Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
Kikou tout monde !
Lys : Hello :-). Donc voici un nouveau chapitre ! Et merci à toutes les personnes qui nous laissent des reviews, vraiment, ça fait hyper plaisir de recevoir tous ces petites messages dans la boite mail !
C'est sûr ! Bon, maintenant, les choses se corsent, surtout avec Seamus ! Il me fait peur T.T
Lys : XD
Sinon... Petit messages à ceux qui me reprochent mes fautes. Je voudrais dire que l'erreur est humaine. Oui, je fais des fautes, mais il existe des textes où elles sont plus graves, et à mon avis, les miennes relèvent souvent de fautes de frappe. Je suis vraiment désolée pour ceux que ça gêne, mais c'est comme ça : ce sont mes textes et il est plus difficile de voir les fautes dans ses propres textes que dans ceux des autres (du moins c'est mon cas). Oui, je pourrais faire appel à une bêta, mais je me demande si mes chapitres sont catastrophiques à ce point... Moi aussi je n'aime pas les textes bourrés de fautes, mais relire 26 pages le soir avec la télé en arrière-fond (et en un seul morceau parce que y'a papa qui gueule sinon parce que je suis trop sur l'ordi), c'est quand même pas l'idéal. Donc, je m'excuse d'avance pour les fautes que vous trouverez certainement dans ce chapitre et dans les prochains.
Lys : Roooh, que tu causes bien, Didi... Cela dit, tu pourrais quand même faire des efforts...
(grogne dans sa barbe)
Lys : Mais encore ?
(bougonne dans sa barbe)
Lys : En fait, elle se dit que dans les fics bourrées de fautes, on fait pas souvent de remarques sur l'écriture...
Bon, on va arrêter de plomber l'ambiance et laisser les lecteurs lire ce chapitre !
Lys : Mais en fait elle est pas vexée, c'était juste pour arrêter de s'excuser dans les réponses aux commentaires...
Bref !
Lys : Voui bref :p. Faut l'excuser aussi, elle est dans une passe difficile : elle n'arrive pas à pondre un semi lemon à cause de ses soeurs qui lui tournent autour parce qu'elles veulent savoir ce qu'elle écrit...
T.T
Lys : Autre chose ! Petite récompense à celui ou celle qui enverra la 200e review !
... Ce sera une grosse récompense parce que j'ai regardé le morceau et il est vachement long... Et je peux pas couper, y'a du suspens à la fin du bout...
Lys : Ah ouais... En même temps, c'est un bout de la fête...
Au moins 2 pages, voire 3... Bon, bref. A plus tard !
Bonne lecture !
Chapitre 14
Quand il rentra chez lui, l'orage éclatait dans le salon. Il se contenta de hausser les épaules et de marcher droit devant lui, mais juste au moment où son pied allait se poser sur la première marche des escaliers, son père apparut dans le couloir, furieux.
« Draco ! »
Ce dernier se retourna et il vit le visage de son père se détendre, s'apaiser, même si la colère continuait de bouillonner en lui. Pendant quelques instants, Draco inspecta son père, des pieds à la tête, tandis qu'il s'avançait vers lui pour lui serrer la main.
Lucius Malfoy était un homme plutôt grand, et c'était de lui que Draco avait hérité sa taille. Tout en lui inspirait l'élégance et la noblesse. C'était un noble, après tout, Lord Malfoy, et ses vêtements taillés sur mesure montraient à eux seuls que son compte en banque était bien garni. Mais Draco n'avait que faire de ses vêtements hors de prix. Il regardait plutôt le visage dur mais encore séduisant de son père, qui avait attiré bien des prétendantes. Un visage dur et froid, avec des yeux bleu gris pénétrants, qui semblaient lire en vous. Draco pensa vaguement à Isaline, et il se dit que son père et elle devaient être de la même trempe. Des cheveux blonds, presque blancs, étaient négligemment liés derrière sa nuque, encadrant son visage.
Un homme imposant qui avait du charisme et une présence indéniable. Draco avait longtemps été fier d'être le fils d'un tel homme, avant de vraiment se regarder dans un miroir, et se dire qu'il ne lui ressemblerait jamais, malgré tous ses efforts. Ce modèle ne lui correspondait pas, et s'il respectait énormément son père, Draco ne voyait plus en lui une image qui se devait de reproduire.
Ils se serrèrent la main, et sa mère apparut. Elle se jeta son fils pour lui embrasser la joue. Un léger effleurement. Pendant quelques secondes, il revit Isaline, mercredi dernier, faire un bisou sur la joue de Harry, avec tant d'affection que c'en était stupide. Tellement stupide que ça lui en donnait envie. Il aurait bien aimé que sa mère l'embrasse de cette manière. Mais bon, il était habitué, après tout…
« Dis-moi, Draco, commença son père. Tu as été invité à la fête d'anniversaire de Daphné, c'est bien ça ? »
Son père parlait d'une voix traînante, que Draco avait tenté d'imiter pendant de longues années. Mais il avait passé l'âge où il n'était qu'une pâle copie de son père, avec ses airs supérieurs, sa voix traînante, ses vêtements taillés sur mesure… Un petit crétin arrogant, mais il avait changé. Avec Blaise, il avait changé. Avec sa bisexualité, il avait changé.
« Oui, c'est vrai. Je n'ai pas encore accepté.
- Tu ne veux pas y aller ? S'étonna sa mère.
- Pas vraiment. »
Toute trace de colère s'était évaporée de leur visage. Sur quoi se disputaient-ils, encore ? Depuis la rentrée, ils passaient leur temps à s'engueuler. Draco avait décidé de rester hors de tout ça : il n'était pas concerné par leurs disputes.
« Je veux que tu y ailles, ordonna son père.
- Je suis obligé ? Astoria y sera sûrement, et…
- Justement, profite de cette occasion pour te réconcilier avec elle, fit sa mère avec un sourire.
- Daphné veut qu'on vienne en couple. Elle connait Harry et veut absolument qu'il vienne aussi.
- Harry ? »
Lucius haussa un sourcil. Draco se sentit alors obligé de lui réexpliquer qu'il s'agissait de son petit ami. Oui, le tatoueur. Non, il ne ressemblait pas à une grosse brute recouvert de tatouages, il était même plus jeune que lui. Brun. Plutôt séduisant. Un peu plus petit que lui, assez fin mais musclé. Non, ils n'avaient rien fait ensemble, c'était encore récent. Non, il n'avait pas honte de lui.
Oui, il irait.
OoO
« Qu'est-ce qu'elle a, Nymph' ?
- Sais pas.
- Si, tu sais.
- Nan.
- Tu sais pas mentir, Tata. Elle est bizarre depuis ce matin. Et pas seulement depuis ce matin. Ça fait quelques jours, déjà.
- Tu vois Draco, demain ?
- Oui, pourquoi ?
- Cherche pas, alors. »
OoO
Tranquillement assis sur son lit, Blaise lisait un magazine. Il venait de terminer son travail, abandonnant ainsi son ordinateur.
Blaise n'aimait pas vraiment lire. Il n'avait jamais aimé ça, les romans pourris qu'on lui faisait lire au collège et au lycée l'avaient toujours répugné. Quand il voyait Draco dévorer des romans aussi gros que lui, il était tout simplement écœuré.
Il se souvint que, au début, il avait l'avait traité de rat de bibliothèque. Toujours en train de fouiner au CDI, dégainant son bouquin pendant leurs heures de perm'. Terrifiant, comme mec. Jamais il n'aurait pensé pouvoir s'entendre avec lui : il était hautain, sûr de lui, et premier de la classe.
Mais tous deux avaient un point commun : ils parlaient couramment l'anglais, et les cours de langue étaient donc une véritable torture. Malfoy parlait extrêmement bien, couramment même, et Blaise avait compté le nombre de fois qu'il participait en cours : cinq fois. Après, il semblait ne disait plus rien, regardant par la fenêtre en attendant la fin de l'heure.
Un jour, Blaise fut puni et son professeur le força à s'assoir à côté du « calme et sage » Malfoy. Blaise était un peu dégouté, mais quand il comprit que son camarade s'emmerdait come un rat crevé, il le vit d'une tout autre manière. Draco participait cinq fois par cours, puis il « s'endormait ». Blaise l'imita, pour avoir une note correcte en participation, et il se mit à l'embêter. Au lieu de s'ennuyer seul, autant le faire à deux. Draco lui lançait des regards noirs, et si le black n'était pas aussi chiant de nature, il aurait fini par abandonner.
Aujourd'hui, il ne regrettait pas, malgré toutes les remarques déplaisantes que Draco avait pu lui faire. Il avait fini par découvrir à quel point le blond était seul, sans vrai ami malgré la horde d'étudiants qui l'entourait, et qu'il n'était pas aussi chiant qu'il en avait l'air. En gros, même s'il passait son temps à lire, Blaise ne s'ennuyait plus en cours.
En anglais, ils en étaient arrivés au stade où on faisait des pendus ou des baccalauréats pour s'occuper, et en espagnol, il en était de même. En histoire, Draco prenait activement le cours tandis que Blaise dormait. La physique, les mathématiques et les sciences naturelles les intéressaient déjà plus. Qu'est-ce que Blaise avait pu le faire rire lors de leurs dissections… Bon, en soit, ce n'était pas rigolo, mais bon, le voir empoigner le cœur de mouton et en faire son micro pour chanter… Oui, c'était nerveux… En français, Draco donnait carrément des cours de soutien intensifs à Blaise il s'en tira avec la note honorable de dix à son bac, au prix d'efforts incroyables de la part de Draco : il était passé de cinq au début de l'année à dix. Que demander de plus ?
Blaise eut un sourire en songeant aux heures de sport. Draco était débrouillard, mais il haïssait le sport, plus que personne ne pourrait s'en douter. Enfin, ça dépendait des sports. Il aimait bien nager, ou encore jouer au volley. Mais pour le reste… Il avait beau vouloir devenir médecin, il n'avait jamais compris l'intérêt de courir. C'était sa bête noire, mais quand il avait fallu choisir les sports pour le bac, il avait ordonné à Blaise de courir avec lui, refusant tout net de faire de la fitness. Plutôt crever. Pendant le badminton, il s'ennuyait, trouvant ce sport stupide.
Ah, et puis y'avait le volley… Excellent, le volley… L'un des rares sports que Draco appréciait, à la seule et unique condition de se retrouver avec des mecs. Ce qui n'était malheureusement pas le cas. Il forçait Blaise à se mettre avec lui, non pas pour son niveau, excellent, mais pour le retenir d'étriper les nunuches qui : regardaient la balle passer sans bouger, qui l'envoyaient dehors, qui tombait sans qu'on sache pourquoi, ou, encore, qui n'étaient pas fichues de faire un service. Ah, le volley… Un excellent souvenir… (note : … je fais partie de ces filles-là…)
D'ailleurs, Blaise se dit qu'il devrait un jour en parler à Harry, de ces moments mémorables en sport… Harry devait bien aimer ça, il courrait de temps en temps et faisait de la musculation, suffisamment pour muscler ses bras, mais pas assez pour que ses biceps ressemblent à des troncs d'arbre. Bon, pour ça, il faudrait qu'il le revoie, et pour le moment, il était occupé avec Draco, son meilleur ami, et frère d'armes durant les cours assommants de langue vivante…
Son sourire disparut lentement, alors que ses yeux passaient vaguement sur la double page aux couleurs criardes. Il repensa à Draco, la veille, alors qu'il lui disait qu'il se rendait à la fête. Il n'avait pas l'air emballé, et il lui avait avoué que ses parents s'étaient encore disputés. Il ne savait pas pourquoi, mais ce n'était pas la première fois, et ça se produisait de plus en plus souvent, ces derniers temps. Ça rendait Draco un peu triste et inquiet. Il n'aimait pas quand ses parents se disputaient, car il savait que ça pouvait aller loin.
Il n'allait pas très bien, la veille, et Blaise lui avait conseillé d'annuler son rendez-vous avec Harry. S'il s'énervait, pour un rien, ça pourrait mal finir. Mais Draco lui avait assuré qu'il saurait se contrôler, en ajoutant qu'il ne voulait pas faire fuir Harry une nouvelle fois.
Un sourire moqueur revint sur les lèvres de Blaise, qui tourna la page de son magazine. Son petit Draco en sucre était en train de tomber sous le charme de Harry, il en était certain…
OoO
La voiture s'arrêta devant la boutique. Il faisait nuit noire et seule la lumière blanche et froide des réverbères leur permettait de savoir où ils se trouvaient. Dans un moment d'égarement, Draco s'était trompé de sortie, et ils avaient dû faire un détour pour retrouver la boutique, sous les indications de Harry.
Ils avaient passé une bonne soirée. Après avoir dîné au Septième ciel, où Gregory lui avait encore fait un prix parce que c'était lui qui payait, Harry avait été emmené au cinéma voir un film qu'il avait trouvé excellent. C'était assez marrant à voir, car tous deux étaient fatigués, et le blond fut étonné de voir que Harry était de plus mauvaise humeur que lui. Il avait eu à faire avec un client particulièrement énervant, pour ne pas employer un autre terme, sans oublier Nymph' qui continuait de lui faire la tête… Donc cette sortie était la bienvenue, ça lui changerait les idées.
Draco n'aurait jamais imaginé que Harry puisse être énervé. Enfin, il l'avait vu furieux, il lui avait même gueulé dessus, mais il ne l'avait jamais vu énervé après quelqu'un, grognant dans sa barbe, se plaignant sans discontinuer. Draco aurait pu trouver ça lassant si Harry ne rythmait pas son blabla de mimiques et petites réflexions marrantes. Surtout quand il parla de son client « en manque d'amour » venu se défouler sur un pauvre petit tatoueur « sans défense ». Puis, Harry avait parlé de Nymph', et Draco l'avait écouté attentivement, essayant de comprendre pourquoi elle ne l'aimait pas, alors qu'Isaline semblait l'avoir plus ou moins accepté.
Au cinéma, ils avaient récupéré les places que Draco avait réservées. Harry avait semblé émerveillé devant cette merveille de la technologie : les bornes où on pouvait récupérer les places réservées… Ils étaient monté dans les étages, jusqu'à trouver deux places dans la salle immense déjà à moitié remplie.
Dans l'obscurité de la salle de cinéma, Harry avait senti les doigts froids du blond caresser ses siens, et pendant un long moment, ils se tinrent la main. Harry était allé jusqu'à poser sa tête contre son épaule, et Draco avait penché aussi la tête. Cette sortie fut un bon moment de détente pour tous les deux.
Si Harry avait bien parlé, comme à son habitude, de tout et de rien, il avait bien senti que Draco n'était pas très bien non plus, même s'il s'était détendu et avait évoqué ses soucis avec ses parents. Harry n'avait pas creusé le problème en profondeur, jugeant que ça ne le regardait pas, à moins que Draco ne veuille réellement en parler. Le blond préférait apparemment écouter Harry plutôt que parler de lui. En tout cas, ils avaient trouvé leur compte dans cette soirée.
Harry se pencha vers Draco et l'embrassa, fermant les yeux, et il sentit les doigts froids de Draco sur sa nuque, l'attirant à lui. Le blond dégusta ses lèvres, lui envoyant des frissons tout au long de sa colonne vertébrale, et Harry se laissait aller à ce baiser, répondant avec tendresse. Pour lui, les baisers pouvaient être torrides, comme ceux que Draco lui offraient, mais pas sauvages, blessants. Et puis, il aimait embrasser Draco…
La langue de l'étudiant caressait la sienne, son bras enserrait ses épaules, le rapprochant encore plus de lui. Il savait embrasser, c'était un faible mot, et Harry se demanda amèrement combien de personnes il avait embrassées avant lui. Harry glissa sa main contre sa joue, caressant la peau pâle du bout des doigts, qui se glissèrent lentement dans les cheveux blonds et bien coiffés de Draco. Ce dernier intensifia encore leur baiser, noyant ses doigts dans la chevelure ébène de son petit ami, dévorant sa bouche. Harry ne parvenait plus à respirer, transporté par toutes ces sensations oubliées et agréables. Draco lui faisait l'amour avec sa bouche. Il l'embrassait comme personne ne l'avait jamais fait, et Harry répondait fiévreusement. Il aurait voulu que ce baiser ne cesse jamais…
Mais l'air vint à manquer, et ils se séparèrent, sans toutefois se lâcher. Harry tentait de retrouver une respiration convenable, sans se douter que Draco luttait contre le désir qui l'avait envahi. S'il ne se retenait pas, ses mains se seraient égarées sur les cuisses fermes du brun, sous son tee-shirt… Mais inutile de précipiter les choses, il se contenta donc de se calmer, encore étourdi par ce baiser vertigineux…
Ils se quittèrent quelques minutes plus tard, sur un dernier baiser, plus chaste cette fois-ci. Draco regarda Harry sortir de la voiture, les yeux posés sur son dos et ses fesses. Il se dit qu'il était vraiment désirable. Il se mordit la lèvre en tentant de calmer son excitation, respirant profondément. Toute la soirée, il avait eu envie de laisser ses mains s'égarer sur le corps de Harry, qui s'était étonnement bien habillé ce soir-là. Avait-on idée de mettre un jean aussi serré quand on avait un cul pareil… Il savait que Harry tentait de faire des efforts vestimentaires, et Draco aurait pu l'applaudir s'il n'avait pas intercepté les regards envieux des autres clients du restaurant ou les gens du cinéma.
Soudain, il se rendit compte que ça faisait plus d'un mois qu'ils étaient ensemble. Il se fit la réflexion qu'il n'avait jamais tenu plus de trois mois avec quelqu'un. Les sourcils froncés, il se demanda bien combien de temps ça allait durer avec Harry, en se surprenant à penser que ce serait bien que ça dure plus longtemps que son précédent record…
OoO
« C'est hors de question !
- Et pourquoi ?!
- Il ne viendra pas, point final.
- C'est mon anniversaire, c'est moi qui décide ! »
Ne pas l'étriper, ne pas l'étriper… Mais où donc était passé Blaise ?
« Tu m'as invité moi, pas Harry, à ce que je sache ! Il n'est pas habitué à ce genre de fêtes, et…
- Ecoute-moi, Draco. Si tu ne le convaincs pas toi-même de venir, j'irai le voir et, moi, je saurais le convaincre. »
Draco la foudroya du regard. Comment cette petite peste pouvait-elle être aussi exécrable ? Il n'avait aucune envie de jeter Harry dans la fosse aux lions, il ne savait même pas s'il savait danser, ni s'il saurait supporter tous ces gosses de riches qui ne croyaient qu'en la carte de crédit de leurs parents. Draco n'avait pas honte de Harry, mais il ne voulait pas qu'ils se ridiculisent à cause d'un simple caprice de Daphné.
Cette dernière lui assura qu'elle irait voir Harry à la boutique. Elle l'aimait bien et elle était certaine qu'il serait d'accord pour venir à son anniversaire, et qu'il serait aussi très déçu que Draco n'ait pas voulu l'emmener. Draco grogna qu'il en parlerait à Harry, et Daphné s'en alla, toute guillerette, sans savoir que le blond avait accepté de faire un effort seulement pour éviter qu'elle ne dise de conneries au tatoueur. Il savait que, dans le fond, Harry ne serait pas déçu que Draco n'ait pas voulu l'emmener : il aurait compris.
Et Blaise qui avait disparu… Ce salaud avait sans doute préféré éviter la confrontation avec Daphné, qui était amie avec l'ex de Blaise, et nul doute qu'elle lui aurait dit sa façon de penser. Blaise n'avait pas été très cool quand il avait largué sa petite amie, c'était le cas de le dire…
Draco sortit son portable et chercha le numéro de Harry dans son répertoire. Il appuya sur le petit téléphone vert, puis mit le téléphone contre son oreille, tout traversant le couloir à grands enjambées, cherchant Blaise du regard.
« Allô ?
- Bonjour Isaline, c'est Draco, se présenta le blond.
- Salut beau blond. Ça va bien ?
- On peut dire ça, et vous ?
- On va dire que oui, soupira-t-elle d'un air peu enjoué.
- Je peux avoir Harry, s'il vous plait ?
- Draco, franchement, j'ai rien contre toi, mais je préférerais pas. »
Le blond haussa un sourcil, les yeux allant de tous les côtés, en espérant retrouver Blaise, qui demeurait introuvable.
« Pourquoi ça ? Demanda Draco, soupçonneux.
- Disons que Harry est en train de péter un câble dans le salon, en ce moment même, et si tu n'as pas envie qu'il t'envoie chier, il vaudrait mieux que tu rappelles plus tard. J'ai été virée de la boutique par Nymph' qui est en train de se prendre la tête avec un client. Je me suis réfugiée dans la cuisine, si c'est pas malheureux… »
Pendant un instant, Draco imagina Harry fou de rage en train de gueuler après il ne savait qui, et la tatoueuse aux cheveux roses en faire de même dans la boutique. La patronne lui faisait un peu pitié, mais en même temps, il était difficile de ne pas la plaindre.
« Journée de merde, hein ?
- Je ne te le fais pas dire, soupira-t-elle à nouveau. Tout le monde est sur les nerfs, aujourd'hui. Le parrain de Harry s'y est mis aussi, il est venu piquer sa crise. Je te raconte pas l'ambiance depuis ce matin…
- D'accord, je rappellerai plus tard.
- Sage décision, approuva la tatoueuse.
- J'ai pas envie que Harry passe ses nerfs sur moi.
- Crois-moi, il est terrifiant quand il est en colère.
- Mais il est en colère contre qui ? Demanda l'étudiant.
- Tu te rappelles de Ginny ? Il est en train de régler quelques petits soucis avec elle, si tu vois ce que je veux dire.
- Elle veut sortir avec lui.
- Roooh, t'es fort… Heu, c'était important ?
- Non, ça peut attendre ce soir.
- Bon, ça va alors. Rappelle plus tard, d'accord ? Y'a Nymph' qui m'appelle.
- Bon courage, vous en aurez besoin. »
Isaline gémit et raccrocha sur un dernier « à plus ». Draco sentit la colère monter en lui, en songeant à cette petite garce, qui devait, en cet instant, supplier Harry de sortir avec elle et donc de larguer le blond…
OoO
… et il n'était pas si loin de la vérité. Ginny était arrivée le plus naturellement du monde dans la boutique et avait attendu patiemment dans un coin que Harry termine son travail. Une fois le tatouage en cours terminé, ou du moins ce qu'il devait faire durant cette séance, il avait emmené Ginny dans le salon fraichement rangé, où elle s'était exprimée en ces termes, d'une voix calme, posée, mais ferme.
« Harry. Je sais que tu sors avec Draco, en ce moment. Mais ça ne va pas durer, c'est certain ! Regarde-le, tout ce qui l'intéresse, c'est le cul ! Il va te séduire et te mettre dans son lit, et une fois cela fait, il te jettera comme une merde ! C'est un putain de bourge, il est avec toi juste parce que tu es canon. Moi, je t'aime vraiment. Je sais qui tu es, je te connais bien mieux que lui, et je peux te rendre heureux. »
Et là, les cris avaient explosés dans le salon. Harry se mettait rarement en colère, mais Ginny était allée bien trop loin.
« C'est un mec ! Tu sais comment ils sont ! Tous des salauds qui ne pensent qu'avec leur bite ! »
Elle avait dit des choses blessantes, des choses qui avaient fait remonter des choses en lui. Des choses qu'il avait rejetées, défendant Draco du mieux qu'il pouvait. Il croyait en lui, il n'était pas qu'un petit ami parmi tant d'autres, pour lui.
Des choses dont il essayait de se convaincre, mais Ginny faisait ressortir ses doutes, les extirpant de sa mémoire avec violence.
« Il t'embrasse et te tient la main, mais tu crois que c'est naturel ? Tu crois pas que c'est juste pour t'embobiner ?! Il doit faire ça à tous les mecs, histoire de leur montrer qu'ils sont importants pour lui, alors qu'en fait, il en a rien à foutre ! »
Et tandis que Harry se défendait, il repensa à ce baiser qu'ils avaient échangé, dans la voiture. Il avait été si peu habitué à ce genre de baiser torride, à ce genre d'échange dans une voiture qu'il n'avait pas songé aux arrière-pensées. Il rejeta tout en bloc, pourtant, mais…
« Et qu'est-ce qu'il va t'apporter, hein ? Ce mec est bourré de thunes, canon, et peut avoir toutes les filles à ses pieds ! Qu'est-ce qu'il va t'apporter, cet abruti, hein ?! »
Il sentit le plafond s'effondrer sur sa tête. Le visage de Draco se superposa à celui de Cédric, son ex petit ami, cet homme qu'il avait aimé comme un fou en Angleterre. Tellement fou qu'il s'était fait avoir… Il avait senti son cœur battre à la chamade. Il avait eu envie de frapper Ginny. De la faire taire. Mais elle vomissait son venin, et il avait continué à crier, lui ordonnant de s'en aller, sans jamais céder à l'injure.
Quand il était à la limite de pété un plomb, Isaline était entrée. Prenant son courage à deux mains, elle s'était jetée dans la fosse aux lions, prête à mourir des griffes acérées de Ginny et des crocs aiguillés de Harry. Finalement, elle en était sortie indemne, et elle s'était dit que Harry avait vraiment du coffre pour gueuler aussi fort aussi longtemps. La voix de Ginny partait dans les aigus, ce qui était désagréable.
Le jeune homme était revenu bosser, son rendez-vous étant arrivé, mais la rage mit du temps à s'apaiser, en lui. Ses doutes refaisaient surface, et il se posait des questions sur Draco.
Il sentait qu'il était important pour Draco, il le sentait à sa façon de le regarder, de le tenir, de l'embrasser. Mais peut-être n'était-ce qu'une illusion… Pourtant, quand ils étaient ensemble, tous ses doutes disparaissaient… Etait-il en train de…
Non. Harry n'était pas amoureux, loin de là. Il était indéniablement attiré par Draco, c'était vrai. Il aimait l'embrasser, il aimait quand il le tenait par la taille, ou quand il lui prenait la main. Il aimait sa façon d'être, son côté un peu cynique, classe et réaliste. Mais il n'était pas amoureux. L'amour, ce n'était pas de l'attirance, c'était bien plus puissant que ça. Et quand on aimait, on ne doutait pas autant…
Harry secoua la tête en se traitant d'idiot. Il s'efforça de ne plus penser à Ginny, ni même à Draco. C'était difficile. Mais il ne devait pas laisser le doute s'imposer dans son esprit. Pas maintenant, alors qu'il se sentait… revivre…
OoO
Dans la petite fenêtre, il pouvait Luna n'animer. Ses longs cheveux blond clair dégoulinaient de chaque côté de son visage en longues mèches dorées. Il pouvait distinguer ses boucles d'oreilles en forme de radis et elle portait un collier bleu électrique absolument immonde. Sur n'importe qui sauf sur elle, car étrangement, ça lui allait bien.
« Arrête de douter, Ryry. Ça ne sert à rien.
- Et s'il se fichait de moi, hein ? Si tout ça, c'était juste de la comédie ?
- Ce n'est pas de la comédie. Tu m'as dit toi-même que tu étais important pour lui.
- J'ai l'air important. Ce n'est pas pareil.
- Ginny t'a dit qu'il t'embrassait et te tenait la main afin de te montrer que tu es important pour lui, c'est ça ?
- Oui.
- Dis, tu crois vraiment qu'un homme aussi distingué embrasserait quelqu'un comme toi devant sa fac ? »
Harry fronça les sourcils. Une petite lumière commençait à percer les ténèbres de ses doutes.
« Moi, si j'étais lui, je t'embrasserais dans la rue. Mais pas devant ma fac, avec tous les gens qui me connaitraient. Si j'avais de l'argent et tous les hommes à mes pieds, parce que je suis une fille évidemment, je ne m'embarrasserais pas d'un tatoueur. Dans le fond, tu ne lui apportes rien.
- Merci, Luna…
- Je suis objective, Harry. Tu ne lui apportes rien : pas d'argent, pas de prestige… Pourquoi il sort avec toi, alors ? Pas pour coucher, ça doit pas être trop dur pour lui de trouver quelqu'un pour le contenter. »
Harry fut pensif pendant quelques secondes et il se dit que Luna avait raison. Objectivement, Draco ne tirait pas de profit de leur liaison, chaste certes, mais il y avait bien plus d'avantages à sortir avec quelqu'un de son entourage. Alors pourquoi lui ?
« Sans vouloir te vexer, même Théo serait un meilleur parti. Avec son père qui a une bonne position, il peut toujours trouver quelque chose à gagner. Bon, ça reste entre nous, mais ses basilics ne sont pas rassurants.
- Ses serpents sont inoffensifs.
- Dis ça aux souris qu'ils avalent. Bref, si on y réfléchit, pourquoi Draco sortirait avec un tatoueur dont il ne peut rien tirer ? Parce qu'il est là, le nœud du problème : tu doutes de lui parce qu'il a de l'argent. Pourquoi il t'a choisi, alors ? »
Harry ferma les yeux et réfléchit. Il revit tous les moments passés avec Draco, les restaurants, le cinéma, le concert… Leurs baisers, leurs mains qui s'enlacent, la tour Eiffel… Il se souvint de son attitude séductrice, qui l'avait repoussé, puis de son côté plus naturel, ses sourires, sa façon de lui tenir la taille. Ses joues rougirent et il gémit. Il rouvrit les yeux, Luna avait écrit un message.
« Il doit tenir à toi. D'une façon ou d'une autre, il tient à toi. Moi, j'en suis sûre.
- Tu ne le connais même pas.
- Et alors ? Toi non plus, tu ne le connais pas. »
Pas faux.
« C'est pour ça que tu doutes de lui. Alors fais-moi confiance à moi.
- C'est pas français, ça.
- Et alors ?
- Si tu veux bien parler français, fais des efforts.
- On se comprend, de toute façon. Bref, laisse tes doutes avec les hippogriffes et va de l'avant ! »
Harry poussa un soupir, mais ses doutes s'étaient dissipés. Ça faisait toujours du bien de discuter avec Luna, sa journaliste préférée, qui parvenait toujours à le rassurer…
OoO
La famille passa devant eux, lentement, comme s'ils voulaient leur imposer encore un peu plus encore leur présence, qui se révélait être une véritable torture. Rien ne transparaissait sur le visage de McGonagall. Absolument rien, ni tristesse, ni remords, si honte. Rien. Le visage rivé et strict de la veille femme ne montrait rien de ce qu'elle aurait pu ressentir.
Draco avait passé une journée merdique. Le mot était l'exemple même de l'euphémisme. Certains stagiaires semblaient penser de même. Même Blaise semblait fatigué. Draco n'avait qu'une envie : rentrer et se coucher. Mais il cachait sa fatigue, restant posté à côté du Dr McGonagall, qui sembla mieux respirer quand la famille du défunt disparut de son champ de vision.
Un patient était mort, et malgré les perspectives d'un possible rétablissement une fois l'opération terminée, l'homme n'avait pu supporter l'opération trop lourde. Cela faisait un petit bout de temps qu'il fréquentait l'hôpital, et derrière son air de vielle bique en manque d'affection, McGonagall s'était attachée à ce vieux Monsieur. Et il était décédé.
Draco fit un petit signe de tête à sa supérieure et lui souhaita une bonne soirée. Elle eut un faible sourire et lui retourna le vœu, en sachant que sa soirée, à elle, était gâchée. Et, de toute façon, sa journée n'était pas encore terminée.
Le blond partit dans les vestiaires pour se changer. Tandis qu'il retirait sa blouse, il pensa à soirée, qui ne serait pas plus joyeuse que celle de McGonagall. Ses parents s'étaient à nouveau disputés, ce matin-là, et Draco ne voulait pas rentrer chez lui.
Il s'était levé un peu plus tôt ce matin-là, et il avait entendu les voix de ses parents dans le salon. Il s'était adossé contre le mur pendant de longues minutes, les écoutant se jeter au visage nombre de reproches. Narcissa lui disait qu'il la trompait avec la secrétaire, si jolie et si bien « fournie ». Son époux n'était pas en manque de reproches non plus, et leurs cris pleuvaient comme des balles de pistolet. Blessantes. Frappaient en plein cœur.
Ils ne savaient pas que Draco les écoutait, son sac à ses pieds, les bras croisés, adossés contre le mur. Ils ne savaient pas que Mr Dobby et son épouse, Mrs Winky le faisaient aussi, tous deux malheureux de les entendre se disputer ainsi, comme c'était le cas depuis plusieurs jours, tandis que leur fils unique gardait son expression impénétrable, alors que tout en lui bouillonnait à la fois de colère et de tristesse.
Il ne savait pas si son père trompait sa mère. Il avait presque envie de dire qu'il n'en avait rien à faire. Sauf que, s'il le faisait, ça lui ferait mal. Car ce n'était pas la première fois que sa mère portait de telles accusations contre son époux, et s'il s'était toujours révélé fidèle à sa femme, Draco avait toujours émis des doutes envers le futur : son père céderait-il un jour à une femme plus jeune, abandonnerait-il sa mère et son fils, comme le faisaient tant d'hommes aujourd'hui ? Son père si froid, si réservé, qui embrassait rarement sa femme en public…
Le fait que ses parents puissent se séparer et que, dans le fond, ça ne lui fasse rien, cela l'avait tourmenté toute la journée. Il ne pensait qu'aux soucis qu'un tel conflit engendrerait, en préférant ne pas penser à ses sentiments, qui ne seraient pas vraiment touchés.
A cela, on pouvait rajouter l'épuisement de la journée, les coups de téléphone le midi de sa mère, puis de son père… Il se disait qu'il existait des gens bien plus malheureux que lui, et il pouvait les voir à l'hôpital, mais il ne parvenait pas à chasser cet état de fatigue de son esprit. Blaise avait dû supporter son humeur lasse durant le déjeuner. Il avait essayé de lui tirer les vers du nez, mais Draco ne voulait pas l'embêter avec ça. Il lui résuma la situation et en resta là.
Draco mit son sac sur son épaule, prit son casque de moto, puis ferma la porte de son casier. Il sortit avec Blaise des vestiaires et ils quittèrent lentement l'hôpital. Draco ne voulait pas rentrer chez lui, il aurait voulu retarder l'échéance le plus possible, mais si c'était pour que Blaise subisse sa mauvaise humeur… Ça ne servait à rien.
Le parking était encombré de voitures, mais Draco ne chercha même pas à se rappeler où Blaise avait garé sa moto. Pas besoin. Son regard était posé sur autre chose, sur une autre moto. Sur un autre jeune homme assis nonchalamment sur l'engin, le regard dans le vague, tenant son casque sur ses cuisses avec ses deux mains.
Blaise se sentit un peu jaloux quand il vit Harry, mais il était persuadé que c'était ce qui pouvait arranger au mieux la soirée de son meilleur ami. Il lui tapota alors l'épaule, lui fit un sourire et s'en alla chercher sa propre moto, alors que Draco, stupéfait, s'avançait vers Harry. Ce dernier lui fit un petit sourire en le voyant. Draco se posta devant lui et haussa un sourcil.
« Comment tu savais à quelle heure je finissais ?
- Tu en as vaguement parlé mercredi, quand on s'est vu. »
Draco acquiesça vaguement de la tête. Le seul souvenir distinct qu'il gardait du mercredi passé était ce fabuleux baiser qu'ils avaient échangé dans la voiture.
« Tu n'es pas content de me voir ? Demanda Harry, un peu inquiet.
- Je n'ai jamais dit ça. »
Harry lui fit une mimique, qui voulait dire que ça se voyait. Draco hocha la tête en soupirant, et Harry se demanda s'il avait vraiment bien fait de venir. Il voulait s'excuser pour la veille, il avait gardé son portable éteint.
« Je suis fatigué, c'est tout. Ça n'a rien à voir avec toi.
- Ah, d'accord. Je te ramène, alors. »
Harry se redressa et leva son casque dans l'intention de le mettre sur sa tête. Mais Draco lui attrapa le bras, stoppant son geste. Surpris, Harry l'interrogea du regard.
« Je… je ne veux pas rentrer chez moi.
- Pardon ? Fit Harry, étonné, en baissant son casque.
- Emmène-moi n'importe où, mais je ne veux pas rentrer chez moi. Pas maintenant. »
Harry hésita et fut très étonné de voir Draco ainsi, l'air fatigué, sans avoir la moindre envie de rentrer chez lui. Il lui proposa alors de venir chez lui, mais sa chambre n'était pas rangée, un vrai bazar. Draco secoua la tête en lui assurant qu'il s'en fichait : il ne voulait pas rentrer maintenant. Harry mit alors son casque et monta sur la moto, et Draco en fit de même. Ils partirent.
Le voyage fut un peu long, mais pour Draco, malgré le froid, ce ne fut pas une torture. Il savait où il allait, et ce n'était pas chez lui. Quand Harry s'arrêta près du garage, il descendit de la moto et enleva son casque. Puis, il regarda son petit ami ranger son engin. Ils retirèrent leurs chaussures dans l'entrée et accrochèrent leurs manteaux. Puis, ils montèrent à l'étage, Harry criant un vague « on est rentré » avant d'escalader les escaliers, Draco à sa suite.
Ils entrèrent dans la chambre. Draco jeta un coup d'œil à l'ensemble, qui n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'il était venu. Toujours la même chambre bleue, avec ce lit froissé, les papiers qui traînaient sur le bureau encombré d'un ordinateur et de divers bouquins, des étagères croulant sous les babioles, magazines et CD, et enfin les photos, représentant diverses personnes.
« Ryry ! Tu peux venir deux secondes ? »
Harry sortit de la chambre, y laissant Draco seul. Ce dernier jeta un coup d'œil aux photographies toutes mises sous cadre. Certaines le firent sourire. Isaline, un magnifique sourire aux lèvres, soulevait un petit Harry de huit ou neuf ans dans ses bras, ce dernier rayonnant de bonheur. Il le vit grandir sur les photos, enlaçant Nymph', perché sur le dos d'un homme plutôt séduisant aux longs cheveux noirs, ou encore dans une piscine, portant sur ses épaules une jeune fille blonde portant un maillot de bain orange criard, qui lui allait étrangement bien. Il vit aussi Théo, posté à côté de Harry, tous deux avec un serpent sur les épaules. Ou encore Ron, avec toute sa bande de frères et sœurs, Cho et Olivier, l'une faisant une grimace et l'autre un joli sourire. Ah, et il y avait Severus, aussi, posté à côté de l'homme aux longs cheveux noirs. Et un petit garçon, d'abord bébé dans les bras de Harry, ou plus grand, souriant à l'objectif, perdu au milieu de ses cadeaux, et enfin dans les bras de ses parents, Nymph' et un homme d'une quarantaine d'années.
Deux photos marquèrent son attention parmi toutes les autres. D'abord, il y avait une sorte de photo de famille. Isaline était assise au milieu, un Harry plutôt maigre assise sur ses genoux. A sa droite, l'homme aux longs cheveux noirs, qui devait être Sirius, le parrain de Harry. Et à sa gauche, Nymph', avec des cheveux bruns. Tous avaient l'air plutôt heureux sur cette photo. Et, juste à côté, un couple, avec un enfant. Un homme séduisant, les cheveux noirs en bataille et des yeux noisette, était fièrement posté à côte d'une femme un peu plus petite, une longue chevelure rousse cascadant dans son dos. Tous deux étaient vêtus de façon assez simple, et la mère tenait son fils dans ses bras. Un petit garçon aux pommettes toutes rondes, avec de grands yeux verts, dont il avait hérité de sa mère, et des cheveux noirs déjà en bataille…
« Excuse-moi, Tata avait besoin de moi. »
Draco se retourna. Il lui montra une photographie, et Harry contourna le lit pour se poster juste à côté de lui.
« C'est tes parents ?
- Ouais. Maman était jolie, hein ? »
Très belle, songea Draco. Harry avait l'air fier d'avoir une maman aussi belle. Il lui dit que son père se la pétait un peu, sur cette photo, mais bon, Tata lui avait dit qu'il était assez orgueilleux, mais ce n'était pas un mauvais gars.
« Tu ressembles à tes parents, surtout ton père. Pas étonnant que tu sois aussi bien foutu.
- Mon père te fait de l'effet ?
- Le petit bémol, c'est qu'il n'a pas les yeux verts. »
Harry eut un petit rire. Il lui montra ensuite la photo de famille, où il y avait Sirius. Et Nymph', aussi, quand elle n'avait pas encore les cheveux teints. Il lui montra Luna, sa meilleure amie, qui vivait à Londres. Si elle avait été là, elle se serait plutôt qualifiée de « journal intime sur papattes ». Puis, une fois le tour des photos faites, Draco s'assit sur le lit de Harry. Ce dernier le suivit sur la couette froissée.
Draco passa sa main dans ses cheveux. Il avait un coup de barre, soudainement, et il ferma les yeux. Inquiet, Harry replaça une mèche blonde derrière son oreille et caressa sa joue pâle.
« Ça va pas ?
- Coup de barre. Ça ne m'arrive pas souvent. Je suis désolé, j'ai vraiment triste mine.
- Ça, c'est sûr. Tu me fais penser à Tata dans ses grands jours de fatigue. Enfin, elle, elle est terrifiante. Toi, ça va, tu ressembles à quelque chose. »
Draco eut un petit sourire, tentant vaguement d'imaginer la patronne avec des cernes monstrueuse et un teint cadavérique. Ouais, ça devait être pas mal…
« Qu'est-ce qui se passe ? Un souci ? Demanda Harry, ses doigts s'égarant dans les mèches blondes et raides de son petit ami.
- C'est… assez compliqué. »
Draco ne voulait pas l'assommer avec ses histoires de famille qui, dans le fond, n'avaient rien de très grave, même si elles l'obsédaient. Lui n'avait jamais connu ses parents et Draco avait peur de déraper. Il préférait éviter ça pour le moment…
« Explique-moi. Si tu as peur que je me moque, ou…
- Non, c'est pas ça, soupira Draco.
- Les amis, c'est fait pour ça, tu sais.
- On n'est pas amis.
- Nan, je suis ton petit ami. Quand on sort ensemble, ça exige un minimum de confiance, non ? »
Leurs regards se croisèrent. Draco hocha la tête en lui assurant que ce n'était pas une question de confiance, il n'avait tout simplement pas l'habitude de parler de sa famille, et de ses soucis, aussi. Il y eut un petit silence, puis Harry se retourna et prit un oreiller qu'il posa sur ses cuisses. Ensuite, il tira doucement le bras de Draco, l'incitant à s'allonger. Le blond se laissa faire, sa tête reposant sur l'oreiller. Il ferma les yeux quelques secondes, alors que les mains de Harry caressaient ses cheveux, et sans vraiment réfléchir, il se lança.
Il lui parla de ses problèmes, ou plutôt des perturbations que ses parents vivaient, et de la perspective d'un divorce, qui le laissait presque de marbre. Il était un peu inquiet pour sa mère, mais il était si habitué à voir ses parent si peu affectueux l'un envers l'autre, qu'il les imaginait sans mal vivre séparément. Son père était parfois absent, sa mère passait son temps chez des amies ou à la maison, faisant il ne savait quoi.
En y réfléchissant, Draco n'avait pas vraiment ce qu'on appelait « une vie de famille ». Oh, certes, il aimait ses parents, et il leur parlait aux repas, et il était plus proche de sa mère, même si c'était peu le cas dernièrement. Mais il n'avait pas de réelle complicité avec eux. Peut-être que c'était comme ça partout…
Puis, la voix de Harry prit le relais, le berçant doucement. Il lui dit qu'ils étaient assez complices car ils avaient vécu des moments… difficiles. Ils n'avaient pas eu une vie facile, et cela avait contribué à les rendre proches. Et il lui parla de diverses choses, de sa journée, de son travail, jusqu'à ce qu'il n'entende plus le chuchotement de Draco, mais simplement sa respiration régulière.
Quand il se pencha vers lui, étonné par son silence, il comprit qu'il s'était endormi.
OoO
« Voui, allô ??
- Salut Patronne ! Harry est là ?
- Ouais, bien sûr. Attends deux minutes. »
Isaline appela Harry, levant les yeux vers les escaliers. Elle ne reçut aucune réponse : la porte de sa chambre ne s'ouvrit pas. Un air vaguement paniqué passa sur son visage en l'imaginant en train de rouler la pelle du siècle avec Malfoy Jr, ou pire, s'il le faisait dans une position… gênante.
« Deux minutes, Ronny, je vais le chercher. »
Elle posa le combiné du téléphone sur le petit meuble et monta les escaliers, puis ouvrit la porte lentement, sans même frapper. Et là, un charmant tableau se présenta à ses yeux : Harry était assis sur son lit, feuilletant un magazine de jeux vidéo, et Draco était allongé sur le lit, la tête sur un oreiller posé sur les cuisses du brun. Ce dernier leva les yeux vers Isaline et, étonnée, elle chuchota un « Il dort ? » auquel il répondit par un hochement de tête. Elle lui mima le téléphone et, avec toute la délicatesse possible, Harry souleva à peine l'oreiller, aidé par Isaline, afin de se dégager et sortir de la chambre sans réveiller l'endormi.
Draco était beau quand il dormait. Il perdait tout ses airs supérieurs et aristocratiques, son visage retrouvant une sérénité enfantine. Son sommeil semblait bien profond, mais Harry et Isaline firent très attention quand ils sortirent de la chambre. Harry vit sa tante courir vers sa chambre et revenir deux secondes plus tard avec une couverture dans les bras. Le jeune homme eut un sourire amusé, que la patronne ignora, quand elle revint dans la chambre pour étendre la couverture sur Draco, qui ne bougea pas d'un pouce.
Harry descendit les escaliers et prit le téléphone. Ron était à l'autre bout du fil, et il lui parla joyeusement de Hermione, avec laquelle il avait eu un rendez-vous dans l'après-midi. Elle terminait ses cours le vendredi à midi et ils avaient passé de longues heures ensemble. En fait, elle l'avait traîné dans les librairies, ce qui avait prodigieusement agacé Ron. Il semblait oublier que sa petite amie était une intellectuelle. Harry haussa un sourcil et eut un petit sourire.
« Petite amie ? »
Il pouvait presque voir Ron rougir comme une fillette. Il bafouilla, et Harry entendit Neville rire en arrière-fond. Après avoir fouillé dans toutes les boutiques de Paris pour trouver quatre misérables bouquins, Ron avait forcé Hermione à le suivre dans une boutique de jeux vidéo. Ce fut à son tour d'être agacée, et ils se disputèrent une fois sortis du magasin. Ils se trouvèrent tellement idiots à se crêper le chignon qu'ils se demandèrent mutuellement pardon, l'un parce qu'il sortait par une étudiante en droit et il devait assumer, l'autre parce qu'elle trouvait bien dommage de se fâcher avec un garçon qui, même grognon, acceptait de la suivre partout où elle allait.
Ainsi, tous deux conscients qu'il était stupide de se disputer, alors qu'ils étaient attirés l'un par l'autre justement à cause de ces différences, ils avaient décidé de sortir véritablement ensemble. Ou plutôt, Ron avait baragouiné sa demande et Hermione n'avait pu refuser. Fini le petit flirt au début de leur relation : ils étaient bel et bien ensemble, à présent. Enfin, Harry comprit tout ça grâce à son imagination, car Ron donnait si peu de détails et était si incompréhensibles tant il était gêné, qu'il devait interpréter ce qu'il parvenait à comprendre.
« On dirait un vieux couple marié.
- Pardon ?! Cria le rouquin, ignorant les rires de son colocataire derrière lui.
- S'engueuler et se faire des bisous juste après, c'est trop mignon…
- Je te dirais que t'es pas mieux dans le genre. A peine Draco est devenu ton petit ami que vous vous êtes engueulés !
- Pas faux. »
Il avait envie de dire qu'entre Draco et lui, c'était un peu spécial, mais bon, il ne voulait pas se répandre en explications. Le seul avec qui il pourrait parler de ça, sans s'expliquer vraiment, c'était avec Théo, même si, paradoxalement, il n'était pas très ouvert quand il s'agissait de relations homosexuelles. Ah, Théo, charmant et paradoxal Théo…
Harry raccrocha quand Ron eut fini de se plaindre de sa mère, qui, pour on ne savait quelle raison, savait qu'il sortait avec une fille. Harry avait éclaté de rire quand Ron avait grogné un « j'suis sûr que c'est Neville qui m'a balancé ». Le présumé coupable avait nié, mais il était évident que c'était lui avait vendu la mèche, très certainement contre son plein gré. Il fallait dire que Neville savait difficilement mentir, et quand Molly passait à l'improviste dans la soirée pour prendre des nouvelles de son fils, et que justement il n'était pas là… Neville n'était pas comme Cho, ce n'était pas une machine à mensonges…
Une fois le combiné reposé sur son support, Harry retourna dans sa chambre, où Draco dormait toujours. Il ferma la porte, s'assit sur le lit et regarda l'heure. Ça devait bien faire une dizaine de minutes que Draco dormait. Harry regarda son visage paisible, écoutant son souffle régulier et lent, sa main blanche et longue posée sur l'oreiller, l'autre près de son ventre.
Il était beau. Vraiment, il était beau. Harry passa ses doigts dans les cheveux fins et blond clair, Draco poussa un petit soupir. Et dire que c'était avec lui que ce beau jeune homme sortait… Il aurait pu avoir n'importe qui, mais c'était à Harry qu'il s'était intéressé. Si Harry avait encore de légers doutes, il ne regrettait pourtant pas d'avoir accepté de sortir avec lui. Même si tout ça n'était que de faux espoirs, Draco avait eu le mérite de lui faire oublier pendant quelques temps l'aventure qu'il avait lui-même vécu des années auparavant. Il redécouvrait le bonheur d'embrasser, de se regarder, de se tenir la main. Il redécouvrait la complicité, le cœur qui bat fort… Tous ces petits trucs, tous ces sentiments qu'on ressentait quand… on était avec quelqu'un. Quand… on était attiré par quelqu'un.
Harry se pencha vers le blond et embrassa doucement sa joue. Il respira l'odeur sucrée de ses cheveux. Il était en train de plonger. De plonger, tête la première, dans ces anciens sentiments qu'il avait enfoui au plus profond de lui-même…
***
Le sommeil lui échappait. Ses idées s'éclaircissaient, l'engourdissement qui avait saisi tous ses muscles disparaissait peu à peu. À vrai dire, il se sentait se réveiller, mais il n'avait pas envie de bouger. Il avait chaud, il était bien, quoiqu'un peu plié, mais c'était agréable, et reposant.
Il entendit un petit bruit. Comme… un raclement. Non, pas vraiment… Il ne savait pas vraiment ce que c'était comme bruit. Il se concentra, les yeux clos, et reconnut le bruit de la mine du crayon glissant sur une feuille de papier. Parfois léger, à peine audible, ou plus vif, plus poussé…
Draco ouvrit les yeux. Sa vue était un peu floue et il battit des paupières. Il vit Harry, le visage concentré, ses lunettes glissant sur le bout de son nez, assis en tailleur, dessinant sur un calepin de feuilles. Alors qu'il allait détailler Harry du regard, il réalisa soudain qu'il était allongé sur le lit. Qu'il s'était endormi, comme ça.
Soudain, il se redressa, stupéfait, et Harry poussa un petit cri de stupeur, sursautant violemment.
« Ça va pas de se redresser comme ça ? Tu m'as fait peur !
- Excuse-moi. Ça fait longtemps que je dors ? »
Harry regarda son réveil posé sur sa table de chevet : non, une bonne demi-heure. Draco poussa un soupir et passa sa main dans ses cheveux. Bien que réveillé, il se sentait encore engourdi par le sommeil, et il n'en revenait pas de s'être endormi. Il se traita d'idiot : Harry l'emmenait chez lui et, tout ce qu'il trouvait à faire, c'était s'endormir… Ça ne lui était jamais arrivé et il se sentit gêné de s'être laisser aller ainsi.
« Je suis désolé, je me suis endormi, et…
- Tu rigoles ? Fit le brun en ramenant une mèche blonde derrière son oreille. Tu ne vas pas t'excuser parce que tu t'es endormi ! Tu étais mignon, en plus. »
Draco piqua un fard et Harry gloussa. Il retourna le calepin, lui montrant ainsi son propre portrait : Harry avait dessiné son visage endormi, la joue contre l'oreiller, ses fins cheveux ondulant presque autour de sa figure. Draco prit le calepin et se regarda ainsi dessiné au crayon de papier. Il se reconnaissait, et en même temps, il avait du ma à croire qu'il puisse être aussi paisible quand il dormait. Il sentit Harry contre son dos, son bras autour de sa taille et sa tête sur son épaule, leurs cuisses se touchant.
« Quand on te voit comme ça, tu as presque l'air dur quand tu es réveillé. »
Et il l'embrassa doucement sur la joue. Draco tourna la tête et se pencha pour cueillir ses lèvres, de façon toute aussi chaste et tendre. Puis, il reposa les yeux sur son portait. Il se doutait que Harry dessinait très bien, c'était inévitable quand on voulait devenir tatoueur, mais pas à ce point-là…
« Tu dessines vraiment bien.
- Merci.
- Tu as pris des cours ou c'est naturel ?
- J'ai toujours aimé dessiner. Tata m'a appris a dessiné. Elle disait que ça ne pouvait pas me faire de mal. La preuve !
- C'est toi qui as apporté une couverture ? Demanda le blond en la voyant sur ses genoux.
- Non, c'est Tata. »
Draco eut l'air surpris. Harry lui dit que Ron avait appelé, donc Isaline était venue le chercher dans sa chambre. En voyant Draco endormi, elle était vite allée chercher une couverture pour qu'il ne prenne pas froid. Même s'il faisait bon à la maison, ça ne pouvait pas lui faire de mal. Draco était vraiment étonné, déjà parce qu'elle avait pensé à lui donner une couverture, mais en plus parce que c'était lui.
« On ne dirait pas comme ça, mais elle est assez maternelle, expliqua Harry. Elle n'a jamais eu d'enfants.
- Comment ça se fait ? Elle est tatouée de partout, mais elle est plutôt jolie.
- C'est à cause de son boulot et de moi.
- Quel est le rapport avec toi ? »
Harry poussa un soupir triste et lui expliqua que, au premier abord, quand il était enfant, il semblait être le fils d'Isaline. En plus, elle ne cessait de le chouchouter, tentant de lui apporter ce qu'il y avait de meilleur, et elle le considérait comme son propre enfant. Même si on expliquait aux gens qu'il était orphelin, sentimentalement, il était son fils. Et les quelques hommes qu'elle avait aimés le voyaient comme un poids, ou alors ne le regardaient même pas. Certains devaient même penser qu'elle mentait.
Avec certains, ça aurait pu être sérieux. Sirius et Nymph' avaient même envisagé de vivre à deux dans un appartement, pas très loin de la maison, afin de ne pas être un poids pour elle, pour qu'elle puisse avoir une vraie vie avec un homme. Mais même avec cette idée, aucun ne resta. Ils imposaient divers arguments, mais elle ne tomba jamais sur quelqu'un de sérieux. Elle finit même par abandonner, même si son rêve avait toujours été d'avoir un enfant à elle.
« Tu n'as jamais été jaloux ?
- Non. Pour moi, c'est ma maman, et elle m'a beaucoup donné. C'est normal qu'elle veuille un enfant à elle. Je n'aurais pas été jaloux, au contraire. J'aurais trouvé ça sympa. Et… j'aurais moins eu l'impression d'être un poids. »
Une vague de tristesse passa sur son visage. Draco passa son bras autour de ses épaules, mais il ne dit rien. Il pouvait comprendre ce qu'il voulait dire : Isaline n'avait jamais eu d'amant assez sérieux pour avoir sa propre famille, et Harry était l'une des raisons. Si elle avait été célibataire sans enfant, ça aurait pu passer. Harry chuchota qu'elle en avait beaucoup fait pour eux, mais surtout pour lui. Et ça l'avait changé.
Soudain, la porte s'ouvrit en grand, et Isaline entra, pimpante. Elle pétait la forme et, les mains sur les hanches, elle les regarda s'écarter de façon peu naturelle, l'un écarlate, l'autre un peu gêné.
« Coucou les jeunes. Alors, beau blond, bien dormi ?
- Plutôt, oui, répondit-il avec un sourire en coin, amusé. Merci pour la couverture.
- Y'a pas de quoi. Bon, c'est pas que tu m'embêtes, mais… on va fermer. »
Harry regarda l'heure et écarquilla les yeux. Il n'avait pas vu le temps passer. Draco passa sa main dans ses cheveux, un signe évident de fatigue.
« Je vais rentrer, alors.
- Tu veux rester dîner ? »
Il fut stupéfait. Il le cacha assez bien, mais il était stupéfait. Isaline avait perdu son air de conquérante, semblant un peu timide.
« C'est pas de la grande cuisine, hein. Mais Nymph' et Teddy restent manger aussi, alors… »
Elle était en train de briser la glace. Vraiment. Elle allait vers lui, mettant ses propres doutes de côté, pour lui donner une chance. Il n'en avait pas vraiment conscience, il ne savait pas si c'était une proposition sincère ou si c'était juste pour le tester. Il était simplement… gêné.
« Je ne veux pas déranger.
- Mais non tu ne me gênes pas ! Fit-elle en haussant les épaules. Si c'était le cas, je ne te proposerais rien.
- Bon… c'est d'accord, alors. »
Elle sourit, toute contente, et sortit de la chambre en criant un « Draco reste dîner !! » à Nymph' qui devait se trouver en bas. Une vraie gamine, pensa Draco. Harry avait l'air tout aussi content qu'il reste dîner, mais le blond semblait déjà moins enchanté en songeant que l'autre tatoueuse serait là. Ça risquait d'être un repas difficile…
Harry se leva et sortit de la chambre, Draco sur ses talons. Son petit ami disparut dans l'arrière-boutique, après que le blond l'ait menacé de s'en aller s'il ne rangeait pas correctement la boutique sous prétexte qu'il était là. Il alla dans la cuisine où Isaline préparait à manger. Un petit garçon était assis sur une chaise et il chantait Au clair de la lune. Il devait avoir trois ans, à peine, mais il était mignon comme tout, il devait bien le reconnaître. L'enfant arrêta de chanter et le regarda avec ses grands yeux bruns.
« Comment tu t'appelles ?
- Draco. Et toi ?
- Teddy ! Tu veux que je chante une chanson ? »
Draco n'avait jamais su y faire avec les enfants mais il hocha la tête et le petit garçon se mit à chantonner Une souris verte. Le blond s'approcha d'Isaline qui mettait des pâtes à bouillir.
« Excusez moi, mais j'ai un petit problème.
- Lequel ? S'étonna-t-elle.
- L'autre tatoueuse ne m'aime pas.
- Ouais, j'étais au courant, soupira-t-elle.
- Qu'est-ce que je suis censé faire pour qu'elle arrête de m'éviter comme la peste ?
- Dis, tu te souviens de ce que Harry t'as dit lors de votre troisième rendez-vous ?
- Harry vous raconte tout ? Demanda-t-il en haussant un sourcil.
- A peu près tout. Alors ?
- Heu… De rester naturel ?
- Voilà. »
Et elle lui fit un sourire. Puis, elle se mit à chanter avec Teddy. Draco se retint de pousser un soupir fataliste : comment Harry s'en sortait-il avec une femme pareille comme tutrice ? Ça n'allait pas être évident avec Nymph', même s'il s'efforçait de rester naturel. Quand il avait accepté, il n'avait pas vraiment pensé à la tatoueuse, ne pensant qu'à Isaline. Ça avait été plus simple avec elle. Ça ne lui faisait même plus rien quand elle lui parlait familièrement ou quand elle le tutoyait. A la réflexion, il ne se rappelait pas qu'elle l'ait vouvoyé. Bah, elle avait l'âge d'être sa mère, d'un autre côté…
Draco resta avec Isaline pendant que les autres stérilisaient les aiguilles qui avaient servies à faire les piercings. D'office, Teddy avait décidé qu'il serait sur les genoux de Draco, donc il avait escaladé ses jambes, et le blond n'avait pu le poser par terre, vu le regard larmoyant que l'enfant lui faisait quand il faisait mine de le soulever. Isaline était pétée de rire.
Ainsi, quand Nymph' et Harry revinrent dans la cuisine, ils furent stupéfaits en voyant l'enfant se dandinant sur les cuisses de Draco, chantant A la claire fontaine. Nymph' se retint de récupérer son bébé, ne voulant pas paraître impolie, et Harry trouva ça trop mignon. Draco lui lança un regard froid quand il le lui dit, mais le brun n'en fut pas vexé le moins du monde. Bien au contraire, il lui enlaça les épaules et planta un baiser sur sa joue.
Nymph' et Isaline mirent la table, sortant les assiettes, les couverts et les verres. Puis, elle leur servit le repas : des tagliatelles au saumon. Un plat plutôt commun, mais ça changeait de ce qu'il mangeait chez lui le soir. Et Draco devait avouer que c'était bien agréable de manger ici, dans cette petite cuisine.
Au début, il y eut quelques tensions. Draco était assis en face d'Isaline, donc Harry et Nymph' se retrouvaient à sa droite et à sa gauche. La tatoueuse ne lui parlait pas, mais elle commença à sortir de sa coquille au fil dîner. Isaline faisait partie de ces personnes qui vous mettent à l'aise, presque naturellement. Elle était un peu comme Blaise. Elle engagea donc facilement la conversation avec lui, à laquelle Harry participait, et Nymph' finit par s'y joindre.
Draco ne l'aimait pas vraiment, vu comment elle se comportait avec lui, et ses préjugés étaient tenaces. Mais il fit un effort pour les mettre de côté et il se montra cordial avec elle. Elle en fit de même, et elle se révéla être une personne plutôt sympathique et amusante. Plus le dîner avançait, et plus elle lui faisait l'effet d'une grande sœur. Harry était comme son petit frère, et Isaline avait le rôle de la mère. Et lui, il était l'exception. Il aurait pu se sentir à part s'il n'avait pas senti les doigts de Harry effleurer les siens et Isaline faire en sorte qu'il soit à l'aise.
Le repas fut plutôt bon, même s'il n'était pas habitué à manger des pâtes chez lui. Sa mère était plutôt adepte aux fruits et légumes. A vrai dire, le plat rentrait peu en ligne de compte, car il appréciait plus l'ambiance dans la cuisine que le repas en lui-même. Chez lui, on mangeait en silence, ou alors en discutant politique, économie… Mais ici, on parlait du prochain roman de Sirius, des clients qui passaient à la boutique, de Teddy qui se faisait déjà des amoureuses à la maternelle… Draco avait beau se sentir un peu de trop, il ne regrettait pas d'être resté.
Isaline servit le dessert, à savoir une salade de fruits. Elle posa les bols devant chacun et servit généreusement ses convives. L'ambiance était maintenant très détendue, Nymph' en venait même à discuter avec Draco. Teddy était assis sur ses genoux et il piochait allègrement dans le bol de sa mère, récupérant toutes les cerises rouges et les morceaux de poire, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Il lorgna alors sur le bol de Draco et, les yeux larmoyants, il lui fit tout un cirque pour venir sur ses genoux. Draco récupéra alors maladroitement l'enfant qui vida en quelques minutes le bol de toutes ses cerises et ses morceaux de poires. Nymph' s'excusa, Draco répliqua qu'il détestait la poire, de toute façon, et il avait bien compris le manège de Teddy, qui fit tout le tour de la table de cette façon. Et, même s'il ne le dit pas, ce petit garçon était vraiment mignon.
D'ailleurs, il était assez étonné que Teddy parle aussi bien pour son âge. Nymph' reprit alors son sérieux et lui dit que, pour elle, c'était important de bien parler. Elle avait dit ça en regardant Harry, qui avait alors baissé les yeux vers son bol.
« Pourquoi vous regardez Harry ?
- Je parlais très mal quand j'étais enfant.
- Le temps qu'on a mis à te refaire parler correctement !
- Oh, ça va, hein… »
Isaline lui précisa que Harry avait vécu dans une famille avant de venir chez elle et ils ne s'étaient pas vraiment occupés de son éducation. Harry était tellement gêné qu'il en rougissait, ces deux commères étaient en train de le descendre devant son petit ami. Avec un petit sourire en coin, Draco prit sa main et en embrassa le dos. Il se souvint du visage de Harry, sur les photos, si maigre et petit dans les bras d'Isaline. Dans quel genre de famille était-il allé ?
Quand ils terminèrent leur dessert, ils prirent ensuite du café. Enfin, il fut l'heure de rentrer, aussi bien pour Nymph' et Teddy que pour Draco. La tatoueuse était restée manger parce que son mari était convié à un dîner entre amis, et Nymph' l'accompagnait rarement : elle s'emmerdait comme un rat mort. Si son mari arrivait à attirer son attention quand il lui parlait du droit, car il avait une façon de parler qui rendait tout ça compréhensible, ce n'était pas du tout le cas de ces autres professeurs qui parlaient un tout autre langage. Draco fut étonné que la tatoueuse soit mariée à un professeur de fac, mais bon, après tout…
Isaline décida de le ramener. Il faisait nuit et elle préférait que Harry ne sorte pas avec sa moto juste pour faire un aller-retour. Elle mit donc ses chaussures et enfila un manteau, tandis que Draco en faisait de même. Alors qu'elle se dirigeait vers le garage, il embrassa Harry, puis la rejoignit. Elle avait une petite Fiat, et quand il s'installa sur le siège passager, elle lui dit que ce n'était pas la grande classe.
« Elle a quand même moins de classe que ta Mercedes.
- Peut-être, mais au moins, vous pouvez circuler sans vous faire remarquer. »
Pas faux, se dit-elle. Elle démarra et Harry ferma le garage derrière elle. Il y eut d'abord un silence dans la voiture, puis Draco prit la parole.
« Merci de me ramener.
- Y'a pas de quoi.
- Ça s'est plutôt bien passé avec Nymph', j'aurais cru le contraire, avoua le blond.
- Certaines personnes préfèrent la franchise. Quand on a été trahi, on a toujours peur du manque de sincérité. »
Elle n'était pas philosophe, mais elle avait vu assez de choses pour tirer ses propres conclusions. Et elle-même voulait être rassurée, ce qui était vraiment le cas à présent.
« Pour d'autres, il faut être hypocrites, répliqua Draco. Ça marche plus souvent que la franchise.
- Ça dépend des personnes. Je préfère qu'on soit franc et blessant avec moi, plutôt que gentil et hypocrite. Bon, je suis moi-même un peu hypocrite, mais le monde du travail l'exige.
- C'est pour mon père que je suis comme ça.
- Et ça ne lui fait rien que tu sortes avec un homme ? Avec un tatoueur ? Demanda-t-elle, l'air de rien.
- Il s'est fait à l'idée. Enfin, il a accepté le fait que je puisse lui ramener un gendre. Mais c'est vrai qu'il a un peu de mal avec le tatoueur. Je suppose qu'il a une mauvaise image dans la tête.
- Tu ne leur as pas montré de photos ?
- Non, je n'en ai pas. Et ça ne les regarde pas. »
Isaline n'insista pas plus. Elle manqua de se tromper deux fois quand elle arriva dans le quartier de Draco, mais elle se montra plus adroite que Harry et ils arrivèrent à bon port sans faire le moindre détour. Bon, Draco l'aidait, aussi, mais il n'eut pas besoin de lui expliquer dix fois le chemin pour qu'elle le dépose juste devant chez lui. La lumière du salon était allumée, ce qui étonna à peine Draco.
« Au fait, tu as prévenu tes parents que tu restais manger ? Je sais que tu n'es plus un gamin, mais…
- Non. Plus de batterie. »
Ils échangèrent un regard complice : ça se passait mal chez lui, elle l'avait plus ou moins bien compris.
« Tu te sens mieux, maintenant ? T'avais pas la pêche quand t'es arrivé.
- Ça va beaucoup mieux. Merci pour cette soirée, ça m'a fait du bien. »
Et il était sincère quand il disait ça. Il n'était pas du tout habitué à ce genre d'ambiance et il trouvait ça plutôt agréable. Ça changeait. Et puis, il se sentait mieux, maintenant. Même si ses soucis demeuraient toujours dans un coin de sa tête, la tension et la fatigue s'étaient envolées.
« Tu peux revenir quand tu veux. »
Isaline lui fit un joli sourire qu'il lui rendit. Puis, il descendit de la petite voiture pour rentrer chez lui, reposé et assez en forme pour affronter la colère de ses parents.
OoO
« Alors, avec tes parents ?
- Je me suis fait disputer. Je n'ai pas appelé à la maison, ils se sont inquiétés, etc…
- Je leur avais pourtant dit que tu étais chez Harry.
- Justement, ça ne les a pas rassurés. »
Harry haussa les épaules : il n'était pas aussi terrifiant que ça. Enfin, c'était un tatoueur, après tout, ses parents ne devaient pas être rassurés. Draco s'était attendu à une copieuse engueulade et il n'avait pas été déçu. Mais bon, il était de trop bonne humeur pour se sentir blessé ou en colère. Il s'en était pris plein la tête, mais ce n'était pas si grave. Très bon exercice pour le self-control…
Blaise ne rigolait pas vraiment : il était terrorisé par sa mère et il lui était impossible de jouer au rebelle. Elle l'avait tellement démoli quand il faisait une connerie, quand il était gamin… Il ne pouvait pas la défier ou la rendre inquiète, elle serait capable d'appeler les flics et il n'aimait pas vraiment quand elle se vengeait parce qu'il l'avait trop inquiétée. De leur côté, Isaline et Nymph' se disaient que ça ne devait vraiment pas être beau, au Manoir Malfoy. Ils les connaissaient, ces deux-là, et elles savaient qu'ils pouvaient être terribles…
« Il faut attendre que ça passe. »
Harry lui dit qu'il aurait quand même pu appeler, mais son petit ami haussa les épaules. Le jeune homme revint alors sur la jeune fille qu'il était en train de tatouer. Elle s'était assoupie, allongée sur le ventre, et laissait Harry s'occuper de son dos. Les deux étudiants avaient du mal à imaginer qu'on puisse dormir durant tatouage, ça faisait mal, mais la cliente était littéralement épuisée, des cernes monstrueuses soulignaient ses yeux et rien ne pourrait l'empêcher de roupiller.
Isaline et Nymph' étaient elles aussi occupées, la première à faire des tatouages en forme d'étoile sur les pieds d'une femme, du côté du petit orteil, tandis que l'autre reproduisait un tatouage compliqué sur une feuille blanche, afin de se familiariser avec le motif.
Les deux étudiants étaient passés en moto car Blaise voulait papoter avec Harry, car Draco refusait de lui donner son adresse MSN. Draco avait de plus en plus l'impression que Harry était présent de sa vie. Il le voyait il ne savait combien de fois par semaines et discutait régulièrement avec lui sur MSN. S'il était honnête, il avouerait qu'il lui parlait tous les jours. C'était devenu une sorte d'habitude, presque un besoin. Ça, il ne l'avait réalisé que la veille, quand il s'était couché. Il aurait pu ne pas parler de ses soucis à Harry, tout garder pour lui, mais le côté câlin de son petit ami avait eu raison de lui, et il s'était endormi la tête sur les genoux, après avoir vidé son sac.
C'était stupide, et ça ne lui était jamais arrivé, mais il se sentait de plus en plus attiré par Harry. Il savait que ça allait au-delà du désir. Certes, Harry était bandant, il ne pouvait que le reconnaître, et les baisers fiévreux qu'ils s'échangeaient était la preuve de son désir pour lui. Mais ça faisait plus d'un mois qu'ils sortaient ensemble, et Draco ne l'avait toujours pas touché. Alors qu'avant, il l'aurait fait. Peut-être parce que Harry valait mieux que ça, ou peut-être parce qu'il n'avait aucune envie de se presser…
La séance était terminée. Harry était penché depuis deux bonnes heures sur ce tatouage et il avait bien avancé. Il appliqua le pansement et tenta de réveiller sa cliente. Cette dernière bailla à s'en décrocher la mâchoire. Harry lui dit doucement que la séance était terminée et qu'elle lui avait demandé de la réveiller au bout de deux heures, elle devait aller chercher son fils chez sa belle-sœur. La femme acquiesça, le remercia pour son travail, et le paya cash pour cette séance. Entretemps, Isaline en avait aussi terminé avec ses étoiles. Elle fit payer sa cliente puis disparut dans l'arrière-boutique.
Le téléphone sonna. Isaline leur cria de répondre, elle était occupée. Harry sortit donc de la boutique et demeura dans l'entrée pendant quelques minutes. Blaise se leva de sa chaise et se posta derrière Nymph', regardant ce qu'elle faisait. Il trouvait son dessin vraiment beau et elle fut enchantée.
Harry revint et allait s'avancer vers Draco, mais quelque chose l'arrêta. Il regardait la porte vitrée, ou plus particulièrement la voiture qui s'était garée juste devant. Un taxi noir. Trois personnes sortirent de la voiture. Et Harry se pétrifia.
C'était un peu comme dans un rêve. Tout tournait au ralenti. On avait la sensation qu'on pouvait s'en aller, mais on savait qu'on pourrait s'enfuir indéfiniment. Son visage se décomposa, pâlit affreusement, alors que ses yeux s'ouvraient en grand. Ses vieux cauchemars revenaient à lui…
Draco vit avec stupeur la terreur la plus pure envahir le visage de Harry, de même que Nymph' et Blaise. Ils se tournèrent vers l'entrée. Trois personnes entrèrent, la petite clochette tinta. Un homme obèse, habillé d'un costard coûteux trop petit pour lui qui mettaient en valeur ses bourrelets, accompagné d'une femme d'une maigreur affolante, ses cheveux bruns bouclant autour de son visage chevalin, fin et allongé, tandis que son mari ressemblait plus à un cochon qu'autre chose. Et il y avait un homme plus jeune, sans doute leur fils, blond avec un regard de bovin, plus gros encore que son père. Draco tourna la tête vers Harry, écœuré par cette vision, mais celle des mains tremblantes de Harry, son visage blafard et son regard terrorisé ne valait pas mieux.
« Bonjour, Harry. »
La voix de l'homme le plus âge était guttural, rauque. Il s'était exprimé en anglais. Les mains du jeune homme tremblèrent encore plus et il fit un pas en arrière. Nymph' sauta sur ses pieds et leur demanda, ou plutôt leur hurla, de s'en aller. Ils ne lui accordèrent aucun regard, focalisés sur le jeune homme fin et pâle devant eux. Nymph' cria encore plus fort, furieux au-delà des mots. Ni Blaise ni Draco ne comprenaient ce qui se passait, sauf que Harry était littéralement pétrifié, terrorisé, comme un enfant voyant ses cauchemars se réaliser. Draco allait se lever pour le prendre dans ses bras, mais Isaline arriva.
Elle ouvrit la porte et, quand elle vit le trio dans la boutique, son regard brilla d'un étrange sentiment. Elle se posta juste devant Harry, comme un garde du corps, et eut un sourire méprisant. Son regard était tout ce qu'il y avait de plus haineux, et rien ne semblait capable de la faire bouger, ses pieds étaient comme incrustés dans le sol.
« Tiens tiens… La famille Dursley… Quel plaisir de vous voir. »
Il n'y avait rien de plus faux. Elle croisa les bras, dans une attitude calme, mais tout dans son regard et dans son visage montrait son mépris.
« Ça fait un bout de temps qu'on ne vous a pas vu. Alors, les vacances ? C'était bien ? »
Le visage rond de Mr Dursley rougit de rage. Sa femme la foudroya du regard, mais cela n'atteignit pas le moins du monde Isaline, campée sur ses jambes. Elle parlait d'une voix amusée, nullement effrayée par cet attroupement de bovins. Et elle savait où frapper, aussi. Elle savait ce qui faisait mal, ce qui mettait en colère.
Alors, les vacances ? C'était bien ?
« Nous voulons parler à Harry, dit Mrs Dursley de sa voix aigrelette.
- Allez-y.
- En tête-à-tête. Cela ne vous concerna pas, Miss Anderson, cracha-t-elle avec mépris.
- Ce qui le concerne me concerne, Miss Evans. »
Cette dernière rougit de colère en entendant son nom de jeune fille. Isaline eut un sourire faussement amusé. Elle se retourna et empoigna Harry par le bras le traînant vers l'arrière-boutique. La famille de Dursley les suivit, se traînant jusqu'à la porte où ils passaient de justesse.
Médusés, les deux étudiants les regardèrent disparaître, tandis que Nymph' hurlait au scandale. Pour Draco, Isaline lui avait paru plutôt agressive vis-à-vis de lui, mais là… Elle semblait prête à engager le combat, et elle possédait toutes les armes pour cela…
« Oh les salauds ! Mais qu'est-ce foutent là, ces enculés ! Genre, nous voulons parler à Harry… Ils allaient le défoncer, connards ! »
Elle s'excitait dans tous les sens, hors d'elle. Blaise dut la saisir par les épaules pour la calmer un minimum et savoir qui étaient ces gens, exactement. Elle semblait revenir sur Terre, mais son visage pris un air douloureux, et elle regarda la porte, où ils avaient disparu.
« C'était les tuteurs de Harry. Ils l'ont élevé jusqu'à ses huit ans. »
Blaise haussa un sourcil, Nymph' lui dit alors que Harry était orphelin, ses parents étant morts quand il avait un an. Draco cligna des yeux, se remémorant les visages de cette famille. Il entendit Nymph' dire que la femme était Pétunia, la sœur de la mère de Harry. Il y avait son mari, Vernon, et leur fils, Dudley. Draco eut alors une grimace : cette chose était le cousin de Harry ? Il pouvait reconnaître que certaines personnes souffraient d'un surpoids, mais à ce stade, ce n'était plus du surpoids ! Ce type ressemblait à un porc, comme son père. Et Harry avait un lien de parenté avec ça…
« Ces salauds ont fait du mal à Harry. Ils ne l'ont jamais aimé, ils le maltraitaient. C'est pour ça qu'Isaline a obtenu sa garde. Elle a découvert le pot aux roses et le vieux a été envoyé en taule. »
C'était bien, les vacances ?
C'était bien, la prison ?
OoO
Il y eut des cris dans la cuisine. Quelque uns de Harry, d'autres plus forts de son oncle, certains stridents d'Isaline. Elle avait du coffre, celle-là, on l'entendait encore plus que le couple Dursley réuni. Nymph' était en train de tatouer un client, elle était si énervée qu'elle était à deux doigts de lui perforer la peau. Blaise était nerveux, Draco carrément inquiet.
Le blond demanda à Blaise de s'en aller. Le black ne voulait pas le laisser ici, mais le blond répliqua que Harry se sentirait sans doute mal et qu'il pourrait peut-être l'aider. Comme ce fut le cas la veille, quand le blond avait dévoilé ses tracas à son petit ami. Blaise finit donc par s'en aller à contrecœur, laissant son meilleur ami à la boutique. Mais il savait qu'il ne servirait à rien, lui, et si Harry avait besoin de quelqu'un, c'était davantage de Draco.
Nymph' et Draco restèrent donc seuls dans la boutique. Cela faisait bien dix minutes que ça gueulait dans la cuisine. D'abord, doucement, mais les cris avaient rapidement empiré. Ils entendirent soudain la porte de la cuisine claquer et Isaline rugir dans le couloir.
« Fuck you ! »
Elle semblait particulièrement remontée, on n'entendait qu'elle dans le couloir. La voix grave de Mr Dursley montait avec force, et ils entendirent ses pas lourds ébranler le plancher. Il insultait copieusement Isaline, la traitant de tous les noms, mais elle balayait ses injures, les siennes pleuvaient sur lui, et ils sentaient la terreur dans les menaces de Vernon Dursley. Ils entendirent quelqu'un se ruer dans les escaliers, monter les marches à toute vitesse puis claquer une porte, tandis qu'Isaline jetait les Dursley dehors. Pendant quelques secondes, Draco se demanda comment une femme aussi mince pouvait être aussi… forte.
Mais il n'y réfléchit pas longtemps. Laissant une Nymph' furieuse et son client terrorisé, à l'idée de se faire trouer le torse, il passa par la petite arrière-boutique, puis arriva dans le couloir de l'entrée. Il vit Isaline appuyée contre la porte d'entrée, tentant de calmer sa respiration, mais son visage n'avait rien perdu de son agressivité. Le blond monta l'escalier, mais une fois devant la porte, il hésita à entrer. Il toqua quand même, puis entra.
Harry était recroquevillé sur son lit, ses bras entourant ses genoux repliés contre son torse. Il pleurait. De légers sanglots secouaient son corps. Draco sentit une rage indicible monter en lui. Harry avait l'air d'un enfant malheureux, ainsi replié sur lui-même. Son visage souriant s'imposa à son esprit, ses rires et ses yeux brillants. Et, ces connards le faisaient pleurer, il perdait son air enjoué. Ces salauds l'avaient blessé. Il ne supportait pas de le voir ainsi, et la colère fit trembler ses poings.
Que lui avaient-ils dit ? Que lui avaient-ils fait pour le faire pleurer, lui qui semblait si éloigné de tout ça, souriant toujours, réagissant avec force même quand il était blessé ?
Draco ne savait pas quoi faire pour le calmer, pour qu'il arrête de pleurer. C'était pas son genre de consoler les gens, il n'avait jamais su faire ça. C'était plutôt Blaise qui savait le faire. Hésitant, il posa sa main sur l'épaule de Harry et s'assit sur la couette. Le jeune homme ne releva pas la tête, resserrant même ses bras autour de ses genoux. Sûrement de honte. Mais Draco était plus gêné parce qu'il ne savait pas quoi faire, et non parce que Harry pleurait. Ça, ça le mettait plutôt hors de lui.
« Harry ? »
Il passa la main dans les cheveux ébouriffés de Harry, les caressant doucement.
« Harry ? Harry, regarde-moi. Si, regarde-moi, lève la tête…
- Non. Va-t-en. »
Sa voix était mouillée par les larmes. Il ne voulait pas lever la tête. Surtout pas. Il pleurait comme un bébé, tout ça à cause des Dursley, de l'engueulade, des cris d'Isaline, la voix grave de son oncle, leur présence même le replissait d'effroi. Au moment même où il les avait vus sortir de la voiture, ce fut comme si le temps s'était arrêté. Ne restait plus que ce cauchemar, ces années horribles passées dans cette famille, l'obscurité du placard…
Et Draco était là, le regardant pleurer comme le petit garçon qu'il n'était plus. Il avait honte. Honte qu'il le voie ainsi… Qu'est-ce qu'il devait penser de lui, à le voir ainsi ? Qu'est-ce qu'il devait se dire ? Il devait faire pitié…
« Non, je ne pars pas. Harry, lève la tête. Dis-moi pourquoi tu pleures. »
Sa voix s'était adoucie. Il sentait sa main dans ses cheveux, mais il ne voulait pas lever la tête. Alors il sentit les bras de Draco enlacer maladroitement ses épaules. Le blond l'attirait contre lui. Alors Harry enfouit son visage dans le cou de Draco, passa ses bras autour de sa taille, et sanglota de plus bel. Draco l'entourait de ses bras, caressant ses cheveux, son dos. Il embrassa sa tempe, ses cheveux, lui murmurant de se calmer, que c'était fini, que c'était passé.
Il ne savait pas comment réconforter les gens. Il ne l'avait jamais fait, les larmes l'exaspéraient. Mais pas celles de Harry. Pas celles de ce garçon qu'il tenait dans ses bras, qui semblait y avoir sa place, de façon naturelle. Il tentait de le calmer, haïssant les petits sanglots qui heurtaient son corps, caressant son dos, ses épaules, en de petits gestes rassurants. Il avait la sensation qu'ils n'avaient jamais été aussi proches…
Harry finit par sécher ses larmes. Il resta de longues secondes contre Draco, se sentant bien contre lui, enveloppé dans ses bras et ses gestes tendres. Il entendait son cœur battre, sentait ses doigts dans ses cheveux, ou contre son épaule… Mais il finit par s'écarter et s'essuya les yeux avec la manche de son pull. Ils étaient tout rouge et ses joues encore humides. Draco tapota ses poches avant de trouver un paquet de mouchoir qu'il tendit à Harry. Se dernier essuya ses yeux puis se moucha de façon peu gracieuse. Draco ricana.
« La noblesse d'un éléphant.
- Tout le monde n'est pas un aristocrate. »
Sa voix était encore un peu enrouée mais il avait retrouvé son léger sourire. Draco caressa sa joue humide, un air inquiet sur le visage.
« Ils te voulaient quoi, ces cachalots ? (copy right à Jojo Aquarius XD)
- Ma grand-mère est morte et elle m'a tout légué. Ils veulent récupérer la maison.
- Juste ça ?
- Oh… un prétexte. Ils voulaient régler leurs comptes, mais Isaline est pas commode. »
C'était le moins qu'on puisse dire. Draco réalisa soudain que Harry l'avait appelée par son prénom, ce qu'il ne faisait jamais. Il semblait un peu triste, nostalgique…
« Raconte-moi. »
Ce n'était qu'un murmure. Harry baissa les yeux vers sa main, que Draco tenait délicatement, l'effleurant avec son pouce.
Il vida son sac. Raconta ce qu'il avait raconté avec moins de détails à Théo et Ron.
OoO
Ses parents moururent alors qu'il n'avait qu'un an. Il n'y eut pas vraiment de combat pour sa garde. Les seuls membres de sa famille étaient sa grand-mère paternelle qui vivait extrêmement mal le décès de son fils, sa grand-mère maternelle qui ne se sentait pas capable de s'occuper de l'enfant, et enfin sa tante et son époux. Ces derniers furent obligés de prendre Harry chez eux. Après tout, ils avaient un fils du même âge, cela ne pourrait que bien se passer.
Mais ce ne fut pas le cas.
Harry n'exista jamais dans cette maison. Jamais. C'était un animal, une chose dont personne ne voulait, et il le savait. Harry grandit dans cette maison propre et chaleureuse en sachant qu'il n'y était pas le bienvenu. En sachant qu'il n'en faisait pas partie.
Son oncle Vernon le trouvait bizarre. Il le frappait, souvent. Pour un rien. Quand il était sur les nerfs, la plupart du temps. Il l'enfermait dans le placard sous l'escalier, ce qui lui tenait lieu de chambre. Son oncle et sa tante avaient leur chambre à l'étage, Dudley possédait les deux autres. Et Harry vivait comme un animal dans ce petit espace, où il développa sa claustrophobie. Le noir, les araignées et la poussière qui s'accumulait dans les coins le terrorisaient. Combien de fois avait-il pleuré tant le noir lui avait fait peur, et tant il avait mal à cause des coups…
Il n'était pas bien méchant, pourtant. Oui, il parlait mal, mais les Dursley ne l'avaient jamais encouragé à parler, bien au contraire. Oui, il était pâle, mais il ne sortait jamais, sauf de temps en temps dans le jardin. Oui, il était stupide, mais personne ne lui offrait quoique ce soit pour qu'il puisse s'épanouir. Ce n'était qu'un pauvre gosse maigre, avec des bleus, les genoux écorchés, et tout petit.
Il ne s'améliora pas en grandissant. Il était plus petit que son cousin, Dudley, qui le martyrisait. Harry souffrait de ses coups, des humiliations qu'il lui faisait subir, de ses larmes de crocodile, qui entraînaient inévitablement des punitions. Pour lui. Il recevait toutes les punitions. Il les méritait. Il n'avait rien à faire ici. Ses parents l'avaient abandonné parce qu'ils ne l'aimaient pas. Cet enfant leur faisait honte…
C'était ce que sa tante Pétunia lui répétait inlassablement. Si son oncle le rabaissait physiquement, avec sa tante, tout était dans le mental. Harry n'était pas un enfant désiré, il ne servait à rien, sauf à nuire à autrui. Ses parents l'avaient abandonné, ils n'en voulaient pas. Il était laid, stupide. Bon à rien. Et tout ce qui s'en suivait…
Harry souffrit pendant cinq ans. Puis, il rentra à l'école. Oh, ce n'était pas mieux. Ses maîtresses le prenaient pour un attardé, un gamin stupide qui n'intégrait rien. Il apprit pourtant à lire, difficilement. Mais il parlait mal, avait du mal à s'intégrer. Dudley continuait à l'humilier, interdisait aux autres de lui parler. Harry n'avait donc pas d'amis.
Pas de famille. Pas d'amis. Il était tout seul, dans son placard sous l'escalier, avec les araignées.
Ce fut une période sombre de sa vie. De son enfance. Il voyait encore aujourd'hui son oncle et sa tante comme des monstres, tant il avait souffert chez eux, avec leurs brimades, les coups, et cette obscurité du placard… Il passait pour un attardé mental, parce que personne ne l'aidait à apprendre ses leçons, parce qu'il ne parvenait pas à s'exprimer comme les autres. Et il était si maigre, si seul, si… misérable…
Les sept années qu'il passa chez les Dursley furent sept années d'horreur. Pour lui, cette maison était une prison, et cette famille ses geôliers. Il était persuadé qu'il n'avait que ce qu'il méritait, que ses parents ne l'avaient jamais aimé. Il souffrait en silence, personne ne l'écoutait, ni ne voulait l'écouter. Enfin, ce n'était pas comme s'il arrivait à se faire comprendre de toute façon…
Et puis un jour, il s'enfuit de chez lui. Il ne se rappelait plus vraiment pourquoi. Il avait passé le portail, voilà tout. Il n'avait jamais osé, avant. Ne voulant pas se prendre des coups, il avait couru aussi vite et aussi loin qu'il avait pu, traversant des rues qu'il ne connaissait pas. Il s'était perdu, même.
Et elle était apparue. Isaline. Une femme immense, tatouée, ses cheveux bruns et blonds, une allure bizarre dans ses vêtements sombres. Elle l'avait terrifié. Quand elle lui avait choppé le bras en lui demandant ce qu'il faisait ici, il avait été terrorisé. Mais elle avait été douce. Tellement douce. Elle lui avait proposé de venir manger quelque chose, et il l'avait suivie. Parce qu'elle était jolie, et de toute façon, au point où il en était… Elle lui avait alors donné des gâteaux, des bonbons. Elle avait été si gentille avec lui…
Harry était rentré chez lui et s'était fait sévèrement puni. Mais les jours suivants, il était revenu la voir. Pour avoir des gâteaux, des bonbons, et du chocolat chaud. Isaline, elle était magique. Elle souriait tout le temps, elle lui donnait tout ce qu'il voulait. Harry était tombé amoureux. Il s'était dit que, s'il avait une maman, il aurait voulu avoir celle-là. Il aimait comment elle caressait ses cheveux, comment elle lui faisait des câlins, comment elle lui parlait de ses parents… Ses parents qui étaient morts… Sur coup, Harry avait pleuré, et Isaline avait parlé longtemps, très longtemps, lui parlant de James et Lily, tout en le berçant dans ses bras. Il avait été heureux de savoir qu'il n'avait pas été abandonné. Que ses parents l'aimaient, même s'ils n'étaient plus là.
Ce n'était qu'un enfant de huit ans, qui avait vécu dans une maison où il n'existait pas, même pas sur les photos de famille. Oh, il y en avait quelque unes, quand la grand-mère passait. Mais il n'existait pour personne. Il ne pouvait imaginer qu'Isaline l'avait retenu dans la rue parce qu'elle avait reconnu ses cheveux noirs ébouriffés, puis ses yeux verts. Il ne pouvait imaginer qu'elle fut l'amie de ses parents défunts. Que ces gens qui lui disaient tous les jours que c'était grâce à leur bonté qu'il était vie étaient vraiment de mauvaises personnes. Ce qu'il vivait, c'était normal.
Mais cela devint anormal le jour où Isaline découvrit les marques sur son corps. Il vit son visage passer par toutes les couleurs, ses yeux briller de haine, ses dents pincer sa lèvre à sang. Il s'en était suivi d'un long combat, de photos prises de son corps, de médecins, d'assistantes sociales… Une famille d'accueil, aussi, où il s'enfuit un nombre incalculable de fois, pleurant qu'il voulait Isaline. Il voulait Tata Isaline. Il voulait des gâteaux et des bonbons, qu'on lui parle de Papa et Maman. Il voulait Isaline…
Un jour, l'assistance sociale l'emmena chez la tatoueuse. Il ne comprit pas ce qu'elle lui dit, mais quand Isaline lui chuchota à l'oreille qu'il resterait à la maison, maintenant, il ressentit une joie… qu'il ne pouvait pas expliquer. Ni exprimer. Il sut plus tard que, s'occupant des affaires de James Potter en attendant que son fils soit majeur, et ayant été une amie proche du couple défunt, Isaline avait alors obtenu sa garde définitive. Il eut peur que les Dursley reviennent le chercher, et que le long cauchemar qu'il avait vécu se reproduise. Mais Isaline lui avait dit un secret : Oncle Vernon était en prison, parce qu'il lui avait fait du mal.
L'enfant n'avait pas vraiment compris, mais il avait été soulagé : plus personne ne lui voulait de mal. Il n'y avait plus qu'Isaline, qui le prenait dans son lit le soir. Qui ne le frappait pas quand il faisait une bêtise. Qui le disputait gentiment. Qui le reprenait tendrement quand il s'exprimait mal. Il n'y avait plus que Tata et ses câlins. Et puis Nymph'… Et puis Sirius…
***
Draco s'était installé contre le montant du lit, un oreiller dans son dos. Harry était assis contre lui, entre ses jambes, sa tête posée contre son épaule. Il avait raconté son enfance d'une voix qui se voulait calme, mais par moments, quelques larmes coulaient sur ses joues. Alors, Draco caressait ses cheveux, en espérant le calmer. Il n'aimait pas du tout le voir pleurer.
Il savait que ce genre d'histoires existait, mais il n'aurait jamais pensé que Harry en vive une semblable. Comment des êtres humains pouvaient-ils enfermer un enfant dans un placard ? Sans le regarder grandir, en faire un attardé, qui ne pouvait montrer son intelligence parce qu'il ne savait pas bien s'exprimer… Comment pouvait-on le priver de repas, le frapper pour un rien, le punir quand il n'était responsable de rien… Comment pouvait-on le détruire dès la naissance, sous prétexte qu'ils ne l'avaient pas désiré…
Si ces porcs lui avaient donné envie de gerber, Isaline lui avait, au contraire, inspiré le respect. Même si elle avait été l'amie de ses parents, même si elle s'occupait de leurs affaires, rien ne l'avait obligée à le retenir dans la rue. Rien ne l'avait obligée à le prendre chez elle, à le gâter, à l'élever comme son fils. Il l'imaginait avec quinze ans de moins, soulevant Harry pour l'emmener chez elle, l'arrachant à son enfer. Elle était seule, à l'époque, son père était mort depuis quelques années. Elle gérait la boutique et s'occuper d'un enfant n'était pas évident, surtout que Harry s'exprimait mal. Il ne manqua pas de lui dire qu'il était un enfant craintif, quand il renversait un verre d'eau, il tremblait de tous ses membres. L'enfant avait peur pour un rien. Isaline mit du temps à le rassurer. D'ailleurs, il dormit longtemps dans son lit avant de regagner le sien.
Isaline s'était battue bec et ongles, déjà pour le sortir de chez les Dursley et pour que l'oncle Vernon aille en taule, puis pour avoir sa garde. Harry avait tellement pleuré et avait tellement essayé de s'enfuir qu'on la lui avait accordée. Il ne mangeait plus, ne parlait à personne, répétant sans cesse qu'il voulait Isaline. Les services sociaux jugèrent que l'enfant avait assez souffert comme ça.
Isaline l'éleva donc. Il était pourri gâté. Elle le gardait avec elle dans son lit, l'avait toujours à proximité d'elle, répondait au moindre de ses désirs… Harry n'en avait jamais vraiment profité, au fond de lui, il savait que ce ne serait pas bien. Il était jeune, mais pour avoir gouté à la vie chez les Dursley, il savait qu'il devait beaucoup à Isaline. Mais bon, elle n'était pas la seule fautive, car Nymph' finit par se laisser avoir par ses yeux verts et son petit visage tout mignon. Et Sirius, quand il reprit du poil de la bête, devint complètement gâteux. Au point qu'Isaline avait l'air strict, par moments… Mais toute leur vie tournait autour de Harry. Nymph' avait peur de l'extérieur, Sirius était las et fatigué, et Isaline faisait marcher le bateau…
Son parrain était sans doute celui qui gâtait le plus Harry. Il le voyait comme son fils, et ayant passé quelques années en prison pour un crime qu'il n'avait pas commis, il s'en voulait terriblement d'avoir laissé son filleul dans les mains de ces « salopards de riches ». Il voulait se rattraper, effacer ces années sombres de la prison, oublier sa haine envers Peter qui avait provoqué la mort de Lily et James.
« Tu as commencé à vivre seulement quand Isaline t'a trouvé, c'est ça ?
- Oui. C'est grâce à elle que j'en suis ici. Tu sais, des fois, je regrette de ne pas avoir continué l'école. Elle aurait tellement voulu que j'ai un boulot, que je fasse des études…
- Ce n'est pas de ta faute. Et puis, elle est ouverte. Je pense que le principal, pour elle, c'est que tu sois heureux. »
Harry acquiesça d'un mouvement de tête. Il jouait nerveusement avec les doigts de Draco. Raconter ça lui avait fait du bien, et en même temps… Cela avait réveillé de lointains souvenirs en lui. Cela faisait treize ans qu'il ne les avait pas vus, et les voilà qu'ils surgissaient comme dans un cauchemar… Tous ces souvenirs au plus profond de sa mémoire avaient ressurgi. Si Isaline n'avait pas été là, il se serait enfui, ni plus ni moins…
« Et tes grands-mères ?
- La mère de mon père est morte rapidement après le décès de mes parents, l'autre ne voulait pas s'occuper de moi. Je crois qu'elle était persuadée que je serais plus heureux chez les Dursley. D'un autre côté, j'étais toujours très sage quand elle était là, sinon j'étais puni. Et ils sortaient des photos de moi, comme si je faisais partie de la famille… »
Isaline avait d'ailleurs récupéré toutes les photos, et bien qu'elles aient été prises pour de mauvaises raisons, elle semblait quand même heureuse de les avoir.
« Et que s'est-il passé quand ton oncle est allé en prison ? »
Le monde s'était comme effondré. Au début, elle traitait Isaline Anderson de tous les noms, persuadée qu'elle mentait et que ces blessures n'étaient que des petits bleus qu'il se faisait de temps en temps. Mais les médecins furent formels : ce n'était pas des bleus dus à une chute. On pouvait même voir, par moment, les traces des doigts, quand une claque avait été administrée sur la peau pâle, et certains bleus étaient évidemment dus à des coups, vu la couleur des hématomes.
Quand elle comprit que son petit-fils avait bel et bien été battu par sa famille, elle était tombée dans la dépression. Sa fille Pétunia la dégoûtait, tout autant que son mari si respectable et son adorable Dudley. Mais c'était surtout sa fille qui l'écœurait. Comment avait-elle pu accepter ça ? Le fils de sa sœur, son neveu, presque son fils… Et elle avait laissé faire ça, sans rien dire… Elle pensait qu'il avait un problème, à cause de la mort de ses parents, l'accident de voiture…
« Elle a essayé de se faire pardonner, par la suite. Elle m'offrait des cadeaux. Mais je ne l'aimais pas. Je devais être sage devant elle sinon j'étais puni. Elle ne voyait que Dudley, je n'existais pas. Elle ne voyait pas que j'étais pas bien. J'avais huit ans, à l'époque, et je ne pouvais pas lui pardonner. Je l'ignorais, alors. Elle me faisait un peu peur, en fait.
- Sympa pour la mamie. Tu ne lui as jamais pardonné ?
- Ce n'est pas vraiment ça. Disons qu'elle m'était indifférente. Elle a essayé d'entrer dans ma vie, surtout quand j'ai grandi, mais je voulais qu'elle me laisse tranquille. Je gardais trop de mauvais souvenirs. Je lui ai pardonné, je le lui ai dit, même. Mais elle n'a pas lâché le morceau. Elle refusait même que je quitte Londres. Et là, elle est morte.
- Ça te rend triste ?
- Je te l'ai dit : elle m'est indifférente. Je ne vais pas dire que je suis heureux, mais je ne suis pas triste non plus. Et elle a eu la bonne idée de tout me léguer. C'est pour ça qu'ils sont venus : ils veulent récupérer la maison, et tout ce qui va avec. Et ils en ont profité pour régler leurs comptes. Tata est pas commode, et je ne veux pas leur rendre cette maison. Elle ne vaut pas grand-chose, mais si elle m'a tout légué, c'est qu'il y a une raison. »
Elle lui demandait pardon. C'était tout ce qu'elle voulait : lui demander pardon. Elle était désolée pour tout ce qui s'était passé. Harry allait contacter le notaire pour récupérer les biens. Pas que l'argent ou la maison l'intéressent. Si sa grand-mère lui avait tout laissé, alors rien ne reviendrait aux Dursley. Il pensa qu'il allait la vendre, sans doute à un couple de retraités.
Draco caressa les mèches indomptables de Harry et aperçut une drôle de marque sur son front. Il l'avait déjà vue avant, elle avait une forme d'éclair, nette et précise sur sa peau. Il en retraça la ligne avec son pouce.
« Comment tu t'es fait ça ?
- L'accident de voiture. Je ne sais pas, un bout de verre, peut-être. Je n'ai pas vraiment de souvenir de l'accident. »
Il sentit les lèvres de Draco se poser sur sa cicatrice. Il ferma les yeux, à la fois soulagé et serein. Il tenait une main blanche et fine de Draco entre les siennes, jouant toujours avec, caressant sa peau du bout des doigts.
« Beaucoup de gens sont au courant de ça ?
- Non. Hormis Tata, Nymph' et Sirius, il y a juste Ron et Théo. Mais je leur ai donnés moins de détails.
- Blaise est au courant, maintenant, lui dit Draco, sa joue contre le front du brun.
- Pas grave. Je ne veux pas qu'on me regarde avec pitié, c'est tout. Du moment qu'il garde ça pour lui…
- C'est une vraie pipelette, mais il sait quand il doit se taire. »
Harry acquiesça d'un hochement de tête. Il ferma les yeux : il aurait pu s'endormir dans les bras de Draco, et il sentit son cœur battre de plus bel à cette idée. Il avait vidé son sac, Draco l'avait écouté, posant de temps à autres des questions, comme pour le guider, tout en paniquant à chaque fois qu'il se remettait à verser quelques larmes. Le rouge aux joues, il le remercia d'être resté. Draco se pencha pour l'embrasser, puis le dit que ce n'était rien, il ne pouvait pas s'en aller en le laissant comme ça.
OoO
La porte de la chambre s'ouvrit. Isaline jouait comme une démente sur son piano, ses doigts volant sur les touches. A croire qu'elle était possédée. Mais quand la porte s'ouvrit, elle s'arrêta net de jouer et se retourna.
Harry était debout dans l'encadrement de la porte. Il faisait nuit et il portait juste un pantalon de survêtement, laissant son torse dénudé. Le regard de la tatoueuse tomba sur le papillon bleu tatoué à l'emplacement de son cœur, alors que Harry s'avançait timidement dans la chambre d'Isaline. Il s'assit à côté d'elle et le silence s'installa dans la pièce.
« Tu joues depuis combien de temps, exactement ?
- Je sais pas. Au moins vingt minutes. J'arrive pas à me calmer. »
Les Dursley l'avaient mise hors d'elle. Avec leurs critiques, leurs reproches, leurs exigences… Elle s'était tenue tranquille assez difficilement toute la journée, et maintenant, elle se défoulait sur le piano. Harry avait été consolé par Draco, mais ce n'était pas son cas à elle. Personne ne pouvait la consoler, elle n'en avait pas besoin. Elle n'en avait jamais eu besoin…
« Tu veux me dire quelque chose ?
- Je… »
Il se mordilla la lèvre. Isaline fronça les sourcils et pencha la tête vers lui, tentant de capturer son regard, mais Harry fixait ses mains, très gêné, comme un enfant pris en faute.
« Tu sais que tu peux tout me dire, mon chéri, l'encouragea-t-elle.
- Je… Tu sais… »
Il tourna la tête vers elle. Toujours aussi hésitant, gêné, mais avec une petite étincelle dans le regard…
« Je crois que je suis en train de tomber amoureux… »
Putain de merde…
OoO
« Donc, tu comptes y aller seul ?
- Ouais, ma copine m'a largué.
- De toute façon, tu te trouveras quelqu'un !
- J'aimerais trop de que Draco m'invite à danser…
- Tu rêves ! Il sort avec quelqu'un…
- Ouais, un beau brun !
- Tatoueur, il parait… »
Ah, ces commérages… Il ne les supportait plus. Bien sûr, il n'en montrait rien, ce n'était pas son genre, mais qu'est-ce que ça pouvait le faire chier… Non, le terme n'était pas vulgaire. Tout le monde parlait de la fête d'anniversaire de Daphné, même ceux qui n'y allaient pas. Et, évidemment, les personnes « intéressantes » étaient les premières victimes des commérages. Draco faisait partie de cette liste, tout comme Blaise, mais ce dernier était seul, donc on s'en fichait un peu. Mais Draco…
Le blond était prêt à parier que Terry était derrière tout ça. C'était évident. Déjà, un certain nombre d'élèves avaient dû voir Harry, et Boot avait sans doute balancé qu'il était tatoueur. Pas le genre de personnes que Draco fréquentait, et Blaise lui avait affirmé que certains croyaient dur comme fer que Draco s'était fait tatouer. Le blond avait alors levé les yeux au ciel, pensant, pour la première fois, que le boulot de son petit ami n'était vraiment pas avantageux.
Draco et Blaise passèrent dans le couloir, ignorant les regards curieux des commères. Draco avait envie de leur faire bouffer leurs cheveux, il en avait assez qu'on propage des rumeurs, fausses en plus, sur lui. Est-ce qu'il racontait des choses sur eux, lui ? D'un autre côté, la vie des autres ne l'intéressait pas le moins du monde…
Soudain, la source de ses malheurs apparut, dans toute sa gloire. Daphné, portant une jupe atrocement courte et une veste bien trop légère pour la saison s'avançait vers eux, joyeusement, sautillant sur ses talons aiguilles. Draco manqua de grogner de colère et tenta d'écraser copieusement le pied de Blaise, mais il se décala, se retenant tout de même de rire.
« Draco ! Comment vas-tu ? »
Et elle l'embrassa sur les deux joues. Le parfum vaporisé sur son cou lui sauta aux narines et il dut faire appel à son self-control pour ne pas grimacer. Et lui qui se plaignait des parfums de sa mère… Ils avaient au moins le mérite de sentir bon, même s'ils étaient forts…
« Dis-moi, tu peux me passer ton portable ? Le mien a plus de batterie.
- Demande à une de tes copines. »
Elle était suivie d'un attroupement de filles gloussantes, qui ne voulaient sans doute pas lui prêter un peu de crédit.
« Au fait, tu as parlé à Harry ?
- Qui tu veux appeler ? Demanda-t-il en sortant son mobile de sa poche.
- Tu ne lui as toujours pas parlé ?!
- Je comptais le faire tout à l'heure. »
Et Blaise, ta gueule… Pensa-t-il alors que l'autre était à la limite d'éclater de rire. Daphné fronça les sourcils : si Harry ne venait pas à sa fête, elle piquerait un scandale. Draco lui redemanda qui elle voulait appeler, elle lui répondit qu'elle devait absolument joindre Astoria. Draco chercha alors son numéro et lui tendit son portable. La jeune fille parla alors à sa sœur pendant deux minutes, histoire de lui dire qu'elle rentrerait non pas à six heures mais sans doute à dix-neuf heures, parce qu'elle devait terminer la préparation de sa « petite » fête. Puis, elle coupa la communication.
Son regard s'ouvrit en grand quand elle vit la photo en arrière-plan sur l'écran du portable. Elle se demanda d'abord qui était ce beau gosse, pris de dos, avec une aile d'ange sur l'omoplate, tournant alors la tête pour regarder le photographe, puis elle reconnut Harry, sans ses lunettes. Elle eut alors un petit rire amusé, alors que Draco lui arrachait le portable.
« Harry est trop canon sur cette photo ! Il est mannequin ?
- Une de ses amies est photographe, répondit Draco en grinçant des dents, retenant une quelconque rougeur monter à ses joues.
- J'espère qu'il sera aussi beau le jour de mon anniversaire. Allez, à plus. »
Et elle s'en alla avec la troupe de filles qui lui servaient d'amies. A tous les coups, elle avait séché la fac pour venir déjeuner avec ses copines étudiantes en médecine, à moins qu'elles ne sèchent toutes. Et elle était simplement passée voir Draco pour savoir où il en était exactement avec Harry.
Quand elles furent parties, Blaise lui vola son portable et émit un sifflement admiratif : il connaissait cette photo, bien sûr, mais jamais il n'aurait cru que Draco la mettrait sur son portable. De mémoire, il n'avait jamais mis la photo de qui que ce soit sur son portable, ni sur son ordinateur. Ah si, celle de Blaise alors qu'il faisait une grimace mémorable, mais c'était tout… Cette fois-ci, Draco se permit de rougir.
« T'es trop mignon, Dray !
- C'est pas ma faute, marmonna-t-il en tentant de récupérer son bien.
- C'est la faute à Harry qui est, je cite, « trop canon sur cette photo » ?
- Avoue qu'il est beau, dessus.
- Comment tu l'as eue ? Lui demanda son meilleur ami tout en lui rendant son téléphone.
- Je lui ai demandé, samedi. Il m'a fait promettre de ne les donner à personne. Cho a déjà donné son devoir, mais il ne veut pas que ce genre de photos soit diffusé. »
Draco regarda l'écran de son téléphone portable. Il avait longuement hésité avant de la mettre en image de fond. Harry était beau, c'était bien vrai, mais ça faisait tellement lycéenne bourrée d'hormones… Au final, il l'avait mise, en s'interdisant d'y réfléchir, ou sinon il se ferait vraiment honte. Mais maintenant que Daphné avait vu la photo… Il n'avait pas de chance, en ce moment…
Blaise, quant à lui, était plutôt pensif. Le geste de Draco l'étonnait plus qu'il ne voulait l'admettre. Ce n'était pas son genre de se comporter ainsi, bien au contraire. Ni pour la photo, ni pour les baisers, ni pour… il y avait tant de choses que Draco ne faisait jamais d'habitude, et depuis qu'il sortait avec Harry…
Il laissa échapper quelques mots, sans pouvoir les retenir.
« T'es en train de tomber amoureux, toi. »
Draco devint écarlate et lança un regard furibond à Blaise, persuadé qu'il se moquait de lui. Mais tout dans le visage du black montrait le contraire : il était très sérieux quand il disait ça. Mais Draco nia d'un mouvement de tête.
« N'importe quoi. Harry est différent des autres, c'est vrai. Mais je ne suis pas amoureux, loin de là. »
Ses mots sonnaient étrangement faux et il se maudit de penser ça. Il n'était pas amoureux. Il ne l'avait jamais été. Jamais. Ce n'était pas pour lui, ça. Il n'était qu'un éternel insatisfait, un peu comme Blaise.
Mais Harry était différent. Il était tellement différent des autres. Et lui aussi, il était devenu différent, à son contact.
Il secoua la tête.
N'importe quoi.
OoO
« J'ai faim.
- Mange ton poing.
- T'es vraiment bizarre, aujourd'hui.
- Ta gueule, Nymph'.
- Et il est passé où, ton précepte « on ne parle pas comme un charretier sous mon toit » ?
- En vacances aux Bahamas. Va chercher Harry, on passe à table.
- Hey, il s'est passé quoi, avec lui ? Il est tout bizarre, lui aussi. Il est complètement dans la lune.
- T'as pas envie de savoir, Nymph'… »
OoO
Prions pour qu'il soit venu le chercher… Draco n'avait pas du tout envie de sortir sa voiture pour passer chez lui, et encore moins de lui parler de ça par téléphone ou par MSN. Il y avait des choses dont on ne pouvait parler qu'en tête-à-tête.
S'il avait su, en le voyant garé près du trottoir, il aurait été désespéré. Sauf qu'il ne savait pas, justement, et il fut soulagé de le voir. Blaise fit un signe de la main à Harry qui le lit rendit avec sourire. Draco s'avança à pas vifs vers Harry et se pencha rapidement pour l'embrasser.
Tant qu'à faire, il aurait pu prendre son temps. Mais une fois encore, il ne savait pas. Il ne s'en doutait même pas. Mais quand il aperçut Seamus courir presque vers eux, la fureur brouillant ses traits, il comprit qu'il n'aurait jamais dû espérer que Harry vienne le chercher. Ce dernier saisit aussi que ça allait chauffer, il prit alors la main de Draco et la serra doucement, lui faisant part de son appréhension. Le blond se redressa, digne, sans lâcher la main de Harry et défia Seamus de s'avancer davantage. Mais le jeune homme était trop énervé pour reculer maintenant et il se posta devant Draco, serrant les poings, tout en gardant une certaine dignité dans sa façon de se tenir. Mais ses yeux lançaient des éclairs à Harry, à cette main abjecte qui osait tenir celle de Draco, et à Draco lui-même…
« Alors, c'est lui, ton nouveau mec ? Cracha-t-il.
- Ça te pose un problème ? Répondit Draco d'une voix traînante.
- Je suis presque vexé que tu m'ais replacé par… ça. »
Draco serrait les poings, et donc la main de Harry, mais son visage était imperturbable. Harry haussa les sourcils, plus étonné que vexé. Oh, ce n'était pas agréable à entendre, mais il en avait vu d'autres… Et seule la colère animait la bouche de Seamus…
« Tire-toi. Tout de suite. »
La voix de Draco lui donna des frissons dans le dos. Harry voyait son visage se durcir sous l'effet de la colère. Il aurait voulu dire quelque chose, n'importe quoi, mais Seamus le devança.
« Attends, Draco, quand je pense que tu m'as rejeté pour un tatoueur merdique, y'a vraiment de quoi s'étonner. Tu lui trouves quoi, hein ? Il est bon au pieu ? Tu te fais plaisir, avec lui ? J'étais pas assez bon ? »
Harry fronça les sourcils et interrogea Draco du regard.
« Je ne le fréquente pas pour ça. Va baiser Dean et lâche-moi. »
Seamus serra davantage les poings, à deux doigts d'exploser. Draco était comme un mur infranchissable, il ne pouvait pas l'atteindre. Il préféra alors changer de cible. Seamus attira le regard de Harry : ses yeux haineux étaient rivés sur lui, à présent. Il eut un sourire sarcastique.
« Ah ouais ? Vous ne l'avez pas encore fait ? Te fais pas d'illusion, mon cœur : quand il t'aura sauté une ou deux fois, il te laissera tomber comme la merde que tu es. »
Harry sentit Draco écraser ses doigts dans sa main et, à bout, il fit un pas en avant, foudroyant littéralement Seamus du regard. Harry le retint : se levant, il lui prit le bras et le serra fort. Ils ne faisaient pas attention aux regards tournés vers eux, que ce soient ceux des étudiants, de Blaise, ou même de certains profs.
Draco articula lentement, détruisant de ses yeux de glace le visage maintenant apeuré de son ex petit ami.
« Maintenant, tu vas te retourner et disparaître de ma vue. Ou crois-moi que tu vas le regretter. Il me suffit de quelques minutes pour te démolir, Seamus, dans tous les sens du terme.
- Tu crois que tu as tous les pouvoirs, Draco ? Parce que tu as du fric et parce que tu es beau gosse ? T'es rien, Draco, tu…
- Pourtant, tu rêves que je te baise, Finnigan. Tout de suite et maintenant, si je te le proposais. »
Harry sentait que Draco perdait le contrôle et cette conversation ne lui plaisait pas du tout. Mais il ne savait pas quoi dire, il ne savait rien de ses relations avec Seamus… Et l'entendre parler de ça en ces termes…
Seamus aussi perdait le contrôle. Pas de lui-même, mais de la situation. Il savait que Draco était à deux doigts de l'étrangler, il le mettait dans une position délicate, et il était furieux qu'il parle ainsi devant son petit ami. Les colères de Draco Malfoy étaient terribles, et il savait qu'il avait plus à perdre qu'à gagner. Et pourtant, il ne pouvait pas le laisser partir comme ça…
« Tu n'es qu'un…
- Vas-y, dis-le. Insulte-moi, Seamus. Si t'en as dans le pantalon, vas-y. »
Il avait trop à perdre. Bien trop.
« Draco, ça suffit. »
Soudain, leurs regards se tournèrent vers Harry. Il jeta un regard noir à Seamus mais aussi à Draco. Il était un peu plus petit qu'eux, mais lui aussi était en colère, et il le leur faisait sentir.
« Je crois que vous vous êtes assez donné en spectacle. Seamus, toi et moi, on ne se connait pas, alors je ne te permets pas de me juger. Va t'exciter sur quelqu'un d'autre et laisse-nous tranquille.
- Espèce de… !
- Ta gueule. »
Seamus hoqueta, surpris. Draco haussa un sourcil, tout aussi étonné.
« Ta gueule, Seamus. Okay ? »
Le regard de Harry était dur, son visage loin d'être chaleureux comme il l'était d'habitude. Il cloua Seamus sur place. Harry lança un regard entendu à Draco, puis il enfila son casque. Draco en fit de même, et la moto démarra. Et disparut dans la rue.
OoO
« Tu n'es qu'un crétin, Draco ! »
Le blond descendit de la moto et retira son casque. Harry ne descendit pas de l'engin mais retira aussi son casque et lança un regard furieux à Draco.
« Ça te plait tant que ça de te donner en spectacle ?
- Ce connard méritait mieux qu'un « Ta gueule ». Je n'ai pas du tout aimé comment il nous parlait, surtout à toi. »
La colère n'était pas vraiment descendue, surtout pour Harry, car elle avait carrément progressé en lui. Il lança un regard énervé à Draco et passa sa main dans ses cheveux.
« Pas de justifications, Draco. Si j'avais su, je ne serais même pas venu.
- Dis pas ça. Je suis désolé, Harry. »
Et il était sincère. Il en voulait terriblement à Seamus, qui s'était vraiment comporté comme un con. Dire ce genre de choses devant Harry… Déjà, il osait le défier aussi ouvertement, devant Harry, mais en plus il le faisait passer pour un obsédé du sexe… Pour quoi il passait, maintenant ?
« J'ai bien cru que t'allais le frapper.
- Pas très classe comme comportement. »
Harry pouffa. L'atmosphère semblait se détendre, très lentement, mais il ne le regardait toujours pas.
« Pourquoi il a dit ça ? Que t'allais me baiser et me laisser tomber après ? Demanda-t-il, la tête baissée.
- Pour que tu ais des doutes et que tu me largues.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ?
- Je suis sorti trois mois avec lui et je n'ai pas répondu à ses sentiments. On a couché ensemble, et j'ai fini par casser. Il m'aimait vraiment. C'est de la jalousie. Je dirais que je ne me suis pas comporté comme un salaud. J'ai toujours été franc avec lui. »
Harry leva les yeux vers lui. Il semblait empli de doute, et, même si c'était incompréhensible, cela blessa Draco. Harry hésita à parler, mais il se lança.
« Pourquoi il parlait de ça ? Enfin, on est pas proche au point de… Draco, ne rigole pas, je suis sérieux.
- Moi aussi.
- Non, tu te moques de moi.
- Harry, ça fait un mois que nous sommes ensemble, même plus.
- Et alors ?
- Et alors, je dirais que si je faisais une moyenne, j'aurais déjà dû coucher avec toi. »
Draco éclata de rire en voyant le visage halluciné de son petit ami. Il montra le blond du doigt, puis lui-même, l'air de dire « nous deux ? ». Là, pour le coup, Harry était vraiment mignon… Il s'avança, posa la main sur une poignée du guidon et l'autre sur sa hanche, en une pause aguicheuse.
« Oui, toi et moi, dans un lit.
- Ah nan, mais je crois pas que ça va être possible dans l'immédiat… »
Draco éclata de rire à nouveau et Harry sentit ses joues rougir. Coucher avec Draco, après si peu de temps ? Il était si facile de l'avoir dans son lit, une fois qu'on l'eut intéressé ? Ah non, lui n'était pas prêt du tout pour ça…
« Harry, ça ne veut pas dire qu'on va le faire demain. Je te dis que c'est une… moyenne.
- T'as envie de coucher avec moi ? Demanda-t-il, intrigué.
- Qui n'en aurait pas envie ? Répondit le blond avec franchise. Mais là n'est pas la question. Toi et moi, c'est différent, et tu le sais.
- Qu'est-ce qui est différent, entre nous ?
- Déjà, je vais te présenter à mes parents. »
Nouvel air halluciné. Nouvel éclat de rire. Draco s'avança vers le portail qu'il ouvrit d'un coup de badge et de code numéroté, puis les grilles s'écartèrent. Draco lui fit signe de s'engager. Harry remit alors son casque et démarra, pour entrer dans la propriété. Draco referma le portail derrière lui, puis lui dit qu'il pouvait laisser sa moto sans antivol, il ne risquait rien, et ils s'avancèrent ensemble vers l'entrée. Harry n'était pas très rassuré et il dit à Draco qu'il ne voyait pas où était la différence, entre lui et ses précédentes conquêtes. Avant d'entrer, le blond lui glissa que, déjà, il ne s'affichait avec personne de cette manière.
Harry ne put l'interroger davantage : le majordome de Draco était apparu. Mécaniquement, Harry le salua chaleureusement, et Draco songea que les habitudes « commerciales » avaient la vie dure. Mr Dobby, enchanté, prit leurs vestes qu'il accrocha dans la penderie.
Entendant du bruit, Narcissa apparut. Elle découvrit alors un étrange et agréable tableau. Draco, sa fierté, en compagnie d'un jeune homme, plutôt joli garçon, habillé certes de façon décontractée et très simple, mais il se dégageait de lui un charme indéniable. Elle vit les mèches rouges dans ses cheveux, mais ne se fit aucune remarque.
En voyant sa mère, Draco glissa sa main dans le bas du dos de Harry, qui sentit ses joues rosir quand il vit la mère de Draco. Belle, élancée, la peau pâle et les cheveux blond doré relevés en un chignon sophistiqué, elle portait une belle robe saphir qui s'accordait avec la couleur de ses yeux. Il eut une petite impression de déjà-vu, mais il se dit que ce genre de femme ne s'oubliait pas. Pourtant, ça le titillait…
Oh la la, Draco le présentait à sa mère…
« Maman, voici Harry, mon… ami. Harry, voici ma mère. »
Narcissa sembla agréablement surprise. En entendant le mot tatoueur, elle s'était imaginée un homme si tatoué qu'on ne distinguerait plus ses traits, baraqué et plus âgé que son fils. Ce qui n'était pas du tout le cas : le jeune homme présent près de Draco était plus petit, mince, avec une apparence tout à fait correcte, si on omettait ses mèches et les piercings à ses oreilles. Elle avait imaginé pire, mais c'était un bien joli garçon que Draco lui présentait… Pensait-elle sans se douter des tatouages qui recouvraient sa peau…
« Oh, bonjour, Harry. Je suis heureuse de vous rencontrer.
- Moi de même. »
Elle avait parlé en français, mais lui s'était adressé à elle en anglais. Le sourire de Narcissa s'élargit un petit peu plus : tiens donc, ce jeune homme parlait anglais ?
« Vous parlez anglais, Harry ?
- Il est anglais, répondit Draco, voulant abréger les présentations. Papa est là ?
- Non, il est en réunion. Il rentrera tard, ce soir. »
Quand Harry raconterait son après-midi à Isaline et Nymph', ces deux-là penseraient que le pire avait été évité. Car s'il n'avait pas reconnu Narcissa, et réciproquement, car Harry avait grandi et Narcissa avait les cheveux au carré autrefois, elles penseraient que ce ne serait pas du tout le cas avec Malfoy Sr…
Enfin, après qu'ils eurent retiré leurs chaussures, Draco emmena Harry avec lui, assez difficilement car sa mère voulait absolument qu'ils prennent le thé ensemble, et son petit ami ne semblait pas du tout contre cela. Draco en venait à se demander si Harry était hypocrite ou sincère. Nan, il était trop gentil pour être malhonnête… Sauf que quand il s'éventa avec sa main, l'air de dire « ça y est, c'est fini », il se dit que, en fait, il n'était pas si honnête que ça… Bon, il n'allait pas le lui reprocher, il n'était pas mieux.
Draco entra dans sa chambre et referma la porte derrière Harry. Le jeune homme regarda tout autour de lui et il trouva cette chambre immense et pâle plutôt impersonnelle. Il se demanda même comment on pouvait y être à l'aise. Tout était bien rangé, à sa place, et rien ne laissait entendre que cette chambre était à Draco, hormis ses bouquins. Pas de photos, de tableaux…
« Tu as dû rigoler en voyant le bordel de ma chambre.
- Tu n'as pas vu celle de Blaise. »
Draco s'avança vers son lit et s'y assis. Il tapota la place à côté de lui pour que Harry le suive. Alors il s'y assit, attendant la suite. Draco inspira profondément, puis se lança.
« Bon, déjà, il y a quelques petites choses qu'on doit mettre au clair.
- Je suis bien d'accord.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ? Lui demanda Draco.
- Pourquoi tu agis différemment avec moi ? Tu es distant, avec les autres ? »
Les paroles de Blaise lui revinrent en mémoire, mais il les ignora. Il hésita, ne sachant comme s'expliquer. Lui-même avait du mal à comprendre, et pour être sincère, il ne voulait même pas chercher. Mais Harry lui posait une question, et il devait y répondre.
« Je suis assez distant avec les autres, que ce soient mes amis ou non. Enfin, mes amis se comptent sur les doigts d'une main. Je fais certaines choses avec toi que je ne fais pas d'habitude. Déjà, je n'embrasse jamais personne en public, ou alors rarement.
- Mais moi…
- Tu es différent des autres, Harry, soupira Draco. Je dirais que, à ta façon, tu es plus chiant les autres. »
Harry haussa les sourcils sans comprendre. Draco eut un petit sourire en coin : c'était exactement ça, Harry était plus embêtant que les autres personnes avec lesquelles il était sorti.
« Quand je sortais avec quelqu'un, la personne acceptait mon caractère. Tu te rappelles, nos premiers rendez-vous ? J'ai essayé de te séduire, et en général, on se dit que ça fait parti de mon caractère. Tout comme mon côté froid, plutôt renfermé. On s'habitue au fait que je n'embrasse jamais, que je ne témoigne jamais de l'affection en public…
- Tu n'es pas comme ça avec moi, répliqua Harry, qui avait du mal à voir où il voulait en venir.
- Justement. Toi, tu n'as accepté que le côté naturel que j'ai montré. »
Ce que les autres prenaient pour de la fatigue, Harry l'a préféré à son attitude de séducteur.
« Tu vas trouver ça exagéré, mais… Tu as chamboulé mes plans. J'ai toujours dragué de la même façon, et toi tu me forçais à changer de tactique. Alors je t'ai pris la main, parce que je voyais que ça te faisait plaisir, et puis je t'ai embrassé…
- C'était une façon de me séduire ? Dit Harry, le cœur battant, ayant peur de mal interpréter ses paroles.
- Oui. Une façon de t'attirer à moi. Tu m'as forcé à changer, Harry. Et je m'y suis fait, à tout ça. Normalement, quand tu me prends la main, je devrais la repousser, mais je n'y arrive pas. Je n'en ai même pas envie. Quand je te vois, je ne peux pas te dire « bonjour » sans t'embrasser.
- Mais tu fais ça par habitude, ou…
- Si ça me gonflais, j'aurais arrêté. »
Draco prit une mèche sombre entre ses doigts. Il vit le regard de Harry se troubler. Ce qu'il lui disait avait l'air de lui faire plaisir, il n'osait pas vraiment sourire, mais Draco sentait qu'il avait été touché.
« Ce n'est plus de la séduction, maintenant. J'ai besoin de te tenir la main. C'est stupide, mais c'est comme ça. Tu as changé mes habitudes. Il y a d'autres raisons, mais…
- C'est quoi, les autres raisons ? Demanda Harry, alors que le blond tripotait toujours une mèche de ses cheveux.
- Je ne sais pas comme dire… Fit Draco d'un air pensif. Je dirais que tu es… Je ne sais pas, actif. Vivant. Enfin, quand quelque chose ne te plait pas, tu le dis, quoi. Jamais personne ne s'est barré comme tu l'as fait.
- J'imagine, on ne prend pas le risque de se faire larguer par un beau gosse contre toi, ironisa le tatoueur.
- Mine de rien, personne ne m'a jamais défié comme ça. D'habitude, les gens gueulent, mais ils ne me plantent pas comme un con dans la rue. Ou dans la voiture. Si tu prends Seamus, il a accepté ma façon d'être tout en exigeant que je réponde à ses sentiments. Pas vraiment compatible.
- Tu ne l'aimais pas ?
- Pas comme il le voulait. C'est quelqu'un d'assez spécial, il n'est pas foncièrement méchant, mais c'est quelqu'un de sensible et très impulsif. Il sait gueuler, mais il ne sait pas agir. Bref. En plus, une chose qui est adorable chez toi, c'est que tu ne me forces à rien.
- C'est-à-dire ? S'étonna Harry.
- Tu ne me forces pas à te voir, tu n'exiges rien, tu ne veux pas montrer au monde entier qu'on est ensemble… Bon, c'est vrai que je suis démonstratif avec toi, mais quand même. J'ai vécu un véritable Enfer avec Astoria, et Seamus n'était pas mieux.
- En même temps, toi non plus, tu ne me forces à rien.
- Donc voilà pourquoi j'agis différemment avec toi. Tu es chiant, mais même temps, tu es moins prise de tête.
- Je suis un paradoxe ambulant, sourit Harry.
- Un peu moins que Théo, quand même. »
L'atmosphère s'était détendue. Harry était rassuré, ce que Draco lui avait dit lui faisait plaisir, mais en même temps… Il repensa à la confession qu'il avait faite à Isaline. Il se sentit rougir, et Draco ne sut pas interpréter la coloration soudaine de ses joues. D'ailleurs, quand Isaline allait entendre Harry lui raconter son après-midi, elle prendrait cette conversation plus pour une déclaration d'amour que comme une mise au point…
« Bon, alors, passons aux choses sérieuses. Si je t'ai fait venir, ce n'est pas pour rien.
- Ah oui ?
- Tu te rappelles de Daphné ? Oui ? Bon, parfait. Elle aussi se souvient très bien de toi, et figure-toi qu'elle veut absolument que tu viennes à son anniversaire. »
Harry ouvrit de grands yeux, surpris. Il allait demander pourquoi, mais Draco le devança, lui expliquant que c'était lui qui avait été invité, et ses parents lui avaient demandé d'y aller, même s'il n'en avait pas envie, et les personnes invitées qui étaient en couples devaient donc venir avec leur moitié, sinon ils se faisaient écarteler. Etant donné que Daphné connaissait Harry, elle voulait qu'il vienne.
Draco lui avoua que c'était une sorte de test. Pour voir comment lui se comporterait avec Harry, comment il agirait avec Astoria. Elle n'était pas censée venir, mais il était évident qu'elle allait ramener son derrière. Daphné espérait peut-être une confrontation avec Seamus… Draco n'avait pas du tout envie de s'y rendre mais son père voulait qu'il y aille. Il n'avait pas vraiment le choix.
« Tu veux bien venir ? Lui demanda Draco d'un air faussement implorant.
- J'ai le choix ?
- Pas vraiment.
- Comment je dois m'habiller ? Soupira Harry en voyant déjà le tableau.
- Certaines personnes qui seront à cette fête porteront trois cents euros sur eux, sans doute plus.
- Hors de question que je porte trois cents euros sur moi ! S'exclama Harry.
- Il n'y aura que des gens comme ça. Je ne te demande pas de te ruiner, juste que tu sois mis en valeur. C'est trop demander ?
- Tu as honte de moi ?
- Je demanderai à Isaline de s'occuper de toi, vu que j'ai votre numéro, fit Draco sans l'écouter.
- Il y aura Blaise ? Demanda Harry.
- Oui, et il m'a dit que Théo serait invité, lui aussi. Ne sois pas étonné, son père a de l'argent et il est célibataire. Il y aura aussi Seamus, Astoria et Tracey. Mes ex.
- Elle est marrante, ton affaire… Déjà que Seamus ne peut pas me voir…
- Il y a autre chose dont je voudrais te parler, mais je ne veux pas que tu te vexes. »
Ces quelques mots éveillèrent la curiosité de Harry. Draco lui avoua que, durant cette fête, il agirait complètement différemment avec lui. Il serait plutôt distant avec lui, pas par honte, il avait dépassé ce stade depuis longtemps, mais parce qu'il n'aimait pas être démonstratif en public, surtout que chacun de ses faits et gestes seraient décortiqués par les invités. Cela dit, peut-être qu'il ne résisterait pas et se comporterait comme d'habitude, mais dans le cas contraire, il ne voulait pas que Harry se sente vexé.
« Tu ne vas quand même m'éviter, hein ? Demanda le jeune homme d'un air inquiet.
- Je ne te quitterai pas d'une semelle, ne te fais pas de soucis pour ça. Ça marche toujours ?
- Si je ne viens pas, il se passe quoi ? Demanda Harry par simple curiosité.
- Daphné passera te voir et te forcera à venir, répondit Draco le plus naturellement du monde. Elle est très persuasive quand elle veut. Je préfère éviter qu'elle continue à dire des conneries sur moi.
- Pourquoi elle t'invite si elle ne t'aime pas ?
- A ton avis ? Pour attirer les gens. Même si on sort ensemble, ça ne veut pas dire que ça va durer. Mon record, c'est trois mois.
- Génial… »
Et Harry se laissa tomber en arrière. Draco pouffa : il avait l'air très enjoué à l'idée d'aller à cette fête. Ça n'allait pas être évident pour lui, mais Draco ne le lâcherait pas une seconde, et il ne permettrait pas qu'on lui parle comme Seamus l'avait fait aujourd'hui.
« Draco ?
- Hm ?
- Qu'est-ce que tu as voulu dire par « je vais te démolir, dans tous les sens du terme » ?
- J'ai plein de relations.
- Et tu les utilises souvent ?
- En cas de force de majeur. »
Il lui raconta que, un jour, Blaise avait failli se faire avoir par une fille. Ses parents étaient de bons catholiques qui refusaient qu'elle fréquente un Noir, et quand elle tomba enceinte, elle cria sur tous les toits que Blaise l'avait violée, mais qu'elle ne pouvait avorter, religion oblige : garder l'enfant de l'héritier d'une famille riche n'était pas une mauvaise idée, après tout. Blaise était désespéré et Draco dut utiliser ses relations pour faire taire cette fille. Menacée, elle accepta au final de faire un test de grossesse, qui révéla que Blaise n'était pas le père.
« Après, j'ai tout fait pour qu'elle soit humiliée.
- Tu es cruel, Draco.
- Elle l'était aussi. Elle était persuadée que Blaise était le père, mais elle couchait avec un autre. Bref, depuis, Blaise est fidèle à la capote. Les filles sont flippantes.
- Comment tu fais pour avoir des relations, comme ça ?
- Les amis de mon père, leurs fils, les relations des gens que je fréquente… Je n'ai pas un super réseau, non plus, mais je connais pas mal de gens. Et puis, tu sais, avec l'argent, on peut tout avoir. La carte de crédit de mon père est plutôt utile, dans ces cas-là.
- J'ai pas intérêt à me foutre de toi, alors. »
C'était dit sur le ton de la plaisanterie, mais Harry se dit qu'il avait assez vécu d'emmerdes pour ne pas en subir davantage. Draco s'allongea près de lui, redressé sur son coude, le regardant de ses yeux orage. Il avait son petit sourire en coin, Harry le trouvait incroyablement sexy.
« En cas de force majeur, j'ai dit. Je ne prends pas plaisir à pourrir les gens, moi. »
Et il se pencha vers lui pour embrasser sa bouche. Puis, il fouilla dans sa poche de jean.
« Autre chose : Daphné va sûrement me charrier, et toi aussi.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que tu as fait encore comme bêtise, hein ? Fit Harry d'un air moralisateur.
- Ça. »
Draco lui montra son portable. Harry ouvrit de grands puis éclata de rire. Draco leva les yeux au ciel : oui, il avait mis la photo de Harry sur son portable, oui, c'était ridicule et stupide. Ça devrait être interdit d'être aussi bandant sur une photographie.
« Comment elle a vu ça ?
- Elle avait besoin de téléphoner. Arrête de te foutre de moi, tu veux ? »
Mais Harry gloussait, hilare. Draco se souvint alors de son air froid, devant la fac, de son visage dur et de son regard enflammé. Chassant ces pensées, il planta un baiser sur les lèvres charnues de Harry, qui se tut alors. Draco était appuyé sur son bras, et il se laissa aller en avant, se couchant à moitié sur Harry. Il glissa ses lèvres sur le cou de Harry, déposant de légers baisers sur sa peau, ses mains effleurant ses hanches.
Harry sembla soudain se rendre compte de sa position, allongé sous Draco. Une de ses mains caressait doucement sa peau sous le bas de son pull et son tee-shirt, envoyant de petits frissons dans tout son corps, et ses lèvres glissaient de son cou vers sa mâchoire. Il fut secoué d'un tremblement craintif, et ses mains se posèrent sur les épaules de Draco, dans le but premier de le repousser, mais le blond l'embrassa à nouveau sur la bouche, glissant sa langue entre les lèvres du tatoueur, cherchant sa jumelle, pour démarrer une danse endiablée. Les bras de Harry enserrèrent alors son cou, perdu dans ce baiser passionné, caressant les mèches ordonnées de Draco. Il sentit la main du blond descendre vers sa cuisse, allumant un feu en lui. Encore une fois, il voulut le repousser, mais ses doigts se firent plus sages, remontant vers son ventre, ses côtes, pour ne plus en bouger.
Quand ils se séparèrent, Harry était haletant, les joues écarlates et ses yeux verts brillant de mille feux. Draco avait envie de le toucher davantage, mais il se dit qu'il avait largement le temps de le découvrir. Il devait y aller doucement, tout doucement. Il voulait un Harry consentant et prêt. Abandonné dans ses bras, confiant…
« Les garçons !! Vous descendez pendre le thé ?? »
Draco étouffa un juron dans le cou de Harry qui, lui, éclata de rire.
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
