Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Kikou !! J'ai pas trop tardé à poster ce nouveau chapitre, hein ?

Lys : J'avoue, t'as pas été trop longue !

J'ai une annonce IMPORTANTE à faire !

Lys : Que tu referas dans ton profil XD.

Oui ! Pour cette fic, mon défi personnel a été de n'utiliser que des personnages de Harry Potter, donc j'ai fait pas mal de recherches pour que tout corresponde. Nan, je n'ai pas inventé la maman de Sirius (cette chère Walburga) ou la mamie de Draco (donc Druella). Les seuls personnages inventés sont les clients et les... amies de Cho. Et Isaline, bien sûr...

Lys : En même temps, on s'en fout un peu...

Je sais qu'on s'en tape ! XD Mais les gens ont pas conscience de mon travail personnel (ou plutôt ils n'ont pas conscience à quel point je me suis trituré les méninges pour rien du tout ! XD). Est-ce que je parais folle si je dis que j'étais énervée parce que je pensais qu'Astoria était la grande soeur de Daphné Greengrass, et non le contraire (cf les chapitres qui suivront :p).

Lys : Disons que les gens ne remarqueront sûrement pas ta bêtise (et il n'en auront rien à faire...).

Oki doki XD.

Bonne lecture !


Chapitre 7

Ils rangèrent leurs affaires dans leur sac et se levèrent, attendant cependant que tout le monde soit sorti pour en faire de même. Draco n'avait jamais compris cet empressement de sortir de la salle de classe. D'un autre côté, il n'avait jamais vraiment été quelqu'un de pressé, son père lui avait fait rentrer le mot patience dans la tête de façon plus ou moins tendre et la nonchalance était devenue un de ses défauts… ou qualité, suivant les points de vue…

Blaise et lui sortirent de la salle de classe et se dirigèrent vers la sortie du bâtiment. Draco avait faim et le ventre de Blaise criait famine. Ils s'apprêtèrent à partir vers la boulangerie du coin, mais Lavande leur sauta dessus comme la misère sur le monde et leur proposa de les rejoindre pour le déjeuner. Blaise consulta Draco du regard, ce dernier haussa les épaules : peu lui importait. Du moment qu'il mangeait… Bon, oui, il lui arrivait aussi d'avoir un comportement bêtement humain…

Tout un groupe était posté devant les portes vitrées de l'université. Terry était avec sa copine, une certaine Lisa Turpin, blonde aux yeux bleus. Mais Draco doutait que cette couleur soit naturelle, mais bon, il était mauvaise langue. Il y avait aussi Susan Bones, ainsi que Dean Thomas, un jeune homme de leur année dont la peau était plus sombre que celle de Blaise, passionné par le football. Et, enfin, il y avait Seamus. Qui le regardait droit dans les yeux, attendant un signe, n'importe quoi, mais Draco ne lui adressa pas un mot, suivant le groupe, avec Blaise à ses côtés qui jouait un rôle de bouclier. L'attitude de Seamus l'exaspérait, et il n'avait pas du tout envie de renouer le moindre contact avec lui.

D'habitude, il gardait un bon contact avec ses ex, mais avec Seamus, ce n'était pas vraiment le cas. Le jeune homme s'attachait trop à lui, ne cessant d'espérer une nouvelle relation avec lui. Un chewing-gum qu'il aurait trop mâché et qui refusait de se décoller de sa chaussure…

Le petit groupe quitta l'université et ils longèrent une rue avant d'entrer dans un petit établissement qui préparait des salades de pâtes. A peine Draco regarda-t-il les plats présentés que, déjà, il entendait Lavande se plaindre de ne pas avoir assez d'argent, et Terry en fit de même. Bon Dieu, il ne traînait qu'avec des boulets… Il leva les yeux au ciel, refusant d'entendre leurs jérémiades. Sauf que Blaise réalisa qu'il avait oublié son portefeuille chez lui et il fit des yeux de chien battu à son meilleur ami pour qu'il lui paye son déjeuner. Draco lui écrasa le pied et lui ordonna de fermer sa bouche : il n'avait pas l'intention de prêter de l'argent à qui que ce soit, hormis à Blaise.

Il avait horreur de ça, tous ces gamins qui projetaient d'aller déjeuner dans des snacks sans avoir un sou sur eux. Et là, c'était des arrangements, des promesses en l'air de remboursement… S'il prêtait quelques euros à Blaise, ce n'était pas parce qu'il savait qu'il le rembourserait, mais parce que Blaise n'était pas un chacal. Mais Draco estimait avoir assez prêté d'argent qu'il ne revoyait jamais. C'était pour le principe : tu prêtes, tu rends. Tant pis si on le traitait d'avare et d'égoïste. De toute façon, ce n'était pas comme si Blaise était différent de lui sur ce point-là…

Lavande lui fit les yeux doux et Draco détourna la tête. Sans un mot de plus, il fit la queue pour s'acheter à manger, Blaise, Seamus et Susan prêts de lui. Lavande revint à la charge et tenta de soudoyer un peu d'argent à Draco qui fit un gros effort sur lui-même pour ne pas l'envoyer bouler. Mais il résista à la tentation et elle réussit à faire fléchir Seamus. Terry avait trouvé de quoi déjeuner dans le porte-monnaie de sa copine.

Ça aussi, il n'aimait pas. Fouiller dans le porte-monnaie de sa copine, surtout quand le couple était encore récent, Draco trouvait ça exécrable. Surtout que Boot ne restait jamais très longtemps avec ses copines. Blaise aurait appelé ce genre de mec « crevard ». Parfois, Draco se demandait pourquoi il fréquentait ce genre de personnes, avant de se souvenir qu'il se laissait guider avec Blaise parce qu'il ne voyait pas pourquoi il dirait non. Il n'y avait pas d'intérêt mais quelques avantages : des relations en plus ne faisaient de mal à personne.

Ils s'installèrent à deux tables posées à l'extérieur. Draco se retrouva entre son meilleur ami et Dean, Seamus face à lui, tandis que les quatre autres s'asseyaient sur une table ronde juste à côté. Tout en discutant, ils picorèrent leur salade de pâtes, qui était excellente. Ils parlèrent de tout, de médecine, de sport, des cours, des stages à venir, de la crise… Conversation d'étudiants. Draco se sentait dans son élément. Sa façon de parler était à la fois claire et terriblement convaincante. Parfois, Blaise lui disait qu'il avait raté sa vocation : il aurait dû se lancer dans l'économie.

Ce n'était pas pour rien que Draco était l'un des meilleurs éléments de son année : il était intelligent, travailleur et perspicace. Sa curiosité naturelle, son envie de réussir qu'il avait sans doute héritée des Malfoy le forçait à travailler pour atteindre son objectif : devenir médecin.

Le déjeuner fut terriblement long. Même s'il n'en montra rien, Draco s'ennuya rapidement et il finit par ne porter son attention que sur les conneries de Blaise, qui venait de plaquer sa nouvelle copine. Quelques jours et c'était déjà terminé… Enfin, Blaise n'était pas très regardant, il n'avait pas de genre de fille précis, et celle-là l'avait vite gonflé.

Le blond poussa un léger soupir quand il sentit une chaussure toucher la sienne. Il leva les yeux vers Seamus qui lui fit un sourire innocent. Il frissonna quand Draco lui lança un regard froid et il baissa les yeux, se concentrant sur l'emballage de son repas. Décidément, celui-là ne pouvait pas rester tranquille deux minutes…

Ses pensées volèrent alors vers Harry et il sentit quelque chose en lui se serrer douloureusement. Il avait la désagréable impression que le brun s'éloignait de lui : il l'avait appelé la veille sur son portable mais Harry n'avait pas répondu. Draco ne savait pas s'il avait écouté son message, mais le fait était qu'il n'avait toujours pas donné de signe de vie. Cela l'inquiétait autant que cela le frustrait : il avait envie de le rappeler, ou même d'aller le voir, et de lui demander ce qui lui déplaisait chez lui. Harry n'avait manifesté aucun rejet, mais une sorte d'hésitation, de…

« Dray, tu m'accompagnes à la librairie ? Demanda Blaise.

- Pardon ?

- Je vais m'acheter Closer. Tu m'accompagnes ?

- Tu veux savoir si Amy Winehouse est morte ?

- Comment t'as deviné ? »

Lavande et Lisa crièrent qu'ils exagéraient, la pauvre devait vivre un moment difficile. Mais les garçons ricanaient et ils regardèrent Draco et Blaise partirent, l'un à côté de l'autre. Le black était un peu plus grand que Draco, mais tous deux, de dos, avaient une certaine classe. En particulier Draco, songea Seamus, qui se demandait quel mec avait bien pu attirer les yeux bleus du blond…

OoO

« Moi, je dis qu'il faut absolument faire quelque chose. C'est intolérable !

- C'est toi qui dis ça ?

- Nan mais regarde-moi ça ! »

Les mains sur les hanches, à l'entrée du salon, Sirius regardait justement la pièce qui ressemblait plus à champ de bataille qu'à autre chose.

Le salon était une pièce assez chaleureuse : les murs étaient tapissés de beige et le sol était recouvert de parquet. Isaline, Sirius et Harry l'avaient posé quand ils avaient emménagés en France. Ils avaient interdit Nymphadora d'y toucher, elle était tellement maladroite qu'il valait mieux éviter les désastres. Ils s'étaient d'ailleurs bien organisés pour tapisser les murs : Harry et Nymph' coupaient le papier et y posait la colle, tandis qu'Isaline et Sirius posaient les bandes sur les murs.

Un grand meuble occupait tout un mur. Un téléviseur à écran plat trônait au centre de ce meuble et de la vaisselle était rangées dans ses deux placards. Un large canapé de cuir brun en angle était calé contre le mur du fond, et une table basse était placée au milieu de la pièce. En somme, c'était un bel endroit. Mais il ne fallait pas omettre les rangées de CDs, de jeux vidéos en tout genre, tous les bouquins et magazines éparpillés dans la pièce, fringues qui traînaient par terre ou le canapé pour on ne savait quelle raison, les coussins posés n'importe où, la Playstation sortie avec les manettes dessus… Bref, le bazar complet. Pire qu'une chambre d'adolescent dans ses moments de crise existentielle.

« Si ma mère avait vu un salon pareille, elle aurait fait un infarctus, souffla Sirius, halluciné.

- Ça n'aurait pas été une grosse perte.

- Pas faux. »

Harry avança dans la pièce à pas prudents. On aurait dit qu'il traversait un champ de mines tant il faisait attention où il mettait les pieds. Sirius voulut en faire de même mais il était bien plus maladroit que son filleul et, au final, il marcha sans aucun remord sur les magazines et bouquins qui jonchaient le sol.

« Ça fait combien de temps que vous n'avez pas fait le ménage ?

- Je dirai une bonne dizaine de jours, répondit Harry en fouillant les lieux du regard.

- Des tee-shirts, des pulls, des pantalons… Et je peux savoir ce que ton portable ferait dans ce foutoir ?

- C'est le seul endroit de la maison que je n'ai pas fouillé. »

Ça faisait bien trois jours qu'il avait égaré son téléphone portable. Bon, au pire, on pouvait le joindre à la maison, mais quand même ! Il avait fouillé dans sa chambre relativement bien rangée, il avait même demandé à Teddy de fouiller mais la petite fouine qu'il était n'avait rien trouvé. Puis, il était allé dans la salle de bain, mais il n'y avait rien, ni dans le bac à linge, ni sur les meubles. Il s'était attaqué à la cuisine, où Isaline avait déjà égaré son portable dans le frigo, mais toujours rien. Pareil pour les toilettes et la boutique. Ne restait plus que le salon, où Harry ne savait où chercher.

Sirius et lui se regardèrent, puis ils décidèrent de « débroussailler » un peu. Autrement dit, ils mirent tous les magasines dans un coin, tous les bouquins dans un autre, les vêtements sur le canapé et… bah ils trouvèrent le téléphone portable de Harry dans un de ses pantalons qui traînait sur le dossier du canapé. Une fois le téléphone trouvé, ils sortirent en vitesse du salon avant qu'Isaline ne les voit à l'intérieur et ne les force à ranger le bazar à sa place. Harry savait qu'il allait devoir s'y coller, mais avant, il voulait écouter ses messages et lire ses SMS.

Pendant les trois derniers jours, il reçu plusieurs appels. Il tapa un numéro puis porta son téléphone à son oreille pour écouter les messages.

« Bonjour. Vous avez 19 nouveaux messages. »

Ah ouais quand même, songea Harry.

« C'est Ron ! En fait, c'était juste pour te dire que j'ai enfin parlé avec Hermione sur MSN ! C'est trop bien, faut absolument que je te raconte. Rappelle-moi ! – BIP – C'est Ron. Rappelle-moi, s'il te plait ! »

Là, il s'était arrêté, dépité, et il avait décidé d'appeler à la maison. En fait, c'est à ce moment-là que Harry avait appris qu'il avait perdu son portable. Il écouta les messages suivants.

« Ryry, c'est Cho ! Rappelle-moi vite s'il te plait ! – BIP – Ryry, c'est Cho ! Dépêche-toi de me rappeler, c'est urgent ! – BIP – Coucou, c'est Millicent. En fait, c'était juste pour prendre de tes nouvelles. Gros bisous ! – BIP – Ryry, mais t'es où, merde ?! Je dois absolument te parler, c'est urgent ! »

Mais elle m'en a laissé combien comme ça ? Se demanda Harry en supprimant les messages les uns après les autres. En fait, elle en avait laissé une dizaine avant de lâcher l'affaire et elle avait appelé à la maison pour lui demander si elle pouvait faire un asile politique chez lui, mais Harry avait refusé tout net, sans même chercher à savoir pourquoi elle avait besoin de trouver refuge chez lui. Elle lui expliqua qu'elle se faisait harceler par une nana et elle en pouvait plus de la voir tout le temps devant chez elle, mais à vrai dire, Harry n'en avait rien à faire…

« Salut mon pote, c'est Théo. Bon, bah c'était juste pour prendre de tes nouvelles, t'es pas sur MSN en ce moment. Putain, je suis crevé, Seamus m'épuise. Une vraie boule de nerfs, ce mec. En plus, il me gonfle avec son ex, il arrête pas de m'en parler. Je crois qu'il cherche juste à me faire chier, et il y arrive bien. Bon, rappelle-moi quand t'as le temps. A plus. – BIP – Ryry, c'est Sirius ! Mon éditeur m'a appelé, il est en train de lire mon bouquin et ça lui plait. Rappelle-moi ! Bisous ! – BIP – Hello, c'est Théo. Je m'emmerde comme un rat crevé alors je voulais t'emmerder, mais apparemment, c'est raté. Comment ça va avec ton mec ? T'as eu un autre rendez-vous ? Rappelle-moi, à plus. – BIP – Harry, c'est Théo. Espèce de tarlouze, je suis sûr que t'as encore paumé ton portable, hein ? Bon, rappelle-moi quand tu l'auras retrouvé, à plus. »

Harry poussa un soupir, tout en supprimant le message de Théo. Il avait du monde à appeler, dis donc…

« Harry, c'est Draco. »

Le brun sursauta en entendant la voix de Draco. Il avait appelé la veille en espérant le joindre.

« J'espère que tu vas bien. Je voulais savoir si tu étais libre samedi. Rappelle-moi vite. A plus tard. »

Harry baissa le bras et baissa le clapet du téléphone portable, plongé dans ses pensées. Il ressentait deux sentiments contraires : à la fois un peu de joie, parce qu'il avait pensé à lui, mais aussi un peu de tristesse, car il savait, au fond de lui, que ce rendez-vous serait le dernier.

Harry s'allongea sur son lit, les bras en croix, et il ferma les yeux. Pendant un instant, il revit Draco la première fois qu'il était venu à la boutique. Puis la deuxième. Ces longues minutes où il l'avait regardé de façon instante, réveillant en lui un mélange de colère et de peur, aussi. Un petit peu. Et il se revit lui lancer des regards noirs, tant il détestait qu'on le regarde de cette façon.

Puis, il revit le moment où il était revenu, seul, pour lui proposer cette sortie avec Millicent, Hermione et Blaise. Et Ron, aussi. Il se souvint de sa franchise, de ses yeux bleu gris. Et il se rappela de sa voix, de ses regards, quand ils avaient dîné face à face, d'abord avec le groupe, puis seuls, en tête à tête. Il se souvint de sa main dans la sienne, durant cette épouvantable séance de cinéma. Cette façon qu'il avait de le regarder, ce charme qui l'enveloppait, sa voix, son sourire…

« Putain… »

Ses mains se posèrent sur ses yeux. Comment il allait faire pour le repousser ? Même si son attitude ne lui plaisait pas, ce côté séducteur et ces yeux charmeurs, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui, de le trouver beau. Et de vouloir un peu plus… Pourquoi ? Qu'est-ce que ce mec avait de plus que les autres ? Ses yeux… Des yeux bleu-gris, couleur orage… Les plus beaux yeux du monde…

Il chercha le numéro de Draco et lui laissa un message, car son portable semblait éteint. Il était libre pour samedi. Il avait perdu son portable et venait de le retrouver. A plus.

OoO

Cette fois-ci, il était absolument hors de question qu'elle reste chez elle à se lamenter sur son sort. Isaline avait décidé de passer la soirée avec Sirius, Severus, Remus et Nymphadora. Ils avaient décidé de se payer un petit restau', laissant Teddy à Ginny qui jouait à la baby-sitter de temps à autre. Evidemment, elle laisserait son portable allumé, des fois que Harry ait un problème, mais Draco semblait suffisamment civilisé pour ne pas le harceler avec des sous-entendu douteux, au point de le faire flipper.

Severus et Sirius venaient d'arriver à la maison, et ils étaient actuellement dans le salon avec Isaline. La pièce avait été rangée, ce qui était un exploit. Enfin, rangée… Il n'y avait rien de louche par terre, quoi. Mais il valait mieux ne pas regarder les étagères, qui étaient relativement ordonnées. Enfin bref, le salon ressemblait à quelque chose.

Sirius et Severus étaient assis l'un à côté de l'autre. Il y avait encore des tensions entre eux et Sirius se faisait souvent disputer par Severus, qui le menait pas le bout du nez. Mais malgré tout, une certaine tendresse s'était réinstallée entre eux, même si Severus refusait tout simplement que Sirius le touche quand ils étaient couchés. Au moindre effleurement, il se prenait un coup bien, ou mal, placé, selon les avis. Autant dire que cela avait de quoi le refroidir…

Cependant, en public, tous deux n'étaient pas vraiment démonstratifs. Enfin, Sirius l'était, évidemment. Ce n'était pas pour rien que Severus le comparait pour un chien, il avait toujours besoin d'être cajolé et qu'on lui porte de l'attention. Mais quand il s'agissait de défendre son cher et tendre, ce n'était plus un caniche allongé sur le canapé du salon, mais carrément un pitbull. C'était le père d'Isaline qui avait sorti cette comparaison le premier, en disant que Sirius avait l'air d'un chien abandonné quand il venait les voir, quand il était jeune.

Severus, au contraire, n'était pas du tout expressif, bien au contraire. A vrai dire, il n'avait pas de beauté particulière et c'était quelqu'un de renfermé, sec et acerbe. En somme, pas le mec idéal, sauf quand on le connaissait bien. Il savait se montrer attentionné et aimant quand il le fallait, mais ça, c'était entre quatre murs, et non devant une foule de personnes. Bien qu'il fasse son numéro de petit chien en manque d'amour, Sirius avait toujours respecté la réserve de son amant. Parfois au déplaisir de Harry, qui se retrouvait partenaire officiel de danse de son cher parrain lors des fêtes. Bizarrement, dans ces moments-là, Severus appréciait particulièrement la présence d'Harry…

Isaline était installée dans le canapé, conversant tranquillement avec le couple, attendant que Remus et Nymph' sonnent. Mais elle attendait aussi le blondinet de pied ferme. Mais Harry la devança. Sachant que Draco arriverait à l'heure, il descendit discrètement les marches et mit ses chaussures et choppa sa veste avant de se glisser dans le salon pour embrasser sa tante qui, surprise, se laissa faire sans comprendre. Jusqu'à ce que, tandis que Harry serrait la main de Sirius et Severus, on sonna à la porte. Harry, tel un enfant, se rua hors du salon en criant un « Bonne soirée ! » et sortit de la maison.

Isaline se retint de hurler au scandale : ce crétin l'avait devancée… Sirius était tout simplement mort de rire et Severus poussa un soupir exaspéré. Isaline était encore en mode « protecteur », au lieu de se calmer et laisser Harry faire toutes ses petites affaires. D'ailleurs, il se demandait bien qui le jeune homme avait choisi, cette fois. Il n'avait jamais vu Harry en couple avec qui que ce soit depuis qu'il le connaissait, et la plupart des jeunes qu'il voyait avaient déjà été en couple une fois dans leur vie…

« Alors, Harry s'est trouvé quelqu'un ?

- On le saura ce soir, maugréa Isaline.

- Il ne continuera pas, j'en suis certain.

- Sirius, sans vouloir te vexer, toutes tes prévisions sont merdiques, répliqua-t-elle.

- Et à quoi ressemble-t-il ? Demanda le professeur pour faire taire Sirius.

- Blond, les yeux bleus et pété de thunes. Bah tu le connais, toi !

- Pardon ? Fit Severus, surpris.

- Le blondinet, Draco ! Il est passé à la boutique quand t'as pété un câble.

- Lui ? Draco Mal… »

Severus s'arrêta de justesse. Il aurait bien voulu dire « Putain bordel de merde », comme le disait son charmant compagnon quand il était sur le cul, sauf qu'il avait un peu plus de tenue que ça. Il se dit qu'il aurait mieux fait de rester chez lui, de prendre un bon bain chaud et de lire un bouquin sur les différentes manières d'utiliser l'aspirine.

Isaline interpréta très mal son silence. Sirius regardait d'un air inquisiteur. La tatoueuse fit un grand sourire à Severus, lui promettant ainsi mille tortures plus horribles les unes que les autres s'il ne répondait pas à sa question.

« Tu disais ?

- Rien du tout.

- Sev', continue, s'il te plait.

- Il s'appelle Draco Malfoy. »

Isaline et Sirius eurent un regard halluciné et leur mâchoire se fracassa par terre. Severus leva les yeux au ciel et se demanda pourquoi, parmi tous les hommes de France, Harry s'était amouraché du fils de Lucius Malfoy et Narcissa Black.

OoO

Pendant ce temps, Harry était monté dans la voiture de Draco et ce dernier s'était engagé sur la route. Il ne pouvait voir le visage décomposé de sa tante et celui halluciné de Sirius, qui faillirent se lancer à sa poursuite pour l'empêcher de monter dans la bagnole de Malfoy. Ce dernier ne se doutait pas du tout de la haine momentanée qui venait d'éclater à son encontre.

Au moment même où Harry avait vu Draco, il avait senti que quelque chose n'allait pas, mais il n'aurait su dire quoi. Déjà, bien que le blond ait toujours des vêtements assez classes, il y avait comme une certaine simplicité dans sa manière d'être habillé. Et puis, il y avait aussi son expression, comme s'il était un peu fatigué, et il n'avait pas montré le même empressement que d'habitude, il n'avait pas eu cette attitude séductrice qu'il adoptait dès qu'il croisait les yeux du brun.

Harry était donc monté dans la voiture, sans savoir comment se comporter. Draco était-il énervé ou juste fatigué ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Harry baissa les yeux et se dit qu'il ne s'était quand même pas trop mal débrouillé pour s'habiller : un jean délavé, et non troué, et un une veste de sport pas trop large et ouverte laissant voir son tee-shirt bleu marine. Il avait fait des efforts, mine de rien. Au final, comme Draco ne parlait pas et roulait terriblement vite, Harry engagea la conversation.

« Draco, ça va pas ?

- Hm ? Fit le blond en sortant de ses pensées.

- On dirait que ça va pas.

- Ah désolé, j'étais dans mes pensées. »

Il s'arrêta devant un feu rouge et il se passa la main devant les yeux. A vrai dire, il se sentait épuisé, non pas physiquement, mais moralement. Il savait que ce n'était pas une bonne idée de maintenir le rendez-vous avec Harry, mais il avait envie de le revoir, même s'il ne se sentait pas en forme.

« Draco, dis-moi ce qui ne va pas. »

Le blond vit de l'inquiétude sur le visage de Harry et il réagit à peine quand on klaxonna. Il jeta un regard au feu et se décida enfin à repartir. Il hésita à en parler à Harry, mais il songea qu'il valait mieux être sincère. Il ne se sentait pas du tout d'attaque pour jouer au dragueur ce soir, mais juste passer une soirée tranquille pour décompresser. Il conquerrait Harry plus tard.

« Je me suis disputé avec ma mère avant-hier et avec mon père aujourd'hui. »

Il préféra ne pas rentrer dans les détails. Draco n'avait pas l'habitude de se brouiller avec ses parents, mais il n'avait pu fermer sa bouche quand sa mère avait émis l'idée d'aller vivre quelques temps en Angleterre, pour s'occuper de son grand-père, étant donné qu'il faisait beaucoup de souci à sa tante Walburga. Draco lui avait dit qu'ils étaient assez nombreux là-bas pour s'occuper d'un vieil homme et, là, la dispute avait commencé : Narcissa affirmait à son fils qu'il ne pouvait pas comprendre, il n'avait jamais été lié à la famille, il n'avait jamais voulu la connaître, et il ne pensait de toute façon qu'à lui-même, tandis que Draco dénonçait la naïveté de sa mère, qu'elle était bonne poire et que tous ces crétins voulaient qu'elle monte à Londres pour s'occuper du vieillard sénile qu'était son arrière-grand-père.

Ensuite, ce fut son père qui vint en rajouter une couche, le lendemain. Non pas à propos de la famille, mais parce que Draco aurait apparemment mal parlé à son élève du matin. Draco avait répliqué qu'il était là pour donner des cours et non pour subir une séance de drague assez douteuse. Une dispute avait alors débuté, plus calme certes car personne ne cria, mais l'ambiance était si froide entre eux que personne n'osa s'interposer. Son père était sur les nerfs actuellement et cette jeune fille était l'enfant d'un de ses amis et clients, donc Draco pouvait bien subir un peu de drague. Et il avait remis sa bisexualité sur le tapis, ce qui avait exaspéré le futur médecin.

Ainsi, depuis deux jours, une ambiance lourde régnait à la maison. Narcissa n'adressait plus un mot à son fils qui s'enfermait dans sa chambre, et Lucius ne cessait de lui jeter des regards froids. Draco avait horreur de ça et l'attitude de ses parents mettait ses nerfs à rude épreuve. C'était dans ces moments-là qu'il se disait qu'il avait besoin de sortir avec quelqu'un, une personne qui pourrait vraiment lui changer les idées et le faire sortir de chez lui.

« Ah, fit le brun. C'est grave ?

- Pas vraiment, non, mais il y a pas mal de tensions à la maison, en ce moment. Je suppose que ça doit arriver partout. »

Harry haussa les épaules. Il ne savait pas vraiment, il se disputait rarement avec Isaline, sauf quand il faisait une grosse connerie, ou quand il semblait prêt à sortir avec quelqu'un. Avec Sirius, cela faisait très longtemps qu'ils n'avaient pas eu de mésentente, si on exceptait petit problème qu'il avait eu avec Severus. Et quant à Nymph'… Leurs disputes ne concernaient que les clients ou le matériel mal rangé, et autrefois, quand la salle de bain était mal rangée.

Pour tenter de la divertir un peu, Harry alluma la radio et Draco poussa un soupir. Il roulait encore trop vite et il tenta de ralentir un peu l'allure, tandis que la David Guetta mettait un peu d'ambiance dans la voiture. Draco eut un sourire et il jeta un regarda Harry, qui se mit alors à chanter le refrain, sur l'air entraînant de la musique.

« You've got me dancing and crying, rollin' and flyin', Love don't let me go… »

Il ne s'était pas rendu compte à quel point Harry avait une jolie voix. Il n'y connaissait pas grand-chose en chant, mais la voix du tatoueur n'était ni trop grave ni trop aigue, et la façon dont il chantait montrait qu'il avait l'habitude de fredonner. Il n'écorchait pas les mots, bougeait la tête et les épaules au rythme saccadé de la chanson.

« You've got me drowning in a river, of cold burning fever, Love don't let me go. »

Et là, il le regarda, avec ses yeux verts à peine caches derrière ses lunettes rondes.

« Don't let me go… »

Draco sentit son sourire s'élargir. Il n'aimait pas vraiment cette chanson même si, pour l'avoir écoutée un nombre incalculable de fois à cause de Blaise, il en connaissait le refrain. Il se surprit à tapoter le volant avec ses doigts, écoutant Harry près de lui. Et quand le refrain revint, c'est à deux qu'ils le chantèrent. Leur regard se croisa quand le feu passa au rouge, et la chanson se termina, laissant la place à Rihanna.

« Je crois que tu as raté ta vocation, non ? Fit Draco en redémarrant.

- On me l'a déjà dit, dit Harry en riant. Plus sérieusement, je ne chante pas très bien, mais je me débrouille.

- Tu es anglais, c'est ça ?

- Oui.

- Tu y es né ? »

Ils n'avaient jamais parlé de ses origines. Même si Draco se doutait qu'il devait être anglais, ou américain, étant donné qu'il parlait l'anglais couramment, il n'avait jamais évoqué son pays d'origine, ne sachant si Harry en était parti pour de bonnes ou mauvaises raisons. Mais en cet instant, il avait envie de savoir d'où il venait.

« Oui, répondit le brun. Je vivais à Londres.

- Tiens, moi aussi. »

Harry sembla surpris. Draco lut de l'intérêt dans son regard. Tiens, ils venaient de se découvrir un point commun, hormis un pays d'origine.

« Je suis né à Londres et j'y ai vécu jusqu'à mes onze ans, raconta le blond. Mes parents ont décidé de vivre en France, déjà pour les affaires de mon père, et aussi pour des problèmes de famille.

- Des problèmes de famille ?

- Disons que la famille de ma mère exaspérait mon père, pour diverses raisons. Et c'est quelqu'un d'assez… radical, finit Draco avec un sourire ironique.

- Je vois ça ! Moi, j'ai quitté Londres quand j'avais dix-huit ans, avec ma tante, mon parrain et Nymph', l'autre tatoueuse.

- Pourquoi ?

- C'est… assez compliqué. »

Il préférait ne pas en parler et Draco n'insista pas.

« Et tes parents, ils ne t'ont rien dit ?

- Pas vraiment. »

Que pouvaient-il dire, de toute façon ? Ils étaient morts depuis des années. Mais Harry ne pouvait le lui dire. Il ne le voulait pas, de toute façon. En France, il n'avait dit qu'à très peu de gens qu'il était orphelin. En fait, il n'y avait que Ron et Théo qui le savaient. Ron parce que c'était son meilleur ami, et qu'il n'en pouvait plus de l'entendre lui dire qu'il fallait absolument qu'il renoue le lien avec ses parents. Et Théo, aussi, parce que… c'était Théo. Parce qu'il ne lui posait jamais de questions. Parce qu'il se plaignait de son père sans savoir ce que c'était de ne pas en avoir. Et peut-être aussi parce qu'il s'en doutait.

« Et quand tu es devenu tatoueur ? Ils ne t'ont rien dit ?

- Je ne suis plus en contact avec eux, en fait. »

Ce n'était pas un mensonge, après tout. Contrairement à ce qu'il avait pensé, il vit Draco se rétracter tout de suite et il passa à un autre sujet. Tiens, c'était la première fois qu'on ne lui demandait pas pourquoi il ne parlait plus à ses parents. Harry eut un sourire triste et se retint de le remercier : il n'aimait pas mentir sur ses parents. Ce n'était pas par honte qu'il cachait la vérité. Il ne voulait pas qu'on le plaigne. Il n'avait pas été malheureux avec Isaline, et aujourd'hui, il se portait bien. Il ne voulait pas être jugé. Et, aujourd'hui, le jugement se tenait à peu de choses.

« Et pourquoi tu as décidé de devenir tatoueur ? Tu avais des difficultés à l'école ?

- Pas particulièrement, mais j'ai eu pas mal de soucis, en fait, tenta d'expliquer Harry. Pour résumer, j'avais été harcelé par un de mes profs et j'ai développé une sorte de phobie de l'école. »

Draco sembla halluciné : ça existait vraiment ce genre de truc ? Lui n'avait jamais subi quoique ce soit de la part d'un professeur… Il écouta Harry poursuivre.

« Bon, il ne s'est rien passé de grave, hein, mais je ne voulais plus retourner au lycée. J'étais en seconde, à l'époque. Alors je me suis tourné vers la comptabilité. Enfin, un truc pour tenir mon propre magasin, tu vois ? Tata avait pas mal de soucis avec un de ses employés, à l'époque. Elle l'a viré et je suis devenu plus tard son apprenti.

- Je vois… Et tu as pu finir tes études à Londres ?

- Non, je les ai terminées en France. Tata et moi, on tient la boutique, même si c'est elle la patronne.

- Ah, nous y voilà, fit Draco en s'engageant sur une place de parking.

- Tu ne m'emmène pas au Septième ciel ? Sourit Harry d'un air amusé.

- Non, au Nirvana.

- Tu en as beaucoup, comme ça ?

- Des tas ! »

Draco eut un léger rire et ils sortirent de la voiture. Par bonheur, il n'avait fait que se moquer de lui, le restaurant ne portait pas le nom de Nirvana, mais le blond lui glissa à l'oreille qu'il l'y emmènerait. Harry haussa un sourcil et lui demanda dans quel sens il entendait ce mot, et Draco lui répondit innocemment qu'il parlait du restaurant, et non d'autre chose. Ils eurent un léger fou rire et ils entrèrent ensemble dans le restaurant.

La soirée fut assez étrange. Enfin, c'était un bien grand mot, car il ne se passa rien de spécial. Mis à part que Draco perdit son côté dragueur, la fatigue des études et celle due à ses disputes avec ses parents avait eu raison de lui. Le repas fut excellent, comme d'habitude, et Harry savoura plus qu'il ne l'aurait cru ce tête-à-tête avec l'étudiant.

« Séduis-moi », avait été son message quand il lui avait tendu son téléphone portable pour qu'il y a enregistre son numéro. Et en ce moment-même, Draco était en train de le séduire. Envolée, son attitude séductrice, disparus, ses regards et ses sourires langoureux. Il avait le véritable Draco devant lui, avec ses petites manies et son charme naturel.

Quand le serveur vint leur apporter leur entrée, Draco ne put s'empêcher de critiquer la vinaigrette toute prête dont il aimait moyennement le goût. Harry lui répliqua que, si par un beau jour il lui venait l'idée de lui préparer lui-même un dîner, Draco ne devait surtout pas s'attendre à ce qu'il prépare lui-même ce genre de chose. Et ils partirent sur un débat culinaire, qui dura jusqu'à l'arrivée du plat de résistance, du poisson pour Draco et de la viande rouge pour Harry.

Quand Harry découpa sa viande, elle était saignante, et Draco fronça le nez : comment pouvait-on manger de la viande saignante ? Harry lui fit alors un sourire carnassier en lui glissant que c'était meilleur quand c'était juteux que quand c'était sec. Draco repartit au quart de tour, arborant un sourire en coin diablement sexy, et ils enchaînèrent réplique sur réplique avant de rire. Franchement.

Le blond semblait plus naturel, et la fatigue que Harry lisait sur ses traits se retrouvait dans ses gestes, quand il passait une main dans ses cheveux ou se massait la tempe. Mais avec ses petites manies de poser ses couverts bien à côté de son assiette, de s'essuyer la bouche et de siroter son verre d'eau, ce charme naturel qui se dégageait de sa personne, ce rire franc, sa voix un peu plus grave que la sienne, son humour un peu acerbe, sa façon de répliquer…

Celui-là, il lui plaisait. Ce Draco-là lui plaisait. Celui-là le faisait rire, celui-là l'attirait. Avec celui-là, il y aurait un quatrième rendez-vous.

Ils terminèrent par le dessert, et le téléphone portable de Draco sonna. Il s'excusa et le sortit de sa poche. Il sembla aussi bien soucieux qu'énervé et il répondit. Si son père l'appelait à un moment pareil, ce devait être urgent. Harry secoua la tête : ça ne le dérangeait pas.

« Allô ?

- Où es-tu ?

- Avec un ami. Pourquoi ? »

Pas évident de répondre au téléphone quand on avait quelqu'un en face de soi. Quand il dit le mot « ami », Harry cacha son sourire derrière sa main et Draco leva les yeux au ciel : oui, bon, il n'allait pas répondre « je suis au restaurant avec le personne que j'aimerais bien avoir comme petit-ami ». Ça ne le faisait pas trop…

« Rentre à la maison, s'il te plait.

- Mais pourquoi ?

- On doit parler de quelque chose. Tu t'es embrouillé avec Remi, non ? »

Une nouvelle engueulade était en cours. Oui, il s'était engueulé avec ce crétin qui passait son temps à le draguer au lieu de se concentrer sur ses exercices. Oui, il avait rejeté ses demandes, et oui, il l'avait bousculé contre un meuble, lui faisant très certainement un joli bleu. Sa soirée était fichue, il ne lui restait plus qu'à rentrer chez lui. Il raccrocha, épuisé d'avance. Harry semblait soucieux.

« Un problème ?

- Je vais me faire engueuler par mon père. Ne t'inquiète pas, dit-il au brun en le voyant ouvrir la bouche. Ce n'est rien de grave. Mais il faut que je rentre, ou ça va très mal tourner.

- Ah.

- Je suis vraiment désolé, Harry. Je…

- C'est pas grave. Une prochaine fois.

- J'ai vraiment pas assuré, ce soir. »

C'était ce que le blond pensait. Il était trop fatigué pour se montrer galant et jouer son numéro de charme. Il voulait juste passer un moment de détente, et il trouvait que ce dîner avait plus l'air d'un rendez-vous entre amis qu'entre amants.

« Ah, tu trouves ? Fit Harry, surpris.

- Plutôt, oui.

- Moi, j'ai passé une super soirée. »

Draco ne cacha pas sa surprise et Harry eut un léger rire. Ce dernier aperçut de légères rougeurs sur les joues pâles de Draco, qui avait du mal à cacher son air ravi. C'était la première fois que Harry lui disait qu'il avait passé une bonne soirée. Si ça se trouve, c'était juste pour lui faire plaisir, mais cela avait eu l'effet escompté.

Un serveur passa et Draco demanda la note. Harry fit des pieds et des mains pour payer lui-même l'addition. Draco finit par céder. Harry sortit du liquide, et ils sortirent du restaurant une fois qu'on lui eut rendu la monnaie. Ils se dirigèrent tranquillement vers la voiture. Draco était déçu ne pas avoir emmené Harry au cinéma, comme c'était prévu, mais il connaissait suffisamment bien les colères froides de son père. Quant au tatoueur, il voyait que Draco était soucieux, et il préférait rentrer chez lui plutôt que de passer le reste de la soirée avec quelqu'un d'angoissé.

Draco s'engagea sur la route et tenta de rouler le plus lentement possible. Il se débrouilla assez bien, car Harry ne mit pas la radio. Il tenta de l'allumer mais Draco lui prenait la main et la reposait sur sa cuisse, et le brun recommençait, pour le taquiner, sans réelle envie d'écouter de la musique. Draco n'allait pas trop vite sur la route, même s'il était pressé.

Ils arrivèrent devant la maison de Harry. Il y eut un long silence dans la voiture. Pendant un instant, Draco craignit que l'autre lui dise que c'était fini, qu'il n'y aurait plus de rendez-vous. Mais Harry se tourna vers, cherchant ses mots. Puis, il se lança.

« J'ai passé une bonne soirée. Vraiment.

- C'est la première que tu me le dis, dit Draco, sans aucune méchanceté.

- Draco… Reste comme tu es. »

Le blond ne sembla pas comprendre. Harry soupira puis il tenta de lui expliquer.

« Je n'aime pas vraiment quand on me drague. Les deux premiers rendez-vous étaient agréables, mais j'ai préféré le troisième.

- Mon but est de te séduire, » fit Draco d'une voix lente.

Il ne comprenait pas. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Qu'il n'était pas convaincu ? Qu'il était inutile de continuer, parce qu'il ne lui plaisait pas ? Parce qu'il avait été déçu ? Et si Harry n'était sorti avec lui que pour se moquer de lui, en fin de compte ? Draco sentait un mélange de déception et de colère monter en lui, mais…

« Justement, Draco. Ce soir, tu m'as séduit. »

Harry souriait doucement, un peu gêné. C'était la première fois qu'il mettait ses doutes de côté, qu'il allait de l'avant. C'était la première fois qu'il se sentait attiré par quelqu'un depuis des années.

« Reste comme tu es. C'est comme ça que je te préfère. »

Draco sentit le soulagement déferler en lui. Il eut un léger sourire, et celui dessiné sur les lèvres de Harry lui mit du baume cœur. A peine éclairé par la lumière froide des réverbères, son visage lui parut encore plus beau, son sourire encore plus doux.

« Dans ce cas, je ferrai un effort pour rester moi-même. »

Harry acquiesça et il se pencha vers lui pour lui embrasser la joue. Draco se sentit rougir mais il faisait trop sombre pour que Harry le voie. Ce dernier s'en alla avec un dernier sourire, laissant le blond seul dans sa voiture. Décidément, la soirée n'avait pas été si terrible que ça… Il était prêt à aller affronter son père, maintenant.

Le tatoueur se dirigea vers l'entrée de chez lui, et il en ouvrit la porte, qui n'était pas verrouillée. Isaline était rentrée de son dîner et il la trouva dans la cuisine, assise devant un bol de chocolat. Elle lui fit un maigre sourire quand il entra.

Harry sentit ses joues rougir furieusement. Déjà qu'elles étaient bien roses depuis qu'il avait embrassé la joue de Draco… Il se souvint de la douceur de sa peau sous ses lèvres et de son regard étonné mais ravi. Mais à vrai dire, ce n'était pas pour cela que Harry était écarlate, c'était plutôt parce qu'il ne savait pas comment dire qu'il y aurait un quatrième rendez-vous.

Quand elle vit les joues rouges de Harry, Isaline sentit des sueurs froides couler le long de son dos. Et merde… Songea-t-elle intérieurement, même si elle n'en montrait rien.

« Tu rentrez tôt, dis-moi. Ça s'est bien passé ?

- Ouais. Draco a eu un souci et il est rentré chez lui. Tu viens, on va se coucher ?

- Je finis mon chocolat avant. »

Harry se pencha pour embrasser sa joue et il sortit de la cuisine pour rejoindre sa chambre. Quand elle entendit la porte claquer, elle se cogna la tête contre la table en gémissant.

« Putain de merde… Ryry, t'aurais pu choisir quelqu'un d'autre ? »

Décidemment, ce gosse ne lui attirait que des emmerdes…

OoO

« Ryry, je vais mourir !

- Mais nan, tu vas pas mourir ! Un peu de courage, tu veux ?

- Ça fait combien de temps qu'on court, là ?

- Oh, trois quarts d'heure, pourquoi ?

- On court jusqu'au banc et on s'arrête, ok ? »

Théo n'avait vraiment aucune endurance. Harry ne put que soupirer et ils s'arrêtèrent au banc suivant, où Théo se laissa tomber, complètement épuisé. Les mains sur les genoux, Harry reprit sa respiration, mais il était encore assez en forme pour continuer.

Il faisait beau, aujourd'hui, et Théo avait manifesté l'envie de courir un peu. Harry avait été un peu étonné mais, après tout, pourquoi pas, ça lui ferait un camarade de course, étant donné qu'Isaline refusait de courir dehors, elle préférait le faire sur son tapis roulant. Et puis Sirius semblait être occupé avec son cher et tendre, donc la proposition de Théo était la bienvenue.

« Assis-toi.

- Je suis bien debout !

- Te voir debout m'épuise, alors assis-toi, s'il te plait. »

Harry s'assit alors à côté de Théo qui tendit la main vers lui. Harry fouilla alors dans son sac et en sortit une bouteille d'eau que son ami but goulument. Le tatoueur eut un sourire ironique.

« Pourquoi tu cours si tu n'as aucune endurance ? Demanda-t-il avec amusement.

- Je suis un mec, moi.

- Qu'est-ce que ça sous-entend ?

- Les tapettes ne sont pas sportives, en général. En tout cas, celle que j'ai chez moi ne l'est pas.

- Tu vas jusqu'à faire du sport pour lui échapper ?

- Il m'épuise, ce mec ! »

Théo lui tendit la bouteille d'eau et entreprit de lui expliquer ses malheurs tandis que le brun buvait. Seamus ne lui faisait que des misères, depuis qu'il vivait chez lui. Déjà, il ne savait pas cuisiner, ou alors, ce qu'il mangeait était exécrable. Ensuite, il avait failli mettre le feu à la gazinière, étant trop occupé au téléphone avec un certain Dean. Il avait aussi manqué d'écraser Sahara sous ses grosses fesses ! Et la pauvre Crystal, c'était sous son sac d'une tonne qu'elle avait failli être écrasée…

Harry écoutait Théo se plaindre en se remémorant l'époque de ses fugues. Il vivait seul avec son père, un homme d'affaires, qui collectionnait les petites amies, en général plus jeunes que avait eu Théo très tard et ce dernier avait du mal à supporter que son père fréquentent des filles qui auraient justement l'âge d'être ses filles. Il n'avait jamais de vraie maman et il s'était rapidement refermé sur lui-même.

Théo n'était pas réputé pour faire beaucoup de conneries, mais il en fit voir de toutes les couleurs à son père. D'abord, il fit l'école buissonnière, s'acheta des serpents, puis il se fit percer l'oreille, porta des vêtements gothiques, se fit tatouer, et enfin enchaîna les fugues. Il avait peu d'amis, donc son père finissait toujours pas le retrouver.

Mais un jour, il décida de se faire tatouer, et il découvrit Harry. Il se rappellerait toujours de cette journée : il était rentré dans la boutique et il avait entendu un hurlement à glacer le sang. Il faillit s'en aller en courant mais, courageux, il s'était dit que ce devait être un piercing mal placé, et c'était le cas, en quelque sorte. Le client sortit de l'arrière boutique, une toute petite salle où se passaient les tatouages et les piercings. Et Harry était apparu.

Il n'était pas vraiment comme aujourd'hui. Il avait dix-huit ans, tout juste majeur, et ses cheveux noirs étaient coupés assez courts. Ses yeux ternes soulignés de cernes s'étaient posés sur lui, le regardant sans le voir, et ses vêtements étaient si larges pour son corps maigre que c'en était grotesque. Sur le coup, Théo s'était demandé s'il n'était pas insomniaque, anorexique, sans se douter qu'Harry commençait à sortir de sa dépression.

Sur le coup, Théo n'avait pas su s'il devait rester ou s'en aller. Nan mais quel type saint d'esprit irait se faire tatouer par un mec rachitique avec des cernes énormes sous les yeux ? Mais le jeune homme s'était laissé avoir par le léger sourire du tatoueur et il s'était installé dans un siège, écoutant sa voix calme et un peu lasse, acceptant le devis et sortant déjà l'argent en liquide.

Il y avait eu plusieurs séances. Théo s'était fait tatoué un python qui s'enroulait autour de son bras gauche. Ils avaient discuté, sympathisés. Un numéro échangé, puis une adresse E-mail, et ils étaient devenus amis. Théo avait vu Harry sortir de sa dépression, retrouver le sourire et perdre ces lourdes cernes qui soulignaient ses jolis yeux verts.

Ainsi, ils étaient devenus proches, et c'était chez Harry que Théo faisait ses fugues. Personne ne savait pour son tatouage, donc personne n'aurait fait le rapprochement avec Harry, mais ils venaient si souvent chez Harry dans ces moments-là que son père finit par trouver sa cachette. Las de son attitude, il accepta alors de lui laisser vivre seul dans un appartement. Il lui payait son loyer, à condition qu'il vive en colocation. Théo avait accepté mais n'avait pas compris : pourquoi son père, avec toute sa thune, ne payait pas le loyer en entier ? L'avarice, sûrement… Ou sinon il voulait emmerder son fils qui devait supporter un colocataire…

« Et puis en plus, il me gonfle avec son ex…

- Parce que c'est un gay ?

- Franchement, là, c'est même pas le problème, avoua Théo avec franchise. Il n'arrête pas de m'en parler, c'est exaspérant ! En plus, apparemment, son ex se serait trouvé quelqu'un, alors il est furieux. Il a essayé de renouer mais, d'après ce que j'ai compris, l'autre l'a envoyé balader.

- En fait, tu ne l'écoutes plus.

- Bon écoute, Ryry, je sais tout de son ex ! Sa marque de shampooing, son déodorant, son plat préféré, sa marque…

- C'est bon, ça suffit, fit Harry en riant. Et sa marque de slip, tu l'as ?

- Ah nan, faudra que je demande, tiens. »

Ils éclatèrent de rire. Théo se leva et se mit à imiter son colocataire, exagérant tous ses faits et gestes, en ne cessant de faire référence à son ex'.

« Et tu sais, ça fait cinq mois qu'on est plus ensemble, avec Dray. Il me manque, c'est fou… Tu sais, Dray, il adorait les spaghettis. Il voulait jamais qu'on prenne de bain ensemble, il disait que c'était trop intime. Mais on a couché ensemble, en plus ! »

Harry riait en se demandant ce que ce pauvre Théo avait pu faire pour tomber sur un mec pareil. Lui qui n'était déjà pas très tolérant avec les homosexuels… si on exceptait Harry, dont il pardonnait toutes les excentricités…

Mais soudain, il cessa de rire. Il écouta Théo et il eut une impression de déjà-vu. Ou plutôt déjà-entendu. Dray… Où il avait entendu ce surnom ? Il était persuadé d'avoir… Oh non…

« Heu… Théo ?

- Ouais ?

- Comment il s'appelle, l'ex de Seamus ?

- Draco, il me semble. Pourquoi ? »

OoO

« Et merde », faillit-elle dire en portant son doigt à sa bouche. Elle s'était coupée avec une enveloppe et elle songea avec ironie au sketch de Foresti quand elle parlait de se suicider avec des enveloppes. Isaline sortit son doigt et faillit jurer à nouveau quand elle vit le sang perler sur la coupure. La première règle quand on venait vivre chez elle, c'était de ne pas parler comme un charretier, et elle estimait avoir suffisamment émis d'insultes la veille pour ne pas recommencer aujourd'hui.

Oh Bon Dieu… Elle savait bien que ce gosse lui disait quelque chose, mais de là à imaginer qu'il était le fils du couple Malfoy… Maintenant, c'était officiel : Harry n'attirait que les chieurs. Surtout que ça semblait assez sérieux, entre eux…

Ce matin-là, Harry lui avait parlé de son rendez-vous, ce qui l'avait plus que surprise. Normalement, il se serait enfermé dans sa chambre pour ne pas subir un interrogatoire dans toutes les règles de l'art. Mais là, il était venu de lui-même, lui racontant la fatigue de Draco, son naturel, son humour un peu acerbe, leurs vannes et leurs répliques échangées avec une étrange complicité. Il lui avait avoué son désir de le revoir. Et Isaline avait vu dans ses yeux que Harry était en train de tomber amoureux.

Mais Isaline avait du mal à digérer cette nouvelle. Déjà que Harry soir attiré par un mec pété de thunes, elle avait du mal. Mais alors Malfoy… Son père lui disait souvent que l'habit ne faisait pas le moine, elle pouvait presque entendre sa voix rauque le murmurer à son oreille. Et elle avait envie de l'envoyer péter, cette petite voix, parce qu'elle ne pouvait pas du tout, mais alors pas du tout sentir les parents de Draco.

Ça n'allait pas être de tout repos, songea la jeune femme. Harry n'attirait que les gens louches, et elle pensait notamment à Théodore et Cho, alors ce Draco ne risquait pas de la décevoir. Sa seule consolation était de penser à la tête des parents quand ils apprendraient qui était Harry. Ces deux j'ai-un-balai-dans-le-cul n'allaient pas s'en remettre, c'était certain.

Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit. Harry se tenait dans l'encadrement, un léger sourire sur les lèvres. Il portait un pantalon de pyjama, ayant égaré son haut il ne savait où. Il pencha la tête sur le côté et lui dit qu'il allait se coucher. Il entra dans la chambre et embrassa sa tante sur la joue, puis il disparut dans le couloir, refermant la porte derrière lui.

Isaline regardait dans la vague, ses yeux posés sur la porte, sans vraiment la voir. Ses yeux avaient errés sur le torse dénudé du jeune homme, et elle revoyait encore cette zone particulière de sa poitrine : le cœur. Le cœur, où un papillon avait été tatoué.

Quand lui avait-il demandé ce tatouage ? Elle ne savait plus vraiment. Il était complètement noyé dans la dépression et elle n'avait su lui dire non. A vrai dire, à cette époque, elle n'arrivait plus à lui dire non. Sirius n'avait pas voulu, il avait secoué Harry, mais rien n'y avait fait. Il la regardait avec ses yeux verts et lui demandait ce tatouage.

Tatoue-moi un papillon.

Pourquoi ?

Parce que je veux être un papillon.

Pourquoi ? Il ne t'arrivera plus rien, maintenant. Plus personne ne te fera de mal.

Tata, tatoue-moi un papillon.

Cela n'avait pas duré longtemps. Une nuit, Isaline s'était levée et elle était allée chercher Harry dans sa chambre. Sans faire de bruit, ils étaient descendus dans la boutique, et elle lui tatoua un papillon bleu aux multiples arabesques au niveau du cœur. Il n'était pas très grand, mais il était magnifique : tant de nuances de bleu, tant de courbes gracieuses…

Et tandis qu'elle traçait les contours noirs, elle lui murmurait qu'ils quitteraient bientôt l'Angleterre. Qu'elle avait trouvé un endroit où il pourrait terminer ses études, pour être capable de tenir sa propre entreprise. Comme ça, il pourrait prendre sa suite, plus tard. Ils iraient à Paris. Ils visiteraient la Tour Eiffel. Le Louvre, aussi. Ils iraient voir la Joconde.

Et pendant ce temps, des larmes coulaient sur les joues de Harry. Il ne sanglotait pas, mais des gouttes humides glissaient sur sa peau. Il allait quitter Londres. Il allait autre part, où personne ne le connaîtrait. Quelque part.

Pour un nouveau départ…

Isaline soupira. Elle posa les yeux sur sa coupure. Trois ans qu'ils avaient quitté Londres. Par moments, sa ville natale lui manquait. Mais elle ne pouvait rentrer chez elle, Harry était trop heureux ici, à Paris. Il était chez lui. Il avait retrouvé le goût de vivre dans cette ville, il avait oublié tous ses soucis.

Elle songea à Draco Malfoy, à ce garçon blond qu'il reverrait encore, et avec lequel il sortirait peut-être. Isaline ferma les yeux, et elle se dit : si jamais tu lui fais le moindre mal, tu regretteras le jour où ta mère t'a mis au monde. Elle le pensa si fort qu'elle se demanda si Draco ne l'avait pas entendue. Peut-être que oui. Elle l'espérait…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !