Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Salut !! :-)

Lys : Hello les gens !

Un grand merci à tous ceux qui me laissent des reviews ! Elles me font très plaisir...

Lys : ... et nous espérons que la suite vous plaira !

Exactement ! :-)

Bonne lecture !


Chapitre 5

Nymphadora s'assit confortablement devant sur une chaise de la cuisine, son fils assis sur ses cuisses. La patronne avait déclaré qu'ils étaient en pause et elle était partie leur chercher deux pizzas. Déjà, qu'Isaline bouge ses fesses pour acheter des pizzas, c'était assez bizarre. Mais qu'en plus, ce soir précisément des pizzas qu'elle soit allée chercher était plus que surprenant. Sirius, s'il avait été là, aurait froncé les sourcils et aurait déjà choisi de battre en retraire, ayant flairé un danger imminent.

La jeune maman ouvrit sa main devant le petit visage de son fils, Teddy. Ce dernier en fit de même et, tous deux, ils comptèrent, pliant leurs doigts à chaque fois que Nymphadora énonçait un chiffre.

« Un… deux… trois… »

Et, là, la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas. Enfin, l'ouragan était arrivé. Isaline entra dans la maison, tout en chantonnant.

« A la claire fontaine, m'en aller promener ! J'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baignée ! »

La patronne entra dans la cuisine, ses achats dans les bras, et Teddy applaudit. Il adorait les chansons, surtout qu'il la connaissait, celle-là. Nymphadora se leva de sa chaise et sortit de la cuisine. Isaline continuait à chanter à tue-tête…

« Il y a longtemps que je t'aime ! Jamais je ne t'oublierai ! »

Elle eut une grimace : mouais, la chanson n'était pas anodine, et Harry qui s'était carapaté dans sa chambre devait penser la même chose. Il fallait vraiment connaître Isaline pour savoir quand elle était en colère ou quand elle faisait des reproches. Ce Draco n'avait qu'à bien se tenir…

Nymph' entra dans la chambre de Harry, après avoir toqué à la porte. Ce dernier était allongé sur son lit et semblait attendre. Non pas que Tonks monte, mais que sa tante arrête de chanter. Mais il pouvait toujours aller se rhabiller, Isaline était bien partie pour continuer…

« Heu… Ryry, je crois que tu devrais descendre.

- J'ai pas faim. »

En bas, Isaline continuait à chantonner, mais son ton semblait avoir monté. Harry soupira. Il n'avait pas dit à Isaline qu'il comptait revoir Draco, mais vu qu'il ne lui avait pas parlé du tout de cette soirée, prononçant un vague « oui » quand elle lui avait demandé si tout s'était bien passé, sa tante devait en avoir conclu que cette petite sauterie s'était mal terminée. Enfin, mal terminée de son point de vue, car elle ne pouvait décidément pas sentir ce blondinet. Elle lui rappelait quelqu'un mais elle était incapable de savoir qui. En tout cas, elle connaissait suffisamment son neveu pour savoir qu'il n'avait pas pu résister à lui accorder un rendez-vous.

« Il est si bien que ça, ton blondinet ? Demanda Nymph'.

- J'ai pas pu lui dire non. »

Harry se leva de son lit et sortit de sa chambre. L'heure de la confrontation était venue. Isaline avait attendu toute la matinée que Harry lui parle de cette soirée. Midi était passé, et si le jeune homme ne se montrait pas coopératif, il allait passer à la casserole. Et Tonks savait à quel point Isaline était douée pour cuisiner les gens…

D'ailleurs, préférant éviter d'assister au carnage, elle prit une pizza qu'Isaline avait coupé, un couteau et s'en alla avec son chéri dans la boutique. Quelques minutes plus tard, une bombe explosa dans la cuisine. Teddy lança un regard inquiet à sa maman qui lui fit un grand sourire pour le rassurer.

Mais on ne pouvait pas dire que la situation était idyllique, dans la cuisine, bien au contraire. Les mains sur les hanches, Isaline toisait son filleul, pas du tout impressionnée par son regard noir. Elle en avait affronté des plus gros que lui, ce n'était pas un gamin de vingt-et-un an qui allait lui faire peur.

« Ecoute-moi bien, mon gars. Tu vas me dire exactement ce qui s'est passé hier soir, où ça va barder.

- Je n'ai aucun compte à te rendre ! Cria Harry, en colère.

- Alors tu vas faire comme d'habitude, hein ?! Tu vas sortir une fois, puis deux, puis trois, et comme tu auras les chocottes, tu vas le larguer ! Et ne me regarde pas comme ça, tu fais ça à chaque fois, que ce soit un mec ou une fille !

- C'est bien toi qui voulais me caser, non ?!

- Ce gars ne me plait pas du tout, répliqua-t-elle sans hésitation. Tu sais ce que je pense des bourges et de leurs gosses. Ce mec se prend pour le centre du monde. Qu'est-ce qu'il en a foutre d'un tatoueur de quartier ? »

Au fond de lui, Harry sentit ces mots lui écorcher le cœur. Le grand amour, il n'y croyait pas. Le petit ami idéal, il n'y croyait pas. Mais Draco n'était pas comme les autres, il le sentait. Même s'il était plus riche que lui, même s'il avait ce sourire charmeur sur les lèvres et le défi dans ses yeux.

« Ne dis pas ça.

- Quoi, je t'ai fait mal ? Mais regarde-le, bon sang ! Souviens-toi de tous ceux qu'il y a eu avant lui ! Toujours les mêmes, toujours les mêmes scénarios stupides ! Il va te décevoir, Harry, et à ce moment-là, qu'est-ce tu vas faire ? Hein, Harry ? Quoi, tu ne dis plus rien ? Moi, je vais te dire ce que tu vas faire, quand tu te rendras compte qu'il n'en vaut pas la peine, ou qu'il t'aura blessé : tu vas m'ignorer toute la journée, parce que j'aurais encore eu raison, et tu viendras dans mon lit le soir pour que je te console. »

Harry serrait les dents et ses lèvres pincées indiquaient qu'il cherchait une réponse sans en trouver. C'était toujours pareil : un, deux, voire trois rendez-vous, et au final, Harry ne se sentait pas capable de sortir avec la personne, et il y mettait fin. La personne lui plaisait plus ou moins. Parfois, il se sentait presque prêt à lui laisser une chance, mais la personne n'était jamais comme il l'aurait voulu : naturelle. Et pas charmeuse, centrées sur eux, sur un futur à deux. Il ne voyait jamais dans leurs yeux cette petite étincelle qui lui promettait que cela durerait longtemps, qu'il était une personne à part. Il ne voyait pas ce qui pourrait le lier avec ces personnes. Plus rarement, sa crainte d'être déçu à l'avenir l'empêchait de continuer. Mais cela arrivait moins souvent.

Et dans tous les cas, cela se terminait toujours de la même manière. Il y avait comme un creux en lui, et toute la journée, il n'adressait pas un mot aux deux femmes. La nuit tombée, il se glissait dans le lit d'Isaline, comme un enfant apeuré par l'orage, pour qu'elle le réconforte. Pour qu'elle lui caresse les cheveux, et qu'elle lui dise que ce creux qu'il n'arrivait pas à combler finirait un jour par être rempli. Il fallait juste attendre…

Isaline semblait s'être calmée. Elle n'aimait pas le blesser, bien au contraire. Mais il fallait remettre les points sur les « i ». Cet étudiant ne lui plaisait pas du tout. Il lui rappelait cette famille de fous où Sirius était né, ces gens qui pétaient plus haut que leur cul, ou au contraire captivés par ce qu'il y avait en-dessous d'eux. Harry avait déjà été blessé une fois, et elle voulait que cela soit la seule. Il était hors de question que ce blondinet joue avec Harry, ou que ce dernier espère trop et abandonne tout au bout de deux rendez-vous. Elle n'en pouvait plus, de ça…

« Qu'est-ce qui te plait, chez lui ? Demanda-t-elle, un peu radoucie. Hein ? Qu'est-ce qui te plait ? Ses fringues ? Sa bagnole ?

- J'ai été franc avec lui. »

Harry ne voulait pas s'étendre sur les détails. Isaline hocha la tête, elle avait compris : il lui avait clairement dit ce qu'il pensait. Déjà un bon point.

« Je sais, Tata. Je sais pas pourquoi j'ai dit oui. Mais j'ai envie d'essayer. Il… Il avait l'air sincère… »

Ses yeux brillaient doucement. Isaline ne put que pousser un soupir exaspéré. Mouais, elle aurait beau crier, ça ne changerait pas grand-chose. Harry était un savant mélange entre sa mère et son père, et Isaline avait l'impression de voir Lily, quand elle lui disait que James avait l'air sincère et qu'elle voulait essayer avec lui. Isaline lui avait dit de se méfier, Lily ne l'avait pas écoutée, et James l'avait blessée. Une fois. Puis deux. Mais pas de troisième. Isaline lui avait remonté les bretelles : ses comportements de gamin, de jeune riche, il pouvait se les garder pour lui. Flirter avec d'autres filles, se vanter de ses moyens, tout critiquer… James et Lily s'étaient séparés, puis s'étaient remis ensemble, quand James fut calmé.

Isaline savait bien qu'elle surprotégeait Harry, qu'il venait d'avoir vingt-et-un ans, et qu'il était suffisamment grand pour savoir avec qui il voulait sortir. Surtout que vu son look et son boulot, ne pouvait dire que c'était un jeune homme « normal », si on exceptait sa bisexualité. Mais ce gosse lui avait déjà fait assez misères pour le restant de ses jours, elle ne voulait pas qu'il lui fasse encore une bêtise. Et puis on ne pouvait pas dire que c'était très sérieux de servir de nounours à un homme majeur quand il avait ses chagrins.

Harry lui fit ses yeux de chien battu, en sachant très bien qu'Isaline y était imperméable. Pourtant, elle poussa un soupir, excédée. Au lieu de s'exciter comme une puce, elle devrait mieux laisser Harry se brûler les doigts. Il ne lui resterait plus qu'à lui servir d'oreiller…

« Bon, fait ce que tu veux. Mais si ça se passe mal, ce sera bien fait pour tes fesses. »

Harry soupira. Bon, maintenant, il ne lui restait plus qu'à supporter la voix criarde et chantante de sa tante jusqu'à son prochain rendez-vous…

OoO

« Allez, Dray !! Dis-moi !! J'ai été assez puni comme ça ! »

Draco leva un nez hautain et l'ignora superbement. Enfin, c'était plus pour emmerder Blaise qu'autre chose. Certes, il lui en voulait pour ce plan foireux du film d'horreur, mais sa colère était vite passée : Harry avait accepté de le revoir et il avait son numéro, donc au final, cette soirée avait été plutôt agréable.

Et puis, il fallait dire que le jeune homme était d'agréable compagnie. Bon, certes, ils n'avaient pas les mêmes centres d'intérêts, les mêmes conversations, mais la voix et le sourire du tatoueur était rafraîchissant. Il avait une façon de parler qui mettait tout de suite à l'aise, des anecdotes qui l'avaient fait sourire, et il était loin d'être stupide. En plus, il ne savait pas quelque chose, il ne disait rien. Pour Draco, c'était une qualité, vu le nombre conséquent de crétins qui vantaient des connaissances qu'ils n'avaient pas.

« Dray !! Allez !!

- Qu'est-ce tu as à le supplier, comme ça ? »

Draco n'avait nullement besoin de se retourner pour imaginer la colère passant sur le visage chocolat de son meilleur ami. La voix haut-perchée de Lavande venait de se faire entendre, au plus grande déplaisir de Blaise, qui aurait voulu cuisiner Draco bien tranquillement. Mais cette pipelette contrecarrait ses plans…

Lavande Brown était le genre de fille que Draco exécrait et que Blaise adorait. Talons hauts, mini-jupe, chemisier quelque peu transparent et cheveux d'un blond platine. A se demander ce qu'elle fichait encore là, celle-là… Enfin, il ne fallait pas oublier que son gentil papa payait tout un tas de professeurs pour l'aider dans ses études, sinon, jamais elle n'aurait atteint sa troisième année de médecine, qui se révélait terriblement désastreuse. Draco ne trouvait aucun intérêt à fréquenter ce genre de fille, Blaise adorait ça car il les trouvait délicieusement naïves.

Elle n'était pas seule, évidemment. Susan Bones, une jeune fille aux cheveux blond cendré avec déjà un air plus intelligent, faisait parti du groupe, ainsi que Terry, sa nouvelle copine pendue à son bras, Seamus et Dean. Draco se demandait sérieusement pourquoi tous les gens qu'il ne voulait pas voir traînaient tous ensemble… C'était hallucinant…

Il croisa le regard de Seamus. Cela faisait bien quatre mois qu'ils n'étaient plus ensemble, ou peut-être plus, mais Draco voyait toujours cette petite étincelle d'envie dans les yeux brun de l'irlandais. C'était évident qu'il voulait recommencer. Peut-être qu'il ferait des efforts, qu'il s'améliorerait pour plaire à Draco, mais le blond avait un autre visage dans sa tête : un brun aux cheveux ébouriffés, parsemés de mèches écarlate, avec des yeux d'un vert surnaturel à peine dissimulé derrière ses lunettes. Le visage séduisant de Seamus lui paraissait fade à côté. Sans saveur.

« Disons que j'aimerais savoir quelque chose qu'il ne veut pas me dire, répondit Blaise de façon évasive.

- Ah oui ?? Firent Lavande et Susan, intéressées.

- Rien qui ne vous intéresse. »

Draco lança un regard entendu à Blaise, mais ce dernier était bien décidé à avoir sa revanche. Draco n'avait pas répondu à ses coups de téléphone, si à ses conversations sur MSN, gardant obstinément le secret sur sa fin de soirée avec Harry. Et il voulait savoir, merde. Et il saurait…

« Draco a quelqu'un en vue. »

Cette nouvelle fit l'effet d'une bombe. Aussitôt, les deux filles se jetèrent sur lui pour savoir qui était visé, tandis que Dean et Terry commençaient à citer tout un tas de noms. Draco jeta un vague regard vers Seamus qui semblait bouillonner sur place. Blaise, quant à lui, se marrait bien dans son coin. Le blond en eut vite marre des assauts des deux filles et il les repoussa assez fraichement.

« Ça ne vous concerne pas, point barre. »

Le regard qu'il leur lança rafraichit leurs ardeurs et Draco s'en alla à grands pas, suivi par Blaise, son fidèle chien qui devait presque courir pour suivre les grandes enjambées de son ami. Le petit groupe voulut les suivre mais Draco bifurqua dans un couloir et descendit des escaliers, semant ces crétins qui ne servaient qu'à répondre des rumeurs.

« Putain, Blaise tu fais chier.

- Oh, pour que de tels mots franchissent la barrière de ses lèvres, il faut vraiment que tu sois énervé.

- J'aurais préféré garder ça privé, grinça le blond. Tu n'aurais pas pu la fermer ?

- C'était trop tentant. Tu as vu la tête de Seamus ? Fit Blaise, hilare.

- Ouais, j'ai vu. Rien à faire. »

Qu'importe la colère de Seamus et sa jalousie presque maladive, il était hors de question qu'il se laisse faire. Mais Blaise ne lui laissa pas le temps de penser plus longtemps à son ex petit ami, revenant à la charge avec Harry. Las, Draco finit par céder.

« On a échangé nos numéros.

- Yeah !! Cria Blaise, attirant tous les regards sur lui, mais il n'en avait rien à péter.

- Ne cris pas victoire trop vite, il est pas prêt de me tomber dans les bras.

- Que tu dis ! Je suis sûr que vous vous êtes rapprochés dans le ciné ! »

Draco lui jeta un regard énervé et Blaise sut qu'il s'était passé quelque chose. Mais il eut beau insisté, Draco ne prononça pas un mot de plus. Il n'allait quand même pas dire que, en effet, Harry avait répondu à ce vieux cliché des salles de ciné, et qu'il lui avait pris la main tellement il avait peur. Non pas du film en lui-même, mais de cette scène de placard. Harry était un peu claustrophobe et Draco préférait garder ça pour lui. Blaise était une vraie pipelette et nul doute que, s'il le savait, cela ressortirait d'une façon ou d'une autre.

Soudain, les deux étudiants s'arrêtèrent. Au bout du couloir, ils venaient d'apercevoir le professeur Rogue qui devait sûrement se rendre à son cours. Depuis qu'ils savaient qu'il était homosexuel, Blaise et Draco ne le voyaient plus vraiment de la même manière. Blaise venait découvrir que cette chauve-souris possédait quelque chose entre les jambes et qu'elle savait s'en servir. Quant au blond, il se demandait sérieusement comment cet homme si intelligent avait pu s'embarrasser d'un mec capable de le faire gueuler. Enfin, pas seulement sous la couette…

« Je me demande comment est le mec de Rogue, pas toi ? Dit Blaise en regardant son ami.

- Ça doit être un sacré numéro. »

Et le mot était faible…

OoO

Le téléphone portable vibra. Une fois. Puis deux. Puis trois. Harry, les yeux rivés sur son ordinateur, grogna. Il était en pleine conversation avec Luna. Poli qu'il était, il lui demanda d'attendre deux minutes à cause du téléphone, qu'il attrapa et colla à son oreille.

« Allo ?

- Ryry, c'est moi !! »

Il faillit tomber sa chaise et Luna, qui le regardait pas la webcam, sembla prise d'un fou rire incontrôlé. Il fallait dire que le visage halluciné de Harry était à mourir de rire.

« Gné ?

- Surpris, hein ?? How do you do ? Je sais, ça fait un mois que je ne t'ai pas appelé et que je n'ai pas répondu à tes appels, mais j'ai une bonne raison, je te jure !

- Cho, tu devrais parler encore plus vite…

- Désolée mon chéri, mais je suis trop contente de t'avoir au téléphone !! »

Harry détestait que Cho l'appelle parce qu'il ne pouvait pas la forcer à ralentir le débit de ses paroles. Quand il l'avait devant lui, c'était déjà mieux car il pouvait la ligoter sur une chaise si elle n'arrêtait pas deux minutes de sauter partout comme une puce. Enfin, ça, c'était quand Isaline n'était pas dans la pièce, car cette dernière était capable de la menacer de toute sorte de tortures plus ou moins agréables si elle ne se calmait pas.

« Donc, alors, je te raconte… »

Et Cho partit dans son bavardage incessant dont Harry comprit très peu de chose. La jeune femme avait un léger accent asiatique et elle mélangeait un anglais plus que douteux avec un français correct. Elle tentait de faire des efforts parce que Harry était anglais, mais ce dernier avait un mal terrible à comprendre ce qu'elle racontait, même s'il était concentré. Il parvint cependant à saisir que Cho s'était faite harcelée par une dénommée Christina, et en plus elle avait cassé son portable, et donc elle avait préféré ne pas appeler Harry, des fois que Christina ait son adresse et qu'elle vienne l'emmerder et qu'il balance sans le savoir où Cho se cachait.

Quand il l'avait connue, Harry avait d'abord pensé que Cho était une fille timide, mais il s'était rapidement rendu compte que, dans l'intimité, elle était loin d'être réservée. Elle était la reine des plans foireux et des histoires abracadabrantes. C'était tout à fait son genre de s'embarquer dans histoires sans queue ni tête.

Enfin bon, c'était quand même une fille adorable, bien qu'assez fleur bleue et attireuse d'emmerdes. Combien de fois Harry était venu la tirer d'affaires, chevauchant sa moto comme un destrier pour la sauver des méchants pas beaux. Sauf que Harry avait bien failli s'en prendre plein la gueule, et la plupart des amis de Cho le connaissaient parce qu'il était le seul à être assez courageux, ou stupide, pour la tirer des ennuis. Bon, oui, il y avait aussi ce charmant Olivier Dubois qui venait à sa rescousse, mais la plupart du temps, ce crétin de sportif à la noix ne pensait qu'à taper dans son ballon plutôt que de sauver la pauvre chinoise en détresse.

« Et donc, I am at home ! T'es content ?

- J'en pleure de joie. Et comme ça va, le boulot ? »

Cho avait toujours rêvé d'être photographe et elle arrivait à mêler ses études avec un son job, de façon à payer le loyer de son appartement, qu'elle partageait justement avec Olivier. L'une ne pouvait se permettre de vivre seule dans un appartement, surtout à Paris, et l'autre voyait là un moyen de payer son loyer moins cher.

Vivre avec Cho avait deux inconvénients. D'abord, c'était une fille, donc on l'avait souvent prise pour la petite amie d'Olivier, ce qui n'était absolument pas le cas. Et ensuite, elle était photographe. Combien de fois ce pauvre footballeur un peu trop bien fichu avait été menacé de mort s'il ne posait pas pour ses photos… Harry n'avait jamais cédé, mais il avait l'avantage de ne pas vivre avec elle. Olivier lui assurait qu'elle savait rater ses plats avec un très grand savoir faire, et le pire était qu'il fallait les manger après…

« Voilà les nouvelles. Et toi ?? Tu as enfin trouvé l'amour ? »

L'image de Draco flotta dans son esprit et il la rejeta d'un coup : il n'y avait rien entre lui et ce fichu blondinet, du moins pour le moment, et peut-être qu'il n'y aurait jamais rien entre eux. Inutile de parler de lui à Cho où il allait se faire tirer les oreilles.

« Non.

- Tu vas finir vieux garçon !

- Laisse tomber, Cho… »

Elle avait essayé tant de fois de le caser qu'il avait cessé de compter. Aucune des filles et aucun des garçons qu'il avait rencontré ne lui avait vraiment plu, du moins pas assez pour aller au-delà de deux ou trois rendez-vous. Au début, il se disait qu'il devait être difficile. Au final, il en avait conclu qu'il l'était vraiment. D'un autre côté, Cho avait essayé de le caser avec tout ce qui avait une apparence humaine, et elle connaissait beaucoup de gens… La douceur et la discrétion de Luna lui manquait vraiment, par moments…

Harry discuta encore quelques minutes avec la chinoise avant qu'elle ne raccroche. Puis, il put enfin reprendre sa conversation avec Luna qui demanda quelques nouvelles de Cho. Elle ne la connaissait pas très bien, mais Harry lui avait tellement parlé d'elle que c'était comme si elle l'avait côtoyée. Combien de fois s'était-il plaint des bonnes intentions de Cho, et également d'Isaline qui le forçait à ce rendre à ces rendez-vous…

« Tu lui as dit pour Draco ? Tapa-t-elle.

- Tu es folle ? Elle viendrait ici pour voir s'il est vraiment réel et elle lui ferait peur.

- C'est vrai qu'elle est terrifiante, ta chinoise.

- Ce n'est pas Ma chinoise.

- Tu sais, je pense que Draco est sincère avec toi.

- Tu ne l'as jamais vu !

- Et alors ? Pas besoin de le voir. Je suis sûre que ça ira. »

Harry aurait aimé la croire, mais le doute continuait de l'assaillir. Le blond ne l'avait toujours pas appelé, nous étions lundi. Deux jours qu'ils avaient échangé leurs numéros, deux jours qu'il attendait un appel. Mais rien ne venait. Il était encore tôt… Il avait le temps.

OoO

Confortablement assise dans le canapé du salon, Narcissa était en pleine conversation téléphonique avec sa mère, la charmante et tendre Druella Black. Narcissa ne le savait pas, mais Draco avait souvent grincé des dents en entendant le nom particulier de sa grand-mère. D'ailleurs, il s'était toujours dit que la famille de sa mère avait une imagination à revendre quand il s'agissait de donner des prénoms…

Narcissa écoutait sa mère raconter ses malheurs : son mal de dos terrible et cette maudite canne qu'elle était obligée d'utiliser. Elle lui avoua aussi que la maladie du grand-père de Narcissa, Pollux, était en train d'empirer. Ils espéraient que son état s'arrangerait, mais le cancer continuait à progresser, et le vieil homme n'était plus tout jeune.

« Et où vit-il, en ce moment ? Demanda Narcissa, inquiète.

- Chez ta tante. Cette chère Walburga s'en occupe très bien mais elle est tourmentée, si tu la voyais. J'étais d'accord pour prendre Père chez nous, mais elle a insisté pour le faire elle-même. Tu comprends, depuis qu'elle et Regulus se sont brouillés à propos du mariage de sa fille, il ne lui adresse plus un mot. Que de malheurs, pour cette pauvre Walburga… »

Narcissa préféra ne pas contrarier sa mère, même si elle pensait plutôt que c'était sa tante qui cherchait la petite bête. Bien qu'elle n'ait jamais eu de réelles affinités avec Regulus, elle le considérait comme était un homme responsable et intelligent, et il était tout à fait en mesure de s'occuper lui-même du mariage de sa propre fille. Bon, certes, le fait qu'elle ait à peine dix-huit ans et un bébé en cours n'était guère sérieux, et le futur époux était « un garçon du peuple », comme le disait si bien sa mère. Mais bon, Narcissa était assez large d'esprit pour accepter le fait que son fils puisse être homosexuel, alors elle n'allait pas piquer une crise parce que la fille d'un autre allait faire sa vie avec un homme au revenu modeste.

La famille de Narcissa était tout de même assez grande et plus ou moins liée. Elle avait mis du temps avant de se familiariser avec tous les noms, hommes, femmes et enfants. Maintenant, ils vivaient en France et elle avait un peu de mal à suivre les histoires de la famille. Celle de son mari était plus restreinte, et elle regrettait que son fils ne soit pas plus proche de sa famille, mais ils avaient choisi de vivre en France, avec les conséquences que cela comportait. Et puis, elle savait bien que, pour Draco, la famille lui passait largement au-dessus de la tête.

Soudain, la porte de la maison s'ouvrit. Mr Dobby accueillit Draco, lui demandant si sa journée s'était bien passée et s'il voulait manger quelque chose. Le blond lui répondit qu'il n'avait pas faim et il monta dans sa chambre sans plus de cérémonie. Narcissa dit « au revoir » à sa mère et raccrocha le téléphone.

Lucius était un homme qui planifiait tout. Il avait ses habitudes et il s'y tenait, quelles qu'elles soient. Ainsi, quand la moindre de ses petites habitudes changeait, il était aisé pour Narcissa de savoir que quelque chose n'allait pas. Il fallait croire que c'était génétique, car Draco était exactement comme son père. En fait, il était même pire. Chez Lucius, au moindre souci, ses habitudes s'en voyaient légèrement troublées. Chez Draco, il fallait vraiment qu'il y ait quelque chose pour que Narcissa aperçoive un quelconque changement.

Cela avait commencé dimanche, quand elle avait voulu se rendre à l'église avec son fils, qui s'était montré un peu ronchon, même s'il l'avait suivie. D'habitude, Draco ne disait jamais non, et il ne se plaignait pas. Bon, cela pouvait arriver. Ensuite, lors du dîner, quand Lucius avait été obligé de s'absenter à cause de son travail, Draco s'était de suite enfermé dans sa chambre, alors que d'habitude, dans ces cas-là, il restait toujours auprès de sa mère pour lui tenir compagnie. Deuxième chose d'étrange, mais passons.

La chose qui l'avait vraiment choquée, et elle n'était pas la seule d'ailleurs, c'était que Blaise était arrivé plus qu'en retard ce matin-là, et que Draco n'avait absolument rien dit. Mr Dobby lui avait raconté cela tant il avait été surpris : même s'il ne pouvait l'entendre de là où il était, il voyait bien quand Draco disputait son ami. Mais ce matin, rien du tout. Et là, alors qu'il rentrait de la fac, il allait directement dans sa chambre, et cela sans manger. Draco mangeait toujours quelque chose quand il rentrait. Et là, rien.

En bonne mère de famille qu'elle était, Narcissa monta à l'étage pour aller voir son charmant fils afin de lui demander si tout allait bien. C'était certes des détails anodins, mais Draco était aussi réservé que son père, peut-être même plus encore, et Narcissa avait appris à décrypter leurs faits et gestes.

Elle frappa à la porte et son fils l'invita à entrer. Draco était assis devant son ordinateur qu'il était en train d'allumer. Pendant un instant, Narcissa admira l'étudiant. Son fils. Sa fierté. La chaire de sa chaire, son trésor, son bébé. Elle aimait tendrement son fils et elle le trouvait parfait à tout point de vue. Le fait qu'il soit homosexuel ne la gênait plus, elle s'y était faite, et le principal, pour elle, était qu'il soit heureux.

Draco leva les yeux vers lui et lui sourit. Puis, il se leva pour l'embrasser sur la joue. Narcissa l'embrassa à son tour, puis elle s'assit sur le lit de son fils. Il fronça légèrement les sourcils. Il se demanda si quelque chose n'allait pas, mais il préféra attendre qu'elle lui parle, gardant ses questions pour lui.

« Je voulais te parler. Tu as un peu de temps à me consacrer ?

- Oui, bien sûr, dit-il en s'asseyant à côté d'elle.

- En fait, je voulais te parler de Pansy. »

Et merde… songea-t-il. Il l'avait oubliée, celle-là.

« Comme tu le sais, elle vient passer quelques jours, pendant les vacances de la toussaint. Je compte sur toi pour être présent et l'accompagner lors de ses sorties. »

Draco se retint de sourire d'ironie. Draco se demandait si c'était comme ça dans la famille Black, ou si c'était simplement parce qu'elle vivait depuis trop longtemps avec les Malfoy. Sa mère avait dû remarquer qu'il avait un peu changé de comportement et elle venait lui demander, de façon détournée, s'il était toujours libre pour s'occuper de Pansy. Il arrivait à lire en elle comme dans un livre ouvert…

« Je ne sais pas si je serai disponible, avoua-t-il avec franchise.

- Ah oui ?

- J'ai… quelqu'un en vue. »

Sa mère afficha une agréable surprise et Draco sut de suite qu'il ne s'était pas trompé : elle était venue savoir s'il avait quelqu'un. C'était tout un art de tourner autour du pot avant d'en venir au sujet principal…

« Ah oui ? Et qui est-ce ?

- L'ami d'une amie. Il n'y a rien entre nous pour le moment, il n'est pas facile à séduire. »

Et le mot était faible. D'ailleurs, Draco avait passé tout son dimanche après-midi à chercher un endroit où l'emmener. Il savait déjà qu'ils iraient au cinéma, mais il était hors de question que le film soit trop violent, et il devait choisir un restaurant un peu plus original. Draco ne voulait faire aucun faux pas.

Sa mère lui demanda quelques détails sur ce jeune homme mystérieux, mais elle n'obtint pas grand-chose : il était brun aux yeux verts et il avait un beau sourire. Ah si, son nom aussi : Harry. Puis, son fils lui dit qu'il avait son cours à revoir, certains points lui trituraient l'esprit, et sa mère, rassurée, s'en alla tranquillement de sa chambre.

A peine fut-elle hors de la pièce que Draco prit son portable dans sa poche et chercha le numéro de Harry. Son ordinateur était à présent allumé et, tendit que la tonalité bipait, Draco ouvrit une page internet et partait sur Google, commençant lentement ses recherches. Quand il entendit la messagerie du portable, Draco fronça les sourcils, déçu.

« Vous êtes bien sur le portable de Harry, je suis absent pour le moment, laissez un message, ou… »

« Oui, allô ?? »

Son visage s'éclaira quand il entendit la vraie voix du tatoueur.

« C'est Draco. Je te dérange ?

- Non, pas du tout. »

Ce que le blond ne savait pas, c'était que Harry sortait de la douche, revenant tout juste de sa petite séance de sport. Il n'était donc vêtu que d'une large serviette rose, ses cheveux et son torse encore humides.

« Tu vas bien ? Lui demanda Harry, qui cherchait un moyen de se sécher sans lâcher le portable.

- Plutôt, oui. Et toi ? Tu travailles aujourd'hui ?

- Non, jamais le lundi. Kyaa !! »

Draco sursauta alors que Harry se mettait à crier après sa tante qui semblait lui avoir piqué quelque chose. Il s'était mis à parler en anglais et il s'excusa dans la même langue auprès de Draco, jurant entre ses dents. Le blond souriait.

« Qu'est-ce qui se passe ?

- Tata me fait chier.

- Elle t'a volé quelque chose ?

- Oui, ma serviette. »

Un ange passa. Harry éclata de rire en entendant le « Quoi ?! » du blond, alors qu'une image mentale s'imposait dans l'esprit de ce dernier : Harry nu au milieu de sa chambre, sortant tout juste de la douche.

« Attends, t'es à poils dans ta chambre, là ?

- Nan, j'ai pris une autre serviette.

- Elle te prend souvent tes affaires comme ça ?

- Seulement quand je suis au téléphone. Bref, passons.

- Ouais. Tu es libre samedi ? »

Harry marqua une légère hésitation, puis il répondit, son cœur battant un peu plus vite.

« Oui, je suis libre.

- Je viens te chercher vers dix-neuf heures, ça te va ?

- Qu'est-ce qu'on va faire ?

- Un restau' et un ciné. Ça te va ? »

C'était parfait. Autant commencer dans la simplicité. Avec amusement, Harry lui fit promettre de ne pas l'emmener dans un film comme Une nuit de pleine lune. Draco le lui jura : autant éviter de pourrir la soirée avec un film à vous retourner le ventre. Et puis, son but était de séduire Harry, et non de le terrifier…

Draco raccrocha et Harry regarda pendant un long moment son portable, posé au creux de sa main. Il sentait son cœur battre et une étrange angoisse commençait doucement à s'insinuer dans son cœur.

Samedi. Dix-neuf heures. Un restau' et un ciné. Dans quoi s'était-il aventuré ?

OoO

« Tu pourrais me plaindre au lieu de te foutre de moi ! Putain, Isaline, mais arrête de rire !!

- Je croyais qu'il était interdit de parler comme un charretier, ici ?

- Nymphadora, on t'a pas sonné ! »

Cette dernier se refrogna et préféra se concentrer sur son assiette de pates, boudeuse. Elle avait horreur qu'on l'appelle par son nom en entier, elle le trouvait atrocement ridicule. Comment sa mère avait-elle pu oser lui donner un nom pareil ? Enfin, elle s'y était faite : avant, jamais elle n'aurait admis qu'on l'appelle « Nymph' ».

Sirius tapa sur la table et cela ne fit qu'augmenter l'hilarité d'Isaline, qui cachait son rire derrière sa main, même si cela ne servait strictement à rien. Sirius la ferait toujours rire, vraiment. D'ailleurs, exaspéré par le comportement puéril de son amie, il poussa un long soupir.

« Je te jure, je suis crevé. Je dois aller l'emmener le matin, le chercher le midi, le ramener à nouveau et revenir le chercher le soir ! Ça me rappelle quand je devais emmener Harry au collège quand il y avait grève des transports…

- Sauf que là, la grève dure depuis plus d'une journée, précisa Isaline, qui eut un sourire lubrique. Et je suppose qu'il y a une grève autre part, non ? »

Sirius poussa un soupir à fendre l'âme et les deux filles s'écroulèrent de rire. Oui, ça, c'était certain : Severus avait décidé d'être gréviste en ce qui concernait leurs fabuleuses aventures sous la couette. Et il fallait dire que Severus savait contrôler sa libido, contrairement à Sirius qui commençait déjà à ressentir les effets du manque.

Pendant un instant, Isaline se demanda depuis combien de temps elle n'avait pas fait l'amour avec un homme. Oh, ça devait bien faire un an. Un an qu'un homme ne l'avait étreinte avec amour et passion. Ça lui manquait, mais d'un autre côté, elle s'était faite une raison : elle n'avait jamais trouvé de chaussure à son pied, et ce n'était pas maintenant qu'elle allait en trouver une. Elle allait avoir quarante ans début décembre. Sa vie sentimentale était terminée avant même d'avoir commencé.

Certains lui diraient qu'elle avait encore largement le temps de trouver l'amour. Elle n'était qu'à la moitié de sa vie. Isaline aurait plutôt dit qu'elle était déjà à la moitié de sa vie. Sirius avait un an de plus qu'elle et il avait Severus. Mais la différence entre eux deux, c'était que Sirius avait toujours eu besoin d'attention, d'amour, et qu'il n'avait jamais réellement éprouvé le besoin d'avoir un enfant, puisqu'il avait Harry.

Pour Isaline, c'était différent. Elle donnait plus d'amour qu'elle n'en demandait. Elle avait consacré toutes ces années à Harry, ce gosse qu'elle considérait comme son propre fils. Malgré ses vingt ans passés, c'était son bébé, son ange à elle. Presque l'homme de sa vie. Isaline allait avoir quarante ans, et elle se sentait vieille. Pas vraiment dans sa tête, elle avait toujours été un peu plus mature. Peut-être trop. Mais dans son corps, elle se sentait âgée, même si elle était toujours aussi jolie.

Jolie… Cheveux bruns et blonds, des yeux bleus, et des tatouages sur le corps. Un look à chier qui ne correspondait plus à son âge, et pourtant, elle continuait à se comporter comme avant. Comme pour se prouver que les années passaient sur elle sans la détériorer. Mais elle savait bien que ce n'était qu'une illusion : ses derniers amants l'avaient toujours vue comme une relation saine sans de lendemain. Car le lendemain à elle, c'était un enfant. Et aucun homme n'avait voulu ou pu lui offrir cela.

Isaline aurait aimé se caser avec homme qui lui offrirait un enfant bien à elle, mais aucun de ces enfoirés n'avait accepté d'aller jusque là. Pour plusieurs raisons. La première était Harry, qu'ils voyaient d'un mauvais œil. Ce gosse sorti de nulle part qu'elle aimait comme si c'était le sien, c'était bizarre. La seconde était son boulot : des hommes et des femmes à demi nues, des piercings mal placés… La troisième était sa façon de s'habiller et ses cheveux teints. Inutile de préciser les autres raisons… Elles étaient trop nombreuses, trop hypocrites. Trop blessantes.

Et tandis qu'elle entendait Sirius se lamenter sur son sort, Isaline pensait qu'elle aurait bien aimé être à sa place : avec un mec qui l'aimerait pour ce qu'elle était, sans ressentir le besoin de toujours surveiller son filleul. Mais ça, c'était Sirius. Isaline, elle, elle avait besoin de voir et de sentir Harry, de le regarder vivre, pour vivre elle-même. Sirius lui en avait fait voir de jolies, et il était parti. Nymphadora lui avait donné du fil à retordre, et elle s'était mariée. Harry avait été le pire, il lui en avait trop fait baver pour qu'elle n'éprouve plus le besoin de le regarder pour vivre. Elle lui avait consacré trop de temps. Trop d'amour. Elle était comme ces mères célibataires qui ne vivent que pour leur enfant. Mais pour elle, c'était pire, car Harry était son bébé, mais pas son fils.

« De quoi vous parlez ?

- Ryry, mon ange ! Viens consoler ton parrain, il est malheureux !

- Qu'est-ce qui t'arrive encore ? T'es en manque d'amour ? »

Isaline sentit les bras de Harry se glisser autour de ses épaules. Elle lui attrapa la main et la serra dans la sienne. Cette main qu'elle avait tenue toute petite, qui s'était tendue vers lui. Harry, ce petit garçon, avec ses genoux écorchés et son œil au beurre noir. Ce gamin qu'elle avait soulevé dans ses bras, lui faisant toucher le ciel. Ce garçon qui ne la regardait plus d'en bas et qui la serrait dans ses bras avec la même tendresse d'enfant qu'autrefois.

Isaline craignait autant qu'elle attendait le moment où il quitterait cette maison. Le jour où elle serait seule entre ces murs. Le jour où Harry n'aurait plus peur du monde et qu'il se jetterait à corps perdu dans une relation longue et tendre.

Elle le sentit l'embrasser sur la joue. Mouais, il avait beau avoir grandi, c'était toujours son bébé. Et elle le protègerait jusqu'à la fin de sa vie. Elle n'était bonne qu'à ça, de toute façon : faire attention aux gens sans demander qu'on le fasse en retour.

OoO

Harry sonna, puis attendit qu'on vienne lui ouvrir. Il entendit des petits pas précipités, et ce fut Mrs Weasley qui lui ouvrit la porte, un immense sourire sur les lèvres.

« Oh Harry, mon chéri ! »

Elle le prit dans ses bras et le serra fort contre son cœur. Il crut qu'il allait étouffer mais, par miracle, il demeura en un seul morceau et vivant. Molly l'invita à entrer tout en lui demandant de ses nouvelles et Harry réussit à peine à lui répondre tant elle le coupait, heureuse de le voir.

Ils entrèrent dans la cuisine où Ron était occupé à ranger ses courses. Il serra la main de Harry et demanda gentiment à sa maman de bien vouloir les laisser entre hommes. Molly les quitta à contrecœur, invitant Harry à passer à maison boire une tasse de thé, ou de café s'il préférait. Ron la poussa presque hors de l'appartement et poussa un soupir soulagé quand elle fut partie.

« Elle m'a accompagné faire les courses. Heureusement que tu es là, où elle m'aurait aidé à les ranger. Tu sais à quel point elle est chiante quand elle parle de rangement… »

Harry pensait que toutes les mères au foyer étaient comme ça : elles passaient une partie de la journée à ranger, donc elles étaient imbattables pour tout ranger bien comme il fallait. Ron était un peu bordélique mais il s'était arrangé avec le temps. Neville n'était pas quelqu'un de particulièrement difficile à vivre, mais quand quelque chose lui déplaisait, il avait sa manière de le dire. Pour faire comprendre à Ron qu'une maison se rangeait et que les toilettes se nettoyaient, il avait décidé de ne plus rien faire du tout. C'était long mais terriblement efficace.

« Tu m'aides à ranger ?

- Si tu veux. »

Ils repartirent dans la cuisine et Harry attrapa deux paquets de pâtes qu'il rangea dans un placard, tandis que Ron mettait les yaourts dans le frigidaire.

« Neville n'est pas là ?

- Nan, il voit sa copine, répondit Ron avec fierté. Il sort avec Hannah. Tu sais, la fille du fleuriste, au coin de la rue. Il a enfin lâché son idée de sortir avec Ginny.

- Elle, par contre, elle n'a pas lâché son idée de sortir avec moi, soupira le brun d'un air fataliste.

- L'espoir fait vivre. »

Quand il avait appris que Ginny voulait sortir avec Harry, Ron s'était mis de son côté. Mais il avait rapidement compris que sa petite sœur n'avait aucune chance avec Harry et il avait rapidement laissé tomber l'idée qu'ils puissent être ensemble un jour. Et il avait fini par trouver l'obstination de sa sœur ridicule : malgré ce qu'il disait, Ron était persuadé que Harry était plus homo qu'hétéro. D'un autre côté, l'amour rendait aveugle, disait-on.

« Ron… Je peux te parler d'un truc ?

- Ouais, bien sûr. »

Harry s'assit sur une chaise, tandis que Ron rangeait son frigo. Harry avait besoin de parler de Draco à quelqu'un, mais il ne savait pas vraiment qui. Bon, certes, il y avait Luna, mais cette dernière ne partageait pas du tout ses craintes, et il était hors de question d'en piper mot à Cho, et encore moins à Olivier qui lui conseillerait d'y aller franco : placage et tire au but, comme il disait. Quant à Théo, même pas la peine d'y penser. Et il ne pouvait pas vraiment en parler avec Sirius, qui s'embrouillerait tout de suite avec Isaline : cette dernière était méfiante et Sirius ne l'était pas du tout. Quant à Nymph', il savait déjà qu'elle n'en avait rien à péter.

« Tu te rappelles de Draco ? Quand on est allé au ciné…

- Ouais. Même qu'il nous a ramené. C'était sympa de sa part.

- Comment tu le trouves ? »

Ron tourna lentement la tête vers Harry qui ne put s'empêcher de rougir. Mouais, il était découvert. D'un autre côté, il n'y était pas allé en douceur. Ron ne comprenait rien aux sous-entendus, de toute façon.

« Il te plait ?

- Il m'a fait comprendre qu'il voulait sortir avec moi. »

Il valait mieux ne pas rentrer dans les détails et avouer à Ron que cette sortie avait été organisée, d'abord pour remonter le moral de Millicent, mais aussi pour que Draco puisse avoir un avis sur Harry qui lui plaisait physiquement. Et accessoirement pour rapprocher un peu Ron et Hermione, mais cela n'était qu'au second plan, et il préférait garder ça pour lui, ou le rouquin allait monter sur ses grands chevaux.

« Ah ouais, fit Ron. Il n'y est pas allé par quatre chemins.

- On va dire que je n'aime pas quand on tourne autour du pot.

- Et il te plait ?

- Ouais. Ouais, il me plait. Mais… je sais pas… »

Ron ferma le réfrigérateur et s'assit en face de Harry sur la table encore encombrée par des boites de conserve. Il commençait à saisir le problème de Harry, car il se confrontait exactement au même : Draco et lui n'étaient pas du tout du même monde.

« T'es pas rassuré par qu'il a de l'argent, hein ?

- Il y a ça… Et puis… Raaaah, Ron, tu me connais…

- Un peu que je te connais ! S'exclama-t-il en riant. T'as accepté de sortir avec lui ?

- On se voit samedi soir.

- Ok. Bon, je pense que tu ne devrais pas t'embêter avec ça. Vas à ton rendez-vous, vois comment il est, et puis après tu verras. De toute façon, s'il en vaut la peine, tu le verras tout de suite, non ?

- Il va me baratiner, c'est certain, soupira-t-il.

- Harry, regarde-moi. »

Le tatoueur leva les yeux vers son meilleur ami, qui faisait rouler sur la table une boite énorme de raviolis. De quoi nourrir tout un régiment…

« Si tu as accepté de le revoir, c'est qu'il est pas si terrible que ça. Personnellement, je le trouve sympa, mais sans plus. Bon, maintenant, tu as rendez-vous avec lui, eh bah tu assumes : tu te comportes normalement avec lui, tu vois s'il en vaut le coup, et puis voilà. »

Ron avait une façon bien à lui de résumer les choses. Il ne s'y connaissait pas vraiment en amour, ses petites amies se comptaient sur les doigts d'une main, mais il avait toujours eu une vision assez simpliste du monde. En fait, ce n'était pas le genre de personne qui se cassait la tête…

Mine de rien, Harry se sentait rassuré. Il ne devait surtout pas se casser la tête avec Draco, au contraire, il devait y aller l'esprit tranquille. C'était du moins ce que Ron lui conseillait, comme Luna l'avait fait. Mais cette dernière n'avait jamais vu le blond et elle paraissait pourtant assez confiante.

« Bon, maintenant que nous avons parlé de tes états d'âme, on peut parler des miens ?

- Tu en as ? Fit Harry en ricanant.

- Comment tu trouves Hermione ? »

Blaise avait bien mené son coup : Ron s'était transformé en petit poisson et il avait mordu à l'hameçon. Harry ne cacha pas son étonnement : il avait bien vu que Ron ne paraissait pas insensible au charme de la jeune fille, mais de là à lui en parler… Les autres filles avec qui il était sorti, enfin si on pouvait appeler cela « sortir » évidemment, n'avaient absolument rien de semblable avec Hermione. Physiquement, elle était l'image-même de l'étudiante studieuse et appliquée, concentrée sur ses études et promise à une grande carrière. Il fallait dire que tout dans son attitude montrait son sérieux, même s'il avait réussi à bien la détendre et à la faire rire.

« Plutôt mignonne, mais c'est pas vraiment ton genre de fille, si ?

- Bah justement. »

Ron se prit la tête dans les mains, un air attristé sur le visage. Hermione l'attirait, c'était évident, mais il se sentait tellement différent d'elle… Il n'était pas comme Harry, pas aussi sûr de lui, et il savait qu'il n'était pas très futé. Ce qui lui rendait peut-être plus intelligent que les autres mecs dans son genre. Lui, il était mécanicien, il tripotait les voitures à longueur de journée, vivait avec son collègue dans un petit trois pièces. Elle, c'était une étudiante en droit, une jolie fille sûrement de bonne famille.

« Elle me plait vraiment, tu sais, mais je suis pas son genre de mec.

- Elle te l'a dit ?

- Non, mais je le sais, se lamenta le rouquin.

- Tu as son numéro ? »

Les joues de Ron rougirent d'un coup. Harry ne put s'empêcher d'éclater de rire alors que son ami grimaçait, cachant ses joues fautives derrière ses mains.

« Je lui ai demandé quand on allait au ciné, marmonna-t-il. Le sien et celui de Millicent.

- Histoire de faire bonne figure, ricana Harry. Eh bien appelle-là, parle-lui. C'est ça qu'il faut que tu fasses, si elle te plait. Lance-toi. »

Ron acquiesça, même s'il n'était pas vraiment rassuré. Il avait peur de se prendre un râteau, surtout qu'il n'était pas sûr de ses sentiments. C'était juste de l'attirance, rien de plus. Pas de quoi en faire toute une histoire… Mais le sourire rassurant de Harry l'encouragea à aller de l'avant, et à affronter ses peurs. Car, mine de rien, elle était quand même impressionnante, la petite Hermione Granger…

OoO

« Am stram gram ! Pic et pic et colégram ! Bourre et boure et ratatam…

- Je peux savoir ce que vous fabriquez ? »

Harry et Teddy se retournèrent et firent un grand sourire à Isaline qui leva les yeux au ciel. Le petit garçon était debout devant le lit, Harry agenouillé derrière lui. Il avait étalé sur le lit trois tee-shirts et Harry, tout en lui tenant la main, récitait la comptine, posant la petite menotte sur chaque vêtement.

« Ah. C'est ta dernière trouvaille pour choisir tes fringues ? Se moqua Isaline.

- Moi qui choisis ! Affirma l'enfant en souriant.

- On dit « c'est moi qui choisis », poussin. »

Teddy répéta lentement et laborieusement ce qu'Isaline venait de dire et Harry l'applaudit, ce qui fit rougir l'enfant de plaisir. Malgré ses deux ans bien passés, il parlait assez bien pour son âge, articulant bien les syllabes pour se faire comprendre. Remus n'avait pas vraiment compris l'acharnement de sa femme et Isaline, afin que Teddy parle bien malgré son jeune âge. Les joues rouges, Harry finit par lui avouer que, quand il était venu vivre chez Isaline, il parlait très mal et il avait parfois du mal à se faire comprendre, au point que ses maîtresses l'avaient cru stupide.

Cela avait traumatisé Isaline, qui n'avait pas arrêté de le reprendre. Avec douceur, certes, mais mine de rien, il y avait eu du boulot. Et quant à Nymph', Harry se demandait si sa mère n'avait pas été assez sévère avec le langage, quand elle était petite. Car, même si elle était très tolérante avec son fils, elle n'était quand même pas douce concernant le langage. Sirius n'avait jamais emmerdé Harry ni même le petit : on lui avait tellement cassé les pieds avec ça quand il était gosse qu'il ne voulait embêter personne.

« Maman s'en va. Tu vas devoir choisir ton tee-shirt tout seul, Ryry.

- Nan ! Moi qui choisis ! »

Et le petit garçon posa sa main potelée sur un tee-shirt vert foncé. Harry le souleva dans ses bras et sortit de la chambre pour l'emmener en bas, où Nymphadora enfilait son manteau. Elle haussa les sourcils en voyant son fils dans les bras du jeune homme.

« Il était avec toi ? Qu'est-ce qu'il faisait ?

- Bah il s'ennuyait alors il m'a aidé à choisir mes fringues.

- Moi qui choisis !! »

La plupart du temps, quand Nymph' ramenait son fils à la boutique, il restait assis sur le comptoir qui leur servait de caisse ou de bureau et il dessinait. Sinon, il pouvait aller dans la chambre d'amis, au rez-de-chaussée, où il pouvait jouer avec ses jouets. Mais ce qu'il adorait faire, c'était escalader les marches jusqu'à la chambre de Harry. En effet, c'était un endroit plein de merveilles : il pouvait tripoter les cordes de sa guitare, regarder la télé et même manger les bonbons, posés dans une petite boite cachée dans le tiroir de la table de chevet. Et puis, quand Harry ne travaillait pas, c'était encore mieux, parce qu'il mettait un DVD, de la musique, et il jouait avec lui.

Sa maman le prit dans ses bras et lui fit un gros câlin, avant de le poser sur le sol pour lui mettre ses chaussures et son manteau.

« Pas trop stressé pour ce soir ?

- Ça va, répondit-il, évasivement.

- Au pire, tu le supporteras juste pendant le dîner. Pendant le film, tu seras tranquille.

- Tu as une façon de voir les choses… »

Elle leva la tête et lui sourit en tirant un peu la langue. Puis, elle souleva Teddy et regarda Harry, qui faisait la même taille qu'elle.

Qu'est-ce qu'il avait pu grandir, bon dieu… C'était à présent un beau jeune homme, l'air un peu rebelle avec ses cheveux noirs dans tous les sens et ses mèches rouges, ses piercings aux oreilles et ses tatouages. Mais il y avait toujours cette trace d'innocence dans ces yeux, cette gentillesse naturelle qui transpirait de chaque pore de sa peau. C'était un bon gars. Isaline avait fait du bon boulot, avec lui. Malgré tout ce qu'il avait pu lui faire voir, elle avait fait du bon boulot…

« No stress, Ryry. Si t'as le moindre problème, tu m'appelles et je lui règle son problème.

- En d'autres termes, tu lui défonces la gueule.

- Attention Ryry ! Tu es en train de braver une interdiction d'Isaline ! Rit-elle.

- Chez moi, on parle pas comme un charretier, récita Harry avec une voix exagérément aigue.

- T'es en train de te moquer de qui, là ? »

Nymph' et Harry pouffèrent comme deux mômes sous le regard exaspéré de la patronne. Chez elle, il y avait trois règles fondamentales. Un, il était interdit de critiquer le rangement de sa maison : certes, c'était en bordel, Mais c'était tout de même relativement propre, les toilettes étaient nettoyés tous les jours et les poussières faites régulièrement. Donc, hors de question de critiquer les magazines qui traînaient.

Deux, interdiction de parler comme un charretier chez elle. Elle était une âme sensible, donc on maîtrisait son langage. Bon, certes, elle ne respectait pas toujours ce règlement, mais bon, passons. Trois, il était également interdit de critiquer sa manière de s'habiller, en particulier le matin. Oui, elle se baladait en nuisette presque transparente le matin, et alors ? Elle était chez elle, que diable ! De même, elle souhaitait que tout le monde soit habillé et non à poil, comme Sirius avait tendance à le faire quand il vivait encore chez elle.

Tout le monde rigolait de ces règles un peu stupides mais, mine de rien, tout le monde les respectait. Il fallait dire qu'elle était très persuasive quand elle le voulait, au point que même Sirius avait fini par abdiquer. Isaline était terrifiante quand elle était énervée. Sirius leur avait un jour soufflé qu'elle tenait ça de sa mère, car son père était doux comme un agneau.

« Allez Nymph', dégage maintenant, on veut plus de toi ici.

- Comment ? Fit cette dernière, avec un air scandalisée. Tu oses me jeter dehors de cette façon ?

- J'ai mon Dom Juan à préparer. »

Harry poussa un long soupir exaspéré alors que Nymph' partait dans un grand fou rire, avec Teddy qui ne comprenait pas grand-chose à la situation mais qui riait quand même. Elle s'en alla joyeusement avec son fils, abandonnant Harry à son triste sort : se faire cuisiner par sa tante avant qu'elle ne daigne le laisser aller à son rendez-vous. Le jeune homme monta donc à l'étage et il prit sa douche, avant de la rejoindre dans sa chambre, où elle l'attendait. Ses fringues étaient posées sur le lit. Elle avait fait le tri : un jean normal, le tee-shirt vert que Teddy avait choisir, et des sous-vêtements.

« Avec une veste et tes pompes, ce sera très bien.

- Je suis assez grand pour choisir mes vêtements. »

Isaline haussa les épaules : c'était elle la patronne. Harry préféra ne pas faire de commentaire et il enfila son caleçon sous sa serviette et il finit de s'essuyer tandis qu'Isaline énumérait ses différentes recommandations. Harry les écouta, même s'il les connaissait par cœur. Il avait toujours écouté ce qu'elle lui racontait, même si elle disait des bêtises ou lui rabâchait les oreilles avec ses recommandations de mère poule. Il s'était parfois demandé si sa mère serait comme Isaline, et avec un léger pincement au cœur, il songeait que, jamais, Lily n'aurait pu être comme Isaline.

Tandis qu'il enfilait son pantalon, Harry leva les yeux vers sa tante qui regardait par la fenêtre. Sa silhouette longue et fine lui avait toujours paru immense, alors qu'ils faisaient à présent la même taille. Pourquoi écoutait-il toujours ce que cette femme lui racontait, alors qu'ils n'avaient aucun lien de sang ? Parce qu'elle l'avait élevé ? Parce qu'elle l'avait sorti de son enfer ? Non. C'était bien plus profond que ça…

Isaline était sa maman. Dans son cœur, c'était sa maman. Plus que ça, même. Lily était sa mère, elle l'avait mise au monde, et il lui en serait éternellement reconnaissant. Mais malgré lui, il ne pouvait voir Isaline d'une autre manière, c'était sa maman. Elle s'était tellement inquiétée pour lui, elle avait toujours été là, elle l'avait toujours aidée, conseillée, soutenue dans tout ce qu'il faisait. Elle avait toujours été là, elle s'était fait un sang d'encre pour lui, n'avait vécue que pour lui. Elle lui avait offert tout ce qu'elle avait.

Harry avait vingt-et-un ans. Et pourtant, quand il la voyait de dos, il avait encore l'impression d'être ce gosse de huit ans qui la regardait d'en bas, attendant un geste d'elle. Cherchant sa main, son regard, son sourire. Harry était toujours un gosse de huit ans. Son corps avait grandi, mais pas son cœur. Et Isaline pouvait avoir tous les défauts du monde, jamais il ne pourrait la blâmer pour quoi que ce soit.

Elle avait fait trop de choses pour lui. Elle avait trop dormi à son chevet, elle lui avait trop câliné les cheveux dans son lit, elle avait trop séché ses larmes en ignorant les siennes qui voulaient couler. Elle était de ces femmes qui regardaient les autres sans se regarder soi-même, vivant à travers eux, voyant à travers leurs yeux. Elle était de ces êtres qui ne savaient même plus ce que c'était que de penser à soi.

Les années étaient passées, pourtant. Harry avait grandi, il avait mûri. Et c'était sans doute cela, le pire. Car à présent, Isaline n'avait plus aucune motivation pour trouver une autre raison à sa vie. Elle n'avait plus envie de rencontrer quelqu'un, de créer quelque chose à elle. Elle n'était pas comme Sirius, elle. Isaline ne cherchait pas d'issue où se faufiler, d'échappatoire où se glisser. Elle n'était…

« Et si tu as le moindre souci, tu m'appelles, okay ?

- J'ai comme une impression de déjà-vu…

- Rappelle-toi de ce crétin de… Mince, comment il s'appelait ? Se demanda Isaline. Gneuh, me rappelle plus… Tu sais, un gars costaud que l'autre crétine t'a présenté…

- Elle s'appelle Cho, précisa-t-il. Elle m'en a tellement présenté…

- Ouais, mais attend… Ah voilà, je sais !

- L'illumination, se moqua Harry, alors qu'il enfilait son tee-shirt.

- Justin Flinch je sais plus quoi… Tu te souviens ? Il t'a tellement fait flippé que t'es sorti du restau' et t'as couru pour le semer, cet obsédé ! »

Harry sembla pâlir. Oui, en effet, il se souvenait parfaitement de ce Justin… Un ami douteux de Cho qui l'avait emmené dans un restaurant assez chic où il lui avait fait un rentre-dedans presque indécent. Harry pensait qu'il pourrait tenir jusqu'à la fin du repas, mais il n'était pas allé jusqu'à la fin du repas principal et il s'était tout bonnement enfui du restaurant. Justin, après avoir laissé quelques billets sur la table d'après Cho, s'était lancé à sa poursuite mais il n'avait jamais pu rattraper Harry. Autant dire qu'il en gardait un assez mauvais souvenir…

« Je me souviens, j'étais en train de dîner tranquillement devant Inspecteur Barnaby, et tu m'as appelé pour que je vienne te chercher. Résultat, j'ai tout loupé de l'épisode…

- C'est pas comme si c'était intéressant. Je me parfume ?

- Nan mais ça va pas ?! Tu veux te faire violer ou quoi ?! »

Harry eut un petit rire avant de se diriger vers la salle de bain pour changer ses boucles d'oreilles. Des têtes de mort, ce n'était quand même pas conseillé pour ce genre de rendez-vous. Il chercha dans sa boite, attrapa trois petits anneaux et la rangea sur l'étagère. Il revint dans la chambre tout en glissant les boucles à ses oreilles. Il se sentait plutôt bien, même s'il était un peu stressé. Il ne savait pas vraiment comme Draco allait se comporter avec lui, s'il serait différent de cette soirée qu'ils avaient passée ensemble avec leurs amis. Enfin, il verrait bien.

Ils restèrent dans la chambre du jeune homme jusqu'à ce qu'on sonne. Les deux petits coups de sonnette provoquèrent des frissons dans tout le corps de Harry, qui entendit plus qu'il ne vit Isaline se lever et dévaler les escaliers pour ouvrir la porte d'entrée.

Draco était posté juste devant. Il s'était habillé de façon assez décontracté mais avec classe, et quand Isaline lui ouvrit la porte, elle ne put s'empêcher de penser qu'il était quand même assez beau gosse, même si la marque de ses fringues la rebutait un peu. Le blond affronta le regard perçant de la patronne, qui le regardait sans ciller, comme si elle cherchait à lire en lui. Il n'y avait aucune agressivité dans sa façon de se tenir ou de le regarder, mais il ne se sentait pas du tout à l'aise, et il savait qu'elle se méfiait de lui.

Il la détailla un peu. Débardeur un peu grand, qui appartenait en fait à Harry mais il s'était retrouvé dans son armoire pour elle ne savait quelle raison, laissant voir les brettelles de son soutien-gorge. Pantalon taille basse bleu foncé et un peu usé. Pieds nus. Les cheveux longs, châtains, avec des mèches blondes. Quelques piercings. Des tatouages, sur ses épaules, ses bras. Et un joli visage.

« Salut, beau blond. Tu serais pas un peu en avance ?

- Mieux vaut être en avance qu'en retard.

- Ryry ! Cria-t-elle en se tournant vers l'intérieur. Ton prétendant est arrivé ! »

Draco eut un sourire ironique. « Prétendant »… Vu comment elle l'accueillait, nul doute qu'elle préfèrerait que ce ne soit pas le cas. Mais il entendit Harry descendre des escaliers, traverser la cuisine puis apparaître dans la petite entrée.

Il n'était pas habillé comme la dernière fois. Il avait l'air plus décontracté, moins mis en valeur. Un tee-shirt vert foncé et un jean noir assez basique. Mais étrangement, Draco ne regardait pas vraiment sa tenue, mais plutôt son visage. D'habitude, il critiquait toujours la façon dont ses partenaires s'habillait, que ce soit pour une soirée entre amis ou entre amants, mais là, c'était plutôt ses yeux qu'il cherchait. Ces deux émeraudes, son visage clair, ses cheveux ébouriffés.

Draco sembla redescendre sur terre quand Harry lui tendit la main, qu'il s'empressa de serrer. Puis, le brun attrapa une paire de Converse qu'il enfila. Puis, il attrapa une veste en cuir, embrassa sa tante sur la joue et sortit. Ils s'avancèrent vers la voiture, et même s'il ne la voyait pas, Draco savait qu'elle le regardait. Il sentait son regard posé sur son dos, analysant chacun de ses gestes. Il trouvait ça exaspérant et il aurait voulu se retourner pour lui ordonner d'arrêter. Mais faire bonne figure était inévitable, il devait continuer sur sa lancée, et ne surtout pas s'arrêter.

La clé de contact dans la main, Draco déverrouilla la voiture dont les phares clignotèrent quelques secondes. Puis, il monta derrière le volant, tandis que Harry faisait le tour de la voiture pour s'asseoir à côté de lui. Draco démarra et s'engagea sur la route.

A peine la voiture se mit-elle à rouler que Harry se sentait mal. Draco roulait vraiment très vite. Il faisait encore jour, et même si le blond était assez dégourdi sur la route, sa vitesse ne rassurait pas du tout l'autre voyageur. Sans pouvoir s'en empêcher, Harry posa ses mains sur ses genoux et les serra le plus discrètement possible. Il tenta aussi de se concentrer sur la radio, qui relatait un accident sur la route, il ne put se calmer. Draco, écoutant attentivement la radio, ne se rendit pas compte de sa nervosité.

« Tu te rends compte ? Fit Draco quand le flash info fut terminé. Comment les mecs se débrouillent pour se retrouver avec la voiture à l'envers ?

- Je sais pas, mais si tu ralentis pas dans la minute qui suit, je pète un câble. »

Draco tourna soudain la tête vers Harry qui, en effet, avait pâli et regardait obstinément la route, ses mains serrant ses genoux. Le blond ralentit un peu l'allure, mais il n'était pas habitué à rouler doucement.

« Désolé, j'avais oublié, s'excusa-il.

- Je vois ça.

- Pourquoi tu as peur en voiture, comme ça ?

- Je préfère ne pas en parler, ça plomberait l'ambiance

- A ce point-là ?

- Oh oui, crois-moi, fit Harry en riant doucement. Tu m'emmènes où ?

- Au Septième ciel.

- Pardon ?! »

Draco éclata de rire, entendant à peine Harry ronchonner dans son coin, les joues rouges. Y'avait pas à dire, il avait beau avoir fait ce coup des dizaines de fois, c'était toujours aussi hilarant. Il effleura la joue de Harry qui se dégagea, vexé qu'on se moque de lui.

« Laisse-moi deviner, grinça-t-il. C'est un restaurant ?

- Comment tu as deviné ?

- Tu fais souvent ce genre de coup ?

- Quelque fois. Vexé ? »

Draco lui fit un sourire qui se voulait séducteur. Et le pire, c'était qu'il l'était. Harry soupira, notant pour la prochaine de ne pas se laisser avoir. Draco poursuivit, comme si de rien n'était, tout en regardant la route.

« C'est un de mes amis qui tient le restaurant. Il est chef cuisinier.

- Il aurait pas pu choisir un autre nom, franchement ?

- Je suis sûr que ça te plaira, affirma le blond.

- Mouais, » grogna Harry, pas vraiment convaincu.

Draco tourna la tête vers le brun, se demandant s'il était vraiment vexé ou si c'était de la comédie, mais il fallait croire que Harry avait juste envie de le taquiner, car il se pencha vers la radio pour changer la fréquence. La voix plus ou moins mélodieuse de Carla Bruni se fit entendre et Harry s'empressa de changer, laissant Never let me dow again de Depeche Mode. Draco remarqua que c'était déjà plus le même registre, Harry soupira que, tant qu'à faire, autant écouter quelque chose qui en valait le coup plutôt que des paroles mielleuses à souhait.

« Ça ne te plait pas, Quelqu'un qui m'a dit ? »

Harry le regarda deux secondes, puis il s'empressa de remettre la fréquence, et il se mit à chanter avec une voix de crécelle. Draco ne put s'empêcher d'éclater de rire,

« Quelqu'un qui m'a dit… que… tu m'aimais encore, serait-ce possible alors ? »

La chanson se termina et Harry cessa le massacre. Fier de lui, il fit un grand sourire à Draco qui, arrêté à un feu rouge, s'éventait avec sa main, calmant peu à peu son fou rire. Il n'avait pas l'habitude de rire comme ça, sauf avec son crétin de meilleur ami, mais Bon Dieu que ça faisait du bien… Harry avait une manière de faire qui le rendait aussi ridicule qu'hilarant.

« Ah, la variété française, fit Harry d'un air fataliste.

- Tu chantes souvent comme ça ?

- Disons que nous écoutons souvent la radio, dans la boutique. Tu connais Papillon de lumière ?

- Oh non…

- Je n'aurais pas dit mieux ! Rassure-toi, c'est Tata et Nymph' qui chantaient, pas moi. »

Draco n'osait imaginer la scène, c'était trop pour son petit cœur fragile. Harry se remit à trifouiller la radio et tomba sur une autre excellente chanson français qui parlait de « garçon-fille » à que le chanteur n'avait pas envie « de voir nu ». Harry semblait adorer cette chanson et il la laissa jusqu'à ce que le blond se gare sur un parking, à deux pas du restaurant.

Il faisait frais et le soleil était en train de se coucher. Les deux jeunes hommes se regardèrent et Draco lui fit signe de le suivre. Harry s'attendit à ce qu'il lui prenne le bras ou ce genre de chose, mais le blond n'en fit rien, même s'il resta très près de lui. Le brun marqua mentalement un point pour le blond. Le rendez-vous commençait plutôt bien.

Ils entrèrent dans le restaurant. Il n'était pas immense mais Harry lui trouva un certain charme. Le ton de la salle était chaleureux, avec des murs clairs mais des tables recouvertes de nappes rouges, une décoration recherchée sans être trop chargée et une légère musique de fond. Pas le genre d'endroit où Harry mettait habituellement les pieds, sauf quand Isaline avait le blues et qu'elle voulait se remonter le moral.

Un serveur vint les accueillir. Draco avait réservé une table pour deux et le jeune homme les guida vers un coin un peu reculé du restaurant où il plaça les deux jeunes hommes. Apparemment, Draco avait sorti le grand jeu. Le serveur partit quelques secondes, le temps d'attraper deux menus qu'il tendit à ses nouveaux clients. Puis, il s'éclipsa. Quand Harry vit le prix des plats, il se dit que ce n'était vraiment pas un restaurant de quartier.

« Je t'invite, donc prend ce que tu veux.

- Je peux payer mon repas, tu sais.

- J'ai dit que je t'invite, insista le blond.

- Et si je te ruine ? Demanda Harry, taquin.

- Tu es trop bien élevé pour ça. »

Le dîner se déroula assez bien. Ce qui signifiait que ce n'était guère concluant. Du moins pour Harry.

Draco s'était montré charmant durant tout le dîner. Charmant, et charmeur. Et voilà ce qui dérangeait terriblement Harry. Draco n'avait cessé de le draguer durant tout le repas, avec ses regards francs et son sourire charmeur. Une attitude maîtrisée, calculée, qui montrait une certaine habitude. Combien de personne avait-il invité dans ce restaurant pour les charmer ?

Harry n'était sans doute qu'une personne de plus. Il n'aimait pas vraiment l'attitude de Draco, celle du dragueur. Et pourtant, il savait que ce rendez-vous ne serait pas le dernier. Ce qu'il avait aimé chez le blond, c'était qu'il s'intéressait à lui. Durant tout le dîner, il s'était intéressé à sa vie, à ses goûts, et il ne l'avait jamais forcé à rien. Jamais pris la main, jamais effleuré les doigts. Sentait-il que Harry n'aimait pas être touché par des inconnus ? Ou attendait-il le bon moment pour toucher sa main ? Il ne le savait pas, et dans le fond, il s'en fichait. Il avait apprécié ses petites attentions, sa conversation. Le blond ne le prenait pas de haut, loin de là, et Harry avait aimé ça, aussi.

Mais il y avait toujours cette attitude de dragueur qui l'embêtait. Il savait que le but de ce rendez-vous, comme des prochains, était de le séduire, mais Harry n'était pas du tout rassuré quand on le draguait. Ce n'était pas pour rien qu'il allait rarement en discothèque ou que ses prétendants restaient célibataires après leurs sorties. La même méfiance qui demeurait en lui comme un mauvais virus.

Habituellement, Harry n'aurait pas donné de suite à ce rendez-vous. Malgré l'ambiance agréable du restaurant, les plats excellents, l'attitude attentionnée de son hôte. Normalement, il n'y aurait eu aucune suite. Mais quelque chose le retenait. Peut-être était-ce le visage séduisant de Draco, ou ses manières distinguées. Peut-être était-ce son intérêt pour lui, sa façon de poser des questions sans aller trop loin. Harry ne savait pas vraiment, mais il avait envie de continuer. Pour une fois, il avait envie de ne pas se laisser aller à ses doutes et à cette méfiance qui pourrissait toutes ses rencontres. Il voulait voir jusqu'où il irait avec cet homme blond si sûr de lui, maître de toute situation.

A présent, ils dégustaient leur dessert. Le serveur leur avait conseillé une part d'amandine, qui était apparemment à damner un saint, mais aucun des deux n'en avait pris, préférant une tarte aux pommes. Ils s'étaient découvert un point commun : aucun des deux n'aimait la poire. Quand Harry y réfléchissait, lui et Draco n'avaient pas vraiment de points communs. Mais cela ne l'affolait pas tellement : les points communs de Sirius et Severus devaient se compter sur les doigts d'une main…

Draco demanda la note et il dut se battre avec Harry pour lui payer son repas. C'était lui invitait, c'était lui qui payait, point à la ligne. Oui, Harry était un homme, et alors ? Fille ou garçon, c'était pareil : au premier rendez-vous, il payait, point barre. Oui, s'il voulait, il paierait la fois prochaine. Y'avait pas à dire, il était tombé sur une tête de mule…

Le serveur ne vint pas leur rapporter la monnaie, laissant ce privilège à son patron. Ce dernier avait ordonné à tous ses employés de le prévenir si un blond de son âge, sûrement accompagné, se ramenait au restaurant et refusait de manger de l'amandine. Autant dire que tous les serveurs, sans exception, avaient proposé à tous les blonds de la tarte aux poires, mais aucun n'avait refusé avec autant de verve que celui attablé avec un brun aux mèches rouges. À peine le serveur revint à la caisse avec la note et l'argent que le cuistot, jetant toque et tablier, fonça la table du couple. Et ce fut avec plus ou moins de joie que Draco vit son ami débarquer dans le restaurant, tout sourire. Le blond ne savait toujours pas comment ce crétin savait quand il venait…

« Bonsoir, chers clients ! Votre repas a été agréable ?

- C'était parfait, Gregory. »

Le cuisinier était assez grand et plutôt balèze. Vraiment balèze. Harry se demanda même s'il n'avait pas raté sa vocation : il le voyait plutôt dans une salle de musculation plutôt que dans une cuisine. Plus tard, Draco lui dirait qu'il était un fidèle de la salle de musculation au coin de la rue. Gregory avait les cheveux bruns, coupés très court, et un visage carré, somme toute assez banal. À vrai dire, il lui faisait penser à un bouledogue, malgré son sourire un peu niais. Ses employés ne devaient pas rigoler tous les jours…

Sachant pertinemment que Gregory ne disparaitrait pas de sa vue tant qu'il n'aurait pas eu ce qu'il voulait, Draco se sentit obligé de faire les présentations. Il faudrait vraiment qu'il trouve comment Gregory parvenait à savoir quand il était dans le restaurant. Les cuisines étaient à l'opposé et il ne pouvait le voir sans en sortir. Et on ne pouvait pas dire qu'il passait inaperçu…

« Harry, je te présente Gregory Goyle. Gregory, voici Harry.

- Il y a tellement de conviction dans ta voix, Draco, c'est affolant, » dit Harry d'un air moqueur.

Gregory eut un petit rire grave, un peu comme un grognement de chien. Bah, il avait l'habitude, et Gregory semblait adorer taquiner le blond. Il lui demanda d'ailleurs des nouvelles de Blaise, et s'il s'en sortait avec ses cours. La conversation fut assez rapide, un employé vint affronter le patron pour lui dire que les commandes affluaient et qu'on avait besoin de lui en cuisine. Harry et Draco en profitèrent donc pour sortir du restaurant, après avoir bien sûr serré la main du chef. Il avait une sacrée poigne, d'ailleurs…

La nuit était fraîche, et Harry se sentit bien mieux qu'à l'intérieur. Il faisait assez chaud dans le restaurant et le silence à peine perturbé par quelques voitures firent du bien à ses oreilles. Tandis qu'ils revenaient vers la voiture, Draco lui demanda s'il avait aimé le repas, et Harry ne put qu'acquiesça. Il lui demanda s'il connaissait ce Gregory depuis longtemps, et Draco lui raconta qu'ils se connaissaient depuis que le blond était arrivé en France. Lui et Vincent, un autre gars, lui avaient longtemps servi de « garde du corps », comme ils aimaient d'appeler. Draco n'avait étudié que dans des écoles privées et bourgeoises au niveau assez ardu. Gregory avait quitté l'école une fois le brevet obtenu pour se lancer dans la cuisine, au grand dam de ses parents. Vincent avait tenté une seconde sans parvenir à suivre le rythme et le reste de son parcours demeurait obscur pour Draco, n'ayant plus vraiment de contacts avec lui.

Gregory avait décidé d'ouvrir son propre restaurant, une fois ses diplômes en poche. Il n'était pas bien malin, et sans méchanceté, Draco affirmait qu'il n'était pas fait pour les études mais plutôt pour faire quelque chose de manuel, de concret. Même s'ils se voyaient rarement, ils gardaient tout de même un certain contact. Gregory n'en avait plus vraiment avec les autres personnes qu'il avait connu, s'était retiré de la vie « mondaine » que Draco fréquentait encore de temps à autre.

« Tu fréquentes la vie « mondaine », toi ? Fit Harry, étonné.

- Moins maintenant. Mais quand j'étais au lycée, j'allais à des soirées. Reproduction sociale, tu connais ?

- Tu n'as jamais trouvé de chaussure à ton pied ?

- Si je t'emmène au cinéma ce soir, c'est que la réponse est non, répondit le blond avec logique.

- J'ai rien à voir avec ces gens-là…

- Et c'est ça que j'aime. »

Draco lui fit un léger sourire. Il avait toujours grandi dans le luxe et son argent de poche portait bien mal son nom tant le montant était élevé. Il était allé à des soirées où des filles l'avaient dragué, où des gars l'avaient maté. Plus discrets, ceux-là. Bien plus que les filles. Mais ni ces greluches, ni ces crétins ne lui avaient plu. Il avait essayé, pourtant, mais ça n'avait jamais marché. Il préférait « les gens du peuple », comme le disait sa charmante grand-mère Druella. Et notamment un certain tatoueur aux yeux verts et aux cheveux noirs.

Le blond déverrouilla sa voiture et ils s'installèrent dans le véhicule. Il fit tout son possible pour rouler doucement mais il ne put empêcher Harry de mettre de la musique, histoire d'oublier qu'il était dans la voiture d'un fou.

« Je ne peux pas rouler plus doucement ! S'exclama le blond.

- Mais je n'ai rien dit ! »

Mais Harry n'en pensait pas moins, et Draco le savait parfaitement. Il n'allait quand même pas rouler à 20 km/h ! Surtout avec une voiture pareille… Ses parents n'avaient pas lésiné sur les moyens quand ils avaient décidé de le féliciter quand il avait obtenu son permis de conduire. Il aurait préféré une voiture moins… chère et voyante, mais bon, ça aurait pu être bien pire. Son père n'avait pas jugé utile de prendre toutes les options proposées, comme l'aurait fait son épouse, afin d'éviter qu'on ne lui bousille sa voiture par jalousie.

Ils arrivèrent sur le parking d'un centre commercial, où Draco se gara, dans un coin un peu éloigné. Il n'avait aucun voisin, mais il glissa à Harry qu'il y aurait forcément un abruti qui viendrait se mettre juste à côté de lui, malgré toutes les places libres. Le brun ajouta en souriant qu'on ne devait pas d'aussi joli voiture, d'habitude, et qu'ils devaient prendre une photo avant de s'en aller.

Ensemble, ils se rendirent dans l'immense UGC où une queue assez longue s'étendait entre les rubans noirs. Draco avait déjà réservé les places, il passa donc à une borne pour les récupérer, gagnant un temps incroyable. Il n'avait jamais compris ces gens qui venaient dix minutes avant la séance pour acheter leurs billets. Harry n'osa lui avouer qu'il faisait parti de ces personnes-là, et vu le rougissement de ses joues, Draco compris que le brun faisait parti de tous ces boulets qui se croyaient plus malins que les autres.

« On va voir quoi ? demanda Harry tandis qu'ils s'approchaient d'un employé pour atteindre les salles.

- Un remake de Massacre à la tronçonneuse.

- Y'a des placards, dedans ? fit le brun, faussement apeuré.

- Je ne sais pas, on verra bien. »

L'homme prit leurs tickets, les déchira et leur annonça que Kingdom serait diffusé en salle 22. Harry interrogea Draco du regard, qui lui trouva un air vraiment innocent, en doutant qu'il le soit vraiment totalement.

« Tu n'as aucune culture cinématographique, n'est-ce pas ?

- Absolument aucune. Je vais pas souvent au cinéma. Ron me force à l'accompagner mais j'aime pas trop ses films.

- Tu ne sors avec personne d'autre ?

- Heu… Si, j'ai Cho, mais ses films sont toujours à l'eau de rose, c'est terrifiant. Olivier et Théo regardent les mêmes trucs que Ron, ses frères jumeaux pareil. Sirius et Nymph' me font toujours voir des trucs bizarres.

- Et ta tante ?

- Bah elle est comme moi, elle se fait traîner. Mais c'est trop bien d'aller au ciné avec elle, elle raconte que des conneries. On dirait une petite vieille qui regarde Miss France. »

Draco, au contraire, avait l'habitude d'aller au cinéma. Blaise le traînait souvent dans les salles de cinéma, ou le blond emmenait ses copains ou copines. Il voyait parfois des films stupides, mais l'avantage avec les cinémas, c'était qu'on pouvait dormir sans que personne ne s'en rende compte. Harry eut un sourire en entendant ces mots : on avait souvent demandé à Luna comment elle arrivait à rester éveillée durant les cours de maths, et elle avait avoué à Harry qu'elle arrivait à « dormir » les yeux ouverts (note : … si, je vous assure, c'est possible ! XD Je suis une grande experte…).

Ils montèrent dans les étages, puis poussèrent la porte de la salle immense, qui se remplissait peu à peu. Les bavardages bourdonnaient à leurs oreilles et quelques regards les suivirent quand ils s'installèrent sur deux sièges. Il fallait dire qu'ils offraient un tableau assez étrange : un blond classe et l'air un peu hautin, et brun plus débraillé à l'allure sympathique. Deux hommes différents qui s'installèrent, ôtèrent leur veste et attendirent le début du film, en discutant.

Draco ne se départait pas de son attitude séductrice, ses regards intéressés qui erraient sur son visage et même son torse. Il était beau et son charme naturel agissait sur Harry, malgré ses résistances. Mais il y avait cette carapace autour de son cœur, cette petite voix qui lui disait qu'il ne fallait pas aller trop vite. Surtout pas. Ne pas céder aux sourires charmeurs, aux regards profonds, au son chaud de sa voix.

Même si Harry s'était montré plutôt ouvert avec lui, Draco sentait une certaine méfiance en lui. Et sans que Harry le sache, le blond était en train de tomber sous son charme. Il tentait de se raisonner en se traitant de tous les noms, mais il aimait les rires et les yeux brillants du jeune tatoueur. Il tombait sous le charme. Mais il était incapable de savoir si Harry voulait qu'ils se revoient une seconde fois.

Mais les publicités débutèrent, plus ou moins intéressantes, et le film démarra. Il dura deux heures et demi. C'était un film d'action qui captiva Harry. Les yeux rivés sur l'écran, il percevait à peine Draco à ses côtés, qui était tout aussi passionné par ce qui se déroulait sous ses yeux. Mais le blond lui jetait des regards de temps à autre, sans savoir que, par instant, Harry aussi le regardait à la dérobée. Mais le film retenait vraiment leur attention, et ce jusqu'à la fin.

Quand le générique de la fin se fit entendre, et que les noms défilèrent sur l'écran noir, les deux hommes s'étirèrent plus ou moins gracieusement et se levèrent sans précipitation, rejoignant les restes de la meute qui quittait la salle pour rejoindre la fraîcheur de la nuit. Harry et Draco échangèrent leurs avis sur le film. Harry avait adoré, parce que dedans, il n'y avait pas de placards. Draco eut un léger sourire. Il résista à l'envie de passer son bras autour de sa taille, de lui prendre le bras ou la main. Il ne voulait pas subir de rejet, et il était sans doute trop tôt.

Draco raccompagna Harry chez lui, qui avait à nouveau allumé la radio. Le blond aurait pu se sentir exaspéré si Harry ne s'était pas mis à chanter plutôt bien les paroles de « Relax », abandonnant sa voix de crécelle bougeant doucement la tête au rythme doux de la musique.

« Tu sais bien chanter. Tu as d'autres talents cachés ?

- Je sais jouer de la guitare, répondit le brun. Mon parrain m'a appris. Tu joues quelque chose, toi ?

- Du piano. »

Même si ça faisait longtemps qu'il n'avait pas posé les mains dessus, hormis pour quelques cours particuliers. Draco avait gardé un mauvais souvenir de toutes ces heures passées au conservatoire, à répéter sans cesse les mêmes mélodies, au point qu'il ne voyait même plus l'intérêt de taper sur des touches. Harry lui dit qu'Isaline savait jouer du piano, elle en avait fait quand elle était jeune, et parfois, elle se mettait à jouer. Le plus souvent quand elle était énervée, voire même en colère.

« Mauvais signe, alors.

- Plutôt, ouais. Mais elle joue bien, quand même. Je n'ai jamais eu la patience. »

Ils arrivèrent devant chez Harry. Il n'y avait pas de lumière derrière les fenêtres, mais Harry était certain qu'Isaline était réveillée. Elle devait attendre son retour, comme à chaque fois, allongée dans sa chambre, dans le noir. Draco se gara juste devant les vitres de la boutique et un silence s'installa dans la voiture. Draco lui fit son sourire le plus charismatique en se tournant vers lui.

« Cette soirée t'a plu ?

- Ouais, c'était sympa.

- Je te rappelle ?

- Quand tu veux. »

Il pouvait presque sentir le regard d'Isaline sur lui, mais tout ce qui lui importait en cet instant, c'était les yeux brillants de Draco, et sa voix quand il lui souhaita une bonne soirée. Harry quitta la voiture et rentra chez lui. Il prit une douche, et seulement vêtu d'un bas de pyjama, il se glissa dans la chambre de sa tante pour se caler contre elle et murmurer à son oreille comment s'était passée cette soirée, jusqu'à ce qu'il s'endorme, bercée par ses caresses dans ses cheveux.


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !