Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Hello les gens !!!

Lys : Bijour :-)

Après avoir été menacée de mille et une tortures (j'exagère ! XD), me revoici avec un nouveau chapitre !

Lys : Autrement dit, l'autre morceau du chapitre 11...

J'espère que ce chapitre vous plaira ! Par contre, petit message à Aline : j'ai pas trop compris comment il fallait que je te rentre sur msn (si j'avais bien compris...).

Bonne lecture !


Chapitre 12

Le mardi, Harry avait repris le boulot. Il semblait avoir retrouvé sa joie de vivre, mais en réalité, il n'allait pas si bien que ça. Ses pensées étaient tournées vers Draco. Il ne pensait qu'à lui, et il réalisait à quel point il avait placé d'espoirs dans leur relation. A quel point il tenait à lui, même s'il le connaissait depuis peu de temps. Et il s'en voulait d'avoir autant espéré.

C'était la première fois qu'il sortait avec un homme depuis trois ans, et il s'était emballé comme une fillette, lui qui s'était pourtant promis de prendre son temps avec Draco, pour être certain que ça en valait le coup. Mais Draco n'était qu'un gosse pourri gâté, et lui, Harry Potter, n'était rien comparé à lui. Pourtant, malgré cette vérité, il ne pouvait s'empêcher d'espérer que Draco le rappelle, ou qu'il vienne, ici, pour s'excuser vraiment. C'était stupide, il s'était déjà fait avoir une fois. Et pourtant…

Harry était en train de colorer un tatouage, représentant un diablotin. On ne voyait que son visage et sa queue qui dépassait du trou qu'il avait fait, déchirant la peau pour avoir un regard sur l'extérieur. Harry appliquait le rouge sur le visage gourmand du diablotin, concentré, avec du Rammstein en fond sonore. Mais même s'il était concentré, ses pensées demeuraient tournées vers Draco.

En fait, il ne comprenait pas sa réaction. Bon, il aurait pu être énervé contre lui, mais il y avait une façon de dire les choses… Draco n'était qu'un crétin, là était la vérité, et Harry était pire encore, car il espérait le contraire. Quel idiot… Non, mais quel idiot…

Théo était passé dimanche, après son boulot, et il lui avait conseillé d'oublier Draco. Inutile de regretter un abruti pareil, disait-il. Il savait que ça pouvait être douloureux, mais mieux valait que ça se passe maintenant que plus tard, quand il serait vraiment entiché de lui. Ron lui avait dit la même chose, mais de façon bien moins calme que Théo, traitant Draco de tous les noms d'oiseaux. C'était bête, mais ça faisait du bien d'entendre ça : Harry n'était pas capable d'insulter Draco, et entendre Ron le comparer à un caniche en manque d'amour n'était pas si désagréable.

Il n'en avait évidemment pas parlé à Cho, mais Luna était bien sûr au courant. Contrairement aux autres, elle lui dit qu'il ne devait pas laisser tomber. Peut-être que Draco avait des problèmes et il a dérapé. Harry n'en croyait pas un mot et Luna ne parvint pas à le convaincre qu'il pourrait y avoir une suite dans leur relation…

Draco n'avait pas été soutenu ni par Nymph', qui ne s'était pas gênée non plus pour l'insulter, avec étonnement beaucoup de hargne, ni par Sirius qui, bien que plus calme, n'y était pas allé de main morte, lui non plus. De façon plus classe et posée, certes, mais il n'avait pas été tendre.

La seule qui semblait ne pas avoir d'avis était Isaline. Harry savait qu'elle était en colère après Draco, mais elle n'en montrait rien. Elle ne disait rien, non plus, essayant de divertir un peu Harry et de lui faire oublier cette soirée pourrie. Elle avait décidé de ne taper sur personne, apparemment.

En vérité, elle voyait bien que Harry n'allait pas bien. Il ne s'en rendait pas vraiment compte lui-même, mais il avait l'air très triste. Il avait perdu son sourire et il ne bavardait plus aussi facilement. Draco lui avait plus de mal qu'il ne le pensait, Isaline le voyait bien. Elle était persuadée que Draco n'était pas tout à fait maître de ses moyens ce soir-là, car elle ne comprenait pas du tout sa réaction. C'était une personne fière, d'après ce que Harry avait pu lui dire, mais elle doutait qu'il aurait fait tout ce chemin pour lui vomir des reproches dans sa voiture. Il s'était passé quelque chose, c'était certain, une personne comme lui aurait préféré larguer plutôt qu'être largué. Pour elle, c'était évident…

Devait-elle l'appeler pour en savoir plus ? Non, ça envenimerait les choses, et Draco devait être furieux après Harry, très loin de l'attitude tristounette de Harry. Elle ne le connaissait pas, ce gars-là, donc elle ne pouvait s'imaginer comment il avait réagi… Elle se dit pourtant que, si ça continuait comme ça, elle appellerait le blondinet…

Soudain, son regard s'éclaira. Elle était actuellement en train de soulager un client, dont elle avait percé la langue, et une fois sa tâche terminée, elle fonça vers son téléphone et composa le numéro de son gentil et adorable Severus Rogue… Elle en connaissait un qui allait gueuler s'il apprenait sa manigance…

OoO

La journée était terminée. La nuit était tombée, et Draco était épuisé. Certes, ces journées à l'hôpital étaient intéressantes, il apprenait plein de choses, et il avait découvert que la vieille McGo' n'était pas aussi conne qu'elle en avait l'air. Au contraire, même si elle était sévère et aigrie, c'était un formidable médecin et il apprenait beaucoup à ses côtés.

Les journées étaient longues. Nous étions fin octobre. Il faisait très froid, les températures ayant beaucoup chuté en vue de l'hiver qui approchait à grand pas. Draco n'était pas vraiment motivé pour sortir de l'hôpital, malgré le gros manteau qu'il avait sur le dos. Il allait devoir traverser le parking pour rejoindre sa voiture, puis rentrer chez lui.

Presque une semaine était passée depuis que Harry l'avait quitté. Et Draco regrettait encore ce qui s'était passé. Il aurait pu oublier, passer à autre chose, mais ces quelques jours n'avaient fait que renforcer ses remords et son envie de le revoir. Normalement, il aurait dû se reprendre, et se dire qu'il en existait d'autres, des bruns à lunettes. Mais il y en avait trop peu avec des yeux émeraude, et des sourires aussi beaux que les siens. Il n'y avait qu'un seul Harry sur cette planète…

Quel idiot. C'était lui qui avait tout gâché, à cause de sa mauvaise humeur, à cause de cette dispute avec ses parents. D'ailleurs, il ne leur parlait plus depuis samedi dernier. Son père avait essayé d'engager la conversation, son fils l'avait ignoré, et de même pour sa mère. Il évitait Pansy autant que possible, et sa haine envers elle semblait croître de jour en jour, tout comme sa colère vis-à-vis de ses parents.

Draco poussa un long soupir de lassitude. Il prit son sac et s'engagea dans un couloir, afin de quitter l'hôpital. Il programmait déjà sa soirée : une bonne douche, un petit peu d'MSN pour prendre des nouvelles de Millicent et Hermione, puis il irait se coucher. Même pas faim. Pas envie de dîner.

« Draco ? »

Le blond sursauta et se retourna. Son regard sembla s'éclairer quand il vit son professeur de fac, M. Rogue. Il eut un sourire et il s'avança vers son professeur pour lui serrer la main, content de le voir.

« Bonsoir, professeur. Mais que faites-vous ici ? A une heure pareille ?

- Officiellement, je viens juste saluer le directeur de l'hôpital.

- Et officieusement ?

- Mon compagnon est d'une humeur noire et j'en avais assez de l'entendre se plaindre. Je vous offre un café ? »

Draco acquiesça et le suivit hors de l'hôpital. Rogue lui demanda s'il s'en sortait bien et Draco lui avoua que ce n'était pas facile, même s'il était dans une bonne équipe. Pour le moment, son stage se passait de façon assez agréable. Il ne fallait pas s'attendre à une grande amitié d'entrée avec les internes, c'était évident, et comme tous les nouveaux, il arrivait à Draco de faire de petites bourdes…

« J'ai appris que M. Zabini s'est planté une aiguille d'anesthésiant dans la cuisse. C'est vrai ?

- Vous ne pouvez même pas imaginer la soirée que j'ai passée à cause de lui… »

Severus ricana, imaginant ce grand métis trébucher et se planter l'aiguille dans la cuisse. Il savait que lui et Draco étaient liés par une forte amitié, et évidemment, la soirée du blond avait dû être horrible… En plus, c'était juste au moment où ils allaient s'en aller…

Ils entrèrent dans un petit café posté juste devant le parking de l'hôpital. Severus n'avait pas encore dîné et il proposa quelque chose à Draco, qui accepta quand son professeur lui jura que son compagnon ne l'attendait pas pour manger. En fait, il avait décidé de dîner chez Isaline. Il préféra ne pas préciser à Draco que, s'il mangeait chez elle, c'était parce qu'il voulait qu'elle avoue à Harry quel était le nom de famille de Draco. Car, de toute évidence, Harry ne se remettait pas bien de sa rupture, regrettant ces moments passés avec l'étudiant…

Ils commandèrent donc deux salades. Severus l'aurait bien invité dans un restaurant, mais il n'avait pas grand-chose sur lui, et Draco n'avait pas du tout envie d'entrer dans un restaurant. C'était stupide, mais ça lui rappelait Harry. Quand il l'avait emmené au Septième ciel, puis dans le…

« Votre compagnon… Sirius, c'est ça ? Ne sera pas embêté parce que vous dinez avec moi ?

- Draco, je viens de vous dire que non, soupira Severus. De toute façon, ça fait une semaine qu'il a les nerfs en pelote. C'est insupportable…

- Pourquoi il est énervé ? Demanda Draco, tandis que les salades arrivaient.

- Parce que son filleul s'est disputé avec son petit ami. »

Et Bam. Draco inspira fortement puis soupira bruyamment. Il piqua un morceau de tomate dans son assiette, n'osant lever les yeux vers Severus. Se dernier pria pour que Sirius ne l'appelle pas pour lui demander ce qu'il fichait. Isaline lui avait demandé « gentiment » de s'occuper de Draco, mais Sirius, lui, n'était pas du tout au courant… Oh la la, ça allait gueuler quand il allait apprendre ça…

« J'imagine que vous comprenez pourquoi il est énervé.

- Harry lui a raconté ce qui s'est passé, n'est-ce pas ?

- Pas lui, Isaline. Il n'est pas du genre à parler de lui, Isaline est son journal intime personnel. »

Qu'est-ce que elle avait dû le descendre celle-là, songea le blond en mordillant sa tomate. Elle ne l'aimait pas du tout, il le savait, et elle n'avait pas dû être tendre avec lui. Harry devait vraiment le détester, maintenant… Draco eut un sourire ironique.

« Elle a bien dû me descendre, dit le blond.

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

- Elle ne m'aime pas.

- Je dirais que entre Nymph', Sirius et Isaline, c'est elle qui a dit le moins de mal sur vous. »

Draco ne cacha pas sa surprise. Il aurait plutôt pensé le contraire. Severus prit un morceau de salade avec sa fourchette et le porta à sa bouche, le mâchant lentement.

« Dites-moi… Pourquoi vous vous êtes disputé avec Harry, au juste ? »

Draco hésita quelques secondes, puis il se lança. Il expliqua la réelle cause de son énervement, justifiant ce qu'il avait fait, mais ce n'était pas pour autant qu'il se pardonnait. Severus l'écouta parler de sa famille, et il comprit qu'Isaline avait vu juste, une fois encore. Evidemment, elle ne se doutait pas que les parents de Draco pouvaient être aussi… irritables… mais elle avait compris qu'il devait y avoir un problème. Ça ne réglait pas le souci, mais c'était déjà pas mal…

Il vit aussi le regret sur le visage pâle de Draco. Il assumait son comportement douteux, mais il aurait préféré que la situation soit autre. Severus se dit que la situation n'était pas perdue. Il sentit son portable vibrer dans sa poche, mais il fit comme si de rien n'était. De toute façon, vu le bruit, personne ne pourrait l'entendre.

« Donc voilà.

- Vous regrettez ?

- Oh oui, soupira le blond. Je ne suis qu'un pauvre con. Si, c'est vrai.

- Ne dites pas ça. Ça arrive, ce genre de chose.

- Oui, ça arrive, mais Harry et moi, ça ne fait pas longtemps qu'on est ensemble. Il doit m'en vouloir à mort, et je le comprends. C'est fini, entre lui et moi…

- Draco…

- Je l'ai appelé. »

C'était la veille. Il l'avait appelé, pour s'excuser. Par miracle, il était tombé sur Harry, qui une fois de plus, n'avait pas dû regarder qui l'appelait. Draco avait tenté de se justifier, mais Harry s'était refermé comme une huître : en quoi ses problèmes de famille le concernaient ? Draco n'avait pas prévu un bête problème de batterie qui coupa la communication.

« Je sentais qu'on se disputait, mais je voulais essayer de le calmer. J'ai voulu le rappeler avec le fixe, mais il n'a plus répondu.

- Vous lui avez tout expliqué de la situation ? S'étonna Severus.

- Non, pas vraiment. J'ai… résumé. »

Un mauvais résumé, alors… Car Severus doutait fortement que Harry ait été buté au point d'ignorer les justifications de Draco, qui ne pardonnaient pas son comportement, mais qui l'expliquait.

« Je lui ai dit que je m'étais disputé avec mes parents, qu'ils m'avaient pris la tête à cause de Pansy, parce que j'avais l'air d'être plus gay que bi… Des choses comme ça… Et je lui ai dit qu'à ma place, lui aussi aurait été énervé, si ses parents l'avaient gonflé comme ça ! »

Severus faillit s'étrangler avec sa tomate, même si son visage resta neutre. Il attrapa lentement un verre d'eau qu'il vida d'une traite, décoinçant ce bout de tomate qui avait envie de mettre fin à ses jours. Il jeta un coup d'œil à Draco qui picorait des morceaux de gruyère, en se disant que c'était La parole à ne pas dire. Il se remémora alors les propos d'Isaline, au téléphone : « Si c'est un pauvre con, tu le laisses tranquille. Mais s'il regrette et qu'il a peur de voir Harry, tu lui dis tout ce que tu veux, mais tu me le ramènes à la maison. Oui, parle de sa famille si ça vient dans la conversation, mais pas de détails ! ». Bon, tant pis s'il se faisait disputer…

« Draco… Commença-t-il. C'était La chose à ne pas dire.

- Pardon ? Fit l'étudiant, étonné.

- Si vous vous remettez avec Harry, faites très attention à certains sujets, notamment la famille. Pas étonnant qu'il ait refusé de décrocher, après, si vous lui avez dit ça…

- Mais pourquoi ? Demanda le blond, intrigué. Il m'a dit qu'il était en mauvais termes avec sa famille, mais…

- Draco. Harry n'est pas en mauvais termes avec ses parents puisqu'il n'en a pas. »

Le blond ouvrit de grands yeux stupéfaits, sa fourchette à quelques centimètres de sa bouche. Et alors il se souvint de sa conversation avec Harry, dans la voiture, quand ils avaient parlé de Londres, puis de son métier de tatoueur… Il n'était plus en contact avec eux, lui avait-il dit. Pourquoi ne lui avait-il pas dit que… Et Isaline… Il comprenait maintenant pourquoi il lui parlait d'elle avec tant de tendresse, comme si c'était sa maman…

« Ses parents sont morts quand il avait un an. Il a vécu quelques années chez sa tante, puis il a été placé chez Isaline. Ils n'ont aucun lien de sang, mais sentimentalement, il la considère comme sa tante. Et même plus.

- Pourquoi il ne m'a rien dit ? »

Il ne comprenait pas. Il n'y avait pas de honte… Enfin… Il n'aurait rien dit, il l'aurait accepté… Et il n'aurait pas comparé leurs situations familiales… Harry n'avait jamais connu ses parents, il ne savait pas ce que c'était que d'avoir un papa et une maman… Ce n'était pas pour rien qu'Isaline ne l'aimait pas. Il venait lui prendre son fils, cet enfant qu'elle avait élevé, et qui n'avait pourtant aucun lien de sang avec elle… Draco se pinça la lèvre.

Abruti…

« Harry ne parle jamais de ça, il ne veut pas être jugé, ou qu'on le traite avec pitié. D'ailleurs, je ne devrais même pas vous parler de ça… Draco, regardez-moi, dit le professeur en se penchant légèrement vers le blond. Vous tenez à Harry, non ?

- Bien sûr que je tiens à lui.

- Pourquoi vous n'allez pas le voir en personne, alors ?

- Il ne veut plus de moi, je le sais.

- Draco, si c'était le cas, je ne serais pas là ce soir, soupira Severus.

- Pardon ?

- Il se trouve qu'Isaline m'a menacé des pires misères si jamais je ne venais pas vous voir, afin de savoir si vous en valiez vraiment le coup. »

Draco s'étrangla. Mais c'était quoi, ce délire ? Son pire ennemi dans sa relation avec Harry envoyait son professeur pour être sûr qu'il n'était qu'un pauvre petit con prétentieux ? Il nageait en plein délire, là…

« Croyez-moi, elle est terrifiante quand elle veut, soupira Severus. Un jour, j'ai voulu la défier, plus jamais de la vie.

- Mais pourquoi… ?

- Disons qu'elle se doutait qu'il y avait un problème. Et Harry est triste. »

Draco n'en revenait pas. Et lui qui la voyait comme une ennemie… Elle n'était pas aussi méchante qu'elle en avait l'air… Et Harry était triste… Avait-il encore une chance avec lui ? Il eut un sourire quand Severus lui demanda d'aller voir Harry, non pas parce qu'il tenait particulièrement à la vie sentimentale du jeune homme, mais si possible, il préférait que Sirius ne soit pas invivable à cause d'Isaline… Enfin, ça, il le garda pour lui… Il n'allait quand même pas dire à son élève qu'Isaline l'avait menacé de mettre Sirius contre lui s'il n'abdiquait pas… Le pire, c'était qu'elle en serait vraiment capable, et mine de rien, ce cabot était une vraie teigne quand il était énervé… Bon Dieu que ce mec pouvait être manipulable…

« Alors… Si je vais le voir…

- Je ne sais pas ce qui va se passer, je ne suis pas devin, le prévint Rogue. Isaline voulait savoir si vous en valiez la peine. Maintenant, à vous de voir. »

Draco sentit le soulagement et l'espoir déferler en lui. Il avait encore sa chance. Harry était triste, il manquait à Harry. Il lui manquait… Un léger sourire flottait sur ses lèvres. Tout n'était pas perdu…

OoO

Il y eut un petit cri, plus de surprise que de douleur. Harry lui fit un sourire, puis il ferma la boucle d'oreille. Il se plaça de l'autre côté, mit la boucle d'oreille dans le pistolet, puis attendit que la jeune fille soit prête pour lui percer un second trou dans son oreille.

Percer des oreilles était simple et rapide. Bon, il ne fallait pas se louper, évidemment, et avoir un minimum d'expérience. Mais, en somme, c'était simple. Il rigolait déjà moins quand il s'agissait de percer autre chose que des lobes…

Normalement, perceur et tatoueur était deux métiers différents, mais Isaline avait fait sa formation de perceuse auprès de son père, qui n'était devenu tatoueur qu'une fois devenu perceur. De même, elle avait appris à Harry à faire des piercings, même s'il n'en pratiquait qu'à un certain nombre d'endroits… En fait, il les faisait partout : lèvres, arcades, oreilles, tétons, nombrils… mais pas tout ce qui était piercing de surface. Les piercings sur les seins, en travers du nez ou encore sur la joue, il ne les pratiquait pas : ce travail était réservé aux filles. A vrai dire, la vraie perceuse dans la boutique était Nymph', c'était surtout elle qui s'occupait de ça.

Harry lui donna quelques instructions, que la jeune fille écouta plus ou moins, puis il lui fit payer les piercings. Elle sortit son portefeuille et paya en liquide. Puis, elle s'en alla. Harry consulta l'agenda, pour voir à quelle heure son rendez-vous arriverait. Dans une quinzaine de minutes. Toujours le même dragon, qui lui donnait du fil à retordre.

Il jeta un regard à la pièce, où Isaline était occupée à poursuivre le tatouage des extra-terrestres. Elle semblait résister à l'envie de monter sur les hanches du type pour avoir un meilleur accès à ses épaules. Quant à Nymph', elle poursuivait son travail sur un tatouage, représentant une fée aux ailes déployées sur le dos d'une femme, qui devait frôler la trentaine.

Soudain, on sonna. Dans l'entrée, derrière. Surpris, Harry interrogea Isaline et Nymph' du regard, qui levèrent la tête pour lui montrer qu'elles ne savaient pas c'était. D'habitude, tout le monde entrait par la boutique… Harry haussa les épaules et disparut dans l'arrière-boutique, étant donné qu'il n'avait rien à faire. Il arriva dans l'entrée et il ouvrit la porte. Et son cœur loupa un battement.

« Bonjour, Harry. »

Il faillit lui refermer la porte au nez, mais il ne put résister au regard de Draco, ses yeux bleu gris, qui le regardaient intensément. Le visage fermé, il le laissa alors entrer, sans prononcer le moindre mot, puis il ferma la porte d'entrée. Il se dirigea vers la cuisine, Draco sur ses talons. Posé contre un meuble de la cuisine, il toisa l'étudiant, attendant qu'il prenne la parole.

Mais le visage fermé de Harry n'avait rien d'engageant. Draco se demanda si ce que lui avait dit son professeur était réellement vrai, car Harry ne semblait pas du tout prêt à lui pardonner, ce qui était compréhensible. Il n'allait pas lui sauter dans les bras comme ça…

« Je voulais te parler, commença-t-il.

- Tu l'as déjà fait au téléphone, répliqua le brun, qui gardait un souvenir amer de cette conversation.

- Face à face. Je sais que tu m'en veux, et je te comprends. »

Draco inspira, prit son courage à deux mains, et se lança, en se disant que c'était bien la première fois qu'il s'abaissait d'une telle façon…

« Je te demande pardon. Pour ce que je t'ai dit. Pour mon comportement. J'ai été un vrai con, c'est vrai.

- Heureux de l'entendre, grinça le brun, avec un sourire ironique.

- Je suis vraiment désolé, Harry. Mes parents m'ont mis en colère et je me suis défoulé sur toi.

- Tu vas me dire que tu ne pensais pas ce que tu disais.

- Si, je le pensais. »

Harry écarquilla les yeux, outré. Puis, il fronça les sourcils, prêt à lui répondre avec toute la hargne dont il était capable, mais Draco le devança.

« Et c'est ça le pire : je le pensais. Sur le coup. Mais… C'est toi qui avais raison, et pas moi. A ta place, je me serais fichu une baffe.

- Si j'avais su, je ne me serais pas privé. »

Le mépris de Harry à son encontre lui serra la cœur. Draco ne s'était jamais excusé de cette façon auprès de quelqu'un, et il ne savait pas comment faire pour que le brun le croie et lui pardonne. Enfin, pas tout de suite, mais qu'il comprenne que Draco était sincère…

« Si c'est tout ce que tu as à me dire, tu peux t'en aller.

- Harry ! Je… »

Mais le tatoueur ne pouvait en supporter d'avantage. Repousser Draco de la sorte, alors qu'il semblait si sincère, lui faisait vraiment mal. Il tenta donc de sortir de la cuisine, pour clore la discussion, mais…

« J'ai discuté avec M. Rogue, hier.

- Et alors ?

- Je ne savais pas que tu étais orphelin. »

Ces mots lui firent l'effet d'une douche froide. Harry se retourna, la fureur peinte sur son visage, les poings serrés de colère. Draco ne put cacher sa surprise en le voyant ainsi, on aurait dit un lion prêt à bondir. Ses yeux verts flamboyaient, des flammes vertes enserrant ses prunelles ténébreuses. Draco tenta de se ressaisir, sentant que Harry était à deux doigts d'exploser.

« Si je l'avais su, je t'aurais expliqué la situation d'une autre façon, au téléphone.

- Tu n'étais pas censé savoir, répliqua Harry, entre ses dents.

- Je sais, confirma Draco. Ça ne me regardait pas. Mais j'aurais compris que c'était un sujet sensible…

- Casse-toi, Draco, trancha Harry, son regard planté dans le sien.

- Non. Pas tant que tu ne croiras pas en ma sincérité.

- Ta sincérité ? Laisse-moi rire ! »

Severus allait le payer. Il n'avait pas à parler de ça à Draco. En fait, il n'avait même pas à lui parler de lui, tout simplement, et de ce « eux » qu'ils avaient formé, l'espace de quelques jours.

« Toi, sincère ? Tu n'as même pas été capable de dire à cette fille que nous étions ensemble ! Tu n'en as rien à faire de moi, Draco, je ne suis qu'un mec parmi tant d'autres !

- Je ne sors pas avec n'importe qui, riposta le blond. Tu es quelqu'un de spécial, Harry.

- Arrête ça. Qu'est-ce que je suis pour toi, hein ? Une distraction ? Je ne suis qu'un tatoueur, on n'est pas du même monde, et on n'a pas la même vision du couple.

- Harry !

- Je pensais que tu assumerais, que tu n'aurais pas honte de moi. Mais quand cette fille nous a accostés dans le parking, tu faisais comme si je n'existais pas, comme si je n'étais qu'un gars avec qui tu avais passé la soirée !

- Oui, c'est vrai, je n'osais pas lui dire qui tu étais, parce que je ne voulais pas qu'elle en fasse des tas devant mes parents ! Je ne voulais pas avoir de problèmes avec eux ! Tu ne sais pas ce que c'est d'avoir toujours ton père sur le dos, que ce soit pour les études, la famille, les amis…

- Non, justement ! S'exclama Harry. Je ne sais pas ce que c'est ! Je n'ai jamais connu mes parents, mais je sais ce que ça fait que de décevoir quelqu'un. Je ne suis pas aussi stupide que j'en ai l'air. »

Nymph', dans la boutique, appela son nom, lui demandant ce qu'il faisait. Elle devait se demander ce qu'il faisait, et sans doute les entendait-elle crier. Il ne pouvait se douter qu'Isaline plantait ses ongles dans la peau fine de son employée, en la menaçant de son charmant sourire de l'appeler à nouveau. Draco profita de ces quelques secondes de silence pour se rapprocher de Harry, qu'il dépassait d'une demi tête.

« Harry, je suis vraiment désolé répéta Draco pour la énième fois. Qu'est-ce que je dois faire pour que tu comprennes ? Je m'en veux pour ce que j'ai dit. J'ai essayé de m'excuser, mais j'en sais si peu sur toi que j'ai dérapé. On ne se connait pas bien, toi et moi…

- Justement, raison de plus pour qu'on s'arrête là. »

Même si son cœur lui hurlait de lui pardonner, de lui laisser une chance…

« Harry, soupira le blond. Je n'ai pas pour habitude de m'excuser comme ça, même envers mon petit ami. Si je suis là, c'est parce que je sais que j'ai été nul avec toi, et je tiens à toi. »

Ça faisait si peu de temps qu'ils étaient ensemble, mais Draco s'était attaché plus que de raison à ce jeune homme étrange, si différent des autres… Il vit la colère disparaître peu à peu des traits du tatoueur, qui semblait attendre la suite…

« Je sais que ça ne fait pas longtemps qu'on est ensemble, toi et moi… Mais je tiens à toi… Je veux vraiment me faire pardonner, je veux que tu retrouves ta confiance en moi. Je ferai des efforts…

- Et s'il se passe à nouveau la même scène, hein ? L'interrompit Harry. Tu vas faire la même chose. Exactement la même chose.

- Non, affirma Draco. Je lui dirai, je le crierai s'il le faut. Mais je ne veux pas que ce qui s'est passé entre nous se reproduise. Laisse-moi une chance. Je ne te décevrai pas, cette fois-ci. Je te le promets… »

Draco repensa à Seamus, qui avait eu des mots semblables, quand il lui avait demandé à ce qu'ils se remettent ensemble. Il repensa à sa douleur face à son refus, et à celle qui ressentirait si Harry secouait la tête et s'en allait, comme il l'avait fait par deux fois, disparaissant dans la foule de passants…

Harry hésitait. Son corps lui criait de s'enfuir, son cœur de s'avancer vers lui, et effacer cette lueur triste dans le regard de Draco. Il avait perdu toute sa froideur, son air snob, son comportement d'enfant gâté. Cet homme colérique dans la voiture n'existait plus, ni celui qui avait tenté de le séduire au tout début. Il ne restait plus que Draco, avec ses yeux bleu-gris, sa peau pâle, et ses cheveux blonds.

« Ryry !! Ton client !! »

Encore la voix de Nymph'. Harry fit un mouvement pour sortir de la cuisine, mais il jeta avant un regard vers Draco. Il avait baissé les yeux, la déception coulant sur son visage. Il tentait de replacer son masque d'indifférence, celui qu'il portait habituellement. Mais il avait du mal, sachant qu'il avait déjà perdu Harry. Un goût amer traînait dans sa bouche, il devait sortir d'ici…

Soudain, deux mains emprisonnèrent son visage et une paire de lèvres se posa sur les siennes. Aussitôt, il ferma les yeux, et enserra fort Harry avant qu'il ne s'écarte. Il ne réfléchissait pas au pourquoi du comment, savourant juste ce baiser tendre, ces lèvres qui remuaient doucement contre les siennes. Il n'y avait plus que Harry entre ses bras, ses mains sur ses joues dérivant vers son cou, leurs souffles se mêlant.

Nymph' appela à nouveau. Harry s'écarta alors, les joues écarlates, comme s'il venait de réaliser ce qu'il venait de faire. Sans réfléchir davantage à son geste, il repoussa doucement Draco, qui lui ne voulait pas le laisser partir. Il l'embrassa à nouveau, savourant le contact de ces lèvres pleines contre les siennes, et ses mains qui caressaient son cou, les petits cheveux derrière sa nuque, tandis que lui, il le serrait fort contre son corps, enlaçant sa taille et ses épaules avec possessivité. Harry était plus petit que lui, il devait baisser un peu la tête tandis que le brun devait la lever, mais cela ne perturbait en rien leur baiser…

Mais Harry s'écarta à nouveau et il eut un regard gêné. Il repoussa doucement Draco et posa un doigt sur ses lèvres entrouvertes.

« Tu me rappelles, d'accord ? »

Draco acquiesça d'un hochement de tête et Harry s'enfuit hors de la cuisine, rejoignant la boutique. Draco se retrouva seul dans la cuisine, et un sourire naquit sur ses lèvres rosées, tandis qu'il poussait un long soupir, soulagé au-delà des mots.

OoO

Théo se gara juste devant la porte du garage, coupa le contact et sortit de la voiture. Puis, il la verrouilla en appuyant sur la clé. Il sonna à la porte et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Il était dix-huit heures et il était épuisé. Bon, aujourd'hui, il n'avait fait qu'étudier à la fac et il avait aussi donné des cours particuliers dans l'après-midi à pas moins de trois gosses. D'habitude, c'était pire, car il travaillait dans un magasin quelques heures le matin ou le soir. Il bossait aussi dans un marché pas très loin de chez lui, vendant des fruits et légumes dans un grand stand. Il avait abandonné l'idée de travailler en magasin, préférant bosser sur les étalages et ensuite enchaîner les cours particuliers.

C'était comme ça qu'il payait ses dépenses : les marchés le week-end et les cours le dimanche après-midi, ainsi que certains jours de semaine. Son père n'avait pas du tout digéré le fait que son fils unique travaille là-dedans, mais pour Théo, c'était un travail comme un autre. Il aurait pu trouver un boulot dans un magasin, mais il était difficile de se faire embaucher quand on avait seize ans… Depuis, il n'avait jamais quitté les marchés, ça faisait donc presque six ans qu'il travaillait là-dedans.

Le temps s'était considérablement refroidi et il était, d'ailleurs, de plus en plus difficile d'assurer les cours l'après-midi, mais il faisait ça depuis un petit bout de temps, et il en avait déjà vu, des hivers rudes. Là, ce n'était que le début. Quand il pensait à Seamus, qui se contentait de garder des gosses le week-end…

Isaline lui ouvrit et lui fit un grand sourire en le voyant. Elle se pencha vers lui pour lui faire la bise et elle le laissa enfin entrer, tout en prenant de ses nouvelles, bien que rien n'ait vraiment changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, à savoir le samedi dernier. Théo n'aimait pas vraiment parler de lui, mais il aimait bien Isaline, qui derrière ses airs de bourrin, était vraiment quelqu'un de sympa. On pouvait compter sur elle. En tout cas, il la trouvait adorable, un de ses plus grands défauts étant, à son avis, d'avoir la phobie des serpents. Mais bon, à part ça…

Théo monta à l'étage et toqua à la porte de Harry. Ce dernier dit un vague « entrez » et le jeune homme poussa la porte. Harry sembla surpris de le voir, mais il eut un sourire, content de le voir. Il lui tendit la main et Théo la serra, puis s'installa après avoir refermé la porte.

« Qu'est-ce que tu fais ici à une heure pareille ?

- Je suis crevé et je suis venu squatter.

- Il est six heures, Théo, et tu bosses demain ! S'exclama Harry.

- Je peux pioncer chez toi ?

- Pourquoi ?

- Seamus a un copain. »

Une semaine auparavant, tandis que Théo était en train de regarder la télévision, Seamus était rentré, au bras d'un autre gars. Théo avait failli avoir un infarctus en les voyant tous les deux se rouler une pelle dans l'entrée, visible de là où il était. Il s'était alors mis à leur gueuler dessus, il y avait des chambres pour ça, qu'ils aillent se reproduire autre part que dans son entrée.

Là, Seamus avait pété un câble, et il s'en était suivi d'une dispute. Depuis, Seamus et Dean squattaient l'appartement et s'embrassaient partout, ce qui gênait beaucoup Théo. Au début, il avait gueulé. Puis, il avait fermé sa bouche et il ne sortait plus vraiment de sa chambre, exaspéré à l'idée de retrouver ces deux-là en train de se lécher la figure ou, pire, en train de s'accoupler. Il était assez déçu par le comportement puéril de Seamus, mais bon…

« Alors, je peux rester ?

- Ouais, bien sûr. Tu as tes serpents ?

- Nan. Isaline les supporte pas. »

Il semblait vraiment dépité. Mais il n'était pas d'humeur à supporter les extravagances de Seamus, pas ce soir. Harry fut un peu triste pour lui, Théo n'était pas si difficile à vivre. Il se demanda comment Draco avait pu rester aussi longtemps avec un abruti pareil… Pas étonnant qu'ils se soient séparés.

« Bon, ça c'est cool. Sinon, je te conseille de faire gaffe, Cho est en chasse.

- De quoi ?! S'écria Harry.

- Olivier est en train de péter un câble, je l'ai eu au téléphone hier, elle le harcèle.

- Tu crois qu'il va céder ?

- Vu comme a évolué sa carrière, ça risque pas. »

Les deux garçons poussèrent un soupir à fendre l'âme. Cho voulait devenir photographe, et pour éviter de payer des modèles, elle demandait à ses connaissances de poser pour elle. Et, actuellement, elle était « en chasse », faisant le tour de ses amis pour trouver un modèle pour son travail. Olivier lui servait souvent de cobaye, car il en tirait pas mal d'avantages, tels que les tâches ménagères qu'il ne faisait plus pendant un petit bout de temps. Mais le pauvre commençait à saturer…

Théo avait servi une fois de cobaye. En fait, il avait la crève, brûlant de fièvre, et Cho en avait profité pour le prendre comme modèle. Le souci, c'était que, parfois, les photos avaient un côté légèrement… érotique… Il fallait dire qu'avec ses joues écarlates, son visage abandonné, à cause de la fièvre, et la transpiration qui gouttait de son front, une nouvelle fois à cause de sa maladie, on pouvait imaginer d'autres choses. Le pauvre avait juré que plus jamais on ne l'y prendrait…

Harry, par contre, n'avait jamais accepté. Il avait trop peur de ce que Cho pourrait lui faire faire, elle était assez excentrique et il n'oublierait jamais le jour où elle avait forcé Olivier à se travestir. Elle avait mis longtemps à le convaincre, d'ailleurs, elle avait sans doute dû le souler avant qu'il s'abdique. Harry ne voulait pas qu'elle fasse de conneries avec son corps…

« Donc fais gaffe, elle va sûrement te demander de poser.

- C'est de cela, oui, grogna le brun.

- Compte pas sur Olivier pour accepter, il l'a assez fait ! Demain, c'est son jour de repos. Par bonheur, je bosse. Pour une fois que ça m'arrange…

- Et moi j'ai un rendez-vous. »

Théo écarquilla les yeux et Harry rougit. L'étudiant eut un sourire vicieux, ce qui fit rougir encore plus le tatoueur. D'une voix onctueuse, Théo lui demanda si, à tout hasard, son petit problème avec Draco s'était arrangé, et Harry lui raconta en balbutiant qu'il était passé dans l'après-midi et qu'il lui avait téléphoné une heure plus tôt, pour qu'ils se voient le lendemain. Il lui avait proposé une balade dans Paris et Harry avait accepté, en espérant que la balade soit plus réussie que leur dernier rendez-vous.

Il n'avait pas vraiment réfléchi quand il avait soudainement embrassé Draco, mais le contact de leurs lèvres était tellement grisant qu'il n'avait même pas cherché à comprendre. Il voulait donner une nouvelle chance à Draco, il lui avait semblé si sincère… Et, honnêtement, il lui manquait.

« J'en reviens pas que le mec de Sirius lui ait dit pour tes parents ! Avoua Théo. Il est plutôt du genre à s'occuper de ses fesses. »

Justement, le problème de Harry devenait le sien au moment où Isaline rentrait en compte. Théo soupira en disant que c'était évident : elle avait fait en sorte que Rogue interroge Draco et le « ramène » à la maison s'il en valait le coup, et tous les moyens étaient bons pour ça. Harry avait essayé d'interroger Isaline mais, si elle était douée pour manipuler les gens, elle l'était aussi pour éviter les conversations délicates… Elle lui avait néanmoins avoué en quelques phrases qu'elle avait demandé à Severus ce « petit » service, mais elle s'était arrêtée là.

Il y avait environ une heure, Draco l'avait appelé pour lui proposer cette sortie. Il semblait chercher ses mots, comme pour être sûr de ne pas le froisser. Il viendrait le chercher dans la matinée, vers dix heures et demie. Théo ne put s'empêcher s'insister sur le romantisme de cette sortie : une balade dans Paris, quoi de plus cliché ? Harry s'était contenté de lui tirer la langue.

On toqua à la porte. Les deux garçons se turent et Isaline entra. Elle était certaine que Théo resterait dîner, et comme elle n'était pas vraiment motivée pour cuisiner ce soir…

« Tu restes dîner, Théo ? Demanda Isaline.

- Il peut rester dormir ?

- J'ai pas ramené Sahara et Crystal, ajouta Théo avec un sourire angélique.

- Ton coloc' est si insupportable que ça ?

- Je sature vraiment, là…

- Allez viens Ryry ! On va préparer un bon petit repas pour notre tarlouze préférée !!

- De quoi ?!! »

Harry éclata de rire et Isaline s'enfuit de la chambre, hilare, poursuivie par un Théo furieux de s'être fait traité de tapette…

OoO

Le réveil sonna. À peine laissa-t-il entendre sa jolie voix qu'une main implacable s'écrasa sur lui, le faisant taire. Le pauvre appareil ainsi maltraité n'osa pas exprimer son mécontentement car le corps de son propriétaire se redressa soudainement et rejeta les couvertures d'un geste vif. A se demander s'il n'était pas déjà réveillé avant…

Draco se rua vers sa salle de bain où il prit sa douche à la vitesse de l'éclair. Tout était programmé : nous étions samedi, donc toute la famille était débout à dix heures tapantes, étant donné que les Parkinson n'avaient pas pour habitude de se lever à neuf du matin pendant le week-end. Le réveil avait sonné à huit heures cinquante, il avait donc exactement quarante minutes pour se préparer.

Après sa douche, Draco se sécha, enfila son peignoir, puis revint dans sa chambre. Il devait maintenant s'habiller, ce qui était une véritable épreuve. Il mit près de vingt minutes à se trouver la bonne tenue, hésitant fortement entre différents vêtements, même s'il se doutait que Harry n'y ferait guère attention. Lui ne portait pas de soin extrême à ses vêtements, mais Draco ne pouvait pas sortir sans être bien habillé, que ce soit pour une simple balade ou une sortie au théâtre. C'était un peu comme son père qui ne pouvait sortir sans avoir une grosse liasse de billets sur lui…

Draco revint dans sa salle de bain pour s'habiller. Il enfila ses sous-vêtements, puis un jean sombre. Il enfila un tee-shirt et, par-dessus, un pull en cachemire noir qui moulait agréablement son torse. Il enfila ses chaussettes blanches, puis se coiffa, passant un long moment devant le miroir. Il se rendit compte à quel point la couleur de ses vêtements tranchait avec la pâleur de sa peau et de ses cheveux. Sans être narcissique, il se trouvait plutôt pas mal. L'air décontracté, classe malgré tout.

Le jeune homme revint dans sa chambre. Il s'avança vers son bureau, fourra ses clés de maison dans sa poche de droite, son portable dans celle de gauche, et garda son portefeuille à la main. Puis, enfin, il sortit de la pièce, refermant la porte à clé derrière lui. Des fois que Pansy veuille y entrer…

Draco traversa la maison, atteignit l'entrée et enfila ses chaussures, sans même songer à prendre de petit-déjeuner. Il n'avait pas faim, et sa seule hâte était de quitter le pavillon, de peur que quelqu'un le voie et le retienne. Mais il n'avait pas compté sur le fait que sa mère, en bonne hôtesse de maison, serait levée avant tout le monde.

« Bonjour, Draco. »

Sans prendre en compte le fait qu'il avait l'air de partir comme un voleur, Draco termina de faire ses lacets, puis il se redressa et embrassa sa mère sur la joue. Cette dernière, élégamment habillée, semblait soucieuse de la laisser partir comme ça. Draco semblait assez distant et il ne lui avait pas du tout parlé de Harry. Leurs récentes disputes n'avaient en rien arrangé le problème, et son fils semblait vouloir fuir la maison à tout prix. Elle n'aurait jamais pensé que la venue de Pansy et de ses parents puisse le rendre ainsi…

« Que comptes-tu faire de ta journée ? Lui demanda-t-elle, tandis qu'il prenait son manteau.

- Balade dans Paris, répondit-il vaguement.

- Tu pourrais être un peu plus précis ?

- Je ne sais pas vraiment, on verra bien.

- Tu tiens tant que ça à ce Harry ? »

Draco enfila son manteau et mit son portefeuille dans sa poche intérieur. Puis, il se tourna vers sa mère et lui dit qu'il tenait à Harry. Ils se connaissaient depuis peu, mais il sentait que quelque chose de vraiment sérieux pourrait s'installer entre eux.

Puis, Draco embrassa sa mère, lui souhaita une bonne journée, et quitta la maison. Par bonheur, les températures n'étaient pas excessivement basses. Les mains enfoncées dans les poches de son manteau, Draco se dirigea à grandes enjambées vers la station de métro, se trouvant à une dizaine de minutes de chez lui. Il aurait pu prendre le bus, mais il ne savait pas à quelle heure il passait, tant il prenait rarement les transports en commun, habitué à ce que Blaise vienne le chercher.

Le trajet en métro lui paru bien long et il fut heureux de quitter les souterrains quand la rame arriva à destination. Il savait qu'il allait devoir y retourner, mais cette fois, il ne serait pas seul, mais en bonne compagnie.

Il commençait à bien connaître le chemin menant à la boutique. D'un autre côté, il n'était pas bien long. Quand il aperçut la vitrine, il se demanda s'il devait contourner la rue pour sonner à la porte ou rentrer, tout simplement. Mais il n'eut pas le temps de s'interroger, car il aperçut Harry avec des sacs en plastique dans une main de l'autre côté de la rue.

Draco accéléra le pas et Harry l'aperçut quand il traversa sur les passages piétons. Un grand sourire apparut sur ses lèvres. Quand Draco fut devant lui, il y eut quelques secondes de flottement, puis Harry se mit sur la pointe des pieds pour effleurer ses lèvres. Draco répondit légèrement à ce baiser papillon, pas trop franc, juste comme il les aimait, quand il fallait dire « bonjour ».

« Tu reviens d'où ? Demanda Draco en regardant les sacs en plastiques. Des courses ?

- J'ai un ami qui bosse sur un marché, pas très loin d'ici, alors je suis allé le voir. Il me fait toujours des prix. »

Il n'y avait que des fruits et légumes dans ses sacs. Il avait accompagné Théo en moto à cinq heures du matin, puis il était reparti se coucher. Il était repassé le voir pour lui apporter quelque chose de chaud à boire, et en même temps, il avait fait quelques achats. Isaline avait envie de tarte aux pommes…

« Je dépose ça à la maison et on y va. »

Draco hocha la tête et il le suivit jusqu'à la rue de derrière. Harry déverrouilla la porte, et Draco songea soudain que, la veille, il était parti sans que la porte ne soit vraiment fermée. Quelqu'un avait dû passer après à lui, à tous les coups… Peut-être la patronne…

Harry entra dans la cuisine et posa les sacs sur la table. Il avait acheté un peu de tout, Draco le regarda retirer les fruits et légumes des sachets en papiers pour les mettre dans le frigidaire ou encore dans une panière à fruits. Le brun lui proposa une pomme, et le blond, qui n'avait pas mangé, accepta volontiers. Harry prit alors deux pommes rouges et les passa sous l'eau. Tandis qu'il les lavait, Draco remarqua que les mèches rouges qui parsemaient sa chevelure de jais semblaient plus vives. Il passa la main dans les cheveux noirs du tatoueur qui sursauta et se retourna.

« Tu es allé chez le coiffeur ?

- Oui, avant-hier, confirma-t-il. J'ai refait mes mèches.

- Pourquoi tu te teins les cheveux ?

- A la base, c'était un délire avec Nymph'. Elle voulait se teindre les cheveux en violet et elle m'a convaincu de me faire des mèches.

- Violettes ?! S'exclama le blond.

- Non, bleues ! »

Harry sourit d'un air malicieux. Il prit du Sopalin pour essuyer les fruits et avoua à Draco qu'Isaline avait été tellement choquée en le voyant avec ses mèches bleu éléctrique qu'elle lui avait interdit de se refaire une couleur pareille. Il avait alors choisi le rouge.

« Et elle n'a rien dit à Nymph' ?

- Elle était majeur, que veux-tu qu'elle lui dise ? Bon, elle a gueulé, mais c'était trop tard. »

Draco lui demanda si la couleur noire de ses cheveux était naturelle et Harry lui assura que sa chevelure de jais était d'origine. Il n'avait jamais songé à se teindre complètement les cheveux, il les aimait bien tels qu'ils étaient, ce qui n'était pas le cas de Nymph' qui se faisait toutes les couleurs possibles et inimaginables…

« Tu n'aimes pas mes mèches ?

- Si, c'était juste pour savoir. »

Draco se fit la réflexion que, si Harry changeait quoi que ce soit, que ce soit ses vêtements simples mais peu soignés ou encore sa coupe de cheveux, et même ses lunettes rondes, il ne serait plus le même. Mais il était hors de question qu'il dise ça au brun…

Le brun en question tendit une pomme à Draco et il mordit dans la sienne. Ils quittèrent la cuisine. Draco attendit dans l'entrée que Harry prévienne les filles qu'il partait avec Draco. Il entendit Nymph' pousser un cri de surprise, et il se demanda si elle était pour ou contre leur couple… Puis il entendit la voix un peu plus grave de la patronne qui lui disait de ne pas rentrer trop tard, ou de l'appeler si c'était le cas, car avec la chance qu'ils avaient, Théo allait encore dormir à la maison.

Draco tiqua en entendant ce nom. S'il se rappelait bien, c'était celui de l'ami homophobe de Harry, et également celui qu'il avait enfermé dans sa chambre quand… Bref. Passons. Harry revint dans l'entrée, mâchouillant un morceau de pomme, et ils sortirent. Harry verrouilla derrière lui, et ils se dirigèrent vers la station de métro.

« Ce Théo, c'est ton ami homophobe ? Demanda soudain Draco.

- Ouais. Il a un souci avec son colocataire, donc il s'est invité à la maison. Il a besoin de repos, et son coloc' l'épuise. »

Autant éviter de lui dire que la vie amoureuse de son colocataire était justement la source d'épuisement de Théo, et que ce dernier avait dormi dans son lit parce qu'Isaline avait eu la flemme de mettre des draps sur le lit de la chambre d'amis. Théo détestait dormir avec des hommes, mais une fois encore, Harry était une exception à la règle.

Et puis, Harry était bourré de qualités : il ne ronflait pas, il ne parlait pas dans son sommeil, il ne donnait pas de coups de pieds. Bon, il avait la fâcheuse tendance de se coller contre Théo quand il était profondément endormi, mais bon, pour avoir partagé une tente avec Olivier lors d'un week-end dans un camping, il préférait mille fois la présence de Harry dans son dos que les ronflements d'un sonneur…

Les deux hommes entrèrent dans la station. Ils passèrent avec leurs tickets, puis descendirent des escaliers de béton. Draco demanda au brun s'il y avait des choses qu'il avait envie de voir. Harry lui demanda en rougissant s'ils pouvaient aller à Notre-Dame de Paris. Il y était déjà allé avec Isaline, Sirius et Nymph', quand ils venaient de débarquer à Paris, et il se souvenait encore de la journée fantastique qu'ils avaient passé tous les quatre.

Ils montèrent dans la rame de métro et s'installèrent sur deux strapontins vides. Draco, à tout hasard, lui demanda s'il était croyant. Il se doutait, dans le fond, que c'était uniquement pour ses parents qu'il voulait se rendre dans cette église, et Harry confirma ses pensées. Il allait rarement dans les églises, sa première famille d'accueil ne croyait qu'en le Dieu appelé « Dollar » et Isaline n'était pas pratiquante. Sirius avait cessé de croire en Dieu le jour où sa vie avait basculé, avec le décès de son meilleur ami et de son épouse.

Un peu gêné, Harry lui parla un peu de ses parents, morts dans un accident de voiture. Harry était le seul survivant, et il avait été placé chez la sœur de sa mère, mariée à un chef d'entreprise. Elle avait un garçon de son âge. Draco haussa un sourcil quand Harry lui décrit son cousin, qui s'apparentait plus au porcelet qu'à un être humain. Quand il voyait Harry si fin et joliment fait, c'était étonnant…

Vers ses huit ans, Harry changea de tuteur et Isaline prit la relève. Draco s'étonna que son parrain ne le prenne pas à sa charge, et Harry lui expliqua, d'abord avec difficultés, que Sirius avait été envoyé en prison, accusé d'avoir organisé la mort de James et Lily Potter. Il aurait saboté la voiture, un travail à la va-vite qui avait bien fonctionné, de façon à empêcher la voiture de freiner. Donc, il n'avait pu prendre Harry avait lui, ce qui lui avait paru évident.

« Ton parrain a vraiment fait ça ?

- Non. Il a été accusé à tord. »

Il était le coupable idéal : meilleur ami et frère de cœur de James, dont la mère malade pouvait compter ses mois à vivre, et parrain de Harry. Il ne lui était pas difficile de provoquer la mort du couple, garder l'enfant, et prendre tout l'argent… Sirius eut beau hurler qu'il était innocent, il fit six ans de prison, avant d'être relâché. Un autre ami de ses parents, Peter Pettigrow avait été arrêté avec toute une bande appartenant à un réseau de trafic de drogue. Sans qu'on ne sache réellement pourquoi, Peter avoua qu'il les avait tués. Harry apprit bien plus tard qu'il était prêt à dire n'importe quoi tu moment qu'on lui filait sa dose de drogue, et en effet, Peter était bien le coupable. Sa jalousie envers James et Sirius l'avait mené jusqu'à organiser le décès des Potter, et il s'en était tellement voulu qu'il s'était effondré dans la drogue.

Au fil de son récit, Harry éprouvait plus de facilité à parler. La main blanche de Draco qui s'était glissé dans la sienne n'y était pas pour rien, le blond buvait ses paroles, tentant d'imaginer ce que Sirius, cet homme qu'il n'avait pourtant jamais vu, avait dû éprouver. Et Harry, aussi : il avait déjà vu l'assassin de ses parents : une voiture sabotée percutant une voiture volée par Pettigrow… Rien de bien réjouissant.

Draco tenta d'alléger un peu l'atmosphère en parlant de sa propre famille, ce qu'il n'aimait pas faire d'habitude, mais il estimait qu'il lui devait bien ça. Et puis, Harry avait vécu pire que lui, il lisait dans ses yeux toute la vérité qu'il portait sur son dos depuis si longtemps… Draco lui parla alors de son père, si sérieux, et de sa mère, si calme et douce. Il vivait dans un monde assez snob, et parfois assez étouffant, surtout dans des moments pareils, où des gens comme les Parkinson venaient passer quelques jours chez eux.

Le blond lui décrivit la peste qu'était Pansy, ce qui faisait sourire Harry. Il revoyait la jeune fille, ses cheveux coupés au carré, son air de petit chien en manque d'amour, et il ria plusieurs fois quand Draco l'imita, le nez froncé, ou quand il lui parla de son enfance, de cette fille qui voulait sans cesse lui tenir le bras, la main, lui faire des bisous… Exaspérant…

Quand ils sortirent du métro, toute tension qui aurait pu apparaître au début de leur rendez-vous avait disparu, remplacé par cette étrange complicité qui les liait. Draco n'avait pas lâché la main de Harry, leurs doigts à peine noués. Ils se dirigeaient vers Notre-Dame, l'immense édifice s'imposant à leur vue, avec ses tours, les trois grandes entrées aux voutes sculptées, ses gargouilles et la rosace aux contours de pierre.

Le couple traversa la place et se lâchèrent la main avant d'entrer dans le lieu de culte. Un beau soleil éclairait le ciel, le temps était donc idéal pour admirer les rosaces colorées, que Harry ne quitta pas des yeux durant plusieurs minutes. Lentement, dans le silence, lui et Draco s'avancèrent dans l'imposante église, où passaient de nombreux touristes. Draco avait toujours trouvé cette cathédrale magnifique, et il n'y avait pas remis les pieds depuis longtemps. Il accompagnait parfois sa mère à la messe, le dimanche, et ils leur arrivaient donc de se rendre dans cette église, ou encore dans celle du Sacré Cœur.

Se trouver ici en compagnie de Harry… Il eut un sourire ironique : fréquenter un homme était bien sûr interdit par la religion, et pourtant, Draco visitait une fois de plus cette cathédrale en compagnie de son petit ami. Jamais il n'aurait songé venir ici avec quelqu'un autre que sa mère, et marcher près de Harry était aussi étrange qu'agréable.

Avant de quitter Notre-Dame, Harry s'avança vers un support de métal où étaient alignées des petites bougies, certaines allumées, d'autres non. Harry prit deux bougies de cire et en alluma la mèche, en pensant très fort à ses parents, qui reposaient à Londres, depuis si longtemps… Les yeux brillants, il admira une dernière fois les vitraux colorés qui filtraient la lumière du soleil, ses pensées s'envolant vers son père et sa mère, si loin de lui…

Draco, lui, n'avait d'yeux que pour le visage de Harry, perdu dans ses pensées. Dans ses yeux verts, il pouvait lire la tristesse due à la mort de ses parents. Son air joyeux avait disparu, tout comme son sourire chaleureux. Il ne restait plus que l'orphelin, ce grand garçon que la vie n'avait pas épargné…

Harry sentit les doigts froids de Draco effleurer les siens, et il revint sur Terre. Il adressa un léger sourire au blond, peu convaincu, et ils sortirent de la cathédrale. Leurs mains s'enlacèrent plus franchement quand le soleil caressa leur visage, hors de l'église, et ils traversèrent la place balayée par un léger vent d'automne.

Ils ne parlèrent plus de la cathédrale, davantage concentré sur leur repas du midi. Certes, il était encore tôt, mais Draco n'avait mangé qu'une pomme le matin, et même si elle était délicieuse, elle était loin de combler sa faim. Et puis, Harry venait soudain d'avoir l'envie folle de manger des macarons. Draco avait fait l'erreur de lui demander s'il avait en avait déjà goûté venant de Ladurée, et il était maintenant obligé de l'emmener là-bas… En plus, le brun tenait vraiment à aller voir la Tour Eiffel…

Ils se rendirent donc aux Champs Elysées, et trouvèrent la boutique Ladurée, qui faisait aussi office de restaurant, aux prix quelque peu affolants. Harry refusa d'y mettre les pieds, il n'avait pas les moyens de se payer des menus pareils. Draco sortit alors son portefeuille et il lui montra une carte de crédit. Pour Harry, il ne voyait pas ce qu'elle avait de spécifique, jusqu'à ce que Draco lui explique.

« J'ai deux comptes : un où je dépose l'argent que je gagne avec mes cours particuliers, dont je me sers la plupart du temps pour mes dépenses personnelles, et un autre où mon père dépose mon « argent de poche », que j'utilise rarement. Je t'invite ? »

Harry ne voulut même pas savoir combien il y avait sur le compte et il entra de mauvaise grâce. Il n'aimait pas vraiment ce genre de restaurant chic et il se regarda plus d'une fois avant de conclure que sa tenue était plus que débraillée. Cela ne semblait pas déranger Draco, même quand Harry lui en fit la remarque. Le blond se contenta de lui dire qu'il n'avait jamais vu Blaise dans ses grands jours de désespoir amoureux.

Tous deux se firent installer à table et Harry se demanda comment on pouvait payer aussi cher pour déjeuner, et il hallucina quand il vit les plats proposés. Il hésita entre le « filet de poulet aux dragées, rhubarbe et céleri au safran » et la « selle d'agneau rôtie sablé de melon et menthe fraîche ». Nan, sérieusement, où il avait atterri ? Son assiette de jambon et de pâtes de la veille était bien loin…

Draco insista pour qu'il se fasse plaisir, après tout, c'était pas lui qui payait, mais son adorable père, qui accumulait l'argent sur son compte, sans songer que Draco s'en servait rarement, hormis pour payer l'essence de Blaise, ses fringues, et de temps à autre dans des restaurant comme celui-ci. Sauf que Harry n'avait absolument aucune idée sur ce qu'il allait manger, ça le faisait plus flipper qu'autre chose. Draco se dit que Seamus aurait sauté sur l'occasion, dévorant tout ce qui lui faisait envie, alors que Harry fermait déjà son menu en laissant Draco choisir pour lui : les prix lui faisaient peur.

« Harry, fais un effort.

- Je ne suis pas habitué à payer aussi cher pour un déjeuner.

- Moi non plus, rassure-toi. »

Jeter l'argent par les fenêtres n'était pas dans ses habitudes, loin de là. Mais pour une fois, il avait bien envie de piocher dans son « argent de poche », vu tout ce qui s'était passé à cause de ses parents.

« Tu n'essaies pas de m'impressionner ? Demanda Harry, malicieux.

- Je sais très bien que l'argent n'est pas quelque chose qui t'attire. Bien au contraire. »

Draco lui conseilla quelques plats, mais au final, il choisit carrément pour lui. Ils passèrent commande, et les entrées arrivèrent. Le repas fut calme et excellent, même si Harry n'était pas prêt d'y retourner : c'était un peu trop sophistiqué pour lui. Mais c'était tout de même très bon et il savoura à sa juste valeur ce repas en compagnie de Draco, qui se montra exagérément galant avec lui, ce qui le faisait rire.

Harry oublia donc le cadre du restaurant ne pensant qu'à Draco, qui mangeait avec tant de classe devant lui, les gestes précis et harmonieux, tellement différents des siens, plus brusques et francs. Draco et lui étaient complètement différents, et Harry s'en rendait compte de plus en plus, ce qui ne faisait qu'accentuer encore son attirance pour lui. Sa manière de poser ses couverts, de couper ses aliments, de porter un verre à sa bouche… Draco était extrêmement attirant, aussi bien dans son aspect physique que dans sa façon de bouger ses mains.

Pour Draco, bien au contre, c'était la franchise de Harry qui lui plaisait. Il voyait bien que le brun n'était pas à l'aise, son côté un peu rebelle tranchant avec le cadre distingué autour de lui. Ça lui rappelait quand il l'avait emmené au théâtre, Harry semblait si honnête à côté de tous ces gens, si naturel…

Vint le moment du dessert. Evidemment, le couple décida de commander des macarons. Harry semblait hésiter entre plusieurs parfums et Draco insista pour qu'il prenne ce qu'il voulait. La carte de crédit était illimitée. Harry avait les joues rouges, gêné à l'idée de penser à la note en fin de repas. C'était peut-être son côté radin qui montrait le bout de son nez, mais bon, il fallait dire qu'il avait bien mangé…

Ils terminèrent donc leur repas avec les petits gâteaux colorés, et Draco songea que s'il fallait acheter des macarons pour que Harry sourie comme ça, il était prêt à le faire souvent. Cette réflexion était niaise à souhait, vraiment. Harry était en train de le métamorphoser, lui… Mais c'était agréable de déguster des macarons avec quelqu'un qui prenait le temps de les manger tranquillement, au lieu de les avaler comme de vulgaires bouts de pain…

Avant de quitter le restaurant, Harry en acheta une petite boite pour Isaline qui ferait un malheur si elle apprenait qu'il était allé chez Ladurée sans lui ramener quelques gâteaux. Une vraie gosse… Il y avait un monde fou, nous étions samedi, mais Harry réussit à se faire servir, même si le choix était difficile, vu la variété de couleurs… Ils ne prirent que des goûts bizarres, puis ils s'en allèrent.

Harry remercia Draco pour ce déjeuner, le blond se contenta de hausser les épaules : s'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir… Tous deux reprirent le métro, direction la Tour Eiffel. Mécaniquement, Draco avait repris la main de Harry : s'il n'était pas très expressif en public, en revanche, c'était un geste qu'il aimait bien faire quand il sortait. Et à nouveau, il revit les joues de Harry rosir. Draco crut que c'était de la gêne, mais au contraire, le brun, raffermissait légèrement sa prise, comme s'il craignait que Draco retire sa main. C'était ainsi à chaque fois que leurs doigts s'entrelaçaient. Il avait bien envie de le taquiner là-dessus, mais il le ferait plus tard…

Ils atteignirent les champs de Mars et, main dans la main, ils les longèrent, les yeux posés sur la Tour Eiffel qui pointait vers le ciel. Ils flirtaient tendrement, avançant tranquillement dans l'allée, ignorant les regards interrogateurs qui se tournaient vers eux. Les joues de Harry rosissaient à cause de l'air glacé, et toute la colère qu'il avait éprouvé pour Draco s'était envolée. Il était redevenu lui-même, avec sa voix traînante, ses manières d'aristocrates, et son sourire en coin. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien, avec un homme…

Le couple passa sous la tour Eiffel, qui semblait si grande vue d'en bas. Les pieds puissants s'implantaient dans le sol, inébranlables. Harry fit des yeux de chien à battu à Draco pour qu'ils montent là-haut, mais le blond ne semblait guère motivé : il avait un peu le vertige. Mais Harry le tira vers les caisses pour prendre l'ascenseur, malgré la foule et les grognements mécontents du blond.

Ils montèrent jusqu'au premier étage, et de là-haut, ils avaient une vue splendide de Paris. La ville entière semblait s'étaler sous eux. Il y avait un peu de vent qui ébouriffait leurs cheveux, mais la température n'avait guère d'importance pour Harry. Tel un enfant, il courut vers la rambarde et il s'abreuva de la vue magnifique qu'il avait de la capitale. Draco restait plus en arrière, les yeux posés sur le dos de Harry, ses cheveux noirs ébouriffés. Et soudain, une question s'imposa à lui : étaient-ils toujours ensemble ? Harry lui avait-il vraiment pardonné ?

Il se pinça la lèvre et s'avança vers Harry, s'approchant de la rambarde. Harry avait les bras appuyé dessus, penché vers l'avant, et Draco prit la même position. Il lutta contre ce vertige qui le prit au ventre, tournant les yeux vers le visage enfantin de Harry. Ce dernier tourna la tête vers lui, et leurs regards se rencontrèrent. Leurs visages étaient prêts l'un de l'autre…

« Harry ?

- Hm ?

- Tu veux bien… qu'on se remette ensemble ? »

Draco attendait sa réponse, le cœur battant à la chamade, et il vit un sourire timide se former sur les lèvres rosées de Harry.

« On s'est séparé ? »

La surprise passa sur le visage de Draco, puis le soulagement. Il eut un sourire à son tour, un peu timide, et, les bras toujours posés sur la barre, il prit la main de Harry dans la sienne, caressant le dos de sa main avec son pouce.

« Non. Non, on ne s'est pas séparé. »

Ils ne s'étaient jamais quittés. Ce n'était qu'une dispute, qui se terminait…

Draco se pencha doucement vers Harry et l'embrassa, avec toute la tendresse dont il était capable. Il ne songea pas qu'il allait vite, qu'il n'était pas aussi proche de Seamus, ou de qui que ce soit d'autre, au début, qu'il n'embrassait jamais personne comme ça en public… Il ne pensa pas que c'était la première fois qu'il avait autant envie d'embrasser quelqu'un, autant envie de se faire pardonner…

Non, plus rien ne comptait à part les lèvres froides de Harry, pulpeuses… Plus rien, à part ce baiser tendre qu'ils échangeaient, leurs souffles chauds caressant la peau de l'autre, leurs mains étroitement nouées… Draco approfondit même le baiser, doucement, léchant les lèvres douces de Harry, qui s'entrouvrirent. Un baiser doux et innocent, tendre et timide. Un peu comme un premier baiser… Leurs lèvres se quittaient quelques secondes puis se retrouvaient, timides, quémandeuses… Il n'y avait plus de Tour Eiffel, plus de vide sous eux…

Il n'y avait plus que leurs doigts enlacés, le rire de Harry, le sourire de Draco, leurs lèvres qui ne voulaient plus se quitter…

OoO

Six heures moins dix, et toujours pas de signe de Harry. Ça voulait dire que ce rendez-vous avait bien marché, et contrairement à ce qu'elle aurait pensé, ça rendait Isaline plutôt heureuse. Si Harry arrivait à retrouver le sourire, eh bien tant mieux. Nymph' était, par contre, de moins bonne humeur, et elle dut supporter ses regards noirs toute la journée. Quand Théo rentra du boulot, éreinté, vers cinq heures et demie, ce fut comme une bouffée d'air frais.

Nymph' avait quitté le travail un peu plus tôt que prévu et Isaline devait se taper le nettoyage toute seule. Bon, cela consistait à nettoyer le sol et ranger un peu, mais quand même… Elle était en train de passer un coup de serpillère tandis que Théo, d'une lenteur sans égal, faisait un peu de rangement. Puis, tous deux revinrent dans la cuisine, où Isaline décida de préparer sa tarte aux pommes. Donc, elle se mit à éplucher des pommes, sa pâte ayant été déjà préparée, écoutant Théo lui raconter sa journée.

La porte d'entrée s'ouvrit. Ce ne pouvait qu'être Harry et Draco, à moins que ce dernier ne l'ait pas raccompagné. Isaline se leva, Théo étant complètement Hors Service, et vit son neveu avec son copain dans l'entrée. Le blond semblait hésiter à entrer, surtout quand son regard croisa celui d'Isaline. Elle décida de jouer la carte de la cordialité et elle salua le blond, tendant la main vers lui. Draco la serra, intérieurement soulagé de ne plus affronter le regard froid et scrutateur de la patronne.

« Alors les jeunes ? Passé une bonne journée ?

- Super ! Tiens, c'est pour toi. »

Harry lui tendit une petite boite de macarons et les yeux d'Isaline s'illuminèrent. Quand elle vit qu'ils venaient de Ladurée, elle sembla tout simplement hallucinée. Draco précisa qu'ils avaient déjeuné à Ladurée, ce qui stupéfia Isaline.

« Si j'avais su, je serais venue avec vous.

- Aller où ?? Fit une voix dans la cuisine.

- Théo ! S'exclama Harry, surpris. Tu es rentré ?

- Ouais… »

Sa voix traînante montrait qu'il était fatigué. Harry retira ses chaussures et entra dans la cuisine, vite suivi par Draco. Un jeune homme de son âge, le visage pâle encadré de cheveux brun foncé légèrement ondulés. Il avait des yeux sombres et perçants, même si, en ce moment, ils reflétaient sa fatigue. Il était assis sur une chaise devant la table de la cuisine, sur laquelle étaient posés des pommes, certaines épluchées et d'autres non. Tarte aux pommes en perspective…

Harry s'avança vers Théo et lui serra la main, puis passa une main dans ses cheveux, lui trouvant une mine affreuse. Ce simple geste semblait naturel mais Draco fronça les sourcils. Il s'avança néanmoins vers cet étranger et lui serra la main à son tour.

« Salut. Je suis Théo, un ami de Harry.

- Draco, son petit ami.

- Ça a été votre journée ?

- Ils ont mangé à Ladurée ! S'exclama Isaline. J'aurais dû squatter…

- Y'en a qui ont de la chance, » grogna le brun.

Harry lui demanda si sa journée s'était bien passée, Théo lui dit que c'était un samedi comme un autre. Il avait fait assez froid et les clients chipotaient sur les prix, à cause de la crise actuelle. Bon, il pouvait comprendre leur comportement, mais c'était exaspérant de les voir ainsi comparer les prix. On était dans un marché, s'ils voulaient vraiment des bas prix, qu'ils aillent dans les grandes surfaces… Et puis après, il avait eu les cours. Soit il avait moins patience qu'avant, soit c'était les gosses qui devenaient exaspérants…

Draco fut étonné d'apprendre que Théo étudiait comme lui la médecine, et qu'ils étaient en même année, même si lui comptait aller plus loin pour devenir vétérinaire. Ils se trouvèrent tous deux des points communs. Enfin, c'était surtout les cours qu'ils donnaient, en particulier aux enfants des amis ou clients de leurs pères respectifs. Le blond trouva Théo un peu bizarre, à cause de sa façon familière de parler et sa franchise, mais ce n'était pas désagréable de discuter avec lui.

Le téléphone sonna. Isaline lâcha ses pommes et s'en alla dans le couloir pour répondre. Théo se tourna soudain vers Harry.

« Au fait, fais gaffe, Cho a failli me chopper aujourd'hui.

- Tu as réussi à l'éviter ?!

- J'ai demandé aux gars du marché de me prévenir s'ils la voyaient. Je me suis barré quand elle est passée au stand. Le patron était pas super content, mais c'était une question de vie ou de mort ! Tiens, je suis sûr qu'elle est passée à la boutique, aujourd'hui.

- Je pense pas, fit Harry. Elle n'a pas pu…

- Isaline !! Gueula Théo. Elle est passée, Cho ?

- Ouais, pourquoi ? Répondit-elle sur le même ton.

- Tu lui as dit que j'étais avec Draco ? Demanda Harry à son tour.

- Nan, je savais pas si elle était au courant. »

Draco haussa un sourcil : qu'est-ce que ça pouvait faire qu'elle soit au courant ou non pour eux ? Il préféra garder sa question pour lui, mais il se posait pas mal de questions sur cette Cho. Le blond demanda quand même pourquoi cette fille les poursuivait. Ce fut Harry qui lui répondit.

« Elle est photographe, et elle a besoin d'un modèle, alors elle fait le tour de ses connaissances.

- Elle peut toujours rêver ! S'exclama Théo. J'ai déjà donné, moi ! Mais toi, par contre, elle va pas te lâcher, c'est sûr ! Et faut pas compter sur Olivier, cette fois-ci.

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? Demanda Draco, intrigué.

- Cette pouffiasse a osé me prendre en photo alors que j'avais la crève. Sur cette photo, c'est à se demander si je souffre vraiment ou si je suis pas en train de me branler sous la couette… »

Draco écarquilla les yeux et Harry éclata de rire. Théo mâchouilla rageusement un bout de pomme, furieux rien qu'à l'idée de penser à ses photos. Harry glissa au blond que Théo était écarlate à cause de la fièvre et ça donnait un petit côté érotique aux photos. Draco eut alors un sourire moqueur qui ne plut guère à Théo.

« Bon, passons. Ryry, je squatte encore ce soir. Franchement, j'ai pas la force de supporter mon coloc' ce soir…

- Il t'a appelé, aujourd'hui ?

- Ouais, je l'ai envoyé chier. Pas d'humeur à me disputer avec lui. »

Draco sembla un peu étonné que Théo vienne dormir chez Harry à cause d'une bête dispute entre colocataires. Il en fit part aux deux hommes, car quand on vivait avec quelqu'un d'autre, on devait accepter ses bons et ses mauvais côtés. Théo ne put s'empêcher de pousser un soupir.

« Mais je les accepte, ses mauvais côté. Je suis un tantinet homophobe, et je vis actuellement avec un gay. Ne me regarde pas comme ça, j'avais besoin d'un coloc', et on m'avait dit qu'il était sympa. Mon problème, c'est que j'ai deux serpents chez moi…

- Deux serpents ? Fit Draco, incrédule.

- Ouais. Bref, tous les deux, on doit faire des efforts pour vivre ensemble. Franchement, je suis pas difficile à vivre. Il fait aussi des études de médecine, quand il a besoin, je l'aide, je participe aux tâches ménagères, bref, je fais mon possible pour rendre la vie agréable. Il a juste à supporter mon caractère.

- Mais quand on s'y fait, tu deviens supportable, glissa Harry.

- Couillon. »

Le visage de Théo prit une teinte un peu déçu. Il repensa à Seamus, qu'il aimait bien en fait, avec ce mec sorti de nulle part qui lui roulait la pelle du siècle…

« Mais il s'est trouvé quelqu'un, et ça fait une semaine que je les vois se rouler des pelles dans tout l'appartement. L'entrée, le salon, la salle de bain, la cuisine… Je déteste ça, y'a des chambres pour faire ça ! Mais non, c'est limite s'ils s'accouplent pas sous mon nez !

- Dis lui que ça te pose un problème et ça s'arrangera, répliqua Draco. C'est pas en fuyant…

- Ça fait une semaine que je me tue à le lui faire comprendre. Mais il veut rien entendre. En fait, il veut me faire chier, et ça marche bien. Mais j'ai pas supporté hier, j'ai eu ma dose, alors je me suis tiré. Besoin de sommeil pour bosser le week-end.

- Tu restes dormir ce soir, alors ? Demanda Isaline en revenant dans la cuisine. Si tu veux, je t'emmène au dépôt. Tu fais le livreur, non ?

- Exact. Bon, je vais me laver, j'empeste.

- C'est le cas de le dire, » firent Isaline et Harry en se bouchant le nez.

Draco ricana en voyant la mine outré du jeune homme. Il serra la main de Draco et disparut dans le couloir. Harry proposa alors à Draco de le ramener, il était un peu tard, et Théo allait avoir besoin d'une oreille attentionnée pour se plaindre. Draco dit « au revoir » à Isaline et suivit Harry qui se dirigeait vers le garage, où étaient garées une Fiat bleue et sa moto. Il regarda Harry fouiller dans un petit placard d'où il sortit deux casques, le sien et celui d'Isaline, qu'il tendit à Draco.

« Il est plutôt sympa, ton ami homophobe.

- Il est adorable, il faut juste le connaître. Mais je pense que son coloc' exagère un peu. Théo est quelqu'un d'assez franc et moqueur, mais il n'est pas méchant.

- J'ai vu. Tu as l'air de beaucoup… l'apprécier. »

Les yeux de Harry partirent dans le vague quelques secondes, puis il lui dit que, quand ils s'étaient disputés, lui et Draco, Théo l'avait écouté. Bon, il n'était pas vraiment pour le fait qu'il se remette avec Draco, mais quand il lui avait annoncé qu'ils se revoyaient, il avait semblé plutôt content, et il l'avait encouragé.

Harry semblait beaucoup aimer Théo. Draco se dit qu'il allait devoir faire attention à ces deux-là, même s'il commençait déjà à apprécier l'autre étudiant, assez particulier, mais le courant était facilement passé entre eux. Tandis qu'il mettait son casque, et que Harry ouvrait la porte du garage pour sortir la moto, Draco pensa que Théo n'avait eu aucune réaction négative avec lui, alors qu'il était évident qu'il était attiré par les hommes. Il se dit qu'il ne devait pas être si terrible que ça, même si les remarques devaient fuser… Enfin, ce mec lui avait quand même fait bonne impression.

Harry sortit la moto du garage et le ferma. Il monta sur l'engin et Draco s'installa derrière lui. Et ils disparurent, dans la rue…

OoO

L'atmosphère était lourde. Vraiment très, très lourde. Draco n'était vraiment pas à l'aise, même s'il n'en montrait rien. À peine avait-il mit les pieds à la maison que, déjà, il sentait une étrange tension peser sur lui. Et à présent qu'ils étaient tous à table, ce n'était guère mieux.

Les Parkinson rentraient chez eux mercredi, et nous étions lundi. Le séjour avait été catastrophique, aussi bien pour les Malfoy que pour les Parkinson. Une possible union entre Draco et Pansy était à présent à exclure, le jeune Malfoy étant bisexuel et sortant avec un jeune homme. Pansy était furieuse après Draco, dont elle était amoureuse, et donc très malheureuse. Les Parkinson en voulaient terriblement aux Malfoy, qui eux ne savaient plus où se mettre.

Il était pourtant « connu » que leur fils était un tantinet attiré par les hommes. A vrai dire, à partir du moment où Lucius accepta la bisexualité de son fils, ce dernier cessa de se cacher. Mais Pansy croyait dur comme fer que tout ça n'était qu'une affaire de sexe et non de sentiments, mais le fait qu'il préfère traîner avec un homme aussi laid alors qu'elle était près de lui, l'avait passablement écœurée. Comment pouvait-on lui préféré un homme pareil ? C'était incroyable…

Ainsi, la belle amitié qui liait les Malfoy et les Parkinson était en train de prendre fin, au grand dam de Narcissa. Lucius n'aimait pas particulièrement les Parkinson, et étant presque habitué aux « scandales » de son fils, il ne voyait pas là une grande perte. Certes, il perdait un ami, mais en même temps, si Mr Parkinson ne le fréquentait que pour avoir son fils pour gendre… Ce n'était pas le genre de personne qui lui apportait beaucoup. Il avait perdu davantage avec la famille Greengrass, quand Draco s'était séparé d'Astoria.

Le dîner fut donc très long et ennuyeux. Quand Draco eut terminé son dessert, il put s'échapper et monter dans sa chambre. Pansy tenta de le suivre mais il lui adressa un regard à vous glacer le sang et il rentra seul dans sa chambre. Hors de question de supporter Pansy un instant de plus, il l'avait assez vue.

Draco se lava puis alluma son ordinateur. Il se connecta sur MSN, ayant déjà terminé son travail. Blaise n'était pas là, ni Millicent, mais Hermione était connectée. Il ouvrit une fenêtre pour demander de ses nouvelles. Il se souvint soudain que Harry lui avait aussi donné son adresse. Il prit son portable et chercha son numéro de téléphone dans le carnet d'adresse. Il trouva l'adresse E-mail et l'enregistra sur son compte. Harry était connecté, il ouvrit donc la fenêtre : Harry – Tous unis contre la connerie humaine… :p Non, Cho, Edward Cullen n'existe pas….

« Bonsoir. Pas encore couché à cette heure-ci ? »

La réponse mit quelques secondes à arriver. Entre-temps, le message perso avait changé : Tous unis contre la connerie humaine… :p Non, Cho, je ne sais pas si Edward est chaud à cet endroit-là….

« C'est Isaline. Harry est en train de prendre sa douche.

- Ah d'accord.

- Je peux lui faire une blague ?? »

Aussitôt, deux invitations apparurent : conversation visuelle et vocale. Draco accepta les deux invitations et il apparut en bas de la fenêtre, tandis que le visage d'Isaline apparaissait dans le cadre au-dessus. Elle portait un peignoir bleu et son visage était éclairé par une lampe, sans doute posée sur le bureau.

« Qu'est-ce que vous faites sur le compte de Harry ?

- Bah il prend sa douche, alors je papote à sa place. Il avait qu'à se déconnecter.

- C'est qui, Edward Cullen ?

- Naaaaaan, t'as pas lu les Twilight ?

- Jamais je ne lirai de conneries pareilles.

- Harry les a lus pour savoir de quoi ça parlait. Jamais autant eu envie de le jeter par la fenêtre, lui et le bouquin. Il arrêtait de pas de se plaindre qu'il s'ennuyait, que Bella était bête et Edward trop caricatural. »

Soudain, Harry apparut derrière Isaline, une serviette entourant sa taille, laissant son torse à l'air libre. Il se retourna, comme cherchant quelque chose vers la télévision qui brillait derrière.

Et Draco vit deux traces grisâtres sur son dos, qu'il identifia comme… des ailes. Harry avait des ailes sur le dos. Tatouées. Ses yeux s'écarquillèrent, puis il fronça les sourcils en voyant Isaline éclater de rire. Harry se retourna, étonné, et là, il vit Draco, et accessoirement Isaline et lui-même dans un cadre. Il poussa un cri de colère et disparut du cadre. Trop tard, Draco avait aussi vu une tâche bleue sur son torse : un autre tatouage.

« Bon, vous avez fini rigoler ?

- T'es trop marrant. »

Elle s'éventa avec sa main et Harry réapparu, avec un pyjama cette fois-ci. Il vira sa tante du siège, énervé, et se réinstalla à sa place. Il sembla rapidement lire la conversation avant de s'excuser, il aurait dû se déconnecter avant d'aller se doucher.

« C'est pas grave, je te pardonne. C'est quoi que tu as sur le dos ? »

Il entendit Harry gueuler à sa tante, en anglais, de regarder Dr House et de le laisser tranquille. Elle sortit donc de la chambre, toute contente, et claqua la porte derrière elle. Entre-temps, le message perso avait encore changé : Tous unis contre la connerie humaine… :p Edward est un homo refoulé…. Démarra alors une conversation orale et non plus écrite.

« Harry ?

- Un tatouage.

- Mais encore ?

- Je déteste Isaline.

- Je l'aurais appris un jour ou l'autre. C'est quoi ? Des ailes ?

- Oui. Des ailes d'ange.

- Pourquoi tu t'es tatoué ça ? »

Draco était plus qu'étonné que Harry se soit fait un tel tatouage. Des ailes d'ange ? Et puis quoi encore ? Il avait toujours trouve ce genre de tatouage un peu stupide, en particulier chez les filles. A vrai dire, il n'avait même pas pensé que Harry se soit tatoué ce genre de truc, surtout que le tatouage semblait assez étendu sur sa peau… Enfin, il y avait sans doute pire comme tatouage…

« Cadeau de mes dix-huit ans. C'est un peu stupide, je sais, mais quand j'étais gosse, je rêvais d'être un ange, pour voir mes parents, au ciel. »

Isaline lui disait toujours qu'il était un ange tombé du ciel. C'était la première fois qu'on lui parlait avec autant d'amour, et cela avait marqué Harry durant toute son enfance. Ce cadeau, lors de ses dix-huit ans, était une sorte de caprice. Il avait eu des raisons particulières de ce tatouer ça sur le dos, même s'il les gardait pour lui. Enfin, le fait était qu'il avait des ailes sur le dos, depuis plus de trois ans.

« Non, ce n'est pas stupide.

- Bon, il y avait d'autres raisons, hein, mais ça faisait longtemps que je voulais me tatouer des ailes sur mon dos.

- Tu as une photo ? »

Harry acquiesça et chercha quelques minutes avant d'en trouver une. Il l'envoya à Draco, qui l'accepta. Une fois téléchargée, il ouvrit l'image, et il fut littéralement charmé. La photo montrait le dos de Harry, de son cou jusqu'à la raie de ses fesses. Des ailes composées de plumes ondulaient sur son dos, suivant la courbe de son dos, de déployant sur ses épaules pour redescendre en pointe vers ses fesses. Un assemblage savant de plumes souples, aux mille détails, parfois longues, parfois plus courtes, mais tout en grâce et en harmonie… Un véritable chef-d'œuvre, pensa Draco.

« Combien d'heures ?

- Tu ne veux pas le savoir.

- C'est la patronne qui te l'a fait ?

- Oui. Tu aimes ?

- C'est magnifique. Mais tu as dû en baver. »

Harry acquiesça d'un signe de tête. Il était secrètement heureux que Draco apprécie le tatouage : ce n'était pas le genre de chose qu'on pouvait retirer, le tatouage ayant la particularité d'être indélébile. Draco lui demanda pour la tâche bleue qu'il avait vu tout à l'heure, et il fut à nouveau charmé par ce papillon tatoué à l'emplacement de son cœur, mais Harry fut assez vague sur son idée de se tatouer ça sur le corps. En tout ça, ça faisait un peu… gay, quand même…

On toqua à sa porte. Draco faillit grimacer, mais il se retint.

« J'ai de la visite. On passera te voir avec Blaise, mercredi.

- D'accord. Bonne nuit, Draco.

- Bonne nuit. »

Harry lui fit un dernier sourire avant qu'il ne se déconnecte. Draco se tourna vers la porte et fit un « entrez » peu avenant. C'était sa mère, en robe de chambre, qui entra. Ah, une explication s'imposait… Et c'est parti…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !