Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Kikou !! Heu... Non en fait, fausse alerte...

Lys : C'est pas évident de poster quand on est en vacs...

Ouais ! En fait, j'allais à un cyber café, qui a tout bloqué ! Donc impossible de poster mes chaps...

Lys : Nous avons donc visité un autree cyber café qui, lui, veut bien qu'on poste !

En plus, il y fait frais, c'est propre et les clavier ressemblent à qqchose !

Lys : Plus d'inquiétude, donc ! Vous aurez vos chap !

Nous espérons que celui-ci vous plaira ! Heu... Aline... Peut-être que c'est à cause du cyber café, mais ça veut pas marcher... J'avais eu de souci avec le point, pourtant... Alors soit il faut que tu laisses ton adresse dans ta prochaine review, soit laisse-moi un mot sur le premier article de mon blog perso, je supprimerai le commentaire !

Bonne lecture !


Chapitre 13

La sonnerie retentit. Le cours était enfin terminé. Blaise y vit là une forme de libération. Il rangea ses affaires rapidement, alors que Draco prenait son temps, comme toujours, pour éviter le fouillis dans son sac, alors que son ami n'en avait cure. Puis, le blond se décida à se lever, et les deux étudiants purent quitter l'amphithéâtre. Draco regarda l'heure, en se disant qu'il pourrait bientôt voir Harry.

Il n'avait jamais été comme ça, avec qui que ce soit. Harry était bien la première personne à l'avoir autant obsédé. Et pourtant, ils ne sortaient ensemble que depuis peu, et ça n'avait pas été très évident. Mais si c'était la première fois qu'il pensait autant qu'à quelqu'un, c'était aussi la première fois qu'il s'entendait aussi bien avec une personne aussi vite. Blaise était une exception, car il était son meilleur ami, et Draco n'avait jamais eu de vues sur lui. Harry était complètement différent, et Draco sentait que quelque chose de fort pourrait être créé entre eux.

A vrai dire, une telle attraction le troublait, et il en avait parlé avec Blaise. Ce dernier avait été stupéfiait quand Draco lui avait parlé des tatouages. Non pas parce que Harry s'était tatoué des ailes d'ange sur le dos, c'était mieux que des têtes de morts, mais parce que Draco acceptait ces tatouages. Il l'avait toujours entendu dire que des tatouages aussi gros étaient stupides, et il n'avait jamais été particulièrement attiré par ça. Et le fait qu'il en parle si naturellement… Ça l'avait même choqué !

Blaise le vannait un peu sur sa relation avec le tatoueur, mais dans le fond, il était content que Draco se sente aussi bien avec quelqu'un. Bon, il y avait eu Seamus, et il n'était le seul à avoir attiré Draco, mais c'était la première fois, en effet, qu'il éprouvait vraiment le besoin de voir l'autre. La situation chez lui ne pouvait que l'y encourager, mais tout de même…

Ils sortirent de l'université, marchant tranquillement : ils devaient rejoindre Millicent et Hermione à une station de métro et ils étaient un peu en avance. Ils traversèrent une sorte de place, et ils aperçurent devant eux Seamus flanqué de Dean, son nouveau petit ami, et d'autres personnes. Ils étaient sur leur chemin, donc les deux étudiants s'avancèrent vers eux. Seamus semblait se plaindre. Ils s'arrêtèrent.

« Nan mais franchement, il commence à me gonfler !

- Laisse tomber, Seamus, soupira un mec.

- Non, je laisse pas tomber ! Ce mec n'est qu'un pauvre con, un putain d'homophobe ! Et moi qui pensais qu'il était sympa… J'aurais jamais dû accepter, il me fait trop chier !

- De qui tu parles ? Demanda soudain Blaise.

- De mon colocataire. Je le supporte plus. Tu sais ce qu'il m'a fait, ce pauvre con ? Il s'est barré de l'appartement tout le week-end ! Il supporte pas les gays, et il est pas d'accord pour que Dean viennent à l'appart'. »

Dean confirma, partageant l'énervement de Seamus. Draco sentit son cœur battre plus vite. Il pensa soudain à Théo, chez Harry, sa mine fatiguée et son sourire un peu moqueur. Il se rappela quand il montait prendre sa douche, restant dormir une nuit de plus. Pour ne pas affronter la colère de son colocataire. Et le voir en plein ébat amoureux, accessoirement.

« Bah il avait peut-être ses raisons, glissa Blaise. S'il est un peu homophobe…

- Il l'est pas un peu, mais complètement ! Je rentre avec Dean, il a déjà l'air dégoûté. Il me fuit comme la peste, il me traite de tous les noms ! »

Il se souvint de ce que Harry lui avait dit : il le traitait parfois de tapette, et autres joyeusetés, mais toujours sur le ton de l'humour. Il se rappela aussi de sa façon de parler de son coloc' : il acceptait qu'il ait un mec, qu'il le ramène à l'appartement, mais Bon Dieu, qu'il évite de lui rouler des pelles devant lui, mince…

« Seamus, calme-toi, dit Lavande.

- Je ne supporte plus ce type ! Je vais pas tarder à me tirer, si ça continue !

- Théo est comme ça, on y peut rien, répliqua un autre garçon. Il est pas méchant… »

Draco eut comme un frisson. Il préféra ne pas penser à Harry, à cette cachoterie qu'il lui avait sans doute faite, se focalisant sur la mine fatiguée de Théo et son sourire amusé, ses petits sarcasmes sans méchanceté, et son air las quand il parlait de son colocataire…

« Saleté d'homophobe !

- Et si tu réfléchissais deux minutes à ton comportement ? »

Surpris, Seamus se tourna vers Draco, comme tous les autres d'ailleurs. Le blond lui jeta un regard froid, ignorant l'air surpris de Blaise.

« A mon avis, ce mec doit être assez sympa et, surtout, patient. Car il faut de la patience pour te supporter. Réfléchis deux minutes à ton comportement vis-à-vis de lui, et après, tu pourras lui gueuler dessus. »

Si Théo parvenait à supporter Harry et Draco ensemble, s'il parvenait à ne pas grimacer quand ils s'effleuraient la main, c'était qu'il était un peu tolérant, non ?

« Tu ne le connais même pas ! S'offusqua Seamus.

- Qu'est-ce que tu en sais ? »

Seamus s'étrangla, stupéfait. Draco eut un sourire moqueur : il ne s'attendait pas à celle-là. Pas plus que Blaise, d'ailleurs. Draco tourna les talons, et se dirigea vers la station de métro, suivi de Blaise, qui le bombarda de questions. Mais Draco prit d'abord son portable et envoya un texto à Harry : « Tu savais pour Théo et Seamus. » Quelques minutes plus tard, tandis qu'il expliquait à Blaise comment il connaissait Théo, il reçut la réponse : « Tu m'en veux ? ». Blaise grogna que Draco verrait Harry rapidement, il n'avait pas besoin de lui envoyer des SMS ! Mais Draco lui répondit quand même : « Crétin ».

OoO

L'homme passa devant eux, traînant un peu les pieds, et disparut dans l'arrière-boutique. Isaline le suivit. Un silence de mort régna dans la pièce.

« Dix, affirma Harry.

- Huit, contra Nymph'.

- Neuf, trancha Vanessa. On va pas chipoter.

- Nan, huit, j'en suis sûre. »

Harry secoua la tête : les écarteurs de ce type devaient bien faire dix centimètres de diamètres. Les deux anneaux de chairs formaient deux ronds parfaits de chaque côté de sa mâchoire. Nymph' prit les paris : Harry ne lâchait pas l'affaire, ces écarteurs faisaient dix centimètres et sa collègue était persuadée qu'ils faisaient moins. La cliente du jeune homme, allongée devant lui, leva les yeux au ciel : c'était une habituée et elle connaissait le petit manège des deux tatoueurs quand un mec avec de gros écarteurs entrait dans la boutique.

Vanessa avait adopté un look quelque peu emo, et elle s'était tout fait faire quand la boutique, étant donné qu'elle était à deux minutes de chez elle. Nymph' s'était occupée de ses piercings, à la lèvre comme au nez, ou encore à ses oreilles. C'était aussi elle qui lui avait vendu ses écarteurs. Ses copines lui avaient dit que c'était mieux de se faire percer chez un professionnel, mais Nymph' lui avait avoué, après lui avoir percé les oreilles, qu'Isaline avait fait sa formation, et qu'elle était même allé quelques mois chez un perceur : une de ses employées avait eu un accident de voiture, dont elle en était ressorti sans blessure très grave, et il avait besoin d'une remplaçante. Nymph' avait déjà été formée, donc il l'avait accueilli avec plaisir, et il l'avait longtemps regrettée…

Quant aux tatouages, c'était Harry qui les avait faits. Que des choses douces : sur toute la longueur de ses bras, des fresques composées de Bisounours, d'elfes et autres se rejoignaient en un nœud sophistiqué au-dessus de ses seins, près de ses clavicules, et se poursuivait encore au creux de ses seins, vers son ventre. Un papillon était tatoué sur son cou, aussi, et Harry était en train de s'occuper du second, de l'autre côté. Elle était récemment repassée chez le coiffeur pour se refaire colorer les cheveux en rose fuchsia.

Harry se demandait si son look « bonbon à la fraise » était vraiment emo, mais après tout, il n'y connaissait pas grand-chose. Nymph' avait tenté d'en faire un emo, justement, et Harry s'était fait percé le bas de la lèvre droite. Il n'avait jamais été tenté de poursuivre l'expérience sur son nez et ses narines, ni même autre part. Il avait rapidement laissé tomber le piercing, qui ne lui plaisait pas vraiment, et restait juste une légère cicatrice. Nymph' l'avait été pendant un temps, alternant les couleurs de cheveux et se perçant à tout-va. Mais elle arrêta quand elle tomba amoureuse de Remus, même si elle continuait à se teindre les cheveux.

Vanessa aimait bien cette boutique : les tatoueurs étaient sympas et Nymph' la conseillait plutôt bien. Isaline était gentille, aussi, et Vanessa l'admirait quand elle voyait les fresques qu'elle était capable de faire. Bon, elle avait des années d'expérience, mais tout de même…

D'ailleurs, en parlant de la patronne, elle ne tarda pas à sortir de l'arrière-boutique avec l'homme tatoué de la tête aux pieds. La jeune femme se demanda ce que ce type pouvait bien se faire tatouer encore, à part le visage, qui était épargné par les tatouages mais pas par les écarteurs. Elle sembla noter un rendez-vous, puis elle lui serra la main, et l'homme partit. Une fois qu'il eut disparu, elle poussa un soupir.

« Dix.

- J'avais raison ! S'écria Harry.

- Hallucinant, le gars, souffla Nymph'.

- Ce ne sont que des écarteurs, répliqua Vanessa.

- Faut quand même pouvoir les porter, tu crois pas ? »

Vanessa haussa les épaules et Harry leva les yeux au ciel : un écarteur, d'accord, mais en avoir d'aussi gros… Vanessa affirma que cet homme devait avoir ses raisons et que c'était méchant de se moquer. Les tatoueurs protestèrent, mais la jeune femme sourit, amusée. Elle avait bien conscience que c'était de la moquerie. Bon, certes, pas méchante dans le fond, leurs paris ne portaient que sur les écarteurs d'oreilles, alors que cela pouvait porter sur bien d'autres choses, et ils devaient en voir de toutes les couleurs…

Harry avait presque terminé son papillon. Enfin, il en avait juste tracé les contours, il allait y avoir d'autres séances. Et tandis que le brun finissait son travail, Isaline bidouillait la radio. Nymph' ne faisait pas grand-chose, il était presque cinq heures et demie, et elle attendait son prochain rendez-vous, qui devait arriver à moins le quart. Le brun laissa partir Vanessa, elle ne devait le payer qu'une fois le tatouage terminé.

La voix plus ou moins mélodieuse de Madonna se fit entendre. Son dernier single, « four minutes ». Isaline se mit à chanter, se déhanchant légèrement. Tout en appliquant un pansement sur le nouveau tatouage de Vanessa, Harry se mit aussi à chanter, sur la voix masculine de Justin Timberlake. Nymph' souriait, regardant leur manège. Ils entendirent à peine la clochette tinter, tandis qu'un petit groupe d'étudiant entrait dans la boutique.

« If you want it, You've already got it, if you thought it, it better be what you want… If you feel it, it must be real just, say the word and, I'm a give you what you want… »

Les deux tatoueurs se regardaient, amusés, Isaline secouant un peu ses hanches, et Harry sa tête, les fesses posées sur son siège. Ils chantèrent toute la chanson, les yeux rivés sur l'autre, attendant que l'un d'eux se trompe dans la chanson, qu'ils connaissaient par cœur tant ils l'avaient entendue. Mais la chanson se termina sans problème et le groupe d'étudiants applaudit franchement à la prestation. Harry tourna la tête et eut un sourire en voyant Draco, qui le regardait, l'air de dire « toi alors… ».

« Vous nous aviez caché vos talents de chanteur ! » S'exclama Blaise.

Harry eut un léger rire. Il se leva de sa chaise et salua les étudiants, serrant franchement la main de Blaise, embrassant les joues des deux filles qui s'empressèrent de saluer Nymph' et Isaline, et enfin il termina par Draco, dont il effleura les lèvres d'un léger baiser. Ça faisait du bien de le revoir, et Harry oubliait les regards d'Isaline et de Nymph' tournés vers lui. Cette dernière se refrogna, jetant des regards suspicieux au blond. Il ne lui inspirait vraiment pas confiance.

Isaline fut au contraire agréablement surprise de les voir s'embrasser dans la boutique. C'était assez discret, mais bon, ça montrait que Draco n'était pas du genre à se cacher de manière presque maladive. Les amis du blond les regardèrent à peine, quelques peu habitués à le voir avec des garçons, et Harry ou un autre… Enfin, ils aimaient bien Harry, quand même.

Draco glissa discrètement sa main sur la hanche de Harry. Il prit naturellement de ses nouvelles, même si Harry avait l'air en forme, ce qui était aussi le cas du blond. Il trouvait ses journées à la fac particulièrement tranquilles depuis qu'il faisait son stage en hôpital… Et voir Harry lui faisait plus de bien qu'il ne l'aurait imaginé.

« Tu es libre, samedi soir ? Demanda Harry.

- Ça devrait pouvoir se faire. Où tu veux…

- Ryry !! Cria Isaline. Y'a Sirius au téléphone !! »

Harry soupira et sortit de la boutique pour répondre au téléphone, laissant Draco et ses amis dans la boutique avec Nymph'. Cette dernière papotait joyeusement avec les deux filles et Blaise. Elle n'accorda aucune attention à Draco. Si cela surpris Blaise, Draco n'en fut pas étonné : le professeur Rogue lui avait glissé que Sirius et elle seraient les plus difficiles à convaincre. Il devait faire ses preuves…

Harry ne tarda pas à revenir, une main sur le front. L'échange n'avait duré que quelques minutes, et pourtant, son parrain l'avait épuisé. Il voulut s'avancer vers Draco, mais il eut une vision d'horreur. Ecarquillant les yeux, il vit une chose non-identifiée aux multiples couleurs pousser sans grâce la porte vitrée, et…

« Salut tout le monde !!! »

… et la chose non-identifiée lui sauta dessus sans aucune retenue, l'étouffant presque dans son étreinte. Hallucinés, les étudiants, Draco y compris, virent une chinoise avec une jupe outrageusement courte, des talons aiguilles et une veste trop colorée sur le dos faire un gros câlin à un Harry, qui semblait d'ailleurs n'avoir qu'une envie : se barrer.

« Cho, quel plaisir de te voir… Dit-il sans aucune conviction.

- Ryry, tu m'as trop manquée !! »

Et elle l'embrassa très fort sur la joue. Draco sentit la jalousie monter en lui : cette Cho était une belle fille, mince, avec une poitrine de taille convenable, et diablement sexy dans ses vêtements. Il vit d'ailleurs Blaise la regarder avec intérêt, et Draco se demanda si Harry et cette fille n'étaient pas sortis ensemble. A vrai dire, ils formaient un assez joli couple… La colère montra le bout de son nez et Draco serra le poing, gardant son self-control.

« Toi aussi, tu m'as manqué, souffla-t-il. Cho, tu m'étouffes…

- Hors de question de te lâcher !!! Ça fait deux semaines que tu m'évites !! Toi et l'autre connard du marché, vous êtes jamais là quand j'ai besoin de vous !! »

Elle semblait maintenant hors d'elle, fermement attachée au bras de Harry. Nymph' explosa de rire et Blaise se put s'empêcher de la suivre dans son hilarité quand la chinoise se mit à l'engueuler. Les deux filles ne purent résister et elles se mirent aussi à rire : Harry tentait tant bien que mal de la calmer, et pendant un instant, Draco comprit pourquoi Théo la fuyait. Taper ce genre de scandale sur son lieu de travail n'était pas spécialement bien vu…

« Bon, maintenant que je te tiens, je ne te lâche plus !! Affirma-t-elle, cramponnée à son bras.

- Cho, lâche-moi, tu seras adorable.

- Je veux pas être adorable ! Quand j'ai besoin de vous, vous êtes jamais là !

- Je t'ai suffisamment sorti de tes emmerdes, Cho, répliqua le brun.

- Bon, il faut absolument que tu m'aides ! Tu passes me voir samedi soir pour…

- Désolé, mais il est pris, samedi soir. »

Draco se glissa près de Harry, et un silence s'installa dans la boutique. Harry leva un regard incertain vers Draco. Cho, qui faisait bien une tête de moins que Harry, lui lâcha le bras et croisa les siens sur sa poitrine, dévisageant d'un air peu engageant Draco.

« Et en quel honneur ?

- On a un rendez-vous.

- Pardon ?

- On sort ensemble. »

Blaise faillit se remettre à rire tellement le visage paniqué du brun était hilarant. Ouh la la, ça sentait la crise de nerfs, et il n'était pas très loin de la vérité. Cho haussa un sourcil.

« Tu te fous de ma gueule ?

- Pas du tout. »

Et là, elle eut une réaction inattendue : elle poussa un cri de joie. Sautillant sur elle-même, elle ignora tout bonnement le visage désespéré de Harry, et celui surpris de Draco, et elle se mit à crier de joie et de victoire.

« Nan, c'est pas vrai !!! Vous sortez ensemble ??? Mais c'est génial !! »

Elle sauta au cou de Draco et l'embrassa sur la joue. Blaise et Nymph' étaient pliés en deux de rire et Harry tenta une petite esquive sur la droite, mais c'était sans compter le regard d'aigle de Cho qui l'intercepta aussitôt.

« Ryry, tu me l'avais pas dit ! Ça fait des mois et des mois que j'essaie de te caser, que j'organise des rendez-vous et que je te présente des gens, et quand tu te trouves enfin quelqu'un, tu ne me le dis même pas !! Tu es cruel avec moi !!! »

Elle était passée de la joie la plus vraie à la colère la plus noire. Elle attrapa Harry par le tee-shirt qu'elle secouait, énervée et outrée qu'il ne lui ait rien dit. Blaise et Nymph' riaient toujours, Millicent ne pouvait s'empêcher de glousser et Hermione levait les yeux au ciel en souriant, luttant contre le rire contagieux. Draco croisait les bras, attendant la suite.

« Et je suis sûre que l'homo refoulé est au courant, hein ?! Avoue-le !!

- Oui, Théo est au courant.

- Ouh le salaud, attend un peu que je mette la main sur lui ! Il va me le payer ! Et qui est au courant, sinon ? Avoue !! Qui est au courant ?!

- Olivier.

- De quoi ?!! S'étrangla-t-elle.

- Je suis allé au restaurant de ton père, il fallait bien quelqu'un pour te tenir en place. »

Le visage de Cho sembla se décomposer en apprenant la trahison de son colocataire. Harry semblait amusé, comme un gamin. La colère de Cho devint encore plus noire, et il leur sembla l'entendre maudire ledit Olivier, et les étudiants le plaignirent, sans songer une seule seconde qu'Olivier était à présent immunisé contre ce genre de malédiction.

« Et qui d'autre, à part ce traître ?

- Ronny.

- Evidemment, c'est ton pote. Raaah les mecs, je vous déteste ! Vous êtes tous que des traîtres ! »

Cho fit une moue boudeuse et croisa les bras, telle une gamine vexée. Harry leva les yeux au ciel. Il espéra pendant un temps que la crise soit finie, mais il était bien loin du compte.

« Bon, je suis très contente pour toi Harry, tu as enfin quitté le club des célibataires endurcis. »

Draco haussa un sourcil entendant ces derniers mots, mais il ne releva pas. Par contre, les autres pouffèrent, et Harry tira une tête une exaspérée.

« Je suis d'accord pour te pardonner si tu m'accordes ton dimanche après-midi !

- Hors de question.

- Ryry, j'ai besoin de toi !! »

Cho se mit à s'agiter comme une puce. Hermione et Millicent se regardèrent, surprises, ne sachant pourquoi la chinoise s'excitait, encore. Blaise interrogea Draco du regard, ce dernier chuchota que la jeune fille était photographe. Harry se boucha les oreilles, et à ce moment-là, Isaline revint dans la pièce avec un cahier sous le bras.

« J'ai entendu un truc hurler comme un porc qu'on égorge, c'était quoi ?

- Je suis pas un porc qu'on égorge ! Protesta la chinoise.

- Nan, c'est vrai, t'es une truie.

- Méchante !!

- Pourquoi elle gueule, encore ? Demanda la tatoueuse en posant son cahier sur le comptoir.

- Je veux que Ryry pose pour moi !! »

Harry secoua la tête, peu enclin à jouer la poupée pour Cho. Isaline répliqua que, depuis le temps que Cho le lui demandait, il pouvait bien accepter. Comme ça, la prochaine fois, il pourrait lui dire non.

« Demanda à Olivier.

- Je peux pas, soupira-t-elle. Maintenant qu'il est engagé, je peux plus en faire ce que je veux ! Et Théo refusera, c'est certain ! Il me fuit comme la peste et il est d'une humeur noire, en ce moment. C'est à cause du gay qui vit avec lui, à tous les coups. Nan mais quelle idée de vivre avec un gay quand on les supporte pas ?? »

Harry poussa un soupir et Draco eut un sourire ironique, de même pour Blaise, qui avait entendu parler de ce jeune homme sur le chemin. Il avait l'air de pas mal, ce gars-là, il lui tardait de le rencontrer. Un type bourré de contradictions, apparemment…

« Tu as d'autres amis, non ?

- J'en ai pas beaucoup qui sont tatoués, et ceux qui le sont ont des tatouages moches. Tu es le modèle parfait, Ryry !

- Et pourquoi tu demandes pas à ton ex ? Mince, son nom…

- On s'en fout de son nom ! S'écria-t-elle. De toute façon, on sort plus ensemble !

- Nymph', tu te rappelles ?

- Nan, pas du tout.

- Tata ?

- Attends, je l'ai sur le bout de la langue…

- Mais on s'en tape ! C'est mon ex, on sort plus ensemble !

- Je sais ! Christina ! »

Cho poussa un cri d'énervement et boucha les oreilles. Elle tenta de frapper Harry qui semblait particulièrement amusé. Mais les étudiants se regardèrent, cherchant à comprendre, ou plutôt à se persuader qu'ils avaient bien compris… Nymph' décida d'éclairer leur lanterne.

« Cho est officiellement bisexuelle mais elle a une très grosse tendance à sortir avec des filles.

- Et Théo arrive à la supporter ? Demanda Draco.

- Bah c'est une fille, alors il s'en fout qu'elle en embrasse une autre. »

Soudain, la chinoise sauta sur Draco qui sursauta et elle se mit à lui tourner autour, le suppliant de convaincre Harry. Le blond haussa un sourcil et jeta un regard hésitant au brun. Ce dernier semblait attendre sa réponse, mais le blond haussa les épaules : ça lui était égal.

« C'est un sujet sur quoi ? Demanda Millicent.

- Raconter une histoire. Bon, faut faire quelque chose d'original, hein. Pas évident. Je dois faire une série de photos. Alors, Draco ?? T'en penses quoi ??

- Du moment que tu ne le ridiculises pas, lâcha-t-il.

- Ton mec est d'accord, Ryry !! »

Harry poussa un immense soupir et lança un regard exaspéré à celui qui lui servait actuellement de petit ami. Draco lui fit un sourire charmeur : Harry avait du charme, et nul doute qu'il était photogénique. Cette fille ne pouvait décemment pas le massacrer avec un vulgaire appareil photo.

« Tata, sors une feuille.

- Okay.

- Ah non ! S'écria Cho. Tu vas pas faire comme Olivier ! »

Mais Isaline arrachait déjà une feuille du cahier et attrapait un stylo. Elle attendit sagement les instructions de Harry qui, en faisant les cent pas, lui énuméra différents faits.

« D'abord, pas de maquillage.

- Même du mascara ?

- Ensuite, pas de vêtements de femme. »

Blaise explosa de rire : imaginer Harry avait une robe à froufrous était hilarant… Draco lui donna un coup dans les côtes et il regretta pendant un instant d'avoir accepté la demande de Cho…

« Sans oublier les vêtements bizarres.

- Par exemple ? Demanda Hermione.

- Tenues en cuir, sous-vêtements douteux…

- Tu fais pas la même taille qu'Olivier, de toute façon… »

Blaise ne pouvait plus s'empêcher de rire et Nymph' s'étouffait en tentant de ne pas céder elle aussi à l'hilarité. Les deux filles gloussaient et Draco tentait tant bien que mal de ne pas penser à Harry, vêtu d'une tenue en cuir avec des sous-vêtements douteux.

« Ah, et pas nu, non plus.

- Même torse nu ?

- Si on ne l'écrit pas, tu le mettras à poil, répliqua Isaline.

- Qu'est-ce que j'ai oublié…

- Rien du tout !

- Ah si, fit Harry en se penchant vers Isaline. Pas de photos érotiques…

- Je suis pas aussi perverse que ça !! »

Tous deux levèrent la tête vers elle, le regard indéchiffrable. Un silence de mort s'installa dans la pièce jusqu'à ce que Cho baisse les bras, déçue.

« Vas-y, note-le.

- Sérieusement, t'as réussi à faire des photos érotiques de cet Olivier ? Demanda Hermione, stupéfaite.

- Nan, jamais réussi, même quand il était bourré. Juste réussi avec Théo, mais il avait la crève, alors on se demande si ses rougeurs sont dues à la fièvre ou à autre chose… »

Donc, ce n'était pas des paroles en l'air, soupira intérieurement Draco en repensant à sa conversation avec l'autre étudiant, quand il avait évoqué ces fameuses photos, prises contre son gré. Dans quel monde de fous avait-il débarqué…

« N'oublie pas les positions gênantes, dit soudain Nymph'.

- C'est noté ! Confirma Isaline. Je crois qu'on n'a rien oublié. »

Elle tendit la feuille à Harry avait un stylo et il signa. Puis, il s'avança vers Cho qui se recula, écœurée, mais elle finit par prendre le stylo et signer, contre son gré. Elle aurait bien voulu insulter Harry, qui ne lui faisait pas confiance, mais le client de Nymph' arriva, et elle dut ravaler ses mots. Elle ordonna à Harry de venir chez elle le dimanche qui arrivait, étant donné qu'il n'était pas libre le samedi soir.

Soudain, elle se mit derrière lui et souleva son tee-shirt. Harry sursauta et se retourna, baissant son haut, et lui jeta un regard furieux.

« Je peux savoir ce que tu mijotes ?

- Je veux être sûre que tes tatouages sont toujours là.

- Les tatouages sont faits pour être indélébiles, précisa-t-il.

- Et des fois que tu changes d'avis et que tu te fasses des horreurs sur le dos ?

- J'ai pas passé des heures sur son dos pour qu'il me le massacre ! S'exclama Isaline.

- Sait-on jamais. »

Et elle contourna Harry pour soulever son tee-shirt. Elle eut juste le temps de constater que, en effet, le tatouage était toujours là avant que Harry ne rabaisse son tee-shirt, lui lançant un regard énervé.

Avant de s'en aller, elle ordonna à Draco de ne pas faire de mal à Harry, car sinon, il ferait une nuit blanche, donc il aurait des cernes, et son visage serait absolument affreux. Draco faillit lui répliquer qu'il avait déjà failli le perdre une fois et il n'avait pas du tout envie de revivre cette expérience. Au contraire, il avait plutôt envie de prendre Harry dans ses bras, et de l'embrasser.

OoO

L'air était très frais et la vitesse de la moto n'arrangeait rien cette sensation de froid sur tout leur corps. Harry avait mis une sorte de protection sur leurs jambes, mais cela ne pouvait pas vraiment les réchauffer. Draco pouvait s'estimer heureux que Harry ait le sens de l'orientation, et qu'il ait compris comment ramener le blond chez lui. Sinon, il serait bien mort de froid.

D'ailleurs, il regrettait de ne pas avoir pris sa voiture : quand Harry l'avait invité à dîner, il n'avait pensé au froid polaire, à l'extérieur, ni que la vitesse de la moto ne pouvait qu'accentuer cette sensation de fraîcheur. Il ne s'était pas habillé en vue d'affronter le vent de la nuit, au contraire de Harry, qui avait fait un effort vestimentaire, non pas pour paraître plus beau, qu'il ne l'était déjà, mais plutôt pour éviter d'avoir froid.

Avant qu'ils ne repartent, Harry avait proposé sa veste à Draco, qui l'avait refusée, tel qu'il était. Mais il avait fini par l'accepter, une fois dehors, jugeant qu'il ne pourrait jamais rentrer chez lui sans chopper une petite grippe passant par là… Harry avait alors retiré sa veste en cuir et Draco l'avait enfilée. Un petit peu plus grande, Harry étant plus large d'épaules. Puis, ils étaient montés sur la moto, et Harry avait démarré. Draco avait à nouveau regretté de ne pas être venu en voiture et de ne pas s'être habillé plus chaudement : Harry devait être gelé jusqu'aux os.

La moto s'engagea dans une rue déserte et roula le plus lentement possible jusqu'à s'arrêter devant une villa immense. Harry coupa le contact et le ronronnement de la moto disparut, laissant place au silence angoissant des rues vides une fois la nuit tombée. Draco descendit de la voiture et retira son casque, puis il retira la veste de cuir. Harry descendit à son tour et réenfila son blouson en poussant un soupir de soulagement.

« Désolé, tu dois être gelé.

- J'ai vu pire, ne t'inquiète pas. »

Harry avait une apparence un peu frêle et il était plus petit que Draco. Pas de beaucoup, mais une demie tête quand même. Mais Draco savait qu'il faisait de la musculation, et il avait déjà pu admirer ses bras et ses épaules fermes, ce qui n'était d'ailleurs pas désagréable à regarder. C'était bizarre, lui qui était si fin et si peu musclé, n'ayant jamais été attiré par le sport…

Soudain Draco se rapprocha de Harry, plantant son regard dans les yeux verts du brun. Il voyait assez bien son visage grâce à l'éclairage blafard des lampadaires. Il aurait pu jurer que Harry rougissait, mais il ferma les yeux et posa ses lèvres sur les siennes. Elles étaient froides, mais elles répondirent de suite à son baiser. Il le coinça contre la moto, ses mains sur ses hanches, le dominant. Et Harry, croisant ses mains sur sa nuque, caressait ses cheveux blonds, calé entre ses bras.

C'était stupide à dire, mais ce baiser avait un goût de paradis. Draco caressait tendrement les lèvres de Harry des siennes. C'était presque naturel, et quand il lécha la lèvre inférieure de Harry, il sentit son cœur battre plus vite. Sa langue pénétra dans la bouche du brun et caressa sa jumelle. Draco savait embrasser, il avait appris à être langoureux, tendre ou sauvage dans ses baisers. Harry lui répondait timidement, réservé, même s'il prenait visiblement du plaisir à l'embrasser.

Draco ne pouvait se raisonner, il sentait son corps s'enflammer : Harry savait embrasser lui aussi, mais il était si réservé, si tendre dans sa façon de lui répondre, sa langue restant passive mais néanmoins langoureuse, que Draco ne tarda pas à l'embrasser fougueusement, le plaquant plus encore contre lui, leurs souffles mêlés et saccadés, leurs lèvres chaudes, qui se séparaient à peine pour respirer… Et les mains froides de Harry sur son cou, caressant ses joues, ses tempes, ses cheveux décoiffés…

Ils se séparèrent quelques secondes, mais Draco avait toujours faim de ses lèvres, et ce fut Harry qui l'embrassa alors, d'une façon si tendre, ses mains jouant dans ses cheveux, que Draco se laissa dominer, glissant à son tour sa main dans la chevelure ébène de son petit ami… Malgré lui, il se sentit bouleversé par ce baiser, qui avait perdu de son intensité, mais si doux, et un peu maladroit…

Quand ils se séparèrent enfin, Harry cala sa tête sur son épaule, posant ses mains sur le torse de Draco, avant d'enlacer sa taille, se blottissant contre lui. Cet excès de tendresse aurait dû le révulser, jamais Draco n'avait autorisé qui que ce soit de l'enlacer ainsi dans la rue, même le soir, même après un baiser torride… Il aurait dû le repousser, gentiment, mais fermement… Au lieu de quoi, il ne trouva rien de mieux que de répondre à son étreinte, noyant ses doigts dans les cheveux du brun, respirant la douce odeur qui se dégageait de son cou.

Draco était en train de se perdre, et il commençait à en prendre conscience. Il commençait à se perdre dans les yeux verts de Harry, ses sourires, et la tendresse qu'il lui offrait…

OoO

« Et qu'est-ce que tu lui trouves, à ce mec, je peux savoir ?

- Je pourrais te poser exactement la même question.

- C'est pas pareil !!

- Si, c'est exactement pareil.

- Tu veux dire quoi par là, Harry ? »

Harry fit un sourira angélique à Severus qui grogna un « sale gosse », puis reposa les yeux sur son journal. Bon, en même temps, Harry et Sirius étaient dans la même situation, ou presque : Sirius ne supportait pas l'idée que Harry roule des pelles à Draco, parce que ce devait sûrement être le cas, et Harry, au début, n'avait pas du tout compris pourquoi son parrain se mettait en couple avec une chauve-souris aigre comme Severus. D'ailleurs, il n'avait toujours pas compris, mais ce n'était qu'un détail.

« Harry, ne change pas de sujet, tu veux ?

- Ecoute, Sirius, soupira le jeune homme. Je pensais que tu accepteras ma relation avec Draco, après tout, tu m'as toujours encouragé à aller vers les autres alors que Tata, même si elle pense que je ne dois pas rester seul, est méfiante envers tout le monde. Et là, c'est le monde à l'envers ! Tata accepte Draco, et toi et Nymph', vous me faites la gueule ! »

Harry était un jeune homme relativement naïf, même si, étrangement, il savait faire preuve d'une certaine maturité, malgré son comportement parfois puérile. Mais Severus ne pouvait pas mettre son étonnement sur le dos de sa naïveté, étant donné qu'il ne savait pas que Draco était un Malfoy, et que donc Nymph' et Sirius ne pouvaient pas le voir en peinture, tout comme ses parents d'ailleurs. Seule Isaline semblait aller au-delà de ses préjugés et accepter Draco, voulant sans doute voir jusqu'où il irait. Sans que le blond ne sache quelle correction l'attendait s'il faisait vraiment du mal à Harry…

« C'est normal, ce mec la courtise avec des macarons ! Répliqua Sirius. Il t'emmène dans des restaurants hors de prix !

- Severus ?

- Qu'est-ce que tu me veux, encore ? Grogna-t-il d'une voix froide.

- Sirius a payé combien, la première fois que vous êtes allés au restaurant en tête-à-tête ?

- Mais c'est pas pareil !! Cria Sirius, furieux.

- Tu n'as même pas envie de savoir.

- Je vois pas où est la différence, répliqua Harry en croisant les bras.

- J'étais beaucoup plus âgé que ce gamin, je te signale. Il veut t'en mettre plein les yeux et…

- Sirius, ne sois pas ridicule, tu veux bien ? »

L'écrivain se pinça l'arrête du nez, à deux doigts d'exploser. Il avait l'impression d'avoir Isaline juste devant lui, ce qui était insupportable. Severus ricana et son compagnon lui jeta un regard noir : on n'était vraiment aidé par personne.

Harry poussa un soupir exaspéré en songeant que tout le monde était contre lui. Il aurait pensé que Nymph' serait contente pour lui, mais même pas. Elle ne semblait pas du tout d'accord et elle lui avait fait le même que cinéma que Sirius. Et lui qui avait craint Isaline, et qui s'était plaint de sa méfiance de mère poule… Elle était d'une incroyable tolérance par rapport aux deux autres, et Harry n'aurait pu s'imaginer à quel point il pouvait avoir raison…

Le jeune homme s'installa dans le canapé, à côté de Severus, et prit la télécommande pour changer de chaîne. Il était passé chez son parrain pour lui dire au revoir, étant donné qu'il prenait avec Severus le train de onze heures et demie pour Londres. La toussaint avait eu lieu le samedi précédent. Sirius, Severus, Nymph', Remus et Isaline se rendaient à Londres et y resteraient jusqu'au mardi. Pendant ce temps-là, Harry avait la garde de Teddy. Isaline n'avait même pas acheté de billet pour lui, sachant qu'il ne voudrait pas les suivre, et ce fut évidemment le cas. Il resterait donc à Paris, seul, et Sirius était malade à l'idée que sa jolie bouche soit souillée par cette chose immonde que les Malfoy avaient mise au monde.

« Harry, tu ne connais même pas ce mec ! Tu ne sais pas qui il est, et il t'a déjà blessé…

- Ça s'est arrangé. Il regrette vraiment, et…

- Et ça fera comme l'autre ! »

Harry lui lança un regard blessé, et Sirius regretta tout de suite ses paroles. Il regarda Harry replier ses genoux contre son torse et les entourer de ses bras, regardant obstinément le poste de télévision.

« Harry, je suis désolé.

- Qu'est-ce que tu lui reproches, au juste ? »

D'exister, pensa-t-il. Il ne connaissait pas ce gars, certes, mais il savait très bien qui étaient ses parents. Et après toutes les merdes qu'ils avaient fait à Isaline, qui, dans le fond, avait juste commis l'erreur d'offrir un toit à Nymph'… Sirius les haïssait, et leur fils ne devait pas être différent d'eux. Un gosse de riches, formaté pour suivre les traces de son père, faire un beau mariage et devenir quelqu'un de respectable… Comment ces gens pouvaient-il accepter son attirance pour les hommes ? Comment pouvaient-ils la tolérer ? Ça ferait comme Cédric, Draco ne faisait que dissimuler la vérité, et Harry souffrirait…

« Il n'est pas fait pour toi.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Maugréa Harry.

- Vous n'êtes pas du même monde.

- Toi et Severus non plus.

- C'est sûr que d'un point de vu intellectuel…

- Sev' !!!

- C'est vraiment pas mon genre de m'occuper de ce qui ne me regarde pas, mais tu devrais le laisser tranquille. Il est majeur, vacciné, et assez grand pour savoir ce qu'il veut. »

Non, cette fois-ci, Isaline ne l'avait pas menacé pour qu'il défende Harry, mais Severus commençait à en avoir assez des humeurs de son compagnon. Déjà qu'il était invivable, mais alors maintenant qu'il était obnubilé par Draco Malfoy… Bon, Severus l'avait bien cherché, il avait accepté ce cabot chez lui en toute connaissance de cause, et à vrai dire, il ne regrettait pas son choix, mais il en avait assez d'entendre parler de son élève tous les soirs…

Sirius grogna dans sa barbe et partit dans sa chambre. Severus poussa un soupir à fendre l'âme : il aurait mieux fait de se taire. Harry lui lança un regard désolé. Severus se leva et lui fit signe de s'en aller : il avait un problème à régler avec un certain Sirius Black et Harry ne pourrait rien faire pour arranger cela. Il campait sur ses positions, sortir avec Draco n'avait rien de honteux ni de problématique. Sirius était aussi têtu que lui, et il ne laisserait pas tomber l'affaire.

Harry décida donc de s'en aller. Il passa devant sa chambre et dit « au revoir » à Sirius, qui ne sembla pas l'entendre, butté qu'il était. Puis, il mit ses chaussures, enfila sa veste, et fit un dernier à Severus qui semblait se préparer psychologiquement à un futur combat, qui promettait d'être rude…

Les mains dans les poches, Harry descendit les escaliers de l'immeuble, puis arriva dans la rue. Il était déçu par le comportement de son parrain. Il se doutait que Sirius serait méfiant, il l'avait déjà senti en parlant de Draco, mais à ce point-là… Il fut arraché de ses pensées par la sonnerie de son portable. Il décrocha : c'était Olivier.

« Salut Harry, tu vas bien ?

- Moui, ça va. Et toi ? La forme ?

- Bof, j'ai cassé avec ma copine.

- Ah, je suis désolé. »

Ça faisait quand même quatre mois qu'ils étaient ensemble. Harry ne chercha pas à savoir pourquoi ils s'étaient séparés, cela ne le regardait pas, et Olivier n'aimait pas vraiment parler de ses amours, surtout brisés.

« Par contre, j'ai un gros problème.

- Ah ? Lequel ?

- Tu sais, pour le concert… J'ai un problème avec les places. »

Il avait été programmé que, vendredi soir, ils aillent voir les Bizarr' Sisters, avec tout un groupe de personnes. Cédric, Harry et Ron avaient réussi à avoir de super places. Cédric les avait achetées pour les autres qui devaient le rembourser, sauf que certaines personnes mettaient beaucoup de temps à lui rendre l'argent, et il se retrouvait avec trois places, sans la sienne, sur le dos.

« Comme j'ai cassé avec ma copine, elle, sa meilleure amie veut plus venir non plus. Ce qui me fait deux places à caser !

- Ah ouais…

- Bon, à la limite, on peut convaincre Théo, mais j'ai toujours deux places et je sais pas quoi en faire. Tu aurais pas une idée, par hasard ?

- Heu… Non, pas vraiment, mais je vais y réfléchir.

- T'es super ! Bon, je te laisse. »

Et il raccrocha, ni plus ni moins. Pas étonnant que sa copine l'ait largué, Harry ne supportait pas qu'on lui raccroche au nez comme ça…

OoO

Draco tapotait sur les touches de son clavier, les yeux rivés sur son écran. Il était en train de terminer la rédaction de son travail, et ses yeux ne quittaient que rarement l'écran de son ordinateur, ses doigts voyageant sur les touches noires.

Allez, encore quelques lignes et c'était terminé… Il se retint de pousser un juron quand la fenêtre de Terry s'ouvrit. Il la réduisit dans sa barre de tâches et continua de taper, ignorant les petits bruits désespérés de son camarade de classe qui tentait tant bien que mal d'attirer son attention. Blaise, allongé sur son lit, jeta un œil à l'écran, et pouffa quand il vit que Boot tentait de causer avec Draco, mais ce dernier le bloqua carrément, une fois qu'il eut enregistré et terminé son travail sur Word. Il ne supprimait jamais les adresses MSN, jugeant qu'elles pouvaient toujours être utiles.

« Le pauvre Terry… A tous les coups, il a rien compris au sujet.

- C'est certain, soupira Draco en se tournant vers lui. Comment se porte Britney Spears ?

- Bien, apparemment. »

Blaise avait acheté un magazine people ce midi-là, afin de se divertir un peu. Draco n'avait jamais compris pourquoi des crétins achetaient des torchons pareils, et s'il ne faisait plus de remarques à Blaise, ce n'était pas pour autant qu'il approuvait ses lectures, plus ou moins intellectuelles.

Il y eut un petit bruit, signe que quelqu'un se connectait. Draco tourna la tête vers l'écran et un léger sourire apparut sur ses lèvres. Il cliqua sur la petite fenêtre et une plus grande s'ouvrit.

« Harry s'est connecté.

- Sérieux ?? »

Blaise se leva, abandonnant son magazine sur le lit, et prit une chaise où il s'assit. Sur l'avatar, on pouvait voir Harry avec Isaline, souriant à l'objectif. Le message perso avait quelque peu changé : Tous unis contre la connerie humaine… Pris au piège par Cho…

« Salut. Tu vas bien ?

- A peu de choses près et toi ?

- Oui. »

Harry une invitation pour une conversation visuelle et audio. Draco accepta les deux et, quelques secondes plus tard, Harry apparut, avec sa chambre en arrière-plan. Il haussa les sourcils en apercevant Blaise.

« Qu'est-ce qu'il fait là, celui-là ?

- Je reste dormir, demain on a notre stage à l'hôpital, expliqua Blaise.

- Ah d'accord.

- Alors, cette séance photo ?

- M'en parle pas, c'était atroce, soupira Harry en grimaçant. Cho est trop perfectionniste, elle trouve que je suis pas assez expressif, ou j'ai pas une bonne posture… Théo était à deux doigts de s'arracher les cheveux.

- Qu'est-ce qu'il faisait avec vous ?

- J'avais pas prévu qu'elle veuille me prendre en photo avec les serpents de Théo. »

Blaise et Draco éclatèrent de rire. Harry fit la moue et leva les yeux au ciel. Soudain, il se retourna sur sa chaise. Les garçons entendirent une petite voix et ils virent le brun se baisser pour soulever un petit garçon qu'il installa sur ses genoux. Il était terriblement mignon, avec des joues rondes et des cheveux bruns ébouriffés.

« C'est qui, ce gamin ? Demanda Blaise, étonné.

- Teddy, le fils de Nymph'. Tout le monde est parti à Londres, donc je dois m'occuper de lui.

- Isaline n'est pas là ? S'étonna Draco.

- Nan. Elle revient demain soir.

- Pourquoi tu n'es pas allé avec eux ? Demande Blaise.

- J'aime pas trop aller à Londres. »

Draco se demanda s'ils n'étaient pas allés à Londres pour la Toussaint. Il ne pouvait évidement pas poser la question à Harry, avec Blaise à côté de lui. Il le ferait un peu plus tard.

Ils restèrent un petit moment sur MSN, discutant avec Harry, qui semblait avoir vécu une journée infernale. Toutes les photos n'avaient pas été prises, d'ailleurs, il devait y retourner le lendemain. Avec Olivier qui goinfrait Teddy, Théo qui hurlait quand on était trop brusque avec Sahara ou Crystal, et Cho qui lui trouvait autour comme une mouche…

Harry leur demanda si leur semaine serait difficile. Selon Blaise, elle serait terrible. Draco semblait plus réservé, mais Harry savait que les tensions au sein de sa famille demeuraient, en particulier avec son père, dont les affaires semblaient assez difficiles, actuellement. Harry espérait que ça s'arrange, Draco n'avait pas semblé très optimiste. Enfin bon, il l'avait quand même quitté d'assez bonne humeur, la veille…

Il fallut coucher Teddy, qui était épuisé. Harry dut couper la communication, il allait regarder un peu la télévision avant de se mettre aussi au lit. Draco se demanda quand il pourrait revoir Harry, étant donné qu'il était occupé le samedi suivant. Il commençait vraiment à être dépendant, c'était fou…

OoO

On toqua à la porte. Une fois. Puis deux. Puis trois…

Finalement, voyant qu'elle ne réagissait pas, Harry entra dans la chambre. Il faisait assez sombre, les rideaux avaient été tirés. Il la chercha des yeux et la vit sur le lit, allongée de tout son long sur la couette froissés, lui tournant le dos. Le jeune homme ferma la porte derrière et lui s'avança vers le lit, où il s'assit doucement, comme pour ne pas la réveiller.

« Tu veux que je joue de la guitare ?

- Déjà joué du piano. M'a pas détendu. »

Elle se remit sur le dos. Leurs regards se croisèrent, et Isaline ne pour cacher cette tristesse qui sommeillait au fond de son cœur. Harry s'allongea et ouvrit ses bras, où la tatoueuse se blottit. On aurait dit une petite fille, surtout quand elle se mit à sangloter. Sans bruit. Mais son corps était pris de légers soubresauts, et sa main tenait fort le tee-shirt du jeune homme.

Isaline pleurait rarement. En général, c'était après coup. Même dans les pires moments de sa vie, elle n'avait pas versé une larme. Il avait fallu des jours, des mois avant qu'elle ne se libère de ce poids sur son cœur. La seule exception avait été ce qui était arrivé à Harry, il y avait trois ans. La seule fois où elle avait cédé aux larmes, perdant tout son self-control.

Mais aujourd'hui, c'était différent. Si elle comptait, ça faisait un an qu'elle n'avait pas eu d'amant. Elle n'était pas du genre à courir après les hommes, non plus. Quelques mois après s'être installée en France, elle était tombée sous le charme du cousin d'un de ses clients. Elle était amoureuse, ce qui rendit tout le monde heureux. Le type en question fut assez bien accepté dans la famille, même par Harry. Il faillit même s'installer chez eux. Mais Isaline fut confrontée à ce qu'il appelait « la réalité » : elle était tatoueuse, lui cadre dans une entreprise. Quand il voulut présenter Isaline à ses parents, elle fut rejetée tout de suite.

Alors, tout s'effondra. La famille n'accepta pas qu'il se mette en couple avec une tatoueuse de trente-sept ans, tatouée, percée… Laide à faire peur. Il avait tenté de les convaincre, mais au final, il avait abandonné. Et ils s'étaient séparés. Larguée, Isaline avait réussi à surmonter cette rupture, plus ou moins bien. Elle n'avait eu de nouvelles de lui, jusqu'à aujourd'hui.

Harry revoyait encore son visage se décomposer, alors qu'il entrait dans la boutique. Elle avait été froide, calme, mais tout en elle hurlait de rage. Et de tristesse, aussi. Harry avait quitté la boutique, se glissant dans l'arrière-boutique, pour écouter ce qu'ils se racontaient, dans le couloir. Ce connard voulait renouer avec elle, lui disant qu'elle lui avait manqué, et qu'il était désolé pour tout ce qui s'était produit. Un joli baratin. Isaline n'avait rien trouvé de mieux que de le gifler bruyamment et de lui ordonner de s'en aller. Après la deuxième gifle, il envisagea de partir, et au bout de la troisième, il s'enfuit.

On n'oublie jamais quelqu'un qu'on aimé, même un peu. Et Isaline était dégoûtée, parce qu'il était revenu, après tout ce temps, pour faire des promesses qu'il n'avait jamais tenues. Ça faisait si longtemps… Il n'avait rien à faire là, il n'avait même pas le droit de lui parler, de la regarder… Il avait détruit tous ses espoirs, ne voulant pas se brouiller avec sa famille… Elle le détestait… Bon Dieu qu'elle le haïssait…

Elle finit par se calmer. La main de Harry caressait ses cheveux. Elle n'avait jamais pleuré pour ce type, ce n'était qu'une ordure parmi tant d'autres. Mais là, ça faisait mal. Vraiment, ça faisait mal. Et elle qui pensait qu'elle l'avait oublié, qu'elle avait tourné la page…

« Tu n'as pas de boulot ? Demanda-t-elle, une fois calmée.

- Non, ma cliente vient de décommander. Ma journée est terminée. Je vais peut-être aller voir Sirius.

- Ça sert à rien, il boude. »

Durant leur passage à Londres, Isaline avait essayé de le convaincre que Draco n'était pas aussi pourri qu'il en avait l'air, mais cette tête de mule et Nymph' s'étaient ligués contre elle, et ils n'avaient rien voulu entendre. Severus avait jeté l'éponge, de même pour Remus, et tous deux avaient fait un petit tour dans la capitale, le temps que ça se calme.

« Pourquoi tu n'irais pas chercher Draco à sa fac ?

- Je ne sais pas s'il serait content. »

Isaline leva les yeux vers Harry. Il semblait hésitant à aller le chercher, ayant peur de faire une bourde. Pourtant, il avait vraiment envie de le voir. Il ne pouvait oublier ces baisers torrides qu'ils avaient échangés devant chez lui, ses lèvres contre les siennes et ses bras autour de lui… Mais serait-il embarrassé de le voir là ? Serait-il… énervé ?

« Je suis sûre que ça lui ferait plaisir.

- Je ne sais pas…

- Il n'est pas comme Cédric. »

Harry savait de quoi elle parlait. Cédric refusait qu'il vienne le chercher à son boulot, ou n'importe où, surtout s'il était en moto. Harry avait accepté cela, mais il avait toujours secrètement désiré passer le prendre après le travail. Il ne savait pas si Draco était comme lui, comment il réagirait s'il le voyait devant sa fac…

« Tu peux toujours tenter le coup. Qu'est-ce que tu as à perdre ?

- Pas grand-chose. Tu crois que je peux ? »

Isaline lui fit un sourire. Harry sourit à son tour et il embrassa sa tante sur la joue, puis il se leva et sortit de la chambre, laissant Isaline seule sur le lit. Cette dernière ferma les yeux, en se disant qu'il fallait bien qu'il y en ait au moins un qui soit heureux.

OoO

Journée de merde. Semaine de merde. Nous n'étions que mardi, pourtant, mais elle avait si mal commencé que Draco n'avait même pas envie de penser à la manière dont elle se finirait.

Lundi, il avait eu son stage à l'hôpital. Crevant. Chiant. Exaspérant. La vieille McGo' était sur les nerfs et il y avait un accident grave sur une route, donc le service avait été surchargé par ces blessés, sans compter que, ce jour-là, il avait assisté à ce que le professeur Rogue aurait appelé « une épidémie d'accouchement ». À croire qu'elles avaient toutes décidé de pondre le même jour. Sans oublier les services habituels… Ni Draco ni Blaise n'avait assez d'expérience pour vraiment servir dans une opération, mais les internes étaient tellement énervés qu'ils en avaient fait baver aux stagiaires.

Draco pouvait comprendre la mauvaise humeur des médecins, mais certains savaient se montrer calme en toute circonstance et ne s'en prenaient pas aux stagiaires qui, dans le fond, ne faisaient de mal à personne, voulant juste apprendre. Bon, c'était une journée pas terrible, Draco en verrait d'autres.

Sauf que, une fois rentré chez lui, Draco avait dû affronter l'humeur massacrante de son père, qui avait d'ailleurs dîné en ville. Draco avait donc tenu compagnie à sa mère, qui ne s'était montrée guère bavarde : elle le harcelait pour connaître l'identité de Harry, ce dont Draco refusait de parler, et quand elle ne parlait pas de ce jeune homme inconnu, elle ne cessait de parler de sa famille, de Papy Pollux en train de rendre l'âme. D'ailleurs, sa charmante grand-mère allait peut-être descendre quelques jours à Paris, tant elle était triste, et Draco voyait cela d'un très mauvais œil. Il appréciait sa grand-mère, de façon toute relative, mais il n'était pas du tour d'humeur à supporter leurs jérémiades, et les critiques que Druella lui ferait, inévitablement.

Ainsi, Draco avait commencé sa journée de mauvaise humeur, à cause de ce qui s'était passé la veille avec sa mère, et la journée ne s'était pas déroulée aussi tranquillement qu'il aurait pu le croire. Déjà, le midi il avait dû supporter la présence de Seamus et Dean en train de roucouler, Lavande et Susan qui parlaient de sexe, Terry et sa copine marchander pour une sortie au cinéma, et d'autres encore qu'il n'avait même pas calculé. Si Blaise n'avait pas été là, il aurait pété un plomb. Et les cours étaient exaspérants de facilité, il connaissait déjà tout ça, tant il avait pris d'avance pour ne pas être à la ramasse et profiter de son week-end…

D'ailleurs, joyeuse perspective : Harry était pris samedi soir. Un concert, lui avait-il dit. Déjà, il ne pourrait pas le voir, car il passait toujours son dimanche chez lui, à travailler, ou encore à donner des cours particuliers. C'était stupide de penser ça, mais il s'était fait à voir Harry le samedi, ça devenait une habitude, ça comblait cette journée. Bon, il y avait Blaise, son meilleur ami, mais ce dernier aimait profiter lui aussi de son week-end. Et il avait une fille en vue, en plus… My God… pensa-t-il. Rester à la maison dans cette ambiance…

Draco rangea ses affaires avec une lenteur exaspérante. Blaise avait envie de le secouer : il en avait assez de voir Draco dans cet état, il semblait au bord de l'explosion. Enfin, il le connaissait assez pour le savoir. Là où la plupart voyaient de l'irritation, lui voyait de la colère.

Ils traversèrent les couloirs, en silence, alors que tous s'agitaient autour d'eux. Certains s'en allaient, d'autres restaient, poursuivant leur emploi du temps. Mais cette sonnerie ne résonnait pas comme un échappatoire pour Draco, qui aurait presque voulu rester là : affronter son père et sa mère ne lui plaisir guère, pas plus que le fait de s'enfermer seul dans sa chambre immense, où il travaillerait jusqu'au dîner.

Les deux étudiants sortirent de l'université, et se dirigèrent automatiquement vers l'endroit où Blaise avait garé sa moto. Et, soudain, il le vit.

Draco aurait pu ne pas l'apercevoir. Il avait tant de monde sur cette place, tant de visages qu'il connaissait ou dont il ignorait l'existence. Il y avait tant de voitures stationnant près du trottoir, tant de mobylettes et de moto attendant contre un poteau ou près de la route. Mais il n'y en avait qu'une comme la sienne, noire et verte, brillante au soleil. Et il ne pouvait y avoir que lui devant l'engin, appuyé nonchalamment contre la moto, avec sa veste en cuir sur le dos. Draco aurait pu ne pas l'apercevoir. Mais ses yeux étaient irrémédiablement attirés par cette silhouette, qui n'avait rien à faire ici, et qui semblait dissiper les nuages gris de sa journée.

Blaise ne cacha pas sa surprise quand il aperçut Harry à son tour, suivant le regard de Draco. Il jeta un coup d'œil à son meilleur ami, qui semblait tout simplement captivé par le brun, qui se trouvait pourtant si loin d'eux. Le black eut un léger sourire, amusé.

« Bon, je te laisse avec ton homme. »

Draco sembla redescendre sur terre. Ses joues rosirent, ce qui fit rire Blaise, mais le blond n'en eut cure, et s'avança d'un pas tranquille vers Harry. Ses yeux étaient rivés sur lui, alors que le brun ne l'avait toujours pas vu. En cet instant, Draco ne pensait plus qu'à lui, et à cette… joie ? … qu'il ressentait en ce moment même.

Il était venu le chercher. Sans lui demander la permission, certes, mais il était venu le chercher. Il lui manquait, sûrement. Draco sentit son cœur cogner contre sa poitrine quand Harry l'aperçut et qu'il eut un sourire gêné, timide. Rien sur son visage à lui ne montrait qu'il était content de le voir, alors que tout en lui disait le contraire.

Il fut devant Harry. Il y avait un monde fou sur la place, et peut-être que les gens le regardaient. C'était même évident. Personne ne venait jamais chercher Draco à la sortie de la fac, surtout qu'il était actuellement célibataire. Mais les regards curieux posés sur lui ne le touchaient même pas, il n'y avait plus que les yeux verts de Harry, ses joues rougies par la gêne.

« Salut, Draco. Je… Je ne suis venu te chercher, j'avais envie de te voir… Ça ne te dérange pas… ? »

Le tatoueur s'interrompit. Le visage de Draco s'était soudain détendu, perdant son air impassible, et il sourit. Ça lui faisait plaisir qu'il soit là. Vraiment, ça lui faisait plaisir. Alors Harry eut un sourire enjoué. Qui se figea quand Draco se pencha vers lui.

Pour l'embrasser. De tout le monde. À peine penché vers lui, une main tenant son casque de moto, l'autre dans sa poche. Harry ferma alors les yeux répondant doucement à ce baiser léger, son cœur battant à la chamade. Savourant ce baiser si chaste et discret, mais infiniment précieux…

OoO

« Bébé, arrête de faire la tête.

- Lâche-moi.

- Tu fais la gueule depuis hier ! On s'en fout, franchement. Allez, souris-moi. »

Seamus lui lança un regard froid et se remit en marche. Dean leva les yeux au ciel et le rattrapa. Il tenta de prendre sa main, mais Seamus les enfonça dans ses poches. Il était tout bonnement furieux, et il n'avait qu'une hâte : sortir.

Les heures de sortie de Draco et Seamus correspondaient, à peu de chose près, ce qui avait permis à ce dernier d'assister au baiser que le blond avait échangé avec un type sorti de nulle part. Quand il avait vu Draco se diriger vers un inconnu, appuyé sur sa moto, il s'était vaguement demandé de qui il s'agissait. Et quand il avait vu son ex petit ami se pencher vers ce brun, dont il discernait à peine les traits, la jalousie était montée en lui comme un vilain poison, et cela lui avait coupé le souffle.

Jamais Draco ne l'avait embrassé devant la fac. Jamais. Ni là, ni autre part, où il avait du monde qu'ils étaient susceptibles de connaître. Et ce mec, perché sur sa moto, se faisait embrasser, comme ça. Alors qu'ils venaient à peine de commencer à sortir ensemble. Seamus n'avait jamais eu droit à ça. Des baisers, il en avait eus, mais jamais en public. Jamais… Ravalant sa colère, il n'avait pu s'empêcher de regarder Draco mettre son casque et monter derrière cet inconnu, puis disparaître.

Aujourd'hui, il voulait être là avant. Si ce mec revenait, il voulait voir sa gueule, voir s'il méritait vraiment ce genre d'attention. Avaient-ils déjà couchés ensemble ? Peut-être, si Draco était tenté, il pouvait se montrer rapide…

« Bah qu'est-ce qui t'arrive, Seamus ? »

Ce dernier s'arrêta et eut une grimace exaspérée. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à lui poser la question ? C'était Terry, avec Zacharias Smith et Lavande, qui semblait assez surpris de le voir aussi énervé. Dean leur expliqua la situation : ils avaient aperçu Draco embrasser un mec brun mardi, et Seamus voulait voir la tête de ce type. Lavande approuva, elle les avait aussi vu, mais elle voulait vraiment savoir à quoi ressemblait le nouveau petit ami de Draco.

Ils sortirent de l'université et se postèrent pas loin de l'endroit où le petit ami de Draco s'était garé, la dernière fois. Le blond allait sentir dans une dizaine de minute, tout au plus, alors ils attendirent. Seamus était impatient et Dean ne parvenaient pas à le calmer. Soudain, ils virent une moto noire et verte débouler, un jeune homme assis dessus. Il coupa les gaz et descendit de la moto, après l'avoir stabilisée. Et il retira son casque.

Il était canon. Ce fut la première pensée que Lavande, Dean, Zacharias et même Seamus eurent en le voyant. Un visage aux traits plutôt fins, quoique indéniablement masculins, avec des lunettes sur le bout de son nez. Des cheveux noirs ébouriffés où s'éparpillaient des mèches écarlates. Il avait une certaine classe, avec son jean moulant et sa veste en cuir. Son casque à la main, il s'appuya contre la moto et sembla attendre, les yeux dans le vague. Seamus sentit la jalousie monter en lui : ce mec était beau…

« Putain, c'est pas vrai… »

Leurs regards se tournèrent vers Terry, qui dévisagea l'inconnu avec un mépris surprenant. Il semblait à deux doigts de cracher par terre tant il était dégoûté. Il se souvenait parfaitement de lui, de son air sûr de lui, de l'humiliation…

« Il s'appelle Harry.

- Comment tu le connais ? S'étonna Zacharias.

- Draco et Blaise ont accompagné Millicent quand elle a voulu se faire tatouer, et j'y suis allé aussi. Ce mec était le tatoueur. »

Seamus ouvrit de grands yeux de stupéfaction. Il ressemblait à un poisson rouge. Il se souvint d'une discussion qu'il avait eue avec Draco à propos des tatouages, et le blond ne semblait pas particulièrement attiré par ça… L'étudiant reposa les yeux sur Harry. Canon, c'était vrai. Mais tatoueur. Draco sortait avec un tatoueur. Un abruti de tatoueur. Il lui avait préféré ce mec au visage d'ange, il s'était abaissé à draguer un mec pareil… Et c'était ça qu'il avait embrassé, un gars tatoué de partout, qui passait ses journées à scarifier la peau de ses clients… C'était ça qui le remplaçait…

Le dégout, la colère et la jalousie se mêlèrent dans son cœur, et elles furent plus intenses encore quand le visage du tatoueur s'illumina. Draco et Blaise arrivaient. Draco souriait légèrement, d'ailleurs. Ce petit sourire en coin, si sexy… Seamus écouta Terry raconter que ce Harry était arrogant, sûr de lui, et qu'il devait sûrement être un bon coup pour que Draco sorte avec lui, mais il avait surtout les yeux posés sur le couple, tout comme Lavande, la Miss Ragots. Seamus bouillonnait de rage, Draco s'était encore penché vers ce connard pour effleurer ses lèvres, presque comme si c'était une habitude. Mais c'était un tatoueur, merde ! Un tatoueur ! Un mec qu'il avait juste rencontré comme ça… Baisait-il si bien que ça ? Dégueulasse…

Ils se mirent à causer, tous les trois. Blaise avait un large sourire, comme toujours, et Harry souriait aussi, riait même. Draco levait les yeux au ciel d'un air faussement exaspéré. Soudain, son cœur ralentit. Il fixait la main du brun, cette main honnie qui avançait doucement vers celle de Draco, libre. Il allait la rejeter. Evidemment qu'il allait la rejeter, pas de gestes aussi familiers en public, il allait la repousser… Mais non. Les doigts du brun se glissèrent timidement dans la main du blond, qui referma à peine les siens, en un geste négligé. Mais il ne l'avait pas repoussé. Ils se tenaient la main.

Seamus bouillonnait. Rageait. Dean se sentait extrêmement jaloux et le lui fit savoir, mais Seamus n'en avait cure : il ne voyait que leurs mains enlacées, de façon négligée, mais Draco n'avait pas retiré sa main. Au contraire, il avait refermé ses doigts sur ceux du brun. Blaise s'excita, agitant les bras dans tous les sens, apparemment très heureux, et Draco lui-même était agréablement surpris. Comme si Harry leur proposait quelque chose d'agréable, une sortie ?

Il le haïssait. Harry. Il le haïssait. Ce tatoueur sorti de nulle part, qui avait pris sa place. Ce salaud que Draco embrassait, ce connard qui lui tenait la main… Il le haïssait. Lui n'avait pas eu cette chance. Il avait vécu beaucoup de choses avec Draco, tellement de choses, mais jamais il n'avait été aussi proche de lui à la fac, ni même nulle part ailleurs. Certes, ils se tenaient la main quand ils se baladaient, mais il ne l'embrassait pas, ils n'étaient pas aussi proches…

Qu'importe Dean qui trépignait à côté de lui, qu'importe la voix de crécelle de Lavande, ou les commentaires de Zacharias et de Terry… Il venait de se faire un ennemi. Harry. Le tatoueur. Seamus devait récupérer Draco, il était impossible qu'il puisse se mettre en couple avec un mec pareil. Hors de question…

OoO

Le rendez-vous avait été fixé à dix-huit heures et demie. Le temps qu'ils mangent et qu'ils se rendent au concert. Draco trouvait que c'était un peu tôt, mais Harry lui avait laissé entendre qu'il y aurait sûrement des retards. Il ne fallait pas compter sur les jumeaux pour être à l'heure, ni même Cho, qui passerait un temps fou à se pomponner.

Draco sortit de la salle bain et Blaise y entra. Il avait déjà étalé ses vêtements sur son lit, il ne lui restait plus qu'à les enfiler, et attendre que Blaise ait terminé de prendre sa douche pour se coiffer. Draco avait passé sa matinée et son après-midi à donner des cours de soutien, de même pour Blaise qui voulait se faire un peu d'argent, et ils s'étaient tous deux retrouvés chez le blond pour se préparer. Blaise était plus large d'épaules que son ami, mais il avait amené ses propres vêtements la veille, ayant passé la nuit chez Draco.

Si ce dernier était un peu en froid avec ses parents, la guerre avait tout simplement éclaté chez Blaise. Pas contre sa mère, qui n'avait conscience de rien, mais entre Blaise et le type qui lui servait d'oncle et de beau-père. Mielleux, il avait annoncé à sa mère qu'il passait le week-end chez Draco, non seulement pour éviter son beau-père, mais aussi pour ne pas faire tout le chemin en métro pour rentrer chez lui.

Le black avait été fou de joie en apprenant que Harry avait des places pour les Bizarr' Sisters. Lui n'avait pas pu en avoir, malgré la queue qu'il avait faite avec Draco et Millicent. Il avait traîné ce dernier de force, mais il n'avait rien obtenu et il avait été si malheureux que le blond ne lui avait fait aucun reproche malgré le temps perdu. Et là, Harry lui annonçait qu'un de ses potes avait cinq places en trop, pour cause de nombreux désistements : une ex petite amie et sa meilleure amie, un type qui se faisait opérer de l'appendicite, un pote qui en fait n'avait pas les moyens de payer la place et une fille qui avait un empêchement… le bonheur ! Enfin, pour lui…

Il avait été prévu que Millicent et Hermione les accompagnent. Hermione n'avait pas été si difficile à convaincre. Bon, la place était chère, et elle n'avait pas du tout les moyens de se la payer, donc Blaise, Draco, Millicent, Ron et Harry s'étaient partagés le prix pour qu'elle puisse venir. Elle aimait bien ce groupe, et puis, Ron serait présent…

Draco et Blaise avaient appris, la veille, que Ron et Hermione sortaient ensemble. Enfin, ce n'était pas le grand amour avec les bisous baveux à tout bout de champ, mais Hermione semblait prête à laisser une chance au rouquin. Ils l'avaient appris par Harry. Draco l'avait appelé pour connaître l'heure du rendez-vous et le jeune homme était chez lui avec Ron, qui hurlait : « On sort ensemble ! On sort ensemble ! ».

« Qui sort avec qui ? Avait-il demandé.

- Ron sort avec Hermione. Je pourrais être heureux pour lui s'il ne me cassait pas les oreilles. »

Le rouquin avait protesté, mais le brun ne l'avait pas écouté. Blaise et Draco étaient plutôt contents pour Hermione : elle semblait prête à tourner la page, ce qui était génial. La jeune fille n'avait donc protesté que pour la forme, gênée qu'ils lui payent sa place. D'un autre côté, à cinq, c'était vite fait, et ils en avaient les moyens…

Harry les avait informés qu'ils seraient assez nombreux. Draco se préparait donc psychologiquement à passer de longues heures avec un troupeau de fans des Bizarr' Sisters. Son seul réconfort était que Harry et Théo seraient présents : Blaise et Millicent seraient sûrement très excités et Hermione occupée avec Ron. Les seuls êtres civilisés qu'il connaissait se résumaient donc à Harry, quoique il ne savait s'il était aussi excentrique que Blaise dans ce genre de moment, et Théo, qui ne devait pas venir à la base.

Blaise sortit de la salle de bain, enroulé dans sa serviette, et laissa donc la place à Draco qui se coiffa. Il était élégant, comme toujours, et quand il revint dans la chambre, il trouva que Blaise avait vraiment un look de déglingué. Il ne fit aucun commentaire, mais il n'en pensait pas moins…

Ils prirent leurs affaires et sortirent de la chambre, puis quittèrent la maison, après avoir souhaité une bonne soirée à Narcissa, Lucius étant enfermé à double tour dans son bureau. Ils partirent en direction de la station de métro. Le voyage dura un certain temps, ils étaient partis en avance, et ils arrivèrent pile à l'heure au rendez-vous, à savoir le restaurant que les parents Cho géraient. D'ailleurs, cette dernière était au garde-à-vous devant l'établissement et elle leur sauta dessus quand, ayant traversé la route pour atteindre le trottoir, ils furent à sa portée. Elle était habillée en mode Sweet Lolita, on aurait dit un gros bonbon…

Ils étaient les premiers, ce qui semblait étonner Cho. Non parce qu'ils étaient arrivés avant tous les autres, mais parce qu'ils étaient à l'heure. Peu à peu, les gens arrivèrent. Il y eut d'abord Millicent et Hermione, qui avaient un peu de retard, selon elle, puis Olivier arriva. Blaise et Millicent furent hallucinés quand ils le virent : Olivier Dubois, la nouvelle recrue du Paris Saint-Germain. C'était un jeune homme grand, athlétique, qui possédait un certain charme. Il salua chaleureusement Blaise, qui semblait encore plus excité qu'il ne l'était déjà. Draco ne fut pas étonné qu'Olivier ait refusé de poser pour Cho : vu sa situation, il ne pouvait jouer au mannequin avec cette détraquée…

Puis, ce fut au tour de Ron, ses deux frères et sa petite sœur d'arrivée. Si Draco avait trouvé que Blaise avait un look déglingué, les vêtements des jumeaux Fred et Georges étaient bien pires encore. Draco préféra détourner discrètement les yeux des horreurs qu'ils portaient sur eux. Bon, c'était un style comme un autre, hein, mais tout de même… Et lui qui trouvait que Harry ne s'habillait pas bien…

Préférant éviter d'abîmer ses yeux sur les jumeaux tape-à-l'œil, et aussi sur le petit couple que formait Ron et Hermione, il posa les yeux sur la petite sœur du rouquin, Ginny. D'ailleurs, cette dernière le regardait avec une haine indescriptible, qui le perturba quelques secondes, avant qu'il ne saisisse. Il se souvint qu'Isaline avait mentionné son prénom : elle craquait pour Harry. Il eut un sourire en coin qui la fit rougir de fureur, et il la détailla sans la moindre retenue : des cheveux roux qui ondulaient jusqu'à ses épaules, retenus par un élastique, un petit visage tout mignon dont les joues et le nez étaient recouverts de tâches de rousseurs, et des yeux bleus. Elle était vêtue d'une jupe à froufrous descendant jusqu'à ses genoux et elle portait un haut au décolleté plongeant, avec une veste par-dessus pour se protéger un peu du froid.

Une fille plutôt mignonne, soit, mais elle ne lui arrivait pas à la cheville. A Draco, c'était certain, il respirait la classe, mais aussi à Harry, qui méritait mieux, selon le blond. Il n'était pas étonné que la jeune fille ait craqué pour Harry, et au fond de lui, même s'il était convaincu de son charme, il se demanda pourquoi Harry l'avait choisi lui, alors qu'une fille aussi mignonne n'attendait qu'un geste de lui. Il devait vraiment aimer les hommes pour avoir refusé ses avances. A moins qu'il ne lui ait menti… Non, ce n'était pas son genre…

« Bon, ils foutent quoi, là ? S'exclama Fred en regardant sa montre.

- Ils sont en retard, là ! Approuva Georges.

- Arrête de te plaindre, vous n'étiez pas à l'heure, vous non plus, soupira Olivier.

- Mais j'ai faim, moi !

- Tu sais, frangin, ces deux tapettes ont besoin de se pomponner. »

Les jumeaux et Cho partirent dans un éclat de rire. Draco haussa un sourcil, prêt à répliquer, mais Olivier le devança.

« Si Théo apprend que vous l'avez traité de tapette, ça va chier. Harry s'en tape mais pas lui.

- Théo s'excite pour un rien, de toute façon, répliqua Cho.

- C'est pas une raison.

- N'empêche, je suis sûr que c'est à cause de lui qu'ils sont en retard ! »

Draco saisit que c'était plus par rapport à Théo qu'ils les avaient appelés « tapettes », mais il n'aimait pas vraiment ce genre de moqueries dans le dos. Enfin, ce ne devait pas être très sérieux, sinon ils n'en auraient pas parlé aussi ouvertement devant lui. Le pauvre Théo, il devait en baver…

Soudain, les jumeaux hurlèrent de joie. Tout le monde se retourna et, en effet, Harry et Théo venaient de sortir de la station de métro, de l'autre côté de la rue. A côté des autres, Harry était habillé presque normalement, même si ses vêtements laissaient à désirer, et Théo respirait la classe avec ses vêtements sombres, si on le comparait aux dégénérés qui s'agitaient derrière lui.

« Oh, les tarlouzes ! Vous en avez mis du temps !! »

Pas vraiment d'humeur à rigoler, Théo leur fit un doigt d'honneur, et les jumeaux hurlèrent plus fort encore, outrés. Blaise et Millicent étaient morts de rire, et Draco se demanda dans quel monde de fous il était tombé. La soirée promettait d'être très longue…

Théo et Harry traversèrent la route. Le tatoueur avait les yeux rivés sur Draco, qui lui fit un sourire charmeur, conscient des regards noirs de Ginny. Harry se glissa contre lui et leva son visage vers le blond qui l'embrassa doucement, passant un bras autour de sa taille. C'était si facile de le tenir comme ça, contre lui, tellement naturel que la place de Harry semblait être là, au creux de son bras. Draco se refusait de penser de façon aussi niaise, mais le prendre contre lui, l'embrasser, puis lui tenir la main était si évident… si simple…

Le petit groupe entra dans le restaurant, où plusieurs tables avaient été réservées. On s'installa, Ginny prit d'office une place à côté de Harry et Millicent s'installa à côté de lui. Draco se mit donc devant son petit ami en jetant un regard froid à la jeune fille, Hermione s'assit à côté de lui et Théo jeta presque Cho hors de sa chaise pour se mettre à côté du blond. Il souffla à ce dernier qu'il était le seul à ne pas être complètement barjot avec Harry dans cette bande de malades. Sympathique bande de malades, sauf après une journée de boulot…

Le dîner, asiatique évidemment, fut plutôt agréable. Du moins pour la plupart des convives, car Draco vécut un cauchemar. Harry était assis devant lui et il arrivait facilement à capter son attention, bien qu'il dérivât souvent dans les conversations avec ses amis, où Draco était pris de temps à autre. A vrai dire, il discuta beaucoup avec Théo, qui se révéla être une personne très particulière mais dont la conversation était des plus intéressantes. Ils avaient le même âge et faisaient les mêmes études. Il plut d'ailleurs à Blaise qui le trouvait très courageux de supporter Seamus.

« Ça va, il s'est calmé. Je sais pas pourquoi, mais il est cool, depuis quelques temps. Mais depuis jeudi, il est complètement sur les nerfs, je me demande ce qu'il a. Hier, il était à deux doigts de me jeter la poêle à la figure. Enfin, il l'a jetée contre le mur, je suis vivant, mais le mur était pas content… »

Draco lui dit qu'il avait dû les apercevoir, lui et Harry. Théo poussa alors un soupir à fendre l'âme en grognant un « ces gays vont finir par me tuer ». Mais si Théo fut d'une compagnie agréable, tout comme ces dégénérés qui le firent sourire plus d'une fois par leurs pitreries, ce ne fut pas le cas de cette petite peste de Ginny.

Dans le fond, elle n'était pas méchante. Juste collante. Et atrocement hypocrite. Séductrice. Baveuse. Elle l'écœurait. Non, finalement, il comprenait pourquoi Harry l'avait choisi, lui : il ne se comportait pas comme un gentil petit toutou. Ginny était toujours là à le coller, lui toucher le bras, effleurer ses doigts, lui couler des regards tendres, et lui parler d'une voix mielleuse. Elle n'était pas stupide, juste amoureuse et prête à tout pour l'avoir.

Draco aurait voulu écarter cette sangsue de son petit ami, mais c'était impossible. Sa seule consolation était de voir Harry la repousser discrètement, mais pas assez franchement, il était trop gentil pour cela. Draco se sentait jaloux et énervé contre la rouquine. Il n'avait qu'une hâte : sortir du restaurant et montrer à cette petite conne qu'il était le petit ami de Harry. Il ne supportait plus les regards sombres de Ginny, son air hypocrites quand elle s'adressait à lui, même s'il n'en montrait rien. Il savait se contrôler.

Le dessert terminé, ils payèrent la note, et quittèrent le restaurant. Ginny voulut en profiter pour s'accrocher au bras de Harry, mais Draco lui prit main et il jeta un regard terrible à Ginny qui sembla se ratatiner sur place. Sans la lâcher du regard, il guida Harry vers la sortie du restaurant, ce dernier étant trop occupé par les jérémiades de Théo pour faire attention à autre chose. Heureusement d'ailleurs, sinon il aurait vu Draco foudroyer la jeune fille du regard, ce qui ne lui aurait certainement pas plu.

Le groupe entra dans le métro, destination le Stade de France, où avait lieu le concert. C'était une bande joyeuse et assez bruyante. Théo se laissa tomber sur un strapontin et Harry s'assit à côté de lui, Draco posté juste devant lui. Les jumeaux racontaient des blagues à tout bout de champ, faisant rire Millicent, Hermione et Cho, tandis que Blaise discutaient joyeusement avec Olivier et Ron. Ginny restait avec les filles, jetant de fréquents regards au couple. Théo le remarqua et il eut un air amusé sur le visage.

« Ryry, c'est toi qui l'a annoncé à Ginny ? Demanda Théo en chuchotant.

- De quoi ?

- Que tu sortais avec moi, précisa le blond.

- Non, c'est Ron. J'ai pas osé. »

Ron l'avait appelé pour lui dire que Ginny avait assez mal pris la nouvelle, ce que le brun pouvait comprendre, depuis le temps qu'elle lui courait après… Il se sentait d'ailleurs plutôt gêné : Draco ne se gênait pas pour lui prendre la main, et il sentait le regard de Ginny posé sur lui. De plus, elle continuait ses tentatives de séduction… Ce qui était relativement embarrassant…

Ils arrivèrent à la bonne station de métro, et ils sortirent donc de la rame. Il y avait un monde fou dans le wagon, au point que tout le monde se serrait, mais ce fut encore pire à l'extérieur. Ils restaient les uns près des autres pour ne pas se perdre. Ron tenait fermement la main de Hermione et de Ginny tandis que Blaise en faisait de même avec Millicent. Olivier et Théo encadraient Cho, sachant d'avance qu'elle se perdrait, et les jumeaux les guidaient, marchant devant eux. Harry avait attrapé le bras de Draco et ne le lâchait pas, l'entraînant vers l'avant.

Ils mirent un temps fou à accéder à l'immense salle de spectacle. De grandes affiches avaient été installées à divers endroits, montrant le groupe, aux vêtements et aux coiffures assez particulières, certains très colorés et d'autres bien plus sombres, le teint blanc et les yeux soulignés de noirs, formant un groupe excentrique mais uni, et ce depuis dix ans. Puis, il fallut trouver leurs places, près de la scène. Blaise et Millicent étaient enchantés, ils faisaient plaisir à voir. Ça faisait un bon bout de temps que les Bizarr' Sisters n'avaient pas donné de concert, et être si près d'eux… Blaise et Millicent ne s'attendaient pas à ce que ce soit aussi près, ils n'en avaient pas parlé pendant le repas, et ils demandèrent à Olivier comment ils s'étaient débrouillés. Ce dernier leur avoua qu'ils avaient campé des heures et des heures à l'avance pour avoir ces places.

L'euphorie se propageait dans la foule, ça criait de partout, l'excitation à son comble. Et ce fut bien pire quand on annonça l'arrivée des stars, qui déboulèrent soudain sur scène, en une mise en scène grandiose, ce qui fit briller les yeux de la foule de mille étoiles. Le groupe, composé de huit membres, s'agitèrent sur scène, empoignant leurs instruments, tandis que le chanteur, Myron Wagtail, micro à la main, entonnait sa première chanson, avec une passion sans nom. La foule hurlait, de toute part, les bras se levaient, les lumières allant et venant sur la marée humaine qui s'agitait dans la salle immense, tandis que le chanteur laissait sa voix partir dans les airs…

« So take your hands off me, tonight I'm breaking free, this is the night, this is the night… »

Le refrain venait d'être entonné, Draco se laissait entraîner par le rythme brutal et désespéré de cette chanson. Une façon bien étrange de commencer un concert, mais l'effet escompté était là : tout le foule était en délire, hurlant les paroles de la chanson, en écoutant la voix grave de Myron Wagtail, accompagné de divers instruments. Et ce n'était que le début.

Près de lui, Blaise sautillait sur place, et Harry dansait presque, porté par la musique. Au fil des minutes, Draco se laissa complètement emporté, se joignant à la foule, qui ne formait plus qu'un. Il sentit pendant un moment Harry lui prendre la main, et il n'eut qu'à tourner la tête pour voir son sourire. Un sourire magnifique qui vous retournait le cœur. Et pendant un long moment, ils chantèrent ensemble, bougeant en rythme sur le son entraînant de la musique… Tous deux étaient si près les uns des autres que le couple flirtait discrètement, les yeux rivés vers l'autre, Draco effleurant les fesses de Harry d'un air provocateur, tandis que l'autre touchait son torse, son cou, en le regardant d'un air malicieux.

Même Théo se laissait aller. Il empoigna pendant quelques minutes les épaules de Harry, qui glissa son bras dans son dos, et ils se mirent à hurler une chanson, formant une chaîne avec Fred et Georges juste à côté. Draco et Blaise étaient morts de rire, ils étaient complètement déchaînés…

Les chansons s'enchaînèrent, certaines du dernier album, d'autres plus anciennes, tantôt douces et lentes, d'autres d'une violence sans égal, et entre les deux, des mélodies entraînantes, sur lesquels le chanteur se démenait, traversant la scène, dansant avec ses musiciens qui se donnaient à fond pour offrir à leur public un spectacle sans égal.

Le spectacle fut long, ponctué de diverses mises en scènes, telle que l'arrivée du chanteur dans un cercueil en bois verni, ou encore l'arrivée de loups-garous et de vampires sur la scène, certains absolument atroces et d'autres terriblement sensuels. Des hurlements se déclenchèrent quand Myron Wagtail embrassa un jeune homme androgyne, peu vêtu, ou encore quand des filles aux jolies formes l'entourèrent, dansant langoureusement autour de lui, parfois si proches, qu'elles étaient prêtes à l'embrasser. Le groupe jouait sur la provocation, certains membres se retrouvèrent à demi-nus sur scène.

Le concert pris fin, après quelques retours sur scènes. Le groupe gueula un « On vous aime, les gens !! Sans vous, on serait pas là ce soir !! On vous aiiiiiiiiiiime !! ». Leur voix s'était un peu cassée vers la fin, mais d'un autre côté, ils étaient crevés et complètement déglingués, emporté par l'ambiance de la scène et l'excitation diffusée par le public. Et ce dernier ne s'était pas gêné pour leur hurler la même chose en réponse…

Quand ils quittèrent définitivement la scène, ce fut comme un grand vide, une sorte de fatigue mêlée à l'excitation, le cœur battant encore très fort et des images plein la tête. Ce fut avec lenteur qu'ils sortirent de la salle immense, essoufflés, assoiffés et crevés, presque assourdis. Heureux d'avoir été aussi prêts du groupe, Blaise, Millicent et les jumeaux jubilaient, bavassant sans s'arrêter sur différents moments du show. Cho ramena ses fesses pour participer à la conversation, encore agitée comme une petite puce.

Hermione avait l'air d'être exténuée : elle avait aussi profité du concert, jetant aux orties son air de petite fille sage, tenant Ron par la main, qui parlait activement avec Olivier, Harry et Draco. Ce dernier écoutait plus qu'autre chose, tenant négligemment la main du brun, qui était encore tout énervé malgré la fin du spectacle. Ses joues étaient toutes rouges et ses yeux brillaient, un grand sourire illuminait son visage. Il était tout simplement irrésistible, sexy…

Ginny restait plus en retrait. Elle avait tenté de se rapprocher de Harry, qui ne lui jetait pas un seul regard, et Draco attirait toute son attention quand il ne bavardait pas avec les autres. Ils allèrent dans une brasserie bondée, histoire de boire quelque chose, et une fois encore, Harry était coincé entre un de ses amis et le blondinet, qui enlaçait maintenant sa taille. Harry s'appuyait presque contre lui, riant à ce qu'il lui racontait. Blaise et les jumeaux faisaient les pitres, imitant bien mal le chanteur, qu'ils vénéraient presque, et les filles gloussaient à leur imitation. Toutes, sauf Ginny, qui s'imposa au couple, tapant la discute avec Harry, dont l'attention fut vite détournée une fois de plus par Draco, qui n'avait aucun mal à diriger ses yeux émeraude vers sa personne, à la plus grande rage de la jeune fille.

Théo vint les débarrasser de la présence de Ginny, se réfugiant vers eux, à cause de ces boulets qui se trémoussaient devant le bar, enchaînant les verres. Ginny ne le supportait pas, et il lui fit bien comprendre avec ses yeux qu'elle l'emmerdait, donc elle s'en alla, trouvant refuge auprès de Ron, qui câlinait Hermione, sans faire attention à sa petite sœur. Théo et Draco échangèrent un regard complice, tandis que Harry levait les yeux au ciel.

Il fut temps de rentrer. Ils empruntèrent le métro pour rentrer, épuisés, appuyés les uns contre les autres. Ils finirent par se séparer, à regrets. Même Draco trouva dommage de se quitter, même s'il était épuisé. Ce petit groupe légèrement déluré lui était bien agréable. Il quitta Harry avec un léger baiser, qui s'en alla avec Ron, Ginny et les jumeaux. Draco lança un dernier regard perçant à Ginny, comme pour la prévenir de ce qui risquait de se passer si jamais elle osait approcher Harry. Cette gamine l'insupportait, et la faire flipper ne pouvait pas lui faire de mal… Enfin, il avait passé une excellente soirée, alors il n'allait pas s'énerver pour si peu…

OoO

« Alors, ce concert ?

- Génial. »

Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire le concert des Bizarr' Sisters. Sirius éclata de rire en voyant le visage rêveur de Harry. Tous deux étaient installés dans le canapé du salon, un plateau avec des gâteaux et du Nesquick à la fraise posés dessus. Severus était en train de bosser dans son bureau, et si quelqu'un avait le malheur de le déranger… no comment.

La soirée avait été géniale, aussi bien leur dîner chez les parents de Cho, qui leur avait fait un prix, que le concert en lui-même. Il avait passé un bon moment avec ses amis, mais aussi avec Draco qui était toujours resté avec lui, semblait vouloir mettre une distance respectable entre son meilleur ami surexcité et lui-même. Théo avait aussi traîné dans ses pattes, mais ça, ce n'était pas étonnant.

Sirius était content que Harry ait passé une bonne soirée, mais il fut étonné qu'il n'y ait pas eu de conflit entre Draco et Ginny, ce qu'il fit remarquer au jeune homme. Là, le visage de Harry s'assombrit quelque peu. Il n'y avait pas eu de conflit « clair » entre eux, mais Ginny n'avait pas arrêté de flirter avec lui, même si elle savait parfaitement qu'il était déjà pris, et Draco se défendait plutôt bien, accaparant son attention quand Harry n'était pas occupé par ses amis.

Il était évident que Draco avait été jaloux, ou du moins énervé par le comportement de Ginny envers Harry. Draco n'avait pas arrêté de le coller. Harry trouvait ça agréable, Draco était là sans l'étouffer, mais il aperçut certains regards froids qu'il lançait à Ginny, en particulier après le concert. Théo s'était joint à la partie, il n'aimait pas Ginny, et c'était réciproque. Harry s'était senti très gêné : il était normal que Draco et lui soient proches, même si le blond exagérait par moments, mais c'était embarrassant de l'être devant Ginny qui avait espéré depuis si longtemps…

En même temps, Harry ne lui avait jamais donné de faux espoirs, car même s'il ne la repoussait par toujours franchement, il avait le mérite de lui dire clairement ce qu'il pensait quand elle s'aventurait trop loin. Mais il avait préféré éviter le scandale lors de cette sortie, et Draco semblait avoir eu le même souhait. Pendant un temps, Harry s'était demandé s'il avait passé une bonne soirée, et le blond commença réellement à s'amuser quand le concert débuta. Un grand moment de délire et de folie.

Puis, quand ils étaient allé boire un verre dans un bar, il avait semblé plutôt détendu, mais c'était bien différent des moments qu'ils passaient juste tous les deux. Draco avait une certaine maîtrise de lui, qu'il avait perdue pendant le concert, mais une fois la musique éteinte, il était redevenu le même. Les seuls moments où Harry avait vraiment l'impression de retrouver son Draco, c'était quand il ne parlait qu'à lui, son regard posé sur son visage, leurs mains enlacées.

Sirius écoutait son filleul parler de sa soirée en silence, l'interrompant de temps à autre, mais quand Harry se mit à parler de Draco, il écouta vraiment ce qu'il lui disait. Le blond semblait prendre une place de plus en plus importante dans la vie de son filleul, ses yeux brillaient quand il parlait de lui, et il semblait vraiment heureux. Si avoir un petit ami l'avait longtemps rebuté, il ne semblait éprouver plus aucun doute pour le blond. Il n'y avait pas d'amour dans son regard, pas encore, songea Sirius. Mais vu comment les choses progressaient…

Il dut néanmoins reconnaître que Harry était plus souriant depuis qu'il sortait avec Draco. Non pas qu'il fut malheureux avant, mais c'était comme si son regard avait retrouvé sa petite étincelle. Harry goutait à nouveau au flirt, aux baisers, aux doigts noués, aux effleurements… Amer, Sirius se dit que Harry vivait certaines choses avec Draco, qu'il n'avait jamais vécu avec son ex… Des choses toutes bêtes que Cédric ne lui avait jamais autorisé, et que Harry découvrait auprès de Draco… Pas étonnant qu'il soit autant attaché à lui, que ses réticences se soient envolées… Draco assumait son attirance pour les hommes, et il semblait bien décidé à plaire à Harry. Se doutait-il à quel point le fait de lui tenir la main lui faisait plaisir ?

Sirius commençait à comprendre pourquoi Isaline refusait de dire à Harry que Draco était un Malfoy. Ce dernier enjolivait la vie de Harry, il lui redonnait le sourire et faisait battre son cœur. Le jeune homme n'en avait pas vraiment conscience, mais il était plus joyeux depuis qu'il fréquentait l'étudiant. Draco n'avait pas un effet négatif sur lui, même si leur relation n'avait pas si bien débuté que ça. Sirius ne pouvait accepter aussi facilement la situation, mais il se disait que, dans le fond, Isaline avait encore raison. Elle était tolérante, elle allait au-delà de ses préjugés. Draco n'était responsable de rien. Les seuls fautifs étaient ses parents.

« Et vous vous revenez quand ?

- Je sais pas, répondit Harry, pensif. On se voit souvent, en ce moment. Il va finir par avoir marre de moi.

- Moi, si un charmant jeune homme venait me chercher après le boulot, je serai content !

- Ça veut dire quoi, ça ? »

Et un magazine s'abattit sur sa tête. Sirius poussa un petit cri de surprise et leva les yeux vers Severus, qui semblait exaspéré : Sirius venait toujours le chercher et il se plaignait parce que Severus n'avait jamais l'air content de le voir. L'écrivain lui fit un petit sourire innocent et son compagnon soupira, agacé. Sirius lui prit la main et posa ses lèvres dessus, ses yeux rivés vers le visage du professeur, dont le regard s'adoucit.

« De quoi vous parlez, encore ? Grommela le professeur.

- De ton cher élève.

- Ah, tu as enfin accepté que ton filleul fréquente qui il a envie ?

- C'est pas ça !! Gueula Sirius.

- Encore à boire ce truc infâme ? Fit Severus, l'ignorant, en avisant le Nesquick à la fraise.

- Tu n'as aucun goût, Sev'… »

Vexé, Sirius prit son bol et en but une gorgée, alors que Severus faisait une grimace éloquente. Harry ricana et reçut un coup de magazine sur la tête lui aussi. Severus s'en alla vers la cuisine pour se servir quelque chose de correct. Environ deux ans et demi qu'il vivait avec ce cabot, et impossible de lui faire manger des choses saines…

OoO

Et que je t'embrasse, et que je t'embrasse… Bon Dieu, prions pour que Harry ne devienne pas accro à leurs baisers et qu'il le force à s'humilier ainsi en public… Non, il ne le supporterait pas…

Draco voulait bien admettre qu'embrasser quelqu'un était quelque chose d'agréable, et donc, embrasser Harry était loin d'être une corvée. Au contraire, il prenait du plaisir à embrasser Harry. Il aimait son étrange soumission, sa manière tendre de lui répondre, ou de l'embrasser, lui faisant alors perdre tous ses moyens. Oh, il en avait vu, des tendres, mais Harry avait quelque chose de particulier. C'était peut-être parce qu'il ne lui forçait jamais la main, n'imposant pas son baiser, qui pourrait rester chaste, si Draco ne se sentait pas complètement fondre face à cette tendresse qu'il lui insufflait par ses lèvres pulpeuses…

Non, décidemment, la baiser était vraiment quelque chose d'agréable. Hormis quand on sortait l'artillerie lourde. Draco n'était pas un mateur, mais sentir, savoir, entendre ces deux abrutis se rouler la pelle du siècle attirait inévitablement son regard. Il se demandait bien quel plaisir on pouvait bien en tirer, à se fouiller ainsi les amygdales, et ce devant un public.

Jamais, Ô grands dieux jamais, il n'avait autorisé Seamus à l'embrasser en public. Enfin, jamais sur la bouche. Il avait été tenté : Seamus était son petit ami, pourquoi lui refuser cela ? Mais il avait vite compris que, s'il lui donnait la main, il lui mangerait le bras : il lui suffisait d'un chaste baiser accordé pour qu'il se retrouve à la même situation que Dean, actuellement. Et Draco était écœuré à cette idée… Il y avait des façons d'embrasser, et des lieux, surtout… Comment Théo pouvait supporter ça ? Pas étonnant qu'il ait fuit chez Harry afin de bien se reposer pour ses journées de boulot…

Draco était exaspéré. Il priait pour que Harry ne lui impose jamais ça. Il l'avait déjà embrassé devant la fac, sans vraiment réfléchir à son geste, et il espérait que le jeune homme n'en profite pas outrageusement… Pour le moment, il s'était plutôt bien comporté, mais peut-être que cela ne durerait pas… En tout cas, il était hors de question que Draco s'affiche de cette manière.

Le pire, dans cette situation, c'était que c'était à cause de lui que Seamus et Dean s'embrassaient de cette façon. Pour l'exaspérer et le dégouter, ou alors le rendre jaloux, mais ça, c'était raté. Draco avait vraiment pitié de Dean : Seamus avait encore des sentiments pour Draco, c'était évident, et Dean ne lui servait que de bouche-trou. C'était du moins sa vision des choses. Blaise le trouvait horrible, Draco estimait être réaliste. Dean en pinçait pour Seamus depuis que ce dernier avait posé les pieds dans cette fac. Il s'était cantonné au rôle de meilleur ami jusqu'à ce que Draco lui laisse la voie libre. Enfin, il avait fallu du temps à Seamus pour s'en remettre. Ou, plutôt, pour essayer de se venger en rendant Draco jaloux, ce qui avait pour le moment échoué.

Draco n'aurait jamais dû suivre Blaise, ni toute cette bande de crétins quand ils avaient décidé de déjeuner ensemble. Le blond se dit que c'était bientôt terminé, et que dans quelques heures, ils seraient à la boutique de Harry, avec Millicent et Hermione. Il avait téléphoné à Harry hier, et il fallait croire qu'il n'avait toujours pas perdu cette maudite habitude de perdre son portable, car Isaline décrocha et lui glissa en rigolant que Cho passerait jeudi après-midi pour leur montrer les photos. Mais secret, Ryry était pas au courant, c'était une surprise.

C'était assez marrant. Pour être sincère, la patronne l'avait fait flipper, avec son regard perçant et son air peu avenant. Mais maintenant, elle lui paraissait un peu plus ouverte. Soit Harry lui parlait de lui, ce qui l'adoucissait, soit elle avait décidé de passer outre ses préjugés. Même s'il ne savait pas vraiment à quoi était dû se retournement en douceur de la situation, Draco était quand même content : il était évident qu'il n'arriverait pas à embobiner la tante de Harry, donc il pouvait s'estimer heureux que la situation s'arrange.

« T'as fini de manger ?

- Ouais. »

Blaise attrapa son sac et se leva, vite suivi de Draco. Ils quittèrent la table en saluant les autres, et sans jeter le moindre coup d'œil à Seamus et Dean. Ils se baladèrent un peu, passant à la librairie pour acheter le dernier numéro de Closer, et ils se rendirent au parc, où Blaise put lire tranquillement son magazine tandis que Draco se plongeait dans le tome 2 de Millenium. Leurs lectures étaient un tantinet différentes, mais l'un feuilletait un magazine pour se moquer un peu tandis que l'autre faisait travailler son imagination. Et c'était plus instructif que ce ramassis de bêtises…

Il faisait bon, ce jour-là, et ils furent un peu déçus de retourner en cours. Il avait fait si froid, ces derniers jours… Mais ils virent le bon côté des choses : cela n'avait rien de stressant et ils verraient les autres juste après. Ces quelques heures ne furent donc pas bien longues, Draco prenait ses notes de sa petite écriture serrée tandis que Blaise en faisait de même, arrondissant ses lettres sur sa feuille quadrillée, tout en gribouillant dans la marge.

Par moment, il arrivait à dessiner des cœurs ou des fleurs sur la copie de Draco qui lui jetait des regards à glacer le sang ou se contentait de soupirer. Néanmoins, Blaise avait un peu mûri : il faisait ses dessins au crayon ou au stylo plume, et non au Stabilo ou stylo à bille… Combien de feuilles de cours avaient-elles été gâchées par ses cœurs rose fluo ou de petites étoiles de toutes les couleurs…

La fin du cours fut comme une libération pour Blaise qui balança toutes ses affaires dans son sac, tandis que Draco les rangeait méticuleusement. Il haïssait les feuilles volantes ou les sacs mal rangés (note : … levez la main tout ceux qui laissent leurs feuilles traîner dans leur sac ! XD), ce que faisait d'ailleurs Blaise, mais Draco avait cessé de lui faire des remarques. Il s'était néanmoins amélioré : au moins, maintenant, il ne perdait plus ses cours (note : pas comme moi :p).

Ils quittèrent l'université, se dirigeant vers la station de métro la plus proche. Ils croisèrent Hermione et Millicent à une intersection, et ensemble, ils allèrent à la boutique où bossait Harry. Blaise harcela presque Hermione pour savoir comme ça avançait avec Ron, et cette dernière refusa tout simplement de lui répondre, les joues rouges : ça ne le regardait absolument pas.

« Mais je veux savoir ! Se plaignit-il.

- Eh bien demande à Draco, tiens ! Il a sûrement plein de choses à te raconter !

- Bah non, il a rien fait avec Harry.

- Mais moi non plus, crétin !! »

Millicent éclata de rire. Hermione bougonna un « espèce d'obsédé » et lui fit la tête jusqu'à ce qu'ils atteignent la boutique. Blaise tenta de se rattraper, sans grande motivation, dans le seul et unique but de taquiner la jeune fille. Draco levait les yeux au ciel, tout en discutant avec Millicent, qui avait récemment rencontré Gregory, alors qu'elle se baladait avec Hermione, Daphné et Tracey. Draco fit une grimace.

« Tu traînes souvent avec Daphné et Tracey ?

- Non, pas vraiment. Tu ne les aimes pas, hein ? »

Non, il ne les aimait pas. Enfin… Il était sorti un temps avec Tracey. C'était la meilleure amie de Daphné. Draco était sorti un temps avec elle, mais leur liaison n'avait pas duré plus d'un mois. Tracey travaillait dans une superette afin de payer son loyer, et elle avait vu en Draco non pas un petit ami, mais un porte-monnaie bien garni. Draco devait avoir dix-huit ans quand ils étaient sortis ensemble. Tracey était douée au lit, mais Draco ne supporta pas bien longtemps sa manie de vouloir aller dans tous les endroits où elle pourrait être vue, de manger dans de bons restaurants et de lui demander des choses hors de prix. Si elle avait été discrète au début, elle ne tarda pas à être très franche avec lui, et il finit par laisser tomber l'affaire.

Leurs relations ne s'étaient pas améliorées, mais tous deux se traitaient avec indifférence. Elle avait réussi à mettre la main sur un crétin et elle était prête à lui pondre un gosse. D'où la sortie avec ses copines, d'ailleurs, il lui fallait une nouvelle garde-robe… Draco était heureux de ne pas avoir arrêté la capote, où il se serait fait piégé, et en beauté.

Quant à Daphné… Elle le pourrissait quand l'occasion se présentait, et il avait eu du mal à digérer ce qui s'était passé avec Harry. Bon, elle n'était pas censée savoir qu'ils étaient ensemble, certes, mais elle n'avait pas à le critiquer comme ça à tout bout de champ. Une gamine prête à tout pour être plaint ou pour attirer les regards vers elle. D'ailleurs, c'était bientôt son anniversaire, et Draco avait été invité.

« C'est dans deux semaines, je crois, dit Millicent. Je lui ai dit que je ne pourrais pas venir.

- Pourquoi ? S'étonna le blond.

- Je n'aime pas ce genre de fête. Et ça tombe mal, c'est l'anniversaire de mon père. J'ai eu du mal à lui faire comprendre que je ne pouvais venir.

- Moi non plus, je n'y vais pas, ajouta Hermione. Je n'aime pas ces fêtes, moi non plus, et en plus, elle veut qu'on y vienne accompagné. Je préfère largement passer une soirée avec Ron en tête-à-tête. »

Pour le coup, elle n'avait pas tord, et Blaise ne lui fit aucune remarque amusée sur ses derniers mots. Daphné avait insisté que les personnes qu'elles invitaient et qui étaient en couple devaient venir avec leur copain ou leur copine. Pour les couples officiels, évidemment, et l'amourette de Hermione n'était pas passée inaperçue. Ni même celle de Draco. La nouvelle s'était rependue comme une traînée de poudre : Draco sortait avec un tatoueur terriblement canon. C'était Lavande qui était à l'origine des ragots, évidemment…

« Tu vas y aller avec Harry ? Demanda Hermione. Daphné ne va pas te lâcher, avec ça…

- Je sais. Surtout qu'elle connait Harry… Mais je ne sais même pas si je vais y aller. Astoria sera sûrement…

- Non, elle ne sera pas là, le coupa Blaise. C'est Zacharias qui me l'a dit. Apparemment, Daphné a voulu une fête entre amis. Sa sœur ne doit pas venir. »

Ce n'était pas pour autant que Draco était partant pour y aller. Astoria pouvait très bien débarquer parce que lui venait à la fête. Et, franchement, si c'était juste pour jouer les hypocrites de service… Il allait en parler avec sa mère, histoire de savoir si c'était vraiment utile d'y aller. Il savait parfaitement que Daphné l'avait invité afin d'attirer un peu plus de gens à sa fête : il était un bon parti et nul doute qu'il se ferait draguer là-bas. Mais Daphné voulait attirer des gens à sa fête, et son idée de couple, c'était pour en tranquilliser certains, qui ne voudraient pas venir car déjà en couple…

Et c'était une façon comme une autre de défier Draco, notamment. Serait-il capable d'amener son mec à cette soirée ? Assumerait-il de sortir avec un banal tatoueur, avec lequel il devait sûrement s'envoyer en l'air ? Daphné n'en voulait pas à Harry de ne pas lui avoir dit la vérité, elle comprenait un peu, mais elle voulait voir jusqu'où Draco irait, s'il emmènerait Harry dans un endroit où il n'avait pas à mettre les pieds, et comment il agirait avec lui…

C'était ça qui lui faisait peur, en fait. Comment Harry réagirait, plongé dans ce monde qui ne lui appartenait pas ? Il tenterait de le convaincre de venir, si vraiment son père voulait qu'il y aille, mais il se demandait comment réagirait Harry. Pas s'il lui demandait, mais là-bas. Draco était complètement différent dans ce genre soirée, bien loin de l'image qu'il avait pu donner à Harry…

Mais il cessa d'y penser quand ils arrivèrent à destination. Le petit groupe descendit de la rame, puis monta les escaliers en béton, et furent à l'extérieur. Ils se dirigèrent vers la boutique, ouverte, et entrèrent. Ron était en pleine discussion avec Nymph', et il n'y avait pas de client dans la boutique.

« Salut tout le monde ! » S'écria Ron.

Il courra presque vers Hermione avant de s'arrêter net devant elle et l'embrasser timidement sur la joue. Draco et Millicent, sans même se concerter, écrasèrent les pieds de Blaise pour l'empêcher de rigoler, et ce dernier poussa un cri de douleur. Nymph' ricana et Isaline entra, se demandant qui avait bien pu pousser ce drôle de bruit, mais deux petites couronnes d'anges étaient apparues sur les têtes de Draco et Millicent, tandis que Blaise grognait dans sa barbe. Ron rigola et Hermione leva les yeux au ciel.

« Salut les jeunes. »

Draco s'avança vers Isaline qui lui serra la main, avec une forte poigne, mais il ne fit qu'un signe de tête à l'autre tatoueuse qui l'ignora. Draco prit son mal en patience, jugeant qu'il était inutile de faire un scandale maintenant, même s'il n'aimait pas du tout le comportement de Nymph'. Une voix leur parvint de l'étage.

« Isaline !!! Y'a un mot de passe !!! »

C'était Cho, qui devait sûrement hurler depuis le haut des escaliers. Isaline soupira et retourna vers l'arrière-boutique.

« Tape : Isaline me gonfle. Mais pas d'espace !

- Ça marche pas !!

- Elle essaie de faire quoi ? Demanda Blaise, surpris.

- Elle a les photos mais elle veut nous les montrer sur l'ordinateur, expliqua Ron. Celui d'Isaline a un virus, alors ils le font sur l'ordi' de Harry. Il est parti faire quelques courses donc il n'est pas là. Mais il met toujours un mot de passe. Vous venez ? »

Ils passèrent dans l'arrière-boutique, puis accédèrent à l'entrée. Ron monta l'escalier, les autres sur ses talons, et entra dans la première chambre, d'où provenaient les voix.

Pour la première fois depuis qu'ils sortaient ensemble, Draco découvrit sa chambre. Un papier peint bleu, un bureau encombré, une armoire dans un coin, près de laquelle était posée une guitare, et enfin un poste de télévision devant un lit plutôt large. Une chambre relativement simple, mais Draco s'y sentit étrangement bien. Il aimait bien ce bazar, ça lui rappelait la chambre de Blaise.

Cho leur fit un petit signe vague de la main, concentrée devant l'écran, où une petite fenêtre était ouverte. Il fallait un mot de passe.

« Bah tiens, essaie ça : Draco est mon petit ami.

- Tu crois ?? C'est trop simple !

- La dernière fois que j'ai piraté son ordi', c'était : Théo a un nouveau colocataire. »

Cho tapa la petite phrase et poussa un petit cri de joie quand l'ordinateur se déverrouilla. Draco soupira en écrasant le pied de Blaise, qui était à deux doigts d'éclater de rire : Harry aurait pu choisir un autre mot de passe, quand même… Millicent demanda si Harry changeait souvent de mot de passe, Isaline lui répondit qu'il le faisait quand elle avait réussi à le deviner. Ce qui arrivait souvent.

Cho sembla alors de meilleure humeur. Elle brancha son appareil photo numérique sur l'ordinateur pour les extraire. Elle leur expliqua qu'elle avait fait des photographies avec un appareil classique, mais aussi avec le numérique. Elle le faisait à chaque fois, car si elle adorait les photographies tirées des pellicules, elle trouvait que celles des appareils numériques étaient tout aussi pratiques.

Tout le monde se rassembla autour de Cho. Le thème était assez vague : raconter une histoire, et ce en douze photographies. Cela pouvait être une scène de la vie quotidienne, ou autre… Il n'y avait aucune contraire, à part qu'il fallait prendre une seule personne en photo. Cho ouvrit la première photographie, et Draco sentit son cœur s'emballer.

Harry était allongé sur un lit, perdu au milieu des draps blancs et froissés, les yeux clos, comme s'il dormait. Ses cheveux noirs étaient étalés sur l'oreiller, et son visage emprunt d'une incroyable quiétude. Sur son torse imberbe, un papillon apparaissait, au niveau du cœur, bleu avec des arabesques gracieuses, qui donnait l'étrange impression qu'il allait s'envoler d'un moment à un autre. Sur son épaule, la tête blanche et jaune d'un python apparaissait, tandis qu'un autre, bien plus sombre, serpentait sur son ventre.

C'était une photographie magnifique. Draco se demanda pendant un instant si c'était vraiment Harry sur cette photo : sortait-il vraiment avec un homme aussi beau ? Isaline couinait : elle ne supportait pas les serpents.

La photographie suivante n'était pas cadrée sur son torse et ses bars écartés : n'apparaissait que son visage las, prise du côté, comme si Cho s'était agenouillée devant le lit. On pouvait voir ses yeux verts à demi ouverts, une tête blanche de serpent sur son cou, l'autre près de son oreille. On voyait ses piercings, quelques simples anneaux. La photo suivante le montrait redressé sur son lit, les bras en arrière le soutenant. Des mèches de cheveux noirs cachaient ses yeux, alors que son visage était tourné sur le côté, regardant sans doute la fenêtre. Il y avait toujours les serpents sur les draps, et sur sa peau pâle, le papillon bleu ressortait avec encore plus d'intensité. Draco le trouva incroyablement sexy, dans sa pose, avec son torse légèrement sculpté et ses bras musclés…

Puis, ils suivirent Harry debout dans le couloir. On pouvait distinguer l'encadrement de la porte de la chambre, et la porte ouverte de la salle de bain juste devant. Harry était enveloppé du drap, tâche blanche au milieu des murs gris. Cette photo n'avait rien de spéciale, mais la suivante était différente. En effet, Harry était dans la baignoire, allongé dans l'eau, la mousse recouvrant toute la partie inférieure de son corps. Les yeux clos, ses cheveux étalés sur la céramique blanche de la baignoire, il semblait complètement abandonné dans cette eau. La photo avait été prise du dessus, par quelqu'un de grand, très certainement, et Cho leur précisa qu'Olivier l'avait portée sur ses épaules pour qu'elle soit assez haute. Une photo assez difficile à réaliser, mais le jeu en valait la chandelle : Harry était beau, fragile, désirable…

La suivante quelque chose de plus… violent ? Non, ce n'était pas vraiment le mot. Harry s'était assis dans la baignoire, et sur la photographie, ses cheveux d'un noir profond dégoulinaient devant son visage, le cachant. Ses tribales sur son épaule apparaissaient, mais la photo était centrée sur la masse de cheveux noirs, et ses yeux qu'on voyait à peine, perdu dans le vague… Une étrange impression de mélancolie ressortait de cette photographie. On aurait presque pu l'imaginer pleurer, à cause des gouttes d'eau coulant sur son visage humide…

Cho leur avoua que cette photo fut assez difficile à réaliser, à cause de Théo qui faisait le con et Olivier qui avait faim et jouait avec Teddy. Harry n'arrêtait pas d'éclater de rire, c'était nerveux. Mais elle changea rapidement de photo. Le tatoueur apparut alors juste devant la porte de la chambre, de profil, comme s'il allait entrer, la peau humide. Il tenait un grand drap blanc dans ses mains, qui cachait le bas de son corps, mais qui n'était pas noué autour de ses hanches. Puis, ce fut son visage qu'elle leur montra, éclairé par la lumière, la même impression de mélancolie peinte sur son visage. Ses yeux verts brillaient doucement, ses lèvres rosies et ses joues pâles.

La photo suivante était très belle, et elle surprit l'assistance. La pièce était vide, et Harry était au milieu, de dos, et ses ailes d'ange apparaissaient, courbes et bien dessinées, ondulant des épaules jusqu'à la chute de ses hanches. Il tenait le grand drap écarté, au niveau de ses reins, et le profil de ses jambes apparaissaient légèrement grâce à la lumière chaude et vive diffusée par la fenêtre.

C'était un ange qu'il y avait sur cette pièce. Ce n'était plus vraiment Harry. Leurs regards étaient posés sur le dos tatoué, puis ses bras écartés, tenant le grand drap blanc, comme s'il continuait de s'avancer le soleil, les gestes décontractés, les bras un peu fléchis. Ses cheveux noirs étaient humides mais ébouriffés, glissant sur sa nuque.

Draco regardait avidement l'écran de l'ordinateur, alors que défilait les dernières photographies. La suivant le montrait repliant le drap sur ses hanches, montrant ainsi parfaitement le tatouage des ailes sur son dos, et son visage leur apparaissait presque, tourné quelque peu vers eux, mais ses mèches folles cachant ses traits.

Et, à la dernière photo, Draco tomba sous son charme, si ce n'était pas déjà fait. La prise était simple, pourtant, mais Harry était terriblement beau. De dos, son aile d'ange arrondie apparaissant sur son épaule, il avait croisés les bras, sa main apparaissant alors sur son bras dénudé de tout tatouage, et il avait rapproché son visage de l'arrondi de son épaule. Un visage tourné vers eux, ses yeux émeraude brillant sur son visage neutre, encadré de cheveux noirs, les regardant avec intensité.

Harry était beau. Cet homme sur cette photographie, ses yeux verts et intenses, son visage aux traits délicats, sa chevelure ténébreuse et cette ailes apparaissant légèrement… Il était beau. Il n'y avait pas d'autre mot.

« Alors, elles sont pas belles, mes photos ?? »

S'en suivit de nombreux commentaires, tous positifs. Elle avait fait un super travail. C'était une histoire toute bête, dans le fond, qui ne racontait pas grand-chose, mais ce n'était pas vraiment le but de la manœuvre, selon elle, mais elle estimait s'en être plutôt bien sortie. Elle serait fixée par sa note, mais même si elle était mauvaise, elle était heureuse du résultat.

Et elle n'était pas la seule, Draco l'était aussi, même s'il n'en montrait rien. Seuls ses yeux bleus brillaient, posés sur la photo de Harry. Il était sous le charme, et il n'avait jamais imaginé que Harry puisse être aussi photogénique. Certes, il était canon, mais à ce point-là… Draco n'avait pas loupé son coup, quand il avait décidé de séduire le jeune homme…

Justement, en parlant de lui, ils l'entendirent ouvrir la porte d'entrée puis crier un « c'est moi ! » peu discret, suivi d'un « c'est nous !! » venant sans doute d'un petit garçon. Isaline sortait alors de la chambre, alors qu'on entendait la voix de Nymph' en bas. Elle se retint de grogner en remarquant qu'elle n'était pas montée avec eux. Vraiment aucune ouverture d'esprit… Ou alors c'était elle qui était trop tolérante, ce qui n'était pas faux…

Tout le petit monde sortit de la chambre. Cho dévala les escaliers et sauta sur Harry en lui criant qu'il était vraiment trop trop beau sur les photos. Ses joues rosirent en voyant que les autres étaient là, et particulièrement Draco. Le blond avait son petit sourire en coin, et il s'avança vers Harry d'un pas tranquille, tandis qu'Isaline lui volait son sac de courses pour en ranger le contenu. Le blond passa un bras autour de sa taille.

« Salut, beau gosse, » chuchota-t-il, avant de l'embrasser légèrement.

Les joues du jeune homme s'embrasèrent. Draco lui murmura ensuite à l'oreille qu'il devrait devenir mannequin, il était photogénique. Cela ne pouvait évidemment pas calmer Harry qui n'en finissait pas de rougir. Blaise et Cho s'agitèrent, voulant savoir ce que Draco avait dit pour que Harry soit aussi rouge. Isaline cria qu'il avait dû lui dire un truc cochon, Harry leva les yeux au ciel, tandis que Ron, Hermione et Millicent riaient.

Ce qui n'était pas vraiment le cas de Nymph'. Le petit dans ses bras, elle repartit dans la boutique, sous le regard réprobateur de Harry et celui irrité de Draco.

OoO

« Je ne peux pas accepter ça !!

- Fais le pour lui, merde ! »

Isaline tapa sur la table, le regard flamboyant. Nymph' était à deux doigts d'exploser, furieuse qu'elle était, et pendant quelques instants, Isaline avait l'impression de revoir la jeune adolescente qu'elle avait ramené chez elle, ce chiot abandonné, qui lui exprimait toute sa colère.

« Draco est important pour Harry, alors arrête de te comporter de cette façon !

- Je ne peux pas accepter qu'ils sortent ensemble ! Putain, mais c'est un Malfoy ! Un Malfoy !! Hurla-t-elle.

- Avant d'être un Malfoy, c'est un homme, un jeune homme dont on ne connait rien. Et Harry…

- Si tu aimais vraiment Harry, tu ne le laisserais pas sortir avec cette ordure ! Après tout le mal qu'ils t'ont fait, tu acceptes tout ça sans rien dire !

- Je t'interdis de remettre en cause mon amour pour Harry ! Je m'inquiète pour lui, mais il tient à Draco, et il est hors de question que tout soit gâché à cause de ses préjugés ! J'en avais, moi aussi, mais ce gosse n'est pas aussi con qu'il en a l'air.

- Putain, mais qu'est-ce que t'es conne ! »

C'était comme taper contre un mur de brique. Isaline était un mur de brique, qui refusait de céder, la bloquant, alors qu'elle essayait de le faire céder, de trouver une ouverture…

« Tu vois pas qu'il essaie de t'embobiner ? Tu vois pas que son but est de sauter Harry et de le laisser tomber après ? C'est qu'un abruti, il nous l'a déjà prouvé, et comme Harry lui laisse une nouvelle chance, tu fais pareil ! Tu es stupide, Isaline, tu es faibles et lâche ! Si tu l'aimais vraiment, tu…

- Casse-toi. »

Son visage était neutre, son regard froid, transperçant. Nymph' se sentit soudain très petite devant elle, devant cette femme, qu'elle avait insultée, qu'elle avait méprisée, et qui lui avait offert tout ce qu'on lui avait arraché. Elle était cette adolescente perdue, Isaline était cette femme plus âgée, plus grande, immense par rapport à elle. Tellement plus grande qu'elle, en cet instant, tellement…

« Casse-toi, Nymph'. J'en ai rien à faire de ce que tu penses de moi. Va dire à Harry que son mec est le fils de ceux qui ont détruit notre maison et qui m'ont presque ruinée. Va lui dire, Nymph'. Et affronte son regard. Soit courageuse, gamine, puisque moi, je ne le suis pas. »

Et Isaline sortit, sans un mot de plus.

Et Nymph' réalisa qu'elle ne pourrait pas le faire. Elle se voyait devant lui, lui annonçant la nouvelle. Elle pouvait presque l'imaginer pétrifié, revoyant ces scènes de son enfance, quand le couple Malfoy, si distingué, était venu dans la boutique, pour récupérer Nymph'. Et leurs visites suivantes, leurs menaces, les coups de téléphone anonymes, la maison qui brûle…

Tout ça pour récupérer Nymphadora Tonks. Pour sauver l'honneur, bafoué par Andromeda, qui avait épousé un banal ouvrier. Pour rattraper le coup, pour que cette femme vulgaire qui leur avait déjà pris Sirius ne leur arrache pas Nymph' et en fasse n'importe quoi…

Harry avait huit ans. Alors qu'il venait de retrouver un semblant de vie normale, dorloté par Isaline, tout leur tombait sur la tête. Nymph' revoyait encore la femme, enfermée dans ce ridicule appartement, s'occuper du petit qui traînait dans ses pattes, nettoyer la gerbe de Sirius qui n'en finissait plus de boire, et en même temps rassurer l'adolescente, terrifiée à l'idée de s'en aller. Elle revoyait son air fatigué, son mince sourire, son optimiste. Mais surtout ses cernes. Ses grandes cernes…

Comment Harry avait-il vu tout ça, du haut de ses neuf ans ?

Non, elle ne pourrait pas lui dire. Elle ne pourrait pas le supporter. Son visage stupéfait, l'incompréhension dans son regard, la tristesse, le chagrin. Car il allait abandonner, s'il savait. Il serait triste. Tellement triste…

Nymph' se laissa tomber sur une chaise, en remerciant du fond du cœur Ron de l'avoir tiré loin de la maison. Sinon, il les aurait entendues gueuler. Sinon, il l'aurait vue pleurer. Et il n'aurait pas compris…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !