Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
Hello les gens !!
Lys : Ayé !! Le bac est FINI !!!
Enfin… J'en pouvais plus !
Lys : Et ta mère non plus, elle stressait plus que toi !
Merci à toutes vos reviews, elles m'ont motivées ! Si si, j'ai été silencieuse, mais elles m'ont vraiment motivées ! Vu comme je suis douée en éco et en histoire... Je ne pensais à qu'à ce chapitre qui, j'espère, vous fera plaisir. Merci de votre soutien ! Donc voici un nouveau chapitre qui, j'espère, vous plaira ! Bon, j'ai eu quelques délires…
Lys : Les jouets !!! XD
Bon, il y a de la guimauve dans ce chap…
Lys : ILS SONT ENSEMBLE !!!
…
Lys : ENFIN !!!
…
Lys : Quoi ?
Bon, je peux continuer mon blabla inutile sans être interrompue ?
Lys : Je t'en prie :p
Surtout, que bon… Ensemble...
Lys : A tous ceux qui lisent ce blabla qui ne sert à rien ! Je vous préviens que…
Tais-toi !!
Lys : La côte de popularité d'un personnage de cette histoire va diminuer ! XD
… Bon, j'espère que ça vous plaira quand même… Et merci à tous ceux qui m'ont souhaité mon anniversaire !! :-) Ca m'a fait super plaisir ^__^ Ayé, je suis une vieille ! Six ans que j'écris, ça se fête ! XD
Bonne lecture !
Chapitre 10
C'était bizarre comme sensation. Vraiment, c'était bizarre. Cela ne faisait pas longtemps qu'il avait commencé son stage, pourtant. Mais c'était bizarre. Un peu comme un coup de poing lancé contre son cœur, défonçant tout ce qu'il y avait à l'intérieur, sans aucune retenue.
Draco était assis à une table de la salle de repos, un gobelet de café devant lui. Il se rappela une conversation qu'il avait eue avec Harry, lors de leur dernier rendez-vous. Ce dernier lui avait dit que, quand il était encore adolescent, il avait trouvé un petit boulot dans un marché. Il avait l'habitude de voir des petits vieux venir chercher leurs fruits et légumes, et il se sentait toujours un peu triste quand il ne voyait plus les premiers habitués qu'il avait connu venir à son stand.
Sur le coup, le blond n'avait pas vraiment compris ce que Harry lui avait raconté, mais en cet instant, il saisissait. Il y avait des habitués, ici, des gens malades qui souriaient comme si cela pouvait détourner la mort de leur sort. Des malades qui étaient là depuis un certain temps, que Draco avait vu dans leurs chambres. Des malades qu'il côtoyait, qui lui avaient souri, lui parlant comme ça, comme au marché, de tout de rien, juste pour avoir un peu de compagnie.
Une de ses « clientes », une de ses « habituées » était partie. Elle ne reviendrait plus, cette femme souriante qui vivait parce qu'il fallait vivre, mais bon, tout le monde meurt un jour, hein ? Oui, Madame… Une de ces dames s'en était allée. Et elle ne reviendrait plus jamais.
C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un mourir. Il l'avait vue dépérir au cours de ces quelques jours, mais c'était normal, elle était malade. Et elle était belle comme tout, cette petite vieille. Il ne devait pas assister à son opération, mais il l'avait vue partir, sur son lit roulant, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Et quand il l'avait vue, il savait qu'il ne la reverrait plus. Madame était morte. Et tous les symptômes avant coureur lui avait sauté au visage, comme une gifle bien placée.
C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un mourir. Et c'était bizarre. Et peu agréable…
OoO
Isaline se servit un verre de coca, en songeant qu'il y avait trente morceaux de sucre dans une seule bouteille, si elle se souvenait bien. Pas bon pour la santé, mais elle avait besoin d'un petit remontant. Il fallait dire qu'elle venait de rencontrer ce qu'elle appelait un « cas ».
La tatoueuse n'était pas le genre de personne à juger les gens par leur apparence. Dans son métier, c'était même déconseillé. Bon, certes, il lui arrivait d'avoir quelques préjugés, mais ils étaient relativement rares, si on exceptait Draco qu'elle voyait plutôt d'un mauvais œil. Comme tous les prétendants de Harry, de toute façon… Mais il arrivait qu'elle rencontre des « cas ».
Alors qu'elle était tranquillement en train de tatouer une jeune femme dans le creux du dos, un homme entra dans la boutique. Trois bosses déformaient le haut de son crâne, grâce évidemment à des implants, tandis que des écarteurs monstrueux élargissaient les lobes de ses oreilles. Un autre écarteur était posé sur son nez, l'autre était percé d'un truc énorme. Elle avait à peine vu ses tatouages recouvrant sa peau pâle, obnubilée qu'elle était par ces anneaux qui pendaient de ses oreilles. Tout compte fait, Draco n'était pas si mal comme futur gendre…
Le gars venait lui « commander » un tatouage pour sa cuisse gauche, Isaline avait fait comme si de rien n'était et avait pris rendez-vous, en priant pour que le gars ne remarque pas les yeux hallucinés de Nymph' et Harry. Moui, on avait beau rencontrer pas mal de monde dans cette boutique, ça faisait toujours un coup de voir des gens comme ça…
Le problème avec ces personnes-là, c'était qu'on ne savait pas comment les prendre. Enfin, Isaline n'avait jamais vraiment eu de soucis, elle était habituée, mais ne pas les regarder pouvait passer pour du dégoût et trop les regarder pour de la moquerie et de la pitié. Surtout qu'Isaline n'avait jamais vraiment compris pourquoi on se déformait le corps comme ça. Parfois, elle leur demandait, c'était devenu comme une passion pour certains. Si Isaline n'avait jamais fait de remarque déplaisante, elle avait interdit à Nymph' et Harry de se faire écarter les trous de leurs oreilles, ou sinon ils se prenaient la raclée de leur vie. Une fois que Sirius leur serait passé dessus, évidemment, car s'il tolérait les tatouages, il refusait que son filleul d'amour se fasse des trucs pareils…
Enfin, chacun était libre de faire ce qu'il souhait, pensait Isaline, mais elle se disait que, une fois à quarante, cinquante, soixante ans, avec des oreilles, des nez, voire des bouches dans cet état… Bon, on pouvait toujours avoir accès à la chirurgie, hein, mais elle n'était pas assez perfectionnée pour faire disparaître les cicatrices… Bref, passons, elle n'allait pas s'étendre sur les détails. Enfin, ça la remuait toujours quand elle voyait des hommes pareils, même si elle n'en montrait rien. D'un autre côté, il en fallait bien au moins une pour avoir l'air normal, les deux autres étaient ahuri.
Elle entendit un petit air de YMCA. Sûrement une nouvelle technique de Harry pour ne plus perdre son portable. Isaline regarda autour d'elle et aperçut l'appareil à côté de l'évier. Elle le prit et vit « Draco » affiché. Un sourire ironique apparut sur ses lèvres. D'un, la chanson n'était pas si mal choisie. De deux, elle avait bien envie de cacher le portable pour qu'il ne rappelle plus. Mais son adorable neveu la maudirait, c'était certain. Elle décida de décrocher, son crétin de neveu devait être en train de faire payer sa cliente, elle entendait cette dernière marchander le prix.
« Ouais, allô ?
- Bonjour, Madame. Je pourrais parler à Harry, s'il vous plait ?
- T'as deux minutes ? Il est en train d'encaisser.
- Bien sûr. »
Le portable à l'oreille, Isaline revint dans la boutique, où la cliente était encore en train de marchander. Harry restait campé sur ses positions, mais il mit quelques minutes à la faire payer complètement ce qu'elle leur devait. Souvent, les clients payaient en plusieurs fois, ou alors ils recevaient la facture chez eux, mais celle-ci ne s'était pas fait tatoué un truc énorme, et elle semblait être la reine du marchandage. Sauf que Harry était têtu, autant que sa tante qui l'avait élevé.
Quand il eut terminé avec la cliente, il interrogea sa tante du regard : elle avait son portable à l'oreille et elle ne disait rien…
« Qui c'est ?
- Ginny.
- Qu'est-ce qu'elle me veut encore ?
- Je sais pas, elle a un truc super important à te dire. »
Harry soupira. Il se leva, attrapa le portable et le porta à son oreille tout en quittant la boutique, en direction de la cuisine.
« Ouais, allô ? Fit-il, peu enjoué.
- Qui c'est, Ginny ? »
Harry sursauta et un immense sourire se forma sur ses lèvres. Il avait l'air un peu niais, mais c'était agréable.
« Draco ! Tu vas bien ??
- Qui c'est, Ginny ? Insista le blond.
- Une fille qui veut sortir avec moi. Jaloux ?
- Elle est canon au moins ?
- Plutôt mignonne.
- Laisse tomber, tu vaux mieux. »
Le rire de Harry était très agréable à ses oreilles. Et c'était ce dont il avait besoin : son rire. Qu'il balaie ses mauvaises pensées, qu'il lui fasse oublier pendant quelques minutes où il se trouvait.
« Tu ne travailles pas, aujourd'hui ?
- Si, mais je suis en pause. »
Assis sur la table, les jambes se balançant dans le vide, Harry lui demanda comment s'était passé son week-end. Il ne l'avait pas appelé le dimanche, ayant été assez occupé avec un Remus qui s'était pris d'une nouvelle lubie : repeindre sa cuisine. Sa femme l'avait évidemment suivi dans son délire, et Harry et Isaline s'étaient alors reconvertis en peintres professionnels.
« Ennuyant à mourir. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant ennuyé.
- La dernière fois remonte à quand ?
- Quand nous avons été invités chez les Dolohov. Enfin, c'était assez amusant. Il était chirurgien esthétique, il m'a donné une vision assez morbide de la médecine. Il a été arrêté quelques temps plus tard, pour avoir torturé certaines de ses clientes.
- Sérieux ?! S'exclama Harry, stupéfait.
- Certaines se faisaient refaire les seins, et il a ouvert sur le côté droit et gauche, sous les aisselles. Disons que quand c'est fait sans aucune anesthésie et quand tu sens les mains de quelqu'un entrer dans ton corps…
- C'est pas très agréable, conclut le brun écœuré.
- Non, c'est certain. »
Draco continua un peu de parler de son boulot, puis il prit des nouvelles de Harry, qui lui glissa qu'une certaine Daphné Greengrass était passée faire un tatouage. Apparemment, il était sorti avec sa sœur aînée. Il ne put voir Draco pâlir. Ce dernier comprit pourquoi il avait reçu un message vocal de Millicent, il aurait dû l'écouter avant d'appeler Harry…
« Et que t'a-t-elle dit ?
- Pas grand-chose, à part que tu as été un salaud avec sa sœur.
- Elle t'a dit que j'ai pris la virginité de sa sœur au bout d'un mois et que je l'ai larguée le mois suivant, n'est-ce pas ? Fit Draco en soupirant.
- J'ai eu droit à un peu plus de détails.
- Daphné fait passer sa sœur pour une victime.
- Tu étais une victime ?
- Astoria me plaisait, mais pas au point que je veuille me marier avec elle, surtout après un ou deux mois de fréquentation. De plus, elle était d'une possessivité et d'une jalousie… surprenante. Parfois, je me plains de mon ex, mais elle, c'était la pire jalouse que j'aie vu dans ma vie.
- A ce point-là ?
- Pas le droit de faire ce que je voulais, elle voulait tout savoir, elle voulait du temps, des cadeaux, que je la balade, que…
- J'ai compris, Draco ! L'arrêta Harry, qui sentait sa jalousie pointer le bout de son nez.
- Je ne suis pas contre la jalousie, c'est quand même flatteur, mais pas au point de contrôler toutes mes sorties, de connaître chaque personne que je fréquentais, de piquer un scandale quand…
- Tu n'exagères pas un peu ?
- Demande à Millicent. Non, mieux, demande à Hermione. Elle peut être très franche quand elle veut, c'est même blessant, parfois. Tu sais, fit le blond après une petite hésitation, j'ai fait des conneries avec Astoria, je veux bien assumer, mais il ne faut pas exagérer non plus, je ne suis pas le seul méchant dans cette histoire.
- Je te crois. Bon, changeons de sujet.
- Tu es jaloux ? Le taquina-t-il.
- Je… Oui, Tata, j'arrive !! Tu peux te débrouiller sans moi deux minutes, non ?! … Et toi, t'es payée à quoi ? À boire du café ? … C'est ça, boude.
- Qu'est-ce qu'elle veut ?
- Que je ramène mes fesses dans la boutique. Apparemment, je ne suis pas payé à être au téléphone. Tu le savais, toi ?
- Non, j'étais pas au courant. On se voit samedi ? »
C'était ce qui lui importait le plus, en fait. Voir Harry samedi. Le brun allait répondre par l'affirmative, mais il se souvint soudain que cela ne serait pas possible. Son sourire tomba de son visage.
« Désolé, mais ce ne sera pas possible, avoua le brun d'une voix désolée.
- Ah bon ? S'étonna Draco, déçu.
- J'ai un anniversaire. Mais si tu veux, on peut déjeuner, le midi !
- Tu ne travailles pas ?
- Je me libèrerai. Tata va gueuler, mais bon…
- Tu as l'habitude, continua perfidement le blond.
- Ça veut dire quoi, ça ?!
- Rien du tout. A samedi, alors ? Je viens te chercher vers onze heures.
- Si tu veux. A samedi. »
Harry raccrocha. Pendant quelques instants, Draco regarda son portable, un léger sourire aux lèvres. Il allait voir Harry. Harry, qu'il n'avait pas vu le samedi dernier. Un étrange vide l'avait envahi ce jour-là, comme s'il lui manquait quelque chose. Tandis qu'il se préparait à son départ chez les Yaxley, Draco n'avait pu s'empêcher de penser à Harry, à cette soirée qu'ils auraient pu passer ensemble, loin de ces hommes d'affaires sans intérêt pour lui.
Mais ce dîner avait tout de même eu un avantage. Draco avait réalisé à quel point il se sentait attiré par Harry. A quel point il avait envie de le revoir, lui, ses yeux verts, son sourire… Il voulait entendre son rire, comme là, au téléphone…
Ses pensées sombres semblèrent s'évaporer. Draco se sentait mieux, maintenant. Il rangea son téléphone dans sa poche, puis revint dans les vestiaires, pour le ranger, l'esprit plus clair et le corps plus léger.
OoO
« C'est moi !!! »
Harry sursauta et faillit en tomber de sa chaise. Halluciné, il posa les yeux sur Théo qui, tout fier, le regardait d'un air moqueur, les mains sur les hanches. Harry poussa un long soupir, ignorant les rires hilares de son ami, qui entra dans la chambre et s'effondra sur le lit non-fait du brun. Ce dernier se retint de grogner après ce crétin, préférant lui demander poliment ce qu'il faisait ici.
« Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
- Moi ? Je viens simplement te rendre visite. C'est un tord ?
- Seamus est si chiant que ça ?
- Harry, tu me vexes. Je voulais juste savoir comment tu allais.
- Bien sûr. »
Harry ne le croyait pas du tout. Il jeta un coup d'œil à son ordinateur et il sentit son cœur battre un peu plus vite. Il était dix heures moins dix. Deux semaines qu'il ne l'avait pas vu. C'était possible de désirer voir le visage d'une personne qu'on ne connaissait que depuis un mois ? Il fallait croire que oui…
« Bon, Théo, c'est pas que je t'aime pas…
- Tu vas pas me virer ?! S'exclama Théo en se redressant sur le lit.
- Si, j'ai un rendez-vous.
- Avec qui ? »
Après avoir bêtement posé la question, Théo eut un grand sourire, ce qui fit rougir les joues de Harry. Il se laissa tomber en arrière en éclatant de rire. Harry était écarlate et il tenta inutilement de cacher ses joues avec ses mains, tandis que Théo se moquait ouvertement de lui.
« Oh non, j'y crois pas… Vous… Vous déjeuner ensemble ?
- Ça te pose un problème ? Fit Harry, vexé.
- J'adore quand tu rougis comme ça, on dirait une fille.
- Théo !!
- Y'a des moments, comme ça, où je me dis que les homosexuels sont facilement reconnaissables, dit Théo d'un air philosophe.
- Tu exagères !
- Moi ? Pas du tout. Tu te verrais rougir, Ryry, c'est mortel. On dirait Cho quand elle est courtisée. Il vient te chercher à quelle heure ?
- T'es en train de me dire que les hétéros ne rougissent jamais ?
- On est trop viril pour ça. Alors, quelle heure ?
- A une époque, j'ai connu un certain brun à fond sur une jeune fille, un peu garçon manqué d'ailleurs, et qui rougissait à chaque fois qu'on parlait de leur couple.
- Mais je t'emmerde, espèce de…
- Ryry !! Hurla Isaline. Y'a un blond dans l'entrée ! Je le jette dehors où je le laisse entrer ?? »
Tout alla très rapidement. Emporté par l'adrénaline, Harry ouvrit son tiroir, prit une clé, et se rua hors de la chambre, dont il ferma la porte à clé. Théo eut à peine le temps de se redresser sur ses coudes qu'il se retrouvait enfermé dans la chambre de Harry. Furieux, il se leva et frappa sur la porte en lui ordonnant d'ouvrir cette satané porte, mais Harry était déjà en bas.
Draco était dans l'entrée, toujours très classe dans sa façon de se tenir, et élégant. Il eut un sourire quand Harry apparut dans l'entrée, les cheveux ébouriffés. Il ne fit guère attention à sa tenue, même si elle laissait à désirer : vieux jean un peu déchiré et pull foncé.
Ils entendirent une chose non identifiée hurler à l'étage. Isaline, près de Draco, secoua la tête d'un air fataliste, tandis que Harry lui tendait la clé de sa chambre.
« Il y a un truc bizarre dans ma chambre, tu pourras aller voir ?
- T'abuses pas un peu ? »
Harry lui tira la langue et mit ses chaussures. Draco regardait le couloir sans comprendre grand-chose, Isaline lui précisa qu'un ami de Harry était enfermé dans la chambre de celui-ci, mais elle n'en dit pas plus, exaspérée. Draco haussa un sourcil, mais Harry lui prit le bras et ils sortirent.
Il faisait bon, quoiqu'un peu frais. Tous deux allaient entrer dans la voiture quand Théo ouvrit la fenêtre et se pencha dangereusement en avant. Harry lui fit un grand signe de la main, tandis que le brun le traitait de « tarlouze », « saleté de gay », et autres joyeusetés. Draco leva les yeux au ciel et s'installa sur le siège passager, tandis qu'Isaline tentait de calmer le pauvre Théo en le forçant à rentrer dans chambre, et Harry s'installa à côté de Draco, hilare.
« C'est lui, ton ami homophobe ?
- Comment tu as deviné ?
- J'ai un fort esprit de déduction. »
Et il démarra, les cris de Théo ayant cessé, même s'il ne devait pas être calmé pour autant. Mais il était à présent loin de leurs pensées. Il faisait beau, et tous deux étaient heureux de se revoir, même si deux semaines n'était pas une longue période, surtout qu'ils se connaissaient peu. Mais suffisamment pour éprouver un certain manque, et cette semaine le leur avait bien prouvé.
Pour Harry, ne pas voir Draco samedi, même s'ils s'étaient appelés plus tôt dans la semaine, cela avait été comme un manque. Il avait résisté, au début, à ce blond sorti de nulle part, déçu par son côté dragueur et ses manières. Mais l'homme qu'il avait découvert après ne lui avait plu que plus, et il n'avait cessé de penser à lui durant toute cette semaine, plus que la précédente. Et le voir maintenant, au volant de sa voiture, cela lui procurait une agréable sensation de soulagement.
Quant à Draco, voir Harry était quelque chose de tout simplement relaxant. Sa semaine avait été pourrie, mais vraiment pourrie, et celle de Blaise encore davantage. Ce dernier avait décidé de profiter de son week-end en se faisant une cure de Final Fantasy, histoire de se changer la tête. Mais Draco avait préféré un déjeuner avec Harry, malgré la mine contrariée de sa mère, qui aurait voulu l'avoir pour elle. Leurs relations s'étaient un peu allégées, Narcissa commençait à ne plus supporter ce froid permanent à la maison, mais Draco refusait de rester chez lui, surtout vu la journée qu'il avait passée la veille.
« Tu enfermes souvent tes amis dans ta chambre ?
- Seulement pour les embêter. Tu as l'air fatigué, non ? S'inquiéta Harry.
- Je suis crevé. »
Draco n'avait pas de cernes, ce qui relevait du miracle, mais son état de fatigue était tout de même visible. Par moments, il se disait que les filles avaient de la chance : elles pouvaient mieux cacher leur état de fatigue que les hommes grâce à leur maquillage, souvent superflu, mais parfois bien utile.
« Il ne m'est arrivé que des merdes, hier. »
Il lui raconta les soucis de la veille. Il avait passé plusieurs heures à l'hôpital, et tout le monde semblait décidé à avoir des accidents. Même la vieille McGo' avait été étonnée. Bon, on ne pouvait pas dire qu'on chômait, à l'hôpital, mais tous les blessés semblaient bien décidés justement à être blessés en même temps… Ce qui était relativement exaspérant… Harry l'écoutait en tentant d'imaginer le stress que Draco et surtout les autres médecins avaient dû ressentir en voyant tous ces blessés accourir aux urgences.
« A la fin de la journée, j'étais mort. J'allais chercher Blaise, comme il devait me ramener. Et là, j'ai cru que j'allais devenir fou… Soupira Draco.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Harry, intrigué.
- Il a préparé une piqûre pour anesthésier un patient, puis donner la piqûre au médecin. Sauf que ce crétin prépare la seringue, va vers le médecin, trébuche et se plante l'aiguille dans la cuisse. »
Harry éclata de rire, sans pouvoir se retenir. Il imagina Blaise, ce grand black si sûr de lui, se planter cette petite aiguille dans la cuisse et s'effondrer sous le sol. Draco eut également un sourire, même s'il avait été loin de rigoler à ce moment-là. Et dire que, juste après cette piqûre, ils seraient rentrés chez eux… Raté. Il avait dû prendre le métro, rentrer chez lui, prendre sa voiture et retourner à l'hôpital. Puis, il avait attendu que les effets de l'anesthésiant disparaissent, et il avait ramené Blaise chez lui, tout ramollo. Sa mère frôla la crise de nerfs en voyant son fils adoré rentrer si tard à la maison, mais quand Draco lui résuma la situation, elle redevint aussi douce qu'un agneau.
Autant dire que Draco avait passé une salle nuit, déjà parce qu'il avait été plus qu'énervé par la connerie de Blaise, mais aussi parce que, mine de rien, ce crétin l'avait inquiété. Sans compter qu'il était terrorisé à l'idée d'avoir des cernes le lendemain et, donc, de ne pas être présentable, même s'il garda ça pour lui. Harry n'était pas obligé de savoir à quel point il travaillait sa façon de s'habiller et de se tenir.
« Tu veux manger où ?
- Qu'importe.
- Chez Gregory, ça te va ?
- C'est parfait. »
Puis, Draco demanda à Harry de lui parler de sa semaine. Mais pour le brun, il ne s'était pas passé grand-chose, sauf quand il s'était chauffé avec un de ses clients qui n'était pas content de son travail. Certes, Harry avait fait une erreur, et il assumait cette erreur, mais il avait rattrapé son coup assez bien, de façon à ce que l'imperfection passe inaperçu. Sauf que, évidemment, le dessin s'en trouvait légèrement modifié, ce qui ne plaisait guère au client.
« Et qu'est-ce que tu fais, dans ces cas-là ?
- Que veux-tu que je fasse ? Dit Harry en haussant les épaules. Le tatouage est fait. Tu ne peux que calmer le client et essayer de le raisonner. Tu sais, je baigne dans le tatouage depuis que je suis enfant, alors je sais comment rattraper mes erreurs de façon à ce qu'elles ne soient pas visibles. Parfois, je travaille sur de vieux tatouages ratés que j'essaie de rattraper.
- Et tu y arrives ? S'étonna Draco.
- Ça dépend des fois. Parfois, je ne peux rien faire, d'autres fois, j'en fais autre chose. Ou je les termine, d'une certaine façon. Dans le métier, il a beaucoup de tatoueurs médiocres, et il faut voir ce qu'ils tatouent.
- Toi, tu es plutôt bon, même si tu es jeune, remarqua Draco.
- J'exerce depuis un petit bout de temps, et Isaline est tatoueuse. J'ai toujours baigné dedans, alors quand j'ai débuté, il y a beaucoup de choses que je savais déjà. Et puis je sais bien dessiner, Isaline m'a souvent donné des cours, quand j'étais petit. »
Draco l'écoutait, sans rien dire. Mais quelque chose le gênait, dans sa façon de parler d'Isaline. Il avait l'impression… comme si Isaline était sa mère. Enfin, c'était une impression, mais il disait qu'il baignait dans le milieu depuis longtemps. Venait-il si souvent dans la boutique ? Ou y vivait-il ? Que faisaient ses parents, comme boulot ? Et pourquoi avait-il l'impression que Harry parlait de sa mère, quand il parlait d'Isaline… Il ne posa pourtant aucune question, malgré sa curiosité grandissante. Plus tard…
Le blond se gara sur un petit parking et ils descendirent de voiture. Draco hésita à lui prendre la main, comme la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Mais il n'eut pas longtemps à réfléchir, car il sentit les doigts chauds de Harry effleurer sa main, en invitation discrète, et le blond enserra légèrement sa main, leurs doigts à peine noués. Draco aperçut les joues rouges de Harry, qui semblait gêné. Il ne pouvait se douter à quel point Harry se sentait bouleversé.
Trois ans qu'il n'avait pas tenu la main de quelqu'un. D'un homme. Trois ans qu'il n'avait pas désiré tenir la main d'un autre. Première fois qu'il prenait la main d'un homme en public, dans la rue, en plein jour. Il y avait longtemps, c'était juste le soir, quand il n'y avait personne dans la rue, et jamais longtemps. Ce simple effleurement remua quelque chose en lui, et le visage de son ex petit ami lui revint en mémoire.
Ils entrèrent au Septième ciel, tenu par Gregory Goyle, un ami de Draco, et ils s'installèrent à une table à l'écart. Le serveur leur donna les menus et laissa le couple seul. Ils inspectèrent ledit menu, tout en sachant déjà ce qu'ils allaient prendre, puis se fut la bataille pour savoir qui paierait. Cette petite dispute devenait récurant, c'était à celui qui aurait le moins d'arguments. Il fallait croire que Draco était vraiment fatigué, car il laissa tomber l'affaire.
Les discutions allaient bon train. Harry retrouva rapidement son petit accent anglais. Il était d'humeur assez joyeuse, et c'était plutôt contagieux, car Draco ne tarda pas à sentir sa fatigue s'envoler. Quelques silences ponctuaient leur repas, qui fut excellent, comme d'habitude, mais ces petites minutes n'étaient pas désagréables. Ils étaient loin, ces repas calculés, où chacun veillait à ce qu'il racontait ou faisait.
Draco manqua d'éclater de rire quand il prit doucement la main de Harry dans la sienne, car la tatoueur devint écarlate. Il ne put s'empêcher de lui glisser qu'il était mignon quand il avait les joues rouges, ce qui fit bouder le brun. Il mit donc sa main hors de portée de Draco, qui lutta durant tout le repas avant de la récupérer. Le dessert vint, un moelleux au chocolat pour l'un deux boules de glace pour l'autre.
« Un vrai gosse, soupira Draco d'un air faussement fataliste.
- Bah quoi ? Quand tu allais au restaurant avec tes parents, tu ne prenais jamais de glace en dessert ?
- Ça va pas ? Ils avaient trop peur que je me tache. Et puis tu n'es plus un enfant, » rajouta-t-il.
Même s'il trouvait Harry terriblement adorable, avec sa boule vanille et sa boule pistache, recueillant avec sa cuillère des petits morceaux de crème glacée. Ça devrait être interdit, de manger des glaces au restaurant à un âge pareil…
« Je n'ai pas perdu mon âme d'enfant, répliqua Harry.
- Je vois ça.
- Le moelleux au chocolat, c'est pas mieux. Tu aurais eu plus de classe avec part de tarte aux poires. »
Draco fit une grimace éloquente : il avait horreur de la poire. C'était bien l'un de rares fruits qu'il ne pouvait pas avaler. Harry non plus, d'ailleurs, mais ce dernier avait refusé avec moins de hargne ce dessert quand le serveur avait insisté pour qu'ils en prennent.
« Tu sais, je crois que j'ai compris comment Gregory sait que tu es là.
- Ah oui ? Fit Draco, étonné, en soulevant un sourcil.
- Ça fait deux fois qu'on vient, et deux fois qu'un serveur nous force presque à prendre de l'amandine.
- Et alors ?
- Tu ne trouves pas ça bizarre, toi qui a horreur de ce dessert ? »
Draco eut un air étonné, ce qui lui donna un air de gamin. Harry eut un léger rire face à sa mine surprise, puis celle qui voulait dire « ah, c'est pour ça… ». mais le blond fronça les sourcils, jugeant cette théorie foireuse, jusqu'à ce que Gregory apparaisse, l'air conquérant, et Draco se demanda si cette explication était aussi bête qu'elle en avait l'air.
Gregory salua Harry, qu'il voyait pour la seconde fois. Il se demanda s'il n'y avait pas anguille sous roche, car déjà ça faisait deux fois que Draco mangeait avec ce jeune homme chez lui, mais aussi parce qu'il était venu un midi. Ce que Draco faisait rarement, à moins de sortir officiellement avec quelqu'un. Si c'était le cas, il le saurait, quand même…
« Le repas était bon ? Demanda le cuisinier.
- C'était parfait, » répondit Harry en souriant.
Mouais, c'était bizarre. Ce jeune homme n'était pas du tout le genre de personne avec qui Draco avait l'habitude de sortir. Il avait un petit air rebelle et doux à la fois. En tout, c'était un beau gars, inutile de disserter là-dessus. Mais pas le genre de gars à manger dans les restaurants chics, vu sa façon de s'habiller. Enfin, Gregory pouvait bien parler, son style de vêtements était exécrable quand il sortait de sa cuisine…
« Mais Draco n'a pas voulu prendre d'amandine.
- Comme toujours, il n'en prend jamais.
- C'est comme ça que vous savez qu'il est là ?
- Honnêtement, je n'ai jamais vu personne refuser avec autant de force une part de tarte à la poire. »
Draco s'effondra peu élégamment sur la table. Jamais il n'aurait pensé que Gregory utilisait un stratagème aussi simple pour savoir quand il venait dans son restaurant sans qu'il n'ait à se montrer. Harry avait beau ne pas avoir l'air fute-fute, il était loin d'être bête. Ou alors c'était Draco qui cherchait trop compliqué… Ah, heureux sont les gamins…
Hilare, Gregory posa la note devant Draco, mais Harry l'attrapa aussi sec et sortit son portefeuille. Gregory lui proposa alors de lui faire une petite réduction, ce qui vexa Draco : quand c'était lui qui payait, c'était plein pot, mais quand c'était Harry, il avait une réduction ! Quelle injustice… Il était certain qu'avec son air d'enfant innocent, Harry avait charmé son ami, car son sourire, qu'il utilisait beaucoup dans sa boutique, était celui d'un dentiste vous promettant qu'arracher une dent était peu douloureux.
Draco était encore vexé quand ils sortirent du restaurant. Harry était tout content d'avoir payé un aussi bon repas un peu moins cher. Histoire de le calmer un peu, Draco lui attrapa la main, ce qui fit rougir à nouveau le jeune homme. Au moins, il était plus calme, maintenant… Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Harry basculait du feu vert au feu rouge quand il lui prenait la main. S'il n'était pas aussi canon avec ses joues rouges, Draco lui en aurait vraiment fait la remarque. Mais il sentait la paume chaude de Harry contre la sienne, et il n'était vraiment pas d'humeur à briser l'ambiance.
Ils se retrouvèrent devant la voiture, et ils se sentirent très idiots. Ils avaient prévu de déjeuner, mais pas plus. Que faire ensuite ? Se quitter ou aller quelque part ensemble ?
« Qu'est-ce que tu comptais faire, cet après-midi ? Lui demanda Draco.
- Prendre ma moto et aller acheter le cadeau de Teddy. Ramène-moi à la maison, et…
- Tu plaisantes ? Je t'emmène. On va où ?
- Draco, c'est l'affaire d'une demi-heure, répliqua Harry. Je…
- Justement. Tu ne vas pas rentrer pour repartir.
- On va dans un magasin de jouets, précisa le brun, sans croire que Draco l'accompagnerait vraiment à La grande récré.
- Allez, monte. »
En fait, Draco n'avait pas du tout envie de quitter Harry maintenant, et même s'il devait entrer dans un magasin de jouets pour ça, eh bien il le ferait. Ils s'installèrent dans la voiture et Harry lui indiqua l'adresse la plus proche, du moins ce qu'il en savait, d'une Grande récré. Il tenta d'imaginer Draco perdu au milieu des Barbie ou des Playmobil et il cacha son sourire derrière sa main. Heureusement, Draco était trop occupé par sa conduite pour voir son geste, ou sinon il aurait été plutôt vexé.
Draco, de son côté, fut étonné que Harry n'allume pas la radio. Bon, il était vrai qu'il réduisait sa vitesse, se faisant violence pour conduire tranquillement, contrairement à son habitude. Rouler doucement avec une voiture pareille, c'était assez frustrant… Mais si ça pouvait détendre Harry… Le plus gênant en fait, c'était que Harry mettait la radio quand il était nerveux, ce qui justement rendait Draco nerveux. Il n'avait pas choisi le plus facile…
Ils arrivèrent sur le parking d'un centre commercial, où Draco se gara, se plaignant mentalement du monde. Mais quelle idée d'aller au centre commercial un samedi… et quelle idée d'aller chercher un cadeau quelques heures avant la fête… Enfin bon…
Doigts entrelacés, ils traversèrent le parking, puis entrèrent dans le centre, grand, illuminé, aux boutiques regorgeant de produits plus ou moins attrayants. Draco sentit Harry se tendre, ses doigts se resserrant autour des siens, comme s'il avait peu qu'il lui lâche la main. Au contraire, Draco raffermit sa prise, lui prenant franchement la main. Il avait beau être peu démonstratif en public, il n'était pas inhumain, non plus. Et, au fond de lui, il sentait que le simple fait de se tenir la main était important pour Harry. Il ne pouvait se douter à quel point ce simple geste le remplissait de bonheur.
Ils atteignirent La grande récré, et Draco eut une vision d'horreur. Un magasin, bondé, avec des rayons entiers de Barbie, camions de pompiers, de Pokémon, Légo, poupons Corolle et peluches en tout genre. Il n'était jamais entré dans un magasin de jouets. Jamais. Et quand il vit sa mine horrifié, Harry se demanda si Draco avait été enfant un jour. Mieux, s'il n'était pas un vampire, comme dans Twilight. Blanc comme un cachet d'aspirine, les cheveux blonds, et vraiment canon. Nan, ses yeux bleus ne collaient pas au tableau, et il mangeait à table. Cho l'avait trop gonflé avec ce bouquin…
« Dray… Rassures-moi, tu es déjà entré dans une boutique de jouets ?
- Jamais.
- Je me disais aussi. »
Harry le tira à l'intérieur. Du rose, du bleu, des sourires hypocrites de Barbie, des mains tordues de DragonBall Z, des bolides miniatures, des puzzles à un million de pièces… Hilare, Harry traînait le blond derrière lui. Draco n'avait qu'un désir : sortir de là. Il pria Harry de rapidement trouver son cadeau, les nounours et le sourire niais de Winnie l'ourson lui faisait froid dans le dos. Par bonheur, Harry dégotta ce que Teddy avait commandé pour son anniversaire : un Tigrou qui sait parler. C'est du moins la seule caractéristique que Draco nota de la peluche, car Harry attrapa le jouet et s'en alla vers les caisses, traînant son boulet derrière lui. Quand ils furent sortis de la boutique, Draco sembla respirer.
« Oh, ce n'était pas aussi terrible.
- Parle pour toi, grogna le blond.
- Franchement, tu n'es jamais rentré dans une boutique de jouets ?
- Jamais.
- Ta mère ne t'emmenait jamais ? Je suis surpris, avoua Harry.
- Jamais. Rassure-toi, j'ai eu envie quand j'étais petit, mais elle n'a jamais voulu m'emmener. Pour être franc, je me demande si c'était elle qui faisait les courses pour Noël et mon anniversaire. »
Harry n'en parla pas, mais il se souvenait parfaitement de son premier cadeau. C'était une peluche du Roi Lion qu'Isaline lui avait acheté, un jour qu'ils se baladaient dans un centre commercial. Il avait huit ans, et c'était la première fois qu'on lui offrait un cadeau. D'ailleurs, la vieille peluche se cachait toujours dans un coin de son lit. Qu'est-ce qu'il avait été heureux ce jour-là… Comme Noël et son anniversaire par la suite… Quant il était petit, les magasins étaient une source d'émerveillement. Il trouvait ça peu un peu triste que Draco ne soit jamais rentré là-dedans. C'est quand même le rêve de tous les gosses d'acheter des jouets dans les magasins… non ?
Ils regagnèrent la voiture, Harry ne cessant de charrier Draco qui s'en prenait plein la tête. Oui, les clowns lui avaient toujours fichu la trouille, et alors ? Non, il n'avait quasiment jamais joué avec des billes, sa mère ne supportait pas le son des petites boules de verre roulant sur son parquet ciré… Mais tu as fini avec tes questions, mince ?! Et Harry riait, et ce jusqu'à ce qu'ils atteignent la voiture, leurs doigts enlacés, marchant au même rythme.
Draco ramena Harry chez lui. Il remarqua à peine à quel point il roulait doucement, et Harry n'alluma pas la radio. Ils continuèrent à s'envoyer des vannes durant tout le trajet du retour, mais malgré son envie de retarder le moment où ils se quitteraient, Draco finit par atteindre la boutique, encore ouverte. Il se gara sur le trottoir, et il y eut un moment de silence dans la voiture, avant qu'ils ne sortent, ouvrant les portes, puis les claquant.
Draco vit Harry se diriger vers le coffre pour récupérer le sac jaune contenant le jouet. Le blond hésita. A ce moment-là, il n'avait qu'une envie : prendre Harry dans ses bras et l'embrasser. Il avait eu cette envie tout l'après-midi. Il voulait lui demander de sortir avec lui. Officiellement. Et ne plus se comporter comme des amis, s'ils en étaient, ou des personnes qui se cherchent. Il voulait qu'ils soient ensemble.
Harry abaissa le capot du coffre, et quand il chercha Draco des yeux, il le vit posté devant lui. Draco plongea son regard dans les yeux verts de Harry, hésitant, et le brun le regardait, sans oser bouger, et briser ce lien visuel. Il sentit plus qu'il ne vit les doigts froids de Draco s'approcher de sa joue, lentement, la caressant du dos de la main. Harry eut envie de l'embrasser, mais, les joues rosées, il n'osait s'avancer.
Le visage de son ex petit ami lui revint en mémoire avec force. Mais il balaya cette image, ce visage qu'il avait aimé et haï. Cet homme qui le regardait comme un ami ou un étranger à l'extérieur, et comme un amoureux dans le secret d'une chambre ou d'un salon. Cet homme qui avait honte de lui, d'eux, du couple secret qu'ils formaient. Il rejeta cette image, car Draco prononça quelques mots, qui firent chavirer son cœur.
« Tu veux sortir avec moi ? »
Le cœur de Draco battait fort dans sa poitrine. Les lèvres du brun remuèrent à peine.
« Oui. »
Le blond rapprocha alors son visage. Harry ferma les yeux, priant pour qu'il ne rêve pas, et leurs lèvres se rencontrèrent. Ce n'était d'abord qu'un effleurement timide, un léger contact, mais Draco appuya plus franchement sur les lèvres pulpeuses de Harry, glissant sa main dans son cou, son pouce caressant sa joue. Les yeux fermés, il sentit les doigts chauds du brun se poser sur les siens, tandis qu'il répondait à son baiser, tendre et timide à la fois. Comme si c'était la première fois qu'il embrassait quelqu'un. Comme si ça faisait des années qu'il n'avait pas échangé un baiser avec qui que ce soit…
Le baiser cessa. Ils se séparèrent doucement. Harry avait les joues coquelicot et il baissa les yeux, gêné. Draco eut un léger sourire amusé. Il ébouriffa les cheveux noirs corbeau de son petit ami. Harry et lui sortaient ensemble, maintenant…
« Bon, il faut que j'y aille. »
Draco acquiesça. Il eut à peine le temps de réagir que Harry se mettait sur la pointe des pieds et plantait un baiser sur ses lèvres, avant de s'enfuir vers la porte d'entrée de sa maison. Draco le regarda disparaître, portant sa main sur ses lèvres, un léger sourire sur les lèvres.
OoO
A croire que des ailes avaient poussé dans son dos. Enfin, façon de parler, car techniquement, il en avait quand même tatouées sur le dos. Mais Harry semblait sur son petit nuage, ses pieds touchant à peine le sol. On pourrait dire qu'il était comme d'habitude, car il était toujours très joyeux lors des anniversaires, et plus particulièrement à celui de Teddy, qui fêtait ses trois ans.
Mais Isaline, installée dans un fauteuil avec le chat sur les genoux, ne pouvait quitter Harry des yeux. Oh, elle connaissait très bien la raison de son euphorie. Déjà, elle avait passé un long moment dans sa chambre, faisant sa comptabilité, tout en attendant le moment où les deux tourtereaux arriveraient. Elle avait entendu une voiture se garer sur le parking, et des portes claquer. Il lui avait suffi de se poster devant sa fenêtre pour voir Draco se pencher vers Harry pour l'embrasser.
Ce fut comme un coup qu'on lui aurait porté en pleine poitrine. Si elle avait pu, elle les aurait écartés. Serrant fort les dents, elle avait fermé les yeux, énervée. Ce qu'elle craignait était arrivé : ils sortaient ensemble. La colère se mêlait à la peur. Peur que Draco déçoive Harry, qu'il ait de faux espoirs, que Draco les brise sans le moindre remord. Exaspérée, elle était alors descendue dans la cuisine pour se servir un verre d'eau.
Harry entra alors, un sac jaune dans la main, et il l'avait trouvée dans la cuisine, postée devant le plan de travail, un verre d'eau aux lèvres. Il s'était alors glissé contre son dos, lui avait enserré la taille, puis, le visage contre son épaule, il lui avait soufflé qu'ils sortaient ensemble. Nouveau coup de poing. Harry ne voyait-il donc pas la marque de toutes les gifles qu'elle n'arrêtait pas de se prendre ?
Cependant, il apaisa sa douleur, sans vraiment le savoir. Certes, il voulait la rassurer, car il savait qu'elle n'aimait pas Draco. Il lui parla alors de ce déjeuner, de leur complicité, de leur joie de se retrouver. Il lui raconta leur passage à La grande récré, le gêne de Draco quand ils passaient dans les rayons, mais aussi la voiture qui roulait moins vite, s'apaisant un peu plus à chacun de leur rendez-vous. Mais, surtout, il lui parla de leurs mains enlacées, leurs doigts à peine noués, mais qui ne se lâchaient jamais. Un geste simple, voire stupide, qui le remplissait de bonheur. Même si c'était idiot. Ça lui faisait plaisir.
Isaline l'avait écouté. Et quand il lui dit que Draco lui prenait la main sans la moindre hésitation, elle avait retenu un long soupir, et un poids s'était dégagé de ses épaules. L'autre, avant, ne prenait jamais la main de Harry. Ne l'embrassait jamais. Rien en public. Sauf le soir, tard, quand il faisait nuit. Jamais rien dans la journée. Jamais rien devant les autres. Même les amis.
Et Draco lui tenait la main. Geste idiot, voire normal. Un simple geste qui montrait qu'il n'éprouvait aucune honte vis-à-vis de Harry. Que sortir avec lui n'avait rien de gênant. C'était normal. Comme ce geste.
Draco remonta d'un coup dans l'estime d'Isaline. Elle ne pouvait s'empêcher de revoir ses parents, ce couple tant détesté des années auparavant, la source majeur de sa méfiance. Mais elle vit surtout Draco, ses vêtements et sa voiture. Elle vit Draco tenir la main de Harry, l'embrasser dans la rue, l'accompagner dans les boutiques. Glisser sa main dans la sienne dans un restaurant bondé.
La seule chose qu'elle avait trouvé à dire était : « Ne dis pas à Nymph' que tu sors avec lui. » Harry avait été étonné, mais Isaline lui avait assuré que ça plomberait la soirée. Et pas qu'un peu. Car Harry aurait pu lui expliquer de toutes les manières possibles et inimaginables que Draco était quelqu'un de bien, jamais Nymph' ne l'aurait cru. Isaline pouvait comprendre, elle en avait bavé, et elle haïssait ses parents. Donc, il valait mieux que Harry ferme sa bouche, elle s'en occupait elle-même un peu plus tard…
Et tandis qu'elle voyait Harry débarrasser la table basse, Isaline tentait d'imaginer sa conversation future avec Nymphadora. Mais elle avait beaucoup de mal. Quand il le fallait, elle savait avoir du tact, mais il y avait des choses quand même assez difficile à annoncer. Surtout quand on était tête de mule et peu perspicace.
Ce soir, Nymphadora et Remus avaient organisé l'anniversaire de leur fils chez eux. Ils vivaient dans une toute petite maison que Remus avait héritée de ses parents. il vivait assez modestement et tout chez lui était fait dans la simplicité. Pour l'occasion, ils avaient invité Isaline, Harry, Sirius et Severus. Remus ne courraient pas après les fêtes, surtout quand il y avait beaucoup de gens, et comme son épouse, il préférait largement les anniversaires « en famille ».
Ainsi, en ce moment-même, Isaline était installée dans le canapé avec un gros chat marron du couple, Minidoux, en hommage à la célèbre marque de lessive. Severus avait pris place dans le canapé, en grande conversation philosophique avec Remus, qui était professeur dans une faculté de droit. Pendant ce temps-là, Sirius faisait des grimaces à Teddy qui applaudissait, tout en gloussant, Harry débarrassait la table basse pour que Nymph' apporte le café.
Teddy avait déjà ouvert ses cadeaux. C'était toujours une source de bonheur, à le voir déchirer tant bien que mal le papier coloré, aidé par sa maman, et découvrant ses cadeaux à l'intérieur. Il avait été bien gâté, Sirius lui avait offert une peluche énorme de Stitch, mais Severus se demandait sérieusement s'il l'avait acheté pour Teddy ou pour Nymph', qui était complètement en transe avec la bestiole bleue. Isaline avait vidé son porte-monnaie dans un service de toilettes Disney, soit pyjama, peignoir, etc. Et ses parents l'avaient aussi comblé de cadeaux.
Il fallait dire que Remus n'avait jamais eu d'enfants, malgré son âge. Il venait de dépasser la quarantaine et son fils unique était une source de bonheur pour lui. Sa vie amoureuse avait toujours été assez chaotique. Il était sorti pendant un bon moment avec une jeune fille, qui ne voulait pas d'enfant. Il s'était d'ailleurs fait à l'idée de ne jamais avoir d'enfants, jusqu'à ce qu'il rencontre Tonks, et qu'il en tombe amoureux. Cette dernière ne mit pas longtemps à le séduire, amoureuse qu'elle était. Il quitta sa compagne, qui lui fit les pires misères, et Nymph' tomba rapidement enceinte, d'où un mariage avancé, afin qu'elle vienne vivre avec lui. Un véritable coup de foudre…
Isaline contempla pendant quelques instants l'enfant assis au milieu de ses cadeaux, applaudissant de ses petites mains Sirius, qui le faisait rire. Mais Harry revint avec Nymph', qui posa un plateau, avec du café et du thé, ainsi que quelques tasses. Harry se proposa pour faire le service, et tandis que Nymph' distribuait les tasses remplies, Isaline se demanda encore comment elle pourrait annoncer la nouvelle à Nymph'.
Il y avait dans ce salon des personnes relativement perspicaces qui avaient flairé la chose, à savoir Severus et Remus. L'un avait rarement vu Harry aussi heureux et il lui avait suffi de demanda à Isaline s'il s'était baladé avec Draco pour se douter que le contrat avait été signé. Cela sonnait comme un contrat de mariage à l'oreille d'Isaline, qui ne voulait pas penser à ça. Quant à Remus, il se demandait bien ce qui pouvait rendre Harry aussi euphorique, et il demanda discrètement à Isaline s'il s'était trouvé quelqu'un. Ce à quoi la tatoueuse lui avait répondu de ne rien dire à son épouse. Raison ? Sujet épineux…
Quant à Sirius et Nymph', Harry était joyeux, mais rien de plus. Ils étaient un peu simplets, quand même… Mais bon, valait mieux ça. Comme ça, les explications pouvaient être remises à plus tard. Mais Bon Dieu, comment allait-elle annoncer à Tonks que Harry était le petit ami du fils de Lucius et Narcissa Malfoy ? Décidemment, elle n'avait pas de chance, en ce moment…
OoO
« Noooooon !! Ça y est ?!! »
Draco acquiesça, fier de lui. Blaise émit un sifflement admiratif et applaudit bruyamment. Il s'attira quelques regards intrigués, mais il n'y fit guère attention.
« J'y croyais plus !! Un mois ! Un mois que tu le courtises, et enfin vous sortez ensemble ! Merde, t'aurais pu me prévenir, j'aurais amené du champagne.
- Et tu aurais fait quoi avec ? Tu m'aurais arrosé ?
- Déjà, on l'aurait bu, et après je t'aurais arrosé avec. Allez, raconte ! »
Un sourire amusé aux lèvres, Draco lui raconta leur rendez-vous, ce déjeuner chez Gregory, puis leur balade au centre commercial. Blaise se tordit de rire quand Draco lui raconta que Harry l'avait traîné dans un magasin de jouets, endroit où il n'avait jamais mis les pieds. Ses parents n'avaient jamais voulu l'y emmener, et il n'avait jamais eu à acheter un jouet pour enfant, ce qui était aussi le cas pour Blaise. Ce dernier riait aux mimiques de Draco, puis quand ce dernier lui parla des joues rouges de Harry quand ils se tenaient la main.
« A tous les coups, il a pas été habitué à ce qu'on lui tienne la main en public, affirma Blaise.
- Il est timide, plutôt.
- Non, je ne pense pas. Peut-être que tu es son premier ?
- Oh non. Il est trop bien foutu pour ça. D'ailleurs, c'est fou comme il s'habille mal. Enfin, ça lui va bien, je trouve, mais il ne doit pas aimer s'habiller. »
Ah, Draco et les fringues… Toute une histoire d'amour… Sérieusement, pour lui, bien s'habiller était quand même quelque chose d'important, et il était vrai que Harry ne semblait pas être un adepte du shopping. Ses tenues étaient certes correctes, du moins pour ce que Blaise en avait vu, mais Draco lui avait décrit ses vêtements, et quand il lui dit que Harry portait un jean quelque peu troué, Blaise avait poussé un éclat de rire qui avait attiré bien des regards. Le blond dut reconnaître que ça lui donnait un certain style. Jusque là, Harry avait réussi à se débrouiller pour ressembler à quelque chose de correcte, et même plus que correcte, dans ses fringues. Mais il n'osait imaginer l'intérieur de son armoire…
« Oui, mais bon. Il te plait dans son ensemble, non ?
- Qui te plait dans son ensemble ? »
Et merde, grogna Draco intérieurement. Ils se retournèrent et virent Seamus, son sac sur le dos. Il semblait curieux, comme si la chose ne l'atteignait pas, alors que le blond savait que c'était bien plus que de la simple curiosité. Il le connaissait trop bien pour croire le contraire.
« Mon nouveau petit ami. »
Un coup de poing. Qui lui coupa le souffle. Seamus avait les yeux écarquillés, comme sous l'effet de la surprise, puis de la douleur, qui se mêla à la jalousie dans son regard. Ses traits se déformèrent et la colère l'envahit de toute part.
Blaise jeta un regard à Draco, qui demeurait très calme, jetant un regard froid et dédaigneux à son ex, qui bouillonnait sur place. Oui, la période de séduction était terminée. Une page avait été tournée. Et cette nouvelle blessait Seamus plus qu'il n'aurait pu l'imaginer.
Seamus allait ouvrir la bouche mais Draco tourna les talons, attrapa le bras de Blaise et s'en alla à grand pas. Il bifurqua dans un couloir, et fut soulagé de ne pas entendre la voix de Seamus. Il ne voulait pas qu'il crie. Qu'il se plaigne. Il ne voulait pas voir son visage furieux, puis malheureux, et peut-être les larmes couler sur ses joues.
C'était comme ça, le jour où ils s'étaient séparés. Seamus avait pleuré, pitoyable, les lèvres tremblantes, le suppliant de ne pas le laisser tomber. Draco pouvait encore voir ses yeux de chien battu briller, tentant de s'accrocher à lui. Mais le blond avait secoué la tête, et il était parti. Il avait passé de bons moments avait Seamus, et même s'il ne le montrait pas, lui faire du mal le blessait lui aussi.
Draco voulait passer pour un salaud. En ce jour gris où il l'avait plaqué, et en cette journée ensoleillée où il lui apprenait qu'il avait quelqu'un. Il voulait être un salaud, pour que Seamus le déteste, et passe à autre chose. Certes, il sortait avec Dean Thomas. Mais ce n'était pas sérieux. Tous les deux, Draco et Seamus, le savaient. Ce n'était rien de sérieux. Ça ne durerait pas. Seamus attendait le retour de Draco. Ce qui n'arriverait plus.
« Tu as été un peu méchant, non ?
- J'ai été franc.
- Tu crois vraiment qu'il va laisser tomber ?
- Je ne sais pas. C'est mieux s'il me déteste. Comme ça, il m'oubliera vraiment. »
Car Draco avait été indifférent après leur séparation, mais jamais méchant. Il gardait le souvenir de ses larmes, de son air pitoyable qui avaient failli le faire rester. Il détestait voir les gens pleurer, il trouvait ça stupide, et ça remuait toujours quelque chose en lui, même si ce masque collé à son visage n'en montrait jamais rien. Et puis, ils étaient restés trois mois ensemble, ce qui était un exploit pour Draco. Il avait appris à aimer son corps, à se faire traîner dans les magasins, à rigoler avec lui sous la douche… Il s'était attaché à Seamus. Il ne pouvait pas être un salaud et le rejeter avec autant de violence.
Mais cette attitude tolérante, parfois même ambiguë, n'avait pas eu l'effet escompté : au lieu de partir en douceur, Seamus s'était accroché avec plus de force encore, espérant une nouvelle chance. Draco avait essayé de lui faire comprendre que ce ne serait plus jamais possible. Maintenant, il ne lui restait plus que ça : passer pour un salaud.
« Et puis, il aurait fini par l'apprendre, de toute façon. »
Draco ne comptait pas cacher Harry dans un coin de son emploi du temps. Quand il sortait avec quelqu'un, garçon ou fille, il assumait. Il ignorait les regards de travers ou les remarques désobligeantes. Il avait dépassé le stade de la honte. Il aimait les hommes, ce n'était en rien une maladie, et il était hors de question qu'il laisse d'autres personnes lui pourrir la vie. Ni la sienne, ni celle de ses partenaires. Ni celle de Harry.
« Quand ils sauront que tu sors avec un tatoueur ! Fit Blaise, amusé. Ça va faire du remous !
- Tout n'est pas encore gagné, crois-moi. Je suis certain que Harry a encore des doutes sur moi, grogna le blond. Tiens, je ne t'avais pas raconté !
- De quoi ??
- Daphné est allée se faire tatouée chez lui, il y a une semaine.
- Quoi ?! »
OoO
« Quoi ?!
- Si, je t'assure !!
- Isaline !! Sors le champagne !!!
- Gné ?
- Ronny est casé !!! »
Isaline passa une tête dans la boutique et vit le pauvre Ron écarlate, la couleur de ses joues allant très bien avec ses cheveux roux ébouriffés. Harry était mort de rire et sa cliente, allongée sur le dos sur le siège rétractable, cachait son visage sous sa main pour masquer son rire peu discret. Et Nymph' tournait autour du pauvre mécano, assis devant le comptoir.
« Il se passe quoi, ici ?
- Ronny est casé !! Cria Nymph', toute contente.
- Mais nan… Gémit-il. On a juste un rendez-vous, avec Hermione.
- C'est pareil ! Rooooh, c'est trop mignon !!
- Harry, défend-moi !! S'exclama Ron, mais son ami était temporairement hors service. C'est pas possible, on peut compter sur personne, ici !
- Isaline ! Le champagne !
- Désolée, j'en ai pas en réserve. En tout cas, félicitation, Ronny ! »
Harry s'éventait avec sa main, tentant de reprendre son souffle, et sa cliente se rallongea sur le dos, correctement. C'était une fille du quartier, et elle savait très bien que Parvati courrait après Ron. Mais elle ignorait qu'il avait quelqu'un. Ou plutôt qu'il allait avoir quelqu'un. Cette pauvre Parvati allaient être bien déçue, elle qui était amoureuse de Ron depuis un petit bout de temps…
Harry reprit son travail, tentant de rester sérieux, mais Nymph' ne faisait rien pour calmer son hilarité, et il dut s'arrêter pour vraiment se calmer. Il fallait dire que Ron était adorable avec ses joues rouges, et la tatoueuse ne pouvait s'empêcher de le taquiner. Et puis, il était si rare que Ron sorte avec une fille… Elle se rappelait bien de la petite Hermione, une fille assez mignonne. Cet empoté de rouquin semblait s'être trouvé une chaussure à son pied, même si ce n'était pas encore officiel…
Ron était si content d'avoir pu obtenir un rendez-vous avec Hermione qu'il était venu l'annoncer en personne à Harry, profitant de sa pause déjeuner un peu avancée. Il avait besoin d'en parler à Harry, qui était son meilleur ami. Il le savait un peu moqueur, mais il était le seul à qui Ron pouvait vraiment se confier.
Il s'entendait plutôt bien avec ses frères, mais Harry n'était en rien comparable. Et puis, avec qui aurait-il pu parler de ses sentiments, sans qu'on se moque de lui ? Bill était trop âgé, Charlie avait quitté la France, et Percy avait trop de soucis pour s'occuper de ça. Quant aux jumeaux, ce n'était même pas la peine d'y penser, de vraies commères. Non, il ne restait plus que Harry. Nymph' et Isaline aussi. Assez moqueuses, c'était vrai, mais vraiment adorables.
Et puis, Nymph' avait besoin de se défouler sur quelqu'un. Enfin, Harry était toujours célibataire et Ron était le seul qui semblait s'être trouvé quelqu'un. Elle ne considérait pas Draco comme un petit ami potentiel pour Harry, même si ça faisait un bout de temps qu'ils se fréquentaient. Elle restait persuadée que Harry finirait par lâcher l'affaire. Sans se douter que tous deux sortaient officiellement ensemble, et qu'Isaline tentait de le lui avouer… On était mardi, et la patronne ne savait comment lui annoncer la nouvelle. Elle priait d'ailleurs intérieurement pour que Ron n'évoque pas Draco, et il sembla l'entendre, car il ne prononça jamais son nom, tout à sa joie de pouvoir enfin sortir dîner avec Hermione.
S'en suivi d'un long débat quant à la soirée, ou plutôt à la séance de ciné. Hors de question de l'emmener voir un film d'horreur ou à l'eau de rose. Isaline ne participa pas au débat, son client venait d'arriver et elle devait lui percer la langue, ce qui était une opération quelque peu sanglante. Harry n'avait absolument aucune culture cinématographique, alors il préféra se taire. Mais Nymph' aimait bien le cinéma et elle tenta de convaincre Ron d'emmener Hermione voir Dolly March, le film du moment.
Harry les écoutait d'une oreille quelque peu distraite. Il savait que cette sortie avec Hermione était très importante pour Ron, et il espérait que ça marcherait pour tous les deux. Ron était un empoté mais un garçon adorable, il fallait juste le connaître. Si ça avait été Théo, il aurait été moins optimiste. Mais Ron, hormis sa gaucherie en cuisine, était quelqu'un d'assez facile à vivre.
Il avait presque terminé son travail, il ne lui restait plus que quelques traits et c'était fini. A peine eut-il le temps d'achever le tatouage qu'Isaline l'appela, son portable sonnait. Il demanda à Nymph' d'appliquer le pansement, puis il fonça dans l'arrière boutique, où un homme gardait la main devant la bouche, respirant lentement. Oui, les piercings à la langue étaient douloureux… Puis il se glissa dans l'entrée, où Isaline lui tendit son téléphone, en lui disant qu'elle adorait la sonnerie YMCA. Harry entra dans la cuisine, tout en répondant.
« Allô ?
- C'est moi. Je te dérange ? »
La voix de Draco fit monter le rouge à ses joues. Il se rappela du baiser qu'ils avaient échangé dans la rue, sa main froide contre sa joue.
« Non, tu ne me déranges pas.
- Tant mieux. Tu as mis quoi comme sonnerie ? Ta tante se moquait.
- YMCA.
- Original.
- Au moins, j'ai moins de chances de perdre mon portable, rétorqua Harry.
- Pas faux. Tu es libre demain ? Demanda l'étudiant.
- Demain ?! S'exclama le brun.
- Oui, demain. Je t'emmène dîner.
- Mais…
- Tu n'es pas libre ? J'ai envie de te voir.
- Bon, je pense que je pourrais me libérer. »
Harry était content que Draco l'appelle et l'invite comme ça, spontanément. Il ne pouvait refuser. Il y avait quelque semaines, il aurait répondu « non », mais là, il ne pouvait pas le faire, tant il était heureux de revoir le blond.
La conversation ne dura pas très longtemps. Apparemment, Draco enchaînait déjà un nouveau cours, et il pouvait entendre Blaise piétiner à ses côté : il ne semblait pas content du tout d'aller en cours.
Quand il raccrocha, Harry se sentit déçu de lui avoir parlé si peu, mais content à l'idée de le voir le lendemain. Il revint dans la boutique, où Nymph' semblait à présent être occupée avec un tatouage Hello Kitty. Ron, quant à lui, discutait avec la cliente de Harry, assise près de lui devant le comptoir. Isaline avait disparu il ne savait où. Ne tout cas, elle n'était plus dans l'arrière-boutique.
Harry se demanda s'il devait avouer à Ron qu'il sortait maintenant avec Draco, mais il se demanda aussi si Nymph' était au courant. Dans le doute, il préféra ne rien dire, car peut-être qu'Isaline ne le lui avait pas encore annoncé. Et il avait raison…
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Ça avait gueulé. Nan, vraiment, ça avait gueulé. Isaline se demandait même comment elle pouvait être encore vivante. Bon, d'un autre côté, Nymphadora avait beaucoup de respect pour elle, plus qu'elle ne le laissait voir. Mais quand même.
Elle entendait encore sa voix lui hurler qu'elle était inconsciente. Qu'elle n'avait pas l'air de comprendre. Isaline entendait encore cette femme qu'elle avait recueilli des années auparavant lui cracher à la figure qu'elle était bien trop tolérante envers Harry, qu'elle laissait passer tous ses caprices, et qu'elle devait lui dire qui était Draco. Qui était ses parents.
Elle voyait encore Tonks, avec ses cheveux roses, se débattre devant elle, criant à s'en défaire les cordes vocales que Draco n'était qu'un salopard, comme ses parents, et qu'il ferait souffrir Harry. Isaline avait essayé de lui faire comprendre, mais Tonks était sourde, tentant de lui faire rentrer dans la tête qu'elle n'était qu'une pauvre conne qui ne faisait que combler tous les désirs de Harry. D'un gamin qui ne voyait pas le mal.
Et Isaline était restée debout, stoïque, sans rien dire. Elle avait raison, de toute façon : Isaline laissait passer tous les caprices de Harry, elle ne lui refusait rien. Elle avait beau s'être disputée avec lui quand il était sorti une fois avec Draco, elle avait beau lui avoir gueulé que ça se passerait mal, comme toujours, elle finissait par céder.
Tonks ne comprenait pas pourquoi Isaline ne voulait pas dire à Harry que Draco était un Malfoy. Evidemment, jamais elle ne se risquerait à le dire au jeune homme, les colères d'Isaline étaient terribles, mais elle ne comprenait pas pourquoi. D'un autre côté, si Isaline lui avouait pourquoi elle refusait cela, Nymph' se mettrait en colère, et cela n'en finirait jamais.
Isaline voulait savoir jusqu'où Draco irait. Jusqu'où iraient ses parents, quand ils comprendraient avec qui Draco était sorti. Et jusqu'où irait Harry, quand il le saurait à son tour. C'était leur vie, pas la sienne, et Isaline voulait laisser le temps faire les choses. Cependant, elle continuait de surveiller Draco. S'il faisait le moindre mal à Harry, il n'en ressortirait pas en un seul morceau. Mais ça, c'était vrai pour tous les prétendants de Harry. Tous, sans exception.
Mais ça avait gueulé. Oh oui, ça avait gueulé. Nymph' était partie en claquant la porte, sans ranger la boutique, furieuse après Isaline. Cette dernière s'était alors occupée de tout, et elle était à présent allongée sur le canapé, épuisée. Et un peu triste. Harry lui apportait autant d'amour que de soucis. Maintenant, elle était en froid avec Nymph'. Elle, seulement. Elle lui avait ordonné de ne rien dire à Harry et de ne surtout pas lui faire de reproches, ou vraiment, ça allait barder. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était partie en claquant la porte.
Bon Dieu, songea-t-elle. Sa seule consolation, dans cette histoire, c'était que Draco ne semblait pas aussi pourri qu'il en avait l'air. Elle avait un mauvais pressentiment concernant cette soirée, mais bon… Elle espérait que tout se passerait bien. Harry était parti il y avait une bonne heure, elle les avait aperçus s'embrasser légèrement avant de quitter la maison. Et c'était, sans que Harry le sache, ce qui avait déclenché la dispute…
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Le serveur débarrassa leur assiette, puis revint avec les menus, afin que le couple puisse choisir leurs desserts. Mais tous deux avaient déjà choisi, donc ils posèrent les menus devant eux et continuèrent leur conversation, qui portait sur la crise actuelle.
C'était le genre de sujet où Harry n'était pas vraiment à l'aise, n'y connaissant pas grand-chose. Oh, certes, il se rendait compte de ses effets, déjà sur la clientèle et la hausse des prix, mais le tatouage était un business assez spécial. Une personne venant se faire tatouer savait déjà à l'avance que le prix serait élevé, pour tout un tas de raisons. La comparaison était caricaturale, mais on pouvait se rapprocher des produits de luxes.
Draco, lui, en ressentait bien moins les effets, étant donné qu'il vivait dans l'aisance. Mais il entendait souvent son père se plaindre des affaires, et il rencontrait tous les jours des étudiants qui souffraient de la situation actuelle, que ce soit pour le logement ou la nourriture, sans oublier la difficulté d'allier travail et études. Lui pouvait s'estimer heureux de ne pas souffrir de ce genre de problème.
Ce n'était pas pour autant qu'il s'en vantait. Quelques années plus tôt, si, il l'aurait fait. Quand il était un gamin prétentieux et arrogant, il l'aurait fait. Mais un adulte de vingt-deux ans avait passé l'âge de telles gamineries. Il lui arrivait même parfois de laisser certains étudiants regarder ses devoirs, même s'il avait horreur de ça. Tout comme Blaise, ils en voyaient certains galérer et prendre du retard dans leur travail, sans en être responsable. Qu'est-ce que ça lui coûtait de les laisser zieuter sur ses feuilles ? Absolument rien. Et puis, ils étaient rares. Seulement ceux qui étaient dans la merde. Pas les abrutis qui arrivaient en touriste. Ceux-là, il ne pouvait pas les sentir.
« Avez-vous choisi votre dessert ? » Demanda le serveur en les interrompant.
Il s'en alla quelques secondes plus tard, un peu gêné. Harry l'était tout autant, même si c'était de façon plus agréable. Il avait conscience des quelques regards tournés vers eux. Deux hommes, diamétralement différents, dînant en tête à tête tout en s'effleurant de temps à autre la main… Enfin, c'était assez discret, mais les gens étaient tellement curieux…
Mais Harry passait une bonne soirée, tout comme Draco, qui était heureux d'avoir évité ce dîner avec Pansy, et ses parents. Mr Dobby l'avait appelé pour lui annoncer la nouvelle, même si Mrs Malfoy lui avait interdit de l'informer. Ce brave homme savait très bien que Draco ne supportait pas Pansy et il avait supplié le jeune homme de faire comme s'il n'était pas au courant. Draco s'était alors empressé de demander un rendez-vous à Harry, et une fois chez lui, il affirma à sa mère que cette soirée était prévue depuis un petit bout de temps. Ce à quoi Narcissa ne put répliquer… Et elle qui voulait lui faire une surprise… Draco songea qu'il allait devoir doubler les étrennes de Dobby pour lui avoir filé l'information…
Et puis, surtout, il voyait Harry. Il avait l'impression stupide d'être charmé par lui un peu plus à chaque fois qu'il le voyait. Pourtant, le tatoueur faisait pas grand-chose pour, hormis un gros effort pour s'habiller, ce qui n'était pas du luxe. A vrai dire, ce qui plaisait vraiment à Draco, c'était ses yeux verts, ses cheveux noirs, et sa façon de sourire. Il ne faisait pas vraiment attention à ses vêtements, qui lui allaient pourtant bien. Même ces affreuses lunettes rondes arrivaient à l'embellir. Si on lui avait dit un jour qu'il serait complètement gaga d'un mec pareil…
Et Harry pensait la même chose de son côté. Draco lui plaisait vraiment, et il ne regrettait pas d'être son petit ami. Il ne regrettait pas non plus ce mois passé, car il lui avait permis de le connaître un peu mieyx, et de comprendre à quel point il lui plaisait. Harry ne le voyait plus de la même façon. Il commençait à le connaître, aussi : son élégance, son côté dragueur et un peu cynique, faisaient partie de lui, tout comme ce sourire en coin, ses regards francs, et sa manie de hausser le sourcil droit à chaque fois qu'il était étonné. Beaucoup de petites manières qui le rendaient plus attirant encore.
Mais ce qu'il aimait chez lui, c'était sa façon de se mettre à son niveau. Ni en-dessous, ni au-dessus. Certes, tous deux avaient conscience qu'ils appartenaient à deux mondes différents. Draco évoquait sa situation avec franchise, car il était inutile de se voiler la face, mais il savait être objectif, même s'il avait un peu de mal à se mettre à la place de Harry. Tout à l'heure, ils parlaient de l'impolitesse des gens. Draco était toujours respectueux vis-à-vis des autres, du moment qu'on l'était avec lui. Ce qui n'était pas vraiment le cas de Harry. Lui avait toujours le sourire, malgré toutes les piques qu'on pouvait lui envoyer dans la journée.
Le serveur leur apporta leur dessert, qu'ils dégustèrent tranquillement. Harry ne savait pas vraiment ce que Draco avait prévu pour la suite, mais il ne s'en souciait pas vraiment. Du moment qu'ils passaient un moment ensemble, c'était ce qui comptait. Vint le moment de payer la note, Harry abandonna vite le combat et laissa Draco régler l'addition. Puis, ils enfilèrent leur manteau et quittèrent le restaurant.
La température avait subitement chuté, et il faisait très froid. Les deux hommes fourrèrent leurs mains dans leurs poches et marchèrent côte à côte. Harry n'aimait pas le froid, il préférait de loin la chaleur, mais Draco préférait largement l'hiver à l'été : il n'aimait pas transpirer, crever sous un soleil de plomb et se droguer à l'eau froide sous peine de péter un plomb.
Ils marchèrent tranquillement, très proches, sans la rue assombrie par la nuit, regagnant le petit parking où Draco avait rangé sa voiture. Ils ne tardèrent pas à l'atteindre, se faufilant entre les rangées de véhicule. Et, là, Draco eut une vision d'horreur, qui le fit stopper net.
« Bonsoir, Draco. »
Il savait que ce n'était pas une bonne idée de dire à sa mère où il allait dîner. Elle connaissait ce restaurant et son patron, qui était chef cuisinier. Il lui serait facile de savoir si ce qu'il lui avait dit était faux. Mais en fait, il aurait dû se taire. Car ainsi, jamais Pansy n'aurait su où il était allé dîner avec Harry.
Elle était là, devant sa voiture. Elle portait un long manteau et ses cheveux noirs coupés aux carrés encadraient son visage peu élégant, qui lui faisait penser à un petit chien. Un pékinois. Pansy n'était qu'une petite teigne hargneuse, postée devant sa voiture, comme un chien de garde, attendant son retour.
Il faisait nuit, et le parking était éclairé par la lumière froide des lampadaires. Il pâlit en la voyant et Harry l'interrogea du regard, sans comprendre. Mais il ne mit pas longtemps à saisir…
« Bonsoir, Pansy, dit Draco d'une voix froide et traînante. Quelle surprise de te voir ici. »
Toute cette bonne humeur qu'il avait accumulée durant le repas s'était envolée. Il n'y avait plus maintenant que Pansy, qui semblait clairement furieuse, et Harry, qui ne semblait pas comprendre. Il s'était fourré dans une sacrée merde…
« Ta mère m'a dit que tu ne pouvais dîner avec nous, tu avais quelque chose de prévu depuis longtemps. »
Pansy regarda le « quelque chose » d'un air dédaigneux et Harry se put s'empêcher de se sentir vexé. Cette fois, ce n'était plus de l'interrogation qui se lisait dans son regard, mais plutôt du reproche. Draco semblait l'avoir utilisé pour éviter ce dîner, et il ne l'avait pas prévenu. D'ailleurs, Draco regrettait de ne pas lui avoir dit la vérité, mais il avait eu peur que Harry se vexe et refuse son invitation. Il aurait dû être franc…
La jeune femme s'avança vers eux. Harry fut surpris, car Pansy était d'une maigreur affolante. Certes, elle portait un manteau, mais il moulait son corps, et ses fines chevilles laissaient transparaître la finesse de sa silhouette. Elle le regardait avec mépris, prête à lui cracher dessus, et Harry se sentit terriblement petit à côté d'elle, et de Draco. Il n'osait baisser les yeux, car il verrait ses vêtements, dépassés et bon marché. Il se sentait de trop, et terriblement gêné. Il n'aurait pas dû, pourtant. Mais il ne supportait pas ce mépris, ces regards scrutateurs qui critiquaient ce qu'ils voyaient…
« J'avais rendez-vous avec quelqu'un. C'est mon droit, non ?
- Draco…
- Tu me surveilles, maintenant ? C'est nouveau, ça. Tu n'as en aucun cas le droit de me suivre ou de me critiquer, je fais ce que je veux de mes soirées. Et je les passe avec qui je veux. »
Il avait insisté sur les derniers mots. Sa colère sentait dans sa voix froide et lente, mais aussi dans ses yeux qui transperçaient Pansy de toute part. Mais cette dernière était loin de se laisser démonter, et elle continua sur sa lancée, les yeux brûlant de fureur. Tous deux semblaient avoir oublié l'existence de Harry, et ils parlaient en anglais, l'une en pensant qu'il ne comprendrait rien, l'autre n'y avait pas réfléchi.
« Nous sommes arrivés cet après-midi, Draco. La moindre des politesses aurait été d'être là pour le dîner. Mais non, toi, tu préfères sortir avec un de tes amis ! Et c'est qui, ce gars ?! C'est qui ce type ? Tes parent savent au moins que tu préfères dîner avec homme plutôt avec leurs amis ?! »
Le ton montait, Pansy commençait à sortir de ses gonds. Draco, lui, devait surveiller ce qu'il disait. Il ne devait pas déraper, car Harry était à côté, et Pansy pouvait tout balancer à ses parents. Aux siens, certes, mais aussi à la famille Parkinson, qui voyaient déjà leur fille mariée à Draco. De plus, il avait menti à ses parents, en disant qu'il sortait avec un ami, sans mentionner de nom. Il n'avait parlé du jeune homme à personne, ni à sa mère, ni à son père. Il n'était pas censé avoir de rendez-vous galant ce soir. Il n'était pas censé sortir avec quelqu'un, actuellement.
« Pansy, calme-toi, s'il te plait.
- Que je me calme ?! C'est qui ce mec, hein ? C'est qui ce mec qui est plus important que moi ?! »
Ce fut comme un coup de poing dans son estomac. Harry décida cette fois de réagir, il avait assez attendu dans le silence. Son cœur battait fort dans sa poitrine, le sang battait à ses tempes, alors que le lent poison de la trahison se glissait dans son cœur et montait dans son cerveau.
« Attendez une minute. Vous êtes qui, au juste ? »
Elle parut très surprise, déjà qu'il osait lui adresser la parole, mais aussi parce qu'il parlait anglais. Draco jeta un regard à Harry, en lui criant intérieurement de ne pas s'en mêler, mais le regard et les traits durs de Harry n'avaient absolument rien d'encourageant.
« Moi ? Fit-elle en riant. Mais je suis la future fiancée de Draco ! »
Nouveau coup de poing. Harry entendit à peine Draco protester, traiter Pansy de folle, qu'il n'avait jamais été questions de fiançailles. Aucune émotion ne traversa le visage de Harry, même quand, lentement, il tourna la tête vers Draco. Ses yeux étaient comme une interrogation sourde, il voulait croiser son regard, voir ses yeux, mais Draco était obnubilé par Pansy qui s'excitait sur lui.
« Tu divagues, ma pauvre !
- Moi, je divague ?! A ton avis, pourquoi sommes-nous venus à Paris ? Par simple courtoisie ?! Et le jour où mes parents allaient en parler aux tiens, tu oses te balader avec un homme ! »
Harry prononça quelques mots, d'une voix basse.
« Draco, dis-lui. »
Mais le blond ne sembla pas l'entendre. Ce n'était qu'un murmure, une voix d'enfant. Harry se revit des années auparavant, dans la même situation. Sauf que ce n'était pas Draco ni Pansy qu'il y avait devant lui, mais son ex, et Cho. Il avait l'impression d'être extérieur à la scène, le sang battait à ses tempes, son cœur battait trop fort.
« Draco, dis-lui. »
Pansy l'ignorait, mais Draco l'entendait. Il lui lança un regard, mais il préféra calmer Pansy. Non, il ne lui dirait pas. Pas ce soir. Pas dans son état d'énervement. Pas avec ce qu'on mijotait derrière son dos. Harry, tais-toi, voulait dire son regard. Tais-toi, et reste tranquille.
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Isaline sursauta. La porte s'entrée venait de s'ouvrir et claquer de façon peut élégante. Encore dans les vapes, elle attrapa son réveil. Puis se laissa tomber sur ses oreilles en gémissant. Elle se massa le front, en se disant qu'elle aurait mieux fait de rester devant la télé au lieu d'aller tranquillement se coucher.
Elle l'entendit jeter ses chaussures par terre, et peut-être même sa veste, puis monter les escaliers rapidement. Il ouvrit la porte de sa chambre, retira quelques fringues, et se glissa dans son lit, se blottissant comme un enfant contre Isaline. Cette dernière le prit dans ses bras en grognant qu'il avait les mains froides.
Elle le sentit trembler contre elle. Doucement elle le berça, en se disant que, finalement, Draco ne devait pas être son prince charmant…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
