerai. »

Le brun acquiesça, puis sortit de la voiture, et il rentra chez lui. Draco le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse, son cœur battant. Il ignora le vrombissement de son portable, Blaise essayant sûrement de le joindre, et il ferma les yeux, rejetant sa tête en arrière.

Il avait son numéro. Ce jeune homme qui l'obsédait depuis des jours et des jours allait peut-être devenir son petit ami. Il avait hâte d'y être…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !