Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Bijour !

Lys : ...

...

Lys : T'aurais pas dû.

Je sais.

Lys : Tu vas te faire zigouiller.

Déjà qu'on m'a menacé au chapitre dernier...

Lys : Toutes mes excuses aux lecteurs, mais cette fanfikeuse est intenable, et sadique de surcroit. Car figurez-vous que...

Ils sont pas censés savoir !

Lys : ... qu'elle a coupé son chapitre en deux. Prétexte ? Pour avoir une fin plus marrante et parce que c'était pas rigolo, sinon.

... Vais me faire élater la tête...

Lys : XD

Po rigolo... T.T

Bonne lecture !


Chapitre 11

« Je te savais con. Vraiment, je savais que tu pouvais être con. Mais pas à ce point-là.

- Ta gueule.

- T'as déconné, Dray. Admet-le, au moins. »

Blaise attrapa un Closer et le feuilleta, l'air de rien, alors qu'à côté de lui, Draco bouillonnait intérieurement. Depuis hier, il bouillonnait. Depuis hier, il était constamment sur les nerfs, à deux doigts de péter un plomb. Il aurait pensé que Blaise l'aurait soutenu, ou lui aurait donné une explication, mais ce dernier ne semblait pas du tout être de son côté. Loin de là.

« Que j'admette ? Putain, Blaise ! Mais tu te rends compte de ce qu'il m'a fait ?! »

Blaise, le visage fermé, lui lança un regard froid. Puis, il reposa le magazine et sortit de la librairie. Draco serra les dents et le suivit. Il faisait très froid, dehors. Comme la veille. Comme le soir dernier, où il avait dû se confronter à Pansy, plantée devant sa voiture… Ce soir-là, où…

Soudain, Blaise se tourna vers lui, et planta son regard dans les yeux bleus de son meilleur ami. Il était très sérieux, ayant perdu son sourire habituel.

« Tu sais, Dray… T'es sorti avec pas mal de gens avant Harry. Et je vais te dire un truc : ce mec est une perle.

- Blaise !! S'étrangla le blond.

- Draco, jamais personne, avant lui, n'aurait eu le cran de se barrer, comme ça, sans rien te dire. Personne, Draco. Mine de rien, tu en as fait voir, à Seamus, et même à Astoria, ou Tracey. Mais jamais personne n'a eu les couilles de te planter comme ça, comme un con. »

Non, personne n'avait jamais osé. Personne. Draco baissa les yeux, blessé. Il se remémora Pansy, qui criait sur le parking, agitant les bras, et lui qui tentait de la calmer. Et la petite voix de Harry. « Dis-lui, Draco. » Sa petite voix timide qui lui demandait de lui dire. De lui avouer qu'ils étaient ensemble, qu'il n'était pas qu'un ami. Draco l'avait ignorée, cette voix. Il voulait que Harry se taise, qu'il reste dans son coin, et qu'il attende que la situation soit apaisée.

Mais il était parti. Comme ça. D'un pas rapide, Harry s'éloignait d'eux, se ruant hors du parking. Draco, cloué sur place, n'avait d'abord pas réagi, trop surpris, mais il s'était repris et il lui avait couru après. En vain. Harry avait disparu. Envolé. Ne laissant derrière lui que le vide, son regard déçu, et le son léger de sa voix.

Non. Personne ne lui avait jamais fait ce coup-là. Jamais personne n'avait eu le culot de le planter là, sans un mot. Sans un regard. Sauf Harry.

« Tu peux lui faire tous les reproches que tu veux, mais moi, je te dis qu'il a eu raison. Jamais tu ne m'entendras te plaindre. Si tu veux te faire consoler va voir quelqu'un d'autre.

- Il n'avait pas à faire ça…

- Mais t'es con ou quoi ! S'écria Blaise. Pansy t'agresse sur un parking et hurle que vous allez vous marier ! Tout ce que tu trouves à faire, c'est d'essayer de calmer le jeu ! D'un, tu n'as pas parlé d'elle à Harry, et de deux, ru as fait comme s'il n'était pas là. Tu sais qu'il n'est pas comme les autres, tu aurais dû te démerder autrement.

- Je ne pouvais pas ! Rétorqua piteusement le blond.

- Alors c'est qu'il ne compte pas, pour toi. »

C'était ce que Harry avait dû penser, à ce moment-là. C'était pour ça qu'il était parti. Blaise était certain que Harry voulait vraiment vivre quelque chose de sérieux avec Draco, pas de secret, pas de rejet. Et cette scène avec Pansy avait dû autant le blesser que bousculer ses espoirs. Blaise n'était pas un homme spécialement sensible, mais il pouvait imaginer ce que Harry avait dû ressentir à ce moment-là, et le fait qu'il se soit barré ne le mettait pas en colère, bien au contraire. Quand on sortait avec quelqu'un, surtout si c'était récent, il n'était pas facile de s'en aller comme ça, et de disparaître dans la rue.

C'était un peu comme si Harry l'avait plaqué. Draco leva les yeux vers Blaise, les traits brouillés par la déception. Il était déçu, mais surtout blessé. Il imaginait une crise, ou peut-être un départ bruyant, mais non, il s'en était allé sans un mot, sans un regard en arrière. Il savait qu'il n'avait pas assuré, sur ce coup-là. Mais que Harry s'en aille, comme ça… Cela le mettait en colère, il était vexé, et triste à la fois. Tant de sentiments différents qui se brouillaient en lui…

« Il n'avait pas à partir comme ça, souffla Draco. Je lui aurais expliqué… Mais partir comme ça… Il n'avait pas le droit !

- Si, il avait le droit. Parce que tu aurais choisi Pansy plutôt que lui. C'est son problème à elle que tu aurais arrangé, Harry serait passé après elle. Et je suis sûr qu'il l'a compris. C'est pour ça qu'il s'est barré. »

Et comment était-il rentré, après ? Avait-il pris le métro ? Il ne vivait pas à côté, pourtant… il avait dû arpenter les rues jusqu'à atteindre une station, et il avait descendu les escaliers, pour rentrer chez lui.

« Si tu tiens à lui, va le voir, et excuse-toi.

- Hors de question.

- Ce n'est pas à lui de s'excuser.

- Je sais, soupira l'étudiant, ce qu'il a fait n'était pas bien. Mais tu as dû vraiment le décevoir pour qu'il soit parti comme ça.

- Tais-toi, Draco. Ça ne sert à rien. Tu n'as pas le choix. »

Et Blaise tourna les talons, revenant vers l'hôpital. La pause déjeuner était terminée, ils allaient devoir reprendre le travail.

OoO

Isaline fulminait. Quelle vie de merde, quand même… Elle pensa qu'elle devrait poster sa VDM sur … Elle écrirait : « Aujourd'hui, mon neveu est complètement déprimé parce que son mec l'a déçu, donc il refuse tout net de travailler, j'ai mon employée et le parrain de mon neveu qui sont prêts à commettre un meurtre justement à cause de cette affaire et moi, je me fais draguer par une vieille garce de quinze ans mon aînée. VDM ». Nan, trop long…

Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Enfin, disons plutôt, comment avait-elle fait pour en arriver là ? Son seul tort avait été d'être tolérante avec la vie amoureuse de Harry… Si elle lui avait dit tout de suite qui était Draco, pas sûr qu'elle en serait là… A cause de ça, elle s'était disputée avec Nymph', qui n'avait pas manqué d'appeler Sirius pour se plaindre quand Harry avait décidé de ne pas bosser, annulant tous ses rendez-vous de la journée. Donc, maintenant, elle avait Nymph' et Sirius sur le dos. Et Harry qui ne se doutait de rien…

Isaline n'était absolument pas étonnée. Enfin, pour ce que Harry avait fait. C'était tout à fait son genre, elle ne le blâmerait pas pour ça. Harry avait été déçu, et il avait flippé, aussi. Il avait préféré fuir avant que Draco ne le blesse vraiment. Maintenant, il avait décidé d'attendre. Ce n'était pas lui qui recontacterait Draco, il n'était pas question qu'il tente de renouer le contact si c'était pour revivre le même genre de scène. Mais Isaline savait que Harry attendait vraiment un appel de Draco, même s'il ne le recevrait pas avec toute la joie du monde.

Bon Dieu… Harry n'aurait pas pu tomber amoureux d'un autre, hein ? Un gentil garçon ou une gentille fille, n'importe quoi, mais pas Draco Malfoy… Nan, il fallait qu'ils choisissent ce crétin de blondinet à la noix… Elle espérait que le problème se résoudrait rapidement. En tout cas, elle, elle avait un autre problème à régler : mettre Sirius et Nymph' dehors. C'est bon, elle avait subi leur présence assez longtemps aujourd'hui, elle voulait se reposer, maintenant.

Nymph' avait été la première à quitter les lieux, son boulot était terminé, mais ce n'était pas le cas de Sirius qui pouvait se montrer très… insistant… bon, il savait être vraiment chiant quand il le voulait. Isaline dut le menacer pour qu'il ne dise pas à Harry qui était Draco. C'en devenait ridicule, à force, et elle savait qu'elle passait pour une conne. Mais c'était à eux deux de vivre leur vie, et mine de rien, Harry était assez souriant depuis que cet abruti le courtisait. Oh et puis Isaline était remplie de contradictions, elle ne cherchait plus à se comprendre…

« Sirius, dégage.

- Tu comptes le lui dire dans combien de temps ?

- Occupe-toi de tes fesses. »

Isaline le poussa vers la porte d'entrée mais l'homme était plus musclé qu'elle et il refusa de sortir. Il était en colère, à la fois contre ce fils de riche mais aussi contre Isaline qui était en mode « je suis têtue et je fais chier le monde ». Et la seule personne qui pourrait baisser le levier était Harry, qui n'était en ce moment pas vraiment disponible.

Harry était dans sa chambre, recroquevillé sur son siège de bureau, les yeux posés sur l'écran de son ordinateur. Il portait des vêtements beaucoup trop larges pour lui. Il flottait dedans. Il songea avec ironie que Draco aurait fait un infarctus s'il l'avait vu avec des loques pareilles. Mais en ce moment-même, avec ses cheveux pas coiffés et ses fringues trop grandes, Harry n'avait pas du tout envie de plaire, ni même d'être présentable.

En fait, il était déçu. Tellement déçu. Il aurait tant voulu que Draco dise quelque chose. Qu'il dise à cette fille qu'ils étaient ensemble. Pas de déclaration enflammée, non. Juste qu'ils étaient ensemble. Après, il aurait pu s'occuper d'elle, la calmer, répondre à ses cris. Mais non. Draco avait préféré se justifier.

Et c'était comme un grand saut en arrière. Il se revoyait, des années auparavant. Lui, à côté de son petit ami, et Cho tout près. Cette fille qu'il ne connaissait pas en train de gueuler sur lui, sur ce type qui préférait se balader avec un pote plutôt que de lui accorder du temps, à elle, qui venait si peu à Londres.

Ce jour-là, Harry n'avait rien dit. Non, il n'avait rien dit. En étranger, en spectateur, il avait regardé la scène, attendant son dénouement. Logique, comme dénouement. Harry n'était qu'un ami. Un pote comme les autres. Et au fond de lui, Harry avait senti un couteau lui ouvrit le cœur, et il avait retenu ses larmes. Il avait pardonné, par la suite. Comme toujours.

Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, il ne voulait plus pardonner. Alors il était parti. Sans un mot. Il avait quitté cet endroit où il n'existait pas, où plus personne ne le voyait. Il avait marché à grands enjambées dans les rues, cherchant une station de métro, dans laquelle il s'était engouffré, pour rentrer chez lui.

Dans le métro, il avait appelé Luna. Il était très tard, et elle devait bosser le lendemain. Mais il l'avait appelée quand même. Il avait besoin de lui parler, de lui dire ce qu'il ressentait. Elle l'avait écouté, comme toujours. Plus tard, il s'était glissé dans le lit d'Isaline, qui lui avait demandé, en murmurant, ce qui s'était passé.

« Comme avec Cédric. »

Exactement pareil. Comme avec Cédric, quand Cho était venue à Londres, et qu'il avait essayé de l'éviter. Comme aujourd'hui, quand Pansy était venue à Paris, et que Draco avait essayé de l'éviter. Pareil. Exactement pareil…

Une toute petite fenêtre s'ouvrit. C'était Théo. Harry se demanda s'il devait lui en parler, mais il savait que ça ne servirait à rien. Il avait assez embêté de gens avec ses affaires de cœur. Et puis, il était idiot, de se comporter comme ça.

Mais le comportement de Draco l'avait déçu, blessé, et il avait ranimé de vieux souvenirs en lui. De vieux souvenirs qu'il voulait oublier, et à tout prix. C'était loin, tout ça, maintenant. Il ne devait penser qu'au présent, et ne pas se laisser aller.

Mais c'était vite dit. Harry avait passé toute la journée dans sa chambre, à ne rien faire, séchant le travail, plus blessé qu'il ne pouvait l'admettre. Il attendait que Draco l'appelle, en se doutant que ce dernier était vexé, et que, peut-être, il ne le contacterait plus. Le blond avait de la fierté. A cette pensée, la tristesse envahit Harry. Il avait beau en vouloir à Draco, il espérait quand même qu'il y ait une suite. Qu'il fasse quelque chose pour réparer son erreur.

Qu'il lui prouve qu'il tenait à lui…

OoO

Il attrapa la pomme à douche et la leva au-dessus de sa tête. L'eau chaude mouilla ses cheveux et coula le long de son corps nu. Le savon glissait sur sa peau et Draco n'avait qu'à passer la main pour qu'il disparaisse, emporté par le flot. Tout en rinçant ses cheveux blonds, il regarda vaguement la mousse blanchâtre dévaler ses jambes avant d'atteindre le fond de la douche.

Draco se sentait plus détendu que quand il était entré dans sa salle de bain. Cependant, sa nervosité ne s'était pas totalement dissipée. Il en avait entendu des vertes et des pas mures, en l'espace de deux jours.

Pansy n'avait pas sa langue dans sa poche, et le couple Malfoy avait bien engueulé leur fils. C'était bien le mot, « engueulé ». Son père était furieux et sa mère n'était pas dans un meilleur était. Oui, Draco avait préféré sortir avec un ami plutôt que de rester à la maison. Oui, il sortait avec quelqu'un. Et oui, c'était un homme.

Il en avait entendu de belles, de la part de ses parents, mais aussi des parents de Pansy, qui ne comprenait pas le comportement de Draco, qu'ils jugeaient irrespectueux vis-à-vis de leur fille. Ce soir-là, Draco était tellement énervé qu'il avait failli dire des paroles que son père lui aurait fait regretter toute sa vie.

Ses parents et Pansy ne l'avaient pas loupé les jours suivants, évidemment. Mais Draco ne pensait plus vraiment à leurs jérémiades. Au contraire, il pensait à Harry. Toute sa colère vis-à-vis de lui s'était envolée. Enfin, il continuait à lui en vouloir, mais en même temps, il comprenait un petit peu sa réaction. Exagérée selon lui, mais le message était assez clair : Draco n'avait pas été franc et Harry avait été déçu, voire même blessé. Tout ce qui lui restait à faire était évidemment de l'appeler et de tenter de régler ce problème.

Sauf que ça ne lui était jamais arrivé. Il ne lui était jamais arrivé de s'excuser comme ça envers quelqu'un, et jamais, oh non jamais, il n'avait appelé quelqu'un pour « renouer ». Ils n'avaient pas officiellement cassé, ça non, mais Draco n'avait jamais appelé pour s'excuser. Cette idée le répugnait, ce n'était pas à lui de demander « pardon », c'était Harry qui était parti. Et pourtant, il sentait que Harry ne ferait jamais le premier pas. Car Harry avait un petit peu raison.

Draco poussa un long soupir exaspéré. Puis, il éteignit l'eau et sortit de la douche. Il se sécha, s'enveloppa dans son peignoir, puis sortit de la salle de bain. Il faisait nuit dehors. Il regarda l'heure, affichée sur le cadran du réveille-matin, sur la table de chevet : 20h15. Il était tard, mais Harry était encore réveillé à cette heure-ci. Le blond prit son portable posé à côté du réveil, chercha le numéro dans son répertoire, puis appuya sur le petit téléphone vert, avant de le porter à son oreille.

On sonna une fois. Puis deux. Puis trois. Le répondeur allait se mettre en marche, mais on décrocha. Son cœur s'emballa.

« Allô ?

- Harry, c'est moi. »

A l'évidence, il avait décroché sans regarder qui téléphonait, car un certain silence suivit ces mots. Draco inspira doucement.

« Harry, je suis désolé. Pour ce qu'il s'est passé, mercredi soir.

- Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Draco eut l'impression de revenir en arrière, quand il lui avait proposé une sortie entre amis, avec Blaise, Hermione, Millicent et Ron. Cette même voix froide et distante, indifférente. Le genre de voix que lui-même utilisait, mais qui était si étrange, si… blessante chez Harry…

« Je n'avais pas prévu que Pansy soit là. Si j'avais su…

- Pourquoi tu ne m'as pas dit que je te servais de bouche-trou ? »

Draco faillit s'étrangler en entendant ces mots.

« Harry !! S'exclama-t-il.

- Vois la vérité en face : je te servais de prétexte.

- Je suis désolé, mais j'avais peur que tu le prennes mal.

- Je le prends mal, » lui confirma-t-il.

Comment sortir de cette impasse ? Se demanda le blond. Posté devant la fenêtre, il regardait l'obscurité du jardin, en cherchant comment ramener Harry vers lui. Ce dernier ne semblait pas vraiment d'accord pour coopérer…

« Harry, je te demande pardon. Je suis désolé, je voulais calmer Pansy avant, elle aurait pu raconter des conneries.

- Je suppose qu'elle l'a fait quand même, hein ? Répliqua le brun, ironique.

- Non mais tu as vu comment tu es parti ! Je t'ai couru après, je te signale ! Mais tu avais disparu…

- C'est un reproche ?

- A ton avis, crétin ?!

- Je préférais m'en aller avant que tu lui dises que je n'étais qu'un ami, que tu étais désolé, et que notre soirée était terminée. »

Draco eut un soupir. Il s'en voulait. Il avait dû blesser Harry, c'était évident. Il le sentait dans la voix du brun. Pas de reproche, juste une constatation. Et c'était ce qui faisait plus mal, encore. Draco parla alors d'une voix douce.

« Je suis vraiment désolé. Tu sais, je n'aurais pas nié qu'on n'était pas ensemble. Bon, je l'avoue, je ne lui aurais pas dit ce soir, elle était bien trop énervée. Mais je ne le lui aurais pas caché longtemps. Ce n'est pas mon genre de cacher mes copains. Mais elle était bien trop énervée, ça aurait empiré les choses.

- Je n'en veux pas de tes justifications, Draco. Tu es comme les autres, en fait. Je pensais que tu étais différent, que tu assumais. Mais en fait, tu n'es pas différent des autres. »

Quels autres ? Qui étaient les autres, Harry ? Draco sentait la jalousie monter en lui. Combien y en avait-il eu avant lui ? Combien de personnes avaient fréquenté Harry, combien l'avaient déçu, combien l'avaient comblé ?

« Non, je suis différent des autres. Laisse-moi te le montrer, Harry.

- Pour qu'il se passe la même chose ? Non merci.

- Donne-moi une seconde chance. Cette fois-ci, je ne te décevrai pas. Demain soir. Tu veux bien ? »

Sa voix était pressante. Il y eut un long silence à l'autre bout du fil, et Draco se demanda si Harry n'avait pas raccroché. Mais il entendit à nouveau sa voix.

« Si tu veux. »

Et que veux-tu, toi ? Songea Draco en grimaçant.

« A demain. »

Et Harry raccrocha.

OoO

Elle avait seize ans, à l'époque. Seize ans. Tout s'était enchaîné si vite qu'elle n'avait pas vraiment compris ce qui lui arrivait.

Un matin, elle s'était levée, et était allée dans la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Elle avait cours, ce jour-là. Dans sa petite chemise de nuit, elle allait entrer dans la cuisine, quand le téléphone sonna. Une fois. Puis deux. Puis trois. Un peu comme des coups, frappés contre une porte, qui refusait de s'ouvrir. Nymphadora n'avait pas répondu, sa mère l'avait fait. Elle avait vu son visage se décomposer, les larmes monter à ses yeux et dégouliner sur ses joues. Elle avait vu son corps s'effondrer sur le sol, les cris sourds s'échapper de ses lèvres, de sa gorge meurtrie. Elle avait vu sa mère hurler son désespoir.

Un peu plus tard, quand sa mère fut un petit peu calmée, Nymphadora apprit que son père, Ted, était mort. Ce fut comme un coup de poing en pleine poitrine. Elle pleura longtemps, très longtemps. Elle refusa de se rendre en cours, ce jour-là. Elle ne mit plus jamais les pieds à l'école, d'ailleurs. Elle venait d'avoir seize ans. Et son père avait été tué par Tante Bellatrix.

Puis, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, sa mère sombra dans la dépression. Nymphadora n'allait pas bien, la mort de son père laissait un vide, un creux dans sa poitrine, et elle refusait toute visite. Mais sa mère se laissa mourir, ni plus ni moins. Personne ne vint la voir, hormis des flics et un avocat. Ah si, il y avait cette femme blonde, que Nymphadora voyait de temps en temps. Son nom lui échappait. Une femme aux cheveux décolorés, habillée bizarrement. Elle était venue pour Andromeda. C'était bien la seule…

Et Andromeda mourut. Accident de voiture, dit-on. Mais elle ne faisait plus vraiment attention à ce qu'elle faisait, et il était si facile de traverser une route sans regarder à droite et à gauche. Nymphadora se retrouva donc seule, désespérée, abandonnée, avec la souffrance pour seule amie. Elle pleura longtemps. Très longtemps. Elle appela à l'aide, au fond de son lit, priant pour que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve. Que ses parents reviennent, que papa et maman rentrent à la maison.

Mais personne ne vint. Personne. Mamie Druella, Papy Cygnus, Tante Narcissa… Personne ne vint. Alors Tonks s'en alla. Elle quitta la maison, quelques affaires dans son sac, et disparut.

Nymphadora Tonks fit beaucoup de bêtises. Beaucoup. Elle dériva, vers la cigarette, le joint, le sexe. Elle gagnait son argent comme elle pouvait, se noyant dans la misère. L'adolescente qu'elle était plongeait dans cet univers glauque, oubliant sa vie d'autrefois, ce rêve où ses parents étaient encore vivants. Le désespoir l'empêchait de réfléchir, et par tous les moyens, elle voulait échapper à ces souvenirs. Vivre dans la haine de cette famille qui les avait détruits et abandonnés était tout ce dont elle était capable.

Mais un jour, une main se referma sur son bras. Une main longue et puissante, qui la retourna. Tonks vit un vissage qu'elle avait autrefois connu. C'était cette femme qui venait voir sa mère, autrefois, quand son papa était mort. Ce joli visage qui lui arracha un cri de colère et de souffrance.

Elle s'appelait Isaline, cette nana. Cette bouffonne qui la gifla avec violence, lui gueulant des mots incompréhensibles. Elle eut beau mordre, se débattre, crier au viol, rien n'empêcha cette conne de la mettre dans sa voiture et de l'emmener chez elle.

Le voyage fut long. Très long. Si long que Tonks s'endormit, et quand elle se réveilla, elle vit la petite boutique et l'étage habité juste au-dessus. Un endroit merdique, si loin de chez elle.

D'abord, Nymphadora se débattit. Isaline l'enferma dans cette maison, la menaçant de claques et de privations si jamais elle tentait de sortir. C'était devenu une délinquante, une pauvre fille qui ne survivait pas à la mort de ses parents, abandonnée de tous. Elle ne supportait pas cette maison si petite, cette femme qui la forçait à manger et se coucher à des heures précises, et ce gosse qui errait dans la maison, toujours dans les pattes d'Isaline, la suivant comme son ombre.

Ne supportant pas Isaline, Tonks s'enfermait dans sa chambre et pleurait pendant des heures. Le gamin essaya de la consoler. C'était un tout petit garçon, très maigre, et des cheveux noirs corbeau, qu'il ne coiffait sans toute jamais. Il avait aussi de grands yeux verts, comme des billes, qui avaient quelque chose d'innocent. Un petit oisillon … Tonks lui gueulait dessus parce qu'elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il racontait, tant il parlait mal. Dans ces moments-là, ses yeux s'embuaient de larmes, et l'enfant s'enfuyait. Parfois, elle voyait Isaline le soulever dans ses bras et le câliner, en lui murmurant de se calmer.

En vérité, Tonks était jalouse. Jalouse de cet enfant si maigre qu'Isaline câlinait et gâtait comme s'il s'agissait de son fils. Elle était jalouse de ce bébé qui vivait en sécurité dans cette petite maison merdique, alors qu'elle, elle avait vécu dans la rue, sans ses parents, abandonnée de tous. Elle détestait Harry. Elle détestait Isaline. Elle détestait le monde entier.

Un jour, elle rejeta à nouveau l'enfant, qui prit la poudre d'escampette, terrorisé. Elle le poursuivit dans la cuisine et hurla après Isaline quand elle voulut le consoler. Et, une fois de plus, Isaline lui gueula dessus, la gifla de ses mots si blessants.

« Tu as perdu tes parents et tu es malheureuse, c'est vrai ! Mais lui, il ne les a jamais connus, ses parents ! »

Et Isaline dévoila l'histoire de ce gamin si maigre, de sa vie avant qu'elle ne le prenne chez lui. Vexée au delà des mots, parce qu'elle savait que c'était elle qui était la plus à plaindre, et dégoûtée par cette vie de prison, elle s'enfuit.

Pendant un temps, elle eut peur qu'Isaline revienne la chercher. Mais cela ne l'empêcha pas de reprendre sa vie d'avant. Du moins, elle essaya. Une fois. Puis deux. Mais pas trois. Ce qu'elle faisait l'écœurait tellement qu'elle repensa à cette maison pitoyable, à cette boutique de tatouage en-dessous.

Elle revit les mauvais moments qu'elle y avait passés. Mais, surtout, elle y vit les bons moments. Les repas servis plus ou moins à l'heure, les câlins quand elle était calmée, les yeux pétillants de Harry quand venait le dessert, le sourire d'Isaline… Mais, surtout, les draps propres du lit, la bonne odeur dans la cuisine, la télévision, le soir… tous les trois blottis devant le téléviseur, dans l'obscurité de la pièce…

Nymphadora avait pleuré. Elle n'avait vu que le mauvais côté, les gifles, les cris, les portes qui claquent… Elle n'avait pas vu toutes les petites attentions d'Isaline, ses nouveaux vêtements déposés sur son lit, ses desserts préférés… Elle n'avait pas vu ses regards tristes quand elle s'en allait en courant dans sa chambre, ni les dessins de Harry posés sur son bureau… Elle n'avait pas vu ces mains tendues vers elle… Elle n'avait pas senti ces regards posés sur elle…

Nymphadora n'avait pas compris. Pourquoi Isaline était venue la chercher, pourquoi elle avait réussi à la retrouver. Et pourquoi tous les autres ne l'avaient jamais contactée… Traînant, les pieds, elle revint chez Isaline. Frappant à la porte, trempée, elle attendit qu'on lui ouvre. Elle se souviendrait toujours du soulagement sur le visage fatigué de la tatoueuse, et aussi son léger sourire quand elle lui avait demandé si elle pouvait rentrer.

« Tu es chez toi, Nymph'. »

Et elle se souviendrait toujours du sourire radieux de Harry quand il l'avait aperçue. Il avait hésité à lui sauter dans les bras, mais l'adolescente l'avait soulevé dans les airs. Elle était rentrée chez elle… Dans cette petite maison, avec Isaline, et Harry. Elle avait une famille…

Mais tout n'était pas fini. Car Sirius sortit de prison, et Isaline décida de le prendre chez elle. Sa famille voulut s'y opposer, et ils firent des recherches sur Isaline Anderson. Et ils découvrirent que c'était là que vivait Nymphadora Tonks. Et la guerre débuta…

La famille tenta de récupérer Sirius et Nymph'. Ils s'attaquèrent d'abord à Nymph', Sirius n'ayant pas encore été libéré. Tous les moyens furent bons, mais Isaline ne céda jamais. Les tuteurs avaient été nommés. Les Malfoy seraient dorénavant responsables de la jeune fille.

C'était en hiver. Il faisait très froid. Nymph' était dans sa petite chambre. Elle entendit des cris dans la boutique, alors elle descendit pour voir ce qui se tramait. Et elle eut une vision d'horreur.

Les Malfoy étaient là. Lucius et Narcissa étaient dans la boutique, enveloppés du luxe dans lequel ils vivaient. L'homme qu'elle avait si peu vu lui fit froid dans le dos, et cette femme qu'elle appelait autrefois « Tante Narcissa » semblait en colère. Isaline avait l'air si misérable à côté d'eux, avec ses vêtements bon marché, ses tatouages, et ses cheveux bruns et blonds.

Le couple s'était adressé à elle. Pour la première fois. Sa mère était morte depuis quelques mois, et c'était la première fois qu'ils s'adressaient à elle. Ils lui disaient qu'ils allaient s'occuper d'elle, qu'ils étaient désolés pour ce qu'elle avait vécu, qu'ils l'avaient cherché, qu'ils…

« Viens, Nymphadora. Nous allons nous occuper de toi. »

Mais sa tante l'horrifiait. Ce couple l'horrifiait. Toute cette haine qu'elle avait éprouvé pour cette famille, toute cette colère, toute cette souffrance explosa dans son cœur, en même temps que la peur. Elle ne voulait pas partir. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'elle avait vécu, pas alors qu'elle recommençait à vivre… Elle avait regardé Isaline, cette pauvre conne qu'elle avait tant insultée, pour l'avoir enfermée dans cette maison, pour avoir été le mur infranchissable où elle ne cessait de frapper… La seule personne à l'avoir cherché, à l'avoir trouvée… Aucune émotion n'était visible sur son visage. Elle attendait. C'était à Nymph' de choisir…

« Je veux pas m'en aller, avait-elle dit. C'est ma maison, ici. »

C'était sa maison. C'était son toit. Il y avait sa chambre, à l'étage. La cuisine, à côté, où Isaline tentait de lui préparer ses plats préférés. Il y avait le salon, toujours en bordel. Et puis Harry, qui se cramponnait à sa jambe, comme s'il avait peur qu'elle s'en aille. Encore.

Elle avait vu un soulagement sans nom passer sur le visage d'Isaline, et la colère défigurer Narcissa. Elle avait essayé d'argumenter, de la faire changer d'avis, mais Isaline se posta devant Nymph'. Elle lui parut alors immense, et elle jeta le couple dehors, sans ménagement.

Mais la suite fut épouvantable. Les Black et les Malfoy firent tout pour récupérer Nymphadora, accusant Isaline de mille crimes. Cette dernière rentra en guerre avec cette famille si riche, qui voulut la détruire. Nymph' affirma que, si elle quittait cette maison, elle se suiciderait. Mais la famille prit cela bien peu en compte, voulant récupérer cette gamine et sauver l'honneur des Black bafoué par Andromeda. Et Isaline commençait malgré elle à flancher. Elle s'était tant battue pour avoir Harry, elle manquait de souffle pour en faire de même avec Nymphadora…

Le calme commença à revenir quand Sirius débarqua à la maison. Ou, du moins, dans le minuscule appartement que possédait Isaline : la maison avait brûlé. Qui l'avait fait ? Elle l'ignorait. Elle ne voulait pas savoir. Isaline ne voulait plus rien savoir. Elle n'avait plus rien : plus de boulot, plus de boutique, plus de maison. Plus rien. À part cet appartement, Harry, Nymph', et puis Sirius. Isaline était au bout du rouleau, et Sirius avait encore besoin d'elle.

Sirius était dans un état lamentable quand il revint de prison, mais il avait suffisamment de hargne pour foutre toute sa famille dehors, et il menaça de faire la plus grosse connerie du monde si jamais ils venaient encore les emmerder. La famille Black tenait à sa réputation, d'où leur désir presque viscéral de récupérer Nymphadora, et il était hors de question que Sirius fasse plus de conneries qu'il n'en avait déjà fait. Regulus, le frère cadet Sirius, ne manqua pas de s'en mêler, et sérieusement, afin d'arrête le conflit. Et le combat s'arrêta.

Mais Isaline en avait vu de toutes les couleurs, et même si elle réussit à redémarrer grâce à l'argent de Sirius, il ne lui fut pas facile d'allier boulot, l'éducation de Harry, la formation de Nymph' et la dépression de Sirius. Et Nymph' vit tous ses soucis à travers ses yeux, son visage fatigué, ses cernes…

Comment faisait-elle, aujourd'hui ? Se demandait-elle. Comment pouvait-elle ouvrir à Draco Malfoy, le laisser entrer chez elle ? Comment pouvait-elle laisser Harry embrasser ce salopard ? Avec tout ce que ses parents leur avait fait ? Lui avait fait ? Nymph' ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi Isaline laissait couler. Harry devait vivre sa vie, oui… Mais il allait comprendre, un jour. Il allait comprendre. Et comme réagirait-il, à ce moment-là ?

Elle avait envie de pleurer. Pourquoi Isaline acceptait-elle cette situation ? Pourquoi ? Ils avaient tu les parents de Nymph', et ils avaient essayé de détruire Isaline … Ils avaient détruit la boutique où son père avait travaillé, où il avait galéré pendant des années… Pourquoi elle acceptait ce connard chez elle ?

OoO

« Tu ne devrais pas y aller.

- Je sais.

- Ce mec va te faire souffrir. »

Harry poussa un long soupir. Il se tourna vers Théo, assis sur son lit. Il était très sérieux et Harry hésitait. D'un côté, il voulait aller à ce rendez-vous, car il tenait à Draco, mais en même temps…

« N'y vas pas.

- Si. Je veux savoir jusqu'où il ira.

- Dans ce cas, reste habillé comme tu es. »

Harry sembla étonné. Il baissa les yeux et se regarda : un jean un peu large et un pull. C'était mieux que la veille, mais son corps avait connu plus élégant, quand même. Il soupira à nouveau, puis ferma les portes de son placard. Il avait raison. Il ne se changerait pas.

« Pourquoi tu te ferais beau pour ce connard, hein ? Il s'est foutu de toi.

- Arrête, Théo, lui demanda Harry.

- Le seul mec qui t'intéresse depuis trois ans est en train de tout foutre en l'air, répliqua l'autre.

- Il n'est pas censé savoir que ça fait trois ans…

- Je m'en tape ! C'est qu'un abruti. »

Théo était vraiment énervé contre Draco. Il en avait entendu de belles sur lui par l'intermédiaire de Seamus, mais il savait que les amoureux blessés exagéraient souvent les faits. Apparemment, Seamus n'avait pas faux sur toute la ligne…

Harry s'assit à côté de lui. Théo passa un bras autour de ses épaules et cala sa tête contre la sienne. Normalement, il n'aurait jamais fait ça avec un mec, surtout s'il était bi, mais Harry était bien différent, et il avait besoin de soutien. Le jeune homme était empli de doutes. Il aurait voulu le rassurer, mais Théo ne pouvait pas dire grand-chose : il ne se connaissait pas Draco, il ne l'avait d'ailleurs jamais vu, et dans le fond, il aurait préféré que Harry lâche l'affaire.

« Je devrais quand même me laver, non ? Je suis crade.

- Tu rigoles ? T'as rien fichu de la journée.

- Si j'ai bossé.

- Pas des masses. Si ça se trouve, il va pas durer longtemps, ton rendez-vous.

- C'est ce que Luna m'a dit, ce matin. »

Théo ne dit rien. Luna n'était pas devin, mais la plupart du temps, ses pressentiments se révélaient justes. A croire qu'elle voyait vraiment l'avenir…

Vingt minutes passèrent. Vingt minutes où les deux hommes attendirent dans la chambre qu'on sonne en bas, discutant de tout et surtout de rien. Théo tentait de distraire Harry en lui parlant de ses propres problèmes de famille. Il avait une façon de les évoquer qui faisait toujours sourire son ami. Son père avait entamé une procédure de divorce et son épouse tentait de récupérer le plus de biens possible, mais c'était sans compter sur les avocats que son père avait employés.

On sonna. Harry se redressa, au garde-à-vous, et Théo grogna. Il laissa néanmoins Harry sortir de la chambre. Lui préférait ne pas descendre, ou il savait qu'il ne parviendrait pas à se retenir. Harry descendit donc les escaliers et arriva dans l'entrée.

Draco était sur le pas de la porte, Isaline adossée contre l'encadrement. Elle ne l'avait pas laissé entrer, et ce que Harry ne voyait pas, c'était le regard sombre et scrutateur posé sur Draco, qui serrait les poings. Il leva les yeux vers Harry et son cœur se serra.

Il portait une tenue négligée qui ne lui allait pas du tout. Ses vêtements étaient trop larges, abîmés, et montrant le peu de soin qu'il portait à sa personne. Peut-être ne s'était-il pas changé, il travaillait toujours avec des vêtements comme ça. Mais Draco ne fit aucune remarque, ce n'était pas du tout le moment.

Harry le salua d'un hochement de tête et se baissa pour enfiler ses chaussures. Puis, il sortit, passant à côté de Draco, sans le regarder. Il savait que s'il croisait son regard, il l'embrasserait. Et tandis qu'ils avançaient vers la voiture, il sentit la nervosité du blond, la colère sourde qui animait son cœur. Il claqua sa porte quand il monta dans sa voiture et démarra rapidement, roulant à toute vitesse. Mécaniquement, pour éviter de penser à la route qui défilait devant lui et fuir cette atmosphère trop lourde, il alluma la radio. Ce qui déclencha les hostilités.

« Harry, éteint la radio, s'il te plait.

- Tu roules trop vite. Si tu ralentis, je l'éteins. »

Mais Draco l'éteignit lui-même. Fronçant les sourcils, Harry la ralluma, et il rencontra furtivement le regard énervé de Draco. Le brun se tassa dans son siège, sentant que la soirée n'allait pas être de tout repos. L'énervement le gagnait lui aussi.

« Draco, ça ne va pas ? Demanda Harry.

- Si, ça va.

- Non, tu es énervé. Qu'est-ce que tu as ? »

La voix de Harry s'était radouci. S'il y en avait un qui devait prendre sur lui-même, c'était lui, car Draco semblait être de mauvaise humeur.

« Rien, Harry. Eteins cette radio, s'il te plait.

- Draco, j'ai pas envie de passer ma soirée avec quelqu'un d'énervé, alors s'il te plait, dis-moi pourquoi…

- Attends une minute, tu peux répéter ?

- Tu es énervé, Draco, et si c'est pour passer une soirée pourrie…

- Tu vas te barrer encore, c'est ça ? »

Draco s'arrêta au feu rouge et lança un regard furieux à Harry. La colère brouillait ses traits et ses yeux brillaient de rage. Harry serra les dents. Ça dégénérait…

« Tu croyais vraiment que j'allais rester là, à te regarder te disputer avec cette fille ? Tu croyais vraiment que j'allais attendre que tu me dises que la soirée était terminée ?!

- Tu n'avais pas à te barrer comme ça ! S'écria Draco, qui redémarra.

- Je croyais que tu étais censé te faire pardonner ce soir, non ? Tu empruntes la mauvaise voie, là !

- Putain, mais tu me prends vraiment pour un con ! »

Harry pâlit, statufié. Ce n'était plus Draco qu'il y avait devant lui, mais un homme étranger, un homme enragé, un pauvre con qui avait décidé de passer ses nerfs sur lui. Un homme bien habillé qui n'avait rien à faire là, surtout avec lui.

« Je ne suis pas là pour me faire pardonner, Harry. C'est à toi de me faire des excuses !

- Draco ! S'écria Harry.

- Tu ne penses qu'à toi ! J'étais en train de régler le problème, et tu t'es barré ! »

Mais où était Draco ? Où était-il passé ? Où était ce jeune homme qui lui tenait la main dans la rue, qui l'embrassait devant chez lui ? Où était cet étudiant qui l'invitait à dîner ? Il ne restait plus que le fils à papa, l'aristocrate, dans ses vêtements couteux, sa coiffure impeccable, sa voiture hors de prix…

Mais qu'est-ce qu'il faisait là, lui ?

« Je n'ai pas du tout aimé ce que tu as fait, Harry. C'est un gros manque de respect envers moi !

- Tu…

- Tais-toi ! C'est de ta faute si on en est là ! Et moi qui te pensais plus intelligent que ça ! Tu cherchais quoi en te barrant comme ça, hein ? Que je te supplie à genoux de revenir ? Que je te demande pardon en rampant à tes pieds ? »

Draco s'arrêta à un nouveau feu rouge. Il n'eut pas le temps de tourner la tête pour foudroyer Harry regard que la portière claqua à nouveau. Et Harry avait disparu.

Il poussa un cri de stupeur et de colère. Il se gara maladroitement sur la rue, sortit de sa voiture en manquant de se faire renverser, et il partit à la rechercher du brun. Il l'aperçut s'enfuir vers une station de métro, sa chevelure noire et indomptable balayée par le vent froid qui soufflait sur Paris. Draco courut et lui empoigna le coude et le retourna, le cœur battant à la chamade.

« Nan mais t'es malade ?! Ça va pas de descendre comme ça ?!

- Lâche-moi, connard ! »

Harry se dégagea et foudroya Draco de ses yeux verts qui brillaient comme des pierres précieuses.

« Putain, j'en ai marre de toi ! C'est à moi de m'excuser ? C'est à cause de moi qu'on en est là ? Si tu avais dit à cette fille qu'on était ensemble, il n'y aurait pas eu de problème ! Mais non ! Tu ne penses qu'à ta gueule !

- Je t'interdis de dire ça !

- Tu m'interdis quoi ? De te dire la vérité ?! Tu m'as blessé, Draco ! Je pensais que tu étais différent des autres, que tu n'aurais pas honte de moi !

- Je n'ai pas honte de toi, Harry !

- Si, tu as honte ! Cette fille disait que vous alliez être fiancés, elle allait parler de cette soirée à tes parents, et toi tu as flippé ! Tu avais peur qu'elle leur parle de moi ! Tu as honte de moi, honte de sortir avec un mec ! Avoue-le, au moins… »

Sa voix se brisait. Ses yeux brillaient trop, et Draco ne disait rien, les oreilles blessées par ses cris, hypnotisé par ces larmes qui allaient couler sur ses joues. La déception et la tristesse envahissait le beau visage de Harry.

Il allait rajouter quelque chose, mais Harry se ravisa, et il tourna les talons, courant presque vers la station de métro. Il ne voulait pas voir un seconde plus le visage stupéfait de Draco, ses grands yeux bleus ouverts d'étonnement. Il voulait rentrer chez lui, et l'oublier.

Sans se douter que Draco, derrière lui, avait pris sa tête dans ses mains, en se traitant de tous les noms…

OoO

A la pêche aux moules moules moules, je ne veux plus y aller maman…

« Isaline !! Au pied !! »

Les gens de ville ville ville m'ont pris mon panier, maman…

« Isaline, arrête de fredonner deux minutes, tu veux bien ?! Qu'est-ce qu'il se passe, putain de merde ?!

- On parle pas comme un charretier chez moi.

- Si tu ne me dis pas ce qui se passe dans la minute qui suit, je pète un câble. »

Isaline poussa un soupir à fendre l'âme et cessa de fredonner. Il fallait dire que la mélodie de la guitare à l'étage lui donnait envie de chanter. Et, justement, il était là, le problème : Harry avait sorti sa guitare et chantait toutes les comptines d'enfants qui lui passaient par la tête. Teddy devait être tout content qu'il lui chante des chansons, mais pour les adultes en bas, c'était déjà moins rigolo…

« Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

- Isaline… Grogna Sirius d'un air menaçant.

- Bon, apparemment, c'est fini avec Draco. »

Le visage de Sirius passa de la colère à la surprise. Il leva les yeux vers le plafond, écoutant la voix de Harry assourdie par la porte de sa chambre. Isaline haussa les épaules d'un air fataliste : elle n'était pas vraiment étonnée, elle se doutait que ça finirait mal. D'ailleurs, elle avait prévenu Harry au tout début, et une fois encore, ça n'avait pas loupé : il était venu dans son lit pour se faire réconforter, pour la seconde fois.

« Et… il t'a raconté ce qui s'est passé ?

- Oh, une dispute. Draco était sur les nerfs et il a fait des reproches à Harry, et c'est parti en vrille.

- Et il est malheureux ?

- Qui ça ?

- Harry !!

- Bah il aurait pas sorti sa guitare, sinon. »

Quand Harry sortait sa guitare quand il était seul, soit c'était qu'il s'ennuyait, soit c'était parce qu'il n'allait pas bien. Bon, il y avait Teddy avec lui, mais il grattait déjà les cordes de son instrument avant que l'enfant arrive avec Sirius, qui était en mission « baby-sitting » vu que Remus et Nymph' voulaient passer une soirée en amoureux.

« Je vais le voir, décida Sirius.

- Si tu veux. Mais ne lui dis pas pour les Malfoy.

- Tu y tiens, à cette histoire… Soupira-t-il.

- Fais-moi plaisir. »

Sirius allait monter à l'étage, mais il se retourna. Isaline était adossée au mur de l'entrée, attendant qu'il monte pour continuer son ménage. Il parut hésiter, puis il se lança.

« Tu viens avec nous à Londres, pour la Toussaint ? »

Il avait déjà acheté les billets. Il allait à Londres avec Severus, Nymph', Remus et leur enfant devaient les accompagner. Remus n'était pas embêté à l'idée d'y aller seul mais son épouse voulait être présente pour lui. C'était toujours difficile pour lui de se rendre sur la tombe de James et Lily, de même pour Sirius, d'où la présence de Severus. Il avait beau ne pas aimer ce genre de voyage, et en particulier les cimetières, il savait que Sirius avait besoin de lui.

« Non, je ne pense pas. En fait, j'en sais rien… Ça dépend de Harry. S'il va mieux, je viens, sinon, je resterai. »

Inutile de préciser que, une fois encore, Harry ne monterait pas dans le train pour aller à Londres. Elle allait devoir le laisser seul ici, mais c'était uniquement s'il se sentait bien. Draco débarquait vraiment au mauvais moment…

Sirius monta alors à l'étage, toqua à la porte de la chambre, tandis que l'aspirateur vrombissait dans le salon, puis il entra. Harry était assis sur son lit, en tailleur, et grattait sa guitare tout en chantant des comptines d'enfants, et Teddy était devant lui, tentant de chanter lui aussi mais il semblait préférer l'écouter, se dandinant sur son derrière.

Teddy avait été baptisé quelques mois après sa naissance, et Harry avait été désigné pour être le parrain. A la base, ce devait être Sirius, mais Nymph' et Remus avaient été tellement émus par Harry, quand il était venu à l'hôpital pour voir le bébé, qu'ils avaient modifié leur choix : ce jour-là, Harry avait semblé si émerveillé par cet enfant, cette petite chose qu'il tenait entre ses bras, qu'on aurait dit que tout ce qu'il avait vécu auparavant n'était d'un mirage… Sirius n'avait pas du tout été vexé que Harry prenne sa place, bien au contraire : il estimait avoir échoué avec Harry, dans son rôle de parrain, et cette situation lui rappelait trop James et Lily…

Quant à Isaline, elle avait été désignée volontaire pour être marraine. Elle n'avait pas eu son mot à dire : Tonks lui devait tellement qu'elle voulait qu'Isaline soit la marraine de son fils. Isaline lui avait répliqué que, justement, elle estimait en avoir assez fait et avoir un filleul était une source de soucis en plus… Mais bon, elle aimait trop les enfants pour refuser…

« Alors, Ryry ? On s'est reconverti en chanteur ?

- Mon public est assez restreint, malheureusement, se plaignit Harry. Tu penses que je chanterai un jour à Bercy ?

- Change de registre alors. »

Harry lui tira la langue et repartit sur une nouvelle chanson. Le ridicule ne tuait pas, se disait-il, et Teddy était trop mignon à se dandiner sur son popotin en chantant plus ou moins bien avec lui. Sirius s'assit près de Harry et il se mit aussi à chanter, tout faisant des mimes et des grimaces à l'enfant qui gloussait.

Il en oublia sa conversation avec Isaline. Ou, plutôt, il préféra ne plus y penser. Il préférait regarder cet enfant, ce petit garçon plein de joie de vivre, applaudir ce jeune homme brun, qui avait tellement grandi sans que Sirius s'en aperçoive…

OoO

Blaise se glissa dans la cuisine. Sa mère et son beau-père n'étaient pas en vue, et c'était tant mieux. Il n'avait pas envie de les voir, et il avait autre chose à faire que leur expliquer pourquoi il mettait tout un tas de trucs sur un plateau. En effet, il ouvrait placards et frigidaire et entreposait de la nourriture et de la boisson sur un grand plateau. Il ajouta deux verres et des serviettes en tissu, puis sortit de la cuisine et fonça dans sa chambre, à l'étage.

Quand il ouvrit la porte, Draco était toujours dans la même position : assis sur le lit les jambes repliées contre son torse et les bras croisés dessus. Le regard perdu dans le vague, il réagit à peine quand Blaise revint dans la chambre et posa son fardeau sur le lit.

Blaise s'assit près de lui, s'étonnant une fois encore de cette lassitude sur son visage. Il y avait eu la tristesse, avant, mais maintenant, il ne restait plus rien que cet air las sur sa figure. La dernière fois qu'il avait vu Draco comme ça, c'était quand il avait quitté Seamus. Il avait beau être soulagé d'un grand poids, ce n'était pas facile de se séparer de quelqu'un au bout de trois mois aussi intenses…

Mais là, il sentait que c'était pire. La dernière fois, Draco n'avait pas éprouvé de colère vis-à-vis de lui, ce qui était le cas maintenant. Il était furieux après lui-même, car une fois la colère passée, il s'était vraiment rendu compte de ce qu'il avait fait. De ce qu'il lui avait fait, à Harry.

« Tu as faim ?

- Non, pas vraiment.

- Mange quelque chose, ça te fera du bien. »

Blaise ouvrit un paquet de gâteaux au chocolat et tendit un biscuit à Draco, qui le prit entre ses doigts, avant de le croquer, sans grande conviction. Blaise aurait voulu lui remonter le moral, mais il ne savait pas quoi lui dire.

Draco lui avait raconté ce qu'il s'était passé. Ce rendez-vous foireux, où il s'en était pris à Harry, qui s'était barré, alors que la voiture ne s'était même pas arrêtée. Il lui avait raconté ses mots, sa voix chevrotante, ses yeux brillants, et ses cheveux ébouriffés par le vent qui disparaissait dans la masse des passants.

Sur le coup, Blaise l'avait traité d'abruti. Draco n'avait même pas réagi. Quand son ami s'était calmé avec ses reproches, il s'était justifié piteusement. Il lui avait expliqué pourquoi il avait réagi comme ça avec Harry.

Pansy avait fait des siennes, et il avait maintenant ses parents sut le dos. Déjà, l'ambiance à la maison était exécrable, mais ce fut bien pire quand Pansy lui dit qu'elle voulait un dîner en tête-à-tête, la veille au soir. Draco lui avait alors répliqué froidement qu'il avait un rendez-vous avec Harry. Cela mit le feu aux poudres. Son père arriva et lui ordonna d'emmener Pansy dîner, mais Draco refusa, et la dispute entre Lucius et son fils démarra.

Mr Malfoy lui fit tout un tas de reproches, il avait autre chose à faire que traîner avec un homme. Oui, c'était son petit ami, et que faisait-il dans la vie ? Tatoueur ? Qu'est-ce que c'était que cette horreur ? Et lui qui voulait être médecin ! Mais qu'avait-il dans la tête, que représentait ce type pour lui ? Draco était vraiment une catastrophe, c'était de pire en pire, déjà, il sortait avec un homme, mais en plus, avec un tatoueur ! Un fainéant, un homme stupide qui ne pensait qu'à scarifier des corps…

Les reproches pleuvaient. Draco se sentait submergé par la colère et la honte, mais il était parti en claquant la porte. Car Harry l'attendait. Mais contrairement à ce qu'il aurait pu penser, sa colère augmenta au fil des minutes, et quand Harry, mal habillé et peu souriant passa à côté de lui sans le saluer vraiment, il faillit exploser. Ce fut pire encore quand il se mit à lui faire des reproches, lui aussi, se prenant pour le centre du monde…

En vérité, Draco comprenait sa réaction. Maintenant qu'il était calmé, que Harry l'avait plaqué, s'enfuyant vers une station de métro pour rentrer chez lui, il comprenait sa réaction. Et à quel point il avait pu être blessé et déçu par son comportement… Il s'en voulait terriblement pour ce qu'il avait dit, ce qui lui arrivait rarement. Il était plutôt du genre à assumer ce qu'il faisait et disait, mais là…

Il revoyait encore les yeux verts trop brillants, la déception sur son visage… Il s'en voulait. Vraiment, il s'en voyait, de ne pas avoir su se calmer, et d'avoir fait porter toute la faute sur Harry. Il était tellement furieux après ses parents qu'il avait tout mis sur Harry, sans faire la part des choses… Sa réaction à lui ne l'étonnait pas vraiment. Pas plus que cette de Harry… Mais il était tellement déçu, tellement dégoûté de lui-même… Il avait perdu Harry, et de façon si rapide, si simple… si stupide…

« Essaie de le rappeler, et explique lui.

- Non. J'ai été con et c'est normal qu'il m'en veuille. A sa place, je me serai mis une gifle. Et pas qu'une. »

Blaise était surpris par l'attitude de Draco. Il s'en voulait tellement que c'en était étonnant. Il regrettait d'avoir perdu Harry. Ce n'était que maintenant qu'il réalisait à quel point le jeune homme était important pour lui. Certes, ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais suffisamment pour que Draco entrevoit une relation solide. Mais c'était terminé, maintenant…

« Je peux l'appeler, si tu veux, proposa Blaise.

- C'est gentil, mais ça ne servirait à rien. »

Blaise le pensait aussi, mais ils pourraient toujours essayer… Draco était au contraire certain que Harry le prendrait mal. Il l'avait déçu par deux fois. Entre Harry et lui, c'était terminé. Il ne le reverrait sans doute plus, ni lui, ni ses yeux verts, ni ses cheveux ébouriffés… il n'entendrait plus son rire…

Pourquoi avait-il si mal quand il pensait à lui ? Pourquoi avait-il si mal à l'idée que c'était fini ?


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !