Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
Bijour !!
Lys : Hello everybody !
Voici donc un nouveau chapitre ! Je tiens à préciser que, actuellement, j'en suis au 11e chapitre écrit !
Lys : Et Draco et Harry sont ENFIN ensemble. Sauf qu'ils ont cassé, là...
C'est la vie...
Lys : Dépèche-toi de les mettre ensemble, ou y'a des p'tits gens qui vont se bouder...
Oki doki !
Bonne lecture !
Chapitre 6
A peine se connecta-t-il sur MSN que Luna lui sauta dessus comme la misère sur le monde. Il poussa un soupir désespéré quand Cho fit exactement la même chose. Théo en fit de même, bien qu'il attendît quelques secondes avant d'ouvrir sa fenêtre. A croire que ça faisait des mois qu'il ne s'était pas connecté…
Il décida de parler d'abord à Luna, il verrait les autres ensuite. Chaque chose en son temps. Cette dernière lui demanda directement si son rendez-vous s'était bien passé, et le brun lui raconta tout en détail. Il avait l'impression d'être une gamine en train de raconter son tout premier rencard, mais mine de rien, ça lui faisait du bien d'en parler. Il avait déjà parlé avec Isaline qui, comme Luna, lui disait que le ce gars-là n'était pas différent des autres, sauf qu'il faisait preuve d'une petite originalité.
« N'empêche, t'as pas l'air con quand tu dis « Je t'emmène au septième ciel ! » » Lui avait-elle dit plus tôt dans la matinée.
A vrai dire, elle avait éclaté de rire en entendant le nom du restaurant, et Nymph' s'était écroulée de rire quand elle avait entendu le nom. Elle ordonna à Harry de demander l'adresse à Draco, il fallait absolument que Remus l'y emmène.
« Il a pas pris de restaurant au hasard. Il a de l'humour.
- Mouais…
- Il a eu le mérite de te surprendre.
- Oui, c'est sûr. J'avais pas compris sur le coup.
- Moi, si on m'invitait dans ce genre de restaurant, je demanderais « c'est quoi le septième ciel ? ». »
Tiens, il n'y avait pas pensé. Draco aurait été bien embêté sur le coup… Mais jamais il n'aurait pu poser une question pareille. Luna, par contre, en était tout à fait capable. Quand ils étaient en seconde, une fille ne croyait pas Harry quand il lui donnait la définition d'« avoir la gaule ». Luna avait alors demandé à tous les mecs haut et fort ce que ça voulait dire. Ce jour-là, la couleur des joues de la jeune fille auraient pu rivaliser avec celle des tomates. (Note : c'est véridique… XD)
Tandis qu'il discutait avec Luna, qui se portait très bien apparemment malgré l'humeur changeante de son père, Harry salua Théo et prit de ses nouvelles. Il étudiait la médecine de façon à devenir vétérinaire et il était actuellement très occupé, étant donné tous les soucis de famille qu'il avait : son père divorçait pour la énième fois et Théo ne savait plus quel parti prendre. Enfin, ce n'était pas comme si cela l'intéressait, aussi.
« Salut mon pote. Comment tu vas ?
- Pas trop mal, et toi ?
- Papa qui divorce.
- C'est toujours pas fini, cette histoire ?
- Nan, sa nana veut pas le lâcher. Enfin, je pense que c'est surtout son fric qu'elle veut pas lâcher.
- Comment vont Sahara et Crystal ?
- Impec' ! Tu veux des photos ? »
Harry aurait voulu répondre non mais trop tard, il savait que Théo était en train de chercher des photos. En soi, Théo n'était pas quelqu'un de bizarre. Teint assez pâle, des cheveux brun foncé et des yeux sombres. Ses fringues dans les tons foncés ne lui donnaient guère d'allure avenante, même si c'était quelqu'un de très gentil, mais il fallait le connaître. En fait, songea Harry, il fallait vraiment le connaître pour le trouver sympathique. Théo était passionné par les serpents. Il possédait d'ailleurs deux pythons : Sahara et Crystal. Autant dire que sa petite passion avait rebuté son père et terriblement gêné ses copînes.
Harry aimait bien les serpents, mais pas au point d'en installer chez lui. Isaline l'avait d'ailleurs menacé : si jamais il lui ramenait un reptile, elle lui retirait ce qui faisait de lui un homme. Autant dire que Harry n'avait jamais osé titiller la peur panique des serpents de sa charmante et tendre Tata. D'ailleurs, un jour que Théo voulait faire une blague et lui avait mis un serpent en plastique sur les épaules, il s'était pris une gifle monumentale tellement elle avait eu peur sur le coup. Jusqu'à réaliser que c'était un bête bout de plastique. Elle s'était excusée mais la gifle était partie et Théo n'avait plus jamais recommencé.
« Tiens, les voilà ! Elles sont pas trop belles ? Au fait, j'ai enfin trouvé un colocataire !
- Enfin ? Tu en as mis du temps !
- J'ai cru que j'allais devenir fou… En fait, j'ai fait passer une « annonce » ! J'ai demandé à tous mes potes de me trouver un colocataire parmi leurs amis, et ils m'on trouvé un étudiant en médecine ! Je crois qu'il a mon âge, mais on est pas dans la même fac. C'est un irlandais, et il parait qu'il a un accent à trancher au couteau.
- Tu l'as rencontré ?
- Nan pas encore, je le vois cet après-midi. Apparemment, il en avait marre de son coloc' parce qu'il le draguait trop.
- C'est un gay ?
- T'es intéressé ?
- Nan pas vraiment. Mais t'es pas du genre à prendre des gays chez toi.
- Gneuh, je déteste ça. Bon, t'es l'exception à la règle, mon Ryry. Mais bon, on m'a dit qu'il était toujours à fond sur son ex, donc je dois pas craindre grand-chose. Ils lui ont montré ma photo, je lui plais pas du tout. Ça fait toujours plaisir…
- Comment il s'appelle ?
- Un nom chelou, Seamus, ou quelque chose comme ça. Parait que c'est un bon élève, et c'est ses parents qui lui payent le loyer. Dis, tu crois qu'il chante sous la douche ?
- Luna m'a toujours dit que le meilleur moyen de faire taire quelqu'un était de lui rouler une pelle. »
Théo lui répondit par un petite smiley qui vomissait de façon peu élégante. C'était étonnant comme quelqu'un comme lui pouvait supporter Harry, qui était pourtant bisexuel. Théo avait vécu une assez mauvaise expérience avec un homme qui le harcelait et il était devenu homophobe. Enfin, il ne voulait rien de mal aux gays, mais ce n'était pas pour autant qu'il aimait les côtoyer. Sauf Harry. Pas d'explication à donner, c'était Ryry, bah il était comme ça, point barre. Olivier lui avait dit un truc dans le genre, aussi…
Luna se déconnecta, elle avait apparemment du boulot à faire, et Harry accepta enfin de répondre aux appels désespérés de Cho qui lui envoyait des wizz depuis tout à l'heure. Tout en lui parlant, il continuait de discuter avec Théo. Il fallait dire que lire les plaintes de Cho à propos de son ex' laissait à désirer. Mais il ne tomba pas mieux avec Théo.
« Je viens de casser avec ma copine. Elle m'a trop soulé. Il parait que j'ai plus d'affection pour mes serpents que pour elle.
- Elle a pas tout à fait tort, tu sais…
- Ecoute, j'ai mes études et mon boulot, je peux pas tout faire en même temps non plus ! Papa me paye mon loyer, mais pour la bouffe et mes chéries, bah c'est moi qui paye. Bref, j'ai cassé. On va en boite ? Envie de draguer.
- Heu… Nan, c'est pas possible.
- Bah pourquoi ? Si tu veux, on emmène Ron, ou un de tes vieux. »
Par « un de tes vieux », Théo voulait parler de Sirius, Isaline ou Nymphadora. Quand il n'allait pas bien, il voulait toujours aller en boite pour se changer les idées, et en général, il emmenait Harry, voire même Ron. Jamais Cho, elle lui faisait trop honte, et Olivier était trop sage pour venir, tout comme Neville qui n'y avait mis les pieds qu'une seule fois.
Théo n'aimait pas vraiment les gays et ne supportait pas quand on pensait qu'il en était un. Mais il y avait pourtant un truc qu'il adorait faire : danser avec Harry d'entrée de jeu, de façon assez sensuelle pour attirer les regards puis faire signe aux filles de les rejoindre. Dans ces moments-là, Harry perdait toute sa pudeur et se laissait aller à la musique. Pour redescendre sur terre quand le son s'éteignait. Parfois, les « vieux » venaient, et dans ces moments-là, Nymph' dansait comme une folle avec Harry ou Sirius, étant donné que son mari refusait de mettre les pieds dans des endroits pareils. Isaline dansait avec n'importe qui et, comme Harry, offrait de faux espoirs à leur partenaire d'une danse.
« Ah ouais ? Et pourquoi ? Pas envie de draguer ?
- Disons qu'on me drague.
- Ah ouais ? Une nana ?
- Nan un mec.
- Evidemment. Et il est comment, ton Dom Juan ? Me ramène pas une tapette, tu seras adorable. »
Traduction : ne me ramène pas un mec tellement efféminé qu'on pourrait douter de son sexe. C'était sans doute ceux-là que Théo détestait le plus, même si Harry avait parfois un comportement assez féminin.
Harry lui décrit rapidement Draco, son caractère, sa façon d'être avec lui, comme il l'avait fait avec Ron la veille. Théo l'écoutait toujours mais il avait un avis assez arrêté sur les gens et il voyait déjà ce mec d'un mauvais œil, même s'il ne savait pas vraiment pourquoi. Savait pas, mais était sûr que c'était un attireur d'emmerdes.
« Tu ne le connais même pas !
- Mais toi non plus ! Bon, je te laisse, j'ai mon rendez-vous.
- Ok.
- Mais si jamais ce crétin te fait du mal, tu lui fous un coup bien placé et il osera plus te toucher ! »
Harry eut envie de répliquer qu'il n'était pas une fille mais il préféra garder cela pour lui. il n'avait pas envie que l'autre lui répondre « T'es gay, c'est pareil » et de partir dans un long débat sans queue ni tête. Théo se déconnecta. Bon, il ne restait plus que Cho avec qui parler, et cette dernière semblait en manque cruel d'amour, vu tous les wizz qu'elle lui envoyait.
OoO
« Ryry, je suis désespérée.
- Pourquoi ?
- Et tu oses me demander pourquoi, fils ingrat ?! »
Harry ricana et sortit de la chambre tandis que sa tante hurlait au scandale parce que son neveu à la con avait osé l'abandonner dans un tel moment de faiblesse. Il revint quelques minutes plus tard avec un plateau dans les mains, chocolat chaud et petits gâteaux au menu. Il posa tout sur le bureau et Isaline se laissa aller en arrière de son siège.
Dans sa chambre, il y avait peu de meubles : son lit immense, son armoire avec toutes ses fringues et son bureau avec son ordinateur. Tous ses bouquins étaient rangés dans le salon mais les murs étaient recouverts de cadres protégeant de nombreuses photos, prises à différentes époques.
Actuellement, Isaline était en train de faire ses papiers de comptabilité et elle souffrait le martyr. Elle avait horreur de ça, vraiment. Elle avait beau se débrouiller avec ça, c'était toujours aussi chiant. En plus, elle devait vérifier les papiers concernant Harry, et c'était tout aussi joyeux à faire.
James Potter, le père de Harry, avait entrepris des études dans le droit une fois son bac obtenu. Il n'était pas très travailleur bien qu'intelligent, et c'était également un excellent baratineur. Il s'était marié dès la fin de ses études avec Lily, qui elle entreprenait les mêmes études. Harry était né par accident, mais il ne fut jamais perçu comme un fardeau, bien au contraire, c'était un ange tombé du ciel.
Les parents de James possédaient des terres, des baraques qu'ils louaient et vivaient ainsi de leurs rentes. Le père de James mourut environ deux semaines après la naissance de Harry dans un accident d'avion, et son épouse décéda suite à la mort de son fils unique. Une mort qu'elle n'avait pu supporter, laissant son petit-fils aux mains de la famille de sa belle-fille.
Lors de la mort de ses parents, Harry avait hérité de toutes les terres appartenant aux Potter, se trouvant au Royaume-Uni mais et aussi en France, ainsi que divers logements. Harry n'avait jamais vraiment éprouvé le besoin de les visiter, à part celui où ses parents avaient vécu avant leur mort. Mais Harry, au fil des ans, avait gagné beaucoup d'argent, sans le savoir, lui qui pensait être pauvre. Son père, sur son testament, avait exigé que, s'il lui arrivait quoi que ce soit, que tout revienne à son épouse et à son fils. S'il leur arrivait malheur et que son fils s'en sortait, il exigeait que toutes ses affaires soient dirigées par ses amis, à savoir Sirius Black, Remus Lupin ou Isaline Anderson.
La famille contesta beaucoup la décision du défunt, mais Isaline refusa de céder aux pressions. Elle fut évidemment surveillée mais elle ne fit jamais d'incartade et elle conserva tout l'argent de Harry qu'elle lui remit une fois majeur. Le jeune homme pouvait en disposer comme il le désirait, mais Harry n'y avait jamais vraiment touché, sauf quand Isaline avait besoin de faire des rénovations dans la boutique, ou quand ils déménagèrent en France. Aujourd'hui, Isaline faisait encore ses papiers, même si Harry y jetait toujours un œil. Il n'aimait pas vraiment y toucher, cela lui rappelait ses parents qu'il n'avait jamais connus…
« J'en peux plus de tous ces papiers, soupira-t-elle.
- Je vais t'aider.
- Bah pas besoin, presque fini. Mais tu sais, la famille Queenie aimerait acheter l'appartement que tu leur loues. Ça fait déjà deux mois qu'ils nous en parlent, tu devrais y réfléchir.
- Tu penses que je devrais ?
- Ils sont là depuis longtemps, et tu as encore tes autres logements. »
Isaline lui présenta divers papiers, et tandis qu'elle s'excitait avec sa comptabilité, il réfléchissait. Il n'avait pas pour habitude de vendre ses appartements, mais cela faisait bien dix ans que cette famille vivait dans ce logement. Le quartier était assez agréable, et vu l'âge des parents, Harry se doutait que c'était pour leur retraite : étant propriétaire, cela leur ferait des dépenses en moins et ils auraient un endroit où vivre.
Soudain, Harry sentit un vent de nostalgie s'abattre sur lui. Il se rappelait Londres, sa fraicheur et son humidité, ses copains au collège, ses amis en comptabilité, ses clients à la boutique, la boulangère au coin de la rue, Luna qui monte derrière lui sur son scooter, et puis…
« Tata ?
- Hum ?
- On pourra aller à Londres à Noël ? »
Isaline tourna lentement la tête vers Harry. Il avait le regard dans le vague, plongé dans ses pensées. Des pensées troubles, des souvenirs lointains. Si lointains… Isaline posa ses coudes sur le bureau, croisa ses doigts et y posa son manteau.
« Pourquoi ?
- Dire « bonjour » à Papa et Maman.
- C'est tout ?
- Voir Luna. Et puis… »
Mais il ne finit pas sa phrase. Il leva les yeux vers Isaline. Il y avait tellement de tendresse dans ses yeux qu'il sentit ses joues rosir. Il voulait retourner à Londres, et en même temps, il savait qu'il ne le ferait pas. il n'avait jamais le courage. A la Toussaint, Isaline partait seule en Angleterre pour décorer la tombe de ses parents. Harry avait essayé de venir l'an dernier, mais le jour même du départ, un stresse énorme lui était tombé dessus et il n'avait pas pu monter dans le train. Isaline le savait et elle l'avait laissé à Paris, partant seule avec Sirius. Severus était rentré avec lui et ils avaient passés quelques jours ensemble, dans l'appartement qu'il partageait avec Sirius.
Harry possédait d'excellents souvenirs de Londres, mais également de mauvais. Très mauvais. Tellement mauvais qu'il n'arrivait pas à revenir dans la ville où ses parents avaient vécu. Même le désir d'embrasser leur tombe n'effaçait pas sa crainte de revenir là-bas. Il n'y avait pourtant aucun danger. Mais il n'y arrivait pas. Tout simplement.
« Tu veux pas venir avec moi à la Toussaint ?
- Je préfère Noël.
- Mais les autres ne viendront pas avec nous, on sera que tous les deux. Viens avec moi à la Toussaint. »
Harry haussa les épaules et acquiesça. Isaline allait acheter un ticket, comme on achèterait une jolie robe. Un ticket qu'on n'utiliserait jamais, une robe qu'on ne mettrait jamais. Mais c'était au cas où. Au cas où il changerait d'avis. Mais cette année encore, il resterait à Paris, en rêvant le visage de ses parents.
OoO
Blaise faillit recracher son sandwich « thon crudités » sortant tout droit de chez Paul tant il était surpris. Draco leva les yeux au ciel et mordit dans son propre sandwich « mixte » en songeant à l'expression stupéfaite et aux joues rosées de Harry.
« Nan, t'as pas osé ?!
- Et si, ricana-t-il.
- Mon Dieu, même moi j'ai jamais osé ! »
Blaise n'en revenait pas que Draco ait osé emmener Harry au Septième ciel. Bon, certes, c'était un joli restaurant, mais quand même pas au premier rendez-vous ! D'habitude, Draco y allait après deux ou trois rendez-vous, et encore. Mais qu'il ait invité Harry directement là-bas… Draco avait vraiment envie de sortir avec lui, il sortait le grand jeu… et il n'avait pas peur de se faire rembarrer…
« Et ensuite ? »
Draco lui raconta comment s'était passé le rendez-vous, la réserve de Harry même s'il jouait le jeu en acceptant ses avances sans y répondre trop franchement. Il lui raconta la couleur de ses yeux, sa manière de rire, sa voix quand il chantait, son sourire…
Blaise ne disait rien, mais il sentait que quelque chose en Draco changeait. Il était en train de tomber amoureux. C'était con à dire, mais il tombait sous le charme d'Harry. Il n'avait jamais été aussi ouvert concernant un de ses rendez-vous, au contraire, il ne faisait que résumer les faits. Il n'avait pas été comme ça avec Seamus, loin de là, ni avec ses autres petites amies, ses autres copains. D'ailleurs, en parlant de copain…
« Dray ? Excuse-moi de te couper, mais il y a quelque de très intéressant derrière toi. »
Draco ne se retourna même pas. Vu l'expression de Blaise, ce ne pouvait qu'être Seamus qui ramenait sa fraise. Blaise et Draco étaient installés sur le rebord d'une fontaine, dans un petit parc, et derrière le jet d'eau, Blaise avait remarqué la silhouette de l'irlandais qui avançait d'un pas lent vers eux. Le blond se sentit énervé avant même de l'avoir vu. Il ne pouvait donc pas le laisser tranquille, ce crétin ?
Seamus se planta devant lui. Il était beau, mine de rien. Des cheveux noirs, le teint pâle… Le même genre que Harry, quoi. Mais plus fade. Plus… moins… il ne savait pas vraiment. Mais ils étaient différents, tous les deux. Il manquait quelque chose à Seamus. Peut-être des yeux verts, ou des piercings aux oreilles, ou encore ses mèches rouges…
« Salut, Draco. Je te dérange ?
- Pas du tout, ironisa le blond. Qu'est-ce que tu veux ?
- Te parler deux minutes. Ce ne sera pas long, je te promets. »
Sa voix était douce, son regard calme. Comment un homme aussi posé avait pu être aussi insupportable ? Draco se demandait même s'il n'était pas schizophrène… Il avait été charmé par ses manières doucereuses, son sourire franc et son rire, mais il avait vite déchanté quand il avait compris que cette petite teigne était loin d'être un ange.
Blaise tendit la main et Draco y posa son sandwich. Il se leva et sortit du parc, Seamus à sa suite. Autant régler cette affaire rapidement, il n'avait pas envie de faire traîner cette discussion. Sur quoi, il n'en savait rien, mais si Seamus était venu jusqu'ici pour lui parler de quelque chose, c'est que ce devait lui tenir à cœur. Et Draco en avait assez de passer pour un salaud de première catégorie.
« Bon, qu'est-ce que tu me veux ? »
Il avait décidé d'être plus calme avec lui, mettant de côté son énervement. Inutile de chercher la dispute. Seamus se lança, avec franchise. Cette franchise qu'il avait appréciée puis détestée…
« Tu as un nouveau petit ami, c'est ça ?
- On n'est pas ensemble. Il veut se faire séduire.
- Il ne te trouve pas assez bien ? S'étonna l'irlandais.
- Il veut être certain que c'est du sérieux. »
Seamus se rapprocha de lui. Mouais, lui et la subtilité, ça faisait deux. Draco regretta de ne pas être resté prêt de la fontaine avec Blaise.
« Draco, laisse tomber cet abruti. Laisse-moi une chance. Je ne te décevrai pas. »
Et Seamus se pencha pour embrasser tendrement les lèvres de Draco. Le blond ne se dégagea pas, et pendant quelques secondes, il repensa à tous ces moments passés avec Seamus : une soirée de Saint-Valentin, un anniversaire, des nuits de débauche, des soirées dans Paris… Tout ce temps où il pestait après lui sans pouvoir le quitter des yeux, jusqu'à cette rupture, inéluctable, où il s'était senti libéré d'un poids. Mais il y avait eu de bons moments… Des moments où seul Seamus avait existé à ses yeux…
Mais le visage de Harry revint. Son visage, ses traits fins, ses lunettes rondes sur le bout de son nez, ses cheveux ébouriffés, ses piercing, les tatouages sur ses bras musclés… Son rire, surtout, ses yeux, sa voix qui chantait dans la voiture…
Les lèvres de Seamus quittèrent les siennes. Ce dernier affronta le regard de Draco, ses yeux bleu gris qui faisaient chavirer son cœur. Il allait reposer sa question, priant pour que le blond accepte, mais Draco le devança.
« Désolé. Mais ça va pas être possible. »
Seamus voulut protester : ils étaient sortis ensemble, ils avaient passés de bons moments, et il l'aimait toujours autant que le premier jour. Même si Draco ne l'aimait pas autant que lui, il saurait attendre, il serait moins exigeant envers lui, mais tous ces mots qu'il aurait voulu prononcer moururent dans sa gorge quand Draco le quitta, revenant dans le parc, le plantant comme ça, sur le trottoir, comme un con.
Il ne vit pas Draco s'essuyer les lèvres avec sa manche, mais il eut envie de vomir, et de pleurer. Son cœur lui faisait mal. Il avait tellement espéré que Draco l'accepte… Cela faisait cinq mois qu'ils n'étaient plus ensemble, mais Seamus ne cessait de penser à tous ces moments qu'ils avaient passé tous les deux. Ils étaient restés trois mois ensemble, et jamais Draco n'était resté aussi longtemps avec quelqu'un avant lui. Il l'aimait. Plus que n'importe qui pourrait l'aimer…
OoO
« Voui, allô ???
- C'est moi !
- Qui ça, moi ?
- Crétine, c'est Sirius ! Passe-moi Harry, s'il te plait.
- Pas possible mon cœur, il est allé me faire une course. On est en manque de Nutella et Teddy veut des tartines. Qu'est-ce que tu lui veux ?
- Bah rien, je veux juste prendre de ses nouvelles ! Tu le vois tous les jours, c'est pas mon cas ! »
Sirius fut déçu que Harry ne soit pas là. Il avait déjà essayé de le joindre sur son portable, qui sonnait occupé, alors il avait laissé un message. Mais il n'avait pu résister, et au bout de cinq minutes à peine, il lâcha son ordinateur pour tenter sur le fixe.
Soudain, il s'étonna. Harry était quelqu'un de plutôt serviable et il ne répliquait jamais quand il fallait aller faire quelques courses. Mais aller chercher du Nutella, ou autre chose, pendant ses heures de travail, c'était quand même assez louche. Sirius ignora le fait qu'il n'avait pas à appeler son filleul pendant qu'il bossait et il posa une question indiscrète à la tatoueuse.
« Vous vous êtes disputés ? »
Isaline poussa un bruyant soupir. Mouais, quelque chose clochait, songea Sirius en fronçant les sourcils. Sûrement rien de sérieux, sinon elle lui aurait raccroché au nez, mais il devait il y avoir de l'eau dans le gaz…
« Harry t'a parlé de Draco ?
- Gné ?
- Okay, merci de ta réponse, soupira-t-elle.
- C'est qui, celui-là ? Un nouveau prétendant ? »
Chez Sirius, il ne faisait aucun doute que Harry était gay. Certes, il appréciait les filles, mais il n'avait jamais eu la moindre aventure avec l'une d'elles, et l'écrivain doutait sérieusement que le jeune homme fasse un jour sa vie avec une nana. Nan, il voyait plutôt son filleul avec un mec.
« Ouais. Un blond, étudiant en médecine. Beau gosse, classe, et pété de thunes.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? S'étonna Sirius en entendant le ton méprisant d'Isaline.
- Il est habillé comme un prince et il est venu le chercher en Mercedes. Pas une voiture de merde, une belle bagnole qui coûte la peau du cul. »
Une des règles fondamentales d'Isaline, quand elle était chez elle, c'était de ne pas parler comme un charretier. Et en ce moment, justement, elle parlait plus que familièrement. Sirius sentait dans sa voix tout son mépris pour ce type sorti de nulle part, ce petit riche qui venait draguer Harry. Il savait que derrière ses mots se cachait son inquiétude maternelle pour Harry, elle se faisait toujours du souci pour lui.
« Mouais… Fit-il, pensif. Ils ont eu un rendez-vous, hein ?
- Vu comment il s'est barré avec le porte-monnaie, il doit y en avoir un autre… »
A peine Isaline avait-elle dit qu'il fallait absolument racheter du Nutella que Harry, cheveux au vent, s'était rué sur le porte-monnaie et s'en était allé, Teddy sous le bras. Elle l'avait entendu parler au téléphone à l'étage, et vu comment il s'était enfui, le message était clair : « j'ai un rendez-vous avec le blondinet ».
« Gné ?
- Cherche pas, Sirius. Bref, Harry a un autre rendez-vous avec un blond pété de tunes qui me plait pas.
- Parce qu'il est blond ou pété de tunes ?
- Les deux.
- La chinoise lui a présenté plein de bruns sans un sou et ça lui a jamais plu.
- Nan mais t'as vu la gueule de ces types ?! Jamais de ça chez moi ! »
Il l'entendit ruminer et il entreprit de la calmer, mais c'était inutile car Isaline se faisait du mouron pour son neveu, qui semblait vouloir voler de ses propres ailes. Bon, ce blond ne devait pas être si nul que ça, mais sil n'y avait pas de quoi s'inquiéter, lui-dit-il. Après tout, si Harry avait plus de trois rendez-vous avec lui, là, on pouvait s'inquiéter. Et pas seulement Isaline, mais aussi Sirius : Harry n'était jamais allé au-delà de trois rendez-vous.
Isaline raccrocha au bout d'une dizaine de minutes. Malgré ce qu'elle avait dit à Sirius, elle n'était guère rassurée, mais elle décida de positiver : il avait raison, s'il y avait un quatrième rendez-vous, elle pourrait vraiment se faire un sang d'encre. Mais ils n'y étaient pas…
« C'est nous ! »
La voix enfantine de Teddy venait de retentir dans l'entrée. Harry retira ses pompes, mit le Nutella sur le plateau où se trouvait déjà une demi baguette de pain avec un couteau, et avec l'enfant sous le bras et le plateau dans une main, il sortit de la cuisine et monta les escaliers. Une main comparable à une serre d'aigle se posa sur son épaule et il eut des sueurs froides.
« Ton parrain a appelé.
- Je le rappellerai.
- C'est quand, ton rendez-vous ?
- Samedi. »
Elle relâcha son épaule et disparut dans la boutique. Harry soupira de soulagement : ça lui évitait de se rependre en explications et affronter son regard. il avait fuis comme un lâche, certes, mais l'appel de Draco l'avait rendu toute chose et il refusait de le laisser voir à Isaline.
Il monta à l'étage et entra dans sa chambre, puis posa le plateau et Teddy sur le lit. L'enfant baragouina le nom de Blanche-Neige et Harry mit en route le DVD, pour ensuite s'installer confortablement sur son lit. Tout en préparant les tartines, il pensa au blond. Harry se remémora la conversation qu'il avait eue avec lui et ce rendez-vous qui se préparait. Draco lui avait proposé trois choix : une autre séance cinéma, une pièce de théâtre ou un simple dîner. Harry avait été surpris qu'il lui propose un théâtre, lui qui n'avait jamais mis les pieds là-dedans, et le blond lui expliqua que sa mère devait passer le week-end à Londres et que leur sortie ensemble ne pouvait donc se faire.
Harry hésita, mais il finit par accepter le théâtre. Il demanda comment il devait s'habiller, Draco lui interdit de chercher un costume ou il ne savait quoi d'autre : quelque chose de simple mais habillé. C'était la première fois qu'on l'invitait dans un endroit pareil, et mine de rien, Harry fut charmé par l'attention. En fait, Draco le charmait toujours.
Leur premier rencard avait eu lieu samedi dernier, il y avait quatre jours. Et Harry n'avait pas cessé de penser à lui. Parfois, il se ressaisissait, en se traitant de tous les noms : qu'est-ce que ce mec avait de plus que les autres ? Pourquoi lui faisait-il tourner la tête comme ça ? Pourquoi était-il charmé par ce gars qui n'arrêtait pas de le mater et de le prendre pour une nouvelle proie ? Parce qu'il n'avait l'impression de n'être qu'un homme parmi tant d'autres, que Draco s'était intéressé à lui mais qu'il n'y avait rien de vraiment sérieux entre eux. Sa façon de le regarder, de lui parler, de le draguer le rebutait autant que ses yeux et son visage l'attiraient.
Enfin… de toute façon, il avait fixé sa limite à trois rendez-vous. Si au bout du troisième il ne se sentait toujours pas à l'aise, ce serait terminé. Il l'avait toujours fait, cela faisait trois ans qu'il fonctionnait ainsi. Il était toujours seul, mais jamais malheureux ou déçu.
« Ryry ! Mouchoir ! »
Teddy avait la bouche barbouillée de Nutella, même si ses mains étaient relativement propres. Harry chopa le Sopalin et nettoya la bouche de l'enfant, barbouillée de chocolat. Un grand sourire arrondissait ses joues pleines et Harry fut heureux qu'il n'ait pas posé ses mains sales dans ses cheveux bruns, comme il le faisait quand il était plus petit.
Un peu plus tard, Harry posa le plateau par terre et regarda le dessin animé avec l'enfant qui se cacha le visage dans son cou quand la marâtre devint une méchante sorcière. Harry eut un sourire en songeant qu'il avait eu la même réaction quand il était enfant. Certes, il n'avait découverts les dessins animés Walt Disney que vers ses huit ans, quand Isaline avait obtenu sa garde, mais il se souvenait encore de son émerveillement et de sa terreur quand la méchante sorcière ricanait. Il se cachait contre Isaline, ou Sirius, voire même Tonks.
Il avait bien grandi depuis, mais il aimait garder cette part d'enfant en lui. Tous ces souvenirs qui peuplaient son enfance étaient précieux et il se refusait de devenir un adulte terne et sans rêves.
OoO
Assise devant sa télévision, dans l'obscurité, Isaline regardait une émission stupide. C'était tout ce qu'il y avait ce soir-là à la télévision. Habituellement, elle se serait couchée dans son lit et aurait attendu que Harry rentre, mais elle n'en avait pas le courage. Elle avait songé à inviter Sirius et Severus pour dîner, mais le téléphone était trop loin du canapé.
Un plateau traînait sur la table basse. Elle n'avait mangé qu'une assiette de pâtes et une bouteille d'eau était posée par terre. Même pas sorti un verre, ça servait à rien. Elle était toute seule, comme une misérable, devant sa télévision, à attendre que Harry rentre. Harry, un homme de vingt-et-un an, son employé.
Isaline poussa un long soupir et ferma les yeux, se traitant de connasse. Qu'est-ce qu'elle avait à se lamenter comme ça, comme la pauvre conne qu'elle était, parce que le gamin qu'elle avait élevé avait un rencard ? Ce gosse qu'elle avait si mal éduqué. Elle aurait tant voulu qu'il soit autre chose que tatoueur, qu'il ait un bon boulot comme ses parents, au lieu de rester dans ses pattes, vivant encore chez elle, sans aucune envie de s'en aller. S'il avait fait de meilleures études, il aurait sans doute été différent, et elle aurait pu se faire à l'idée qu'il partirait…
Mais le fait qu'il se balade avec ce blondinet la rendait malade. Elle n'avait rien contre lui, pourtant. C'était plutôt ce qu'il représentait qui la faisait bouillonner. Sirius ne l'avait pas vu, mais Nymphadora si. Et elle avait compris qu'Isaline accepterait mal que tous les deux sortent ensemble. Isaline ne voulait pas que Harry sorte avec quelqu'un comme Draco.
Ce n'était pas son visage qu'elle voyait quand elle le regardait. C'était celui de l'autre petit ami de Harry, celui qu'il avait eu, en Angleterre. Cette ordure qu'Isaline avait vu d'un mauvais œil mais qu'elle avait accepté, parce que Harry souriait, et il semblait heureux. C'était tout ce qui comptait, pour elle : qu'il soit heureux et bien dans sa peau.
Mais Harry n'était pas heureux. Il essayait de s'en convaincre, mais il n'était pas heureux. Il l'avait caché à tout le monde, jusqu'au jour où Isaline le découvrit.
Son cœur se serra et elle serra les dents. Bon Dieu… Quelle avait été sa douleur quand elle avait compris tout ce que Harry lui avait caché… Quand elle avait compris à quel point il était malheureux, à quel point elle avait été aveugle… Un sentiment de trahison avait coulé dans ses lèvres et elle avait hurlé de rage et de tristesse.
Cette aventure avait laissé des séquelles chez Harry, mais aussi chez Isaline, et les siennes étaient tout aussi graves : elle était devenue terriblement protectrice et se méfiait de tous les prétendants de Harry. Certes, elle voulait qu'il se case, mais tous les hommes qui l'approchaient la terrifiaient. Allaient-ils lui faire du mal ? Allaient-il le décevoir, le tromper, le trahir ?
Draco était un jeune homme de bonne famille. Comme l'ex de Harry. Quasiment le même type de personne : sûr de soi, charmeur, beau gosse. Le même genre. Pas la même personne. Mais la même attitude envers lui, le même désir de l'attirer dans leurs filets en utilisant le charme, les sorties inédites, les présents… Qu'était Harry, pour eux ? Ce n'était qu'un tatoueur, un jeune homme comme les autres. Un beau jeune homme. Un magnifique jeune homme. Que ce connard avait utilité, avait manipulé. Que ce salaud avait brisé, détruit.
Ça y est, elle se remettait à pleurer. Putain, elle allait avoir quarante ans. Quarante ans… Et elle pleurait à cause de ses souvenirs… à cause de toutes ces angoisses, ses peurs, cette douleur qu'elle avait vécues, assise devant le lit de Harry, attendant sur les bancs des hôpitaux, rejetant les bras de Sirius et les étreintes de Nymphadora…
La porte d'entrée s'ouvrit. Doucement, comme pour ne pas la réveiller. Isaline sécha ses larmes, reniflant un bon coup, et écouta Harry retirer ses chaussures et sa veste. Il marcha dans la cuisine, puis il poussa la porte du salon. Elle l'entendit marcher sur le parquet, s'asseoir sur le canapé, et elle le sentit se blottir contre elle.
D'une voix basse, Harry lui raconta sa soirée. Comment était habillé Draco, quel avait été le restaurant où il avait encore payé la note, sa voix grave, le saumon excellent qu'il avait dégusté, les manières distinguées de Draco, sa façon de le regarder, ses sourires séducteurs, sa voiture qu'il garait loin sur le parking pour éviter les voisins, le théâtre illuminé, la dame qui les avait emmené à leur place, la classe de Draco qui se mêlait si bien à cette population alors que Harry s'y sentait mal-à-l'aise, le rideau qui s'ouvre, les chuchotements du blond, les rires dans la salle, ses doigts qui effleurent les siens, les voix fortes sur la scène, son émerveillement, puis le retour à la réalité, la voiture au milieu de toutes les autres, Draco qui roule trop vite, la musique de la radio…
Une soirée agréable. Juste agréable. Il était comme les autres. Harry ne ressentait plus son envie de le revoir, ses manières l'avaient déçu. Il connaissait cette façon de draguer, ces regards, ces sourires, ces effleurements qui électrisent les sens. Il les connaissait trop bien pour les laisser le submerger. Il ne voulait pas retomber dans le piège, pas une seconde fois. Le doute s'était insinué en lui. Une fois de plus. Il avait dit oui pour un troisième rendez-vous, en sachant que ce serait le dernier. Sans doute un petit espoir que Draco soit différent : pas ce gentleman si classe qui lui tenait la porte. Autre chose. Harry voulait voir un autre homme. Qu'il ne verrait sans doute jamais…
Isaline lui caressait les cheveux. Elle sentait le doute et surtout le regret dans la voix du jeune homme. Elle ferma les yeux. L'histoire était loin d'être terminée, songea-t-elle. A juste titre…
OoO
Il allait mourir. C'était certain, il allait mourir. Il en avait vu des choses, pourtant, mais là, c'était tout bonnement impossible…
« Heu… Nan, ça va pas être possible… »
Le visage à la voix halluciné et désolé de Harry était à mourir de rire, mais vu ce qu'on lui demandait de faire, personne n'aurait osé se foutre de sa gueule. Même pas Isaline, qui était actuellement occupée derrière avec un client et son futur piercing mal placé.
« S'il vous plait ! Je sais que ce sera cher, mais…
- Nan mais c'est même pas la question. »
Nan, l'argent était loin de lui poser un problème, là. Harry reposa les yeux sur la feuille que cet homme lui avait donnée, où était dessiné un dragon aux traits compliqués que son client voulait sur son dos et son torse. Ainsi, la tête de l'animal serait dessinée sur sa poitrine et les courbes du corps traverseraient son dos pour rejoindre ensuite son ventre plat et musclé. Autrement dit, dans le langage d'Isaline, c'était un « travail de chien ».
« Monsieur, je n'ai jamais pratiqué de tatouage aussi compliqué… Avoua Harry.
- Mais j'ai vu votre travail sur le site, vous avez fait des choses superbes ! » S'exclama le client.
Nymph' tenait à jour le site du magasin, où on pouvait découvrir divers photos de tatouages qu'ils avaient pratiqués, rangées selon le tatoueur. Harry était assez doué et il lui était même arrivé de tatouer des visages de célébrité, telle que Marilyn Monroe. Et ce client avait apparemment consulté le site pour découvrir le travail du tatoueur qui était appréciable.
« Ouais, nan, mais j'en suis pas capable…
- Oh… Fit l'homme, déçu. Et personne…
- Bah disons qu'on est assez pris en ce moment, la patronne est occupée et Nymph' a pas mal de rendez-vous…
- Ryry, tu peux le faire ! S'exclama Nymphadora. Je suis sûre que tu peux y arriver ! »
Harry hésitait, c'était un gros projet, et la question de l'argent ne rentrait même pas en compte. Avant tout, il voulait être certain de réussir, et il avait beau avoir une certaine maîtrise, il hésitait à se lancer dans un projet pareil. L'homme, un grand brun baraqué aux yeux de cocker, lui fit des yeux de chien battu et Harry poussa un soupir désespéré : il était vaincu. Un grand sourire éclaira le visage de son nouveau client.
Ils parlèrent honoraires et le prix pour un tatouage pareil était exorbitant. Enfin, correct pour vu la surface de peau qui allait être tatouée, mais c'était quand même costaud. Le client trouva le prix raisonnable et Harry fut certain qui s'était déjà renseigné dans d'autres boutiques avant de venir ici. Des fois qu'on l'arnaquerait… Mais ce n'était pas vraiment le genre de la maison. L'homme s'en alla, tout joyeux d'avoir conclu son affaire.
Ce n'était pas vraiment le cas du tatoueur. Même s'il avait accepté, Harry n'était guère rassuré à l'idée de tatouer une aussi grande surface de peau, vu tous les détails à tracer. Il avait ordonné à son client de lui envoyer cette image par Internet, afin qu'il puisse se préparer psychologiquement à ce projet. Il avait envie de dire qu'il avait y avait vraiment des barjots dans ce monde pour le forcer à accepter ce genre de travail, mais il songea qu'il n'était guère mieux dans le genre, vu ce que lui avait sur le corps.
Harry regarda sa montre : quinze heures et demie. Sa cliente avait un peu de retard, mais elle ne tarda pas à arriver. Elle salua le tatoueur et ôta son pantalon et se retrouva en culotte dans la boutique. Harry prépara le matériel et commença son travail. Il traça une fée et quelques arabesques sur le bas de son ventre, juste au-dessus de sa culotte, piquant la peau avec soin, concentré sur son travail, et sur rien d'autres.
On ne faisait pas de pub pour le magasin, la plupart des clients connaissaient la boutique par du bouche à oreille, ou encore par l'intermédiaire du site, qui présentait leur travail, mais également leurs machines, leurs normes et leurs tarifs. Isaline avait estimé que faire autant de chichi n'était pas nécessaire puisqu'ils présentaient tout au client avant de le tatouer mais Nymph' s'était amusée comme une folle et elle avait décidé qu'il devait être parfait, donc elle mettait de tout.
L'avantage de cette boutique, selon Harry, était que deux des employés étaient des femmes. Il était donc plus évident pour les filles de se faire tatouer, en particulier les parties telles que le bas du ventre ou les seins. Certaines étaient très gênées quand elle comprenait que c'était un homme qui s'occuperait d'elles, un homme qu'elles ne connaissaient pas, mais l'avantage du bouche à oreille était que, non seulement on faisait l'éloge de leur travail, mais aussi les clients pouvaient transmettre leur confiance. Harry, qu'importe ce qu'il tatouait, ne regardait jamais autre chose que son travail. Il ne touchait jamais plus que nécessaire et n'était pas du genre à reluquer ses clients, hommes ou femmes. De plus, il les mettait rapidement en confiance.
Il se mit donc à discuter avec la jeune fille qui venait de fêter ses dix-sept ans. Elle était un peu gênée d'être dans cette position et les picotements n'arrangeaient rien, mais elle fut rapidement prise par la conversation de Harry, qui lui parlait de tout et de rien, de ses études, du temps, de ce qu'elle comptait faire plus tard. Toujours les mêmes questions, stupides en soi, mais qu'on posait toujours avec plus ou moins d'intérêt, histoire de meubler un peu la conversation.
Le tatouage ne fut pas long à réaliser. Quand il eut terminé, il appliqua un pansement et fit quelques recommandations à la jeune fille qui s'en alla, toute fière. Quand elle voulut sortir, elle fit bousculée par une tornade rousse qui choppa et l'emmena direct dans la cuisine, sous le regarda halluciné de Tonks et de son client.
« Ron, mais… qu'est-ce qui te prend ?! S'exclama Harry.
- J'ai appelé Hermione !! »
Un ange passa.
« Ah.
- C'est tout ce que ça te fait ?!
- Bah disons que je pensais que tu l'avais déjà appelée.
- Jamais osé… »
Les joues de Ron rosirent et Harry soupira tout en souriant. Ron avait beau être un peu déluré sur les bords, il était vraiment timide avec les filles, surtout celles qui lui plaisaient.
« Allez, raconte. »
Ils s'installèrent sur les chaises entourant la table de la cuisine et Ron lui raconta qu'il avait osé l'appeler la veille. Neville imitait les pom-pom girls en agitant les bras pour l'encourager et le rouquin attendit que la jeune fille lui réponde sans raccrocher avant. Ils avaient un peu parlé, un peu rigolé. Elle avait pas mal de devoirs à faire donc elle avait dû raccrocher, mais elle lui avait laissé son adresse électronique. Le rouquin venait de finir son travail, donc il était venu raconter la nouvelle à Harry, qui ne put qu'applaudir. Et il remercia intérieurement Neville d'avoir encouragé le rouquin.
Dans le fond, Ron n'avait pas grand-chose à raconter, mais il avait eu besoin de faire partager son bonheur avec son meilleur ami, qui sortit une modeste bouteille de Coca pour l'occasion. Mais il avait également envie de savoir comment ça avançait avec Draco. Harry lui répondit d'un air un peu déçu que ça ne durerait sans doute pas avec Draco.
Certes, le blond s'était toujours montré avenant et charmant avec lui, mais Harry n'avait pas vraiment supporté son attitude de dragueur, lors de leur dernier rendez-vous, et il lui avoua que, même si cette sortie au théâtre lui avait plu, il ne s'était pas senti à sa place entouré de tous ces gens, alors que Draco se fondait aisément dans la foule. Il avait senti la différence entre eux, et il s'était demandé si tout cela était bien sérieux. Les regards profonds et les sourires charmeurs l'avaient toujours rebuté, et le brun pensait qu'il n'irait pas plus loin que le troisième rendez-vous.
Ron fut un peu déçu. Mais il lui fit un grand sourire et tenta de lui remonter le moral. Bah, tant pis si ça ne marchait pas, il ne fallait pas être triste, il en trouverait un autre qui serait meilleur. Ce dont il avait besoin, c'était d'un moment de détente. Ron avait appelé Théo ce midi et ils avaient décidé de sortir un peu dans Paris, entre amis. Il faudrait appeler Cho et Olivier, Neville était de la partie et sa copine l'accompagnerait sûrement. Quant aux jumeaux, ils étaient partants pour aller voir Dernier homme sur Terre au cinéma.
Une petite virée entre amis ne lui ferait pas de mal, il en était certain, et Harry avait besoin d'oublier un peu Draco. Il pensait à lui, même s'il se disait que c'était sans espoir. Une partie de lui rêvait de quelque chose entre eux, plus que de l'amitié. Mais bon… Il valait mieux qu'il pense à autre chose…
OoO
Finalement, sa mère était rentrée le mardi après-midi au lieu du lundi matin. Draco n'avait pas vu une très grande différence mais, mine de rien, c'était tout de même plus agréable de la savoir à la maison que dans sa famille de fous, tout là-bas, en Angleterre.
Le grand-père de Narcissa était atteint d'un cancer et il s'affaiblissait à vue d'œil. Narcissa était montrée à Londres afin de voir le vieil homme, terrifiée à l'idée qu'il décède sans qu'elle n'ait pu le revoir une dernière fois. Draco se rappelait peu de ce vieil homme qui avait un caractère de chien, comme la plupart des Black d'après lui. Il était assez généreux avec sa famille, trop peut-être, mais l'avantage était qu'il était trop aimé pour qu'on songe à la dépouiller. Les rares personnes qui pourraient envisager cela devraient d'abord affronter la terrifiante Walburga, le calme et froid Cygnus et sa charmante épouse Druella. Autant dire que cela avait de quoi refroidir leurs ardeurs…
Draco ne s'était jamais senti très proche de sa famille, loin de là. Il avait peu de cousins et cousines directement liées à lui : sa tante Bellatrix était actuellement en prison et sa tante Andromeda était décédée depuis longtemps. Du côté de son père, ce n'était même pas la peine d'y penser, les Malfoy se comptaient sur les doigts d'une main. La seule personne, dans sa famille, dont il se sentait un minimum proche était sa cousine Adonia qui allait se marier l'été suivant. C'était la fille du cousin de sa mère, Regulus. D'ailleurs, même s'il s'entendait plus ou moins avec toute la famille, il était certainement le seul à ne pas être focalisé là-dessus…
Draco était en train de taper sur le clavier de son ordinateur, rédigeant un devoir assez complexe qui eut pour effet de l'empêcher de penser à autre chose que ses études. Cela faisait bien une heure qu'il était là-dessus, et le bruit des talons de sa mère dans le couloir fut le maigre prétexte qu'il trouva pour faire une petite pause.
Sa mère n'avait pas été à la maison pendant trois jours. Draco était donc resté seul avec son père, qui rentrait chaque soir pour le dîner et repartait le lendemain matin pour travailler, excepté le dimanche, où il s'accordait une journée de repos. Mais, étrangement, Draco n'avait pas vu de réelle différence. Certes, sa mère ne venait pas dans sa chambre pour discuter où il ne passait pas une ou deux heures dans le salon pour lui tenir compagnie. Mais, dans le fond, c'était toujours pareil : Draco restait dans sa chambre à travailler ou lire, voire même téléphoner, sans aucun contact extérieur. Il avait dîné avec son père, ils avaient parlé d'actualité, d'économie, du Grand-père Pollux. Mais rien de personnel.
Lucius était un homme assez froid et réservé, hautain et sûr de lui. Il n'était pas du genre à s'intéresser activement à la vie sentimentale de son fils. Ce n'était que quand sa femme lui en parlait qu'il s'y intéressait. En fait, il voulait surtout savoir à quoi ressemblait la personne en question, et il n'avait jamais été réellement déçu par les choix de son fils, même s'il avait tendance à sortir avec des personnes n'étant pas de la bourgeoisie.
Ainsi, Draco ne parlait jamais vraiment de lui-même à son père. Il n'en avait jamais éprouvé le besoin, ni d'en parler à lui, ni d'en parler à sa mère. Cette dernière insistait pour tout savoir, mais le jeune homme ne lui avait jamais confessé de lui-même ses sentiments, que ce soit de l'amitié, de l'amour, ou même de la haine. Il réservait tout cela à Blaise, qui comblait cet étrange manque qu'il ressentait chez lui. Manque de quoi ? Draco n'aurait su le dire, il n'arrivait pas à définir cela. Parfois, quand il se déplaçait dans sa maison, il avait du mal à croire que c'était chez lui, tant c'était impersonnel. Il n'y avait que sa chambre qui ait un peu de personnalité, et encore. Elle aurait pu être celle d'un autre.
C'était en partie pour cela qu'il aimait bien aller chez Blaise. Oh, il avait passé l'âge des soirées pyjama, mais il aimait bien s'enfermer avec lui dans sa chambre, car elle n'aurait pu être à personne d'autre qu'à lui : des murs bleus recouverts de posters, de photos, des étagères croulant sous les livres et les revues, un bureau supportant son ordinateur et tout son bazar où se mêlait papiers de bonbon, stylos et feuilles chiffonnées. Une chambre désordonnée mais vivante.
C'était peut-être aussi un peu pour ça que Blaise était son meilleur ami : il avait l'impression d'avoir de l'importance pour quelqu'un. Oh, d'autres comme Seamus aurait sacrifié père et mère pour son attention, mais ce n'était pas pareil. Draco, même s'il était allé jusqu'à coucher avec Seamus, n'avait jamais ressenti autant de complicité avec lui qu'il pouvait en avoir avec Blaise. C'était complètement différent.
Et ses pensées dérivèrent sur Harry. Et à leur second rendez-vous. Il s'était rendu compte d'une chose, quand Harry l'avait quitté, pour rentrer chez lui : il n'était pas comme les autres. Ça, il le savait déjà, mais il n'avait pas compris à quel point il était différent de toutes les personnes qu'il avait pu draguer jusque là. Harry était imperméable à ses attentions, ses regards, ses sourires, ses mots rosissaient parfois ses joues mais rien ne le pénétrait, tout cela coulait sur lui sans l'atteindre. Draco s'était montré galant avec lui, et cela n'avait pas eu l'air d'enchanter Harry. Cela l'avait même gêné. Il avait pourtant accepté un troisième rendez-vous, et Draco se demandait s'il ne serait pas le dernier.
A cette idée, ses traits se brouillèrent : il fronça les sourcils et pinça ses lèvres. Il ne voulait pas abandonner. Il sentait que Harry était quelqu'un de spécial, il avait envie de le conquérir, complètement, mais il sentait en lui une sorte d'hésitation, de doute, et le jeune homme ne s'était pas montré aussi ouvert que d'habitude. Quelque chose ne lui avait pas plu. Ou alors il n'avait fait ça que pour voir, sans être vraiment motivé. Ou pour se foutre de lui. Draco en avait parlé à Blaise, ce dernier n'avait pas su quoi lui dire, à part d'essayer d'être plus attentionné. Mais Draco ne faisait que ça, d'être attentionné. Il passait ses soirées à faire ça. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Qu'est-ce qui déplaisait au brun ? Que devait-il faire pour lui prouver qu'il méritait son attention ?
On frappa à la porte, ce qui arracha Draco à ses pensées sombres et à cette déception qui pointait son nez. Il grogna un « Entrez » et Mr Dobby entra, intimidé. C'était un vieil homme aux cheveux gris, maigre avec de grandes oreilles et un nez si long que c'en était incroyable. Il n'était pas très beau, mais sa gentillesse et sa timidité compensait tout le reste. Il était marié à Winky, leur femme de ménage, qui passait nettoyer la maison tous les matins.
« Mr Draco, je suis désolé de vous déranger, fit le majordome. Mr Blaise est actuellement au téléphone avec votre mère, il voulait discuter avec vous. »
Draco chercha son téléphone portable des yeux et le découvrit éteint sur son bureau. Il remercia le majordome et il se leva dans le but bien précis d'arracher le téléphone à sa mère, menaçant mentalement Blaise : si jamais il lui parlait de Harry, pas sûr qu'il puisse avoir des enfants un jour…
OoO
« C'est l'histoire de Toto qui va zoo. Il se balade, tranquille, et soudain, il rencontre un flamant rose…
- Je crois qu'il est bourré.
- Je ne crois pas, j'en suis sûr. »
Quelques secondes plus tard, Fred, Georges, Ron, Neville, Cho et Hannah s'écroulèrent de rire. Nan, décidément, Fred n'était pas le seul à être bourré, ils l'étaient tous. En fait, dîner dans un restaurant chinois au coin de la rue n'était vraiment pas une bonne idée : à la fin du repas, le gérant leur offrait un ou deux verres de saké. Les verres étaient tout petits et on avait la fâcheuse idée de penser que la quantité d'alcool ingurgitée était ridiculement petite. C'était le cas, mais ce n'était pas pour rien que le saké ne se buvait que dans des petits verres…
Hannah n'avait jamais bu ce genre d'alcool et elle fut pompette au premier verre. Cho s'en envoya deux avant de se mettre à imiter des cris d'oiseaux. Quant à Fred, Georges, Ron et Neville, ils s'étaient bien envoyé trois ou quatre verres. Les seuls à rester sobres étaient Théo et Harry. Si Olivier n'avait pas été pris par l'anniversaire d'un membre de son équipe de foot, il se serait joint à eux, et il serait resté sobre, histoire de ramener Cho vivante chez elle. Là, Harry allait devoir se taper le déplacement…
« Bon allez, on s'arrache, les jeunes !
- Deux minutes, Théo, on…
- Ron, tu bouges tes fesses ou je vais utiliser la manière forte. »
Le sourire innocent de Théo promettait mille tortures à celui qui osait lui résister. Ainsi, tout le monde se leva, la note ayant déjà été payée. Hannah se pendit au bras de Neville, son petit ami, tandis que Cho enlaçait le bras de Ron. Les jumeaux, bras dessus bras dessous, quittèrent le restaurant les premiers, suivant des deux couples plus ou moins éméchés. Harry et Théo fermèrent la marche, l'un d'un air amusé, l'autre d'un air consterné.
Il fallait dire qu'ils formaient une drôle de bande. Les jumeaux devant étaient habillés de façon si colorée et dépareillée que ce devrait être interdit, leurs cheveux roux ébouriffés. On dirait deux arlequins se mouvant gracieusement dans la nuit, le visage clair et identique. Derrière, Neville était habillé de façon parfaitement correcte, mais sa copine, un peu rondelette, était coiffée de couettes blondes, lui donnant un air enfantin, et elle portait une robe bleu roi lui descendant jusqu'à ses genoux. Le pire était sans doute derrière : Ron, habillé de vêtements usés et informes, se déplaçait fièrement au bras de Cho qui, elle, portait une jupe très courte et un débardeur laissant voir les brettelles de son soutien-gorge, son gilet noué autour de sa taille. Ces deux-là avaient très certainement bu un petit verre en trop…
Mouais, décidément, Harry et Théo était sans doute les seuls à être potable. Harry avait enfilé un pantalon de jogging et un sweet. En somme, une tenue décontractée, pas de quoi en faire tout un fromage. Théo n'était pas non plus une gravure de mode, il avait enfilé un jean dont un des genoux était troué et qui lui tombait sur les hanches avec une veste sombre.
« Si seulement Olivier était venu… soupira ce dernier.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Nan mais regarde-moi ça ! Ça aurait remonté un peu le niveau, tu crois pas ? »
Ça, c'était certain : Olivier n'était pas vraiment du genre à boire, sauf aux fêtes. Et il s'habillait de façon somme toute assez correcte, même si ses maillots avec des chiffres immenses aux couleurs flashy laissaient à désirer. Une fois, il avait réussi à obtenir pas mal de places pour un match de rugby, Stade de France contre Clermont-Ferrand.
Autant dire que ce fut un péplum pour faire porter un maillot rose à Théo qui hurla au scandale. Au point qu'Isaline, entendant qu'on criait au viol, avait foncé dans la cuisine où on essayait d'enfiler le tee-shirt à Théo. Il ne voulait pas ressembler à une tapette, qu'il disait… Enfin, Isaline l'avait défendu et il n'en avait pas porté, de tee-shirt rose. Finalement, Harry et lui avaient décidé d'être pour Clermont-Ferrand. L'équipe s'était ramassée, mais au moins, l'honneur de Théo était sauf.
« C'était un anniversaire, il avait pas le choix.
- Ouais. Remarque, s'il avait débarqué avec un maillot du Stade Français, je pétais un câble.
- Ne me dis pas que tu as honte de lui !
- Non, pas de lui, de son tee-shirt. T'as pas plus tapette. »
C'était étonnant comme Théo pouvait être homophobe. Enfin, entre nanas, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Mais pour les mecs… Et pourtant, il continuait à fréquenter Harry, qui était l'un de ses meilleurs amis. Il connaissait pas mal de mecs avec qui il s'entendait assez bien, mais Harry était une exception. C'était même sans doute son meilleur ami. Même s'il était gay et qu'il ne supportait pas ça. Harry avait parfois un comportement efféminé, mais rien dans son comportement ne le dérangeait vraiment.
Au cours d'une soirée bien arrosée chez Cho et Olivier, Harry lui avait avoué sa bisexualité. Théo avait été choqué et il avait ouvert la bouche, prêt à lui dire quelque chose qu'il aurait regretté toute sa vie. Mais il avait vu le regard de Harry, qui semblait attendre sa réponse. Ou plutôt sa craindre. Alors Théo avait eut un maigre sourire et il lui avait demandé en rigolant quel était son type de mec, alors qu'au fond de lui, son cœur battait. Il avait l'impression d'être dans une situation irréelle. A mesure que les secondes s'écoulait, il sentait Harry se refermer comme une huître, son sourire faiblir… Alors il lui avait pris la main. Comme ça. En lui disant qu'il s'en foutait, ça changeait rien. Harry, c'était Harry, point barre. Et il avait senti les doigts du jeune homme serrer les siens. Comme s'il était soulagé.
Aujourd'hui, il ne ressentait plus rien quand il voyait Harry. Il ne le dégoutait pas, ne le rebutait pas. c'était son ami, point à la ligne. Et puis Théo avait appris certaines choses sur son passé, certaines choses qu'il n'avait dit à personne. Même pas à Ron. Pas par manque de confiance. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Il n'aurait sûrement pas compris. Il ne l'aurait pas cru.
« Oh, les tapettes, ça avance ? Cria Georges.
- Comment tu m'as traité, là ?! Hurla Théo, écarlate.
- Tapette ! Tapette ! Chantonnèrent les jumeaux.
- Espèce d'enfoirés… Harry, arrête de rire ! Tu pourrais avoir un minimum d'honneur et te défendre, merde !
- M'en fous, je fais pas tapette, moi. »
Théo sembla s'étrangler et tout le monde éclata de rire, alors qu'il essayait de frapper Harry. Ah, c'était si facile de taquiner Théo…
Ils arrivèrent au cinéma. Un monde fou faisait la queue et ils durent la faire aussi, étant donné que personne n'avait eu l'idée d'acheter des places. Un brouhaha presque palpable leur bouchait les oreilles et tout le monde haussait un peu plus le ton en espérant se faire entendre un peu mieux. Théo sortit de la monnaie, chipa l'argent de Harry et le tendit à Ron en lui disant qu'ils allaient acheter de quoi grignoter, les plantant tous dans la queue avant qu'ils ne puissent protester. Théo tira Harry vers le coin boutique où c'était déjà plus calme, si on exceptait tous ces gosses qui courraient partout avec leurs pop-corn. Une petite fille attrapa un carton de pop-corn et courut vers ses parents.
« A ton avis, quelle est la probabilité de chance qu'elle tombe par terre avec son pop-corn ? Demanda Théo.
- Hm… 70% ? »
La petite fille trébucha et tomba, renversant tout son carton sur la moquette rouge qui tapissait le sol. Théo leva les yeux au ciel.
« Raté : 100% de chance. »
Harry pouffa et ils partirent chercher de quoi boire et manger. Pas spécialement pour eux, mais ils savaient que certaines personnes de leur connaissance avait encore de la place dans le ventre pour quelques grains de maïs. Soudain, alors qu'ils étaient devant un étalage de cartons, Théo se tourna vers lui, l'air sérieux.
« Y'avait tout les autres alors j'ai pas pu te demander. Alors, avec le blondinet ? Ça marche ?
- Nan. Enfin si, mais… il est trop dragueur pour moi. Tu vois ce que je veux dire…
- Okay… Mais tu pourrais pas lui laisser une chance ? Pour une fois qu'un mec de te plait un minimum… »
Les joues de Harry rougirent et Théo sut que ce mec ne lui plaisait pas un minimum mais un maximum. Et ce crétin de brun à lunettes osait laisser passer une chance pareille… Bon, c'était Ryry, on n'y pouvait rien.
« Je sais pas… Je verrais la prochaine fois qu'on se verra.
- Fais en sorte que ça ne soit pas la dernière fois, maugréa-t-il.
- Et toi, avec ton coloc' ?
- Oh putain, c'est une tapette !! »
Tous les mecs aux alentours se tournèrent vers lui et Théo grogna en tirant un Harry hilare vers la caisse. Déjà, Théo avait du mal avec les homos. Mais le pire, c'était ceux qui avaient vraiment un comportement efféminé. Pas les travestis, il disait que c'était encore autre chose, mais les mecs qui se comportaient comme des nanas, il ne supportait pas du tout. Il les appelait les tapettes.
« Nan mais je te jure, pourquoi j'ai accepté ce mec chez moi, hein ?
- Tu avais besoin d'un loyer ? Répondit Harry d'un air innocent, tout en sortant son portefeuille.
- J'aurais dû refuser. Il est pas méchant comme mec, mais putain, qu'est-ce qu'il est chiant à se pomponner… Te jure, j'ai été aussi choqué quand je l'ai vu avec du truc vert sur le visage que quand il a vu mes serpents ! »
Harry riait en imaginant la scène. Théo allait galérer avec un type pareil. Ils repartirent avec leurs achats, Harry écoutant vaguement Théo grogner que c'était pas possible de se faire des trucs pareil. Seamus lui affirmait que cela rendait la peau plus douce, Théo doutait fortement que cette matière bizarre et verte, en plus, serve vraiment à quelque chose. Harry imaginait pendant quelques secondes Draco avec un gommage sur le visage, les cheveux ramenés en arrière grâce à un bandeau. Et il éclata de rire…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
