Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
C'est pas raisonnable...
Lys : Nan, pas du tout -.-' .
Mais je peux pas résister ! Après avoir passé mon épreuve de phylo et de maths...
Lys : Et d'avoir stressé pour un rien, merci à jojoaquarius d'être là...
... et comme mon anniversaire est demain...
Lys : Et que tu vas réviser quand même...
...
Lys : Oui ? :p
Bon, t'as fini ?
Lys : XD
Donc, comme j'ai 18 ans demain, j'ai décidé de poster un chap ce soir, et un autre suivra après l'épreuve d'histoire ! A savoir, mercredi :p.
Bonne lecture !
Chapitre 9
« Je suis dégouté.
- Moi aussi.
- Mais moi je m'en tape de Seamus ! Oh, Dray, mais tu m'écoutes ? »
Draco secoua la tête : non, il ne l'écoutait pas du tout, et pour cause, Seamus était en train de rouler une pelle à son nouveau petit ami, à savoir Dean Thomas, à deux tables environ de la leur. Et dire que c'était lui avait eu l'idée de manger dans ce snack, il aurait mieux fait de se taire…
Blaise poussa un soupir exaspéré : Draco était à deux doigts de se lever pour exiger la fin de ce baiser baveux. Il ne pouvait pas détourner les yeux, comme tout le monde ? Non, il fallait qu'il regarde, écœuré. Bon, certes, les petits bruits que les deux étudiants émettaient n'étaient pas discrets, mais c'était de la provocation, rien de plus. Seamus voulait attirer le regard de Draco, le faire réagir, de la meilleure façon qui soit : rouler une pelle à un autre juste devant ses yeux. Sauf que le blond était en colère non pas par jalousie mais parce qu'il trouvait ça dégoutant et exaspérant. Surtout qu'il savait que ce n'était pas pour rien qu'ils s'étaient installés là, ces deux crétins…
« Ne les regarde pas, Dray.
- Ce mec est exaspérant, grogna le blond entre ses dents.
- Il veut juste t'emmerder.
- Et il y arrive. Dépêche-toi de manger, ou je vais faire un malheur. »
Draco n'était pas quelqu'un de particulièrement démonstratif, et il partait du fait que, dans un lieu public, tout le monde n'avait pas envie d'assister à aux manifestations d'amour aussi… baveuses d'un couple. Sa philosophie sur ce point avait d'ailleurs engendré par mal de disputes avec Seamus. Il aurait pu supporter qu'il traîne avec un autre, cela l'aurait arrangé, mais de là à lui lécher la figure devant lui… Il saturait, là !
Voyant bien que son meilleur ami ne tiendrait pas longtemps avant de montrer sa façon de penser à ce crétin d'irlandais, Blaise se pressa de terminer son repas et ils purent enfin quitter le restaurant, partant vers le parc, histoire de passer le temps qui leur restait avant que les cours reprennent. Draco semblait se calmer, et Blaise put enfin lui faire part de ses états d'âme, à propos d'une certaine infirmière qui lui plaisait bien mais qui avait déjà un copain, laid à faire peur. Il était donc dégouté que cette fille refuse ses avances, et qu'en plus elle préfère rester avec un gars pareil.
Draco l'écoutait, sentant la tension de ses nerfs se détendre, et il trouvait son ami un peu stupide, mais bon, il était comme ça, et il l'aimait bien quand même. Il se demandait sérieusement si, un jour, Blaise se trouverait quelqu'un. Il semblait avoir hérité de son goût de la conquête de sa charmante mère, qui enchaînait les amants tellement vite que Blaise avait cessé de les compter. Il s'était arrêté à dix, mais quand il avait commencé, il n'avait qu'une dizaine d'années.
« Qu'est-ce qu'elle peut lui trouver, à ce mec ? Franchement ?
- La beauté extérieure ne fait pas tout.
- Tu dis ça, mais tu ne sors qu'avec des canons, répliqua Blaise. Seamus n'était pas trop mal, et tu te rappelles de Tracey ? Et Astoria aussi, elle était super canon !
- Me parle pas d'elle, tu veux ? »
Astoria n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un bon souvenir. Ils s'étaient rencontrés lors d'une fête, organisée par des gens aisés afin que leurs enfants fassent… de bonnes rencontres. Sur le coup, Draco n'avait pas vraiment fait attention à cette jeune fille, le teint pâle et des cheveux d'un noir profond. Elle était belle pourtant, mais il l'avait à peine remarquée. Elle, par contre, avait tout de suite flashé sur lui et elle fit des pieds et des mains pour le revoir. Il avait dix-neuf ans à l'époque, elle en avait vingt-deux. Elle était belle et cela semblait faire plaisir à leurs parents respectifs, donc il avait accepté de sortir avec elle.
Leur idylle dura un petit plus de deux mois. Deux longs mois dont Draco ne voyait pas la fin. Au début, c'était bien, car elle faisait attention à lui, à ce qu'il aimait, à ce qu'il détestait… Astoria l'aimait vraiment et elle répondait à ses petits caprices, ayant peur qu'il la quitte. Un mois après leur mise en couple, elle lui céda sa virginité. Et sa vie devint un Enfer.
Il pensait souvent que Seamus était jaloux et ses caprices étaient exaspérants. Mais, avec le recul, Draco pensa que s'il les avait acceptés aussi longtemps, c'était parce qu'il avait vécu pire avec Astoria. Sa jalousie et sa possessivité étaient hallucinantes. Elle ne cessait de lui exiger du temps, des sorties. Elle voulait se balader dans les boutiques, dîner dans de bons restaurants, se rendre à des soirées huppées à son bras. Si Draco n'avait pas été de nature patiente et terriblement tenace, il aurait rapidement cédé à ses désirs, et il serait devenu fou.
Elle était belle, Astoria. Mais elle se voyait déjà avec une robe de mariée et la bague au doigt. Elle s'imaginait que Draco était l'homme de sa vie, malgré leur petite différence d'âge. Sauf que ce dernier attendit la fin du deuxième mois pour déclarer que c'était fini. Il avait quand même attendu, pour ne pas trop passer pour un salaud, et avait essayé de lui faire comprendre qu'il ne voulait pas continuer. Astoria n'avait pas compris les règles du jeu, ou c'était Draco qui les avait mal assimilées. Le fait était qu'il ne supportait pas cette situation : il était jeune, il faisait ses études, et il était hors de question qu'on parle de fiançailles. Astoria était plus âgée que lui, elle voyait plus loin, mais lui refusait de fermer sa vie aussi rapidement.
En gros, ce fut un échec. Ses parents lui en voulurent mais ne firent aucune critique, tandis que la famille Greengrass ne se gênait pas pour glisser de nombreuses remarques désobligeantes à son égard. En particulier quand Astoria tomba enceinte, fruit d'une malheureuse aventure due à sa rupture. On tenta de tout mettre sur le dos de Draco, qui regretta amèrement d'être sorti avec une fille pareille.
« Mouais, mauvais souvenir, soupira Blaise. Enfin, tout ça pour dire que tu sors qu'avec des canons. Harry n'est pas mal dans le genre, hein ? »
Draco revit Harry, avec son blouson en cuir, chevauchant sa moto, casque à la main, avec une classe indéniable. Bon Dieu, avait-il conscience à quel point il pouvait être sexy, par moments ? Draco n'en était même pas sûr, Harry savait qu'il attirait les regards, mais certainement pas à ce point-là…
« Ouais, il est plutôt pas mal.
- Ça se passe bien avec lui ? Vous êtes sortis samedi, non ? »
Blaise posait régulièrement des questions à propos de l'évolution de leurs rapports. Il était plutôt intéressé, vu comment ça s'était terminé avec Seamus, il se demandait si cette histoire allait bien se terminer, ce qu'il espérait. Et puis, Draco était assez bizarre… Enfin, c'était plutôt Harry qui était bizarre, en fait. Quand Draco lui avait dit, une semaine plus tôt, que Harry préférait quand il était naturel et non en mode « séducteur », Blaise ne l'avait pas cru. Surtout quand le blond précisa que le brun avait préféré le dernier rendez-vous, il n'aimait pas vraiment quand on le draguait aussi ouvertement. Dans le fond, il était assez timide. Si Blaise avait cru à une blague, il avait rapidement compris que Draco ne plaisantait pas du tout.
Lui-même était assez étonné, d'ailleurs. Jamais personne ne lui avait dit ce genre de chose. Bon, certes, son numéro de charme était assez naturel, et ses proies tombaient plus ou moins facilement dan ses filets. S'il était sincère, Draco dirait que Harry était le plus coriace de tous, étant donné qu'il ne savait pas vraiment quoi faire pour le séduire. Il aimait quand il était naturel, mais Draco s'était forgé une personnalité qu'il montrait aux autres, et le vrai Draco n'existait que devant ses amis. Et à présent, il existait aussi pour Harry.
Draco voulait Harry. Il le sentait en lui-même, il le voulait. C'était plus qu'un défi, plus qu'une attirance. Il le voulait en petit ami, il voulait l'embrasser, le toucher… Il avait ressenti ça pout Seamus, aussi. Mais pour Harry, c'était bien plus fort…
« Ouais. On est allé dans un restaurant chinois. On a discuté…
- De quoi ?
- De tout. Dis, tu crois vraiment que les homophobes peuvent s'entendre avec des gays ? »
L'expression stupéfaite de Blaise suggérait qu'il n'y croyait pas du tout. Draco se demandait si Harry lui avait menti ou si, vraiment, son ami était homophobe mais acceptait Harry quand même. Il avait des fréquentations bizarres…
« Bah tu sais, tout à l'heure, j'ai discuté avec Terry, dit Blaise. »
Draco n'adressait plus du tout la parole à Terry, d'une parce que c'était un boulet, et de deux parce qu'il avait mal parlé à Harry. Malgré ses tentatives pour se faire pardonner, Draco détournait toujours les yeux. Il avait la rancune tenace…
« Il parait que Seamus a un nouveau colocataire, et il est un tantinet homophobe.
- Attends, il s'est pas renseigné sur Seamus ?
- Si, mais en fait c'est les potes de ce mec qui lui ont conseillé Seamus, étant donné que tous deux cherchaient un colocataire, et le gars avait déjà l'appart'.
- Tu sais comment il s'appelle ?
- Non, je ne me rappelle plus. Mais il va en baver, ce mec, on peut pas dire que Seamus soit discret sur son homosexualité. »
Draco afficha une mine dégoutée et Blaise éclata de rire : on ne pouvait pas dire que le roulage de pelle au snack était très discret… Et puis, sans être méchant, Seamus faisait un peu tapette. Le mini radar présent dans la tête des gays pouvaient le sentir à plusieurs mètres. Alors si ce gars était homophobe… Draco pensa à l'ami de Harry, et songea que, finalement, ça devait exister.
« Mais pourquoi tu me demandes ça ?
- Un ami de Harry est homophobe. Je trouvais ça bizarre. »
Il allait quand même lui demander quelques petites précisions, ça ne faisait de mal à personne…
OoO
Journée bizarre. Vraiment, cela avait été une journée bizarre. Pour Isaline, cela avait été une journée pourrie. Pour Nymph', elle avait été catastrophique. Pour Harry… très pénible.
Ayant travaillé un temps à McDonald's, Harry savait que les journées de travail pouvaient être crevante et parfois terriblement chiantes, à cause des clients mais aussi du personnel. Le métier de tatoueur n'était pas très bien vu mais il devait avouer que les clients étaient relativement cools. Il fallait dire que, quand ils mettaient les pieds ici, ils savaient que leur porte-monnaie allait faire régime. Et puis, même si le niveau de difficulté était plus ou moins élevé, dans le fond, leur travail était toujours le même.
Les journées étaient donc relativement agréables, quand on n'était pas las de tatouer. Mais il y avait des journées épuisantes, physiquement et psychologiquement.
Ce matin-là, Harry avait appelé Luna, qui semblait être dans sa période noire. Elle lui avait prédi que sa journée serait merdique et Harry, la connaissant, avait essayé de relativiser, en sachant déjà que sa journée était pourrie. Luna se trompait rarement dans ses estimations… En particulier quand elles étaient mauvaises. Il avait glissé à Isaline et Nymph' les prédictions de Luna, toutes deux avaient levé les yeux au ciel, puis ouvert la boutique, la mort dans l'âme.
Pour Isaline, la journée était pourrie. Simple, claire, et net. Elle n'avait vraiment pas été gâtée. A l'ouverture, un de ses ex s'était présenté à sa porte et elle fit des pieds et des mains pour le jeter dehors sans faire de scandale. Il voulait qu'ils se remettent ensemble, mais Isaline n'avait toujours pas digéré qu'il l'ait quittée pour une plus jeune. Certes, leur rupture remontait à un an et demi, et elle avait eu largement le temps de faire son deuil, mais ce n'était pas pour autant qu'elle voulait redonner une chance à un boulet pareil.
Ensuite, elle eut droit à un rendez-vous qui dura toute la matinée. Un mec qui voulait se faire tatouer des extra-terrestres sur le dos. Elle avait déjà travaillé sur la peau, traçant les images en noir, mais il restait la couleur, et c'était sans doute le plus pénible. Isaline aimait son boulot, mais quand elle voyait un dos entier à colorier, elle se demandait pourquoi elle ne se reconvertissait pas en écrivain comme Sirius… Ainsi, elle travailla sur ce tableau : une tête de martien recouvrait l'arrière du crâne du client, son dos disparaissant sous un paysage bariolé et rocailleux, où des martiens enlevaient un être humain pour l'emmener dans leur soucoupe volante. Certes, ce tatouage lui rapporterait bonbon, mais il y avait des jours où même le côté financier ne parvenait plus à redonner courage…
Enfin, après un déjeuner bien mérité, elle dut se battre bec et ongles pour faire comprendre à un homme baraqué que, non, elle ne tatouait pas de croix gammées. Ni quoi que ce soit se rapportant au nazisme, ou même au racisme en général. Elle pourrait se faire de l'argent, pourtant, mais par conviction, elle refusait de tatouer des choses pareilles. Non, même au noir, non, même si elle était payée plus. Cela n'avait pas été évident, car ce type avait une tête de plus qu'elle, il était dix fois plus costaud et, avec ses implants qui lui donnait des airs de diable, il était vraiment flippant. Et après, on disait qu'être tatoueur, c'était pépère…
Pour Nymph', cela n'avait pas été mieux. Déjà, son petit Teddy avait un peu de fièvre, la nourrice s'était cassée la figure dans les escaliers et s'en sortait avec une jambe dans le plâtre, donc elle devait garder son fils, car M. Remus Lupin était actuellement en train de travailler dans sa fac de droit. Ils avaient donc installé l'enfant dans la chambre de Harry, devant un dessin animé, recouvert par des couvertures avec de quoi boire et de quoi grignoter.
Ensuite, tandis qu'elle tatouait « amour » (愛) sur l'épaule d'une femme de son âge, Nymph' dut garder le sourire et son ton aimable, tandis que sa cliente la draguait ouvertement. Elle avait beau lui dire qu'elle était mariée et qu'elle avait un petit garçon, sur le ton de la conversation, la femme ne lâchait pas le morceau, pour son plus grand malheur. Si se faire draguer par des hommes l'embêtait, c'était encore pire avec les femmes, car elles étaient tenaces. Les hommes aussi, hein, mais elle trouvait que c'était encore pire avec les nanas.
Puis, quand elle quitta la boutique, ce fut une femme aigre et désagréable qu'elle tatoua. Un petit dragon noir se retrouva donc sur sa hanche et Nymph' se dit que cette nana devait être une frustrée de la vie. Quand elle lui suggéra de faire ce tatouage autre part, étant donné que le ventre s'arrondirait quand elle aurait un enfant, et donc le tatouage se déformerait, la cliente lui cloua le bec en lui crachant que ce n'était pas ses affaires et que son boulot était de tatouer, et non de donner son avis. Nymph' ferma sa gueule et travailla, en regrettant sa cliente précédente…
Au cours de l'après-midi, la température de Teddy augmenta et il commença à avoir mal au ventre. Isaline appela le médecin, qui mit un temps fou à arriver, et le temps qu'il fasse sa consultation, elle prit du retard avec son nouveau client, qui ne se montra pas patient du tout. Nymph' fit donc le tatouage, bouillonnante de colère. La journée avait été pourrie et catastrophique.
Pour Harry, elle fut assez pénible, déjà à cause de la mauvaise humeur, compréhensible, des deux femmes, mais aussi parce qu'il dut courir chercher des médicaments pour Teddy, les lui faire avaler, et Ginny vint le voir. Pour éviter que Nymph' ou Isaline l'envoient balader, tant elles étaient sur les nerfs, Harry l'emmena dans la cuisine. Il ne fallait surtout pas distraire les deux tatoueuses, qui avaient mis de la musique classique en espérant que cela les calmerait.
Le rouge aux joues, Ginny lui demanda d'être son petit ami. Ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait, et Harry se demandait si elle cesserait d'espérer un jour. Une fois de plus, Harry refusa. Et, une fois de plus, Ginny lui demanda, énervée, pourquoi il refusait encore ses avances. Il était célibataire, ne sortait avec personne, alors pourquoi il ne la voulait pas ? Que devait-elle faire pour attirer son regard ? Était-ce parce qu'elle était la petite sœur de son ami ?
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas prononcé cette phrase. Et quand elle s'échappa de ses lèvres, une étrange sensation de contentement l'envahit.
« Désolé, mais j'ai quelqu'un. »
Pas encore. Mais presque. La méfiance et la colère qu'il avait ressenties envers Draco se muaient en quelque chose de plus tendre, et il sentait ses sentiments se mouvoir en lui lentement mais sûrement. Il était comme ces adolescents qui rougissent de gêne quand ils se rendaient compte des sentiments ambigus qu'ils ressentent pour une autre personne. Sauf qu'il avait vingt-et-un ans. Que cette personne avait un an de plus que lui, et qu'elle était en cinquième année de médecine. Il était loin, le temps des amourettes d'adolescent…
Ginny fut très surprise quand elle entendit ces mots. Harry avait quelqu'un. Deux ans qu'elle était sur lui, deux ans qu'il n'était jamais sorti avec personne, ni fille, ni garçon. Deux ans qu'elle entendait parler de rendez-vous sans lendemain, deux ans qu'elle espérait l'avoir avec la terreur que ces sorties en tête-à-tête se terminent de façon heureuse. Lui mentait-il pour la faire partir ou… était-il sincère ?
« Harry… Tu te moques de moi ?
- Je ne sors avec personne. Mais… ça ne va pas tarder, je pense… »
Ce fut comme une gifle pour la jeune fille. Elle eut la réaction typique des blessées en amour : s'accrocher à lui et lui demander pourquoi. Toutes ces jérémiades inutiles qui lui faisaient ressentir du remord et qu'il ne parvenait pas à arrêter. Il voulut la calmer, mais elle s'enfuie, des larmes de colère et de déception sur les joues.
Harry se gratta la tête, épuisé. Vraiment, la journée avait été bizarre…
OoO
Millicent attrapa son portable et courut dans le salon. Il prit le téléphone, tout en cherchant le numéro de Harry sur le sien, le recomposa sur le support noir et, enfin, porta le combiné à son oreille. Elle n'avait plus de crédit et cela faisait bien deux jours qu'elle voulait appeler Harry.
Le téléphone vibra. Une fois. Puis deux. Puis trois… Et une voix répondit.
« Yes ? »
Millicent, surprise, se demanda si elle ne s'était pas trompée de numéro : une voix de femme lui avait répondu. Pourtant, c'était bien le numéro de Harry…
« Heu… Bonjour. C'est Millicent. Est-ce que Harry est là ?
- Yes, one minute, please. Ryry ! It's Millicent ! »
L'étudiante entendit la voix plus masculine du tatoueur, qui parlait aussi en anglais. A tous les coups, c'était sa tante qui avait répondu, pensa la jeune fille. Elle avait beau avoir un nom anglais, elle ne parlait pas très bien cette langue.
« Allô ? Millicent ?
- Bonsoir Harry ! Je te dérange ?
- Non, pas du tour, je prenais ma douche. Tu vas bien ? »
Il y avait eu grève le jeudi et elle s'était poursuivie vendredi, même si elle n'avait pas été beaucoup suivie. Dans le doute, Harry était venu chercher Millicent à deux reprises, ce qui avait fait vraiment plaisir à la jeune fille. Elle l'avait invité à entrer chez elle, pour boire quelque chose, et sa maman lui avait préparé un café. Elle avait l'air d'apprécier Harry autant que sa fille : il lui avait fait un beau tatouage, il l'avait aidée quand elle était suivie par un inconnu, et enfin, il venait la chercher après les cours les jours de grèves. Certes, elle pouvait toujours monter dans un des rares métros, mais bon, c'était quand même la galère.
Harry devait avouer qu'il aimait bien Millicent. Elle était marrante quand même et toujours polie. Et puis, il était facile de la surprendre. Elle l'appelait régulièrement pour prendre de ses nouvelles, et il essayait tant bien que mal d'en faire de même, quand il ne perdait pas son portable.
La jeune fille lui demanda donc comment il allait, il lui répondit qu'il avait passé une journée des plus pénibles, et tandis qu'il lui résumait tout ce qui s'était passé, elle poussa des petites exclamations étonnées. Elle éclata de rire quand il lui dit que sa diseuse de bonne aventure personnel, à savoir Luna Lovegood, une de ses amies, lui avait prédis le matin-même que sa journée serait merdique. Elle ne s'était pas trompée…
« Tu crois qu'elle pourrait me prédire les résultats de mes prochains partiels ?
- Elle ne dirait pas les notes mais comment ça pourrait se passer. Je te jure, toutes ses prédictions sont justes, c'est flippant. »
Millicent riait au téléphone. Elle ne devait pas croire ce qu'il lui racontait, alors qu'il n'y avait rien de plus vrai. D'ailleurs, les deux tatoueuses étaient persuadées que Luna leur avait porté la poisse. Elles avaient eu raison de se méfier…
« Dis… Je peux te dire un truc ? Fit Millicent d'un air hésitant.
- Oui, bien sûr. Tu as un souci ?
- Oh non ! Mais en fait… Tu trouves pas que Ron est bizarre ?
- Bizarre ? S'étonna Harry, l'air de ne pas comprendre.
- Bah oui, bizarre. Hermione aussi, elle est bizarre. Tu trouves pas ? »
Elle l'entendit éclater de rire à l'autre bout du fil et elle se douta qu'il avait déjà compris. Ou peut-être que c'était une de leur manigance ? Elle ne manqua pas de lui demander s'il n'était pas derrière tout ça, Harry lui répondit qu'il avait juste poussé Ron à aller chercher Hermione jeudi dernier. Il ne vit pas Millicent lever au ciel mais son soupir exaspéré voulait tout dire.
« Manipulateur.
- Ah non, je l'ai juste aidé à approcher Hermione. Dis plutôt ça à Draco et Blaise, glissa le brun en imaginant leur tête.
- Pourquoi ??
- Demande-leur, tu verras. Mais n'en parle pas à Hermione ou ça va chauffer.
- Je les vois demain, je leur demanderai.
- Hermione sera avec toi ?
- Oh non, fit Millicent, comme si c'était évident. Mademoiselle a besoin d'un livre à l'autre bout de Paris et un charmant rouquin lui a proposé de l'accompagner. »
Harry éclata à nouveau de rire. Ça, Ron ne le lui avait pas dit… Voilà qui était intéressant… Il demanda à Millicent si elle avait le numéro de Ron, elle lui répondit pas l'affirmative, il lui interdit de l'appeler, il voulait le cuisiner lui-même. La jeune fille eut un petit rire et elle promit qu'elle ne l'appellerait pas.
« Ce serait bien s'ils se mettaient ensemble.
- Tu penses que Ron a une chance ? Demanda Harry.
- Oh oui, j'en suis certaine, affirma l'étudiante. Ça ferait du bien à Hermione.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Tu me promets de ne pas en parler à Ron ? Pria Millicent.
- Promis. C'est pas mon genre de répéter les secrets. »
L'étudiante expliqua alors que son amie était sortie pendant un an et demi avec un bulgare, Viktor Krum. Beau gars, sportif, un visage carré encadré de cheveux noirs avec des sourcils broussailleux au-dessus de ses yeux sombres. Il avait passé une année en France pour étudier, grâce à une bourse. Il était tombé amoureux de Hermione et ils avaient fini par sortir ensemble. Si, au début, tout était parfait, leur idylle dériva bien vite. Viktor était quelqu'un de peu démonstratif et d'extrêmement possessif, laissant, en fait, peu de liberté à Hermione. Il était particulièrement jaloux de Blaise, qui était quelqu'un de tactile, et il n'aimait pas vraiment Draco, qui n'était pas, mais alors pas du tout impressionné par ce grand gaillard qui devait bien faire une tête de plus que lui.
Ainsi, il étouffa Hermione, au point que celle-ci, pourtant si libre et têtue, ne respecte que sa volonté. Vint le moment où il dut retourner chez lui. Il voulut qu'elle le suive mais les parents de la jeune fille intervinrent et il rentra seul dans son pays. Pendant quelques mois, Viktor resta en Bulgarie, se déplaçant à chaque vacances jusqu'à Paris pour la voir, car elle ne voulait jamais venir le voir, même si ses parents avaient les moyens de lui payer le trajet. Il en vint à la harceler, nuit et jour, persuadé qu'elle le trompait. Ne supportant plus cette situation, ses parents intervinrent et forcèrent leur fille à couper les ponts. Il revint en France et voulut récupérer Hermione, en vain. Celle-ci, même si elle éprouvait toujours des sentiments pour lui, ne voulait plus le revoir, et ses amis la soutinrent du mieux qu'ils purent.
Harry fut assez étonné en entendant ce récit, et il ne put s'empêcher d'y voir un reflet de sa propre histoire. Pas exactement la même. Elle était même différente. Mais cette sensation d'étouffement, de harcèlement… Ils les avaient connues, ces sensations… Il ferma les yeux et dit à Millicent que Ron lui ferait oublier cet amour brisé, qu'il la rendrait heureuse. C'était un garçon avec des défauts mais bourré d'amour. Ses parents l'avaient nourri avec ça, et il n'attendait que le moment où il pourrait en offrir. Hermione ne serait pas malheureuse.
Pour changer un peu de sujet, Harry évoqua les amours de Millicent, qui demeuraient inexistants. Et ce fut à son tour de s'interroger sur la vie sentimentale du tatoueur, et celui-ci parla vaguement de quelques rendez-vous qu'il avait eus avec un homme, sans citer le nom de Draco, ne sachant pas si Millicent était au courant. Manifestement, Draco ne lui en avait pas parlé. Harry ne savait pas si le blond acceptait sa bisexualité ou s'il dissimulait son attirance pour les hommes. C'était justement un point sensible pour Harry. Il espérait sincèrement que Draco ne soit pas du genre à se cacher…
Mais il oublia rapidement ces doutes quand Millicent lui demanda s'il pouvait s'occuper d'une de ses copines, qui rêvait de se faire tatouer mais elle avait peur de tomber sur n'importe qui.
OoO
Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq…
« Seamus ! Ta gueule, putain de merde !!! »
Il n'avait pas tenu plus de dix secondes. Il avait essayé, hein, mais il n'avait pas réussi. Tout était question de patience…
« Je t'emmerde, Théodore ! »
Ledit Théodore grinça des dents à l'entente de son nom. Il avait horreur quand on le prononçait en entier. Il trouvait ce prénom stupide et préférait largement quand on l'appelait par son surnom, et rares étaient les personnes à se permettre de l'appeler comme ça. Les gens ne se sentaient pas assez proches de lui pour l'appeler Théo. Ça lui ferait pourtant tellement plaisir qu'on arrête enfin de lui rappeler qu'il avait un nom horrible…
« Espèce de tarlouze ! »
Il entendit son colocataire gueuler mais, pour le coup, il n'avait plus rien à dire. Maintenant, Seamus le connaissait assez pour savoir que ce genre d'insulte n'était pas sérieuse, mais pas suffisamment pour lui renvoyer la pareille. Si Harry avait été là, il l'aurait traité de « tapette », et Isaline l'aurait qualifié « d'homo refoulé ».
Le téléphone sonna. Théo se leva du canapé et attrapa le téléphone, en grognant un « allô » peu convaincu. Mais quand il entendit la voix de Harry, son regard s'éclaira et il retrouva sa bonne humeur.
« Ryry ! Tu vas bien ?
- Oui, ça va. Et toi ?
- Mieux depuis que j'ai entendu ta jolie voix.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Seamus chante sous la douche, c'est exaspérant.
- Pire que Sirius ?
- Bien pire ! »
Théo avait fugué chez Harry, et il avait connu l'époque où Sirius et Nymph' vivait encore chez Isaline. En fait, c'était lors de sa première fugue, et il en avait vu de toutes les couleurs : Nymph' qui se baladait à moitié à poil le matin et le soir, Isaline qui se battait en duel avec sa comptabilité, quand elle ne gueulait pas à cause de ses serpents, Harry qui fouillait le bazar ambiant pour retrouver son portable perdu, ou encore Sirius qui chantait sous la douche. Une famille de barges…
« Nan mais tu sais ce qu'il chante, en plus ? Fit Théo, atterré.
- Non, mais je vais vite le savoir.
- 3e sexe d'Indochine !
- J'ai pas envie de la voir nue ! J'ai pas envie de le voir nu !
- Ta gueule !
- Et j'aime cette fille aux cheveux longs, et ce garçon qui pourrait dire non…
- Mais t'es sourd ou t'es bouché ?!
- Tu gueules sur qui, là ? »
Théo se retourna. Seamus venait d'émerger de la salle de bain, une serviette autour des reins, et il s'essuyait les cheveux avec une autre. Il était plutôt bien foutu, mais Théo ne pouvait s'empêcher de trouver Harry plus mignon. C'était… une autre sorte de charme.
« Avec un pote.
- Tu parles souvent comme ça à tes potes ? »
Seamus ne semblait pas vraiment comprendre. Lui, il parlait correctement à ses amis. D'un autre côté, Théo parlait habituellement de manière assez familière, voire vulgaire. Bon, on s'y faisait, au fil du temps. Et, de toute façon, Seamus n'avait pas vraiment le choix…
« Ouais, et alors ? Va t'habiller, tu vas attraper froid. »
Et il revint à sa conversation. C'était fou comme il pouvait être d'humeur changeante. Un coup, il l'insultait, et le moment d'après, il s'inquiétait pour sa santé. Seamus vivait depuis quelques semaines avec Théo. Il avait eu un peu de mal au début, à cause de son homophobie, ses remarques désobligeantes, ses serpents et sa façon de s'adresser à lui. À vrai dire, il faisait tout pour lui pourrir la vie.
Mais Seamus commençait à comprendre que c'était sa façon d'être. Il était comme ça avec tout le monde, et d'après leurs amis communs, il faisait pas mal d'effort pour lutter contre son homophobie. Donc, dans le langage de Théo, « tarlouze » ou « tapette » n'étaient pas des insultes graves. Seamus avait alors décidé de ne plus réagir, mais ce n'était pas évident…
« Mais t'as fini de chanter ! Nan mais là, tu fais carrément tapette… »
Seamus haussa un sourcil. Tiens, Théo parlait avec un gay ? Ou c'était juste pour l'embêter. Tout en s'essuyant les cheveux, il écouta la conversation. Il comprit que l'interlocuteur de son colocataire chantait 3e sexe, ce qui exaspérait Théo. Puis, il prit de ses nouvelles, et Théo lui demanda s'il s'en sortait avec son prétendant. Seamus haussa les sourcils : Théo parlait civilement avec un gay ? Eh bé…
« Tu le vois à la fin de la semaine ? … Non ? … Ouais mais bon… Oh mon Ryry, je crois que tu es en train de tomber amoureux ! … Gueule pas comme ça, tu me retireras pas cette idée de la tête ! … Va te rhabiller, j'ai failli crever la dernière fois ! Demande à Cho, ça la fera maigrir… »
Théo ne tarda pas à raccrocher, car apparemment, la tante de son interlocuteur l'appelait. Il se retourna et vit avec surprise que Seamus était toujours là, en serviette, planté dans l'entrée du salon, se frictionnant les cheveux.
« Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ? Va t'habiller.
- Tu as des amis gays, toi ? Demanda Seamus, suspicieux.
- C'est le seul. »
Théo n'entra pas davantage dans les détails. Il s'avança vers Seamus et le poussa hors du salon vers sa petite chambre. Seamus tenta d'en savoir plus, mais en vain. Théo ne voulait vraiment pas parler de cet ami. Il se demanda d'ailleurs pourquoi. Mais mieux valait qu'il ne le sache pas : s'il faisait le rapprochement entre Harry et le futur petit ami de Draco, ça allait péter…
OoO
Le grillage du garage s'ouvrit et il y entra avec sa moto, la plaçant contre le mur, afin que son beau-père ne soit pas embêté quand il rentrerait après sa journée de travail. Draco descendit de la moto, retira son casque, tandis que Blaise en faisait de même. Il ouvrit le petit porte bagage et prit leurs sacs. Enfin, ils purent sortir du garage, dont le grillage se refermait lentement, pour rejoindre la maison.
Pendant quelques instants, Blaise espéra que sa mère soit en pleine séance shopping, et qu'elle ne serait donc pas à la maison. Mais il s'était trompé, car quand il cria un « Je suis rentré ! », la voix claire de sa maman lui répondit, toute joyeuse, et elle s'empressa de les rejoindre dans l'entrée, où les deux jeunes hommes retiraient leurs chaussures et leurs vestes.
Mrs Zabini était une femme très belle. Malgré sa quarantaine d'années, c'était une femme pulpeuse, fine et élégante. Le genre de femme dont la beauté vous retournait le cœur. Ses cheveux noirs étaient coupés plutôt courts, mais cela n'altérait en rien le charme que dégageait son visage, ses yeux un peu en amande, ses iris sombres et ses lèvres bien dessinées. Son maquillage discret mais élégant donnait une petite touche de charme en plus. Elle avait un teint quelque peu halé, sans doute à cause des UV, qui s'accordait à merveille avec sa robe rouge.
« Draco, quel plaisir de te voir ! »
Blaise s'avança vers sa mère et l'embrassa sur la joue. Lui était métis, son père étant noir, et la différence de leur couleur de peau tranchait quand ils étaient aussi prêts l'un de l'autre. Il avait hérité de certains traits de sa mère, tels que ses yeux ou encore son nez, mais d'après ce qu'il lui avait dit, il ressemblait beaucoup à son père.
Mrs Zabini s'avança vers Draco et l'embrassa sur les deux joues, heureuse de voir ce joli jeune homme chez elle. Elle leur proposa du thé mais Blaise refusa l'invitation et ils montèrent à l'étage, dans la chambre du jeune homme.
La chambre était assez spacieuse, et Draco n'osait imaginer ce que ce serait si elle avait été plus petite. Les murs étaient tapissés de posters en tous genres, d'autographes et de photos. Des étagères avaient été clouées aux murs pour soutenir ses livres et ses magazines, tandis que son bureau croulait sous les feuilles froissées, les stylos, papiers de bonbons, de gâteaux… Son ordinateur trônait à l'autre bout du bureau. Son lit longeait un mur, et une armoire imposante contenait ses nombreux vêtements. Cette chambre n'avait rien à voir avec la sienne, mais Draco l'aimait bien.
Il se souvint de toutes ces soirées qu'il avait passées ici, lui et Blaise couchés dans ce lit assez grand pour deux. Draco trouvait Blaise chanceux : il avait une belle maison, une mère aimante et attentionnée… Mais il avait rapidement compris à quel point il était important pour Blaise.
Blaise n'avait aucune stabilité. Sa mère avait épousé son père et il était né quelques mois plus tard. M. Zabini mourut d'une maladie rare qu'aucun médecin ne put soigner. Blaise avait deux ans à l'époque. Ce dernier ne ressentit pas vraiment la disparition de son père, pas plus que sa mère qui s'empressa de trouver un nouvel amant.
Mrs Zabini se maria sept fois. Après la mort de son père, Blaise vit donc six hommes traverser officiellement sa maison, et accessoirement sa vie. Des hommes plus ou moins différents, mais dont le compte en banque regorgeait de dollars. L'enfant avait tenté de trouver un père parmi ces autres hommes, mais, malgré leur affection pour lui, aucun n'eut réellement la figure d'un père dans son esprit. Il n'avait que sa mère, belle et séduisante, qui le couvrait de cadeaux et d'amour. Sans réellement s'intéresser à lui, sans vraiment voir son mal-être.
Blaise voyagea beaucoup à cause des différents époux de sa mère, jusqu'à revenir en France quand il avait seize ans. Il faisait connerie sur connerie, et sa mère céda à son caprice, et ils retournèrent vivre en France. Il fallait dire que son cinquième mari était mort, comme les précédents, dans des conditions mystérieuses. Elle ne tarda pas à s'en trouver un sixième, qui décéda à son tour, au bout de trois ans de vie commune. Et elle épousa par la suite le petit frère de son premier époux, et elle reporta donc le nom de Zabini.
Jamais sa mère ne désira avoir d'autre enfant que Blaise. Jamais elle ne le considéra comme un fardeau, comme une erreur de jeunesse. Mais Blaise était métis, et elle était blanche. Il reçu de nombreuses remarques plus ou moins désobligeantes là-dessus. Dans le fond, il savait que sa mère avait épousé son père pour l'argent, et qu'elle lui avait fait un enfant dans ce but, même si elle l'avait aimé pendant un temps. Il ne chercha jamais à comprendre la mort de son père ou de ses beaux-pères. Ni pourquoi sa mère avait eu sept maris…
De nature, Blaise était quelqu'un d'enjoué, mais ce n'était qu'un masque. Un masque qui cachait ces souffrances dues à l'absence d'un père, le défilé de prétendants, sa mère volage et si belle… Ces voyages, le manque d'attaches, ces amis inexistants…
Jusqu'à ce que Draco apparaisse. Il était si différent des autres. Ils n'avaient pas vécu les mêmes choses, car dans le fond, Draco n'avait jamais vraiment souffert à cause de sa famille. Mais lui aussi ressentait ce manque, alors que ses deux parents étaient là. Et lui aussi portait un regard désabusé sur ce qui l'entourait, lui aussi il était intelligent même s'il ne s'en vantait pas. Lui aussi n'avait pas d'amis. Juste des connaissances. Ils étaient tellement différents, tous les deux, qu'ils s'étaient rapprochés.
Draco était son meilleur ami et la seule personne en laquelle il avait vraiment confiance. Blaise tenait énormément à lui, car il était le seul avec qui il pouvait être sincère. A qui il pouvait tout dire. Lui faisait oublier sa solitude. Cette grande maison, où sa chambre était son refuge. Et puis, Draco le comprenait. Quand sa mère s'était mariée avec son oncle, Blaise avait du temps à digérer la nouvelle. D'ailleurs, même si ça faisait environ deux ans qu'il vivait avec eux, Blaise n'adressait quasiment pas la parole à son oncle. Il aimait sa mère, elle était la seule dans sa famille à avoir de l'importance. Il avait Draco, qui lui faisait oublier cet homme chez lui.
« Je suis crevé ! J'aurais jamais pensé que travailler dans un hôpital pouvait être aussi épuisant… Enfin, si, c'est fatiguant, mais on est juste des stagiaires, nous ! »
Blaise s'effondra sur son lit, son sac à ses pieds et son casque dans la main. Draco l'attrapa et posa les deux casques sur le bureau, puis il laissa tomber son sac sur la moquette et il se laissa tomber sur le lit de Blaise. Ils venaient de terminer leur journée, Draco avait attendu Blaise, à la fois pour qu'il le ramène mais aussi pour passer un petit moment avec lui.
« McGonagall me soule. Avec elle, rien ne va, elle n'arrête pas de me faire des critiques, c'est exaspérant. »
Ils parlèrent un long moment de leur journée, tous deux assis sur le lit, le dos contre le mur. On aurait dit deux adolescents, malgré leurs vingt-deux ans. Ils auraient pu prendre un café dans un bistrot et discuter, mais c'était tellement agréable d'être installé dans un endroit chaud où on pouvait se mettre à l'aise.
La conversation dériva sur les amours. Blaise adorait taquiner Draco, surtout en ce moment. Blaise avait laissé tombé avec son infirmière, qui semblait vexée parce qu'il ne faisait plus attention à elle. Le métis demanda à Draco où il en était avec Harry, s'il allait le voir samedi. Draco soupira, exaspéré : il devait dîner chez des amis de ses parents, les Yaxley. Il aurait préféré éviter ça, mais bon, il n'avait pas vraiment le choix. Il allait devoir appeler Harry pour lui annoncer la nouvelle. Il se demanda bien quelle serait sa réaction…
OoO
« Ah ? C'est pas grave, ne t'inquiète pas.
- Tu es sûr ? Je peux toujours essayer de me libérer.
- Ne t'embête, on se verra la semaine prochaine. Si ton emploi du temps le permet.
- Harry, franchement, si je pouvais éviter d'y aller, je le ferais. Tu es de plus agréable compagnie. »
Le brun eut un léger sourire. Cela faisait bien un mois qu'ils se voyaient tous les samedis, ce n'était pas pour une fois qu'il allait faire la tête. Draco était occupé, tant pis. Et puis même, il était libre de faire ce qu'il voulait de son samedi. Il le dit au blond qui répliqua que, justement, il aurait bien voulu que ce soit vrai. Comme ça, il ne serait pas allé dîner chez les Yaxley.
« C'est si horrible que ça ? S'étonna Harry.
- Je ne peux voir aucun ami de mon père. Ça te va comme réponse ?
- Tu es charmant, tu le sais ?
- En toute circonstance. »
Harry eut un léger rire, auquel Draco répondit. Il était installé sur son lit, son dos appuyé sur un coussin. Nous étions jeudi et il devait bien être dix-huit heures. Ça leur faisait du bien à tous les deux d'entendre la voix de l'autre, surtout qu'ils n'allaient pas ce voir pendant le week-end. Cette constatation avait fait rougir Harry de gêne : un mois que Draco en avait après lui et il commençait déjà à se languir de leurs rendez-vous manqués. Il commençait à être sérieusement atteint…
« Sinon, et ta journée ?
- Ça va, j'ai vu pire.
- Tu as fait quoi comme tatouages ? Demanda Draco.
- Une fleur de lotus, des tribales et… une fée.
- Une fée ? Comment on peut se tatouer ça ?
- C'est rien, j'ai vu bien pire, rit Harry. Et toi ? Tu as travaillé à l'hôpital, c'est ça ? »
Tiens, il s'en rappelait, songea Draco. C'était stupide mais cela lui fit plaisir. Le blond lui raconta un peu sa journée, la difficulté de s'intégrer, les malades qui affluaient, les opérations qui s'enchaînaient… Certes, il n'était pas encore diplômé, mais il avait quand même du travail à faire, et voir tous ces malades arriver aux urgences, leurs lits roulant dans le couloir, entourés d'infirmières…
Harry l'écoutait parler, tentant d'imaginer Draco en blouse blanche, arpentant les couloirs de l'hôpital. Harry n'avait jamais aimé les hôpitaux, pour les avoir fréquenté un petit bout de temps, et aussi pour ce qu'ils représentaient : la maladie et la mort flottaient dans les couloirs, stagnant autour des patients, dont l'opération finissait par une réussite ou un échec. Sincèrement, il admirait Draco, qui avait choisi un beau métier qui se révélait difficile…
« Je ne vais pas t'embêter plus longtemps avec ça.
- Tu ne m'embêtes pas ! Rétorqua le brun. Ça change des tatouages. En plus, on voit pas souvent de médecins, chez nous.
- Vous êtes mal vus pas les médecins, c'est normal.
- Tu me vois mal, moi ??
- En général, idiot ! »
Draco poussa un soupir exaspéré en l'entendant rire. Les tatoueurs, perceurs, et autres personnes dans ce genre-là étaient forcément mal vus par la médecine, à cause notamment des infections en tout genre. Mais Draco ne pouvait accepter Harry que tel qu'il était, et donc son métier rentrait en compte. D'ailleurs, il se demanda si Harry était plus tatoué qu'il n'en avait l'air…
« Au fait, Millicent est passé nous voir, mardi. T'es vraiment qu'un salaud.
- Moi ?? Pourquoi ??
- Tu aurais pu éviter de lui dire qu'on les avait manipulés ! S'exclama Draco.
- J'ai pas pu résister. Elle me disait que j'étais manipulateur ! C'est normal que je me défende, non ?
- Mouais… Je lui ai dit pour nous. »
Autant dire que Millicent fut complètement choquée quand elle apprit la nouvelle. Draco et Blaise pensaient qu'elle avait des doutes, car peut-être que Harry lui avait glissé quelques sous-entendus… Mais non, il ne lui avait rien dit du tout, et Draco se demandait si c'était parce qu'il voulait rester discret ou si c'était pour lui qu'il n'avait rien dit.
« D'accord… Je n'ai pas osé lui dire, je ne savais pas comment tu réagirais.
- J'assume ma bisexualité, affirma Draco. Ce n'est pas pour autant que tu me verras très démonstratif en public.
- Même tenir la main ? Demanda Harry.
- Je ne suis pas insensible à ce point.
- Je n'ai pas dit ça !
- Tu le penses si fort… Fit Draco pour le taquiner.
- Je vais te laisser.
- Tu es vexé ?
- Pas du tout, mais si je ne raccroche pas, c'est Tata qui va être vexée. Je te rappelle ce week-end, d'accord ?
- Pas de soucis. A plus.
- A plus. »
Et Harry raccrocha, écoutant à peine les cris de sa tante, qui était en train de fermer la boutique avec Nymph'.
OoO
Harry était en train de se muscler les bras. Il avait couru une bonne quarantaine de minute, ses écouteurs aux oreilles, et il avait décidé de faire un peu de musculation, à la fois pour ses bras mais aussi pour ses jambes.
Quand il était jeune, Harry était un enfant fin et d'apparence fragile. Il s'était remplumé quand Isaline l'avait pris sous son aile, mais il était longtemps resté un garçon chétif. Il avait même eu quelques complexes, se jugeant peu attirant, à cause de ses genoux noueux, ses cheveux constamment en bataille et son manque de muscles. Et puis, les filles le trouvaient mignon, mais pas spécialement beau.
Il n'avait pas vraiment commencé à faire du sport à cause de ce complexe. Il aimait bien le sport, en particulier quand il fallait courir, mais il n'avait jamais jugé utile d'entrer dans un club, dans la peur de se ridiculiser. Isaline avait un tapis de course, et elle avait investi dans un nouvel appareil. Harry avait décidé de se lancer, pour voir. Il avait eu du mal au début, manque de motivation, mais quand il sentit ses muscles se raffermir, son torse se sculpter, il reprit confiance en lui. Il allait sur ses quinze ans, à l'époque. Il était plutôt jeune, mais il ne pratiquait pas la musculation à haute dose, et Isaline et Sirius le surveillaient. Sauf la course, il y avait pris goût.
Harry avait un peu grandi, et au lycée, il devint vraiment attrayant. Déjà, il gagna quelques centimètres, et il était bien connu que les filles apprécient les torses bien dessinés, même si Harry ne se musclait que pour lui-même, tentant d'effacer ce vieux complexe, et non pour attirer les nanas dans son lit. La seule chose qui n'avait pas vraiment changé chez lui, c'était sa taille. D'ailleurs, il avait remarqué, à son plus grand dam, que Draco faisait presque une tête de plus que lui. Presque. Tout était dans le « presque ». D'ailleurs, le blond lui en avait la remarque, et Harry avait donné un coup dans les côtes.
Mais sa taille ne gâchait rien à son charme, d'après ce qu'on lui avait dit. Harry s'y était résigné, jamais il ne serait Michael Jordan, ni pour ses performances en basket, ni pour sa taille. Sirius lui avait assuré qu'il tenait ça de sa mère, mais Isaline lui glissait toujours que James n'était pas bien grand non plus. S'il s'était marié avec elle, Harry aurait eu plus de chances d'avoir une taille correcte, lui avait-elle dit.
Harry avait haussé un sourcil, se demandant si sa tante n'avait pas eu des vues sur son père, mais cette dernière s'était rapidement expliquée : théoriquement, il y aurait eu plus de chances que James tombe amoureux d'elle que Lily de Sirius : même si elle l'aimait bien, jamais elle ne se serait mariée à une asperge pareille, elle aurait trop complexé sur sa taille. Cela dit, Isaline préférait les hommes aux cheveux châtains, elle avait trop fréquenté de bruns ténébreux, ils ne lui apportaient que des ennuis. Et Harry en faisait partie…
Harry n'aimait pas vraiment attirer les regards, même si cela le flattait. Il était de nature assez innocente, ayant perdu sa méfiance au fil des années, chouchouté qu'il était par Isaline et son parrain. Jusqu'au jour où le professeur Riddle, enseignant la physique, se mit à le harceler. Harry n'avait pas été le seul, il y en avait eu d'autres avant lui.
Au début, ce professeur porta son attention sur lui, alors qu'il était connu pour sa froideur et sa méchanceté. Cet homme le terrifiait même s'il n'en montrait jamais rien, et quand Harry devint son obsession, il ne mit à lui faire des avances, de plus en plus poussées, au point que cet empressement devint du harcèlement. Harry n'osait plus aller au lycée, il était pris de mots de ventre terribles et ses notes chutaient. Il ne cessait de recevoir des lettres, des coups de téléphone, et ces regards qu'il lui lançait en cours…
Harry tenta d'en parler à son parrain, mais il avait peur de sa réaction. Harry commençait sérieusement à être attiré par les hommes, et même si Sirius avait des liaisons des « deux côtés », l'adolescent craignait un certain rejet. Paradoxalement, il préféra en parler à Isaline, qui convoqua le professeur Riddle. Inutile de préciser qu'elle le menaça de toutes les tortures imaginables s'il osait poser les mains sur Harry. Sauf qu'il ne l'écouta pas, et il s'en prit encore plus à Harry, le ridiculisant en cours, l'appelant au téléphone même s'il ne répondait jamais, lui laissait des mots, le collait pour passer du temps avec lui… Jusqu'au jour où Isaline et Sirius portèrent plainte, les menaces n'agissant pas sur un tel homme.
Si les problèmes de Harry furent ainsi réglé, en réalité, il n'en fut rien. Ce harcèlement continu le traumatisa, et il ne fut plus capable de remettre les pieds au lycée, terrifié à l'idée de rencontrer à nouveau un professeur comme Mr Riddle, ou encore d'affronter les regards des autres élèves. Il développa une espère de phobie de l'école, qui le força à arrêter ses études. Du moins, jusqu'à ce qu'il se fasse violence pour entrer dans la comptabilité, étudiant pendant quelques années afin de pouvoir gérer sa propre entreprise, dans le but de succéder à Isaline.
Jamais elle ne mentionna le fait qu'il puisse devenir tatoueur. Avec douceur, elle lui fit comprendre que ce n'était pas en restant cloitré chez eux qu'il avancerait. Il devait se battre, et faire quelque chose qu'il aimait. Harry voulait poursuivre ses études dans la branche économique, n'ayant aucune facilité ni en sciences, ni en littérature, même si les langues étaient un atout.
Sachant très bien dessiner, et étant donné que sa tante lui donnait elle-même des cours de dessins et de peinture parce qu'il adorait ça, l'idée de devenir tatoueur germa dans son esprit. Après tout, il avait grandi au-dessus d'une boutique de tatouage, il avait vu Isaline, puis Nymphadora en pratiquer, et lui-même éprouvait le désir de se faire tatouer. Il baignait dans le milieu depuis longtemps, alors il décida de se lancer là-dedans, et il se battit contre sa jeune phobie pour être capable de gérer la boutique d'Isaline, quand elle prendrait sa retraite, et même quand elle était épuisée par sa comptabilité.
Au début, ni Isaline, ni Sirius n'étaient vraiment chaud. Sirius savait que Harry avait des capacités, mais il ne lutta pas longtemps : si c'était ce qu'il voulait faire, et bien qu'il le fasse. Cependant, il insista fortement sur cette histoire de comptabilité, c'était sa seule condition. Mais Isaline fut plus difficile à convaincre. Elle aurait préféré que Harry fasse autre chose, qu'il aille plus loin qu'elle. C'était son petit rêve à elle, qu'il réussisse vraiment dans la vie, alors qu'elle s'était arrêtée en cours de route, pour aider son père.
Harry savait qu'Isaline avait placé certains espoirs sur lui, et au fond de lui, il était blessé parce qu'il n'avait pas réussi à les réaliser. Même quand elle accepta de le prendre comme apprenti, il sentit qu'elle était un peu déçue, même si elle n'en montra rien. Plus tard, allongé sur un lit aux draps déchirés, dans une petite chambre sans lumière outre celle diffusée par les vitres sales de la fenêtre, il songerait qu'il avait été bien égoïste. Tout cet argent qu'elle lui avait offert pour qu'il fasse de bonnes études, ces petits sacrifices… Sirius qui se débrouillait pour contribuer à leurs revenus, la boutique qui marchait plus ou moins bien… Il avait été égoïste. Il aurait au moins pu avoir son bac. Juste pour lui faire plaisir, à Isaline. Au lieu de la suivre, elle qui avait tout sacrifié pour son père. Il aurait dû continuer. Quel aurait été son visage, le jour où ils seraient allés voir les résultats, sur les panneaux d'affichage ? Quelle aurait été sa joie, en voyant qu'il l'avait eu ? Quels auraient été…
Harry cessa ses mouvements, les bras douloureux. Il ferma les yeux et respira à fond. Ces moments-là, il ne les avait pas connus. Et il ne les connaitrait jamais. Il savait que sa peur du lycée y était pour quelque chose, qu'il avait besoin d'un endroit sécurisant, là où il ne risquait rien. Il savait bien qu'il avait fait ce choix pour lui faire plaisir, aussi, un peu comme s'il voulait rembourser tout ce temps et tout cet argent qu'elle avait dépensé pour lui.
Mais c'était sans doute ce qui lui avait fait mal, à Isaline. Elle aussi avait fait la même chose, quand son père avait eu des soucis d'argent, et que sa dépression commençait à le détruire, au fil des jours. Elle avait arrêté l'école pour l'aider, pour le soutenir. Pour rembourser toutes ces années de sacrifices. Et Harry refaisait la même chose. Un peu pour se faire pardonner.
Les années étaient passées, depuis, et ils ne parlaient plus vraiment de ça. Harry savait que sa tante était fière de lui, qu'il était toujours son bébé, et qu'elle l'aimerait toujours, malgré toutes les emmerdes qu'il lui avait apportées. Le harcèlement de ce type en était une, d'emmerdes. D'autres avaient suivies.
Mais Harry ne voulait pas y penser…
OoO
Elles sautèrent dans la rame de métro, puis cherchèrent des places où s'asseoir. Millicent jeta un œil à la ligne de métro, au-dessus des portes vitrées, comptant dans sa tête le nombre de stations qui les séparait de la boutique de tatouage.
A l'université, même si peu de personnes étaient au courant de son tatouage, ses amies n'avaient pu qu'être admiratives en voyant l'étalon sur son épaule, le trouvant vraiment bien dessiné et coloré. Au point que Daphné, qui rêvait d'avoir un tatouage, avait fini par lui demander si Millicent pouvait lui donner l'adresse de son tatoueur, encouragée par les éloges que l'étudiante faisait de Harry. Suite au coup de téléphone qu'elle avait échangé avec ce dernier, elle avait donné le numéro de la boutique à sa copine, qui s'était renseigné sur tout un tas de choses, avant de se décider de pour se faire tatouer le samedi qui venait.
Daphné Greengrass était une belle fille. Des cheveux blonds, fins et raides descendaient jusqu'au milieu de son dos et elle avait de jolis yeux bleus. De plus, elle était assez fine, ce qui allait en accord avec son visage joliment dessiné et maquillé. Elle rêvait de se faire tatouer un petit ange sur l'intérieur de sa cuisse gauche, une sorte de défi lancé à elle-même.
Pour l'occasion, Hermione les avait accompagnées, dans le but secret de voir Ron, sans se douter une seconde que, au cas-où, Harry avait appelé Ron pour qu'il vienne lui rendre une petite visite, à la fois pour le cuisiner mais aussi pour qu'il puisse voir Hermione, étant donné que Millicent lui avait fait comprendre que son amie viendrait certainement avec elles.
Cela faisait longtemps que la jeune fille n'avait pas éprouvé d'attirance pour un garçon, et Ron lui plaisait. Bon, elle avait trouvé, sans trop chercher, pas mal de défauts, dont sa gloutonnerie et sa maladresse, mais dans sa façon de se faire pardonner ses petites dérives, il était incroyablement craquant. Les joues écarlates, comme ses cheveux, ses yeux bleus brillants et sa voix balbutiant qu'il était désolé… Elle ne savait pas si beaucoup de filles pourraient résister à une pareille vue.
Et pourtant, Hermione n'était pas réputée pour être particulièrement romantique, loin de là. Avec Viktor, au contraire, elle était assez terre-à-terre, même si elle dériva au fil des mois. Même si elle avait été vraiment heureuse, pendant un temps, avec lui, il n'y avait pas eu ce romantisme stupide qui anime les cœurs et qui fait voir les étoiles. D'ailleurs, quand elle y pensait, ils n'avaient jamais couché ensemble, même s'ils étaient restés un an et demi ensemble. Il avait voulu la forcer, mais le refus de sa petite amie n'avait jamais faibli, et il refusait de l'avoir par la force. Sa jalousie maladive était aussi née de ça. Hermione avait au début refusé d'avoir des rapports avec lui, afin de lui faire comprendre qu'il devait se calmer s'il voulait qu'ils aillent plus loin. Au fil du temps, le « non » était devenu une habitude…
Avec Ron, c'était différent. Oh, c'était du flirt, ni plus ni moins, mais c'était agréable. Elle sentait qu'il était attiré par elle, et il tentait tant bien que mal de l'approcher, de la connaître, de lui faire plaisir. Un grand bêta qui se déplaçait comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ce gars était idiot, mais de façon vraiment adorable… Elle n'avait l'habitude de fréquenter que des personnes de l'université, et Ron était comme une bouffée d'air frais.
Elle n'était pas au courant pour Draco et Harry, Millicent ne lui avait rien dit là-dessus. Cette dernière ne savait pas si cela allait durer entre les deux hommes, Draco ne lassait vite et Harry ne devait pas être facile à conquérir, vu ce que Draco lui avait dit. A vrai dire, à sa connaissance, personne n'avait fait poireauter Draco aussi longtemps avant que leur mise en couple ne soit officielle. Mais malgré cela, Millicent sentait que cela plaisait à Draco, car cela prouvait que Harry était sérieux. Même s'il le sentait doucement succomber, sa réaction première avait été de vouloir être séduit, il avait opposé une certaine résistance.
Ils arrivèrent à la station, et les trois filles descendirent, montèrent les escaliers, puis furent dehors. Millicent tourna sur elle-même pour se localiser, puis elles s'engagèrent dans une rue. Au bout de quelques minutes, la baie vitrée de la boutique leur apparut. Elles traversèrent, puis poussèrent la porte, qui émit un petit son de cloche.
La radio était branchée, diffusant un air de rock dans la salle, où la patronne s'occupait du dos coloré d'un client, tandis que Nymph' tentait de calmer un client : non, cette rougeur n'était pas une infection mais une réaction normale, son tatouage datait de la veille. Et Harry, enfin, retirait ses gants, ayant terminé son travail. Il adressa un sourire aux nouvelles venues.
Daphné fut très étonnée quand elle vit le tatoueur. Certes, Millicent et Hermione lui avaient assuré qu'il était jeune et qu'il ne correspondait pas à cette caricature du tatoueur baraqué au corps recouvert de motifs plus ou moins colorés. Au contraire, elle le trouva vraiment mignon, ses cheveux noirs ébouriffés comme au saut du lit, des mèches rouges éparpillée dans sa chevelure ébène, le corps assez mince mais musclé. Il portait un tee-shirt un peu grand qui dévoilait une partie de ses tribales tatouées sur son épaule, et un pantalon trop large pour lui.
Millicent et Hermione vinrent l'embrasser, tandis que le client se rhabillait. Hermione chercha Ron des yeux, mais il n'était pas là, et elle se traita d'idiote quand elle sentit la déception l'envahir. Harry termina avec son client, puis il serra la main à Daphné, et se présenta.
« Je suis Harry, et c'est moi qui vais m'occuper de vous. »
Il lui sortit son blabla habituel, même s'il l'avait déjà fait par téléphone, puis il examina la forme de son tatouage. Il était somme toute assez simple, mais ce n'était pas pour autant qu'il devait négliger son travail. Quelques minutes plus tard dans la petite salle de derrière, Daphné était allongée sur le dos, le pantalon baissé, ne gardant que sa culotte noire sur elle, les jambes écartées. Harry lui avait proposé de se faire tatouer par Nymph', comme c'était une fille, mais Daphné semblait trouver ça plus… intéressant de se faire tatouer un pareil endroit par un homme, surtout s'il était aussi mignon.
Les trois filles s'étaient attendues à ce que Harry rougisse, au moins une fois pendant l'entretien, mais jamais aucune rougeur ne monta à ses joues. Il semblait habitué, tatouer les cuisses des filles ne le dérangeait pas, pas plus que de s'occuper de leurs seins. Mécaniquement, pour faire oublier un peu cette position gênante, Harry engagea la conversation, partant sur le sujet vaste des études. Daphné voulait devenir notaire et elle étudiait à la Sorbonne, comme les deux autres filles.
Sans qu'il ne sache ni pourquoi, ni comment, la conversation dériva sur Draco et Blaise. Harry parlait de façon assez innocente, n'ayant, officiellement, quasiment jamais vu les deux étudiants, et Daphné semblait intarissable sur le sujet. Millicent tentait de changer la trajectoire de la conversation, mais en vain, et Harry comprit rapidement pourquoi elle voulait éviter qu'on parle de Draco.
« En fait, si je le connais aussi bien, c'est parce que ma sœur Astoria est sortie avec lui. »
Millicent aurait presque put voir des oreilles de chien se dresser sur la tête de Harry, tant ses yeux brillèrent d'intérêt. Ni Hermione, ni Daphné ne remarquèrent sa curiosité, mais pour Millicent, son silence était des plus révélateurs.
« Astoria est ma sœur aînée, ils sont sortis ensemble quand Draco avait dix-neuf ans. On avait le même âge, lui et moi.
- Et ils ne sortent plus ensemble, maintenant ? Demanda Harry, les yeux posés sur le tatouage.
- Tu penses ! Il ne reste jamais longtemps avec la même copine, ou le même copain. Il est bi, cet enfoiré.
- Daphné ! S'exclama Hermione.
- Oh, je suis polie ! Avec ce qu'il a fait à ma sœur, ce salaud. Tu sais ce qu'il lui a fait ? Fit Daphné en regardant Harry, qui leva les yeux. Il a couché avec elle au bout d'un mois, et il l'a larguée un mois après. »
Harry ne cacha pas sa surprise. Draco lui avait dit qu'il ne restait jamais longtemps avec la même personne, mais c'était quand même un peu abusé, là, non ? Il attendit néanmoins que la jeune fille continue, cette dernière semblait particulièrement contente de pouvoir déverser son venin.
« Ils se sont rencontrés pendant une soirée. Astoria est tombée folle amoureuse de lui, tu vois ? Elle a cherché à le revoir, et puis ils sont sortis ensemble… »
Elle lui expliqua que, au début, leur couple fonctionnait plutôt bien, même si Draco était assez exigeant, voire même égoïste par moments. Astoria répondait au moindre de ses désirs, et Daphné lui assura qu'il en profitait parce qu'elle avait trois ans de plus que lui.
« Et puis, au bout d'un mois, Astoria lui a cédé sa virginité. Il voulait coucher avec elle et elle ne voulait pas le perdre, tu vois ? »
Oui, il voyait, songea-t-il, l'agacement pointant dangereusement le bout de son nez. Il avait beau se concentrer sur le tatouage, il ne pouvait s'empêcher de réagir intérieurement à ce que lui racontait l'étudiante.
« Un mois plus tard, il l'a larguée. Astoria l'aimait comme une folle et il parait qu'ils avaient évoqué un mariage, mais tu vois, comme ça. Ils se voyaient déjà dans l'avenir, mais du jour au lendemain, il l'a laissée tomber. »
Il n'avait quand même pas été salaud à ce point ? Se demanda Harry. Devait-il se fier à ce que cette fille lui racontait ? Il avait des doutes, Draco n'était sans doute pas ce genre de personne, mais il le connaissait si peu…
Millicent se fit violence pour ne pas ordonner à Daphné de se taire. Elle voyait que Harry était tendu, et quoi de plus normal ? Draco le draguait, ils se baladaient ensemble, allaient au restaurant, et voilà ce qu'il apprenait… Mais la sublime et magnifique Hermione mit son grain de sel.
« Tu oublies les disputes incessantes que Draco avait avec ta sœur, rétorqua l'étudiante. Sans oublier qu'elle ne prenait plus la pilule. Quand Draco l'a quittée, elle a sauté dans les bras du premier venu et elle est tombée enceinte. »
Ce fut comme une gifle pour Daphné qui se redressa. Harry sursautant, poussa un petit cri de surprise, Daphné ayant soudain bougé la jambe, heureusement dans le mauvais sens. Le tatoueur lui lança un regard mauvais et lui ordonna de ne plus jamais faire ce genre de chose ! Daphné s'excusa, elle n'avait pas réfléchi, mais sa colère contre Hermione ne s'amoindrit pas pour autant.
« Astoria était malheureuse ! Sa réaction peut se comprendre !
- Je ne veux même pas penser à ce qui se serait passé si Draco avait arrêté de se protéger.
- Hermione !!
- Il suffit d'une fois, comme on dit, soupira cette dernière.
- Oh les filles ! Du calme !
- Dis ça à elle ! S'exclama Daphné.
- Ryry !! Cria Isaline, dans la boutique. Ronny est arrivé ! »
Les yeux de Hermione pétillèrent, ce qui fit pouffer Millicent. Daphné haussa un sourcil, mais elle n'eut pas vraiment le temps de s'interroger, car Harry grogna que, si jamais elle bougeait encore une seule fois, il l'assommerait. La jeune fille se laissa donc faire, même si elle était en colère contre Hermione. Cette dernière ne supportait pas quand Daphné dramatisait cette histoire. Certes, Astoria avait souffert, elle était amoureuse de Draco, et leur rupture l'avait blessée. Mais Draco en avait suffisamment bavé avec elle comme ça, il n'était pas le seul fautif dans cette histoire.
Harry, qui finissait le tatouage, se sentait un peu mieux : Hermione venait de lui montrer que Draco n'était pas aussi con qu'il semblait l'être d'après Daphné, mais les doutes persistaient, et dès qu'il le verrait, il lui en parlerait en face à face. Pas au téléphone. C'était comme MSN, il était facile de se cacher. Il n'y avait rien de mieux que les affrontements en face à face…
Harry termina son travail et posa le pansement sur la cuisse maintenant tatouée de l'étudiante, et ils passèrent de l'autre côté de la boutique. Ron était assis devant le comptoir, discutant avec Nymph' qui attendait son rendez-vous, qui avait un peu de retard. Hermione vint vers lui pour lui faire la bise, et Harry vit dans leu regard cette tendresse du flirt, en particulier quand ils se mirent à discuter. Daphné ne le reconnut pas. Elle ne lui porta d'ailleurs aucun regard.
OoO
« Y'a quoi ce soir ?
- Absolument rien. À quoi ça sert d'acheter le Télé Loisirs, y'a jamais rien de bien.
- Tu rigoles ? Y'a Docteur House le mercredi !
- On se met un film ?
- Tu veux regarder quoi ? »
Harry se leva du canapé, jetant le magazine sur la table basse, puis jeta un coup d'œil à la longue série de DVD alignés les uns à la suite des autres, rangés par ordre alphabétique. Isaline apparut dans le salon, ayant terminé de ranger la vaisselle dans les placards, et elle se posta à côté de Harry.
« Requiem for a dream ? Proposa le brun.
- Ah non, je vais chialer. Quand la mamie subit les électrochocs, je supporte pas.
- La liste de Schindler ?
- Non plus, je me mets à pleurer dès que j'entends la musique.
- Titanic ?
- T'as envie de pleurer ou quoi ? »
Harry poussa un soupir. Il n'était pas spécialement de bonne humeur, et même s'il savait qu'un film triste n'améliorerait pas son état, il n'avait pas vraiment envie de regarder un truc joyeux ou stupide. La discussion qu'il avait eue avec Daphné était une cause de sa mauvaise humeur, mais l'absence de Draco y était aussi pour beaucoup.
« Bon, allez, on se met Le seigneur des anneaux, le troisième. J'ai pas tout suivi la dernière fois, je faisais des crêpes.
- C'est pas comme si ça t'intéressait vraiment.
- C'est pas comme si tu avais beaucoup suivi. »
Effectivement, Harry avait regardé Seigneur des dodos avec beaucoup de conviction. Il avait vraiment regardé la fin, mais toute la séquence combat avait été suivie d'un œil morne et quelques bâillements. Isaline et Harry s'installèrent alors sur le canapé, télécommande à la main et enveloppés de couvertures, l'un contre l'autre, et le film démarra, dans la pénombre du salon.
Mais les pensées de Harry n'étaient pas vraiment concentrées sur le film, bien au contraire. Ses pensées étaient tournées vers Draco, qui n'était peut-être pas encore rentré chez lui, à l'heure qu'il était.
Tout l'après-midi, et toute la soirée, il avait pensé à lui. Ce qu'avait dit Daphné ne l'avait guère rassuré, mais il éprouvait le besoin de revoir le blond. Tous les samedis, il le voyait, et là, il ressentait son absence comme un manque. Ils ne faisaient que dîner, pourtant, et discuter. Et Harry se surprenait à désirer ardemment le moment où il pourrait retrouver Draco, lui parler, admirer ses yeux bleus, le regarder marcher de cet air sûr de lui, sa silhouette affinée par ses vêtements coûteux…
Draco lui plaisait plus que de raison, et au fond de lui, Harry savait que, si Draco lui demandait franchement de sortir avec lui, il accepterait. Un mois que Draco le draguait, un mois qu'il passait ses samedis soirs avec lui. Et Harry, ce soir, se rendait compte à quel point il était attiré par le blond, pas seulement physiquement, dans son caractère, aussi. Noble, un peu hautain, fier de lui. Le genre de particularités qu'il ne supportait pas, en général, mais qu'il trouvait séduisantes chez Draco. Sa façon de se moquer, de rire, son humour, son regard égaré quand il mentionnait ses études et l'hôpital, leur complicité, leurs mains liées…
Il était stupide. Vraiment. Trois ans qu'il n'avait pas été attiré par quelqu'un. Draco se ramenait à la boutique, l'invitait à une soirée entre amis, puis à des rendez-vous. Le doute l'avait assailli, comme toujours, mais avec moins d'intensité que d'habitude. Harry éprouvait l'envie, mais aussi le besoin, de continuer. A vrai dire, quand Draco avait entrelacé leurs doigts, Harry avait eu une impression de déjà-vu, et il se rappelait du bonheur que lui procurait ce simple geste.
Trois ans qu'il n'avait pas été attiré par quelqu'un. Trois ans que personne n'avait jamais réussi à lui plaire, même avec le temps, même avec l'usure. Et, en un mois, Harry tombait sous le charme de ce fils de riche, de ses yeux bleus et de sa voix. Il n'était pas le seul, et ne serait sans doute pas le dernier.
Plus que jamais, il désirait continuer, en espérant que cela se terminerait en quelque chose de bon. Et non un fiasco, comme la dernière fois…
Harry se blottit contre Isaline, qui en fit de même, et ils regardèrent le film, sans grande conviction, puis ils allèrent se coucher…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
