Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
Hello les gens !
Lys : Kikou :-) Bon, avant toute chose, je souhaite aux concernés "Bon courage" pour le bac à venir !
Allez tout le monde, courage ! On est tous dans la même galère XD !
Lys : XD
Bref, passons. Sinon, j'ai truc à dire...
Lys : Ouuuuh, la relou...
Je ne savais PAS que les étudiants en médecine avaient des stages en hôpital aussi long en 5e année. Bon, je suis sûre que certains devaient le savoir (pour les autres, faites moi signe, j'aurais l'air moins bête XD) et je m'en suis rendu compte au moment même où je tapais ce chapitre.
Lys : Je peux faire une remarque ?
Je t'en prie.
Lys : Je suis sûre que peu de personnes s'en serait rendu compte...
...
Lys : Si si :-)
... T.T Bon, je fais quand même la remarque.
Lys : XD
Bon, je vais arrêter mon blabla qui sert à rien et dont tout le monde se fiche XD. Ah si quand même ! Je fais un gros bisous à tous ceux qui lisent cette fic et qui laissent des reviews régulièrement, ça me fait vraiment plaisir ! Pour info, j'en suis à l'écriture du 15e chapitre.
Lys : A la base, elle devait seulement en être au 14e, mais le chap précédent était trop long donc elle l'a coupé en deux XD !
... Nan mais à la base, c'est 10 pages, le chapitre, pas 40...
Lys : Tu vois pas les pages passer :p
Nan T.T
Bonne lecture !
Chapitre 8
Il était amoureux. C'était indéniable, il était amoureux. Et il avait beau protester en disant que c'était juste une attirance, il était évident qu'il était tombé amoureux. Même Neville en était sûr, c'était dire !
« Mais si je vous dis que je ne suis pas amoureux ! »
Harry et Neville se regardèrent puis pouffèrent, convaincu de la mauvaise fois de leur ami. Ron, les joues rouges, ne savait plus comment leur démontrer que, non, il n'était pas amoureux d'Hermione, mais qu'elle lui plaisait beaucoup.
« Harry, tu veux encore des pâtes ? Proposa Neville.
- Avec plaisir. »
Le brun lui tendit son assiette et Neville lui resservit des pâtes à la Bolognaise. Il en proposa à Ron qui refusa, il était trop vexé. Mais son colocataire prit quand même son assiette pour le resservir : Ron n'était pas bien gros mais c'était un vrai glouton.
Ron avait choppé une mauvaise fièvre le samedi suivant et son patron avait refusé qu'il remette les pieds au garage tant qu'il n'était pas remis. Harry était donc venu prendre quelques nouvelles et, comme c'était la pause déjeuné, Neville était également présent à l'appartement et il leur avait cuisiné des pâtes à la Bolognaise, un plat bien trop compliqué pour Ron.
Ils avaient discuté, et en étaient venu à parler de Hermione, l'étudiante en droit. Les yeux bleus de Ron s'étaient alors allumés rien qu'à l'évocation du prénom de la jeune fille. Il discutait avec elle sur MSN, pas très longtemps car elle travaillait beaucoup et se couchait tôt, mais c'était à présent devenu comme un rituel, car ils parlaient ensemble tous les soirs.
Ron était de plus en plus attiré par elle, mais il était certain qu'il n'était qu'une connaissance pour elle, ou au mieux, un ami. Mais rien de plus, et il s'en lamentait. Neville aussi se lamentait, parce que ce crétin refusait de franchir le pas et d'aller la voir. Ce n'était quand même pas compliqué d'aller la retrouver à la sortie de l'université. Bon, c'est sûr qu'elle allait comprendre quelque chose, mais bon, qui ne tente rien n'a rien. Si lui, Neville Londubat, avait été capable d'aller voir Hannah à la sortie de son école de fleuriste, Ron en était tout aussi capable.
« Mais j'ose pas aller la voir, avoua Ron en se prenant la tête entre les mains. Et si elle me rejetait ? Elle va forcément comprendre pourquoi je suis venu, et…
- Y'a pas une grève, jeudi ? demanda soudain Harry.
- Et alors ? Fit Neville.
- Oh Neville, je t'en prie…
- Ah, j'ai compris !! Excellent !
- Nan, moi, j'ai pas compris, dit Ron en les regardant d'un air suspicieux.
- Ron, tu as la chance de vivre dans un pays où on fait toujours grève, expliqua Harry. Propose à Hermione d'aller la chercher ! Je vais sûrement chercher Millicent, moi.
- Mais c'est pas bête ! Je vais lui proposer ! »
Harry et Neville éclatèrent de rire en voyant leur ami s'agiter sur sa chaise. Ils allaient enfin réussir à le caser, celui-là ! Ils espéraient juste que ce vieux cliché n'allait pas partir en vrille : Hermione était une étudiante en droit, Ron un mécanicien. Harry doutait sérieusement que la jeune fille rejette Ron à cause de leur différence de statut, mais il ne savait pas si elle arriverait à tomber amoureuse de lui.
À ses yeux, Ron était un homme assez séduisant, du moins physiquement, mais le goût de chacun était subjectif. Et puis, aimer Ron physiquement ne suffisait pas : il fallait accepter sa gloutonnerie et sa manière de s'habiller. Enfin, Harry savait par expérience qu'une femme pouvait avoir beaucoup d'influence sur un homme. A l'époque où Sirius était amoureux de Severus, Isaline l'avait boosté pour qu'il s'habille correctement afin de plaire à l'élu de son cœur. Autant dire que ce fut difficile, étant donné que Sirius avait perdu l'habitude de faire les boutiques pour s'acheter des vêtements « portables ».
« Et sinon, ça s'est arrangé avec Parvati ?
- M'en parle pas ! S'exclama Ron. Elle me harcèle, c'est atroce…
- Elle passe souvent au garage, expliqua Neville tout en enroulant ses pâtes avec sa fourchette. Elle porte des décolletés pour montrer son tatouage. »
Parvati s'était belle et bien montrée à la boutique pour se faire tatouer sa Betty Boop sur le sein, de façon à ce qu'il soit visible avec un décolleté. Harry avait gagné à « Pierre, papier, ciseau » contre Nymph' et ce fut elle qui s'occupa du tatouage. Parvati lui bassina les oreilles à propos de Ron, de sa virilité, de son tatouage sur l'épaule, de son regard qui la rendait toute chose… Y'avait des moments, comme ça, où elle se demandait pourquoi elle était devenue tatoueuse…
« Elle n'a pas lâché l'affaire, soupira Ron. Je crois que c'est pire depuis qu'elle s'est fait tatouer. Mais elle a lu où que les Betty Boop tatouées sur des seins me faisaient fantasmer ? Harry, arrête de ricaner, c'est pas marrant.
- Et sa sœur, elle a un nouveau mec ?
- Ouais ! S'exclama Neville. Padma sort avec Michael.
- Michael ?
- Michael Corner, l'ex de Cho. Tu vois qui c'est ?
- Il a accepté de sortir avec Padma ?! »
Cette fois, ce fut de Harry qu'on ria, vu sa mine stupéfaite. Jamais il n'aurait imaginé que Michael sorte avec Padma. Il était sorti un temps avec Cho, qui avait absolument besoin d'un petit ami car elle était harcelée par une fille qui voulait absolument sortir avec elle. Tout n'avait été que fictif avec Michael mais ses sentiments envers Cho s'étaient encore plus affirmés et ce fut le drame quand elle voulut mettre fin à tout ça : elle ne voulait pas qu'il souffre davantage. Il n'avait jamais vraiment réussi à s'en remettre et Cho s'était souvent maudite de l'avoir utilisé : elle aurait dû prendre Harry, mais ce dernier ne se montrait pas du tout coopératif, et Olivier encore moins. Même pas la peine de demander à Théo.
« Ouais, il a accepté. Bon, je ne pense pas que ça durera longtemps, avoua Ron. Rappelez-vous quand il est sorti avec Ginny, tout le monde pensait que ça allait durer. Raté, ils ont pas tenu plus d'un mois. »
Ce fut sans doute une tentative foireuse de Ginny pour rendre Harry jaloux. Quand elle traînait avec Michael, elle ne cessait de l'embrasser, de lui tenir le bras ou la main, gloussant comme une dinde à chacune de ses phrases. Harry y vit là une occasion de se débarrasser définitivement de Ginny et il n'aurait plus à subir ses tentatives de séduction, mais il s'était lourdement trompé, car au bout d'un mois, Michael refusa d'aller plus loin, pour des raisons qu'il garda d'abord secrètes, puis il avoua que Ginny le gonflait.
« De toute façon, ta sœur reste jamais longtemps avec ses copains, répliqua Neville.
- Normal, elle est à fond sur Harry. Sauf que là, elle peut aller se rhabiller, non ? Dit Ron d'un air amusé.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Harry s'est trouvé quelqu'un ! »
Neville sembla halluciné. Harry, avec quelqu'un ? Il ne l'avait jamais vu en couple depuis qu'il le connaissait, et cela devait faire environ trois ans. Il n'était jamais allé très loin avec ses prétendants, garçons et filles. Et maintenant… il avait quelqu'un…
« Qui c'est ?
- Tu le connais pas, c'est un étudiant en médecine.
- C'est vrai ? »
Harry était écarlate et il rougit encore plus quand Ron précisa que le gars en question avait beaucoup d'argent, vu la marque et la classe de sa voiture. Neville sifflait d'admiration en disant à Harry, à juste titre, qu'il avait fait fort. Le jeune homme ne savait plus où se mettre… C'était sûr que sortir avec un étudiant en médecine, avec son boulot de tatoueur, ça avait de l'effet…
Il se souvint de la conversation qu'il avait eue avec Théo, la veille. Ce dernier avait paru scandalisé quand ils avaient compris que l'ex petit ami de Seamus n'était autre que Draco. Alors c'était de ce mec qu'il entendait parler ? Il était certain que ce type ne pourrait leur attirer que des emmerdes, il l'avait dit à Harry !
Et là, ses doutes avaient refait surface. Si Draco était sorti avec un étudiant, qui d'après Théo était quand même assez bien fichu, pourquoi s'était-il intéressé à lui ? Qu'avait-il de plus que Seamus ? Avec combien de personnes était-il sorti avant lui ? Tant de questions sans réponses. Harry ordonna à Théo de ne parler à personne de leur amitié, ce dernier leva les yeux au ciel : il n'allait quand même pas fermer sa gueule quand Seamus allait insulter Harry ! Si ? Bon, d'accord…
« Tu le revois quand, ton Draco ?
- On ne sort pas ensemble.
- Tu vas dépasser le troisième rendez-vous, donc c'est tout comme ! Affirma le rouquin.
- Je sais pas, il ne m'a pas rappelé. »
Il attendait son coup de téléphone à la fois avec angoisse et impatience. Peut-être qu'il devrait l'inviter lui-même, pour une fois. Mais bon, il faudrait préparer Isaline psychologiquement, parce qu'elle n'était pas vraiment habitué à ce qu'il prenne lui-même les devants. Ah la la, celle-là…
OoO
Le réveil sonna. Une fois. Puis deux. Puis trois. Sa main se posa mollement sur le réveil et sa tentative d'ouvrir les yeux échoua lamentablement. Il préféra se blottir dans sa couette, prêt à se rendormir, mais la voix joyeuse de sa tante se fit entendre.
« Ryry, mon amour ! C'est l'heure ! »
Ça lui rappelait quand il allait à l'école. Combien de fois était-elle venue le lever, lors des sombres matins d'hiver ? Parfois, elle ne pouvait résister et elle l'emmenait en voiture, prétextant qu'il faisait trop froid pour qu'il prenne le bus, alors que c'était juste pour rester un peu plus longtemps avec lui.
Aujourd'hui, il n'allait plus à l'école, son lieu de travail se trouvait juste en-dessous de sa chambre, ce qui lui évitait un trajet en bus, en métro, ou en moto. Pourtant, un vent de nostalgie lui caressa le visage quand il se souvint de ces années où il était encore scolarisé.
Isaline l'avait inscrit dans un collège privé à quelques arrêts de bus de chez eux. Elle disait que son père l'avait envoyé dans une école privée et elle avait les moyens d'en faire de même avec Harry. Celui-ci appris plus tard qu'elle fit certains sacrifices pour payer le collège, même si elle n'en laissait rien paraître. A l'époque, elle avait deux tatoueurs dans sa boutique. L'un d'eux travaillaient depuis quelques années pour elle et son père, qui était décédé, et comme il avait décidé de ne plus rien faire, elle l'avait viré, se retrouvant seule avec un tatoueur.
Quand Nymphadora commença à se stabiliser, Isaline voulut la renvoyer à l'école, mais l'adolescente refusa : elle voulait travailler. Elle n'avait plus du tout envie d'étudier et Isaline la prit comme apprentie chez elle, étant donné qu'elle savait bien dessiner. Elle se montra une excellente élève et sa joie de vivre la rendit sympathique aux clients, qui venaient régulièrement à la boutique.
Isaline avait besoin d'argent, pour les dépenses de la boutique, mais aussi pour Harry, son école et ses affaires, et aussi pour payer leurs repas. Puis il y avait eu Sirius, dépressif, qui devint un second poids pour elle. Elle pensait s'en sortir avec ses deux tatoueurs, mais l'homme qui travaillait avec eux commença à dériver. Il était tatoué de partout, mais bon, après tout, il était tatoueur alors cela n'avait rien de choquant. Elle ne dit rien quand il se fit opérer de la langue pour qu'elle soit fourchue comme celle des serpents. Elle ne put accepter quand il se mit des implants sous la peau du crâne, formant deux petites cornes de chaque côté de son front. Elle finit par le virer et se débrouilla avec Nymphadora.
A l'époque, Harry ne savait rien de ses soucis d'argent. Il avait une confiance totale en elle. Il ne voyait que son sourire, sa voiture garée dans une petite rue quand elle venait le chercher, le paquet de bonbons qu'elle lui tendait quand ils allaient chercher du pain. Il ne voyait qu'un ange qui le regardait d'en haut, sa grande main blanche dans la sienne toute petite.
Il souvint d'une conversation qu'ils avaient eue, un jour. Le professeur principal de Harry avait convoqué sa tutrice pour récupérer le bulletin du premier trimestre, et la jeune femme lui avait demandé, pour la première fois, s'il avait honte d'elle. Ses cheveux à demi décolorés, ces arabesques visibles à son poignets, les piercings à ses oreilles, ses vêtements bizarres, sa voiture pourrie…
Isaline avait déjà eu honte de son père, quand elle était jeune, et elle comprenait que son pupille soit gêné à cause de sa tutrice. Mais l'enfant n'avait pas compris. Ni ce jour-là, ni les autres, quand elle lui posait la même question. Comment avoir honte de la personne qui le rendait heureux ? Qui lui offrait toutes les chances de s'en sortir ? Harry avait eu aussi sa période rebelle, l'âge bête comme on disait, mais il n'avait jamais éprouvé la moindre honte quant à Isaline. C'était une chose qu'il s'était toujours interdit, au fond de lui-même.
Pourtant, elle avait toujours fait attention. Quand elle devait rencontrer des professeurs ou quand il venait à la maison avec des amis, elle faisait attention à ce qu'elle disait et comment elle s'habillait. Elle se rappelait de la honte qu'elle avait éprouvée pour son père et ses remords : on ne devait pas avoir honte de ceux qu'on aimait. Mais c'était plus fort qu'elle. Elle n'avait jamais fait sentir à son père et, intérieurement, elle s'était pardonnée : Isaline avait tant fait pour l'aider, elle s'était tellement investie dans la boutique…
« Ryry ! Lève-toi ou c'est moi qui te lève, espèce de fainéant ! »
Harry ouvrit les yeux et il regarda vaguement le plafond blanc au-dessus de sa tête. Comment aurait-il pu ressentir de la honte envers Isaline ? Comment aurait-il pu ? Avec tout ce qu'elle avait fait pour lui… Quand ils avaient quitté Londres, trois ans plus tôt… C'était un arrachement. Elle quittait son pays pour lui. Pour qu'il aille mieux, pour qu'il reparte sur de bonnes bases.
La porte de la chambre s'ouvrit, et Isaline, en nuisette, entra et fonça vers la fenêtre pour en ouvrit les rideaux. Harry grogna et se cacha la tête sous sa couette, la lumière blessant ses yeux. Isaline, tel un chat, lui sauta dessus et tenta de le chatouiller à travers la couette. Elle réussit à se glisser dessous et ce ne fut plus que rires et chatouilles.
« J'aime ta façon de me réveiller, fit Harry quand elle cessa ses tortures.
- T'avais qu'à te lever ! Allez, le petit-déjeuner est prêt. »
La tatoueuse se leva et s'étira. Sa chemise de nuit s'arrêtait aux genoux, et derrière le rideau de ses cheveux, il pouvait imaginer le dragon qui crachait son feu orangé dans son dos, dessiné autrefois par son père. Harry avait toujours trouvé ce tatouage absolument magnifique, l'un des plus beaux qu'il lui ait été donné de voir. L'être mythique avait été dessiné avec tant de soin, tant de détails… Un travail de pro.
Il vit sur son mollet un lézard tout en courbes polynésiennes, noir et quelque peu banal. C'était lui qui le lui avait fait, en tant qu'essai, et il devait avouer qu'il s'en était pas mal sorti. Sur son autre jambe, sa cheville était enserrée de lignes tribales fines et courbées, formant comme un bracelet. Ça, c'était de Nymph'. Le regard du jeune homme remonta vers ses épaules, où d'autres choses encore étaient tatouées. Sur son épaule droite, son père avait tracé un phénix, ses ailes écartées et les plumes douces et longues de sa queue éparpillées derrière lui. Sur l'autre, elle avait fait tatoué en idéogrammes japonais le nom des personnes qu'elle aimait : son père, James, Lily, Sirius, Remus, Nymph', Teddy et Harry.
Harry rejeta sa couette sur le côté et suivit sa tante hors de sa chambre, simplement vêtu de son pantalon de pyjama. Ils descendirent dans la cuisine, où il s'assit sur une chaise, tandis qu'Isaline lui servait du lait dans un bol, qui prit alors la teinte du chocolat en poudre. Ses tartines encore tièdes avaient été beurrées et le jeune homme mordit dans le pain grillé avec faim.
Isaline lui résuma sa journée, qui commençait par une série de piercings. Harry l'écoutait attentivement, notant intérieurement chacun de ses rendez-vous. Il ne connaissait personne dans le tas, mais bon. Il ne pouvait pas toujours revoir les mêmes personnes.
Quand il eut terminé son petit-déjeuner, il monta à l'étage pour prendre ses vêtements puis il partit dans la salle de bain. Elle n'était pas bien grande, une baignoire blanche occupait tout un mur. A côté se trouvait le lavabo, avec une armoire dotée d'un miroir au-dessus et d'un meuble en-dessous, et juste en face, un autre meuble où étaient rangées les serviettes, les gants et les tapis de bains.
Harry prit justement une serviette mauve et se regarda dans le miroir. Ses yeux tombèrent sur le papillon bleu tatoué sur son cœur. Un beau tatouage qui l'avait obsédé, pendant un temps. Maintenant, il faisait parti de lui, comme ces arabesques tribales sur son épaule et les légers motifs autour de son poignet.
Le jeune homme revit sa tante, avec tous ces tatouages. Elle en avait un certain nombre. Trop, selon certains. Harry était plus raisonnable avec les siens, ils étaient moins grands. Mais Harry regarda, par l'intermédiaire du miroir, celui qu'il se trouvait derrière lui. Il ouvrit légèrement la petite porte du meuble, et son dos lui apparut.
Son dos. Pâle. Avec ces ailes d'anges arrondis sur ses épaules et descendant jusqu'à ses hanches…
OoO
Il sentit son téléphone vibrer dans sa poche, mais il fit comme si de rien n'était. De toute façon, personne n'aurait pu l'entendre, vu le bruit ambiant. C'était sans doute là l'avantage des bistrots : personne ne faisait vraiment attention à vous.
Cela faisait bien une bonne dizaine de minutes que Draco et Rogue discutait, assis à une petite table dans un bistrot peu éloigné de l'université. Les cours étaient terminés, Blaise était rentré chez lui, laissant Draco seul avec leur professeur. Blaise n'avait jamais tellement apprécié leurs conversations, trop axées sur la médecine, sans s'en écarter.
La vérité, c'était que Severus parlait d'autres choses seulement avec quelques élèves dont il était plus ou moins proche, et Draco lui avait tout de suite tapé dans l'œil : il aimait sa curiosité, son intelligence, et son désir de toujours se perfectionner. Il avait aussi aimé son respect et sa politesse, sa façon de se rétracter quand ses questions allaient un petit peu trop loin. Au fil du temps, ils étaient devenus assez proches pour se payer un café après les cours.
Le portable sonna à nouveau dans sa poche et Draco fronça les sourcils. Il fronça les sourcils, s'excusa, puis ouvrit le clapet de son portable. C'était un SMS de Orange, qui l'infirmait qu'il avait un nouveau message. Ses yeux semblèrent s'éclairer : c'était Harry qui avait essayé de l'appeler. Et tandis qu'il rangeait son téléphone, Severus ne put s'empêcher de penser à la scène que Sirius et Isaline lui avait faite le week-end dernier.
Pour être sincère, il avait beau connaître le nom de famille de Draco, il n'avait jamais fait le rapprochement entre Sirius et sa cousine Narcissa. Il n'y avait même pas pensé, malgré tout ce qu'il avait pu entendre sur eux. Mais quand Isaline lui avait parlé de Draco, qu'il avait aperçu dans la boutique quand il était venu régler ses comptes avec Sirius, il avait soudain fait le rapprochement.
Sur tous les hommes de France, il avait fallu que ce crétin de Potter soit attiré par Draco Malfoy, fils de Lucius et Narcissa Malfoy. Sirius et Isaline n'aurait peut-être pas imaginé pire comme beaux-parents, vu la bataille que la femme avait menée contre le couple, et la famille Black. D'abord pour Nymphadora, et ce fut le combat le plus épuisant qu'elle eut à mener contre les Black, puis quand il fallut s'occuper de Sirius à sa sortie de prison. La famille voulait remettre la main sur lui, et sans doute l'utiliser, récupérer son argent entre autres, et Isaline, avec la grâce d'un éléphant dans une boutique de porcelaines, s'était interposée.
Severus avait beau dire que Draco était quelqu'un de sérieux, ces deux dégénérés avaient refusé de le croire. Isaline se faisait déjà des films où ces, citons, « bourges avec un balai dans le cul » débarquaient chez elle et Sirius pâlissait affreusement en imaginant sa tendre mère rappliquer à Paris.
Nymphadora avait appris la nouvelle quand elle était arrivée avec Remus, et ce dernier eut un mal fou à la bloquer dans le salon, argumentant qu'il lui était impossible d'empêcher Harry d'aller à son rendez-vous à l'heure qu'il était. Heureusement qu'ils étaient arrivés en retard, ou Tonks aurait en aurait fait de la chair à pâtée, de ce Draco. Etrangement, Isaline lui ordonna, une fois qu'elle fut calmée, de ne surtout pas en parler à Harry. Il valait mieux attendre de voir comment il se débrouillait avec le blondinet.
« Qui c'est, si ce n'est pas trop indiscret ?
- Harry. »
Draco lui lança un regard entendu, mais Severus n'en avait pas besoin. Il poussa un soupir et lui avoua qu'il savait que lui et Harry sortaient ensemble, mais le blond répliqua qu'ils n'étaient pas encore en couple. Il devait séduire Harry, et la partie n'était pas encore gagnée. Severus faillit lui dire que, vu qu'il avait accepté de le revoir après le troisième rendez-vous, c'était qu'il était déjà charmé. Mais mieux valait garder ça pour lui, ce n'était pas marrant sinon.
« Enfin, je compte bien le séduire.
- Il vous plait tant que ça ? S'étonna Severus.
- Oh oui, avoua Draco. Plus je le vois et plus il me plait.
- Vous n'avez pas peur qu'il soit comme l'autre phénomène ? »
Draco eut un petit rire et Severus un sourire ironique. Un jour, Seamus avait attendu qu'ils sortent du bistrot pour taper son scandale, accusant Draco de le tromper. Severus aurait pu se sentir flatté, mais il était déjà pris, et plus que pris d'ailleurs vu la jalousie de son compagnon, et il trouvait ridicule qu'on puisse imaginer quoique ce soit entre un étudiant aussi sérieux que Draco et un homme froid et réservé comme Severus. Surtout que, si cela avait vraiment été le cas, ils auraient pu être plus discret… Severus se souvenait encore de l'hilarité de Zabini, qui semblait ne plus être capable de s'arrêter de rire, de la colère froide et difficilement contenue de Draco, et de sa propre envie de rire. Un moment mémorable…
Depuis, à chaque fois que Severus voyait Seamus, il ne pouvait s'empêcher de lui adresser un rictus sarcastique, ce qui faisait flipper l'étudiant. Le professeur avait été assez déçu que Draco s'embarrasse d'un garçon pareil et il avait été fier de lui quand il s'en était débarrassé. Bon, certes, Sirius était possessif et jaloux, voire même exaspérant, mais certainement pas au point de lui mettre la honte sur son lieu de travail. Chez lui, il lui taperait un scandale, mais pas devant un café. En fait, l'éducation des Black n'était pas si mauvaise…
« J'espère que non.
- Ne vous en faites pas là-dessus : Harry est bizarre mais plus calme que M. Finnigan.
- Vous le connaissez depuis longtemps ? Demanda Draco, intéressé.
- Quasiment depuis qu'il est arrivé à Londres. J'ai passé toute ma scolarité avec Sirius, et j'ai quitté Londres peu de temps après avoir commencé à enseigner dans les facs.
- Vous n'étiez pas ensemble, à l'époque ?
- Je le détestais. »
Si Sirius avait été là, il aurait éclaté de rire, tant le visage clair de Draco reflétait sa stupeur. Mais il était sincère. Sirius et ses amis lui avaient tellement fait de misères qu'il avait presque souhaité leur mort, en particulier Sirius, qu'il détestait autant qu'il l'aimait. La seule personne dont il n'avait jamais maudit la vie était Remus, qui tentait tant bien que mal de calmer les ardeurs de ses amis.
« Quand on s'est revu à Paris, il s'est mis à me draguer. Et les choses se sont faites… naturellement, si je puis dire. »
Mouais, Sirius en avait quand même bavé pour en arriver là où il en était maintenant. Severus lui avait fait voir de toutes les couleurs avant qu'il ne lui permette seulement de l'embrasser.
« Mais vous le détestiez, non ? S'étonna le blond.
- Lui et ses amis passaient leur vie à m'emmerder. Il n'y a pas d'autre mot. Et je leur rendais plutôt bien, d'ailleurs. Il ne vous est jamais arrivé d'être attiré par quelqu'un qui semble vous détester ?
- Non, avoua Draco.
- Et Zabini ?
- Ah si, ça lui est arrivé, et plus d'une fois.
- Ils étaient insupportables, et d'une puérilité exaspérante. D'ailleurs, parmi ses amis, il y avait le père de Harry. Le chef de la bande. Quand je vois Harry, je me demande ce qu'il a hérité de lui, hormis son apparence.
- Ils se ressemblent ?
- Harry avec les yeux marron et un air arrogant. »
Draco tenta d'imaginer cela et il se demanda s'il avait hérité ses yeux magnifiques de sa mère. En tout cas, son père devait être bien fichu, s'il ressemblait autant à son fils.
Soudain, il se souvint de la réaction qu'il avait eue quand Draco avait mentionné ses parents. Quelle avait leur réaction quand il avait décidé de devenir tatoueur. Il eut envie d'en demander plus à son professeur, mais quelque chose le retint. Mieux valait qu'il l'apprenne par lui-même.
« Mais d'un point de vue caractère, c'est le jour et la nuit.
- A ce point ? »
Severus acquiesça. Personnellement, il détestait James. Mais avec les années, il avait fini par lui être indifférent, et aujourd'hui, il ne ressentait plus aucune rancune envers lui. Il ne méritait pas ce qui lui était arrivé, ni lui, ni son épouse, ni son enfant.
D'ailleurs, c'était peut-être pour ça qu'il s'était laissé faire. Avec Sirius. Il aurait pu le rejeter, lui faire autant de mal que lui-même lui en avait fait quand ils étaient jeunes. Mais Sirius avait vécu trop de choses : la disparition de son meilleur ami et de sa femme, sa détention, la dépression qui avait suivi… Quand il avait revu Sirius, quand ce dernier le suppliait de lui donner une chance, ce n'était pas cet étudiant insouciant qu'il avait vu, mais l'homme blessé en quête d'amour.
Il y avait des choses dont on ne pouvait se remettre. Il y avait des plaies qui ne cicatrisaient jamais complètement. Isaline avait fait du bon boulot avec Sirius, Severus avait pris le relai. La laissant seule s'occuper de cet enfant chétif aux yeux soulignés de cernes, qui s'appelait Harry Potter.
Severus regarda l'heure et décida qu'il avait assez fait poireauter Sirius. Les deux hommes se quittèrent alors, l'un partant vers la voiture de son amant qui, comme prévu, l'attendait au coin d'une petite rue, tandis que l'autre marchait vers la station de métro, casque à la main et sac sur le dos.
OoO
Il sentit son portable vibrer dans sa poche. Harry se pinça légèrement la lèvre : il ne pouvait répondre avant une bonne vingtaine de minutes. La musique était suffisamment forte pour qu'on n'entende pas son téléphone vibrer, mais son envie de le sortir pour répondre était difficilement résistible.
Harry travaillait sur le bras d'un client, qui désirait une fresque colorée sur toute la longueur de son bras. Il avait commencé avec l'épaule, puis, une fois le reste de l'argent réuni, il revint pour la prolonger jusqu'à son poignet. Des dessins de toute sorte se mêlaient sur sa peau, des diables, des femmes, des têtes de mort… Harry travaillait avec application, écoutant vaguement Michael Jackson chanter son refrain.
« 'Cause this is thriller, thriller night, and no one's gonna save you from the beast about strike…"
Près de lui, Isaline travaillait sur le bras d'un homme, qui se faisait tatouer le pape Jean-Paul II sur l'épaule. Elle travaillait avec de la couleur et cela faisait déjà quelques heures qu'elle était-dessus. Harry avait déjà réalisé des portraits en noir et blanc, mais jamais avec de la couleur. Il avait tracé les visages de Marilyn Monroe et Johnny Halliday, par exemple, et malgré les propositions, il n'avait jamais utilisé de couleur, contrairement à Isaline, dont le travail méticuleux et soigné était sublime.
A une autre table, Nymph' était penchée sur la hanche d'un jeune homme, un paquet de Marlboro sur les genoux : il lui avait demandé de lui tatouer un paquet de cigarettes. Le dessin avait déjà été tracé auparavant et il ne lui restait plus qu'à appliquer la couleur.
C'était un peu bizarre quand il n'y avait pas d'ambiance dans la boutique, même si c'était reposant. Mais personne n'était vraiment d'humeur à déconner, étant donné qu'Isaline était penché sur un tatouage difficile. De plus, Harry ressentait une certaine tension chez Nymph', même s'il ne savait pas vraiment pourquoi elle était tendue. Etait-ce parce qu'il était prêt à sortir avec quelqu'un, chose qui n'était pas arrivé depuis trois ans ?
Cela lui paraissait étrange de penser cela, car Draco ne ressemblait pas vraiment à son ex, même s'ils étaient le même genre de personne. Au fond de lui, Harry se sentait un peu intimidé car il ne savait pas vraiment comme Draco était réellement : était-il comme l'autre, à ne pas vouloir s'ils se tiennent la main, qu'ils s'embrassent en public ? Harry n'était pas particulièrement démonstratif à l'extérieur, mais bon, tenir la main de son petit ami, ce n'était quand même pas la mer à boire. Et puis, il avait un peu de mal à s'imaginer à côté de Draco. Tous deux étaient diamétralement différents, autant sur le point physique que sur le caractère.
Mais dans ce cas, pourquoi avoir décidé de poursuivre ? Parce que Draco l'attirait. Lors de ce troisième rendez-vous, Draco l'avait séduit sans même s'en rendre compte. Sa personnalité lui plaisait, il aimait sa façon de sourire, de parler, de rire. Harry ne faisait pas tellement attention au physique : Draco était un beau mec, inutile de disserter là-dessus. Mais le blond l'avait dit lui-même : si c'était pour sortir avec un apollon à la cervelle d'oiseau, inutile de s'aventurer trop loin.
Les vingt minutes passèrent et Harry termina son tatouage. Il fut bientôt libre et il s'isola dans sa chambre pour rappeler le blond, sous le regard suspicieux des deux femmes. Nymphadora aurait voulu lui dire de rester là, qu'il ne devait pas continuer, ce mec le ferait souffrir. Mais elle sentait le regard d'Isaline posé sur elle, et la tatoueuse resta à sa place. Il valait mieux attendre et voir comment cela se poursuivait. De toute manière, si Draco faisait du mal à Harry, il ne s'en sortirait pas en un seul morceau.
Harry ferma la porte de sa chambre, puis s'assit sur son lit. Il chercha le numéro de Draco dans le répertoire, appuya sur une touche et, enfin, porta le téléphone à son oreille. Il entendit quelques tonalités, avant que la messagerie ne se mette en route.
« Vous êtes bien sur le portable de Draco, je suis absent, laissez un message ou rappelez-moi. »
Simple et concis, songea Harry. Il s'était toujours dit que les messages des répondeurs reflétaient leur propriétaire. Ron avait enregistré le sien dans la rue, alors qu'il attendait sa sœur devant le coiffeur, et on pouvait entendre en fond sonore le klaxon des voitures et le bruit de leurs pneus sur la route. Cho l'avait fait sur une musique de Cascada. D'ailleurs, il devrait lui dire qu'il serait peut-être temps de le changer…
« Allô ? »
Harry sursauta. Il était prêt à laisser à nouveau un message mais la voix de Draco l'avait surpris. Ses joues rosirent mais il reprit contenance.
« C'est Harry. Je ne pouvais pas te répondre tout à l'heure, je travaillais.
- Il n'y a pas de souci. Tu vas bien ?
- J'ai un peu mal aux yeux, mais sinon, ça va. Et toi ? Les cours ?
- Toujours pareil, la routine.
- Tu es libre ce week-end ? »
Draco marqua une légère pause. C'était la première fois que Harry lui proposait une sortie. L'étudiant sentit une bouffée de joie monter en lui tandis qu'il acquiesçait. Il n'allait certainement pas dire non.
« Les parents d'une amie tient un restaurant chinois, je t'invite ?
- Si ça peut te faire plaisir.
- Tu habites où ? Je viens te chercher en moto. »
Draco lui donna son adresse, même s'il était terrifié à l'idée que Harry débarque chez lui, comme ça, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Mais ce serait un moyen de le tester : serait-il comme Seamus à s'incruster sans tenir compte des autres ou serait-il plus discret ? Même si la spontanéité de Seamus lui avait plu un temps, elle avait fini par l'exaspérer. Bah, il verrait bien.
Draco tenta tant bien que mal de lui expliquer où se trouvait son adresse et, cherchant en même temps sur Internet, Harry trouva l'itinéraire. Il lui promit qu'il serait à l'heure, du moins l'espérait-il. Enfin, il s'était tellement perdu qu'il avait développé un certain sens de l'orientation. Il arriverait à s'en sortir…
OoO
Draco était épuisé. En raison de nombreuses grèves, ils avaient commencé les cours en avance, afin de rattraper un petit retard de l'an passé, et les stages en alternance avec la fac venaient de commencer en début de semaine. Et c'était tout simplement crevant…
Le rythme était assez soutenu et le blond pouvait se vanter d'être tombé avec de bonnes personnes. Jamais M. Rogue ne l'avouerait, mais Draco était certain qu'il l'avait recommandé, vu à quelle vitesse il avait reçu sa réponse. De même, Blaise avait été pris dans cet hôpital et plutôt facilement, et lui aussi se demandait s'il n'avait pas un peu subi l'influence positive de Rogue. Certes, ils ne travaillaient pas ensemble, mais c'était quand même agréable de se voir à la pause déjeuner.
Draco était rentré fatigué la veille et il enchaînait aujourd'hui avec quelques cours de soutien à deux adolescents. A Remi, entre autres, qui commençait sérieusement à lui casser les pieds. Draco était tellement fait engueuler par son père qu'il avait décidé de laisser aller, et il avait accepté de continuer les cours, mais le blond ne se gênait pas pour se montrer froid envers le jeune homme. Agé de dix-huit ans, il tentait tant bien que mal de draguer cet éphèbe blond, mais en vain.
La patience était quelque chose d'assez naturel chez Draco, mais il ne fallait pas trop lui chauffer les oreilles. A chaque fois que Remi baissait les yeux vers sa feuille, Draco regardait sa montrer en comptant presque les minutes qui le séparaient de la délivrance, comme à l'époque du lycée, où lui et Blaise avaient le nez collé à la montre lors des cours d'anglais. Il fallait dire que Draco parlait cette langue couramment et Blaise, ayant souvent suivi sa mère lors de ses voyages, avait acquis une bonne connaissance de cette langue. Ces cours étaient donc une véritable torture…
Quand les deux heures de cours se terminèrent, Draco put enfin respirer. Il quitta la chambre de Remi et adressa un beau sourire à sa mère qui, rosissant, lui tendit quelques billets pour payer le cours. Ensuite, Draco rejoignit sa voiture, garée juste devant la maison, et se rendit à son prochain cours, à savoir celui de la jeune Lucie. Enfin, elle était certainement sa seule élève qui n'ait rien à voir avec les relations de son père. Quand il était au lycée, il cherchait à donner des cours de piano à domicile et cette jeune fille de quinze ans était la seule élève qu'il avait gardé depuis cette époque.
Il arriva devant une toute petite maison et sonna à l'interphone. La mère de l'adolescente vint lui ouvrir, un grand sourire aux lèvres, et elle l'invita à entrer. C'était un endroit assez commun, où Draco mettait rarement les pieds. D'ailleurs, il ne faisait pas payer les cours très chers : dix euros de l'heure. Pour Remi, c'était qurante. D'un autre côté, ses cours à lui étaient assez intenses, Draco avait toujours été excellent en maths. Pour Lucie, c'était différent. Ses parents n'avaient pas énormément de moyens. Ce n'était pas vraiment son genre de jouer les bons samaritains, mais il connaissait cette gamine depuis sept ans et il ne lui avait jamais fait payer plus : elle le détendait plus qu'elle ne l'épuisait, et Dieu savait comme elle pouvait être vive…
L'adolescente, avec des cheveux bruns coupés aux épaules, lui embrassa les joues et le cours de musique commença. La jeune fille était toujours aussi vive et Draco mit un temps fou à la calmer. Ils commencèrent par un peu de solfège, puis ils pratiquèrent sur le piano. Le cours dura deux bonnes heures, le blond dépassa même un peu, puis il s'en alla.
Il rentra chez lui pour déjeuner. Ses parents étaient là, évidemment. Il aurait presque souhaité que ce ne fut pas le cas. Des tensions demeuraient entre eux. Si Draco pouvait baisser les yeux, ne pouvant faire face aux regards de ses parents, il lui était impossible de se plier à leurs colères. Il tenait sans doute cela de son père. Il en avait trop vu pour se laisser faire.
Dobby leur apporta leur entrée, puis le plat principal, tandis que son épouse, Winky, s'activait aux fourneaux. Tout le repas se déroula dans un silence lourd, où aucun Malfoy ne prononça le moindre mot. C'était amusant comme tableau, songea Draco. Un père, une mère et un fils blonds, assis autour d'une table, en train de déguster un bon déjeuner, et sans s'adresser la parole. Leurs yeux étaient posés sur leur assiette, mangeant à une lenteur désespérante, comme s'ils attendaient que l'un d'eux craque.
Mais personne ne désirait s'avouer vaincu. Lucius restait campé sur ses positions. Il ne demandait pas grand-chose à son fils, si ce n'était de donner quelques cours aux enfants de ses amis ou clients, voire même les deux. Il pouvait bien subir les tentatives de séduction de ces jeunes gens, cela ne lui coûtait rien. Il vivait dans l'insouciance, il ne savait pas ce que c'était que de travailler, gérer une entreprise, enchaîner les rendez-vous… Son fils avait grandi dans un monde d'insouciance, il lui avait laissé choisir sa voie, alors que lui-même n'en avait pas eu le droit.
Quant à sa mère, c'était une autre paire de manches. D'une patience sans égal, elle refusait d'accorder la parole à son fils tant qu'il ne se serait pas excusé. Cette dispute entre eux la blessait, mais il lui avait mal parlé, et ce qu'il avait dit ne lui avait pas du tout plu. Elle aimait sa famille, et elle savait qu'on avait besoin d'elle là-bas. Même si Lucius ne s'y opposait pas, elle savait parfaitement qu'il ne partageait pas sa vision des choses et qu'il était hors de question qu'il s'y rende pour s'occuper de ce qui ne le regardait pas. Mais entendre son fils lui dire de pareilles horreurs, elle refusait de l'accepter.
Cependant, Draco était aussi têtu que ses parents. Il n'était pas comme ces autres fils et filles qui ne supportaient pas de passer une journée sans parler à leurs parents. Il n'était pas de ceux qui avaient besoin de parler à leurs parents pour se sentir bien. C'était un avantage, car en cas de dispute, il ne lui était pas difficile de garder la tête haute. Mais, dans le fond, ce n'était pas aussi bien que ça : ne pas éprouver le besoin d'avoir un contact avec ses parents était quelque chose d'assez triste. Mais il s'y était fait, avec le temps.
Souvent, son père lui disait qu'il avait grandi dans l'insouciance. Il était vrai que Draco avait un joli compte en banque et, dans le fond, son père ne lui avait jamais demandé grand-chose, hormis de faire des études. Il avait plus ou moins facilement accepté ses choix, mais il l'avait quand même fait. Mais c'était sans doute cette facilité qui avait rendu Draco aussi indépendant. Il n'avait jamais éprouvé le besoin de se confier à son père, ou à sa mère, même s'il était plutôt proche de cette dernière. Cette demeure était sa maison, mais pas son « chez lui ». Sa chambre était la sienne, sans lui appartenir. Rien ne montrait qu'il y vivait, hormis ses vêtements, ses livres et ses classeurs.
Quand Draco termina son dessert, il quitta la table et sortit de la salle à manger pour regagner sa chambre. Avec un papier mural azur, et des meubles de bois clair. Une chambre impersonnelle…
Draco travailla tout l'après-midi. La maison était silencieuse. Il entendait parfois le pas régulier de sa mère, ses pantoufles effleurant le parquet du couloir. Ou alors la démarche plus précipitée de Winky ou Dobby. Ce dernier vint le voir pour lui proposer un goûter, comme il en avait l'habitude, et Draco accepta cette pause avec un plaisir non feint. Le majordome lui apporta un plateau, avec un service à thé raffiné et une assiette de biscuits. Le blond se servit du thé mais ne toucha pas aux gâteaux.
Il regarda l'heure. Quatre heures et demie. Il songea que, dans deux petites heures, Harry viendrait le chercher en moto. Devant chez lui. Draco songea que c'était la deuxième fois que quelqu'un venait le chercher chez lui, hormis Blaise, évidemment. Ses ex lui avaient évidemment proposé des sorties sans aller jusqu'à le prendre chez lui. Il fallait dire que Draco avait plutôt une place dominante dans le couple. Il eut un sourire amusé en songeant que, s'il sortait avec Harry, tous deux ne rentreraient sans doute pas dans le moule caricatural du couple homosexuel avec une « femme » et un « homme ».
Cela avait été le cas avec Seamus. Draco se référait à lui, quand il pensait à Harry, car il n'était jamais resté aussi longtemps avec quelqu'un, et surtout un garçon. Avant lui, il s'était arrêté à un ou deux mois, mais pas plus. Et le blond se rappelait bien que, même s'il avait son permis, Seamus n'avait jamais proposé de venir le chercher. Du moins, pas assez franchement pour que Draco le prenne vraiment au sérieux.
En fait, il était venu une fois, car la voiture de Draco était en panne. Ce jour-là, Seamus, au lieu d'attendre dehors comme Draco le lui avait demandé, avait sonné et s'était présenté à sa mère comme son petit ami. Evidemment, Narcissa avait été ravie, mais Draco beaucoup moins, et il n'avait pas manqué de le faire sentir au jeune homme. Mais tel qu'il était, Seamus n'avait jamais vraiment fait attention à cette petite colère de Draco. Cependant, il ne lui avait plus jamais proposé de venir le chercher : trouver la bonne rue avait été un péplum, et il ne voulait plus jamais revivre ça.
Draco n'avait rien dit à Harry, mais il l'attendait au tournant. Un moyen de le tester, en quelque sorte. Il trouvait ça lui-même ridicule, mais il avait besoin de ça. Il avait beau avoir passé de bons moments avec Seamus, pour qui il avait éprouvé de l'affection, il ne voulait plus revivre le même calvaire. Cette jalousie, ce désir d'attentions, cette attente perpétuelle après lui… Oh, il lui proposait des choses, aussi, mais il n'imposait pas vraiment ses idées de sorties, attendant la réponse de son petit ami. Il s'était plus affirmé quand ils avaient couchés ensemble.
Soudain, Draco se laissa aller en arrière, regardant le plafond. Il se demanda si Harry était sorti avec beaucoup de mecs. Sans aucun doute, il était beau gosse, et Draco ne devait pas être le premier à l'avoir abordé. Quel était son genre de mec ? Certes, il avait accepté quelques rendez-vous avec Draco, mais avait-il un style précisément ? Et avait-il déjà couché avec quelqu'un ? Assurément. Un jeune homme aussi mignon et à la fois sûr de lui ne pouvait pas être puceau. Et cette pensée lui fit froncer les sourcils. Il se sentit un peu jaloux de celui qui lui avait pris sa virginité. Mais peut-être que le brun n'avait été dans les bras de personne…
Pour éviter d'y penser d'avantage, Draco se remit à son travail, et ce jusqu'à cinq heures et quart. Harry était censé venir le chercher à six heures et quart, cela lui laissait une heure pour se préparer. Draco éteignit donc son ordinateur et prit sa douche dans sa salle de bain personnelle. Elle n'était pas bien grande, une grande baignoire le long d'un mur, un lavabo et un grand meuble pour ses affaires de toilettes. Le carrelage était dans les tons verts, les murs recouverts de petits carreaux en un joli dégradé vert foncé jusqu'à un vert très clair.
L'étudiant se déshabilla et fourra ses affaires sale dans la panière à linge, et il prit sa douche. Il était un peu tendu, alors se força à se détendre, tout en espérant que Harry arrive à l'heure…
OoO
Un péplum. Bon, certes, il avait vu pire, mais trouver la baraque de Draco fut un vrai casse-tête. Harry se demanda même s'il n'était pas en retard, mais quand il aperçut le petit écriteau avec le nom de la rue, il s'arrêta au coin de la rue pour regarder l'heure, et l'heure du rendez-vous n'avait pas encore été dépassée. Une chance. Enfin, il supposait que Draco aurait compris, il n'était pas stupide à ce point. Quoique… Non, il était méchant.
Enfin bref, il était bien arrivé. Tout semblait être parfait, ce soir-là : il arrivait à l'heure et, par miracle, Olivier avait accepté d'occuper Cho pour la soirée. Si elle avait su que Harry allait dîner avec son prétendant dans le restaurant de ses parents, nul doute qu'elle se serait incrustée et elle leur aurait souhaité tout le bonheur du monde. D'un, Harry ne voulait pas que Draco sache qu'il n'était pas sorti avec quelqu'un depuis trois ans, et de deux, hors de question que Cho le sache, tout simplement. Telle qu'elle était, elle allait le harceler pour en savoir plus. Il l'avait quand même avoué à Olivier, et ce dernier lui avait juré qu'elle ne quitterait pas l'appartement, des fois qu'elle ait l'idée saugrenue de dîner chez ses parents.
Harry roula tranquillement le long de la rue en jetant quelques coups d'œil aux baraques qui longeaient la route. Il était déjà subjugué par la taille des maisons, mais il fut carrément subjugué quand il vit celle de Draco. Et il se sentit ridicule. La villa était énorme, il se demanda même comment on pouvait seulement à trois là-dedans. Car s'il se souvenait bien, Draco était fils unique.
Mais qu'est-ce qui lui plaisait, chez lui ? Pourquoi voulait-il sortir avec quelqu'un comme lui ? Avec l'argent qu'il avait, pourquoi s'embarrassait-il d'un vulgaire tatoueur ? C'était stupide… Harry voulut faire demi-tour, mais il se traita d'idiot : ça ne servait à rien de s'enfuir. Il était là, point barre. A quoi bon douter maintenant ? Il avait fait un chemin pas possible pour arriver ici, il avait invité lui-même Draco. Lui poser un lapin ne rimait à rien.
L'heure était passée depuis quelques minutes et Harry se demanda s'il devait sonner. Draco devait l'avoir entendu, il n'y avait pas beaucoup de circulation ici, et le bruit de la moto était facilement reconnaissable. Et Harry était intimidé à l'idée de tomber sur ses parents : Bonjour, je suis Harry, j'emmène votre fils au restaurant ce soir ? Non, hors de question, se dit-il en rougissant. Il préféra attendre qu'il sorte, en espérant qu'il n'aurait vraiment pas à sonner pour que Draco se montre.
Il n'eut heureusement pas besoin de le faire car Draco se montra au bout de cinq minutes, son casque à la main. Il sortit de la villa, ouvrit la porte du portail et la referma derrière lui. Harry le trouva canon avec ce pantalon qui moulait ses jambes longues et ce pull aux fines mailles prêt du corps, sous la veste marron foncé. Mais il ne pouvait imaginer à quel point la vue de Harry, chevauchant sa moto, sa veste en cuir sur le dos et son casque la main, remuait quelque chose en lui. Cette journée morne venait de disparaître, il ne restait plus que le moment où il avait croisé les yeux verts de Harry, derrière ses lunettes rondes. Il n'y avait plus que le léger sourire du brun, un peu gêné, et sa main dans la sienne, quand ils se saluèrent.
« Tu as mis du temps à trouver ?
- Je préfère ne pas y penser. Draco, ne rigole pas, j'ai mis un temps fou à trouver cette rue.
- Tu es à l'heure, c'est le principal. »
Harry acquiesça d'un hochement de tête puis il mit son casque sur sa tête. Draco en fit de même, sentant le regard de sa mère dans son dos. Elle ne pouvait voir le visage de Harry à cause de l'obscurité, mais il était certain qu'elle aurait donné beaucoup pour connaître son identité. Après tout, Seamus avait été le seul à venir le chercher pour sortir.
Le blond monta derrière Harry qui fit vrombir le moteur. Puis, la moto déboula dans la rue. Draco avait les mains posées sur les hanches du brun, qui se concentrait sur sa conduite, et le blond ne put s'empêcher de complimenter intérieurement sa façon de conduire.
Quand il était sur la moto de Blaise, Draco ne pouvait s'empêcher de critiquer intérieurement sa conduite. Certes, il n'avait jamais tenu le guidon d'une moto, mais il trouvait que Blaise allait trop vite et qu'il était assez braque. Harry était tout aussi rapide, mais il y avait une certaine fluidité dans sa façon de rouler. Il était prudent, sans chercher les conducteurs qui roulaient prêt de lui. À vrai dire, Draco se demandait s'il n'allait pas perdre confiance en Blaise, vu comme Harry roulait bien en moto comparé à son meilleur ami. Il devrait même conseiller à Blaise de prendre quelques cours avec Harry…
Ils s'arrêtèrent dans une petite rue sombre, où Harry s'arrêta. Draco descendit de la moto, tout en retirant son casque, et Harry en fit de même. Il sortit son antivol et il attacha la moto à un lampadaire qui faisait l'angle de la rue. Puis, Harry lui montra le restaurant sur la rue d'en face. Ils traversèrent, puis rentrèrent dans l'établissement.
En soi, le lieu n'était pas très grand, mais il paraissait immense. Des tables s'alignaient contre les murs ou plus au centre de la salle, laissant de la place à une petite scène. Il y avait déjà un monde fou, alors qu'il était sept heures du soir, Draco se demanda s'ils auraient de bonnes places, vu l'heure qu'il était. Mais un serveur asiatique vêtu avec un kimono sombre vint les accueillir, et il serra la main de son compagnon.
« Bonsoir Harry ! Ça fait un bout de temps que tu n'es pas venu.
- Disons que je n'ai pas vraiment eu le temps, en ce moment. Et j'évite un peu Cho, si tu vois ce que je veux dire. »
Si le serveur sembla comprendre, Draco, lui, ne saisit pas du tout. Il fronça légèrement les sourcils en se demandait qui était Cho. Un garçon ou une fille ? Mais il fut interrompu dans ses questions quand le serveur lui fit remarquer qu'il était accompagné. Harry eut alors un sourire magnifique.
« Je te préviens, tu lui dis quoi que ce soit, et tu vas le sentir passer.
- Message reçu ! »
Draco était un peu perdu, mais il renvoya ses questions pour un peu plus tard, car le serveur les emmenait à leur place. Une table toute seule, abandonnée, au milieu d'autres déjà occupées. Il y avait quatre places, Draco et Harry s'installèrent et posèrent leurs casques et sur le siège à côté. Le blond avait hésité à le faire mais Harry lui dit que le patron était un ami, et que cela ne le dérangeait pas de lui laisser deux places en plus malgré l'afflux de personnes. On était samedi, et le restaurant serait bondé une bonne partie de la soirée.
Tandis que le serveur leur apportait les menus, Draco détailla un peu l'endroit, qui était somme toute assez simple, avec de traditionnelles décorations asiatiques, mais il devait avouer que c'était assez sympa. Surtout que les serveurs et serveuses se déplaçaient en kimono. Il n'avait jamais vu ça, surtout que la population du restaurant était assez jeune, et les prix ne devaient donc pas très élevés…
« Ils ne font ça que le samedi et le dimanche soir. »
Draco tourna la tête vers Harry, s'arrachant à la contemplation de l'établissement. Harry se pencha vers lui, son menue ouvert devant lui.
« Pour attirer la clientèle, ils déguisent tous leurs serveurs avec des kimonos, expliqua Harry. Et puis il y a de la musique, le plus souvent chinoise ou japonaise.
- Ce n'est pas un restaurant chinois ?
- Disons que le patron est chinois et sa femme japonaise.
- Tu viens souvent ici ? Demanda Draco.
- De temps en temps. Avec Tata ou Théo.
- Théo ? »
Voilà un nouveau prénom qui ne lui plaisait pas. Qui c'était celui-là, encore ?
« Un ami. Draco, ne t'imagine pas des choses, fit Harry, se rattrapant.
- Je n'imagine rien.
- C'est juste un ami. Il n'aime pas vraiment la cuisine chinoise, sauf celle d'ici. Quand on sort, on vient parfois ici. Il n'y a rien entre nous, et il n'y aura jamais rien.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Demanda Draco.
- Il est homophobe. »
Harry eut un petit rire devant l'air surpris de Draco. Le blond pencha la tête, l'interrogeant du regard.
« Attends une minute. Tu es bisexuel, non ?
- C'est… Théo. Je suis le seul qu'il fréquente. Il m'accepte comme je suis, mais il ne peut pas sentir les gays. Enfin, surtout ceux qui sont… efféminés. Il est assez spécial.
- Je vois ça. »
Harry posa les yeux sur son menu, le blond en fit de même. Le serveur revint les voir et leur demanda s'ils avaient choisi. Draco demanda du canard laqué tandis que Harry demandait du bœuf sauce piquante. Le serveur lui fit un clin d'œil : il allait cracher du feu. Puis, il récupéra les menus et s'en alla avec sa commande.
« Au fait, qui est Cho ? Demanda soudain Draco.
- C'est… une amie.
- Petite amie ?
- Non, je crois pas. C'est la fille du propriétaire, en fait.
- Pourquoi tu l'évites ?
- Mais c'est quoi cet interrogatoire ?!
- J'ai le droit de savoir, non ? Répliqua le blond, suspicieux.
- Il est déjà arrivé à Blaise de faire de grosses conneries avec ses petites amies et qu'il ne sache pas comment s'en sortir ? Demanda soudain Harry.
- Oui, plus d'une fois, mais je ne vois pas le rapport.
- Imagine le même phénomène, en fille, et puissance dix. »
Ah oui, vu comme ça, songea le blond, en tentant d'imaginer la jeune fille en question dans sa tête. Et les emmerdes qu'elle pourrait amener avec elle.
« La dernière fois que j'ai accepté de l'aider, la personne avec qui elle sortait a voulu me refaire le portait en pensant que couchait avec Cho, avoua Harry. Depuis, je l'évite quand elle est en période « j'ai des problèmes et je sais pas comment m'en sortir ». Marre de jouer au chevalier servant.
- Alors tu l'abandonnes, la pauvre, fit Draco, l'air de la plaindre. Et tu n'as pas peur qu'elle rapplique, ce soir ?
- J'ai demandé à son colocataire de s'occuper d'elle. »
Bon, certes, la première raison de ce « kidnapping » était qu'elle devait absolument éviter de voir Draco, mais aussi parce qu'il était hors de question qu'elle le supplie de lui accorder l'asile politique, à cause de cette nana qui la harcelait. Si Olivier ne lui en avait pas encore parlé, c'était que ce ne devait pas être bien grave.
Soudain, il y eut des cris et des applaudissements. En effet, le personnel amenait différents instruments de musique et installaient une batterie. Bientôt, deux garçons et une fille s'installèrent sur scène et un petit concert commença, alliant chansons anglaises et japonaises.
On leur amena leurs boissons, et tandis qu'ils attendaient leur repas, les deux jeunes hommes discutèrent. Harry retrouva cette complicité du dernier rendez-vous, et malgré cette résistance qu'il s'imposait, et il se sentait attiré par Draco. La lumière s'était un peu tamisée, la chanteuse accompagnant une mélodie assez douce. Harry était plongé dans la contemplation des yeux bleus de Draco, tout en participant activement à la conversation.
Et du côté de Draco, il en était de même. Il avait les yeux posés sur les orbes émeraude du brun, ou alors ses lèvres qui remuaient et qu'il avait envie d'embrasser, ou encore ce tatouage enroulé autour de son poignet. Il y avait aussi ces mèches rouges, parsemées dans ses cheveux noirs de jais, ou encore ces piercings aux oreilles, quand il tournait la tête vers la scène. Plus il le regardait, et plus il trouvait Harry désirable. Combien de personnes avait-il connu ? Combien de pauvres abrutis il avait attiré dans ses filets, avant lui ? Combien de d'idiots comme lui avait-il charmé ? Avait-il conscience de son charme ?
Il fallait croire que non, car des regards se tournaient vers eux, sur lui bien sûr, mais aussi sur Harry. Qui ne regardait que lui, ignorant ce qui l'entourait. Et Draco décida d'en faire de même. Il jetait quelques coups d'œil à la scène, mais toute son attention était centrée sur Harry, juste en face de lui, qui dégustait son riz.
Draco avait assez mal commencé la journée. Puis, il y avait eu ce repas exaspérant avec ses parents. Enfin, il avait travaillé tout l'après-midi. Sans oublier sa fatigue de la semaine passée. Et tous ses soucis semblèrent s'envoler, dans cette ambiance joyeuse diffusée par ce petit groupe de musique, les bavardages de la salle, et la voix de Harry, dans laquelle apparaissait un petit accent anglais. Il ne l'avait pas, d'habitude, mais il était tellement à l'aise qu'il oubliait de le retenir. Un léger accent terriblement agréable à l'oreille.
Ils parlèrent de tout. Du travail de Harry, qui avait commencé un tatouage assez conséquent représentant un dragon, et également une fresque sur tout le bras droit. Un type était venu les voir pour savoir s'ils faisaient des implants, Harry a mis du temps à le convaincre qu'ils n'en faisaient pas. Draco avait froncé le nez : il ne comprenait pas comment des gens pouvaient se mettre des trucs sous la peau. Harry avait haussé les épaules : ce n'était pas mieux que ceux qui se faisaient tatouer les parties intimes. Le blond lui avait demandé suspicieusement s'il pratiquait ce genre de tatouage, et le brun avait rougi en secouant violement la tête.
« Non, j'en fait pas ! Je ne m'occupe que des piercings… »
Draco s'était étranglé avec son eau et Harry avait éclaté de rire. Puis, ils en étaient venus au stage de Draco, en alternance avec ses cours. Harry avait vraiment semblé intéressé parce qu'il lui racontait. Le blond lui raconta qu'il avait trouvé un poste dans un hôpital, dirigé par un très vieil homme qui ne pratiquait plus. Il s'appelait Albus Dumbledore.
« C'est un type complètement timbré, racontait-il. Intelligent, mais timbré. Il a une barbe très longue, on dirait un vieux sorcier.
- A ce point ?
- Je te jure, c'est hallucinant. M. Rogue m'avait prévenu qu'il était assez spécial, mais bon… »
Dès qu'il était arrivé, le directeur lui avait proposé des bonbons au citron, mais Draco avait gentiment décliné l'offre, qu'il finit tout de même par accepter par politesse. Dumbledore lui parla de tout un tas de choses et il se montra extrêmement accueillant envers lui. Il semblait très confiant en ses capacités. Mais il partait souvent dans ses délires, parlant de tout et n'importe quoi, au point que Draco se demandait pourquoi son professeur lui avait conseillé cet hôpital. D'ailleurs, Blaise lui raconta que, pendant son propre entretien, ils avaient causé football.
Bref. Dumbledore confia Draco aux bons soins d'une vieille bique, Minerva McGonagall, très sévère et pointilleuse. Draco s'était demandé pourquoi diable ce barjot l'avait collé avec cette vieille fille, lui qui était si patient et attentif, alors que Blaise se retrouvait ce nain de jardin de Filius Flitwick. Un tout petit bonhomme qui avait l'air de très bien s'entendre avec son nouveau stagiaire. Le seul avantage à cette situation, estimait-il, c'était que la vieille McGonagall était un excellent médecin avec une très bonne réputation.
« Et ta semaine s'est bien passée ? Demanda Harry tout en finissant son assiette.
- Epuisant. Mais très intéressant. J'ai appris pas mal de chose. Mais c'est pas évident. C'est le monde de l'hôpital, quoi, il y a des hauts et des bas.
- Pourquoi tu as choisi d'être médecin ?
- Je ne sais pas vraiment. J'avais envie de… comment dire… Donner un sens à ma vie. Aider les gens, quoi. Tu sais, parfois, je vois la médecine comme du rafistolage. Tu coupes, tu recouds, tu répares… Tu sauves des vies, parfois pour longtemps, parfois pour quelques mois. C'est juste du rafistolage, mais les gens aiment ça, parce que ça leur permet de garder les yeux ouverts plus longtemps. Un médecin, c'est vraiment indispensable : il sauve la vie de son patient, et à la fois, il sauve celle de la famille. »
Harry écoutait Draco parler avec intérêt, et il se disait qu'il avait choisi de faire un beau métier. Sauver des vies, ce n'était pas donné à tout le monde. On voyait des séries à la télévision, des médecins qui se lamentaient sur leurs problèmes personnels, en mettant un petit peu de côté l'aspect le plus important de leur métier, et également le plus douloureux. Le visage de Draco avait pris un air grave, et Harry n'eut aucun mal à le voir avec une blouse blanche et un stéthoscope autour du cou. Draco serait sans doute un très bon médecin.
Il fut tiré de ses pensées quand les doigts chauds de Drago effleurèrent les siens. Il baissa les yeux : sa main, dont le poignet était enserré d'un tatouage, était posée sur la nappe en papier, d'une couleur légèrement plus halée que celle pâle de Draco, qui l'effleurait. Harry releva les yeux vers lui, et Draco put voir une rougeur sur ses joues, tandis qu'il avançait un peu plus la main mêlant lentement ses doigts à ceux de Harry, sans jamais le lâcher du regard. Draco sentit son cœur bondir quand Harry esquissa un léger sourire, tout en reposant les yeux sur leurs doigts entrelacés.
Quand ils quittèrent le restaurant, la chanteuse et les musiciens se lâchaient. Harry paya la note, comme c'était lui qui invitait, et ils regagnèrent la moto, leurs doigts enlacés. Draco ne le savait pas, mais le cœur du brun battait vite. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas tenu la main de quelqu'un, tellement longtemps qu'il n'avait pas senti une paume chaude contre la sienne. Il se disait qu'il allait peut-être un peu vite, il s'était promis de résister, mais son corps refusait de dégager sa main de celle de Draco.
Harry regarda sa montre et lui proposa une séance de cinéma, mais n'avait pas les places sur lui. Draco leva les yeux au ciel et le traita de crétin, tout en lui ébouriffant les cheveux. Ils montèrent sur la moto, cherchèrent un cinéma, et regardèrent les différentes affiches, avant de se décider vaguement pour l'un des films. Ils firent la queue et achetèrent leurs billets, histoire de rester encore un peu ensemble. Puis, plus tard, ils quittèrent l'UGC et rentrèrent. Harry ramena Draco chez lui, se perdit dans une ou deux rues, avant d'arriver à destination, les pétarades du moteur brisant le silence de la nuit.
Quand la moto fut arrêtée, Draco descendit du véhicule, puis retira son casque. Un lampadaire éclairait le visage de Harry qui fut soudain très gêné. Draco avait envie de l'embrasser, mais il glissa son bras autour de ses épaules et se pencha vers lui pour lui embrasser le front. Harry soupira de contentement. Le blond sentit comme un contact râpeux sous ses lèvres et, étonné, il souleva une mèche noire, et découvrit sur la peau une cicatrice en zigzag, formant un éclair. Il eut envie de lui demander comment il avait cette cicatrice, mais il ne dit pas un mot de plus, et après une dernière caresse sur la joue, il quitta Harry pour rentrer chez lui, avec un étrange sentiment de félicité dans le cœur. Et il se doutait, à juste titre, que Harry devait ressentir la même chose…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
