Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
...
Lys : Coucou tout le monde ! J'espère que tout le monde va bien. Je suis désolée pour ce retard mais ce chapitre nous a donné du fil à retordre lors de sa relecture...
...
Lys : Bah quoi ? Qu'est-ce qui se...
ENFIN !!!
Lys : O.ô ? Gné ?
Enfin !! The rencontre !! Depuis le temps qu'on l'attend...
Lys : A little pétage de câble...
J'espère que ce chapitre vous plaira !! ^.^
Lys : Rogue est trop mignon de dans :p. A sa façon, quoi...
J'avoue ! Dis, je me disais un truc...
Lys : Quoi donc ?
Il est super long, ce chapitre...
Lys : 27 pages en taille 10.
Ah voui... Bref ! Sinon, j'ai une annonce à faire !
Lys : Encore...
Tais-toi. Il arrive que certains tatouages soient farfelus dans cette fic, mais ils sont véridiques !
Lys : Les gens te croient même pas alors tais-toi.
T.T
Bonne lecture !
Chapitre 16
Harry se réveilla. Enfin, il était déjà réveillé, le sommeil le quittant peu à peu, mais il refusait d'ouvrir les yeux, car malgré tout, la fatigue de la veille et l'engourdissement de ses membres n'encourageaient en rien ses paupières à se soulever.
Son regard tomba sur Draco, blotti dans ses bras, qui dormait profondément. Son souffle régulier caressait son visage et, malgré le manque de lumière dans la chambre, Harry distinguait chaque trait de son visage. Il eut un sourire, puis caressa sa joue du bout des doigts.
Les évènements de la soirée lui revinrent en mémoire. Il frissonna en repensant à l'accident, le choc de la première collision, puis de la seconde. Terrifié, il avait eu envie de vomir, à moitié étouffé par les airbags, l'esprit et le corps paralysés par le choc et sa claustrophobie qui s'éveillait. Il aurait dû hurler, devenir hystérique, mais il avait trop peur pour bouger, aussi bien pour lui que pour les autres, à l'arrière.
Puis, il y avait eu les pompiers, ce grand homme qui s'était occupé de lui avec soin, mais ses pensées étaient tournées vers Isaline, à la maison, qu'il devait prévenir, puis son regard s'était posé sur le visage décomposé de Draco. Tout était si sombre dans la voiture et ses yeux embués de larmes n'avaient pas réussi à distinguer clairement son visage. Et puis, il avait perdu ses lentilles, la première lors de l'accident, puis la seconde, il ne savait plus exactement quand. De toute façon, au moment même où la voiture avait été percutée, il s'était cru comme dans un rêve, tout était devenu flou autour de lui. Il se souvenait juste que, quand Sirius était arrivé, il ne voyait déjà plus rien.
Mais il se rappelait parfaitement du visage pâle et fatigué de Draco, ses dents qui pinçaient sa lèvre inférieure, ses mains qui se nouaient nerveusement. Il y avait du remord, en lui, de la culpabilité. Alors Harry s'était assis contre lui, tentant de le consoler, mais il ne savait pas trop quoi lui dire. Au commissariat, ils étaient restés plus distants, et les interrogatoires s'enchaînaient, sans qu'ils ne puissent jamais se consulter. En plus, ils n'avaient même pas atteints le commissariat ensemble. Draco était parti avec Théo, puis Blaise et Harry avaient été emmenés à leur tour. Harry ne savait même pas ce qui s'était dit, ni ce qui s'était passé quand Draco avait terminé de remplir les formalités. Un homme bourru était apparu dans la salle d'attente, le blond s'était levé avant même qu'il ne prononce un mot, puis il était revenu, et le silence avait régné dans la voiture.
Avant qu'il ne revienne à l'accueil, un agent était passé leur dire que Draco ne voulait pas qu'ils l'attendent. Isaline l'avait remercié, semblant comprendre, mais il était hors de question qu'elle bouge ses fesses de ce banc minable avant que Draco ne soit sorti. Elle lui avait dit qu'elle ne pourrait jamais dormir tranquille si elle le laissait là, vu la soirée horrible qu'il avait passée.
Harry se souvint vaguement de la maison, de la douche rapide qu'il avait prise puis de son lit. Il avait pris Draco dans ses bras, il avait senti ses doigts s'accrocher à son haut de pyjama, puis il avait sombré dans le sommeil. A présent, il était réveillé, et il se rendit compte à quel point la soirée avait été longue et difficile. Il n'avait servi à rien, Draco avait dû tout supporter seul.
Pendant un long moment, Harry regarda Draco dormir. Il s'en voulait de ne pas avoir été plus utile, étant trop obnubilé par Isaline qu'il devait prévenir, le choc de la voiture et son envie de vomir pour vraiment soutenir Draco. De légères cernes soulignaient les yeux du blond, mais son visage était serein, reposé, si loin de cet air qu'il avait affiché la veille. Harry caressait ses cheveux du bout des doigts, effleurait sa joue.
Il se sentait bien. Dans son lit, avec Draco, il se sentait bien. Son cœur battait un peu plus fort dans sa poitrine, il avait envie de l'embrasser. Il se traita d'idiot : avoir des pensées aussi mièvres ne lui ressemblait pas, surtout dans un moment pareil… Après ce qui s'était passé la veille… Mais c'était plus fort que lui, il succombait…
Draco fronça les sourcils. Il était en train de se réveiller. Il gigota dans ses bras et poussa un soupir quand Harry l'embrassa sur le front. Draco ouvrit alors les yeux, deux iris bleu gris, encore embuées par le sommeil tout proche. Un léger sourire se forma sur les lèvres de Draco.
« Bonjour, dit Harry. Bien dormi ?
- Très bien. Tu es un bon oreiller. »
En effet, leur position avait changé au cours de la nuit, et Draco était presque allongé sur Harry. Ce dernier avait l'habitude de dormir sur le dos ou sur le ventre, et la position sur le côté ne lui plaisant pas, il s'était allongé sur le dos inconsciemment. Draco n'avait pas voulu laisser partir sa bouillotte, et sa tête se retrouvait maintenant sur l'épaule du brun.
« Je bouge quand je dors.
- J'avais remarqué. »
Harry fit une petite moue vexée et Draco l'embrassa paresseusement sur les lèvres. Peu à peu, le sommeil le quittait vraiment et les détails de la veille lui revinrent, peu à peu, en particulier la culpabilité qui l'avait suivi jusqu'à ce qu'il s'endorme. Harry haussa les sourcils en voyant un pli soucieux se former sur le front de Draco.
« Ça ne va pas ? Tu as mal quelque part ?
- Désolé, pour hier. »
Harry poussa un grand soupir. Draco leva la tête vers lui, mais soudain, il se sentit basculer en arrière. Il roula sur le dos, Harry sur lui, et le brun s'installa confortablement sur son corps, croisant les bras sur son torse. Draco haussa un sourcil. Harry se mordilla la lèvre, le blond était trop mignon quand il faisait ça…
« Tu n'y es pour rien, Draco. D'accord ? Arrête de ressasser tout ça…
- Harry, l'accident… Tenta-t-il, en vain.
- Draco, je veux que tu arrêtes de penser à ça. Personne n'a été blessé, sauf Seamus, mais il ne t'en veut pas, il te l'a dit hier. Je ne pense pas qu'il disait ça pour te faire plaisir. Tu n'y es pour rien, tu ne pouvais prévoir.
- Tu aurais pu mourir… et les autres, aussi… »
Il avait rajouté ces derniers mots en voyant la surprise se dessiner sur le visage de Harry. Mais maintenant qu'il pouvait vraiment réfléchir, libéré de toute la fatigue qui l'avait abruti la veille, il se rendait compte que, ce qui le faisait culpabiliser, c'était la mort possible des autres passagers, et celle de Harry, en larmes près de lui, qui était prêt à vomir, à côté de lui. Harry… qu'il ne voulait pas perdre, pour rien au monde…
« Draco… »
Qu'il aimait quand Harry prononçait son prénom. Ce prénom bizarre que ses parents avaient sorti d'il ne savait où. Un prénom qu'il n'aimait pas vraiment, mais qui prenait un tout autre sens quand Harry le prononçait.
« Ne pense pas à ça, d'accord ? On est vivant, c'est le principal. Alors arrête de t'en vouloir, s'il te plait. »
Que c'était niais… Les pensées qu'il avait pour Harry, les… sentiments qu'il ressentait pour lui… Que c'était mièvre… Mais il ne pouvait que se sentir ramollir quand Harry prononçait son prénom, quand il le regardait avec ces yeux verts si particuliers, quand il lui caressait la joue légèrement… Il était stupide…
Stupidement attiré par un tatoueur aux cheveux ébouriffés, tatoué, qui ne savait pas s'habiller…
« D'accord, admit Draco. Je vais essayer.
- Bon, voilà une bonne chose de faite, fit Harry, plutôt content.
- Et toi, tu te sens mieux ?
- Comme quelqu'un qui vient de servir d'oreiller à son petit ami. C'est pas désagréable. »
Le jeune homme souriait. Draco lui rendit son sourire et glissa ses mains sur ses épaules, son cou, et l'attira à lui pour un baiser tendre. Il l'enlaça et, tout en le tenant contre lui, il le fit doucement basculer sur le côté, s'allongeant sur lui, sans briser leur baiser. Harry avait passé ses bras autour de son cou, noyant ses doigts dans les cheveux blonds de Draco, qui l'embrassait à pleine bouche, tentant de faire passer toute sa frustration, toute sa peur de le perdre, ses sentiments pour lui…
Harry répondait avec ferveur, mais il manqua bientôt d'air. Draco s'écarta mais ne laissa pas pour autant, car ses lèvres embrassèrent sa mâchoire, puis son cou, le creux de son épaule… Harry ferma les yeux et poussa un soupir, il sentait les mains de Draco sur ses hanches, sous son haut de pyjama. Pas de caresses très appuyées et ambigües, mais il ne voulait pas que ça aille trop loin… même s'il en avait envie.
« Dray, arrête…
- C'est la première fois que tu m'appelles comme ça.
- Ah bon ?
- Hm Hm.
- Dray, regarde l'heure au lieu de me faire des suçons.
- Tu veux que je t'en fasse un ? Demanda-t-il soudain avec entrain.
- Regarde l'heure, crétin ! S'exclama Harry, écarlate, en le repoussant et lui montrant le réveil.
- Pourquoi tu ne le fais pas toi-même ? »
Harry soupira et approcha le réveil de ses yeux. Draco avait oublié qu'il était myope, étant donné qu'il portait des lentilles la veille. Les yeux de Harry s'arrondirent de surprise et il éclata de rire. Draco regarda l'heure : onze heures et demie. Déjà ?! Il éclata de rire à son tour. Harry tenta de reprendre contenance, mais il était si tard, Isaline devait être en train de préparer à manger…
« Tata doit préparer le déjeuner, à tous les coups.
- C'est sûr. J'avais oublié que tu étais myope, dit Draco en reposant le réveil sur la table de chevet. Tu portais des lentilles, hier.
- C'était pour ne pas être gêné, mais je trouve les lunettes plus pratiques.
- Je te préfère avec des lunettes.
- Sérieux ?! S'exclama Harry, surpris.
- Oui, sérieux, répondait Draco avec un sourire, croisant les bras sur le torse ferme du brun.
- On m'a toujours dit que j'étais mieux sans lunettes. Enfin, ceux qui s'intéressaient à moi.
- Même tes ex ?
- Oui. »
Surtout lui, d'ailleurs. Il avait essayé de le convaincre de porter des lentilles et d'abandonner enfin ses lunettes. Il n'avait jamais cédé. Ça aurait paru trop bizarre pour Isaline, lui qui n'aimait pas en mettre. Et il se sentait si nu, sans ses lunettes…
« Ah. Bon, tu es mieux sans, c'est vrai. Ne me regarde pas comme ça, laisse-moi finir. Donc, tu es mieux sans, mais je te préfère avec. Ça te donne un côté gamin. Et un Harry sans lunettes, c'est plus un Harry. »
Le jeune homme rougit. Nymph' avait toujours dit ça, quand Sirius avait tenté de convaincre Harry d'abandonner ses lunettes. Le jeune homme avait dû se battre sur deux fronts : Sirius qui voulait qu'il mette des lentilles et Nymph' qui voulait absolument qu'il change la forme de ses lunettes.
« De toute façon, je ne mets jamais de lentilles. Et maintenant que je les ai perdues…
- Tu les as perdues ?
- Oui, hier… »
Draco fronça les sourcils et Harry regretta de lui avoir dit ça. Il aurait dû fermer sa bouche… Draco lui demanda à partir de quel moment il avait perdu ses lentilles et Harry avoua au blond qu'il avait perdu une lentille après la collision : le choc, les larmes, il n'en savait rien, mais la lentille s'était décollée. Et puis après, il avait perdu l'autre, mais il ne se souvenait plus quand.
« Harry, ta vue est mauvaise, tu te souviens bien quand tu…
- Pas vraiment, je nageais dans le brouillard.
- Tu ne te rappelles pas d'un moment ?
- Pas vraiment. Quand Sirius est venu chercher Blaise et Théo, je ne voyais plus rien. Draco, c'est pas grave, ce ne sont que des lentilles… Je ne les mets jamais. Là, c'était juste pour te faire plaisir. Allez viens, on va voir Tata, je commence à avoir faim. »
Draco se décala et Harry put se redresser. Il tâtonna sur sa table de chevet pour prendre ses lunettes mais le blond le devança, se penchant pour les attraper. Il tourna la tête de Harry vers lui et mit délicatement les lunettes rondes sur son nez. La vue de Harry sembla s'éclaircir : il voyait enfin nettement.
Ils se levèrent et sortirent de la chambre, toujours en pyjama. Puis, ils descendirent les escaliers, menés par la douce odeur de nourriture venant de la cuisine. Quand ils apparurent, Isaline était en train de regarder vaguement la télévision posée sur le frigo. Elle eut un grand sourire quand elle vit les garçons.
« Ah bah enfin ! J'ai cru que vous ne vous réveilleriez jamais ! »
Elle sauta sur Harry qu'elle serra fort dans ses bras puis l'embrassa sur la joue. Cette scène fit envie à Draco : sa mère ne manifestait pas autant d'amour à son encontre… Mais Isaline lui sauta aussi dessus, le prenant dans ses bras. Draco se raidit, sous le regarda amusé de Harry. Isaline lui fit un grand sourire.
« Alors, beau blond ? Tu vas mieux, on dirait ! Tu as moins une tête d'enterrement.
- Merci pour hier, Isaline.
- Oh, arrête ! J'aurais jamais pu dormir tranquille ! Il fallait que je reste, et puis tu sais, au point où j'en étais… Et puis… »
Elle sembla un peu hésitante, mais elle se lança quand même.
« Tes parents ne sont pas venus. »
Draco encaissa le coup sans montrer le moindre sentiment, mais Isaline sentit qu'elle avait touché un point sensible. Il se composa un sourire ironique.
« Mon père n'est pas chez moi. Ma mère n'est pas du genre à se déplacer en pleine nuit. Et puis, je gérai la situation.
- Mouais… Bon, bref, tu vas pas me remercier dix fois, c'est normal. Vous avez faim ? J'avais que des patates et du jambon… Faudra faire les courses, Ryry ! »
A ce moment-là, on sonna à la porte. Isaline partit ouvrir, en se demandant bien qui pouvait venir chez elle à une heure pareille, un dimanche, tandis que les deux garçons mettaient la table. Draco n'était pas du tout motivé pour aller s'habiller, ce qu'il faisait pourtant dès qu'il se levait. Pas plus que Harry, d'ailleurs, dont le pantalon de pyjama tombait sur les hanches.
La voix joyeuse de Sirius leur parvint. Ils ne purent voir, ni même deviner, le visage exaspéré d'Isaline. Elle savait que Sirius était venu, non pas parce que Severus déjeunait avec des collègues comme il le prétendait, mais bien parce qu'il voulait voir à quoi ressemblait Draco. La tatoueuse ne put que le laisser entrer, même si elle aurait bien voulu lui claquer la porte au nez…
« Salut les jeunes ! »
Harry vint vers lui et Sirius le serra dans ses bras puis l'embrassa dans les cheveux, comme il le faisait toujours. Draco se sentit un peu gêné par sa tenue, à savoir un pyjama, mais il fallait croire que cela n'ennuyait pas le moins du monde Sirius qui lui tendit la main. Draco la serra avec franchise, répondant poliment au sourire chaleureux de Sirius.
« Je suppose que tu restes manger, hein ? Maugréa Isaline.
- Oh, tu m'invites ?
- Pas besoin de moi, tu t'invites tout seul. »
Sirius s'installa à table et les garçons en firent de même. Draco se retrouva donc avec Sirius et Harry à sa droite et à sa gauche, et Isaline en face de lui. Elle leur servit le repas, composé de simples pommes de terre et d'une tranche de jambon, avec un yaourt, le frigo étant quasiment vide.
Le repas fut plutôt agréable. Tout était dans le « plutôt ». Draco n'eut pas le temps de s'ennuyer une seconde avec Sirius, qui se révéla être un homme bavard, un peu lourd sur les bords, mais terriblement intelligent derrière son air un peu bête. Il faisait l'idiot, mais Draco comprit rapidement qu'il ne devait pas se fier aux apparences. D'ailleurs, il fut étonné que son professeur ait choisi un homme aussi épuisant comme amant, car Sirius était sympathique, mais fatiguant vu tout le bruit qu'il produisait à lui seul. Cependant, il comprit que M. Rogue n'avait pas choisi l'homme le plus stupide qui soit : Isaline ayant mis les informations, Draco eut une conversation intéressante avec Sirius à propos des élections européennes, le blond n'y connaissant quasiment rien. Son seul défaut, à vrai dire, était justement qu'il était bavard et bruyant, donc son principal trait de caractère.
Autre chose : Draco ne se faisait pas d'illusions. Si Sirius était présent, c'était simplement pour savoir à qui il avait affaire. Oh, il était bien plus ouvert que Nymph' et il riait avec plaisir. Il était de ces gens qui vous mettaient à l'aise d'entrée de jeu. Isaline était impénétrable, mais on sentait quand elle appréciait les gens qu'elle mettait à l'aise ou non. Ce qui n'était pas le cas de Sirius : Draco était incapable de dire s'il avait fait bonne impression, si l'homme était sincère ou s'il jouait la comédie. A vrai dire, il lui faisait penser à son arrière-grand-mère, aujourd'hui décédée : il se souvenait d'elle comme d'une femme remplie d'entrain et il mit longtemps à comprendre que la vieille Mamie Irma était bourrée d'hypocrisie à en vomir.
Malgré ses doutes et la crainte de faire un faux pas, Draco ne pouvait s'empêcher d'être en confiance, l'entrain de Sirius était irrésistible. Et puis, il sentait qu'il avait un allié. Ou plutôt, une alliée. Harry se doutait peut-être que son parrain avec des idées derrière la tête, mais il était évident qu'il ne se risquerait pas à la remettre à sa place quand il allait trop loin, ce qui était par contre le cas d'Isaline, qui ne se gênait pas pour lui écraser les orteils ou lui taper le bras avec sa serviette. Une alliée de choix qui rembarrait Sirius quand il partait trop loin dans ses délires.
Draco eut donc un repas relativement agréable. La présence de Sirius était à la fois sympathique et stressante. Vu comment Isaline le regardait, elle devait parfaitement lire en lui, mais ce n'était pas du tout le cas de Draco. Pas plus que de Harry, d'ailleurs. De plus, même si le plat n'était pas bien compliqué, Draco commençait à prendre goût à cette cuisine simple rehaussée par une ambiance agréable.
Isaline leur servit du café, histoire de digérer un peu. La conversation dériva sur l'accident. Sirius y allait doucement et il avoua à Draco qu'il avait vécu le même drame, avec Severus dans la voiture. Ce dernier s'était d'ailleurs retrouvé avec la jambe dans le plâtre, une aubaine. Draco avait haussé un sourcil en entendant ces mots, alors Isaline avait précisé que, au moins, Severus pouvait se servir de ses deux bras, notamment pour se laver ou couper ses aliments. Dans le cas contraire, il en aurait vraiment voulu à Sirius.
Ce que Sirius ne raconta pas, c'était que cela s'était produit lors d'un de leurs rendez-vous, au tout début, quand Sirius tentait de le séduire. Il s'en était tellement voulu pour cet accident, ayant passé la nuit au poste tandis que Severus se faisait plâtrer à l'hôpital, qu'il avait décidé d'abandonner la partie. Il culpabilisait vite quand il se savait en tord, même si, pour le coup, c'était une autre voiture qui avait provoqué l'accident. Severus avait été tellement furieux que ce crétin de clébard abandonne à cause d'un accident dont il était la victime que, campé sur ses béquilles, droit comme un « i », enveloppé d'une classe indéniable en dépit de son plâtre énorme, il était venu remettre les idées en place à son prétendant. En clair, il lui avait fait comprendre qu'il ne le laissait pas indifférent…
Mais ça, il le garda pour lui, même si Isaline et Harry étaient parfaitement en courant : elle avait passé la nuit avec lui à attendre que les flics en terminent avec les interrogatoires et les formalités et Harry et Nymph' avaient ramené Severus chez lui. Une nuit horrible qui avait pourtant fait avancer les choses…
Puis, vint le moment de rentrer. Draco prit sa douche et récupéra ses vêtements, qu'Isaline avait lavés puis repassés dans la matinée. Elle ne put faire grand-chose quand Sirius décida de le ramener chez lui. Il ne la vit pas menacer Sirius de castration si jamais il disait quoi que ce soit de travers, trop occupé qu'il était à tenter d'ordonner ses cheveux dans la salle de bain. Une petite visite inopinée de Harry avait réduit ses efforts à néant : ses mains avaient ébouriffé ses cheveux, et le jeune homme affirmait qu'il était trop mignon avec ses épis. Au final, il avait abandonné et était monté dans la voiture de Sirius.
OoO
« Arrête donc de tourner en rond.
- Mais où est-il ?! Il n'est pas rentré hier soir, il m'avait pourtant dit que…
- Tu n'avais qu'à le retrouver au commissariat. »
Narcissa cessa de faire les cents pas et jeta un regard énervé à son mari. Mais elle savait parfaitement qu'il avait raison. La veille, elle était à moitié endormie et Draco lui avait dit qu'il gérait la situation. Elle n'avait pas pensé à le rejoindre, il ne lui avait pas fait comprendre qu'il avait besoin d'elle. Ce à quoi son époux, rentré le matin-même, lui avait répliqué que Draco avait trop d'orgueil pour le lui demander. Il avait beau ne pas être de nature très sensible, Lucius pouvait imaginer ce que son fils avait ressenti, la veille : déjà le choc de l'accident, puis le péril que ses amis avaient vécu, l'hôpital, et enfin le commissariat. Dans quel état devait-il être, la veille…
« Je suis prêt à parier qu'il a passé la nuit chez un ami. Ou chez ce Harry.
- Il aurait quand même pu prévenir…
- Cissa, il t'a déjà appelé. Tu n'as pas fait l'effort de le rejoindre, point à la ligne. »
Il y serait allé, lui. Narcissa le savait, Lucius serait allé dans ce commissariat pourri, malgré l'heure. Il se serait assis à côté de son fils, sur un banc, et il aurait attendu qu'il en termine avec toutes ces formalités. Même s'il n'était d'aucune utilité, Lucius savait que Draco aurait été content d'avoir quelqu'un avec lui. Avoir accident, que ce soit au beau milieu de la nuit ou en plein jour, on souhaitait toujours ne pas être seul pour en affronter les conséquences.
Narcissa regrettait de ne pas être allée retrouver son fils, mais il lui semblait toujours si assuré… Elle pensait que c'était juste pour qu'elle ne s'inquiète pas. Elle n'avait pas pensé que c'était une façon de lui demander « viens me chercher ». Même à vingt-deux ans, Draco avait besoin d'elle. Juste quelques heures, pour ne pas être seul. Son mari serait parti sur le champ, sans réfléchir. Pas elle…
La porte d'entrée s'ouvrit. Ils se redressèrent, tournant instinctivement la tête vers l'entrée du salon, où Lucius lisait son journal. Narcissa sortit du salon et fut prise d'un grand soulagement quand elle vit son fils, penché pour retirer ses chaussures.
« Draco, mon chéri ! »
Il retira son manteau, l'accrocha, puis leva un regard neutre vers sa mère. Il aperçut son père, à l'entrée du salon. Le revoilà de retour chez lui…
« Bonjour, Maman.
- Où étais-tu ? Je me suis inquiétée !
- Ah bon ? Tu n'avais pas l'air inquiète, au téléphone. »
Narcissa se sentit coupable, surtout que Draco parlait d'une voix froide et traînante. Elle vit ses légères cernes sous ses yeux. Il n'était pas particulièrement de bonne humeur.
« Draco, je suis désolée, je n'ai pas pensé…
- Ce n'est pas grave. Tu étais fatiguée, tu avais besoin de dormir, après tout. Tes journées sont si intenses… »
En temps normal, Lucius aurait sermonné son fils pour s'adresser ainsi à sa mère, mais il laissa faire, jugeant qu'il avait raison de lui faire des reproches. Il employait un ton acide, et il avait l'air fatigué, ce qui était normal.
« Draco, je dormais debout, et je pensais que…
- C'est bon, Maman. J'ai dormi chez Harry. Son parrain est venu au commissariat pour ramener Blaise et Théo chez eux. Sa tante est restée un bon moment à m'attendre avec Harry et je suis allé dormir chez eux. »
Narcissa se sentit pâlir.
« Je voulais qu'elle s'en aille, mais elle disait qu'elle ne pourrait pas dormir tranquille si je restais seul au commissariat. J'ai mangé chez elle ce midi. »
Elle, elle était restée chez elle, dormant tranquillement dans son lit, alors qu'une inconnue avait attendu son fils dans l'accueil froide et bruyante du commissariat, incapable d'avoir l'esprit tranquille tant que Draco ne serait pas rentré. Et il avait dormi chez elle, chez Harry. La culpabilité se faisait plus forte, car Draco ne lui reprochait rien. C'était encore pire que s'il avait formulé ses reproches…
Draco passa devant elle, sans un mot de plus. Il salua son père, et il lut dans son regard qu'il était désolé, pour la veille. Il lui dit qu'il verrait pour l'assurance, il s'occuperait des détails. Draco savait que son père se serait déplacé. Même si c'était un homme riche, un chef d'entreprise et qu'il était très tard, il serait venu, afin que son fils ne sombre pas dans la fatigue due au choc et aux interrogatoires.
Le blond monta dans sa chambre et s'effondra dans son lit. Il prit son téléphone portable et appela Seamus. Il entendit une sonnerie, puis deux, puis trois. Il répondit enfin, après un temps infini.
« Allô ?
- C'est Draco. Tu vas bien ?
- Oui, ça va. Bon, je suis super sexy avec mon plâtre, mais ça peut aller. Mais Théo n'arrête pas de se moquer de moi… Pleurnicha-t-il.
- D'accord. Désolé, pour hier.
- Ce n'est pas de ta faute ! Tu n'y es pour rien, Dray, et tu le sais. Et toi, ça va ?
- Oui, ça va. »
Il allait mieux, c'était certain. Il ne tarda pas à raccrocher, il voulait juste des nouvelles de Seamus. Il lui demanda aussi de remercier Théo, qui était absent. Mine de rien, sans lui, cela ne serait pas aussi bien passé, dans la voiture. Le fait qu'il ait parlé, qu'il se soit plaint, cela leur avait arraché des mots, des sourires, et leur panique s'était peu à peu dissipée. Il avait tenu la main de Blaise et Seamus, fort, pour les ramener sur Terre. Théo avait assuré. Il n'avait pas fait grand-chose, dans le fond. Mais cela les avait calmés…
Draco poussa un soupir. Il appela Blaise, ensuite, qui lui dit en riant que sa mère avait été à deux doigts de l'étriper quand il était rentré, jusqu'à ce qu'elle voie les pansements et qu'il lui expliquer l'accident. Elle ne cessait de se plaindre parce que son fils ne l'avait pas appelée, elle serait venue au commissariat et aurait attendu avec eux, malgré l'heure. Non mais, son fils n'était pas un délinquant ! Elle leur aurait montré, elle, à ces flics de pacotille… Draco ne pouvait que sourire en l'entendant parler ainsi.
Soirée de merde, vraiment. Mais tout s'était arrangé. Ou presque.
OoO
« Alors ? Verdict ?
- Plutôt sympa.
- J'espère que tu ne lui as rien dit de bizarre.
- Moi ?
- Oui, toi, crétin de clébard.
- Hey, j'ai rien fait de mal, je l'ai juste ramené chez lui.
- Arrête… T'es pas venu manger à la maison pour rien. Tu voulais voir à quoi Draco ressemblait, hein ?
- Oui, et alors ? J'ai le droit de savoir à quoi ressemble le mec de mon filleul. Tu le connais bien toi. Tu n'arrêtais pas de le protéger, même pas marrant…
- Tu as assez joué comme ça avec lui. Bon, alors, t'en penses quoi ?
- Complètement différent de ses parents. Enfin, quand on voit Lucius avec son balai dans le cul et Narcissa qui a toujours un air dégouté sur le visage… Draco a l'air d'être plutôt réservé, mais il est intelligent, et plutôt sympathique.
- En gros, il t'a fait bonne impression.
- Isaline, je t'ai promis que je ne dirai rien à Harry. Et puis, moi aussi j'ai besoin d'être rassuré.
- Genre… Bon, rends-toi utile et passe-moi le plat à tarte. »
OoO
Blaise passa dans le couloir, son casque dans une main et ses clés dans l'autre. Il entra dans la salle à manger, où sa mère et son beau-père, autrement dit son oncle, étaient en train de prendre leur petit-déjeuner. Le visage doré par les UV de sa mère fut soudain orné d'un beau sourire.
« Blaise, mon poussin ! Tu vas en cours ? »
Il acquiesça : où pouvait-il aller, de toute façon, à cette heure-ci ? Enfin bon, il avait passé l'âge de reprendre sa mère sur des petites phrases dans ce genre-là, et il n'avait vraiment pas envie de rester plus longtemps chez lui. Il embrassa donc sa mère, qui s'étonna : il ne restait donc pas prendre le petit-déjeuner ? Blaise répondit qu'il n'avait pas faim, son beau-père répliqua qu'il était très mauvais de ne pas manger le matin, et il devait le savoir, en temps que futur médecin.
« Le futur médecin vous dit qu'il serait temps de se mettre au sport, cher oncle. »
Le sourire ironique de son oncle se tordit et si ses yeux avaient été des révolvers, Blaise serait déjà mort. Celui-ci eut un petit ricanement qui ne plut pas du tout à sa mère, mais il quitta la salle à manger avant d'entendre ses réprimandes.
Blaise détestait son oncle. Déjà, il ne l'aimait pas avant, mais il avait l'impression que son aversion pour lui avait doublé depuis ce week-end. Blaise était rentré très tard, ramené par le parrain de Harry, et il avait dû expliquer la situation à sa mère. Il avait lu de la déception dans le regard de son oncle, de la haine, et peut-être du dégoût.
Non, il n'était pas mort. Oui, il était toujours en vie. Amoché, fatigué, mais toujours en un seul morceau. Il savait que son oncle le détestait, pour tout ce qu'il représentait : la vie passée de son épouse, son premier amour, la richesse qu'elle possédait et qui ne pourrait revenir qu'à son fils…
La mère de Blaise était tombée amoureuse du père de ce dernier. Elle l'avait épousé, et elle lui avait accordé un fils. Son époux était mort et Blaise avait peu connu cet homme à la peau noire qui souriait de toutes ses dents sur les photos, aux côtés de son épouse, dont la peau était si blanche comparée à la sienne. Mais, en un sens, ils formaient un joli couple.
Les amants s'étaient enchaînés, les maris aussi, jusqu'à ce que son oncle vienne prendre la place de beau-père. Il avait toujours rêvé d'avoir cette place, l'époux de la femme de son frère décédé. Mais elle avait refusé de partager ses biens avec lui, lors de leur contrat de mariage, et jamais elle n'avait accepté de lui accorder un enfant. De là naissait la jalousie de son beau-père, non pas à l'encontre de son frère mort, mais de son neveu, qui, lui, avait été désiré, et qui avait une réelle importance pour son épouse.
Mrs Zabini avait déjà suffisamment déformé son corps avec sa première grossesse et son fils unique lui suffisait bien. Aujourd'hui, elle ne pouvait plus avoir d'enfant, même si elle avait tout juste quarante-et-un ans. Blaise ne voulait pas non plus l'encourager dans cette perspective : il refusait l'idée d'avoir un petit frère ou une petite sœur, car alors, il aurait un véritable lien avec son beau-père. Blaise estimait en avoir assez bavé pendant son enfance et son adolescence : la couleur chocolat au lait de sa peau comparée à celle pâle de sa mère, les hommes qui défilaient chez lui, ses différentes maisons dans différents pays, ses demi-frères ou demi-sœurs par alliance… Non, ça suffit, hein…
Blaise quitta donc la maison et chevaucha sa moto pour aller chercher Draco. Ils devaient bosser à l'hôpital. Blaise avait une heure d'avance, mais bon, il avait faim et il aurait une heure pour se réveiller complètement et prendre un bon petit-déjeuner.
Il repensa à leur accident. Blaise n'avait pas tellement eu de difficultés à remonter sur sa moto. D'un autre côté, ce n'était pas pareil qu'en voiture, et ce n'était pas lui qui était au volant. Il comprenait un peu Harry, qui lui n'était pas rassuré en voiture : ce n'était pas du tout la même chose, même si la possibilité d'entrer en collision avec un autre véhicule était plus grande encore en moto. Cependant, pour Draco, ce serait une autre paire de manches : il conduisait la voiture et il avait dû culpabiliser.
Blaise avait été heureux quand Isaline avait affirmé qu'elle attendrait que Draco en ait terminé avec ses formalités : il avait passé la nuit avec Harry, ce qui lui avait sans doute fait un bien fou. Le brun avait dû le tranquilliser et Isaline de même : elle avait beau se méfier de Draco, comme il le lui avait dit, elle n'était pas stupide au point de croire qu'il était coupable.
Alors qu'il se garait devant chez Draco, où ce dernier l'attendait, il pensa que ça faisait un petit bout de temps que Harry et Draco sortaient ensemble. Ce dernier monta derrière lui, son casque sur la tête, et il repartit. Tout en conduisant, il calcula que ça faisait un bon mois qu'ils sortaient ensemble. Et toujours rien. Enfin, si, des baisers, mais rien de… sexuel. Et Draco avait tendance à aller vite en besogne. D'un autre côté, il n'était pas du genre à aller vers les autres pour « ça », c'était plutôt le contraire, sauf avec certaines personnes, comme Seamus, qu'il avait espéré calmer une fois l'acte fait, ce qui avait magistralement foiré : ça avait été pire.
Mais avec Harry… c'était plus tendre, plus tranquille. Blaise pensait que ça irait plus vite, quand même, mais il sentait que Draco changeait. Pas vraiment vis-à-vis de lui, ni même avec les autres, mais son contact avec Harry était différent. Déjà, la photo sur son portable. Détail futile qui en disait long sur son attirance et son attachement pour le tatoueur. Puis, cette soirée, où Draco, neutre au premier abord, s'était révélé attentionné : il n'avait pas été distant avec Harry, bien au contraire. Il avait dansé avec lui, de façon sensuelle et passionnée, et par deux fois.
Il y avait une certaine complicité entre eux, Harry semblait agir en fonction de Draco, l'allumant sur la piste de danse quand le blond se laissait vraiment aller, puis gardant une attitude plus réservée quand Draco retrouvait son air sérieux. Il n'était pas du genre à imposer leur relation aux autres, exigeant des attentions, l'embrassant à tout bout de champ, comme il en avait vus durant la soirée. C'était un peu pour ça que les homosexuels gênaient Blaise, certains étaient vraiment démonstratifs, parfois plus que les couples hétéros, mais Draco était plus discret, et il trouvait qu'il allait bien avec Harry : le brun comprenait et partageait sa discrétion en public.
Et Blaise sentait que Draco était en train de basculer la tête la première dans quelque chose de plus profond qu'une simple relation, qu'une simple liaison avec quelqu'un. Ce n'était pas une mauvaise chose, en soi, mais Draco était du genre plutôt renfermé, et Blaise se demandait comment il pourrait gérer ses possibles sentiments pour Harry. Surtout si ce dernier, qui était devenu un ami, commençait à faire le con…
Ils arrivèrent devant l'hôpital. Blaise gara sa moto, les deux jeunes descendirent de l'engin, puis le black tendit son casque à Draco. Il prit son antivol et se baissa pour le mettre sur sa roue.
« Blaise ? »
Le jeune homme, étonné, leva les yeux, tout en plaçant l'antivol. Draco semblait hésitant, tourmenté. Il vit ses doigts caresser nerveusement la surface lisse de son casque noir. Il ne le regardait même pas, d'ailleurs.
« Dray ? Quelque chose ne va pas ? »
Il vit dans ses yeux que, en effet, quelque chose n'allait pas. Que se passait-il ? Un problème avec ses parents ? Une énième dispute ? Blaise se leva et s'appuya sur son casque, attendant que son meilleur ami se livre.
La nouvelle eut l'effet d'une bombe.
« Je crois que je suis amoureux. »
OoO
« Bon, tu as fini, oui ? … Arrête de tourner en rond, tu m'épuises… Sirius !!! »
L'écrivain sursauta, mais ne s'arrêta pas pour autant de survoler les meubles du salon avec son chiffon, sa bouteille de produit à vitres à la main. Severus poussa un soupir à fendre l'âme.
« Sirius, arrête, s'il te plait.
- C'est pas toi qui me disais que je ne faisais pas assez le ménage ?
- Sirius, il est vingt heures trente. »
Sirius haussa les épaules et il s'attaqua aux vitres du salon, aspergeant la surface lisse du produit bleu. Il frotta énergiquement la vitre. L'odeur légère et désagréable du produit parvint aux narines du professeur qui tenta de se concentrer sur ses copies qu'il barbouillait allègrement de rouge.
Severus était installé devant la table basse du salon, un tas de copies à sa droite, non corrigées, et un autre paquet à sa gauche, corrigé. A une époque, il les corrigeait sur son bureau, au calme, et non par terre, assis devant le canapé. Il avait pris cette mauvaise habitude avec Sirius qui se couchait à n'importe quelle heure. Par moments, il était obligé de le menacer pour qu'il vienne au lit au lieu de regarder des imbécilités à la télé, mais d'autres fois, il se couchait carrément à sept heures. Autant dire que corriger ses copies dans le bureau de la chambre était alors proscrit.
L'autre chambre servait de bureau aussi bien à Severus qu'à Sirius, mais ce dernier laissait traîner tellement de choses à cause de ses romans, passés, présents et futurs, et la pièce était tellement encombrée d'étagères avec des bouquins à n'en plus finir, qu'elle servait plus de bibliothèque qu'autre chose.
Ainsi, Severus en était réduit à corriger ses copies dans le salon, car le faire dans la cuisine ne lui plaisait pas. Et général, Sirius s'allongeait sur le canapé, derrière lui, et regardait la télévision, ou lisait un bouquin. Même si la position laissait à désirer, c'était plus agréable de corriger ces immondices dans le salon que seul dans la chambre. Sauf que, en ce moment même, Sirius était énervé.
Un Sirius énervé manifestait son irritation de diverses façons. Ce soir, il avait décidé de faire les poussières. A huit heures et demie. Certes, il était plutôt fainéant en matière de ménage, oui, ça ne ferait pas de mal aux meubles d'être un peu époussetés, mais de là à le faire à une heure pareille…
Severus avait les yeux rivés sur une copie et faisait abstraction de tout ce qui pouvait tourmenter son esprit, mais malgré lui, il entendait Sirius s'agiter derrière lui, son chiffon frottant la vitre, les bibelots retomber avec peu de grâce sur les meubles, une fois leur place nettoyée… Severus était exaspéré et il ne voulait même pas connaître la raison de son énervement, même s'il s'en doutait : une énième dispute avec son éditeur, assurément.
Voilà ce qui était emmerdant dans un couple : quand l'un n'allait pas bien, l'autre devait subir son humeur. Surtout que celle de Sirius était plus que changeante, il était épuisant, même quand il allait bien. Comment faisait-il pour le supporter, lui et ses bavardages incessants, son impulsivité et ses colères froides… Severus s'estimait plus facile à vivre, lui n'embêtait personne avec ce qu'il ressentait.
Alors que le professeur Rogue écrivait en gros, en rouge, une note relativement correcte sur la copie, le téléphone sonna. Libération, pensa-t-il, sans se demander qui pouvait bien les appeler à une heure pareille. Sirius laissa tout tomber sur le fauteuil et courut répondre. Severus comprit que c'était un gars de la salle de musculation, qui semblait avoir un problème.
Severus soupira et se leva, histoire de regarder un peu les dégâts. Bon, mis à part les bibelots mal positionnés, tout était à peu près dans l'ordre. Il fit un pas et mit un peu d'ordre, Sirius avait un sens de la décoration très original, et tant qu'à faire, autant ne pas lui donner envie de refaire le salon…
Sa main tomba sur une photo de Sirius était Harry. Son compagnon enlaçait Harry, sûrement à l'occasion d'un anniversaire, et son filleul souriait timidement à l'objectif. Il devait avoir à peine quinze ans sur cette photo. Machinalement, Severus regarda les autres : Nymphadora se jetant dans les bras d'une Isaline hilare, puis Harry, âgé d'une dizaine d'année, avec son cartable sur le dos, sans oublier Severus, assis sous un arbre en train de lire, et Remus avec Teddy dans les bras, ou encore Harry, avec une vingtaine d'année, souriant franchement avec Sirius, tous deux en maillot de bain. Et puis une dernière, plus petite, plus timide. Tous les deux, avec la mer dans le fond, le bras de Sirius sur ses épaules et le sien dans son dos.
Severus n'aimait pas vraiment les photos, Sirius les adorait. Ils étaient complètement différents, tous les deux, ils se disputaient souvent, pour un rien, en plus. Ils avaient des vies différentes, des goûts différents, des passés différents. A une époque, ils se détestaient, même. Et pourtant, sur cette photographie, on aurait presque pu dire que leur couple était normal. Voire même qu'ils allaient bien ensemble. Malgré son rictus et le sourire chaleureux de Sirius. Malgré son tee-shirt noir et la chemise bariolée de l'autre. Malgré leurs caractères bien différents, l'un intellectuel et réservé, l'autre joueur et séducteur, c'était bien eux sur cette photo, se complétant l'un l'autre…
« Nan mais je te jure ! Tu leur donnes la main, ils veulent le bras !
- Et c'est toi qui dis ça…
- « J'ai une fuite d'eau chez moi, tu pourrais pas m'aider ? Je t'en supliiiiie ! » Je suis peut-être bête mais pas niais !
- C'est sûr que c'est pas très fin comme invitation.
- Il doit être bourré, y'a pas d'autre raison ! »
Sirius agitait les bras, énervé. Il s'avança vers Severus et l'enlaça, son dos contre son torse, continuant de pester contre ce gars de la musculation qui osait lui faire des avances alors qu'il était énervé et à une heure pareille.
« Le fait que tu sois casé ne te gène même pas ?
- Personne ne me croit que je dis que je t'aime à la folie. Ils me prennent pour un barjot.
- Dans un sens, ils n'ont pas tord. Rappelle-toi ce qui s'est passé il n'y a pas si longtemps.
- Sev' ! Je t'ai dit que j'étais désolé ! Qu'est-ce que je peux faire de plus ? »
De suite, il sentit les mains de Sirius se balader sur ses hanches, puis ses cuisses. Il poussa un soupir quand Sirius l'emmena sur le canapé. La soirée risquait d'être longue…
Et les copies qui n'étaient toujours pas corrigées…
OoO
Les clients circulaient difficilement dans la salle bondée du McDonald's, leur plateau à la main, dans un équilibre précaire. Parfois, ils faisaient des pronostics, histoire de savoir si la personne allait tomber ou non, si l'enfant allait renverser son Coca ou s'il allait pouvoir le boire en entier. Mais ce soir, ils n'étaient pas vraiment d'humeur.
Harry l'avait appelé dans l'après-midi, lui disant qu'il avait envie de s'aérer un peu. Voyant là un signe de détresse, Théo lui avait donné rendez-vous après son travail à l'hôpital. Ils se trouvaient actuellement dans un McDonald's, et il était prévu qu'ils se fassent un ciné juste après.
Harry aurait pu appeler Ron, mais il n'avait pas vraiment le courage. Il ne comprendrait pas ses doutes, et en plus, il ne savait rien de son passé. Pour ses parents, si. Mais pas pour le reste. Théo était au courant, et même s'il n'était pas attiré par les hommes, il pouvait comprendre ce qu'il ressentait. Théo savait que c'était lui que Harry appelait quand il avait des problèmes. Il y avait bien Isaline, à laquelle il s'adressait en premier, mais il y avait des choses dont il ne pouvait pas lui parler…
Assis à une petite table dans un coin, ils piochaient dans leur cornet de frites, ayant déjà terminé leurs hamburgers. Harry était pensif, perdu dans ses pensées, et Théo ne savait pas trop comment se comporter avec lui. Il attendait que Harry se lâche, en fait. Qu'il lui dise ce qu'il avait sur le cœur.
Le tatoueur poussa un soupir, les yeux baissés vers le carton coloré de son hamburger. Théo tendit le bras et lui releva le visage. Il lui fit un léger sourire, l'air de dire : « allez, balance la sauce ».
« Théo… Je crois que je tombe amoureux. »
C'était ce qui lui avait fait peur, en fait, au début de sa relation avec Draco. Il avait peur de retomber amoureux, de retomber dans ce piège des sentiments, dont il serait incapable de sortir.
« J'ai peur… que ce soit comme avec Cédric, avoua Harry.
- Ça ne peut pas être comme avec Cédric, répliqua Théo. Draco n'a pas honte de toi. Tu l'as bien vu à la fête : il assume le fait qu'il sort avec un homme. »
C'était ça qui le rassurait, et qui le menait toujours un peu plus vers Draco. C'était le fait qu'il ne se cachait pas. Avec Cédric, c'était différent, Harry en allait jusqu'à avoir honte d'être un homme. S'il avait été une fille, il n'aurait pas eu à se cacher pour être avec Cédric.
Et Draco… Harry avait décidé qu'être un homme n'était pas une honte, et sa décision ne flanchait pas avec Draco. Le brun était certain que le blond ne lui aurait même pas porté un regard s'il avait été une fille. Draco, étudiant en médecine, vivant dans une famille aisée, l'avait choisi lui, Harry, un tatoueur avec peu de diplômes. C'était pour lui qu'il l'avait choisi.
« Je connais pas ton ex, je ne sais même pas à quoi il ressemble. Mais Draco est forcément différent. C'est pas un enfoiré, il est franc et il sait ce qu'il veut. Bon, vous vous êtes disputés, c'est vrai, il t'a fait douter, c'est vrai aussi. Mais tu as toujours joué la carte de la franchise et il a agi en conséquence. T'es heureux avec lui, non ? »
Harry rougit et hocha la tête : oui, il était heureux, et c'était précisément ce qui lui faisait peur. Il se rendait de plus en plus compte qu'il était attiré inévitablement par Draco. Tout en lui, que ce soit son caractère ou son physique, lui plaisait. Bon, il avait des défauts, personne n'était parfait, et ce n'était pas ce qu'il cherchait. Harry aimait ses cheveux blonds, ses yeux bleus, ses mains fines qui se glissaient dans les siennes ou autour de sa taille. Il aimait sa voix, sa façon de lui parler de ses études, de s'intéresser. Il aimait ses yeux qui s'arrondissaient d'étonnement, son sourire en coin, son sourcil qui se soulevait, ses mains précises…
Il ne tombait pas amoureux. Il l'était déjà. Il était déjà amoureux de ce visage endormi, de ces cheveux blonds impeccables, de ces lèvres passionnées, de cette main dans la sienne…
Théo eut un sourire amusé. Harry était clairement en train de tomber amoureux de Draco et ce n'était pas une mauvaise chose. Il avait bien le droit d'être heureux, lui aussi. Oui, même avec un homme, dit-il à sa conscience. Harry était trop gentil pour finir vieux garçon…
« Allez Harry, arrête de stresser pour rien. Laisse-toi aller, c'est pas en flippant que tu vas arrêter de douter. Profite de la vie ! Au pire, si Draco te fait du mal, il s'en sortira pas en un seul morceau.
- Tant qu'à faire, je préférais éviter ça…
- Jusque là, il n'a jamais voulu te faire de mal. Et quand il t'a emmené à la fête de Daphné, c'était quand même une preuve de son attachement pour toi, non ? »
Attachement n'était pas le bon mot, mais Théo préférait ne pas trop s'avancer, même s'il était persuadé que Draco éprouvait des sentiments bien plus profonds pour Harry qu'il ne voulait bien l'admettre.
Quant à Harry, il se dit que, justement, même si Draco lui faisait du mal, il lui pardonnerait. C'était plus fort que lui : il tenait au blond, plus qu'il ne voulait bien l'avouer, et même s'il lui faisait une crasse…
Il retombait dans le même piège qu'avec Cédric. A l'époque, il était son premier mec, il lui avait fait découvrir l'amour. Cédric avait été le premier à faire attention à lui, à l'avoir dragué, à s'être acharné pour l'avoir. Aujourd'hui, Draco lui faisait ressentir de l'amour, à son tour, mais Harry découvrait les petites attentions, leurs mains liées, leurs corps ondulant sur de la musique… une relation non dissimulée, vécue au grand air… Il retombait dans le même piège, la découverte, le plaisir apporté par les sentiments, la paix intérieure et le cœur qui bat fort…
Il espérait juste que Draco ne soit pas comme Cédric, qu'il n'envoie pas tout en l'air…
OoO
De loin, il vit Seamus sautiller sur ses béquilles, sa jambe enveloppée par un énorme plâtre blanc. Il était entouré notamment de son petit ami et de certains camarades de classe.
« Il va où, comme ça ? Demanda Blaise.
- Regarde la voiture, là-bas. C'est celle de Théo, à tous les coups. »
En effet, le jeune homme sortit de sa voiture et il installa Seamus dans sa voiture. Il sembla échanger quelques mots avec Dean, puis il monta sur le siège conducteur et il démarra, laissant l'amas d'élève sur le trottoir. Blaise ricana, Draco haussa un sourcil en l'interrogeant du regard.
« Il parait que Dean s'en veut beaucoup d'avoir bu.
- C'est pour ça qu'il le suit comme un petit chien ?
- Exact, acquiesça le black. Il est aux petits soins avec Seamus, mais lui s'en tape complètement. A tous les coups, ils vont casser.
- Théo doit être content, tiens… »
Draco l'avait appelé la veille. Théo s'était plaint de Seamus parce que le laver était un péplum. Il fallait envelopper son plâtre dans un sac, mettre du ruban adhésif, le porter dans la baignoire, puis le sortir, l'aider à s'habiller… En plus, Monsieur avait du mal à se déplacer et à se coucher… Draco l'avait écouté se plaindre en se disant que Seamus devait quand même avoir la belle vie : même si ça le faisait chier, Théo était au garde-à-vous et il prenait son rôle au sérieux.
« Tu m'étonnes ! Il peut pas sentir Dean. Au fait, et ta voiture ? Comment ça s'est arrangé, cette histoire ? »
A vrai dire, Draco ne s'en était pas occupé car son père s'en était chargé. Il avait balayé les objections de son fils et avait tout pris en charge, ne lui demandant que quelques signatures ici et là. De toute façon, il n'était coupable de rien.
« Et les deux connes qui nous ont foncé dedans ?
- J'en sais rien, avoua le blond. Mon père ne m'en a pas parlé.
- Il va t'acheter une nouvelle voiture ?
- Il m'en a parlé, oui. Je ne pense pas que je pourrais conduire avant un bon bout de temps, mais il insiste. Je lui ai juste demandé qu'elle soit remplie d'airbags. »
Blaise éclata de rire : c'était ça qui leur avait sauvé la mise, avec en plus la résistance de la voiture. Cependant, elle était morte et bonne pour la casse. Enfin, on pourrait la réparer, mais ça coûtait moins cher d'en acheter une nouvelle. Du moins si on s'en tenait à des prix raisonnables…
« Ça va être plus difficile pour emmener Harry dîner.
- On prendra sa moto. »
Draco avait un léger sourire amusé sur les lèvres, mais il ne rigolait pas du tout. Il n'arrêtait pas de penser à Harry, au point que c'en devenait exaspérant. Depuis qu'il avait avoué à Blaise qu'il était en train de tomber amoureux, il sentait comme un poids lui tomber sur les épaules.
Il n'était jamais tombé amoureux. Jamais. Il avait beau chercher, même dans son enfance, jamais il n'avait été amoureux. Et voilà qu'il sentait son cœur s'emballer rien qu'en pensant à Harry. Ce n'était même pas le fait que ce soit un homme ou un tatoueur qui l'ennuyait.
Quand on sortait avec quelqu'un, selon lui, c'était qu'on était attiré par cette personne, et qu'on pensait rester un certain temps avec elle. C'était qu'on voyait un certain futur avec elle, plus ou moins long. Passer du bon temps, trouver des points communs, partager sa vie, pour quelques jours, puis quelques mois, et peut-être quelques années. C'était ça, sortir ensemble : trouver quelqu'un pour partager sa vie.
Draco avait oublié cet aspect, n'ayant jamais trouvé de chaussure à son pied. Mais voilà que Harry bouleversait ses schémas : nouveau plan de séduction, nouvelle façon de se comporter, et nouveaux sentiments qui faisaient battre son cœur. Il ne s'en était pas vraiment rendu compte, avant, mettant tous les changements qui s'étaient opérés en lui sur le compte de son petit ami, qui n'attendait pas les mêmes choses de lui que les autres. Mais avec cet accident… Après cette nuit passée chez lui, ces jours passés à penser à l'accident et à lui, il avait réalisé que…
Mais qu'il était bête. Qu'il était bête de se torturer ainsi, de ne penser qu'à ça, les trucs qu'il ressentait pour Harry, ces sentiments qu'il n'avait jamais éprouvés. Pourtant, ça faisait un bout de temps qu'ils étaient là : son besoin de le voir, de le toucher, de l'embrasser… Quand il lui avait demandé pardon, à deux reprises… Il ne voulait pas perdre Harry.
Parce qu'il était amoureux. Tout bêtement.
Amoureux d'un tatoueur mal coiffé qu'il ne savait même pas s'habiller.
Et ça le gonflait. Ce n'était pas bon de trop s'attacher aux gens. Son père le lui avait toujours dit : il ne faut s'attacher à personne car n'importe qui, même tes amis, peuvent te trahir. Blaise avait été la seule exception, il pouvait tout lui dire sans craindre quoi que ce soit, et dans le fond, Draco avait toujours craint le moment où il tomberait amoureux. Car ce jour-là, il ne pourrait pas revenir en arrière.
Et voilà que son cœur se tournait vers Harry, un garçon si banal au premier abord, mais qui l'avait charmé, d'abord par sa résistance, puis par son caractère impulsif, sa tendresse, son sourire… il aimait ses cheveux désordonnés où il passait la main, cette balafre cachée par sa frange, sa façon de lui parler de son boulot en utilisant ses mains, ses yeux verts qui se levaient vers le ciel quand il était exaspéré… il aimait les tatouages sur son corps, les ailes sur son dos, ce papillon qu'il avait entraperçu alors qu'il retirait son haut de pyjama, et même ces tribales sur son épaule et son poignet…
Lui, Draco Malfoy, tombait lamentablement amoureux…
« Allez, on rentre. Ou tu veux aller quelque part avant ?
- Non, c'est bon. »
Ils se dirigèrent donc vers la moto de Blaise, pour rentrer chez eux.
OoO
« Et ce cher Severus, comment va-t-il ?
- Bah ça va. Ronchon et emmerdant. Comme d'habitude, quoi.
- Tu pourrais parler un peu mieux de l'homme de ta vie, non ?
- Tu me demandes comment il va ! Je te réponds !
- Tu es désespérant, grand frère… »
Sirius entendit Regulus soupirer au téléphone. Il leva alors les yeux au ciel : il n'allait quand même pas répondre que Severus était d'humeur joyeuse et qu'il souriait à tout-va. Pas son Severus, ça. Bon, il l'aimait, son professeur ronchon qui n'arrêtait pas de l'embêter avec des bêtises. Mais voyons un peu les choses en face !
« Bref. Sinon, et Harry ?
- Heureux comme c'est pas permis.
- Il s'est remis de son accident de voiture ?
- Faut croire. »
Sirius et Regulus s'appelaient régulièrement, au minimum deux fois par semaine. Comme Regulus vivait à Londres, il ne pouvait pas voir Sirius comme il l'aurait désiré, donc il avait besoin d'entendre la voix de son frère. Ce dernier ne l'avouait pas mais il ressentait exactement la même chose. Il s'était beaucoup rapproché de son frère après sa sortie de prison et avait toujours soutenu Isaline dans ses démarches.
« Vous êtes exaspérants ! A cause de vous, je ne peux même pas appeler Draco pour prendre de ses nouvelles !
- Mais on ne t'en empêche pas !
- Bien sûr que si ! Narcissa ne m'appelle presque jamais, personne n'est au courant pour l'accident de Draco. Comment tu veux que je prenne de ses nouvelles sans expliquer que j'ai appris ça par toi, parce que tu es mon frère, et tout ce qui s'en suit…
- Ecoute frangin, si tu veux te plaindre à quelqu'un, c'est à Isaline qu'il faut s'adresser.
- Impossible, elle est trop adorable pour ça. Elle, au moins, ne se comporte pas comme un gosse immature. »
Sirius grogna et il entendit son frère ricaner. Oui, il s'était vraiment méfié de Draco, tout comme Nymphadora, mais il avait ses raisons. Isaline aussi, elle avait rejeté Draco. Au début. Maintenant, elle l'acceptait chez elle… Son instinct de maman refaisait surface, c'était plus fort qu'elle…
« Et donc, comment tu as trouvé Draco ?
- Plutôt sympathique, intelligent, mais assez réservé. Enfin, il a l'air ouvert, mais on sent une certaine réserve en lui. Et je crois qu'il avait du mal à savoir si j'étais sincère ou hypocrite avec lui…
- Ah, ça, héritage des Black, qu'est-ce que tu veux… Je suis moins doué que toi quand il faut faire l'hypocrite, mais je ne me débrouille pas trop mal non plus. Bon, donc, tu apprécies Draco.
- Je n'ai pas dit ça.
- Tu sais, quand il était petit, Draco était le portait craché de ses parents. Tu imagines ? Lucius et Narcissa en une seule personne ! Vraiment, il était plein de vanité, de fierté… exaspérant, quoi. Un joli gamin, certes, mais exaspérant. Il a commencé à changer vers… je ne sais pas, je crois que c'était quand il a quitté Londres avec ses parents. Il a commencé à changer, petit à petit. C'est un jeune homme charmant, crois-moi. C'est l'une des rares personnes que j'invite à dîner.
- Ah oui, en effet… A quand remonte la dernière visite de maman ?
- Je ne sais pas, six mois ? Bref, tout ça pour dire que Draco a bien mûri. D'ailleurs, il a fait scandale : Tante Druella a appris, lors d'un séjour à Paris, qu'il sortait avec une fleuriste. Non mais tu te rends compte ? Draco préfère les gens de la basse-classe plutôt que de la haute société !
- J'imagine la tête de Tante Druella…
- Tu as manqué quelque chose, crois-moi ! Notre Draco, si distingué, si élégant, si intelligent… Je veux être là le jour où Tante Druella découvrira qu'il sort avec Harry. Ou je pique un scandale !
- Réfléchis deux minutes, Regulus. Si Narcissa en parle à sa mère, ce ne sera pas en ta présence : tu ne pourrais pas t'empêcher de rigoler.
- Ce serait irrésistible, Sirius ! Surtout que Harry, même s'il est mignon comme tout, n'est pas ce qu'on appelle un « homme de la haute bourgeoisie ». Je te rappelle que Lucius est un Lord.
- Tu m'invites le jour où Narcissa lui annonce la nouvelle ? »
Regulus éclata de rire. Sirius eut un sourire et regarda l'heure : il allait devoir y aller.
« Bon, je te laisse. Isaline m'a invité à dîner.
- Heu… Sirius, tu as vu l'heure qu'il est ?
- Et alors ? J'ai le droit d'aller l'embêter, non ?
- Isaline mérite tout mon respect pour supporter un idiot comme toi. »
Sirius ne releva même pas et ne tarda pas à raccrocher. Avoir son petit frère au téléphone lui avait fait du bien. Il était le seul membre de sa famille avec lequel il gardait contact, si on exceptait Nymphadora. Bon, évidemment, il aimait son neveu Alphard et sa nièce Adonia.
Pourtant, autrefois, les deux frères avaient du mal à s'entendre. Leurs relations dérivèrent quand Sirius manifesta un intérêt particulier pour les hommes, ce qui n'était guère au goût de sa mère, qui commença alors à le martyriser, le frappant dans l'obscurité d'une chambre vide. Rebelle, Sirius voulut défier l'autorité maternelle et Walburga décida de le réduire au silence, souhaitant qu'il rentre dans le moule des Black. Mais son fils fréquentait de plus en plus Isaline, la fille d'un tatoueur qui, par miracle, étudiait dans leur école privée. Il la fréquenta tellement qu'il fit ses fugues chez elle, s'écartant de plus en plus de sa famille, ou alors il s'enfuyait chez James.
Mais c'était chez Isaline qu'il allait le plus, car elle pouvait le comprendre. Elle aussi se faisait frapper, et aussi par sa mère. Elle ne disait rien non plus, gardant tout pour elle, afin que son père ne sache rien. Il vit en elle un miroir, et sa présence devint bientôt indispensable, au point qu'il quitta définitivement sa maison alors qu'il n'avait que seize ans. Sa famille, bien sûr, voulut le récupérer, mais quand Sirius menaça sa mère de porter plainte contre elle, dénonçant ainsi ce qu'elle lui avait fait, la respectable femme fit marche-arrière et abandonna la lutte. Sirius emménagea chez les Potter qui s'occupèrent de lui comme de leur propre fils, mais il ne cessa jamais de voir Isaline, son journal intime sur pattes.
Avec tout ça, Sirius s'écarta beaucoup de son frère, qui en entendit de belles sur lui. Il rejeta donc son frère aîné et fit tout pour être le fils parfait : lui ne serait pas frappé par sa mère, lui serait l'hériter parfait, l'enfant désiré, et non le second fils auquel on ne portait aucune attention. Mais il déchanta bien vite. Il n'avait pas écouté Sirius quand il lui avait raconté l'hypocrisie de la famille, la jalousie, les coups bas… Il apprit qu'être l'enfant parfait, la copie exacte de ses parents l'amenait à cette vie stupide menée par les ragots, les profits, la jalousie qui coulait comme un venin dans le corps des Black.
Il commença alors à se réveiller. Il avait seize ans, à l'époque, Sirius en avait dix-huit. Il décida alors de jouer à l'hypocrite, comme son frère, de se créer un rôle de fils modèle, pour satisfaire les apparences, et d'attendre sa majorité pour agir de lui-même. Une fois ses dix-huit ans acquis, il quitta la demeure familiale et, avec l'argent versé tous les mois sur son compte depuis sa naissance, il acheter une maison imposante dans un joli quartier de Londres où il s'installa avec sa petite amie, qui devint sa femme un mois après son installation. Tout cela fut vécu comme un scandale : Regulus quittait la maison, à peine majeur, avec une fille sortie de nulle part.
Mais un autre scandale suivit, mettant le sien au second plan : James et Lily Potter étaient morts dans un accident de voiture criminel, divers éléments de l'automobile ayant été sabotés, et Sirius fut accusé de ce double meurtre. Il fut donc envoyé en prison. Regulus regretta amèrement de ne pas avoir repris contact avec son frère aîné, qui était innocent. Il le savait, au plus profond de lui-même, que Sirius n'était pas coupable de ce crime : jamais son frère n'aurait pu tuer qui que ce soit, surtout James et Lily. Il tenta de le faire sortir, mêlant sa voix à celle plus aiguë d'Isaline, mais il échoua.
Sept ans passèrent. Au cours de ces années, Regulus fondit son propre foyer avec sa compagne, qui mit au monde son fils aîné, Alphard, en hommage à leur oncle, qui fut renié de la famille pour avoir encouragé Sirius à partir, lui léguant tout son argent avait de mourir d'un arrêt cardiaque. Puis, il eut sa fille, Adonia. Et sa femme mourut.
Regulus, bien que présent dans la famille, respectueux et respectable, alla souvent voir Sirius en prison, mais il ne parvint pas réellement à renouer de lien, Sirius jugeant que ses visites n'étaient que de la pitié envers lui, ce qui n'était pas le cas : Regulus regrettait de ne pas avoir été présent pour lui et il voulait l'aider, retrouver leur complicité d'autrefois.
Plus tard, Andromeda mourut. Personne ne réagit. Enfin, si, Bellatrix avait commis le meurtre de Ted Tonks, ce qui n'était pas une grosse perte, et quand Andromeda mourut, ce fut comme la suite logique des choses. Elle avait toujours été folle, de toute façon. On pensa à Nymphadora, qu'il fallait récupérer à tout prix, afin de la remette dans le droit chemin et en faire une véritable Black. Mais personne ne songea à aller la récupérer, à l'aider, avant que le choix de la tutelle ne se porte sur les Malfoy. A peine Regulus apprit-il le décès de sa cousine qui se rua chez elle pour récupérer sa famille unique et orpheline.
Il n'avait pas prévu le couple bourré qui fonça sur lui, alors qu'il allait traverser la rue, pour prendre sa voiture. Il n'avait prévu non plus les pompiers, la sirène lui transperçant les tympans, et ses jambes brisées sur le goudron gris et froid. Il n'avait pas pensé une seule seconde qu'il y perdrait l'usage de ses jambes.
Quand il ordonna à ce qu'on récupère Nymphadora, il était trop tard : elle avait disparu. Quand il revint chez lui, on lui annonça que la libération de Sirius était proche, et qu'il irait chez Isaline Anderson. On enquêta sur elle. Regulus sentit un immense soulagement l'assommer quand il apprit par sa folle de mère que Nymphadora était chez elle.
Ce fut un long combat, où Regulus ne put dire quoi que ce soit, étant paralysé, souffrant, mais il appela Isaline souvent, tentant de lui redonner courage. Puis, son frère sortit de prison, et il continua à la soutenir. Même quand les Black et les Malfoy brûlèrent sa maison, Regulus l'appela encore. Il entendait sa voix mouillée au téléphone. Il vint leur rendre visite, par la suite, son siège poussé par un domestique. Il se rappellerait toujours du visage de son frère aîné, fatigué, désespéré, les yeux embués par l'alcool et la dépression. Il y avait Nymphadora, aussi, qui regardait la télévision, recroquevillée sur elle-même, comme si elle voulait se faire toute petite, ou disparaître dans le mur. Et Isaline. Surtout elle, avec son visage si pâle, ses cernes, et son sourire difficile, tout petit, qui lui avait retourné le cœur. Isaline qui les soutenait tous les deux à bout de bras… Et le petit Harry, si maigre et jeune, constamment dans ses jambes…
A partir de ce moment-là, tout devint différent. Regulus reprit réellement contact avec Sirius, au point qu'il leur était impossible de passer trois jours sans se parler au moins cinq minutes. Il ordonna à sa famille de les laisser tranquille, avec l'appui évident de Sirius, et tout rentra plus ou moins dans l'ordre. Regulus prit une part très importante dans la famille. Bien que discret, il n'en demeurait pas moins présent et ses décisions avaient un réel impact. Malgré ses jambes handicapées, il rendit la vie impossible aux Malfoy. Il parvint même à manipuler la famille. Au point qu'ils durent quitter Londres. Enfin, Lucius en avait plein le cul, en reprenant l'expression poétique de Sirius.
Aujourd'hui, ils ne vivaient plus à côté, et parfois, la distance était pesante. Mais Sirius avait quitté Londres pour rester avec Harry, Isaline et Nymph', qui représentaient sa véritable famille. Oh, Regulus était très important pour lui, mais Harry avait besoin de soutien et Sirius savait qu'il pouvait aller voir son frère à tout moment. Il s'entendait vraiment bien avec lui, il avait même accepté Severus. Un peu trop, même, cette commère trouvait Severus terriblement intelligent et Sirius devait s'enfuir à chaque fois qu'ils partaient dans des débats compliqués, sous peine de souffrir de maux de tête.
Bon, se dit-il soudain en regardant sa montre. C'était bien beau de penser à son frère, mais il avait une tatoueuse à taquiner, lui…
OoO
Draco descendit de la moto et retira son casque. Harry lui tendit le sien, puis il ouvrit la porte du garage pour y ranger sa moto, qu'il stabilisa avec la béquille. Puis, ils rentrèrent dans la maison. Harry entra dans l'arrière-boutique et Draco le suivit, bien qu'hésitant, et ils passèrent dans la boutique. Tandis que Harry jetait un œil à l'agenda, Isaline levait les yeux de son travail et eut un sourire.
« Salut beau blond. Tu vas bien ?
- On fait aller. »
Ledit beau blond s'avança vers elle et se pencha pour lui faire la bise. Il chercha Nymph' des yeux, mais elle n'était pas là. À peine pensa-t-il cela qu'elle rentra dans la boutique, une bouteille d'eau dans la main.
« Salut Draco. »
Et elle se pencha vers lui pour l'embrasser sur les deux joues. Il fut surpris mais n'en montra rien, plutôt content que la tatoueuse lui dise enfin « bonjour » au lieu de l'ignorer. Il aperçut Harry hausser les épaules et lui faire signe de le suivre. Ils quittèrent la boutique, retirèrent leurs chaussures dans l'entrée, puis montèrent directement dans la chambre du brun.
« Nymph' me dit bonjour, ça change, remarqua Draco en s'asseyant au milieu du lit.
- Je crois qu'elle t'aime bien.
- Jamais je n'aurais cru que c'était aussi difficile de se faire accepter par la belle-famille. Surtout que le fait que je sois un homme ne dérange personne… »
Harry eut un petit rire et il s'assit à son tour sur le lit, près du blond, qui le fit tomber en arrière. Surpris, Harry leva les yeux au ciel quand Draco se pencha sur lui avec un sourire carnassier. Le blond pencha la tête mais le brun, taquin, mit sa main sur ses lèvres. Draco lui retira alors lentement ses lunettes, les posa sur la table de chevet, puis déposa alors un baiser sur le bout de son nez, remonta vers son front. Il releva sa frange avec sa main et embrassa la cicatrice en force d'éclair cachée sous ses mèches sombres.
Harry glissa le bout de ses doigts sur sa bouche, entrouvrant légèrement les lèvres. Draco avait une furieuse envie de les embrasser, mais il enfouit son visage dans le cou du brun, embrassa la peau pâle et tendre. Il était maintenant couché sur lui et ses mains se glissèrent sous son tee-shirt. Le bout de ses doigts était froid, de petits frissons coururent sous sa peau, caressant son échine. Les lèvres de Draco étaient toujours sur son cou et ses mains allaient plus loin sous son tee-shirt, touchant ses côtes. Le cœur de Harry battait fort, sa respiration s'accélérait…
« Dray, arrête…
- Pourquoi ?
- S'il te plait, arrête.
- Je ne fais rien de mal. »
Draco releva la tête, croisant son regard. Il était allongé sur lui, Harry sentait son poids sur son propre corps, et ses mains et ses baisers dans son cou allumaient un feu en lui, et une crainte enfouie au fond de lui-même refaisait surface…
« Je sais…
- Ça te gêne ?
- Un peu.
- On t'a déjà touché, non ?
- Dray… »
Justement, il voulait qu'il arrête. Mais Draco n'en fit qu'à sa tête et il pressa ses lèvres contre celles de Harry, qui avait dégagé sa main pour parler. Harry ferma les yeux, répondant malgré lui à son baiser, et mit ses mains sur ses épaules, ne sachant quoi faire pour qu'il arrête sans le vexer. Mais le blond retira ses mains et attrapa les poignets de Harry, et il dirigea ses mains vers ses hanches.
Harry se sentit rougir, alors que la langue indiscrète de Draco taquinait ses lèvres, en demandant l'entrée. Harry ne put que les entrouvrir, alors que ses mains reposaient sur les hanches de son petit ami, et celles de Draco repartaient lentement sous son tee-shirt.
Ses lèvres s'entrouvrirent et Draco y glissa sa langue, l'emportant dans un baiser tendre. Les mains de Draco caressaient sa peau, sans ambigüité, et Harry se mit à toucher son dos à travers le fin pull qu'il portait. Ses mains dérivèrent sur ses hanches, sa colonne vertébrale, puis ses omoplates, ses épaules, et enfin ses cheveux. Tout en se laissant aller à ce baiser de plus en plus fougueux, Harry caressait son dos et ses épaules, noyant par instant ses doigts dans ses courts cheveux blonds. Ce dernier se sentait excité par les mains timides de Harry, ses doigts qui effleurèrent sa peau, dévoilée par le pull relevé. Et le brun perdait son hésitation première, emporté par le baiser passionné que Draco lui offrait, et sa main qui passa sur sa fesse, sa cuisse, lui relevant la jambe…
Leurs cœurs pulsaient plus vite dans leur poitrine, Draco sentait Harry se ramollir sous lui : ses mains voyageaient sur son dos et ses cheveux, il répondait fougueusement, ses lèvres se pressant davantage et sa langue jouant avec la sienne… Et lui savourait la tendresse de cet échange, de ces caresses, ce baiser endiablé, Harry qui s'enflammait sous lui… Il réprimait douloureusement son érection, malgré son envie de le toucher davantage…
Il aimait ce moment. Toucher Harry, l'embrasser, le sentir chauffer sous lui… Il aimait la tendresse de ses mains, la fermeté de sa cuisse, la douceur de sa peau… Il aurait pu continuer, à l'infini, mais le manque d'air le força à stopper ce baiser, et alors qu'il reprenait son souffre, les bras de Harry autour de son cou, il put admirer son visage empourpré et un peu perdu. Une invitation à la luxure, vraiment…
« Tu sais que tu as un beau visage ?
- On me l'a déjà dit…
- Après qu'on t'ait embrassé ?
- Ah non, jamais.
- C'est le cas, pourtant. »
A ce moment-là, on toqua à la porte. Draco roula sur le côté et Harry se redressa, attrapant ses lunettes, alors que la voix de son parrain se faisait entendre.
« Salut les gars ! Je peux entrer ou vous faites des trucs cochons ?
- N'entre pas, on est nu !
- Le beau blond aussi ?
- Mais qu'est-ce que vous avez tous à m'appeler « beau blond » ? »
Sirius entra, comme s'il était chez lui. Il ne remarqua pas vraiment l'aspect débraillé de Harry, étant donné que ses cheveux étaient toujours désordonnés et ses fringues dans un état pas possible. Draco, à demi-allongé à côté de lui, avait eu le temps d'ordonner ses cheveux. Leur petit moment de tendresse passa donc inaperçu.
« C'est Isaline qui t'appelle comme ça, ça m'éclate ! »
Draco fit une moue exaspérée, ce qui fit rire Sirius. Ça ne lui faisait plus rien quand Isaline l'appelait « beau blond », même si ça le gênait un peu au début. D'un autre côté, elle le tutoyait quasiment depuis le début et il s'était fait à cette familiarité. Personne ne semblait prêt à le vouvoyer, ici. Il nota que Sirius et Isaline avaient l'âge d'être ses parents…
Sirius se pencha pour embrasser son filleul sur la tempe, puis il serra la main de Draco, un beau sourire sur le visage. Puis, il s'installa sur le lit.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Harry.
- Au cas où tu aurais oublié, ta tante nous a tous invités à dîner ce soir.
- Ah, c'est pour ça qu'on ferme plus tôt… Tu es là depuis longtemps ?
- Je viens d'arriver. Je voulais embêter Isaline mais elle en train de se prendre la tête avec un type, en bas. »
Draco lui demanda pour quelle raison Isaline était en train de s'énerver, Sirius haussa les épaules : quand il l'avait vue les poings sur les hanches et un air buté sur le visage, il avait fui la boutique. Nymph' s'en fichait, occupée qu'elle était à percer une jeune fille dans l'arrière-boutique.
Ils discutèrent tranquillement. Sirius mimait son éditeur qui lui prenait la tête avec son livre en cours, qui n'avançait pas assez vite selon lui, ainsi qu'un mec de la salle de sport qui s'était mis dans la tête que Sirius serait son amant. Alors entre ce mec qu'il n'arrivait pas à repousser et Severus qui ne disait rien… Enfin si, il lui avait conseillé de lui mettre une patate dans la gueule, ni plus ni moins. Enfin, en termes plus scientifiques, mais c'était le message.
« Il n'en a rien à faire ? S'étonna Draco.
- Disons que ce n'est pas la première fois et, selon lui, je ne suis pas assez franc avec eux. Remarque, vu ce qui s'est passé la dernière fois…
- Tu devrais l'écouter, pour une fois, répliqua Harry. Si c'est pour qu'il te jette dehors une fois de plus…
- Hey, je fais ce que je peux ! Pas ma faute si je suis aussi social. »
Pour le coup, ce n'était pas faux : Sirius était très sociable et il aimait être entouré, ce qui lui posait de sacrés problèmes quand un homme avait l'idée saugrenue de le draguer.
« J'ai beau leur dire que je suis casé et amoureux, personne ne me croit.
- Sans vouloir te vexer, tu n'as strictement rien à voir avec Severus.
- C'est sûr, approuva Draco. Pas du tout le même boulot, ni le même caractère… »
Sirius haussa les épaules : les gens n'avaient pas conscience à quel point Severus était un homme désirable. Il avait une certaine classe et une froideur qui le rendaient inaccessible. Il avait rarement eu d'amants, se lassant vite du comportement de ces derniers. Sirius était très certainement le pire de part son exubérance et son côté dragueur, mais c'était également celui qui l'aimait le plus, en acceptant ses mauvais côtés. Et puis, de toute façon, on n'oubliait jamais vraiment un amour de jeunesse…
Ils entendirent la voix d'Isaline : on fermait la boutique. Tout le monde se leva et quitta la chambre. Draco avait son sac sur le dos, un peu déçu de partir aussi vite, mais si Isaline avait un dîner de prévu… Elle était d'ailleurs dans l'entrée, elle montra la sortie à Sirius qui poussa un soupir à fendre l'âme : le voilà de corvée de ramassage : il devait aller chercher Remus et Severus. Nymph' était en train de stériliser ses aiguilles à piercing. Harry et Draco se dirigèrent vers la porte d'entrée, mais Isaline les retint.
« Draco, tu veux rester dîner ? »
Le blond ne cacha pas sa surprise et Harry sembla tout content.
« Ça serait sympa.
- Je ne sais pas si je peux… »
Il aurait voulu rester, mais il ne savait pas s'il pouvait vraiment se permettre de s'imposer ainsi, alors que Nymph' commençait tout juste à le tolérer, et il ignorait si Sirius l'acceptait.
« Si tu veux pas rester, tu peux me le dire ! Je ne serai pas vexée.
- Draco reste manger ? »
Nymph' venait d'apparaître, sortant de l'arrière-boutique.
« Je ne veux pas m'imposer…
- Raconte pas de bêtises : si je t'invite, c'est que ça me fait plaisir.
- Appelle tes parents et reste manger, Isaline a jamais su doser, elle cuisine pour vingt. »
La patronne grommela qu'elle était bien contente qu'elle cuisine pour vingt, vu tout ce qu'elle avalait. Nymph' lui fit un sourire angélique et disparut dans une petite pièce à côté du salon, où se trouvait son fils. Draco haussa alors les épaules : oui, pourquoi pas ? Isaline eut un joli sourire et elle s'enfuit dans la cuisine pour continuer à préparer son repas. Pendant ce temps-là, Harry empoignait le balai et la serpillère pour nettoyer le sol.
OoO
Sirius ramena Severus et Remus, qui furent tous les deux agréablement surpris d'apprendre que Draco dînerait avec eux. Ce dernier ne savait pas vraiment où se mettre, il ne connaissait personne hormis son professeur, Harry et Isaline, et il sentait le regard de Sirius posé sur lui, insistant.
Pourtant, le repas se passa très bien. Isaline avait ordonné à Sirius et Harry d'installer la table dans le salon et les deux hommes avaient ainsi prouvé la force de leurs biceps. Puis, on mit les assiettes, verres et couverts, et le repas ne tarda pas à être servi. Draco fut installé entre Harry, installé à un bout de table, et Severus. Il aperçut d'ailleurs le pied délicat d'Isaline écraser sans ménagement celui de Sirius quand il eut l'idée de se mettre à côté du blond, il dut donc se mettre près de son compagnon, à l'autre bout de la table. Draco soupçonnait la tatoueuse de l'avoir invité histoire d'apaiser les tensions, il ne pouvait que lui en être reconnaissant.
En face de lui, il y avait Remus Lupin, l'époux de Nymph'. C'était un professeur de droit, un peu timide mais très gentil, le genre de prof paternel qui faisait fondre les étudiantes, malgré son style assez simple. Lui et Nymph' étaient complètement différents, le jour et la nuit : Remus portait des vêtements simples et ses cheveux bruns parsemés çà et là de mèches déjà grisonnantes encadraient son visage serein, tandis que Tonks, avec ses cheveux rose fuchsia, ses vêtements colorés, échancrés, à moitié déchirés, bref, assez bizarres, et ses piercings, ne lui correspondait pas du tout. En même temps, à les voir enlacés dans l'entrée, ils formaient un joli couple.
Ainsi, Remus était assis devant lui, et s'en suivait Nymph', Teddy, et enfin Isaline à l'autre bout de table, afin de pouvoir naviguer entre la cuisine et le salon plus facilement, Draco se trouvait donc en bonne compagnie…
Tout au long du repas, qui fut très bon, Draco ne put que féliciter intérieurement Isaline de l'avoir placé ainsi : Nymph' était occupée avec Teddy, son fils, et son mari prenait soin de faire dériver la conversation quand elle s'intéressait de trop près à Draco. De même, Severus ignorait Sirius quand il faisait des sous-entendus. Que Draco avait du mal à comprendre, mais il préféra ne pas approfondir quand il vit les regards noirs qu'Isaline lançait à Sirius.
L'ambiance était agréable. Peu à peu, l'atmosphère se détendit, et Draco se sentit presque à sa place au milieu de toutes ces personnes qu'il connaissait si peu. Il avait tellement peu l'habitude de dîner dans une ambiance aussi joviale… Nymph' racontait des anecdotes en mimant avec ses mains, son visage changeant d'expression à chaque seconde, faisant rire l'assemblée. Severus racontait les absurdités qu'il lisait dans les copies, le langage SMS, les stupidités si aberrantes que c'en était à se tirer les cheveux, et Remus ne pouvait que l'approuver en soupirant, il en voyait tellement lui aussi… Isaline parlait comptabilité, les tatouages longs qu'on lui demandait de faire… Et Harry, les tatouages originaux qu'on lui demandait, ses clients aguicheurs…
Des personnes si diverses qui parvenaient à rire de tout, au point que Draco se sentit parfaitement à l'aise, se mêlant aux conversations, aussi bien celles très intéressantes des deux professeurs que celles stupides mais hilarantes de Sirius et Nymph'. Isaline sortit le vin et ses joues se colorèrent, tout comme celles de Sirius et Nymph'. Elle perdait son air sûr d'elle, sérieux.
Draco n'était pas habitué à ça. À rire lors d'un dîner, à discuter autant de sujets et d'autres, de parler à des hommes plus vieux que lui, et à se laisser aller ainsi. Normalement, c'était avec ses parents, dans une ambiance plutôt neutre. Ou entre amis. Ou avec son petit ami. Mais pas une soirée aussi agréable qu'il ne voulait pas quitter. Il avait presque l'impression d'avoir sa place, ici. Nymph' lui souriait et Sirius plaisantait même avec lui. Il sentait la main de Harry dans la sienne…
Quand il fallut s'en aller, après le dessert et le café, Draco fut pris d'un grand vide. Cramponné à Harry, sur la moto, il se dit que la soirée était passée bien vite, mais que les tensions qu'il avait ressenties entre lui, Nymph' et Sirius s'étaient apaisées. Quand ils s'étaient quittés, la tatoueuse l'avait pris dans ses bras pour lui dire « au revoir » et Sirius avait semblé franc avec lui quand il lui avait serré la main.
Ce qu'il ne savait pas, alors que Harry roulait vers la demeure des Malfoy, c'était que Sirius comme Nymph' avaient réellement admis l'idée que Harry sorte avec lui. Vraiment.
OoO
Le téléphone sonna. Une fois. Puis deux. Puis trois.
« Vous êtes bien chez Isaline Anderson et Harry Potter, nous sommes absents pour le moment mais laissez un message ou rappelez-nous plus tard. »
« Isaline, c'est moi. Rappelle-moi, s'il te plait. »
Une demi-heure plus tard, son tatouage terminé, Isaline quitta la boutique pour savoir qui avait téléphoné. Elle écouta le premier message : le notaire, que Harry devait recontacter, à cause du testament de sa grand-mère. Puis le second. Juste la voix de Sirius. Neutre. Signe qu'il allait mal.
Elle le rappela, il décrocha au bout de la seconde sonnerie.
« Sirius ? Tu m'as appelée ?
- Oui. Désolé de te déranger.
- Ça va pas ?
- Mon grand-père est mort. »
Pollux Black, traînant son cancer depuis un temps infini, venait enfin de rendre l'âme. Il avait souffert, ce vieux Monsieur. Regulus en parlait, de temps en temps, décrivant la rage de sa mère, qui prenait soin de du vieil homme, tout en se battant bec et ongles contre les rapaces qui tournaient autour de lui en espérant être sur le testament.
Et le voilà qu'il était mort. Isaline pensa à plein de choses. A la vérité sur Draco, qui allait faire surface d'un moment à l'autre. A cette visite à Londres, pour l'enterrement. A Sirius qui…
« Tu m'accompagnes là-bas ?
- Bien sûr. »
Severus ne viendrait pas. Surtout pas. Sirius ne voulait pas qu'il vienne à l'enterrement, subir les regards de sa famille, leurs chuchotements, leurs grimaces de dégoût… Il ne voulait pas que Severus soit la cible de leur mépris.
Isaline, c'était mieux. Ils la connaissaient, tous ces crétins. Ils savaient qui elle était, et ce serait moins pire que s'il venait avec son compagnon.
« Tu as appelé Severus ?
- Non, pas encore. Je veux pas qu'il vienne. »
Il ne serait pas vexé. Juste inquiet. Pour lui, et pour les remarques désobligeantes qu'on lui ferait. Il se ferait du souci jusqu'à ce qu'il revienne à Paris. Ce n'était pas pareil, d'habitude : ils s'installaient chez Regulus et ne voyaient personne de sa famille. Là, ce ne serait pas le cas, loin de là.
« Ils vont dire des choses. Je veux pas. Mais j'ai besoin de toi. »
Comme toujours. Une fois de plus. C'était une routine. Il avait besoin d'elle, de sa main dans la sienne, de son bras autour du sien… Il avait besoin d'elle, d'un repère, de quelque chose auquel se raccrocher, perdu qu'il serait dans la foule que représentait les membres de sa famille.
« Je sais. On ira ensemble, en amoureux.
- Avec Regulus, on aura du mal à être seuls en tête-à-tête. »
Elle l'imaginait assis dans son canapé, le téléphone prêt de son oreille, souriant à peine.
« Comment tu te sens ?
- Pas terrible. Ça fait bizarre qu'il soit mort. Je n'ai jamais été proche de lui, mais… ça fait bizarre. Et puis… il va falloir que je monte pour l'enterrement. »
La mort de son grand-père le touchait à peine : il n'avait jamais été proche de lui, ne l'avait jamais protégé contre sa mère. Il avait tenté de le récupérer, lui promettant que plus personne ne lui ferait de mal. Il avait essayé à nouveau de le ramener à la maison à sa sortie de prison. Il avait essayé de se faire pardonner, d'une façon ou d'une autre. Sirius aurait pu éprouver du regret, de la tristesse, mais plus rien concernant sa famille ne le touchait. Elle n'existait pas, pour lui.
Enfin… il était terrifié à l'idée de monter à Londres et de subir leur présence, de se mêler à la masse de Black présents à cet enterrement. C'était ça qui le déprimait, surtout. Affronter sa famille. Il y aurait Isaline, comme toujours. Regulus, aussi, son neveu et sa nièce. Mais… le regard terrible de sa mère, la froideur d'Oncle Cygnus, le dégoût de Tante Druella… Son père, aussi, son regard vague et humide de chien perdu… Et tous les autres, qui le considéraient comme un étranger, un imbécile, un moins-que-rien…
« Tout va bien se passer, ne t'inquiète pas. Je serai là.
- Tu es toujours là.
- Tu as besoin de moi, non ?
- Et Harry ? »
Il allait comprendre. Les Malfoy aussi allaient monter à Londres, plus ou moins par obligation. Harry allait faire le rapprochement. C'était évident…
« On verra.
- Tu vas lui dire ?
- Non. Il trouvera tout seul. Tant pis s'il me dispute. »
Sirius acquiesça. Il ne se voyait pas le lui dire non plus. Il laissait le soin à Isaline de lui annoncer qu'ils partaient pour Londres la semaine suivante. A lui de faire ses propres conclusions quand Draco lui dirait la même chose…
OoO
C'était bien un truc qu'il n'aimait pas, ça. Et qu'il craignait, aussi. C'était une étape inévitable, pourtant. Non seulement il détestait ça, mais en plus, Blaise osait se foutre de sa gueule…
« Allez, courage !
- Tu es marrant, toi… »
Nous étions début décembre et il faisait un froid terrible. Il n'y avait personne dehors, sauf les fumeurs, qui restaient à proximité des portes. Blaise avait fait partie de cette troupe, à une époque, mais il avait fini par céder aux arguments de Draco, et il avait arrêté la cigarette, ce qu'il ne regrettait pas.
Tous deux étaient postés devant les fenêtres, dans un couloir animé, profitant de leur « pause café », et dans la conversation, Blaise venait d'évoquer un « sujet qui fâche ».
Cette fois-ci, il avait appelé sa mère pour lui dire qu'il restait dîner chez Harry, sa tante l'ayant invité. Il ne pouvait donc pas refuser. Voyant cela comme une obligation, vu le ton qu'il employait, Narcissa lui recommanda de bien se tenir et de faire attention à ce qu'il disait, sans savoir que, en réalité, il ne prenait pas ce dîner comme une corvée.
Néanmoins, cela se gâta le lendemain, quand il dîna avec ses parents. En effet, sa mère connaissait Harry : elle l'avait déjà vu à la maison et ils avaient même bu le thé ensemble. Malgré son travail de tatoueur, elle trouvait que c'était un charmant garçon, poli et bien élevé, qui avait de la conversation. Autant dire qu'elle était séduite. Et son père eut la réaction que Draco avait tant crainte mais qui demeurait inévitable :
« Je ne l'ai jamais vu, moi. Pourquoi tu ne l'inviterais demain ? »
Sa mère, passait encore. Mais son père…
Ça pourrait aller très vite : il rentrait avec Harry, bonjour papa, voici mon petit-ami. Mais tel qu'il connaissait son père, et sa mère, Harry ne sortirait pas du Manoir avant d'avoir dîné. Harry avait beau être quelqu'un de débrouillard, jamais il ne parviendrait à tenir durant tout un repas avec ses parents. Pour ça, on devait être du milieu.
Et, dans le fond, il sentait que ça se passerait mal. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il avait un mauvais pressentiment. Son père était suffisamment civilisé pour ne pas lui faire de critique directe par rapport à Harry, Draco n'avait aucune crainte là-dessus, mais pour le reste… Non, il ne le sentait pas du tout…
Blaise essayait de le rassurer, mais il connaissait très bien les parents de son ami, et il savait qu'on pouvait être désagréablement surpris par leur comportement, quand on ne faisait pas parti du milieu. Lui, il savait se tenir à table, mais pour quelqu'un qui avait besoin de parler et qui… bon, soyons méchant deux minutes, qui faisait parti de la « basse classe », pas évident de tenir aussi longtemps avec le couple Malfoy. Blaise rigolait, mais quand il devait présenter ses copines à sa mère, il avait exactement les mêmes craintes. Voire pire, car Mrs Zabini était une vraie commère, elle voulait tout savoir…
« Comment tu vas te débrouiller, alors ?
- Harry vient me chercher après le boulot. Je vais rentrer et puis on avisera. »
Mais ce plan ne lui plaisait pas du tout. Pas du tout du tout… Oh, ce qui l'ennuyait le plus, avoua-t-il à Blaise, c'était qu'il ne faisait pas parti du monde bourgeois. Ce qui remontait le niveau, c'était qu'il parlait couramment l'anglais. Il savait se tenir et il était plutôt bien fait. Il aimait Harry tel qu'il était, avec ses défauts et ses qualités, mais si on était objectif, et du point de vue de ses parents, c'était un garçon quelconque, et surtout un tatoueur. En demeurant toujours objectif, Seamus avait gagné davantage de points : sa façon de s'habiller, son anglais parfait, et son niveau de vie quelque peu aisé. Sans oublier ses études en médecine. Les seuls points forts de Harry étaient son anglais et son côté sociable.
Il ne pouvait pas critiquer Harry, il le prenait tel qu'il était, mais bon… Il lui avait téléphoné la veille pour lui demander de s'habiller correctement. Le brun, évidemment, s'était énervé : le voilà qui lui reprochait sa façon de s'habiller, maintenant ! Le blond le pria de faire ce qu'il lui disait, c'était important pour lui. Juste une fois dans ta vie, mets un jean potable, oui, qui moule tes fesses s'il le faut, et un pull simple mais qui prend la forme de ton torse. Non, Harry, je n'ai pas honte de toi, mais s'il te plait, juste une fois, passe en mode « sexy »… Oui, tu l'as déjà été pendant la fête de Daphné, mais Harry, si tu m'aimes ne serait-ce qu'un peu…
Et il ne fut pas déçu quand, une fois son boulot terminé, il vit Harry habillé convenablement, à demi assis sur sa moto. Il portait un jean bleu dans lequel il ne nageait pas et, exaspéré, il ouvrit son blouson pour lui montrer que, oui, il avait mis un pull « normal ». Blaise ricana, c'était limite si Harry se s'effeuillait pas sur le parking, en réponse aux exigences de son petit ami.
« Bon, je vous laisse, les amoureux ! »
Draco tourna la tête vers lui et le foudroya du regard, sans voir que Harry rougissait comme une tomate. Puis, le blond se retourna vers lui et lui expliqua pourquoi il voulait absolument que Harry s'habille correctement.
« Pardon ?! Tu veux me présenter à ton père ?! »
Harry était écarlate et complètement halluciné. Bon, il connaissait déjà sa mère, mais il n'avait jamais vu son père, et vu comme en parlait Draco, ça risquait d'être… amusant.
« Oui, c'est ça. Je ne te l'ai pas dit hier, je ne voulais pas que tu stresses ou ce genre de chose.
- C'est raté !
- Harry, c'est l'affaire de cinq minutes. On rentre, tu dis « bonjour », et on monte dans ma chambre.
- Mais pourquoi tu veux…
- Je ne veux pas, c'est mon père qui le veut. Si ça ne tenait qu'à moi, je ne te présenterai pas : j'ai toujours peur de ses réactions, il est imprévisible… »
Harry fit la moue : il était déjà en stress. Draco n'avait pas dépeint son père comme un homme sociable et sympathique, mais plutôt comme un être réservé et froid, voire hautain. Draco mit son casque, l'air de dire « allez, on y va », et Harry dut en faire de même et monter sur sa moto. Draco la chevaucha à son tour et le brun démarra, partant à toute allure sur la route assombrie et froide.
Harry commençait à connaître le chemin et il ne se trompait plus dans les rues. Draco ne le laissa pas entrer dans la propriété : la barrière était en panne depuis deux jours et le réparateur n'était toujours pas venu pour arranger le problème. Sa mère verrait d'un très mauvais œil sa pelouse défigurée par les roues dévastatrices de la moto. Harry plaça l'antivol tout en se disant que cette maison était immense, bien trop grande pour trois personnes. Il était un peu anxieux mais Draco lui prit la main, en un geste rassurant, alors qu'il n'était pas plus rassuré que lui.
Ils entrèrent. Dobby fut content de voir Mr Harry, comme il disait, car le jeune homme le saluait avec chaleur et il était amusant de la voir gêné quand le vieux majordome tendait les mains pour récupérer sa veste. Mais Harry n'eut pas le temps de la retirer, car les parents de Draco arrivèrent.
« Bonjour, mon chéri ! Oh, Harry, vous êtes là ! »
Non, il n'était pas là. Il n'était plus là. Il n'existait plus.
Ils étaient là, tous les deux. Narcissa, et son mari. Ce mari. Cet homme…
Il ne voyait plus la femme, ses yeux étaient posés sur cette homme, grand, distingué, et noble. Ses cheveux blond pâle noués en catogan, son visage fin et si froid, ses yeux gris qui vous transperçaient, lisant en vous comme dans un livre ouvert. Une sorte de vampire, un mur infranchissable… Le genre de visage qui vous annonçait la tempête…
Harry Potter avait vécu deux cauchemars, quand il était enfant. Le premier s'appelait Vernon Dursley. Le second s'appelait Lucius Malfoy.
Draco vit le visage de son père s'éclairer de surprise, quand il vit Harry, et il n'eut qu'à tourner la tête vers son petit ami pour voir son visage se décomposer, pâlir. Sa main tremblait dans la sienne, il regardait son père avec des yeux grands ouverts, comme s'il ne croyait pas en ce qu'il voyait.
Il ne réfléchissait plus. Il n'y avait que ce visage, cet homme, ce cauchemar sorti des tréfonds de sa mémoire. Un être qui lui avait inspiré la peur, étant enfant, la peur du changement, de l'arrachement…
Lucius prononça un mot. Un mot qui englobait tout. Un mot, qui englobait cette vision furtive, Nymphadora mal peignée et mal habillée dans la boutique, Isaline dans un coin, et cet enfant accroché à sa jambe. Un mot qui résumait ce petit être malingre, dont les yeux verts l'avaient percuté au moment même où il l'avait vu…
« Harry ? »
Et il s'enfuit. Harry lâcha la main de Draco et se rua hors de la maison, courant à toutes jambes… Et Lucius en fit de même, criant son prénom, lui sommant de rester là.
« Harry ! Restez ici !! »
Mais trop tard, il traversa la pelouse, courant à s'en déboiter les cuisses, ouvrit la grille et monta sur sa moto après avoir retiré l'antivol rapidement. Lucius poussa un grognement de rage : il l'avait laissé s'échapper.
Draco ne comprenait rien. Comment sont père le connaissait-il ? Pourquoi avait-il lu la peur sur le visage de Harry, comme le jour où les Dursley avaient débarqué chez lui ? Pourquoi s'était-il enfui, comme ça ? Il leva les yeux vers sa mère, pâle et immobile comme une statue. Elle non plus ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre…
« Lucius… Comment…
- Mais c'est pas vrai ! Il est parti ! Il a osé partir !
- Qui est ce…
- Narcissa, enfin ! S'écria-t-il. C'est Harry ! Harry Potter ! Le fils adoptif d'Isaline Anderson, la femme qui a pris en charge Nymphadora ! »
On aurait dit qu'une gifle venait de s'abattre sur sa joue. Violemment. Draco ne comprenait pas. Pourquoi son père était-il aussi furieux, pourquoi les larmes montaient aux yeux de sa mère ?
« Et dire que tu ne l'as pas reconnu ! Tu dois pourtant t'en rappeler, il tournait autour de Nymphadora, toujours dans les pattes d'Anderson ! Ton cousin est son parrain ! »
Elle devait s'en rappeler, pourtant. De ce petit garçon qui s'accrochait aux jambes de Nymphadora, comme s'il avait peur qu'elle ne s'envole. Elle devait se souvenir de cet enfant aux verts, humides comme s'il allait pleurer, si petit pour son âge, si maigre…
Elle devait se souvenir de cet enfant battu qu'Isaline avait récupéré, avant de prendre Nymphadora chez elle, puis Sirius…
Il se tourna soudain vers Draco.
« De tous les hommes de France, il a fallu que tu choisisses celui-là ! »
Ce que Draco ne savait pas, c'était qu'Isaline avait eu la même réflexion.
Mais ce qu'il savait, par contre, c'était que ça faisait mal. Il s'était passé quelque chose, Harry en avait souffert, et ces mots… lui faisaient mal…
OoO
La moto s'arrêta devant la maison. Elle entendit la porte du garage s'ouvrir, puis se refermer. Nymph' aussi devait l'entendre, dans la boutique. Il s'était mis à pleuvoir, une pluie douce et humide qui couvrait quelque peu le bruit des voitures.
Mais sa moto, elles l'avaient entendue. Nymph' dans la boutique et Isaline dans sa chambre. Elles l'entendirent entrer, sans un mot, par la porte de derrière, puis monter les escaliers. Isaline l'entendit ouvrir la porte, doucement, sans frapper.
Elle n'osa pas tourner les yeux vers lui. Au moment même où il était arrivé, elle avait compris qu'il s'était passé quelque chose. Nymph' l'avait deviné aussi. Il y avait des choses qu'on savait mais qu'on ne pouvait expliquer.
« Tu le savais. »
Silence.
« Vous saviez. »
Oui. Tous les trois. Ils savaient.
« Pour Draco. »
Depuis longtemps.
« Draco, c'est le fils des Malfoy. »
C'était presque évident. Il leur ressemblait. Surtout son père.
« Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? »
Il y avait des larmes dans sa voix. Isaline leva alors les yeux et son cœur se serra en le voyant tout trempé, ses cheveux noirs dégoulinant sur son visage humide, et ses yeux brouillés par les larmes. Sa bouche se tordait, il essayait de ne pas céder aux larmes.
« Pourquoi t'as rien dit, Tata ?
- Je ne voulais pas te faire de mal. Et tu avais l'air heureux, avec lui.
- Ils t'ont fait du mal…
- Je sais. Mais Draco n'y est pour rien. Sirius et Nymph' voulaient te le dire, tu sais. Mais moi, je voulais que tu sois heureux. Je préférais que tu le découvres tout seul. »
Il se mit à pleurer. Pas de sanglots. Juste des larmes qui coulaient le long de ses joues.
Les Malfoy. Ces gens qui étaient venus dans la petite boutique d'Isaline pour récupérer Nymph'. Ces gens qui s'étaient battus contre elle, lui en avaient fait voir de toutes les couleurs, afin de la détruire… Les Malfoy et les Black, ces gens qui avaient détruit la maison, et Isaline en même temps…
Il les haïssait. Autant que Nymph', il les haïssait, pour ce qu'ils leur avaient fait. A eux et à Isaline. Alors pourquoi…
Pourquoi était-il tombé amoureux de Draco ? Pourquoi n'avait-il pas compris ? Son visage, sa façon d'être… Le rejet évident de Tonks, la méfiance d'Isaline, l'insistance de Sirius…
Pourquoi n'avait-il pas compris ?
« Pourquoi… je n'ai pas… compris ?
- Parce que tu étais amoureux. Harry, ne te prend pas la tête, et arrête de pleurer, s'il te plait… »
Elle se leva et le prit dans ses bras. Il était mouillé, pourtant, mais elle le serra fort, noyant ses doigts dans la chevelure sombre et humide de son pupille.
« Ryry… C'est pas la faute de Draco, tout ça… On le sait. Personne ne t'en veut. C'est à moi qu'ils en voulaient, mais maintenant, ils ont confiance. Draco est quelqu'un de bien, non ?
- Ses parents…
- On s'en fout, Ryry. On s'en tape, de ses parents. C'est lui le plus important, non ?
- … t'ont fait… du mal…
- Ses parents, pas lui. Imagine, il avait à peine dix ou onze ans, à l'époque. Calme-toi, Harry. Calme-toi… »
Arrête de pleurer, mon ange…
OoO
Il dormit très mal, cette nuit-là. Par moments, il avait conscience qu'il était réveillé, et il se demandait alors s'il avait dormi. Quand il se réveilla, le lendemain matin, il ne fut pas étonné de voir des cernes sous ses yeux, une fois devant le miroir.
Il y avait des choses qu'on vivait mais dont on ne se rendait pas compte. S'il avait su que ses parents, à l'époque, se battait pour récupérer sa cousine, il aurait peut-être fait le rapprochement avec Nymph'. La tatoueuse. Avec ses cheveux roses, ses piercings et ses fringues bizarres.
Mais Draco ne savait pas tout ça. Il savait qu'il avait une tante Andromeda, mais pas d'oncle Ted et de cousine Nymphadora. On n'en parlait jamais, à la maison. Il n'y avait que Tante Bellatrix, qui lui faisait un peu peur. Il ne l'aimait pas trop. Pas plus que son Oncle Rodolphus.
Après le départ de Harry, son père lui avait tout expliqué. Douloureusement. Sa mère s'était postée devant la fenêtre, elle ne dit pas un mot durant tout le récit. Son père lui raconta la mort de Ted Tonks, puis d'Andromeda, et enfin la disparition de Nymphadora, quand on voulut la récupérer. Il lui raconta le retour de Sirius, étant libéré de prison, et l'enquête qui avait suivi sur Isaline Anderson qui devait le récupérer.
Draco imagina la scène. Ses parents, son père avec ses vêtements hors de prix, sa mère, avec ses cheveux courts et sa robe sombre du deuil, dans une minuscule boutique de tatouages. Isaline, ses vêtements bizarres, mal repassés, décolorés, avec ses cheveux blonds et bruns, défiant le couple de son maigre corps et de ses yeux de lionne. Et Nymphadora, à peine âgée de seize ans, tremblante, avec le petit Harry accroché à elle.
Il imagina Nymphadora perdu dans les rues à vendre ce qui lui restait : elle. Il imagina Isaline la tirant chez elle, la protégeant dans sa petite maison, dans ce lieu si ridiculement petit, où Nymph' avait un toit. Il imagina la tatoueuse, avec ces deux enfants à charge. Un enfant battu et une adolescente pommée.
Puis, son père lui raconta les combats pour récupérer sa nièce. Les services sociaux, Nymphadora qui hurlait qu'elle se suiciderait si on ne la laissait pas tranquille, ses larmes sur ses joues quand elle disait qu'elle voulait rentrer à la maison. Rentrer à la maison… Elle voulait rentrer chez elle. Chez Isaline. Chez la femme qui était venue la chercher. Il lui raconta son propre agacement, et les Black qui voulaient absolument récupérer la gamine, Narcissa qui refusait de la laisser aux mains de cette « traînée ».
Draco tiqua. Plein de fois. Traînée. Putain. Idiote. Des mots que sa mère employa par moments, lui révélant en quelques phrases son aversion pour Isaline Anderson. Son dégoût pour cette femme, qui lui avait pris ce qui lui restait de sa sœur défunte : Nymphadora. Cette femme qui avait emmené Sirius…
Draco ne dit rien, au début. Mais il craqua quand son père lui avoua qu'il paya des hommes pour faire brûler la maison, alors que Sirius venait tout juste de sortir. Il tentait de se mêler de cette affaire. Et elle avait payé. Draco se leva alors, empli de fureur…
« Comment vous avez pu lui faire ça ?!
- Notre but était qu'elle cède, rien de plus…
- Vous avez brûlé sa maison ! Sa boutique ! Vous avez…
- Nymphadora n'avait rien à faire chez elle !! »
Sa mère criait. Draco revoyait Isaline. Son regard méfiant, perçant, quand il venait chercher Harry, au tout début. Son air peu avenant. Il revoyait Nymph', s'en allant avec son fils, ne lui adressant pas la parole. Et Sirius, si hypocrite…
Il sentit sa gorge se serrer, quand il se remémora le sourire fatigué d'Isaline quand elle lui dit qu'elle attendrait qu'il en ait terminé avec ses formalités. Qu'elle ne pourrait pas avoir l'esprit tranquille tant qu'il était là, tout seul, dans ce commissariat. Quand elle lui dit qu'il allait dormir à la maison. Quand elle l'appelait « beau blond », quand elle lui embrassait les joues…
« Tu as beau la critiquer, elle, elle est restée avec moi au commissariat. »
Narcissa s'était étranglée et avait rougi de gêne. Oui, elle, elle avait attendu. Elle détestait ses parents, elle avait ses raisons pour ça, mais elle avait attendu. Elle l'avait laissé dormir chez elle. Elle encourageait les autres à l'accepter. Elle brisait la glace…
Il n'avait pas mangé, la veille. Enfermé dans sa chambre. Il leur avait crié qu'ils ne savaient même pas qui elle était, qu'ils lui avaient fait du mal par orgueil, alors que son seul tord avait été de retrouver Nymphadora Tonks avant eux et de lui avoir offert un toit.
Il s'était donc couché sans manger, et il avait mal dormi, torturé qu'il était par ses pensées. Sur tous les hommes de France, il était tombé amoureux de Harry Potter. Et depuis la veille, alors qu'il ne cessait de penser à ce que son père lui avait raconté, il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur : et si Harry arrêtait tout ? Et si Harry, sachant maintenant qu'il était le fils des Malfoy, décidait de le plaquer ?
Non… Non, il ne pourrait pas lui faire ça. Il ne pouvait pas tout arrêter, alors que… alors qu'il était tombé amoureux… alors qu'il admettait ses sentiments pour lui, alors que c'était la première fois qu'il ressentait de pareilles choses pour quelqu'un…
Et dire que les autres savaient… Tous les trois, ils savaient, et le professeur Rogue aussi… Isaline avait joué avec lui, le rejetant d'abord, affichant clairement son mépris, puis elle l'avait jeté dans la fosse aux lions, brisant la glace… Elle avait mis ses préjugés de côté. Pour Harry, sûrement. Elle avait été bien, avec Draco. Mieux qu'il ne l'aurait pensé. Elle aurait dû tout dire à Harry, se venger, faire quelque chose… Et elle avait été la première à l'accepter…
Draco ne se sentait pas bien. À la fois coupable et victime. Coupable à cause de ses parents, et victime car il ne savait pas si Harry voudrait toujours de lui. L'aimait-il ? Ressentait-il quelque chose pour lui ? Il ne savait pas. Mais ce qu'il savait, c'était que lui, il l'aimait…
OoO
« Tu sais… Maintenant que je le vois comme ça, je me dis que tu as bien fait de nous retenir, quand on a voulu lui dire.
- Je sais pas, Nymph'. Il s'en veut d'être amoureux de Draco. Avant, ça lui aurait fait moins mal.
- C'est vrai. Mais avant, il s'en serait voulu d'aimer Draco et alors il aurait cassé. Et il aurait eu des remords, après. Là, il a mal, mais tout va s'arranger.
- J'aime ton optimisme.
- Pour une fois que c'est toi qui est pessimiste… En tout cas, l'entendre jouer de la guitare, ça me plombe le moral…
- J'espère que Draco va se bouger le popotin, je ne supporterai pas ça longtemps…
- Isaline, tu imagines la gueule des Malfoy quand ils ont compris qui était Harry ??
- Tu vois, c'est vraiment un truc que je regrette : ne pas avoir été là.
- Oh, j'imagine trop bien Lucius…
- Narcissa, ce devait être encore mieux, avec son air pincé… Excellent… »
OoO
Quand Draco était arrivé au boulot, il semblait épuisé. Pas spécialement physiquement, malgré ses cernes, mais plutôt moralement. Blaise était en décalage par rapport à lui, il avait commencé une heure plus tôt, et quelle fut sa surprise quand il l'aperçut avec ces cernes sous les yeux. Il ne laissait rien transparaître sur son visage, mais Blaise savait que quelque chose n'allait pas.
Et ça ne loupa pas. Quand ils se virent à la pause-déjeuner, Draco lui raconta ce qui s'était passé la veille. Blaise n'en revenait pas : Nymph', la tatoueuse, était en fait sa cousine, son père avait été tué par sa tante, sa mère s'était laissée mourir et Isaline avait dû se battre contre les Malfoy et les Black pour la garder chez elle. Il comprenait maintenant leurs réactions. Nymph' avait perdu ses parents à cause de sa tante, personne n'était venue la chercher et elle avait dérivé, jusqu'au jour où Isaline l'emmena chez elle, et cette dernière dut se battre afin d'avoir la garde de l'adolescente, qui ne voulait avoir plus aucun contact avec sa famille.
Harry n'avait pas compris. Après tout, Draco ne lui avait jamais dit son nom de famille et il ne connaissait celui de Harry que parce qu'il avait tatoué Millicent. Harry était un peu simplet… En même temps, si Harry avait su, ce serait terminé depuis longtemps. Et peut-être que c'était déjà fini. Cette idée rongeait Draco, qui avait peur de l'avoir perdu. A cause de ça. Il comprendrait sa réaction, mais il ne pourrait pas l'accepter. Pas avec les sentiments qu'il ressentait…
Il faisait pitié. Au final, il était devenu comme ses ex, qui s'accrochaient à lui par amour. Il était devenu comme Seamus, qui n'acceptait pas la rupture. A cause de ces putains de sentiments…
La journée fut donc horrible. Draco travailla comme d'habitude. Certaines personnes lui demandaient ce qui se passait, il avait l'air fatigué. Même McGonagall l'interrogea. Il aurait pensé subir quelques critiques, mais comme il était aussi efficace que d'habitude, le médecin prit de ses nouvelles.
Mais Draco n'allait pas bien. Il lutta toute la journée pour ne pas laisser ses nerfs exploser. Même quand une jeune stagiaire éclata en sanglots car, on faisant sa prise de sang, son patient était mort, même quand un interne piqua sa crise car un stagiaire n'était pas fichu de faire un pansement correctement, il garda son calme, fermant sa gueule, alors que beaucoup de choses voulaient sortir.
Ses pensées étaient tournées vers Harry, qui devait sûrement bosser, à l'heure qu'il était. Comme un crétin, dégoulinant de pensées mièvres et écœurantes, il pensait à Harry, aux moments qu'ils avaient passé ensemble, en se demandant si Harry allait le laisser tomber ou, au contraire… Draco n'était responsable de rien, objectivement, mais il savait que la rancune était tenace…
Quand il termina enfin sa journée, il quitta l'hôpital et monta dans sa voiture, avec la ferme intention de parler à Harry. Il avait essayé de lui téléphoner, la veille, mais son portable était éteint.
Ça ne se finirait pas comme ça. Draco n'était coupable de rien et il ne voulait pas perdre Harry pour une histoire datant d'une douzaine d'année, et dont ils n'étaient pas responsables. Mais, surtout, il ne voulait pas perdre Harry. Même s'il s'était enfui, la veille, même s'il devait à nouveau venir vers lui, tant pis.
Il arriva plus vite qu'il ne l'aurait cru à la boutique. Il se gara devant le garage. Puis, il sonna. Personne ne vint ouvrir. Il sonna une deuxième fois. Il lui sembla entendre le couinement de vieilles Converses dans l'entrée. On déverrouilla la porte, puis elle s'ouvrit. Sur son visage. Un peu pâle, avec des cernes aussi.
Tous ses discours s'envolèrent, comme s'ils n'avaient jamais existé. Comme s'il ne se les était pas répétés inlassablement dans la voiture. Il n'y avait plus que son visage un peu étonné, et soulagé.
Sans réfléchir, Draco prit son visage dans ses mains et l'embrassa. Il ne pensait même plus que la porte était ouverte, qu'on pourrait les voir, et que cet acte était stupide. Il ne pouvait que presser ses lèvres sur les siennes, passionnément. Il sentit Harry écarter de force ses mains de son visage afin de pouvoir enlacer le cou de Draco d'un bras, l'autre étant occupé à claquer la porte, alors qu'ils entraient dans la maison.
Draco plaqua Harry contre le mur, glissant un bras possessif autour de sa taille tandis que l'autre ébouriffait ses cheveux noirs. Le brun ne demeurait pas en reste, se collant plus encore si c'était possible contre lui, répondant au baiser passionné que Draco lui offrait. Son corps s'embrasait au contact de ses doigts froids sur sa nuque, sa langue indiscrète qui prenait possession de sa bouche, son bras autour de sa taille qui le tenait comme s'il était sien…
Le fait qu'il était amoureux de Draco, que sa présence, sa voix, ses baisers lui étaient indispensables, lui revint de plein fouet. Leurs lèvres se quittèrent, à court d'air. Draco le regardait avec ses yeux bleu gris, fiévreux, quelque peu haletant. Il se pencha vers ses lèvres, comme s'il allait l'embrasser, mais un murmure s'échappa de ses lèvres.
« Dis-moi que ce n'est pas fini… Dis-le-moi, Harry… Dis-moi que c'est pas fini, nous deux… »
Il se souvint de Seamus, de son regard suppliant, quand il l'avait plaqué. De ses yeux humides, de sa petite voix plaintive. Draco se sentit misérable, il faisait pitié…
« Non, Draco… »
… mais il avait besoin de Harry. Il était tombé dans ce piège, vieux comme le monde, des sentiments amoureux. Et le léger sourire de Harry…
« C'est pas terminé… »
… ne put que déclencher une vague de soulagement en lui. Il sentit à peine le grand sourire qui étira ses lèvres, car déjà, il les pressait sur la bouche rougie de Harry, glissant sa langue entre ses dents, pour l'embrasser fiévreusement. Il ne pouvait le lâcher, soulagé au possible, et Harry se demandait comment il avait pu ne serait-ce que penser à vivre sans lui. C'était impossible… Complètement impossible… Il l'aimait trop…
A nouveau, Draco brisa le baiser. Il planta son regard dans les yeux verts et troublés de Harry. Il voulut dire quelque chose, mais la porte de la boutique s'ouvrit brutalement et ils entendirent les chaussures à talons de Tonks claquer sur le carrelage de l'arrière-boutique. Ils se séparèrent à regret, les joues encore rouge, et elle débarqua dans l'entrée, toute pimpante.
« Ah, j'étais sûre que c'était Draco ! Tu mettais trop de temps à revenir, Ryry ! »
Son sourire se figea quelque peu quand elle croisa le regard du jeune homme. Son regard où pointait la culpabilité, et elle sentit en elle quelques remords : elle avait détesté Draco, comme elle avait détesté ses parents. Alors qu'il n'y était pour rien, dans cette histoire…
« Je suis désolé… Pour mes parents…
- Bah ! T'occupes pas ça ! »
Elle haussa les épaules, un joli sourire sur son visage. Disparu, cet air réservé et sombre qu'elle affichait en sa présence.
« T'y es pour rien, toi. Tu sais, je t'aimais pas du tout, au début. Avec ce qui s'est passé… Enfin, tu dois être au courant, non ?
- Oui, avoua-t-il. Ils m'ont tout raconté…
- Je ne vais pas m'étendre sur les détails, alors. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ! Isaline m'a fait comprendre, à sa façon, que tu en valais le coup. Donc, te pose pas trop de questions. Par contre, faut pas trop m'en demander ! Je suis quand même une idiote, donc je ne changerai pas d'avis sur tes parents.
- Je n'en demande pas tant. »
Ce qui lui importait le plus, c'était qu'elle l'accepte, lui. Soudain, elle lui sauta dessus, l'enlaçant avec force, en criant : « bienvenu à la maison, cousin !! ». Nan, il aurait beau faire des efforts, jamais il ne verrait Nymph' comme sa cousine… Elle serait toujours une tatoueuse bizarre et aux cheveux roses…
Puis, elle le lâcha et lui fit un clin d'œil. Elle retourna dans la boutique et Draco tourna la tête vers Harry, qui retira ses chaussures, l'incitant à en faire de même, puis il lui prit la main et l'emmena à l'étage, dans sa chambre. Draco eut l'étrange sensation d'être chez lui, et il prit à nouveau Harry dans ses bras pour l'embrasser.
Il s'était pris la tête, la veille, en se demandant si Harry allait le laisser tomber. Mais à présent, il le tenait dans ses bras, le sentait fondre contre lui, leurs lèvres soudées en un baiser passionné. Il sentait ses mains dans ses cheveux, ses doigts sur sa nuque, lui arrachant de petits frissons. Dominant le baiser, il laissa Harry investir sa bouche, et son corps se liquéfia sous la tendresse de Harry, la douceur avec laquelle il embrassait. Un baiser délicieusement frustrant…
OoO
Ils étaient allongés sur le lit. Ils avaient discuté, longtemps, et ils avaient fini par s'étendre sur le lit. Draco avait calé sa tête sur un oreiller couvert d'une taie bleue, Harry allongé sur lui, sa joue posée sur son épaule.
Le blond lui caressait les cheveux, en gestes lents et naturels. Ils parlèrent de tout : les temps sombres que Harry avait vécu quand Nymph' était arrivée à la maison, principalement. Il lui raconta les cris, les gifles, les portes qui claquaient. Nymph' lui faisait peur et elle mettait souvent Isaline en colère. Elle la frappait, parfois, et Harry ne comprenait pas pourquoi. Il ne comprenait pas non plus pourquoi Isaline faisait tellement attention à elle : elle lui préparait ses desserts préférés, lui achetait des vêtements, lui faisait des câlins, parfois… Mais elle giflait, et elle criait. Il s'était dit que c'était pour ça qu'elle était partie.
Elle était revenue, pourtant. Un peu comme lui. On aurait dit un chien mouillé qui rentrait au bercail. La vie avait alors semblé plus belle : Nymph' faisait moins la tête, elle était plus gentille, et Isaline était moins méchante avec elle. Plus tard, Harry comprit que Nymph' avait eu besoin de ça. Des claques et des cris. Elle avait eu besoin qu'on la frappe, qu'on la redresse, qu'on lui fasse mal. Nymphadora Tonks avait eu besoin d'un mur, d'une résistance, de quelque chose pour la remettre dans le droit chemin. Elle s'était tellement blessée, à force de frapper contre ce mur, qu'elle avait fini par comprendre que cette maison était le seul endroit où elle était à l'abri, et où elle pourrait vivre, à présent, sans ses parents.
C'était sa maison. Avec sa petite chambre, ses vêtements, les petits plats d'Isaline, leurs soirées devant la télé… C'était son « chez elle ». On lui avait déjà pris ses parents, et on l'avait abandonnée. Elle ne voulait pas qu'on lui vole ces petites choses qu'Isaline lui offrait, sans rien lui demander en retour.
Draco écoutait, en se disant qu'ils en avaient bavé. Tous. Harry Potter avec sa famille de fous, qui avait retrouvé un semblant de vie normale quand Isaline était devenue sa tutrice. Nymphadora Tonks avec son père tué et sa mère morte de tristesse, et sa vie qui avait basculé dans le mauvais côté. Sirius Black avec ses années de prison, accusé du meurtre de son meilleur ami et de son épouse, un crime qu'il n'avait pas commis. Et Isaline Anderson, qui avait mené le bateau…
Maintenant, ils s'étaient arrêtés de parler. Draco somnolait à moitié, ayant passé une nuit difficile. Le silence était agréable. Harry caressait sa joue du bout des doigts, Draco effleura sa main, plus chaude que la sienne. Harry redressa sa main et écarta ses doigts. Draco eut un léger sourire quand il superposa ses doigts aux siens : la main du blond était plus longue et plus fine, celle de Harry plus large. Sa peau était un peu plus halée.
Draco songea vaguement que tout les différenciait : que ce soit la teinte de leur peau, la couleur de leurs cheveux, leur passé ou encore leur situation familiale. Tout les opposait, et pourtant, il se sentait incroyablement proche de Harry. Ce dernier décala légèrement ses doigts et leurs mains se croisèrent.
« Je viens de penser à quelque chose.
- Hm ?
- Au début, quand on sortait ensemble… Tu aimais particulièrement quand on se tenait la main. »
Harry rougit et il sentit ses joues brûler encore davantage quand Draco eut son petit sourire en coin. Leurs mains étaient toujours liées, leurs doigts entrelacés.
« Tu as dû me trouver bête…
- C'était mignon. Je te faisais tant d'effet que ça ?
- C'est pas ça…
- Dis-moi, ça m'a toujours intrigué.
- C'est que… j'ai jamais eu le droit de le faire avec mon ex. »
Draco se redressa tant il était surpris mais Harry cacha son visage dans son cou, extrêmement gêné, et sous son poids, Draco retomba sur le matelas.
« Harry ? Tu peux répéter ce que tu viens de dire ? »
Mais le jeune homme était trop gêné pour ça, il se sentait ridicule. Draco le fit basculer sur le côté et, surpris, Harry ne fit rien quand Draco monta sur lui, le bloquant sous son corps. A une époque, il aurait pu être gêné, mais sentir le corps du blond sur le sien n'évoquait plus ni crainte ni malaise.
« Répète ?
- Mon ex… ne voulait pas.
- Je ne comprends pas, avoua le blond. Il ne voulait pas que vous vous teniez la main ?
- Non. C'est si dur que ça à comprendre ? Dit Harry, énervé.
- Mais pourquoi ?
- A ton avis ? »
Harry leva les yeux vers lui, ce qu'il n'avait pas osé faire jusque là. Sur son visage, il pouvait lire l'évidence, mais Draco ne comprenait pas. Ou, plutôt, il ne voulait pas saisir l'évidence.
« Il avait honte de moi, c'est tout.
- Mais… comment on peut avoir honte de toi ? »
Draco vit le visage de Harry s'éclairer de surprise. Puis, il serra les dents et respira profondément. Ce qu'il venait de lui dire l'avait touché, mais il ne savait pas si c'était dans le bon sens du terme ou dans le mauvais.
« Harry ? »
Il lui caressa la joue, levant son visage vers lui. Il ne savait pas que sa gorge était serrée.
« Pourquoi tu es sorti avec un homme qui avait honte de toi ? Il était plus âgé ?
- Non. Deux ou trois ans de plus. Mais je l'aimais. »
C'était la pire des justifications, mais la plus vraie, aussi.
Il avait été amoureux de Cédric. Tellement amoureux, tellement heureux qu'on fasse vraiment attention à lui qu'il avait tout permis. Presque tout. Suffisamment pour se brûler les ailes…
Ces mots firent mal à Draco. Très mal.
« Et… votre histoire date de quand ? »
Harry eut soudain un sourire ironique.
« Quelques temps. Mais c'est pas important, c'est fini, maintenant.
- Et pourquoi vous avez cassé ? Demanda le blond, l'air de rien.
- Disons que Cédric était un peu bizarre, et il a fait pas mal de bêtises. A la fin, c'est un peu parti en vrille, et j'ai fini par dire stop. »
Quel nom de merde, pensa-t-il, avec amertume. Cédric et Harry… Nan, vraiment, aucune classe…
« Tu as une photo ?
- Mais qu'est-ce que ça peut te faire ? On est ensemble, toi et moi, et Cédric c'est du passé.
- J'aimerais bien voir la gueule de l'abruti qui a osé sortir avec toi en ayant honte d'être gay. »
Harry vit le mépris dans le regard de Draco. Le blond lui dit qu'il ne pouvait tout simplement pas admettre qu'on puisse avoir honte de sortir avec un homme : certes, il fallait supporter les regards, les sous-entendus, voire les insultes. Mais il fallait être plus intelligent que les autres, et se cacher était un manque de respect envers l'autre, car c'était comme si l'homosexualité était une tare, une maladie.
« D'un autre côté, si c'est pour se faire insulter… Répliqua Harry.
- On s'est déjà fait insulter, tous les deux ?
- Non, mais…
- Est-ce que tu as honte de sortir avec moi ?
- Bien sûr que non ! S'exclama-t-il.
- Moi non plus. Quand on est attiré par les hommes, on assume, et se cacher ne sert à rien. C'est vrai qu'on peut se faire insulter, etc., mais il faut être intelligent : se rouler une pelle devant l'entrée d'un lieu de travail, c'est pas malin du tout, mais se tenir la main dans la rue, ça ne regarde personne.
- Il avait peur des racontars, et tout, dit Harry, en essayant de se défendre. Moi, je tenais à lui, donc j'acceptais. Quand tu es amoureux, tu fais souvent des conneries, c'est comme ça. »
Et lui ? Etait-il amoureux de lui ? Draco ? Harry parlait de façon tellement naturelle de son ex petit-ami que Draco se sentait jaloux et il ne parvenait pas à comprendre comment Harry avait pu s'amouracher d'un abruti pareil.
« Et puis c'était comme ça, il avait honte de moi. Il ne me le disait pas, mais je le sentais. On n'était proche que quand on était tous les deux, pas dans la rue ou devant les autres. Quasiment personne n'était au courant.
- Comment on peut avoir honte de toi, sérieusement ? »
Le mépris avait disparu de son visage, remplacé par l'incompréhension. Ça le dépassait, tout simplement. Harry ne put s'empêcher de rougir…
« Je suis un homme, c'est normal…
- Harry, je suis sorti avec d'autres hommes avant toi, et t'es pas le plus casse-pieds. Je vais avoir l'air niais et ridicule, mais tu es quelqu'un d'adorable et pas spécialement envahissant. »
Côté discrétion, Harry ne posait pas de réel problème : il aimait quand on lui tenait la main mais il n'exigeait pas de baisers baveux ou autres joyeusetés quand ils étaient en public, que ce soit dans la rue ou dans une soirée. Il n'était pas non plus conforme à la caricature du mec efféminé ou dragueur, Draco ne traînait pas un boulet derrière lui, comme ça lui était arrivé une fois, par le passé.
« La seule chose qui pourrait poser problème, chez toi, c'est ta façon de t'habiller et tes cheveux. Et encore, ça te donne du charme, on s'y fait vite.
- En gros, je suis le petit ami parfait ?
- Je dirais plutôt que tu es le petit ami idéal quand on n'assume pas bien son homosexualité. »
Quand il était au lycée, Draco était sorti avec un garçon dans le genre de Harry, mais en beaucoup plus timide, et ça avait fini par capoter justement parce qu'il avait un peu trop de réserve. Mais quand on avait du mal avec le fait d'être homosexuel, il estimait, personnellement, que les hommes comme Harry était l'idéal : pas trop envahissant et correct physiquement. Les hommes comme Seamus, par contre, étaient une horreur quand on n'assumait pas son attirance pour les hommes.
Harry, allongé sur le dos, l'écoutait parler, ses mains posées sur les hanches du blond, toujours sur lui. Il se sentait particulièrement touché par tout ce qu'il lui disait, et même s'il savait le blond séducteur, il n'était pas du genre à dire des choses qu'il ne pensait pas. En tout cas, pas ce genre de chose-là.
Avec Cédric, il s'était toujours senti comme un poids. Il n'avait pas le droit de lui tenir la main, de l'embrasser, ni même d'aller le chercher quelque part… Même pas un petit geste en public, rien… Avec Draco, tout était différent, il le prenait comme il était. Certes, Harry avait exigé qu'ils ne se cachent pas, ne voulant pas revivre le même Enfer qu'avec Cédric, mais quand même…
« Et combien de temps ça a duré ?
- Six mois.
- Ah oui quand même… »
En six mois, il avait largement eu le temps perdre sa virginité, pensa Draco, en se disant que, qu'importe le nombre de copain qu'il avait eu, il n'était plus puceau, ce qui le rendait tout aussi jaloux. Ah, les joies de l'amour…
« Mais tout ça c'est terminé, et depuis longtemps ! On sort ensemble, toi et moi…
- J'aimerais bien voir la tête qu'il a…
- Mais tu es jaloux ou quoi ?!
- Là n'est pas la question. »
Si, là était la question…
« Oublie, Draco, d'accord ? »
Harry se redressa un peu sur ses coudes pour l'embrasser sur les lèvres. Draco se pencha à son tour, pressant davantage ses lèvres, en se disant que, pas une seule fois, Harry n'avait dit que ce Cédric l'aimait. Il avait juste dit qu'il avait honte de lui. Draco aurait voulu approfondir, mais il savait que ça déboucherait sur une dispute : Harry était sorti avec un homme qui ne l'aimait pas, et ça ne l'avait pourtant pas empêché de prendre du bon temps. Draco aurait presque pu dire que c'était son genre, aussi, de ne pas aimer ses copains comme ces derniers l'auraient voulu, mais jamais il ne leur avait fait comprendre qu'ils lui faisaient honte. Pas au point que l'un d'eux dise, franchement et naturellement, que son ex petit ami éprouvait de la honte à son encontre.
Draco aurait voulu lui dire ça, que Harry était sorti avec un homme qui n'en valait pas la peine, mais il préférait distraire ses lèvres et ses pensées plutôt que de débuter une dispute sans fin. Même s'il aurait voulu lui dire, mièvrement, que lui l'aimait…
Soudain, on frappa à la porte. La voix d'Isaline se fit entendre et elle demanda, à travers la porte, si elle pouvait entrer. Draco se dégagea de sur Harry et remit de l'ordre dans ses cheveux, tandis que le brun se redressait, un sourie amusé sur les lèvres : vraiment, celui-là, toujours besoin d'être impeccable…
La patronne ouvrit la porte et haussa un sourcil, puis leur demanda, à tout hasard, s'ils n'étaient pas en phase « je me fouille la bouche » avant qu'elle n'arrive. Harry répliqua qu'ils étaient juste en train de discuter, ce qui étaient vrai, en plus.
« Si tu le dis… Y'a Nymph' qui pète un câble, en bas, tu sais ce que lui as demandé le mec ?
- Un truc pervers ? Tenta Harry.
- Nan. Un grille-pain. »
Les deux hommes éclatèrent de rire alors qu'Isaline levait les yeux au ciel, en soupirant que, franchement, se tatouer un grille-pain sur le dos, c'était un peu abusé… Nymph' était en train de faire comprendre au client qu'il allait sans doute regretter ce tatouage, et que si c'était une histoire de bizutage… Mais non, le mec voulait absolument se faire tatouer un grille-pain et ce n'était absolument pas une histoire de bizutage ou de pari…
« Y'a des fous, quand même, fit Isaline. Bon, en soi, c'est pas méchant, mais quand même… C'est mieux qu'une femme à poils en train de s'envoyer en l'air. Enfin, tout est relatif…
- C'est sûr, affirma Harry.
- Vous tatouez ce genre de truc ? Demanda Draco, halluciné.
- Faut croire. Ryry, tu pourrais descendre ? Histoire de calmer le jeu, parce que moi, je suis pas d'humeur. »
Harry hésita mais il se leva et quitta la chambre. Isaline était prête à regagner la sienne, mais Draco se leva et la retint.
« Isaline ? »
Elle l'interrogea du regard, se demandant ce qu'il lui voulait. Nymph' lui avait fait comprendre qu'ils « avaient eu une conversation », qui devait se résumer à un petit câlin et quelques phrases pour lui dire de ne pas penser à tout ça.
La tatoueuse faillit soupirer de dépit quand elle vit de la culpabilité dans ses yeux. Il n'y était pour rien, ce gosse, et le voilà qui endossait les responsabilités de ses parents… En même temps, ça prouvait qu'il prenait bien conscience de ce qui s'était passé, autrefois.
« Je suis désolé, pour tout ce qui s'est passé.
- Tu n'y es pour rien. T'avais dix ou onze ans, à l'époque. Laisse tomber tout ça. Ça ne te regarde pas.
- Vous me détestiez, au début, et vous aviez raison, rétorqua Draco. Mes parents… Je ne comprends pas comment ils ont pu faire ça…
- Je suis une tête de mule, alors ils ont tout fait pour que je cède. Je ne suis pas infaillible, j'ai failli lâcher prise, mais comme Sirius et Regulus ont mis leur grain de sel, ça s'est arrangé.
- Vous m'avez accepté, alors que…
- Draco, ne pense pas à tout ça, vraiment, lui dit Isaline avec sourire. Je suis une grande fille, je sais faire la part des choses, et je t'aime bien. Tu rends Harry heureux, c'est tout ce qui compte pour moi. J'ai fait en sorte que les autres t'acceptent…
- Sans vous, on ne serait pas ensemble, Harry et moi. »
C'était vrai. Sans elle, ils n'en seraient pas là. Sans elle, Nymph' et Sirius auraient balancé son nom. Sans elle, Draco aurait mis plus de temps à aller voir Harry et avec la certitude qu'il ne lui pardonnerait pas, car le professeur Rogue, envoyé par elle, lui avait fait comprendre qu'il avait vraiment une chance avec Harry. Et sans elle, la glace n'aurait pas été brisée aussi facilement…
Isaline eut un sourire amusé.
« Dur de convaincre la belle-famille, hein ?
- J'aurais jamais pensé à ce point-là, soupira-t-il avec un sourire.
- Ça va être amusant avec tes parents, tiens…
- Ma mère est plus dégoutée que mon père, avoua Draco.
- Tu sais, quand vous vous êtes rapprochés, j'étais plutôt dégoutée à l'idée qu'il soit attiré par toi. Je me disais que ma seule satisfaction, c'était la tronche de tes parents quand ils allaient comprendre.
- Ça devait bien vous amuser, tout ça, non ? Demanda le blond avec un sourire en coin.
- Pas tant que ça. Mais disons que quand Harry m'a dit qu'il avait rencontré ta mère, et il ne l'avait pas reconnue, j'ai pensé que le pire avait été évité. Ton père est le genre d'homme qu'on n'oublie pas. Toujours les cheveux longs ?
- Oui, toujours. »
Ils entendirent Harry monter les escaliers quatre à quatre. Il apparut devant la porte et leur dit que Nymph' avait finalement accepté le tatouage, mais elle avait pris le rendez-vous pour un autre jour. Là, elle devait s'occuper de Nathalie, qui avait enfin décidé de se percer le nombril. Isaline acquiesça vaguement : elle avait mal au crâne. Elle partit dans sa chambre se reposer. Harry haussa les épaules.
« Elle doit avoir ses règles.
- Hein ?!
- Quoi ?
- Rien… »
Harry haussa à nouveau les épaules et entra dans sa chambre, alors que Draco pensait qu'il ne pourrait jamais dire ça aussi naturellement… Même s'il s'agissait de sa mère. Non, surtout s'il s'agissait de sa mère…
Le brun d'assit sur son lit et Draco le rejoignit. Il lui demanda s'il n'avait pas de rendez-vous, car mine de rien, Draco était passé à l'improviste et ça faisait un bout de temps qu'ils discutaient. Harry regarda l'heure et lui répondit que son rendez-vous, justement, devait arriver dans une petite dizaine de minutes.
« J'ai pas vu le temps passer.
- Moi non plus, approuva Draco en glissant un bras autour de sa taille et lui embrassant le cou.
- Obsédé.
- Moi ? C'est juste un baiser. »
Et il s'empara de sa bouche, pour un baiser torride qui laissa Harry pantelant. Draco eut un sourire mais il se figea, quand il pensa soudain à une chose.
« On ne va pas se revoir avant un petit bout de temps, lui dit-il.
- Ah bon ?
- Tu dois être au courant pour le décès de mon arrière-grand-père, non ?
- Ah oui, c'est vrai… Se rappela le brun.
- Sirius y va ?
- Oui, avec Isaline. Il n'est pas très motivé. »
Harry lui expliqua qu'il était en très mauvais termes avec sa famille, vu ce qui s'était passé autrefois. Il ne gardait contact qu'avec son petit frère, Regulus Black, et ses deux enfants. Soudain, Draco réalisa pourquoi Sirius lui avait paru légèrement familier : il lui faisait penser à Oncle Regulus, avec ses cheveux noirs, son côté charmant et sympathique, qui cachait son hypocrisie. Du moins, avec les personnes qu'il n'aimait pas, et Regulus aimait peu de monde. Cependant, chez Sirius, c'était… nettement plus visible.
« Il n'y va pas avec M. Rogue ?
- Tu n'y penses pas ! S'exclama Harry. Il ne veut pas subir les regards et les critiques de sa mère, et des autres membres de sa famille. Ils n'ont jamais accepté son homosexualité, et si Severus y allait, ça ferait scandale. Avec Tata, c'est déjà plus tranquille. »
Draco nota de demander à oncle Regulus si les relations entre son frère et sa famille étaient si terribles que ça, bien qu'à son avis Harry n'exagérait pas. Il savait qu'il y aurait droit, lui aussi, et il était dégoûté d'avance. Supporter toute sa famille réunie était une véritable épreuve et il appréhendait le repas du midi, étant donné que la cérémonie avait lieu le matin.
« Donc Sirius y va avec Tata. Il parait que Regulus aurait bien aimé que Severus vienne. Il l'aime bien.
- Oncle Regulus est un homme bien. Il ressemble beaucoup à Sirius.
- Je ne te le fais pas dire, soupira Harry d'un air désespéré. Quand ces deux-là son ensemble, ce sont de vraies commères. »
Nymphadora l'appela, criant dans l'entrée : son client était arrivé. Harry soupira, puis se leva et ouvrit la porte, lui criant qu'il arrivait dans cinq minutes. Draco comprit qu'il était temps pour lui de s'en aller. Ils descendirent donc l'escalier pour atteindre la porte d'entrée. Draco remit ses chaussures, de même pour Harry, qui repartait bosser.
« On se reverra avant que tu ne partes ?
- Non, je suis en examen, répondit le blond en se redressant.
- Tu ne me l'avais pas dit !
- Oublié. Je t'appellerai. »
Harry sembla un peu déçu, mais il ne protesta pas : les examens étaient importants, il n'allait pas exiger du temps alors que Draco était occupé. Ce dernier prit son visage entre ses mains et l'embrassa, avec toute la tendresse dont il était capable.
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
