Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

...

Lys : ...

...

Lys : ...

ENFIN !!!!

Lys : J'ai cru qu'elle n'allait jamais le dire...

Enfin !! Après tant de chapitres, voici enfin le moment tant attendu par les lecteurs !

Lys : Nan, désolée, mes amis, mais ils ne couchent pas encore ensemble...

... T.T

Lys : Roooh, chouine pas, tu sais très bien que c'est un truc qu'ils attendent, aussi...

(boude) Tu casses tout le romantisme...

Lys : Bref ! Alors à la base, nous postons tous les week-end, mais étant donné que nous n'avons plus de chapitres en réserve, nous ne posterons maintenant que toutes les deux semaines. Bon, il peut arriver que ce soit toutes les semaines, mais je doute que nous tenions le rythme...

N'en doute pas, je tiendrai pas... 30 pages en une semaine, c'est pas humain... T.T

Lys : De plus, le chapitre 18 fait 37 pages, car ça ne plaisait pas à l'auteur, donc elle a mis le début du chapitre 19 dans le 18.

Les gens s'en fichent, tu ais ?

Lys : Donc, bah on est à court de chapitres...

Je suis désolée, j'essairai d'assurer quand même...

Bonne lecture !


Chapitre 17

Un violent frisson lui parcourut le dos. Draco poussa un très léger soupir, imperceptible.

Enfin, il avait posé les pieds dans la maison de ses grands-parents, et déjà, il ne se sentait pas bien. L'entrée était sombre, les murs tapissés d'un marron foncé, avec quelques tableaux, et un plafonnier pendait au plafond. Ce qui avait dû être élégant et de bon goût autrefois était aujourd'hui passé et lourd, étouffant.

Draco venait juste d'entrer, à la suite de sa mère et de son père, et il sentait déjà que son séjour ne serait pas de tout repos. Il entendit sa grand-mère parler fort à sa mère, son grand-père s'adresser de façon calme et neutre à son père. Draco attendait anxieusement qu'on le regarde, lui. Leur petit-fils. Le seul qu'ils avaient…

« Oh, Draco ! Que tu as grandi ! Tu es aussi grand que ton père ! »

Draco avait vingt-deux ans. Il avait fini de grandir depuis longtemps. Mais il n'était pas d'humeur à contredire sa grand-mère. Il la laissa donc toucher ses joues, ses épaules, appréciant sa robustesse et son joli visage. Elle lui demanda comment allaient ses études, Draco répondit qu'il se débrouillait, avec un sourire humble.

« Druella, laisse donc Draco un peu tranquille, fit son grand-père. Regarde-le, tu l'étouffes. »

Son grand-père se contenta de lui serrer la main, tandis que son épouse rouspétait : ça faisait siiiii longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, elle pouvait bien lui poser des questions ! Draco ferma sa bouche, une fois encore. Il devait garder ses mauvaises pensées pour lui.

Ils appelèrent les domestiques qui prirent les valises pour les mener à l'étage. Par la même occasion, Draco s'éclipsa, prétextant de la fatigue, pour monter dans sa chambre. Ou, du moins, celle qu'il utilisait quand il venait à Londres.

Il monta les escaliers et accéda à la chambre à coucher, plutôt grande, mais étouffante : les meubles en bois massif encombraient la pièce, une large armoire indestructible prenait tout un mur, de même pour le bureau, et enfin, le lit colossale trônait au milieu de la pièce. Il songea à la chambre de Harry, si petite et mal rangée, où il se sentait bien plus à l'aise que dans cette pièce d'un autre temps.

Draco ignora le tableau représentant un champ de blé, posant ses yeux sur le sol recouvert de parquet. S'il regardait l'armoire, ça lui rappellerait de mauvais souvenirs. S'il regardait le bureau, il imaginerait des araignées dessous en train de tisser leurs toiles. Et s'il regardait les draps soyeux du lit, fleuris et mauves, il sentait qu'il allait vomir.

Un domestique posa sa valise dans un coin, Draco lui dit qu'il rangerait les affaires lui-même. Il n'aimait pas qu'on touche à ses affaires. Il ne laissait que Winky s'en occuper : ici, il n'y avait que des voleurs. Draco leva les yeux du parquet, la vue du tapis sous le lit lui donnait la nausée. Il se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit.

Il faisait froid, dehors. Nous étions en décembre. Presque Noël. Mais il se sentait trop mal. Il n'aimait pas cette maison, la maison de grand-mère Druella et grand-père Cygnus. Cette vieille maison aux multiples étages, qui sentait la poussière, les toiles d'araignées, les vieilles choses. Il n'aimait pas ces meubles d'un autre temps, ces peintures de paysages, les photos étalées sur les murs et les meubles, les draps froids et rêches, les tapis décolorés et passés.

Enfant, cette maison lui faisait peur, il restait toujours près de sa mère. On vantait son obéissance, sans savoir qu'il avait peur de se retrouver nez à nez avec une araignée. Ou de se perdre dans cette maison trop grande pour lui. Aujourd'hui, même si les années étaient passées, il ne parvenait toujours pas à être indifférent, faire comme si rien ne l'atteignait.

Les vieux souvenirs d'enfance remontaient à la surface. Les souvenirs liés à cette maison n'étaient guère joyeux, et c'était sans doute pour ça que Draco ne s'y était jamais fait, à cette ambiance étrange qui régnait dans le Manoir. Il ne venait jamais ici par plaisir, quand il était enfant. Ses grands-parents vivaient seuls, et sa mère ne travaillant pas, ils venaient de temps en temps les voir. Mais tout n'était que froideur, ici : le parquet sous ses fesses quand il s'asseyait par terre, les mains de la cuisinière qui lui tendait un verre d'eau, et aussi le jardin, là-derrière… Ses grands-parents aussi, d'ailleurs.

Sa grand-mère était une commère. Et avec Draco, elle s'était toujours comportée comme telle : elle lui posait des questions en connaissant la réponse ou en s'y désintéressant. Son grand-père adoptait le même comportement, mais en pire : il ne lui posait pas vraiment de questions et rien ne semblait l'intéresser. Il était fier d'avoir un petit fils aussi beau et intelligent. Mais ça semblait s'arrêter là.

Draco savait que son père aussi étouffait dans cette grande maison. Cependant, il ne le montrait pas, demeurant impassible. Draco était certain qu'il passait pour insensible auprès de ses beaux-parents, mais c'était dans sa nature de ne rien montrer de ses émotions. Ce qui était bien pratique, parfois.

Sa mère, bien au contraire, aimait être ici, car elle y avait grandi. Il savait que sa tante Bellatrix avait toujours haï cet endroit, si loin du palace luxueux que Rodolphus Lestrange, son époux, lui offrit après leur union. Ayant discuté quelques minutes avec Isaline deux jours auparavant, il avait appris qu'Andromeda aimait bien cette maison, comme sa sœur cadette.

Draco sortit son portable de sa poche et chercha le numéro de Harry dans son répertoire. Puis, les yeux dans le vague, il attendit qu'il réponde. Il se sentit un peu mieux quand il entendit sa voix. Ils ne parlèrent pas longtemps, pourtant. Draco devait descendre, c'était bientôt l'heure du dîner. Harry lui redonna un peu de baume au cœur. C'était agréable de l'entendre… Il lui demanda si Isaline et Sirius étaient partis, eux aussi, et il l'informa que c'était effectivement le cas.

Il raccrocha quand on frappa à sa porte. Le dîner était servi.

OoO

« Souhaiteriez-vous un peu de thé ?

- Non merci, vous êtes adorable.

- Dois-je aller chercher les deux zouaves à l'étage maintenant ou…

- Bah, ils finiront bien par descendre. »

Mr Kreattur leva les yeux vers le plafond puis secoua la tête : non, si on n'allait pas les chercher, ils ne descendraient pas.

« Je vais vous chercher un peu de thé. »

Isaline poussa un soupir à fendre l'âme. Elle était arrivée la veille avec Sirius, et déjà, les deux frangins commençaient à faire des leurs. Déjà, ils avaient passé la soirée à discuter, au point qu'elle avait décidé d'aller se coucher, ordonnant au vieux Kreattur d'en faire de même ou il passerait la nuit à attendre qu'ils aient terminé. Ainsi, ils s'étaient levés tard, il avait fallu les sortir du lit. Isaline avait laissé le majordome s'occuper de Sirius tandis qu'elle allait réveiller Regulus. Elle avait entendu un bruit sourd suivi d'un cri : Kreattur l'avait jeté par terre pour le réveiller.

Et maintenant, ils étaient en train de se pomponner. Ils allaient à un enterrement, merde ! Pas à une soirée huppée dans les beaux quartiers de Londres ! Elle les entendait du salon. La jeune Adonia était en train de chercher des chaussures noires et Alphard était encore dans sa chambre. Et, en attendant que les deux « zouaves » comme le disait Mr Kreattur, se décident à descendre, Isaline tentait de vaincre son mal de crâne.

Le vieux majordome revint avec un plateau, sur lequel était posé un service à thé. Mr Kreattur était un vieux monsieur tout ridé et grognon, rarement de bonne humeur. Mais c'était un être serviable, qui avait d'abord travaillé pour Walburga Black, la mère de Sirius et Regulus, et quand ce dernier quitta la maison, le majordome le suivit, à la plus grande surprise de tous. Regulus avait toujours eu du respect pour lui et le majordome avait ainsi décidé de changer un peu de vie, supportant de moins en moins les exigences de sa maîtresse.

Au début, il avait été extrêmement dédaigneux envers Isaline, que Mrs Black n'avait cessé de critiquer durant des années, mais quand il vit dans quel état était Sirius, qu'il avait toujours vu comme un rebelle stupide et inconscient, à sa sortie de prison, et quand il vit dans quel guêpier cette femme s'était fourrée parce qu'elle avait défié la famille Black… Pour de bonnes raisons, en plus. Elle n'était pas si mauvaise que ça, et malgré ses manières plutôt rustres et son travail douteux, ce n'était pas quelqu'un de foncièrement méchant. Ainsi, il était devenu plutôt courtois avec elle, et avec les années, aimable. Elle lui avait toujours parlé avec respect et elle était bien la seule à ne pas critiquer certaines de ses manières que Regulus détestait, à savoir, par exemple, jeter Sirius par terre quand il fallait le réveiller.

Mr Kreattur posa le plateau sur la table et servit une tasse de thé à Isaline. Elle portait un tailleur noir et simple, ainsi que des chaussures à talons sombres, ses cheveux ramenés en un chignon. Ainsi, ses cheveux décolorés étaient moins choquant. En somme, elle était plutôt jolie. Tout en buvant une tasse de thé, le majordome se dit que, heureusement, l'amant de Sirius n'était pas venu. Il n'avait rien contre cet homme, loin de là : il était encore mieux qu'Isaline, très sérieux, intelligent, et plutôt distant avec Sirius. Tout pour lui plaire. Mais avec la madame Black, et tous les autres membres de la famille…

Enfin, les deux hommes terminèrent leur remue-ménage et descendirent les escaliers. Sirius portait son frère dans ses bras, et Regulus, tout content, lui dit qu'il devrait venir plus souvent. D'habitude, Kreattur et Johnny le descendaient dans son siège roulant et ils n'avaient absolument aucune délicatesse… Isaline fut tentée de lui demander qui pouvait bien être ce Johnny mais elle reçut un petit coup de pied sous la table de Mr Kreattur, qui mit son doigt sur sa bouche : surtout, ne parlez pas de ça. Isaline acquiesça : elle verrait bien.

« C'est qui, Johnny ? »

Isaline faillit éclater de rire quand le majordome gémit de dépit. Et tandis que Sirius installait son frère dans le siège roulant, ce dernier lui raconta que c'était son nouvel homme à tout faire et qu'il l'avait viré deux jours auparavant parce qu'il avait osé lui faire du charme ! Non mais franchement, comment avait-il pu oser le draguer, lui, un honorable père de famille qui ne demandait rien à personne. Sirius lui répliqua que son compte en banque pourrait séduire n'importe qui, mais Regulus ne l'écouta pas.

OoO

Une bouée. Il avait besoin d'une bouée. N'importe quoi, n'importe qui. Mais une bouée, par pitié…

Draco était arrivé depuis une bonne dizaine de minutes avec ses parents et ses grands-parents, et il étouffait. Il était au bord de l'asphyxie. Partout autour de lui, il n'y avait que des Black, dans tous les sens du terme : des gens en noirs, appartenant à sa famille, de près ou de loin, larmoyant et venant plaindre ses grands-parents, surtout Cygnus. Tous étaient désolés pour le décès de son père, c'était un homme bien, la vie est bien courte, il est mieux là où il est, je me souviens encore de lui quand…

Draco étouffait. Tous ces gens inconnus qui se pressaient autour de lui, des visages et des noms qui ne lui revenaient pas, des hommes, des femmes, tous en noirs, les larmes aux yeux, ou neutres, froids, comme s'ils s'emmerdaient. Il ne se sentait pas bien, entouré de tous ces gens, les regards intéressés, médisants, amusés… Il était perdu dans la masse, ne savait plus où regarder, à qui parler…

C'était ça quand on ne connaissait personne, mais que tout le monde vous connaissait. Draco Malfoy. Le fils du riche Lucius Malfoy et de la sublime Narcissa Black. Il reconnaissait certains visages, certaines personnes qui avaient tenté de le séduire, d'autres qui le méprisaient, d'autres encore qui médisaient sur son compte. Il gardait son visage froid, comme le faisait son père, qui lui aussi se noyait dans la masse, fermement cramponné à sa femme qui recueillait la tristesse de ces inconnus. Mais Draco se voyait mal tenir la main de sa mère comme un petit garçon.

C'était dans ces moments-là que Draco réalisait à quel point sa famille était nombreuse, et à quel point tous ces gens étaient des inconnus pour lui. Il ne connaissait personne mais tout le monde le connaissait, le malaise entrait en lui comme un mauvais poison. Il n'était pas dans son élément, et personne ne semblait d'accord pour le laisser en paix…

Soudain, son téléphone portable vibra dans sa poche. Il le sortit et le porta à son oreille, sans vérifier son interlocuteur.

« Salut beau blond ! T'es où ?? »

La voilà, sa bouée. Il aurait reconnu sa voix entre toutes. Enfin, c'était surtout son surnom qui était parlant…

« Je dirais devant l'église, mais il y a du monde…

- Ah, tu es dans le troupeau de vaches ? Si tu t'ennuies, viens nous voir, on est devant la pharmacie !

- J'arrive tout de suite. »

Et il raccrocha. Il se dit que, tant qu'à faire, autant y aller franchement : si on devait le regarder, autant que la raison soit bonne. Il se pencha vers sa mère et lui glissa qu'il allait voir Regulus, puis il joua des coudes pour sortir de la foule qui l'entourait, cherchant ladite pharmacie, en se disant que ça allait jaser quand on allait le voir en compagnie de Sirius et Isaline… Mais qu'importe.

Il les vit en effet devant la pharmacie. Regulus était assis dans son siège roulant, comme toujours, et malgré cette position d'infériorité, il avait une certaine classe. A côté, Sirius se tenait droit. Draco se dit qu'ils se ressemblaient décidément beaucoup : les mêmes cheveux noirs et lisses, les yeux sombres et le teint clair. Sans oublier leur élégance naturelle… Sa charmante cousine Adonia tenait les poignets du siège de son père, et Isaline tripotait son portable. Alphard était un peu à l'écart. Comme toujours.

Draco serra la main de tout le monde et embrassa les filles sur les deux joues. Il semblait soulagé de les voir. Sirius lui fit remarquer avec un sourire ironique que ça allait jaser, mais le blond n'en avait cure. Il se rendait compte qu'il n'avait rien à faire ici, pas plus qu'Adonia ou Isaline. Il était de ceux qui venaient par obligation. Regulus avait sa place, ici, et Sirius ne venait que pour ne pas jouer au rebelle : c'était tout de même son grand-père. Et Sirius Black n'était pas un lâche.

Son cousin Alphard avait aussi sa place ici, étant donné qu'il était plutôt influent dans la famille. Il prendrait très certainement les rennes de Regulus, son père, mais ce dernier était en trop bonne forme pour laisser sa place. Draco ne l'aimait pas trop : Alphard se contentait de rester dans l'ombre de son père, fils parfait et irréprochable, masquant sa vantardise et ses dérives derrière son masque. De son père, il ne recevait pas la reconnaissance attendue, ce qui avait engendré une certaine jalousie vis-à-vis de sa jeune sœur, Adonia.

Elle était plutôt jolie et devait avoir un ou deux ans de moins que Draco. C'était une jeune fille douce et intelligente, chouchoutée par son père qui ne lui refusait rien. Il fallait dire qu'Adonia avait toujours pris soin de son père, poussant son siège quand il voulait se balader, lui tenant compagnie quand il le souhaitait, et elle lui avait même fait prendre des bains ou emmené aux toilettes, quand il était tombé gravement malade, quelques années plus tôt. Ce qu'Alphard n'aurait pu faire, trop coincé et au-dessus de tout. Adonia était la fierté de leur père, qui refusait d'acclamer son fils tant qu'il aurait cette attitude typique des Black. Alphard le savait, mais il ne changeait pas son comportement, se contentant de jalouser sa sœur.

Adonia était la seule personne avec laquelle Draco s'entendait bien, dans la famille. Enfin, de sa génération, car c'était toujours un plaisir d'aller voir Regulus, qu'il considérait comme son oncle. Draco n'avait jamais aimé son oncle Rodolphus, l'époux de Bellatrix, et il ne savait même pas que son oncle Ted existait. Il n'avait jamais rencontré Andromeda.

En fait, Draco n'avait pas réellement de famille proche, tout était dans les ramifications des Black. Et il avait choisi la branche la plus tranquille : celle de Regulus Black, qui avait élevé ses enfants seul et qui ne les avait jamais forcés à entrer dans le cercle familial, vicieux et compliqué.

Draco resta donc un long moment avec eux, discutant avec Isaline et Adonia, étant donné que les deux frangins étaient occupés par une conversation apparemment passionnante. Isaline était très élégante, avec ses vêtements sombres, elle avait de l'allure. Elle avait l'air tranquille, ce qui apaisa Draco, mais il savait que ce n'était qu'une façade : il sentait les regards posés sur eux. Elle n'avait rien à faire là, elle.

Draco se demanda comment elle pouvait conserver un air aussi tranquille, dans cette situation.

OoO

Le déjeuner avait été agréable et plein de rires. Ça faisait du bien, surtout qu'il ne se sentait pas rien. Cela lui avait permis de se détendre.

Harry n'avait pas envie de manger seul chez lui. Il avait bien pensé à aller chez Ron mais ce dernier avait un rendez-vous galant. Olivier s'entraînait, Cho photographiait et Théo pionçait. Autrement dit, il n'y avait personne. Il décida donc d'aller squatter chez Nymph' et Remus fut enchanté de l'avoir pour le déjeuner.

Il ne fut pas le seul : Teddy était content que Ryry vienne manger. Il lui avait fait un dessin et Ryry jouait toujours avec lui. Isaline était partie la veille avec Sirius. Nous étions le dix-neuf décembre, un samedi, et exceptionnellement, personne ne travaillait. Isaline avait programmé que, du vingt-quatre décembre au cinq janvier compris, personne ne bossait. Le vingt-huit décembre, c'était son anniversaire, donc personne n'allait travailler ! Non mais… Et ce n'était pas ses employés qui allaient se plaindre.

Bref, il déjeuna chez Nymph', avec Remus aux fourneaux et Teddy sur les genoux. Cela lui permit d'oublier qu'Isaline était à Londres avec Sirius. Et aussi qu'il ne verrait pas Draco avant un petit bout de temps.

Oh, deux semaines, ce n'était rien. Ayant eu ses partiels, ils n'avaient pas pu se voir avant qu'il ne parte à Londres, bien qu'ils se soient téléphonés, et maintenant, il restait une semaine avant qu'il ne rentre. Ce n'était rien, vraiment.

Mais qu'est-ce qu'il lui manquait…

OoO

Mais qu'est-ce qu'il lui manquait…

C'était affolant. Jamais il n'avait ressenti ce genre de manque. Surtout qu'il était bien occupé, en ce moment, avec oncle Regulus qui s'esclaffait devant les pitreries de son frère aîné, Adonia qui décrivait en détails son futur mariage à Isaline qui dévorait son assiette comme si elle n'avait pas mangé depuis dix ans. Alphard s'était éclipsé.

Tandis que Draco dégustait son dessert, à savoir une succulente tarte aux pommes, il pensait à Harry. Harry qu'il n'avait pas vu depuis une semaine. Il devait rentrer à Londres dans six jours et il était dégoûté d'avance. Déjà, il allait supporter ses grands-parents, les réflexions de sa grand-mère, et pour échapper à ça, la seule solution était de travailler sur son ordinateur portable. Ou encore se balader dans Londres, mais le faire seul…

Et ses pensées revenaient sans cesse à Harry. Il ne l'avait pas vu depuis une semaine, ne l'avait ni touché ni embrassé… Il aurait pu passer, mais il était trop pris par ses révisions, et après tout, il n'était pas dépendant de lui, il pouvait très bien s'en sortir sans le voir quelques jours…

Ce qui était faux. Il regrettait de ne pas être passé, même juste cinq minutes. Harry lui manquait. C'était donc ça, être amoureux : ressentir le besoin de l'autre, sans pouvoir se raisonner. Il allait le voir, pourtant, encore une petite semaine… Mais c'était trop. Beaucoup trop. Il y aurait Noël, une soirée atroce en perspective. Il voulait rentrer chez lui, retrouver Blaise, voir Harry, l'embrasser, lui dire qu'il l'aimait…

C'était ça qui l'avait le plus tourmenté. Comme il voyait Harry régulièrement, il n'éprouvait pas vraiment de doutes, et ses sentiments étaient encore récents. Ou, plutôt, il n'en avait pris conscience que récemment. Mais comme ils ne se voyaient plus à cause des examens, c'était différent : le doute montait dans son cœur comme poison vicieux, et il se demandait si Harry éprouvait les mêmes sentiments, et ce qu'il ferait si Draco lui avouait les siens.

Draco n'avait jamais été amoureux. Attiré, oui. Mais pas amoureux. Il ne savait pas quoi faire avec Harry, depuis le début, il ne faisait que bousculer ses habitudes, au point qu'il tomba amoureux. Amoureux d'un tatoueur mal peigné et habillé comme un sac à patates. Un tatoueur aux yeux verts magnifiques et au sourire adorable…

Qu'est-ce qu'on était stupide quand on tombait amoureux… Qu'est-ce qu'on était con… Il comprenait Seamus, maintenant, avec ses doutes et ses colères. Sa jalousie, aussi. Il imaginait le mal qu'il avait pu lui faire quand il avait cassé. Oh, Draco ne devenait pas un gentil garçon compatissant, mais il savait qu'il deviendrait plus tolérant avec Seamus. Draco avait eu si peur que Harry le largue…

Il devait lui dire qu'il l'aimait. Quand ? Qu'importe. Mais il lui dirait…

OoO

« Alors ?

- Affreux.

- Mais encore ?

- Affreux. »

Severus soupira. Son écrivain de compagnon était d'une éloquence…

« Bon. Tu peux me décrire ce qui s'est passé ?

- Tout se résume dans le mot « affreux ».

- Sirius…

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? J'ai vu ma charmante mère, mes oncles et mes tantes, j'ai supporté leurs regards et leurs… sous-entendus… j'ai patiemment attendu que mon grand-père soit béni par le prêtre…

- On dirait que tu me décris un mariage…

- Remarque, on était bien sapé, avec Regulus ! Prêts pour un mariage !

- Continue.

- Bah c'est tout. On est allé au cimetière, puis on a déjeuné chez Regulus. Tous les Black sont allés chez ma mère. Sauf Draco, il est venu bouffer avec nous. Tu l'aurais vu, complètement pommé. Isaline l'a appelé pour savoir où il était, il nous a rejoint tout de suite. Tu aurais vu la masse, Sev', tu aurais flippé… »

Severus écouta son compagnon lui parler de tout ça, confortablement assis dans son canapé. Ça faisait du bien de l'entendre : il n'était jamais rassuré quand il montait à Londres sans lui. Par bonheur, Isaline acceptait de l'accompagner, sinon, il aurait acheté un billet et serait venu. Tant pis, il aurait supporté les réactions de la famille. Il était hors de question que Sirius vive ça tout seul.

« Et Regulus, comment va-t-il ?

- Oh, très bien. Il s'est pris la tête avec maman parce qu'il a décidé de n'inviter que les proches pour le mariage de sa fille. »

Severus se remémora le visage rond et crispé de Walburga Black, le jour où il l'avait rencontrée. C'était lors d'un week-end à Londres, ils logeaient chez Regulus, qui s'était montré charmant avec lui. Un peu trop, même : il aimait tellement discuter avec Severus que son frère en était presque jaloux. Bref, leur mère était passée, et à peine posa-t-elle ses yeux sur Severus qu'elle comprit tout de suite qui il était pour son fils. Il se souvenait encore de son regard noir, son maquillage sombre, la robe bleu foncé qu'elle portait. Tout en elle inspirait crainte et respect. Il se souvenait aussi parfaitement de ses paroles acerbes, polies, mais tranchantes.

Ce jour-là, Sirius s'énerva tellement qu'il faillit y avoir une bagarre. Sirius avait traité sa mère de tous les noms, ce qui l'avait prodigieusement irritée, et elle hurlait si fort que les murs de la maison en tremblaient. Severus avait tenté de calmer le jeu, il fallut l'intervention musclée de Regulus, qui hurla plus fort qu'eux, pour qu'ils se calment. Mrs Black était partie, hors d'elle, et Sirius s'était enfermé dans sa chambre. Mr Kreattur passa une bonne demi-heure à chercher le double de la clé avant de la tendre à Severus qui entra alors dans la chambre et se montra d'une tendresse exceptionnelle pour calmer son amant.

« Je te dirais, vu la mentalité des Black, c'est mieux qu'elle invite des proches. Elle m'a dit qu'elle avait envoyé l'invitation, tu devrais la recevoir après-demain. C'est début juillet.

- Qui est invité, sinon ?

- Bah Isaline et Harry. Draco aussi, c'est son cousin préféré, apparemment. Heu… Nymph', Remus et Teddy. Sa belle-famille. Quelques amis. Et puis je sais plus, deux ou trois Black. Bref, pas grand monde. Sinon, ça va, toi ?

- J'ai les partiels.

- Quelle éloquence, mon cher Snivellus !

- Ta gueule, sale cabot.

- Tu m'aimes ?

- Voilà autre chose…

- Tu pourrais me dire : Oui je t'aime mon amour !! Mais non, tu n'as aucun romantisme…

- Qu'est-ce que je fais avec un homme pareil…

- Je suis irrésistible, t'y peux rien. »

Sirius lui raconta qu'ils avaient bien mangé ce midi-là et que Draco était resté tout l'après-midi. Là, il allait rentrer, Alphard s'était proposé pour le raccompagner chez lui. Sirius lui chuchota qu'il était certain que son neveu était attiré par les hommes. Severus répliqua que Sirius voyait des gays partout. Déjà à l'époque où il vivait à Londres, il était persuadé qu'Alphard avait des vues sur Harry.

Ce qui n'était pas faux.

Sirius répliqua qu'il ne pouvait pas comprendre. Après tout, Severus était un scientifique, pas un sentimental, il ne pouvait sentir ces choses-là. Severus ne préféra pas répondre et lui demanda si Isaline allait bien. Cette dernière était en train de boire du thé avec Adonia et le vieux Kreattur, mais l'enterrement avait été éprouvant pour elle. Peut-être même plus que pour lui.

« Sev', je crois qu'il va falloir qu'on assure pour son anniversaire.

- C'est sûr. Essaie de t'éclipser demain, tu auras bien une minute.

- Je vais essayer. Bon, je te laisse, Regulus chouine parce que son « adorable neveu » est parti et il s'ennuie.

- D'accord. Rentre vite. »

Il ne pouvait le voir, mais il savait que Sirius souriait comme un niais à l'autre bout du fil.

« Pas de problème. A demain. »

Severus raccrocha. Il posa le combiné du téléphone sur la table basse, et se trouva bien seul, dans son salon. Il s'était fait à la présence quasi permanente de Sirius, étouffante, lourde… Mais essentielle à sa vie. Parfois, il se demandait comment il avait pu vivre si longtemps sans lui.

C'était d'un niais… Mais quand il y réfléchissait, Severus avait eu peu d'amants. Certains lui correspondaient, ils avaient son profil : calmes, intelligents et réservés ; mais ça ne durait jamais longtemps. Ils n'étaient pas… comment dire… amusants. Divertissants. C'était toujours la même chose, et bien que Severus aimât la tranquillité, il finissait par s'ennuyer. D'autres étaient plus vivants, comme Sirius, mais ceux-là non plus ne faisaient pas long feu : ils se plaignaient de sa réserve, sa froideur et son manque de tendresse.

Sirius était un extrême : vif, lourd, toujours en train de parler, de lui tourner autour, d'exiger des câlins… Un vrai gosse. Il faisait de la musculation et était écrivain. Et au lit, ce n'était pas un tendre… Enfin, si, il était tendre, mais Severus ressortait épuisé de leurs ébats, son amant était bien trop vigoureux. Aucune pitié…

A se demander ce qu'il faisait avec un homme pareil, son exact contraire, à tout point de vue. Et il était encore plus surprenant de se demander pourquoi Sirius restait avec lui. Il lui demandait tellement de choses anodines que Severus n'était pas capable de lui donner. Sirius lui disait « je t'aime » au moins une fois par jour, Severus n'y arrivait pas. Il lui disait, de temps en temps. Rarement. En chuchotant, tellement ça le gênait.

Et à chaque fois, Sirius souriait, comme un niais, les yeux brillants de bonheur. Et Severus aimait le voir comme ça, si heureux, même si ces moments étaient éphémères. C'était les conneries de l'amour : on s'émerveillait d'un rien. Sirius avait des petites conneries : quand son compagnon le prenait dans ses bras, quand il l'encourageait, quand il s'occupait de lui quand Sirius était malade… Et Severus les avait aussi, ses petites conneries : quand il l'accueillait à la maison le soir, quand il cuisinait, quand il lui assurait que tout allait bien… même quand il lui disait qu'il l'aimait. Toutes ces bêtises qu'il n'avait jamais crues…

Severus soupira, en se disant que l'amour, c'était l'une des rares choses qu'on ne pouvait pas expliquer. Sirius était tombé amoureux de lui quand ils étaient au collège, il avait nié cet amour, et ça faisait maintenant deux ans et demi qu'ils vivaient ensemble. Le parcours était à peu près le même pour Severus, sauf qu'il n'avait pas connu la prison, et qu'il n'avait jamais vraiment cherché d'amant.

Un jour, Sirius lui avait dit que Severus savait comment il était, ce qu'il avait vécu. Les autres ne savaient pas, et même s'il leur expliquait, ils ne comprendraient pas. Ils ne comprendraient pas son parcours, son attachement pour Isaline, son amour pour celle qu'il considérait comme sa sœur. Severus faisait la part des choses. Et puis, Sirius lui avait dit qu'il avait besoin de quelqu'un comme lui : il avait besoin qu'on lui mette des claques, qu'on le remette dans le droit chemin quand il dérivait. Sur le coup, Severus n'avait pas compris. Mais quand Sirius avait fait sa première crise d'angoisse, vidant la première bouteille d'alcool qu'il trouva, il comprit où il voulait en venir.

Severus avait choisi un amant quelque peu brisé, mais il devait faire avec. Il jeta un vague regard aux copies posées sur la table basse du salon. Il poussa un soupir et se leva pour aller dans le bureau de Sirius. Il allait jeter un petit coup d'œil à son nouveau roman : s'il avait une belle écriture, certains éditeurs seraient horrifiés par ses fautes…

OoO

Draco monta dans la voiture, s'asseyant sur le siège passager, tandis qu'Alphard s'installait derrière le volant. Tandis qu'il démarrait la voiture, Draco ne put s'empêcher de trouver bizarre d'être à côté du conducteur : d'habitude, c'était toujours lui qui était au volant. Lors des soirées, il ne buvait jamais, et Blaise n'avait pas de voiture.

Il était dix-sept heures. Il aurait pu rester dîner chez Regulus, au point où il en était, mais il valait mieux rentrer. Il était un peu fatigué et il avait besoin de se reposer. Et puis, Isaline et Sirius lui faisaient trop penser à Harry.

Durant l'enterrement, il s'était assis dans les derniers rangs, encadré par Adonia et Isaline, qui était assise à côté de Sirius. Regulus et son fils étaient dans les premiers rangs, comme les Malfoy, d'ailleurs. Draco savait qu'il y aurait des remarques, et peut-être se ferait-il disputer par ses parents pour être resté si loin d'eux pendant si longtemps, et en compagnie d'Isaline et Sirius. Mais il avait trouvé que rester avec eux était plus rassurant, et il avait accepté de déjeuner chez oncle Regulus, terrifié à l'idée d'être à nouveau entouré de Black chez la vieille Walburga.

L'enterrement avait été terriblement long. Tellement long que les pensées de Draco, malgré lui, avaient dérivé vers Harry. Et il n'avait pas quitté ses pensées de tout le repas. Ni après. Et maintenant qu'il était dans cette voiture qui le ramenait chez ses grands-parents, il désirait terriblement le revoir. Ce devait être la fatigue, ou son horreur de cette maison, mais il voulait s'en aller et rentrer chez lui, voir Harry, lui dire qu'il l'aimait. C'était romanesque comme projet, pensa-t-il avec ironie.

Alphard engagea la conversation avec lui, vaguement, histoire de combler le silence de la voiture. Draco répondait sur le même ton.

« Dommage que Harry ne soit pas venu. Ça aurait fait plaisir à mon père. »

Cette phrase sonnait faux, pensa Draco. Il se demanda si son cousin avait des vues sur Harry, ou si c'était de la simple amitié. Il devenait parano…

« Il n'avait rien à faire ici, répondit Draco. Il se serait ennuyé plus qu'autre chose. Sirius et Isaline ne sont pas venus par gaité de cœur.

- C'est vrai, mais ça fait si longtemps qu'il n'est pas venu à Londres… »

Il y avait du regret, dans sa voix. Draco nota dans un coin de sa tête qu'il faudrait demander à Isaline si Alphard était attiré par les hommes. Pas Sirius, c'était son oncle après tout, et pas Harry non plus, il le prendrait pour idiot. Isaline était moqueuse, mais elle lui répondrait.

« Pourquoi ?

- Oh, c'est assez complexe. Mais depuis qu'il a quitté Londres, il n'est jamais revenu.

- Pourquoi a-t-il quitté Londres ?

- Je ne peux pas t'en parler, c'est personnel. »

Draco n'aimait pas le ton de sa voix. Il avait l'air au-dessus de tout, sachant quelque chose que Draco ignorait. Il décida de jouer le jeu.

« Tant pis. Je lui demanderai moi-même.

- Il n'en parle à personne, il parait, rétorqua Alphard. Ne l'ennuie pas avec ça.

- Tu sais, je suis très proche de Harry.

- J'en doute. Sinon, tu serais au courant.

- Si si. Je suis plus proche de lui que tu ne le penses. »

La voiture s'arrêta un peu abruptement devant la maison. Alphard lui lança un regard suspicieux et Draco lui fit un magnifique sourire.

« Demande à ton père, tu verras. Merci de m'avoir ramené. »

Et Draco descendit de la voiture. Personne n'était au courant pour sa relation avec Harry, hormis Regulus et Adonia, qui l'avait appris durant le dessert. Alphard s'était éclipsé après le plat de résistance, prétextant des choses à faire. Sa cousine avait été très surprise mais également heureuse, aussi bien pour Draco que pour Harry.

Draco sonna et une vieille bonne vint lui ouvrir. Il entra alors dans la maison, ignorant la femme qui l'informait que personne n'était là, tout le monde était chez Mrs Walburga Black. Draco n'avait pas faim, il monta donc dans sa chambre, où sa valise traînait près de son lit, encore ouverte. Il aurait bien voulu la fermer et s'en aller, comme ça, mais il n'en avait pas le droit.

Soudain, il entendit la sonnette de la porte d'entrée. Draco sortit de sa chambre et se pencha vers l'escalier. Sa chambre était au deuxième étage et il écouta afin de savoir qui entrait. Il entendit la voix de son père et la bonne informa ce dernier que son fils était rentré, avant de repartir à ses occupations. Draco ne put donc que descendre les escaliers et le rejoindre.

Lucius n'avait pas l'air particulièrement fâché, plutôt épuisé. Enfin, il ne sembla fatigué qu'une fois la domestique partie et il poussa un soupir.

« Tu as bien fait de déjeuner chez Regulus, tu n'as pas loupé grand-chose. Ah si, ta grand-mère a failli s'étouffer avec une pomme de terre.

- Ça lui a cloué le bec pendant quelques minutes, fit Draco avec un léger sourire.

- C'était toujours ça de gagné. »

Ils eurent un sourire de connivence : sa grand-mère était une vraie pipelette et Lucius n'était pas un grand bavard. Avoir un peu de silence de sa part pendant quelques minutes ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire.

« Tu es rentré seul ? Lui demanda Draco.

- Oui, j'ai un rendez-vous d'affaire dans une petite heure.

- Tu n'es pas fâché contre moi ? »

Lucius vit l'appréhension sur le visage de son fils. Il se contenta de pousser un nouveau soupir.

« Ta mère t'en veut, et quand elle va revenir, tu vas te faire enguirlander.

- J'imagine. »

Mais il lut dans le regard de son père que lui ne lui ferait aucune réflexion.

« Tu sais, Draco… J'ai réfléchi. Avec ta mère, on s'est battu pour avoir la garde de Nymphadora. Cette histoire ne concerne donc que moi, ta mère, Nymphadora et Isaline Anderson. Toi et Harry, vous n'êtes pas concernés.

- Où tu veux en venir ?

- Je ne m'opposerai pas. »

Draco sentit un étrange soulagement l'envahir. Sa mère ne lui parlait plus depuis qu'elle avait appris qui était Harry, pas plus que son père, en fait. Ça faisait du bien de l'entendre dire qu'il ne ferait pas de résistance.

« Mais ta mère n'est pas de cet avis, évidemment.

- Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis, toi ? Lui demanda Draco.

- N'essaie pas de comprendre. »

Lucius ne pourrait pas lui avouer que le voir partir, jouant des coudes dans la foule, pour retrouver Regulus lui avait ouvert les yeux. Car avec Regulus, il ne pouvait y avoir que Sirius et Isaline. Il les avait aperçu plus tard, à l'écart. Et Draco ne les avait pas rejoints, dans l'église, ni plus tard. Il restait près de Sirius et Isaline.

Elle avait de bonnes raisons de les haïr. Elle aurait dû être la plus difficile à convaincre. Mais c'était tout le contraire : Draco était à l'aise avec elle, et elle semblait l'avoir accepté. Pourquoi mettait-elle ses préjugés de côté, et pas eux ? Pourquoi était-elle la seule adulte mature ? Il était stupide d'en vouloir à son fils, qui avait fait l'erreur de choisir un homme dont lui Narcissa avait brisé la « famille »…

« D'accord.

- Tu veux t'en aller ? »

Draco ne cacha pas sa surprise. Lucius s'avança vers lui. Il était un peu plus grand que son fils, et son visage était emprunt de tranquillité.

« Si tu veux t'en aller et rentrer à Paris, fais-le. Je trouverai une explication.

- Papa, tu es sérieux ? Fit Draco, stupéfait.

- Si je n'aimais pas ta mère, je ne serais pas là aujourd'hui. Je déteste cette maison autant que toi, et cette famille m'insupporte. Si tu en as envie, retourne à Paris. »

Il savait que son fils serait mieux à Paris. Draco n'avait jamais aimé venir ici, il restait toujours dans les jupes de sa mère, et en grandissant, il avait de moins en moins supporté l'ambiance étrange, froide, de cette demeure. Il préférait le savoir à Paris, avec Harry, Blaise, n'importe qui, plutôt qu'ici à fuir cette famille qu'il ne connaissait pas.

« Mais il y a Noël…

- Draco, fais ce que tu veux. »

Et Lucius monta l'escalier pour atteindre sa chambre et se changer. Draco resta dans le couloir une bonne minute avant de monter les marches à son tour, quatre-à-quatre et d'entrer dans sa chambre. Il boucla sa valise, vérifia qu'il n'avait rien oublié, puis appela un taxi.

OoO

C'était décidé : jamais il ne quitterait la maison tant qu'il ne serait pas casé.

Harry avait déjà vaguement pensé à prendre un appartement où il vivrait seul. Il savait tout faire : la cuisine, le repassage, la lessive… Tout. Mais vu comme il s'emmerdait le soir quand il était tout seul, hors de question qu'il s'en aille tant qu'il n'était pas casé. C'était quelque peu égoïste de sa part, mais passer sa soirée seul devant sa télévision à ruminer de mauvaises pensées, ce n'était pas pour lui…

Harry s'était installé dans le salon, une couverture sur les genoux, et il regardait un film à la télévision, mais rien de bien intéressant. Il avait dîné seul et, maintenant, il était devant la télé à s'ennuyer, attendant qu'il soit l'heure d'aller se coucher.

Les yeux vaguement posés sur l'écran, il pensa à Draco, à Londres, qui était peut-être dans sa chambre ou alors convié à un dîner de famille. Il avait senti ses réticences, au téléphone, et il espérait que tout se soit bien passé. Enfin, il avait déjeuné chez Regulus, Isaline avait appelé tout à l'heure, mais il était parti vers six ou sept heures.

Harry pensa que c'était bientôt Noël. Il avait acheté le cadeau de Draco quelques jours auparavant, étant en manque d'inspiration. Draco lui avait dit par téléphone qu'il avait cassé sa montre : il l'avait fait tomber par terre et Blaise avait marché dessus. Elle n'avait pas supporté le choc. Harry avait donc décidé de lui en offrir une, en espérant que ça lui plairait. Il n'avait jamais été très doué pour trouver des cadeaux.

Mais, pour ça, il devait attendre la fin des vacances. Le jeune homme se demanda comment serait Draco, au retour. C'était stupide, mais Harry avait peur qu'il change, qu'il soit plus distant. Ce genre de choses. Il se rappelait, avec Cédric : quand il ne le voyait pas pendant une ou deux semaines, il devenait plus distant avec lui. Il espérait que Draco ne changerait pas…

Le rouge aux joues, il se demanda si le blond lui offrirait un cadeau. Cédric lui offraient rarement de cadeaux, juste à son anniversaire. Et quand Harry lui avait offert une place de concert pour son anniversaire, il n'avait pas eu l'air spécialement heureux. Harry avait été tellement déçu que son cadeau ne lui plaise pas qu'il avait boudé pendant quelques jours. Cédric n'était même pas venu le voir.

Harry soupira, en espérant qu'il ne se soit pas trompé, avec Draco. Ça ferait d'autant plus mal qu'il était amoureux. Une vraie midinette… Mais il aurait bien voulu lui dire, lui déclarer ses sentiments. Harry avait tellement peur du rejet qu'il ne se sentait pas capable de lui dire ces trois mots, alors qu'il les pensait si fort… Il était capable d'encourager Ron mais il lui était impossible d'avouer ses sentiments. La peur du rejet, de l'hésitation, de…

On sonna. Harry sursauta. Il regarda l'heure et haussa les sourcils : mais qui pouvait bien sonner à une heure pareille ? Il se leva du canapé et se glissa dans l'entrée, allumant la lumière. Il hésita à déverrouiller la serrure, mais il n'y avait pas œillère dans la porte… Tant pis.

Il ouvrit.

« Salut Harry. »

Vision enchanteresse. Un beau gosse blond aux yeux bleus était posté devant sa porte, un sourire charmeur sur les lèvres et les bras croisés sur son torse. Sans même réfléchir, Harry lui sauta dessus, un grand sourire sur les lèvres.

« Draco !! »

Draco éclata de rire quand son petit ami enserra son cou de ses bras, enfouissant son visage dans son cou. Le blond le serra contre lui, sentant la chaleur de son corps malgré son manteau. Il lui embrassa la nuque, tendrement. Puis, Harry leva les yeux vers lui et Draco ne put s'empêcher de trouver les yeux émeraude de Harry absolument magnifiques. Son petit ami l'embrassa doucement. On ne pouvait rêver meilleur accueil…

« Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ? Tu ne devrais pas être à Londres ? Entre, entre… »

Harry avait l'air tout content de le voir, malgré l'heure tardive. Draco se baissa pour attraper sa valise qu'il posa dans l'entrée, tandis que Harry fermait la porte derrière lui.

« L'enterrement a eu lieu aujourd'hui et mon père était d'accord pour que je rentre. Désolé, il est tard, mais…

- C'est pas grave, je suis content de te voir ! »

Harry le prit à nouveau dans ses bras en lui disant qu'il lui avait manqué. Une semaine, ce n'était rien, pourtant, mais Draco lui avait manqué : ses bras, ses baisers, son sourire… Lui, tout simplement.

Draco le serrait dans ses bras, respirant son parfum, le nez enfoui dans son cou. Il sentait l'émerveillement de Harry, qui ne semblait pas décidé à le lâcher. Lui non plus n'en avait pas envie.

Le cœur battant, cédant à une impulsion, Draco embrassa le cou de Harry, puis glissa ses lèvres près de son oreilles.

« Je t'aime. »

Soudain, Harry s'écarta brutalement de lui, ce qui surprit Draco. Il sentit l'appréhension monter en lui et ses joues rosirent de gène : Harry le regardait de ses yeux verts impénétrables, comme s'il fouillait en lui, le visage… indéchiffrable…

« Répète ce que tu viens de dire.

- Hein ?

- Répète. »

Draco se dit que, au point où il en était, il ne lui restait plus qu'à y aller franco. Niant la rougeur de ses joues, il prit le visage de Harry dans ses mains avec délicatesse, le regardant droit dans les yeux. Le tatoueur semblait attendre, et le blond lut de l'anxiété dans son regard. Il se lança.

« Je t'aime, Harry. Tu vas me trouver bêtement romantique, mais je suis tombé amoureux de toi dès que je t'ai vu. »

Il n'y avait rien de plus vrai. Au moment même où il avait vu Harry, dans cette petite boutique de tatouages, il était tombé sous son charme…

Il vit les yeux de Harry briller étrangement, puis un grand sourire illumina son joli visage. Le plus beau sourire qu'il n'ait jamais vu. Draco se pencha et l'embrassa tendrement, amoureusement, pressant ses lèvres avec douceur sur celles pulpeuses de Harry. Quand il s'écarta, Harry souriait toujours, avec cette lueur dans les yeux.

« Moi aussi je t'aime, Draco. »

Le soulagement passa sur le visage de Draco, alors que Harry lui sautait au cou. Draco refugia son visage dans son cou, respirant le parfum de sa peau. Il le serrait fort, comme s'il avait peur qu'il ne s'envole. Son cœur cognait contre sa poitrine, mais il n'y avait plus que Harry entre ses bras, ses cheveux contre son visage…

Harry desserra son étreinte et tourna la tête vers lui. Draco captura ses lèvres, lui offrant un baiser aussi tendre que passionné, alors que ses mains voyageaient sur son dos, ses hanches, caressant sa peau à travers le tissu de son débardeur. Et Harry répondait, avec la même tendresse qu'à l'accoutumé…

OoO

« Bon sens de bon soir ! Margaret, venez ici tout de suite !!

- J'arrive, Monsieur ! Laissez-moi le temps de monter !

- Mais dépêchez-vous, allons !

- Je fais ce que je peux, vous n'êtes pas le seul à prendre de l'âge !

- Pardon ?!

- Oh la la ! Tu te fais maîtriser par ta bonne, petit frère !

- Pas de commentaires. Margaret !!

- J'arrive !

- Miss Isaline, encore un peu de thé ?

- Avec plaisir… »

OoO

Le sommeil le quittait, peu à peu. Il était enveloppé dans un cocon de chaleur, ce qu'il trouvait bien agréable. Draco ouvrit les yeux et constata vaguement que cette chambre n'était pas le sienne. C'était celle de Harry, plus petite, moins ordonnée. Son esprit s'éclaircissait au fil des minutes : il avait le réveil facile.

Le blond sentait une présence, contre son dos. Il haussa un sourcil : il n'avait pas senti Harry se coller contre son dos, dans la nuit. Lentement, il se tourna, pour se retrouver face à son petit ami. Qui dormait profondément.

Pendant de longues minutes, Draco regarda son visage, dans la semi-obscurité de la chambre. Ses traits détendus et sereins lui donnait un air enfantin, ses longs cils ombraient délicatement ses joues et ses cheveux noirs, parsemés de mèches écarlates encadraient sa figure. Il trouva que, vraiment, Harry avait un beau visage. Il se dit que c'était sans doute ses sentiments qui le faisaient penser ainsi. Un léger sourire se forma sur ses lèvres quand il se remémora ce qui s'était passé la veille.

Quand il était arrivé à Paris, il avait tout de suite décidé d'aller voir Harry, malgré l'heure. Il était pris d'une grande impulsion : lui avouer ses sentiments. Ayant ruminé tout ça dans la gare et dans le train, il avait pris sa décision, mais une fois dans le taxi, il avait été pris pas l'anxiété : et si Harry le rejetait ? Et s'il s'énervait contre lui à cause de l'heure ? Il avait été bêtement romantique, la veille…

Quand Harry lui avait sauté au cou, heureux de le voir, Draco s'était senti revigoré. Puis, il avait avoué ses sentiments. Il avait vraiment flippé quand Harry lui avait demandé de répéter, mais son sourire et son étreinte une fois cette étape passée valait bien toutes les déclarations du monde. Il était près à lui dire autant de fois qu'il le voulait…

Ça faisait du bien, mine de rien. Aimer et être aimé. Draco ne s'était jamais senti aussi bien avec quelqu'un, si on exceptait Blaise qui avait le rôle du meilleur ami et du frère, mais Harry était son… amoureux. Bizarre, comme mot, mais c'était ce qui lui correspondait. Petit ami, c'était bon pour tout le monde, pas besoin d'aimer pour ça. Mais Harry…

Ce dernier bougea dans son sommeil et se rapprocha davantage de Draco qui s'était un peu écarté. Draco le laissa faire, plongé dans ses pensées. Après cette… romantique déclaration d'amour, qui l'avait laissé toute chose, Harry lui avait préparé de quoi manger. Voilà qui cassait l'ambiance, mais Draco n'avait rien avalé depuis son départ de Londres. Ils avaient discuté, longtemps, avant que Draco ne prenne sa douche et qu'ils se couchent.

Ses doigts s'égarèrent sur la rondeur de sa joue. Il était beau, son Harry, quand il dormait. Draco aperçut la cicatrice en forme d'éclair sur son front, qu'il retraça du bout des doigts. Puis, il caressa les cheveux bruns de son petit ami, le réveillant doucement. Le jeune homme fronça les sourcils, le sommeil le quittait à son tour. Draco eut un sourire taquin et l'embrassa. Il l'entendit soupirer puis répondre mollement à son baiser.

« Bonjour, Harry.

- 'Jour. »

Pas du tout réveillé, Harry se frotta les yeux. Draco le regarda se réveiller lentement, en se demandant s'il avait vraiment conscience qu'ils étaient tous les deux dans le même lit ou s'il était complètement dans le cosmos. Soudain, son portable sonna. Au lieu de se pencher vers sa table de nuit pour répondre, Harry grogna et se réfugia sous la couette, pas du tout décidé à faire un effort. Draco ricana.

« Le téléphone sonne, fainéant.

- Suis pas là. »

Draco se pencha, lui montant presque dessus, et attrapa le téléphone portable. Il le mit sous la couette et Harry le lui arracha presque des mains pour répondre, faisant ainsi taire la voix des Village People. Sa tête émergea de sous la couette.

« Voui ?

- Ryry, c'est moi !!

- Tata, je dors…

- Mais nan, t'es réveillé. Ça va bien ?? »

Harry répondit par l'affirmative, alors que Draco s'installait confortablement sur lui. Il n'était pas vraiment conscient de la situation, trop occupé à tenir une conversation normale avec sa tante, mais il revint sur Terre quand les lèvres de Draco se posèrent sur son cou. Il voulut le repousser, mais le blond était bien installé et pas du tout décidé à s'en aller.

« Pourquoi tu m'appelles, au juste ?

- Pour rien, juste parce que je m'ennuie. Ton parrain est dans un magasin de fringues, j'attends qu'il ait fini de payer. »

Les lèvres de Draco voyageaient toujours sur son cou, elles dérivèrent vers sa mâchoire. Le cœur du brun battait fort dans sa poitrine, il avait du mal à suivre la conversation, surtout qu'il sentait le bout des doigts de Draco sous son haut de pyjama…

« Et vous allez où, après ? »

Il sentait l'excitation monter : le corps de Draco allongé sur le sien, ses mains sur ses hanches, ses lèvres près de son oreille…

« Chez Maggy. »

Harry eut un sourire. Il repoussa gentiment Draco qui l'interrogea du regard, mais Harry était maintenant trop pris par sa conversation, et il ne le regardait même pas.

« Elle tient toujours un refuge pour les chiens abandonnés ?

- Ouais…

- Tu me ramènes un souvenir ?

- On verra… »

Il ne tarda pas à raccrocher. Il semblait plutôt content. Draco croisa les bras sur le torse de Harry et attendit que ce dernier lui porte un peu plus d'attention, prenant un air vexé. Harry ricana.

« Tu n'aimes pas quand on ne fait pas attention à toi.

- Je te câline et tu oses me repousser. Tu veux un souvenir de Londres ?

- Tu peux pas comprendre…

- Explique-moi, alors, répliqua Draco.

- Quand j'étais jeune, une amie de Tata l'a presque forcée à prendre un chien abandonné. Je ne sais pas vraiment ce que c'était comme race, une sorte de bâtard, tout noir et assez grand. Il est mort quand on était encore à Londres et Tata n'a jamais eu le courage de reprendre un chien.

- Le souvenir, c'est un chien ?

- Ouais. Depuis le temps qu'elle hésite à en prendre un autre… Draco, retire ta main de sous mon tee-shirt.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, sourit Draco d'un air innocent.

- En plus, t'es lourd, se plaignit Harry.

- Tu dis ça, mais qui s'est collé contre mon dos hier soir pour dormir ? »

Harry rougit et lui répondit que c'était instinctif : quand quelqu'un était dans son lit, il se collait à cette personne. Autant dire que, quand Théo dormait à la maison, il n'était pas tout à fait à l'aise car Harry se collait contre lui. Draco haussa un sourcil en entendant ces mots : comment ça, Théo dormait avec Harry ? Avec Son Harry ?

Le tatoueur soupira devant cette preuve évidente de jalousie : Tata refusait de mettre des draps propres donc Théo dormait dans son lit. Oui, Harry était un homme, mais après avoir expérimenté les ronflements d'Olivier quand ils étaient partis en camping, ça ne le dérangeait pas tant que ça quand Harry se collait à lui. Et puis, c'était pas comme si le jeune homme faisait exprès…

« J'y crois pas, tu t'es collé Théo, l'homophobe par excellence…

- Tu exagères ! Et puis, je ne le fais pas exprès… Bon, on se lève. J'ai des trucs à faire.

- Pas exemple ?

- Trouver un cadeau de Noël pour Sirius, Severus, Nymph' et Remus.

- Harry ! Noël est dans trois jours !

- Tu m'accompagnes ? »

Draco grogna un « Tu es incorrigible », alors que Harry le faisait basculer sur le côté. Le tatoueur se leva et lui dit d'aller prendre sa douche le temps qu'il prépare le petit-déjeuner. Puis, le brun quitta la chambre, descendant joyeusement les marches de l'escalier.

« Dray ? Cria-t-il soudain, en bas des escaliers.

- Ouais ?

- Tu prends quoi le matin, déjà ?

- Café. »

Harry prépara donc le petit-déjeuner. Il alluma la radio, et tout en écoutant une chanson des Guns N' Roses, il prépara du café, fit griller du pain, et mit la table. Il était trop emporté par la musique pour entendre Draco descendre les escaliers et le rejoindre dans la cuisine. Ce ne fut que quand il sentit une main sur ses fesses et un torse contre son dos qu'il se souvint qu'il n'était pas seul chez lui. Écarlate, il se retourna et Draco s'empara de ses lèvres avec tendresse. Il glissa sa langue dans sa bouche et le prit dans ses bras. Harry ne put que fermer les yeux et lui enserrer le cou, répondant à son baiser.

Quand ils se séparèrent, Harry entendit un léger « je t'aime » murmuré à son oreille. Il se blottit dans les bras de Draco, savourant ces quelques mots, son cœur débordant de joie…

OoO

« Allez, un peu de nerfs !! Tu vas être en retard !

- Mais non, j'ai le temps… Merde ! J'ai perdu ma trousse de toilette !!

- Margaret !! Sirius a perdu sa trousse de toilette !

- Mais j'y suis pour rien, moi !

- Venez nous aider, bon sang ! Rendez-vous utile !

- Dans ce cas, allez étendre le linge pendant que je cherche cette trousse !

- Je ne peux pas bouger mes jambes, réfléchissez deux minutes ! Margaret !!

- Oh, vous me soulez, Mr Regulus !

- Non mais tu as vu comment elle me parle ?!

- C'est ça, plaignez-vous ! Vous ne me virerez pas, de toute façon. Personne n'est assez barge pour bosser chez vous, même en étant bien payé ! Rappelez-vous de Gabriella, elle a pas tenu une semaine !

- Tu sais, grand frère, le pire, c'est que c'est vrai…

- Irrécupérable, Regulus…

- Bon, n'empêche que vous êtes mon employée, alors s'il vous plait, montez tout de suite, Margaret !!

- Je vous assure, Miss Isaline. Un peu de thé vous fera du bien.

- Si vous le dites… »

OoO

Main dans la main, ils sortirent du magasin, fiers de leurs achats. Certes, la queue avait été longue, mais ils avaient fini par s'en sortir.

Harry avait proposé à Draco de rester pour les vacances chez eux, le blond avait répliqué qu'Isaline ne serait sûrement pas d'accord, mais son petit ami lui avait dit que, au contraire, ça ne la dérangerait pas. Draco accepta donc l'invitation et se dit obligé d'offrir des cadeaux pour Noël. Ce qui, pour une fois, n'était pas désagréable.

Harry fut plutôt étonné quand Draco décida de faire lui aussi ses courses pour Noël. Déjà parce qu'il voulait offrir des cadeaux aux autres, mais aussi parce que, dans le lot, il y aurait forcément un cadeau pour lui. Il n'avait pu résister et il avait posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis un petit bout de temps.

« Tu m'as acheté un cadeau pour Noël ?

- Bien sûr, pourquoi ? Tu ne m'as rien acheté ?

- Si ! C'était juste comme ça… »

Draco n'avait pas vraiment compris pourquoi Harry était aussi rouge, mais bon…

Ainsi, ils étaient passés, à la plus grande horreur du blond, dans un magasin de jouets pour Teddy. Draco s'était laissé traîner par Harry dans les rayons et il le laissait choisir le cadeau, n'ayant pas d'idée. Puis, ils allèrent dans une boutique de vêtements où Draco acheta un élégant manteau pour Isaline. Harry tiqua pour le prix, Draco lui dit de se taire.

« C'est ta carte bleue ou c'est celle de ton père qui trinque ?

- Je n'achète jamais de cadeaux avec la carte de mon père. Enfin, sauf ceux des gens que je n'aime pas. »

Ce qui voulait dire qu'il appréciait Isaline… Harry ne fit aucun commentaire : s'ils s'entendaient bien, ça ne pouvait qu'être positif, non ? Harry aurait un peu plus de mal avec les parents de Draco, mais ce dernier n'avait pas parlé de ça, et Harry n'allait pas remettre cette histoire sur le tapis…

Il préférait largement chercher avec Draco un cadeau pour Sirius, Severus, Remus et Nymph'. Ils décidèrent de faire le cadeau en commun, parce que les finances de Draco commençaient à chuter et ça ferait des économies à Harry.

Ils se mirent d'accord sur une nouvelle cafetière à Nymph' et Remus, étant donné que la leur tombait en ruine, même si Nymph' n'avait pas le cœur à la jeter. Et, tout en passant dans les rayons d'une boutique d'électroménager, ils choisirent d'acheter une centrifugeuse pour Sirius et Severus, étant donné que son parrain adorait les fruits et ce genre d'appareil. Bon, Severus ferait peut-être la tête, mais il ne pourrait pas dire qu'on leur avait offert un truc sans intérêt.

Quand ils sortirent du magasin, ils se sentirent comme libérés. Il y avait un monde d'Enfer dans les magasins, mais ils avaient réussi à trouver leur bonheur. Harry était content d'avoir passé un aussi long moment avec Draco et il était rassuré de le sentir aussi proche de lui. Leurs mains s'étaient rarement quittées, toujours enlacées, et Harry sentait leur complicité se renforcer.

Faire les courses de Noël quelques jours avant la fête, supporter les queues à rallonge et le monde dans les rayons n'étaient pas réellement une partie de plaisir, mais être avec Draco, sentir sa main dans la sienne, parler avec lui, rire et sourire… Il partageait des moments avec lui, sans se cacher, malgré les regards posés sur eux, et les réflexions qu'ils avaient entendues. C'était logique, songeait Harry, et il ne se sentait pas vraiment gêné, car Draco était là, se fichant complètement du regard des autres.

Et c'était ça qui le rassurait. Draco partageait ses sentiments, il lui avait dit qu'il l'aimait la veille et l'avait répété ce matin-là, ce qui le remplissait de joie. Mais ce qui le rassurait le plus, c'était le comportement du blond : toujours le même, discret mais présent, sans jamais fuir son regard ou montrer de la gêne. La même complicité… Harry ne craignait pas le regard des autres, car Draco était naturel avec lui. Cédric, au contraire, cachait leur relation, et Harry avait alors eu peur des critiques et des regards de travers.

Peut-être qu'il avait muri, ou peut-être que c'était tout simplement l'attitude de Draco qui l'encourageait à ne pas avoir honte de ce qu'il était : un homme qui aimait un autre homme.

OoO

« My God ! Juste à temps ! Ah la la, quelle aventure !

- J'ai cru qu'on partirait jamais de chez toi ! Sans Margaret, on y serait encore !

- Elle est charmante, n'est-ce pas ?

- Tout à fait ! Mon cher frère, aurais-tu des vues sur cette jolie femme ?

- Mais n'importe quoi !

- En tout cas, vous allez bien ensemble, n'est-ce pas, Adonia ?

- Oh oui, le même caractère de cochon.

- Comment oses-tu, ma fille ! Dire ça de ton père !

- Oh Papa, s'il te plait, pas de scandale…

- Faites bon voyage, Miss Isaline.

- Merci, Mr Kreattur… »

OoO

Installés devant la table de la cuisine, ils étaient en plein atelier « emballage de cadeaux ». Draco, ayant la permission de Harry, avait pris la voiture d'Isaline pour aller chez lui, afin de refaire sa valise de façon à n'emporter que son disque dur externe et des vêtements plus pratiques, puis ils étaient allés au centre commercial faire leurs courses. Maintenant, ils devaient emballer les cadeaux, et ce n'était pas une mince affaire.

Déjà, Draco ne savait pas emballer un cadeau, donc il n'était bon qu'à couper le papier et donner du scotch à Harry qui faisait des papiers cadeaux tellement réussi que ce serait dommage de les déchirer. Draco ne cessait de lui dire qu'emballer une cafetière dans du papier Winnie l'Ourson était ridicule et Harry lui répliquait que, s'il voulait se plaindre, il n'avait qu'à aller voir Isaline qui avait acheté les rouleaux de papiers. Ne supportant plus la bouille du nounours jaune, Draco décida de changer de rouler de papier cadeau, mais disons que les rouleaux Pokémon et Stitch n'étaient guère mieux…

« Chez nous, il n'y a pas de papier comme ça…

- Chez toi, il n'y a pas d'enfants en bas âge, rétorqua le brun en lui prenant un bout de scotch.

- Harry, Teddy est le seul enfant en bas âge.

- Nan, t'as oublié Sirius et Nymph'. »

Et le pire, c'était qu'il était sérieux.

Draco tendait les doigts, sur lesquels étaient posés des bouts de scotch, et Harry s'appliquait à plier le papier cadeau sur la centrifugeuse de Sirius, ignorant son petit ami qui grommelait encore que Pokémon et appareil électrique n'allait pas vraiment ensemble…

« Harry, rassure-moi, tu n'as pas emballé mon cadeau là-dedans ? Demanda le blond en le regardant plier le manteau d'Isaline.

- Qui te dit que je t'ai acheté quelque chose ?

- Harry, pitié, pas de papier cadeau Winnie l'Ourson…

- Nan, j'ai pris Pinocchio, avoua le brun d'un air sincère. Il était trop mignon dessus.

- Tu te fous de moi, là ?

- Pas du tout.

- Harry !!

- Tu es trop mignon quand tu es outré. Mais non, je te taquine, idiot. »

Draco grommela dans sa barbe, ses yeux posés sur les mains de Harry qui fixaient le ruban doré tout autour du paquet cadeau, puis prendre un ciseau pour faire friser le ruban. Draco se dit que sa mère n'avait très certainement jamais fait ce genre de chose, et il se demandait si elle avait déjà mis les pieds dans un magasin de jouets.

Harry termina ses paquets cadeaux, tout fier de lui. À deux, ils les portèrent à l'étage et les posèrent dans la chambre d'Isaline où étaient entassés d'autres paquets. A peine eurent-ils le temps de déposer leurs cadeaux que la porte d'entrée s'ouvrait.

« C'est moi ! »

Ils sortirent rapidement de la chambre d'Isaline, traversèrent le couloir et apparurent dans l'escalier. Le visage de Harry s'illumina quand il vit sa tante, surtout qu'elle avait un sac de voyage pour animal dans les bras. Isaline, la main sur la hanche, leva un sourcil quand elle vit Draco en haut de l'escalier avec Harry.

« Qu'est-ce qu'il fait là, le beau blond ?

- Il a passé la nuit à la maison, répondit Harry.

- Alors elle était vraie, la rumeur comme quoi tu t'étais barré ?

- Il faut croire.

- Tu comptes passer les fêtes à la maison ? »

Les sourcils du blond s'arquèrent de surprise : il avait évoqué avec Harry la possibilité de passer une ou deux nuits chez lui, mais pas la semaine… La proposition d'Isaline lui fit ressentir à la fois de la gêne car il n'était pas habitué mais aussi un étrange contentement…

« Je ne veux pas déranger, dit-il, comme d'habitude.

- Ecoute, beau blond, tu fais ce que tu veux. Moi, je propose. »

Draco croisa le regard de Harry, qui brillait. Il attendait sa réponse et Draco lut dans son regard de l'amour, ce qui lui gonfla le cœur de joie. Il n'était pas chez lui, dans cette maison, mais en même temps, c'était soit rentrer chez lui et y vivre seul, ou rester ici avec Harry…

« Oui, pourquoi pas ?

- Okay ! Bon, par contre, il y a trois règles fondamentales à respecter ici ! »

Harry pouffa, tandis qu'Isaline s'accoudait à la rambarde de l'escalier. Draco ne comprit pas vraiment pourquoi il souriait…

« Déjà, on ne critique pas ma façon de ranger ma maison.

- Je ne me permettrais pas, répliqua le blond, galamment.

- Ensuite, on ne parle pas comme un charretier chez moi.

- Promis.

- Et enfin… on ne critique pas mes tenues, surtout le matin. »

Harry ricana et Isaline lui jeta un regard froid. Draco acquiesça à nouveau, un léger sourire aux lèvres, et alors Isaline lui cria un « Bienvenu à la maison ! ». Puis, Harry descendit les marches et prit le sac de voyage pour l'ouvrir. Isaline embrassa Draco sur les deux joues, alors que le tatoueur découvrait le petit chien allongé dans le sac de voyage.

Il était jeune et d'une couleur noisette. C'était une femelle et Harry, tout en la prenant dans ses bras, chercha à savoir quelle était la race. Isaline lui précisa que c'était un bâtard, un croisement entre elle ne savait plus quels chiens, mais elle l'avait trouvée jolie et elle était abandonnée, alors elle n'avait pas pu résister. Draco regardait la jeune chienne d'un œil curieux : il n'avait jamais été au contact d'animaux, hormis les chevaux, étant donné qu'il faisait de l'équitation quand il était jeune, mais ça s'arrêtait là.

« Tu l'as appelée comment ?

- Bah Maggy l'appelait Liloute. Je trouve ça mignon. C'est mieux que Minidoux.

- Minidoux ? Comme la lessive ? Fit Draco, sans comprendre.

- C'est le chat de Nymph'. Ils savaient pas comment l'appeler. »

Famille de barges…

« Remarque, le chien de mon papa s'appelait Rosbif. On n'avait pas l'air bête quand on l'appelait. »

En plus, c'était héréditaire…

« Enfin, nous voilà avec un chien, maintenant. Ryry, tu m'aides à monter ma valise ? »

Harry posa la petite chienne sur le sol et partit dans le garage pour récupérer la valise d'Isaline, alors que cette dernière soulevait Liloute et demandait à Draco s'il passait Noël à la maison. Ça lui faisait plaisir qu'il soit là, et comme c'était elle qui organisait le réveillon cette année… Draco n'était pas habitué à recevoir ce genre d'invitation et Isaline avait l'air si sincère… Il accepta, ayant pourtant prévu d'appeler Blaise pour passer le réveillon chez lui, ce dernier n'aurait évidemment pas refusé.

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Si on lui avait dit un jour que caresser les cheveux de quelqu'un était quelque chose d'agréable, il ne l'aurait pas cru. Non, vraiment, il avait toujours pensé que c'était niais et il ne voyait pas vraiment l'intérêt de toucher sans discontinuer les cheveux d'un autre. C'était plus ou moins agréable pour l'autre, mais pas pour celui qui procurait ces caresses…

Et pourtant, Draco aimait toucher les cheveux de Harry.

Après avoir souhaité une bonne nuit à Isaline, ils s'étaient enfermé dans la chambre de Harry et s'étaient couchés dans le lit. Draco avait entassé les oreillers dans son dos et Harry s'était glissé naturellement contre lui. Le brun avait mis Les Experts, Draco regardaient vaguement le téléviseur, tout en caressant les cheveux noirs et indomptables de son petit ami.

Il avait d'abord glissé ses doigts dans les cheveux sombres afin de les discipliner un peu, ce qui avait fait pouffé Harry : il pouvait toujours essayer, il n'y arriverait pas. Et Draco avait laissé sa main aller et venir dans la chevelure sombre de son petit ami, trouvant agréable de sentir la douceur de ses cheveux sous ses doigts. Harry était à demi allongé sur lui, un de ses bras en travers de son ventre et sa tête sur son épaule.

Alors que les flics découvraient de nouvelles preuves, Draco repensa au jour où il avait vu Harry pour la première fois, et à quel point il avait été frappé par ses yeux et son visage. Il se rappela de sa réserve, puis de leurs disputes successives, qui avaient bien failli tout gâcher. Si Draco avait été gêné quand il voulut s'excuser, il ne le regrettait pas. Ce soir, même si c'était bête à dire, il était amoureux, et sentir Harry contre lui, sa chaleur et ses cheveux sous ses doigts, le remplissaient d'une paix étrange mais non moins agréable.

« Tu penses que c'est qui, le tueur ?

- L'homme de tout à l'heure. C'est évident.

- Ah bon. »

Draco fit glisser sa main sur la nuque de Harry, tandis que son autre main lui relevait le visage. Il l'embrassa tendrement, posant ses lèvres sur celles chaudes du tatoueur, qui poussa un léger soupir de contentement.

« Eteins, j'ai envie de dormir.

- Mais je veux savoir qui est le coupable…

- Menteur, t'as juste envie de m'embêter. »

Harry eut un sourire. Il l'embrassa à son tour puis il se leva pour éteindre le poste de télévision. Dans le noir, il regagna sa place dans son lit, contre Draco, qui le prit dans ses bras.

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« Chaud devant !!

- Attention les jeunes !!

- Dégagez le passage !!

- Mais vous êtes fous ?!! Ce sapin est trop grand, il ne rentrera jamais dans le salon !!

- Chaud devaaaaaaaant !! »

Hallucinés, Harry et Draco regardèrent Isaline et Sirius entrer en fanfare dans le salon, leur sapin emballé sur l'épaule. Nymph', juste à côté, regardait la scène avec un regard bizarre : nan, sérieux, le sapin allait renter dans le salon ? Remus levait les yeux au ciel, pas étonné pour un sou, tandis que Teddy, dans ses bras, applaudissait : voilà un nouveau sapin à décorer !

Comme chaque année, Isaline décorait sa maison en retard. Et, comme chaque année, elle parvenait, avec l'aide de Sirius, à trouver un sapin immense pour son salon. Harry et Draco avaient descendu les cartons de décorations, aidés de Nymph' et Remus, alors que la patronne allait chercher son arbre de Noël.

Tout le monde entra dans le salon, où Sirius retirait la protection du sapin, qui était vraiment trop grand. Les deux zouaves se mirent à chouiner parce que le plafond était trop bas, donc le sapin ne pouvait pas se tenir droit. Draco regarda Harry qui levait les yeux au ciel.

« Comment ils vont se débrouiller ?

- Comme chaque année. »

Car, comme chaque année, Isaline se perchait sur une chaise pour couper le sommet du sapin. Pendant ce temps-là, Remus ouvrait les cartons avec Nymph' et Teddy redécouvrait les décorations de Noël. Draco se sentit un peu gêné : il n'avait jamais décoré de sapin de Noël, c'était toujours Winky et Dobby qui s'en occupaient. Harry dut s'en douter, car il lui demanda s'il préférait monter dans sa chambre ou rester pour décorer le sapin. Le blond trouvait cette tâche plutôt ridicule, mais il resta quand même.

On mit un temps fou à décorer le salon et le sapin. Sirius, avec Teddy dans les bras, mettait des boules de Noël partout, ce qui déclencha les hostilités avec Isaline qui, pour une fois, voulait que son sapin ressemble à quelque chose. Draco se contentait de poser les sujets sur les meubles, en compagnie de Nymph', Harry et Remus. Mais, voyant que ça commençait à dégénérer, Remus vira les deux crétins du sapin, leur ordonnant de façon calme mais autoritaire de s'occuper de la décoration du salon. Nymph' prit donc son petit garçon dans ses bras pour décorer le sapin avec lui, accompagnée de Harry et Draco, qui mettaient les guirlandes électriques. Une dispute éclata entre les deux amoureux, étant donné que Harry était un dédoué en guirlandes et Draco carrément nul.

« Draco, viens par là !

- Harry, tu vas tomber, idiot ! Descend de cette chaise !

- Mets un peu de bonne volonté, tu veux ?

- Tu me soules… »

Pendant ce temps, Sirius et Isaline s'était remis à s'engueuler parce que l'un mettait tout n'importe où et l'autre piquait tous les Pères Noël. La première dispute prit fin quand Harry vint embrasser Draco, ce dernier ne pouvait résister à ses yeux de chien battu. Mais pour la deuxième dispute, il fallut l'intervention de Remus, car les deux zouaves couraient dans tout le salon, et Nymph' faillit se retrouver dans le sapin…

Au final, le salon fut décoré. Harry admirait le sapin immense, Draco dans son dos avec les bras autour de sa taille. Nymph' regardait fièrement leur œuvre et Remus se félicitait intérieurement d'avoir pu calmer le jeu, son fils dans les bras. Sirius était tout content de sa décoration, aussi. Isaline se retint de pousser un soupir fataliste : une fois encore, son sapin ne ressemblait à rien…

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Draco venait d'avoir sa mère au téléphone. Elle l'appelait pour savoir si tout allait bien, mais la conversation avait vite dérivé : elle lui en voulait vraiment. Draco avait déjà appelé son père pour le remercier, le jour de son départ, mais il n'avait pas osé appeler Narcissa, qui lui fit part de ses reproches.

« Tu te rends compte ! Partir, comme ça, sans prévenir personne ! »

Il avait dû vexer ses grands-parents. Tant pis. Ils s'en remettraient. Et puis, c'était son père qui lui avait fait la proposition, Draco n'avait fait qu'accepter. Oui, il avait vu Harry, c'était son petit ami, non ? Oui, il avait vu Isaline et Nymph', aussi, mais il les aimait bien. Non, il n'était pas à la maison, il vivait chez Harry.

Sa mère était furieuse, mais il n'en avait cure : il était bien là où il était.

Nous étions le vingt-trois décembre, et comme la veille, Harry travaillait dans la boutique avec les deux autres femmes. Il avait été gêné de laisser Draco seul, mais ce dernier en avait profité pour travailler sur l'ordinateur de Harry, branchant son disque dur externe sur l'unité centrale pour poursuivre son travail. Par moments, Harry montait à l'étage. Il se penchait dans son dos, regardant vaguement ce qu'il faisait, puis il enlaçait son cou et l'embrassait sur la joue.

La journée avait été la même la veille : Harry avait travaillé le matin alors que Draco bossait sur l'ordinateur, puis venait le déjeuner, et l'après-midi était consacrée au travail, jusqu'au dîner. Puis, ils allaient se coucher, dans les bras de l'autre sous la couette. Harry se collait contre lui durant la nuit et Draco se réveillait toujours avec son petit ami contre son dos ou contre son torse.

Draco aurait pu trouver la journée ennuyeuse s'il n'était pas habitué à travailler assidument ses cours et ses devoirs. La chambre de Harry était plutôt en bazar, mais Draco s'y sentait bien. De même, pendant les repas, il ne se sentait pas exclu. Et puis, Harry venait dès qu'il avait un moment, lui offrant un petit moment de tendresse qui ne faisait qu'attiser son besoin de lui et son désir.

Quelques jours qu'il s'était installé chez Harry, et son désir pour lui allait en grandissant. Harry multipliait les petits gestes naturels, discrets, mais tendres, et Draco se sentait devenir dépendant de ses sourires, sa main sur son épaule ou dans ses cheveux, ses lèvres sur sa joue ou encore ses bras autour de sa taille. Des gestes qu'il avait moyennement appréciés chez les autres mais qu'il adorait venant de Harry. Peut-être parce qu'il l'aimait.

De même, Draco se surprenait à avoir ce genre de gestes avec Harry, même s'ils étaient parfois quelque peu osés. Alors que Harry faisait la vaisselle, Draco lui avait touché les fesses, ce qui l'avait fait prodigieusement rougir. Au point que Draco avait éclaté de rire, alors Harry lui avait balancé de l'eau à la figure. Dans l'après-midi, Harry était venu lui proposer de goûter, et Draco n'avait rien trouvé de mieux que de le plaquer sur le lit et de l'embrasser langoureusement, caressant ses hanches et ses cuisses. Harry se débattait pour la forme mais il se laissait faire. Il semblait avoir confiance en lui.

Ainsi, Draco laissait ses mains s'égarer de temps à autre sur le corps de Harry, et si le brun avait été très gêné au début, il commençait à s'y faire, même si ses joues continuaient à rougir furieusement. Draco découvrait le désir qu'il ressentait pour Harry. La veille encore, Harry était entré dans la chambre avec une juste une serviette autour des hanches et l'étudiant avait senti l'excitation monter en lui : Harry était sexy au possible et ses tatouages lui donnaient un petit quelque chose de… comment dire…

« Dray, tu peux aller te laver. »

… quelque chose d'absolument bandant. Mais c'était quoi cette manie de ne pas prendre ses vêtements quand on allait se laver ? Une fois de plus, les hanches de Harry étaient entourées par une serviette rose bonbon, descendant jusqu'à ses genoux. Bon, ça cachait le plus intéressant, mais mine de rien, le papillon bleu tatoué sur son torse et les grandes ailes dans son dos lui donnaient un certain charme. Draco ferma les applications sur l'ordinateur, prit ses affaires, puis partit se laver. Au passage, il tira sur la serviette qui glissa sur les hanches de Harry. Il s'enfuit hors de la chambre, le sourire aux lèvres, alors que Harry lui criait qu'il n'était qu'un obsédé.

Ce qui n'était pas tout à fait faux…

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« Vive le vent ! Vive le vent ! Vive le vent d'hiver !

- Ron, qu'est-ce que tu fous là ?

- Boule de neige, et sapin blanc, et bonne année grand-mère !!

- Il t'écoute pas, Harry.

- Ron, arrête de chanter deux minutes, s'il te plait.

- Me suis fait virer de chez moi. »

Le rouquin haussa les épaules et se remit à chanter avec Teddy dans les bras. Draco se retint de se boucher les oreilles : si écouter Harry chanter était agréable, ce n'était pas le cas pour Ron. Harry ricana : Molly devait préparer le dîner pour tous les Weasley, et ce n'était pas une mince affaire !

Ron lui raconta que Bill, Fleur et la petite Victoire seraient là, de même pour Charlie qui revenait d'Afrique. Percy avait réussi à se libérer pour Noël et viendrait avec sa compagne, Audrey, enceinte de leur premier enfant. Les jumeaux seraient bien évidemment au rendez-vous, tous deux accompagnés. Et Ron et Ginny, évidemment.

« Ça en fait, du monde, fit Harry. Enfin, comme chaque année, quoi.

- Ouais. Et pense que l'an prochain, je serai encore tonton. C'est une fille, et ils ont décidé de l'appeler Molly, comme maman. Et puis en plus de ça, y'aura quelques tantes et quelques cousins. Pas beaucoup, mais ça va faire du monde. Au fait, fit-il en se retournant vers eux, vous venez au Nouvel An, hein ? »

Draco ne manqua pas d'être surpris par cette invitation. Il refusa : il ne connaissait pas sa famille et il n'avait pas à s'inviter comme ça chez eux. Ron répliqua que ça ne posait pas de problème, mais Draco ne voulait pas venir. Il n'osait pas avouer qu'il n'était pas habitué à ce genre de regroupement familiale pour faire la fête. L'atmosphère serait sûrement étouffante et il ne s'y sentirait pas à sa place.

« Alors je resterai avec toi, fit Harry.

- Hors de question !

- Si tu ne viens pas, je n'y vais pas, point à la ligne. »

Draco eut beau protester, son petit ami ne changea pas d'avis, têtu qu'il était. Ron ricana en disant qu'on dirait un vieux couple, tous les deux. Harry répliqua avec un sourire innocent qu'il pouvait bien parler. Le rouquin rougit.

« C'est vrai, fit Draco avec un sourire ironique. Ça fait un petit bout de temps que tu sors avec Hermione.

- Oh, à peine un mois. Elle sera là au Nouvel An. Théo aussi, il s'ennuie toujours au Nouvel An. Je peux proposer à Blaise de venir…

- Ron, ta mère ne pourra pas gérer autant de monde ! S'exclama Draco.

- Tu n'as même pas envie de savoir combien il y avait de personnes au mariage de Bill. Et tout s'est bien passé. »

Le blond demeurait septique. Alors que Ron, n'ayant rien à faire de ses dix doigts, allait jeter un œil dans la cuisine, histoire de piquer un petit truc à manger, Draco lança un regard hésitant à Harry qui haussa les épaules. Le brun lui dit que s'il ne voulait vraiment pas y aller, ils resteraient à la maison. Mais il y aurait Severus, Théo et Remus, donc Draco ne serait pas vraiment seul.

« Je ne suis pas habitué à ce genre de fête, avoua Draco.

- C'est sympa, pourtant. Allez, viens avec moi… Je vais me faire draguer par Ginny, sinon… »

Harry faillit rigoler en imaginant des oreilles de chien se redresser sur la tête de Draco dont tout le corps sembla se raidir quand il mentionna Ginny.

« Elle sera là ?

- Dray, je te signale que c'est la petite sœur de Ron. Elle va sauter sur l'occasion si tu ne viens pas.

- Et tu vas te laisser faire ?

- Qui sait ?

- Je viens.

- Yes !! »

Harry se rua dans la cuisine pour prévenir Ron que Draco venait, tandis que ce dernier se massait le front, en se demandant dans quelle merde il s'était encore fourré…

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Tranquillement assis sur le lit de Harry, la couette sur les genoux et un bouquin dans les mains, Draco était en train de réviser. Il avait laissé tomber sa classe légendaire, cédant à la chaleur confortable du lit, les oreillers dans son dos. Cela faisait bien une demi-heure qu'il s'était installé dans le lit, et il se sentait vraiment bien.

Ron avait mangé avec eux, puis il était parti rejoindre sa mère qui préparait le repas de Noël. Dans l'après-midi, Isaline avait demandé au deux jeunes hommes de retirer la table basse du salon et d'installer à la place une table qu'ils avaient décorée, avec les chaises. Harry mettait les couverts n'importe comment, Draco passait derrière lui pour mettre le couteau à droite et la fourchette à gauche. Puis, il fallut aider Isaline pour beurrer les toasts, fourrer la pate d'amande dans les dattes…

Un travail long et fastidieux mais dans une ambiance tellement agréable que Draco s'était exécuté sans vraiment protester. Nymph' et Remus étaient venus les aider, en plus. Sirius aurait bien voulu venir aussi, mais son éditeur l'avait enguirlandé au téléphone, il avait pris du retard sur son roman, donc il avait dû avancer pour être dans les temps. Quant à Severus, n'ayant qu'une voiture, il devait attendre que Sirius ait à peu près son compte de pages pour venir.

Puis, Remus et Nymph' étaient partis pour se préparer, et accessoirement ramener les cadeaux de façon plus ou moins discrète. Draco s'était donc exilé dans la chambre de Harry pour faire quelques révisions, alors que ce dernier discutait avec sa tante pour essayer de savoir ce qu'elle allait lui offrir pour Noël. Et aussi pour laisser Draco un peu tranquille…

Draco tourna la page de son bouquin et poursuivit ses révisions. Il se dit soudain que, s'il était resté à Londres, il aurait passé son temps à réviser. Certes, il n'aurait pas malaxé de la pâte d'amande ni n'aurait tartiné des petites tranches de pain de mie avec du beurre, mais il se serait tellement ennuyé qu'il n'aurait fait que travailler. Et, mine de rien, ça allait bien cinq minutes…

Et puis, il avait pris ses habitudes, ici. C'était bizarre, lui qui avait tant de mal à s'habituer à un nouveau logement, même pour quelques jours, il se sentait bien, ici. Il se disait que c'était sans doute parce que Harry était là. Un peu comme avec Blaise : il se sentait bien chez eux parce qu'ils étaient là. Harry ne le collait pas, non plus, et Isaline était vraiment gentille avec lui. Il avait alors eu vite fait d'avoir ses petites habitudes. Il avait même rangé ses fringues dans l'armoire de Harry, trouvant un peu de place dans ses vieux vêtements trop larges.

D'ailleurs, ça l'avait choqué. Dans l'armoire de Harry, il y avait les vêtements « normaux », donc portables, et ceux « immondes » qui ne ressemblaient à rien. Draco était persuadé que Harry aurait l'air d'un anorexique dans ces vêtements ! Comment Harry pouvait porter ce genre de choses… s'était-il dit avant de trouver quelques vêtements que, en effet, Harry avait porté avec lui, et qui ne lui allaient pas si mal que ça.

N'empêche, il allait devoir y remédier…

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De son côté, Harry aussi avait pris quelques petites habitudes depuis que Draco était là.

Il y avait de légères disputes entre eux, en particulier concernant les fringues de Harry qui laissaient à désirer et qu'il laissait traîner partout. Mais sinon, il n'était pas particulièrement difficile à vivre : ça ne le dérangeait pas de rester seul pendant plusieurs heures à réviser. Harry avait pourtant été gêné de travailler alors qu'il était seul là-haut, mais le blond avait besoin de calme pour étudier.

Si Harry se sentait complice avec Draco d'habitude, là, ils étaient devenus vraiment proches. Mine de rien, la maison n'était pas bien grande, et ils partageaient ensemble tous les moments banals de la journée : les repas et les soirées. Harry s'était fait aux mains quelque peu baladeuses de Draco qui effleuraient son corps sans réelle ambigüité. Certes, il était gêné quand il lui touchait les fesses, mais pas autant qu'il ne l'aurait pensé. Même si cela n'empêchait pas ses joues de devenir rouge tomate.

A vrai dire, leurs vrais moments de complicité se déroulaient le soir. Harry s'installait contre Draco et ils regardaient la télé. Mais il continuait à hésiter sur l'attitude à prendre : il avait peur d'étouffer Draco, même s'il avait vraiment envie de lui montrer qu'il l'aimait. Difficile d'être plus niais avec ce genre de réflexion, mais avec Cédric, il n'avait jamais vraiment été libre de montrer ses sentiments : il le repoussait doucement, lui lançait des regards agacés, ou se montrait indifférent. Par moments, il aimait que Harry lui montre son amour, mais il était d'humeur tellement changeante…

Avec Draco, il se sentait plus libre, et lui-même avait quelques gestes avec lui. Le simple fait qu'il le prenne dans ses bras quand ils regardaient la télé, dans le lit, lui faisait plaisir. Et puis, il savait que Draco le désirait. Il le voyait dans ses yeux et dans ses gestes, même s'ils n'étaient pas vraiment osés. Il n'y avait rien de malsain, Harry ne se sentait pas oppressé, il n'était pas obligé de calmer ses ardeurs. Draco n'allait jamais bien loin.

Cela faisait remonter de nombreux souvenirs à la surface : Harry se souvenait encore des caresses de Cédric, plus rares, mais plus appuyées, aussi. Pas au début, non. Mais après environ deux mois, il s'était mis à réellement le toucher. Et encore, songeait Harry, il y avait eu des journées et des journées d'absence, en raison de sa fatigue, de son travail… Harry se souvenait parfaitement de ces moments : il était heureux que Cédric lui porte de l'attention, qu'il lui montre qu'il l'aimait, mais tellement gêné, aussi… Combien de fois lui avait-il demandé de le laisser le toucher, combien de fois lui avait-il demandé de coucher avec lui… Et combien de fois Harry avait-il refusé…

Avec Draco, il n'y avait pas cette exigence… Il y avait du désir, inutile de le nier, mais de la tendresse, aussi. Même si Harry était écarlate à chaque fois que Draco l'effleurait, il n'éprouvait pas le même malaise qu'avec Cédric, cela lui semblait même plus naturel…

Et puis… Peut-être parce que ça avait mal tourné avec Cédric, ou peut-être parce qu'il avait mûri… Mais Harry, lui aussi, éprouvait du désir pour Draco. Ils étaient devenus si proches en quelques jours… Il avait toujours senti le regard de Draco sur lui, que ce soit pour inspecter ses vêtements ou tout simplement pour le regarder. Il se surprenait à le mâter, lui aussi, et le trouvait terriblement bien foutu. Lui, à côté, n'était pas bien beau. Et avec ses tatouages…

Peut-être qu'il se sentait moins gêné tout simplement parce que Draco lui montrait ses sentiments et qu'il ne se cachait pas. Tout semblait si… naturel avec lui. Pourtant, Harry sentait le regard des autres posés sur lui, on chuchotait parfois, dans la rue… Mais Draco n'en avait rien à faire, et il contaminait Harry avec son attitude, discrète, certes, mais sans cachoteries…

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La porte de la chambre s'ouvrit. Draco tourna la tête et eut une magnifique vision : un Harry nu, les cheveux encore humides de sa récente douche une serviette rose bonbon entourant sa taille et descendant jusqu'à ses genoux, révélant ainsi son torse bien dessiné et ses bras quelques peu musclés, sans oublier le papillon aux ailes bleues qui volait sur son cœur. De suite, il sentait le désir monter en lui mais il inspira profondément, usant de son self-control pour rester calme…

« Tu peux aller prendre ta douche, Dray !

- Harry, il ne t'arrive jamais de prendre tes vêtements quand tu vas te laver ?

- Bah non, pourquoi ? »

Mouais, trop innocent pour que ça cache quelque chose. Non, Harry ne rentrait pas dans sa chambre à moitié nu pour le chauffer… Draco se leva du lit, prit ses propres vêtements et partit se laver. Il entra dans la salle de bain et en ferma le verrou. Il se déshabilla et, quand il voulut mettre ses vêtements dans la panière à linge, il poussa un soupir à fendre l'âme : Harry avait encore laissé traîner ses fringues. Il se lava en vitesse, enfila ses nouveaux vêtements, puis se coiffa. Impeccable, il sortit de la salle de bain et revint dans la chambre où Harry s'était habillé. Ce dernier trouva Draco vraiment classe et élégant. Comme toujours, quoi…

« Tu as encore laissé traîner tes habits, Harry, soupira Draco.

- Oh, c'est pas grave.

- C'est quand même pas compliqué de les mettre dans la panière !

- Je suis chez moi, à ce que je sache ! Rétorqua le brun.

- Comment vous pouvez vivre dans un foutoir pareil ? Se plaignit Draco.

- Tu sais, Draco, tout le monde n'a pas le goût du ménage, et tout le monde n'a pas de bonne ou de majordome. »

Et Harry sortit de la chambre, agacé. Il sentit la main de Draco lui prendre le bras et le forcer à se retourner. Le tatoueur se noya dans les yeux bleu gris de son petit ami, qui poussa un léger soupir.

« On ne va pas se disputer le soir de Noël ?

- C'est toi qui as commencé, répliqua Harry, boudeur.

- C'est toi qui a laissé traîné tes… »

Mais il ne put terminer sa phrase, car deux lèvres emprisonnèrent les siennes. Toujours la même tendresse, toujours ces mains qui caressaient sa nuque envoyant de petites frissons tout au long de sa colonne vertébrale… Draco ne pouvait qu'y répondre, posant ses mains sur ses hanches, les descendant lentement vers ses cuisses. Alors qu'il allait approfondir le baiser un peu trop sage à son goût, une chose non identifiée se mit à aboyer. Harry se recula donc et baissa les yeux vers Liloute qui le regardait avec ses yeux de chien battu. Draco soupira de dépit quand Harry se baissa pour la prendre dans ses bras et lui faire un câlin.

« Cette chienne est plus importante que moi ?

- C'est pas pareil. Je lui fais des câlins, pas des bisous.

- Moi aussi, je veux des câlins, fit Draco avec un sourire charmeur tandis que sa main descendait lentement sur les fesses de Harry.

- Pervers. »

Draco se glissa dans son dos et l'embrassa au creux de son cou. Ses mains blanches se reposèrent sur ses hanches et descendirent sur ses cuisses. Il attira Harry contre lui, son souffle chaud dans son cou, ses mains sur ses cuisses, puis sa taille, bougeant lentement. Il déposa un baiser derrière son oreille, en mordilla le lobe. Il ne pouvait voir le visage de Harry, mais quand il posa sa main sur son cœur, il le sentait battre à toute allure. Il l'allumait, tout simplement, avec ses gestes légers et doux.

Harry tourna la tête vers lui et Draco lui fit un sourire innocent. Hypnotisé par les yeux verts et brillants de Harry, il sentit plus qu'il ne vit la main de son petit ami se glisser sur celle se trouvant sur sa cuisse, entrecroisant leurs doigts, alors que son autre bras tenait la petite chienne. Harry s'appuya un peu plus contre lui et, taquin, sourit en tirant légèrement la langue. Sans hésiter, Draco la happa entre ses lèvres, et s'en suivit d'un baiser langoureux. Sous sa main, Draco sentait le cœur de Harry battre plus vite

Et alors qu'il dégustait ses lèvres, il ne pensait pas une seconde que Harry avait sans doute été touché comme maintenant, qu'on l'avait déjà allumé de cette façon, qu'il avait forcément déjà vécu ce genre situation auparavant… Mais il était trop préoccupé par ce baiser, par cette sensation de première fois sur ses lèvres, pour penser que Harry réagissait trop vivement… comme si ça ne lui était jamais arrivé…

Trop occupé à savourer sa bouche, à le toucher, à le sentir vibrer doucement contre lui…

OoO

« Liloute !! Viens là mon bébé !!

- C'est Noël qui la rend comme ça ?

- Faut croire. »

Depuis le matin, Isaline courrait partout, toute joyeuse. Tel maître, tel chien, Liloute partageait son euphorie. La petite chienne brune s'était rapidement accommodée à la vie dans la maison : elle traînait dans les pattes d'Isaline, qui ne cessait de lui faire des câlins. Quelques jours auparavant, un midi, Nymph' avait lâché que ce chien lui faisait penser à Harry quand il était petit : toujours dans les jambes d'Isaline, il ne la lâchait jamais et elle n'arrêtait pas de lui faire des bisous. Draco avait éclaté de rire alors que Harry et Isaline rougissaient comme des tomates.

Bref, Liloute, que ce nom pouvait être ridicule, s'était faite à la vie à la maison : elle adorait Harry mais se méfiait de Draco, il ne lui faisait jamais de câlins. Par contre, elle était amoureuse de Teddy. Quand il était à la maison, elle restait avec lui et Isaline se demandait même parfois où elle passait. Ainsi, Liloute faisait partie de la famille. Un peu comme Draco : il n'était pas si chiant que ça, dans l'intimité. Un peu trop aristocratique, mais pas désagréable. De toute façon, ce qu'il ne savait pas, c'était qu'elle l'aurait viré de chez elle s'il lui avait manqué de respect.

Elle repartit dans la cuisine, sa petite chienne dans les bras, alors que Draco et Harry entraient dans le salon, transformé en une agréable salle à manger aux couleurs de Noël. Les repas en famille chez sa grand-mère, tante Walburga ou chez ses parents étaient bien loin… Mais Draco se sentait plutôt bien, ici. Il s'assit sur le canapé, Harry à ses côtés, et, amusés, ils regardèrent Isaline faire le tour de toute la maison, les pieds légers, comme si elle volait, effleurant à peine le sol.

Penché vers lui, Harry lui expliqua qu'Isaline adorait recevoir du monde chez elle. Elle avait sa petite famille et elle aimait offrir des cadeaux et organiser des petites soirées. Surtout Noël. Elle n'avait jamais vécu ce genre de scène quand elle était jeune. Sa mère l'avait eue par accident et s'était mariée par obligation, mais elle n'avait jamais vraiment aimé sa fille, au contraire de son époux, qui l'avait chérie autant qu'il pouvait. Il était mort quand elle avait vingt-cinq ans, ou dans ces eaux-là, et comme sa mère ne vivait plus avec eux depuis longtemps, elle s'était retrouvée toute seule. Comme une conne, disait-elle souvent. Son papa, c'était son premier amoureux. Elle disait ça souvent, aussi.

Puis, elle avait eu Harry, Nymph', et Sirius. Des tas d'emmerdes, aussi. Un gamin, une délinquante et un dépressif. Mais elle était quand même heureuse, parce qu'elle n'était plus toute seule, et elle avait une raison de vivre. Toujours pareil. Elle s'était battue pour son père, et quand il fut mort, elle s'était retrouvée toute vide. Harry avait été comme une bouffée d'air frais, et une perspective d'avenir.

Draco écoutait Harry tout en regardant Isaline qui entrait par moments dans le salon. Il se disait qu'elle en avait vécus, des soucis, et il trouva bien dommage qu'elle n'ait jamais trouvé personne. Elle le méritait bien : même si Nymph' était devenue tatoueuse, ayant laissé tomber ses études, elle lui avait quand même offert un avenir, elle qui avait tout perdu. Ce n'était pas à lui de juger tout ça, mais Draco pensait qu'elle avait bien le droit à un peu de bonheur, elle aussi. Tout le monde était casé sauf elle. Elle avait passé sa vie à les aider, à les aimer, et elle se retrouvait toute seule, au final.

La vie n'était pas très juste, parfois.

Oh, elle avait la santé, elle n'avait pas à se plaindre de ce côté-là. Mais elle avait « sauvé » trois personnes, mine de rien. Elle avait bien le droit qu'on la « sauve » elle aussi, non ?

Durant la soirée qui allait suivre, il allait se rendre compte à quel point Isaline, qui semblait gérer la soirée, était en réalité invitée dans sa propre maison, tant Harry, Sirius et Nymph' allaient s'occuper d'elle…

Mais pour le moment, il était assis sur le canapé, à côté de son copain, qui lui avait discrètement pris la main. Draco finit par craquer et il dit à Isaline qu'elle l'épuisait à se trémousser de la sorte. Elle lui tira la langue de façon très mature et continua à tourner dans toute la maison, jusqu'à ce que Severus et Sirius aient l'idée géniale d'arriver. Puis, ce fut au tour de Remus et sa petite famille. Teddy, vêtu d'un pyjama Père Noël, sauta dans les bras de Harry. Il était incroyablement mignon avec ce vêtement, tout le monde était en transe avec lui. Sauf Severus et Draco, plus dignes.

D'abord, on prit l'apéritif. Tout le monde s'était assis à table et les discussions allaient bon train. Draco venait de plonger dans un nouveau monde. Tout au long du repas, il eut l'impression de redécouvrir la « famille » de Harry.

Nymph', ses cheveux roses ébouriffés, avec son visage en cœur et son rire aigu, si belle quand elle souriait. Toujours avec des vêtements excentriques, mais tellement naturelle… Sa cousine, enfant pommée récupérée dans la rue. Ils avaient le même sang. Il se souvenait de son rejet, son regard méfiant, et il imaginait la haine qu'elle avait dû éprouver à son encontre. Et ce soir, elle lui ébouriffait les cheveux et riait avec lui.

Remus, son époux, si calme comparé à elle… Un homme intelligent à n'en pas douter. Draco aimait bien discuter avec lui, et il était presque fasciné par sa capacité à apaiser son épouse d'un simple effleurement de main. Ils étaient si différents, tous les deux, mais ils formaient un beau couple. On pouvait lire l'amour qui les liait dans leurs yeux, leurs gestes…

Sirius, séduisant, avec ses longs cheveux noirs et ses yeux perçants. Il avait un humour particulier mais il mettait tout de suite les gens à l'aise. Cet homme, qui s'était lui aussi méfié de Draco, posait sa main sur son épaule, lui racontait des anecdotes intéressantes sur Harry, ce qui faisait rougir ce dernier de colère ou de gêne. Sirius pouvait être lourd, tant il parlait, voire même exaspérant, mais en cette veille de Noël, il était plutôt celui qui mettait l'ambiance.

Severus, bien plus calme et réservé que les autres. Draco aurait presque pu penser qu'il n'avait rien à faire ici si son professeur ne s'était pas mêlé naturellement aux conversations, que ce soit celle entre Remus et Draco à propos de sujets plus sérieux, ou encore celle des autres qui partait dans des dérives pas possibles. Il avait sa place ici, lui aussi.

Isaline, avec ses yeux pétillants et ses cheveux décolorés, toute heureuse d'avoir du monde chez elle. Draco n'aurait su lui donner d'âge, on aurait dit une petite fille. Tout comme Harry, qui semblait rajeunir sous ses yeux. Le blond se sentait jaloux de leur proximité : il voyait Isaline serrer Harry dans ses bras, lui embrasser les cheveux. Lui n'avait pas ce genre de complicité avec sa mère, et il se sentit bizarrement heureux quand Isaline se mit timidement à adopter le même comportement avec lui. C'était juste sa main dans ses cheveux ou sur son épaule, elle lui demandait s'il passait une bonne soirée. Ce qui était le cas…

Et il ne fallait pas oublier le petit Teddy qui voyageait de genoux en genoux, faisant le tour de la table. Il n'avait rien mangé, du moins officiellement, car en fait, il n'arrêtait pas de grignoter dans l'assiette des convives. Isaline avait préparé un Roti Orloff avec des pommes de terre. Draco avait laissé l'enfant lui piquer une pomme de terre duchesse, et même Severus se laissa avoir, même s'il maugréait que ce n'était pas bon pour son âge. Qui pouvait résister à une bouille pareille, franchement ?

Ainsi, Draco passa une très agréable soirée. Le repas fut très long, on traînait à table, se laissant aller à l'ambiance festive diffusée surtout par Sirius, Nymph' et Isaline. Remus riait de bon cœur, Severus avait abandonné son air si sévère, même s'il se faisait un devoir de contrôler un minimum son compagnon. Draco n'était pas laissé de côté, bien au contraire : Harry avait toujours le regard tourné vers lui et le blond avait presque l'impression de faire partie de cette bande de dégénérés. Il avait saisi la main de Harry, simplement, et le brun resta toujours avec lui. Même quand vint le dessert, à savoir la bûche de Noël.

Tout le monde mit la main à la patte pour sortir la table du salon et ramener la table basse. On remit le canapé à sa place d'origine. Draco s'y assis, son bras sur le dossier, ses doigts caressant les cheveux noirs de Harry qui s'était collé contre lui. Nymph' était par terre avec Remus et Sirius, assis sur le tapis, Isaline et Severus sur le canapé. Ce dernier tenait légèrement la main de son compagnon, assis près de ses jambes. Draco s'était toujours interrogé sur la possibilité qu'un couple comme le leur puisse fonctionner. Et, durant cette soirée, il avait eu la preuve que, en effet, ça pouvait exister.

Isaline était l'hôtesse de la maison, mais en réalité, elle n'avait pas vraiment géré le dîner : Sirius l'avait assise de force sur sa chaise et il était lui-même aller sortir les plats du four, tandis que Nymph' les apportait, et ils se relayaient pour débarrasser la table, aller chercher l'eau ou du vin… Et Sirius, emporté par l'ambiance, faisait preuve d'une maladresse sans pareille, d'où l'intervention musclée de Severus pour le forcer à rester assis et ne pas débarrasser, tout en s'efforçant de ne pas le froisser, ce qui ne semblait pas être évident. De plus, Sirius semblait être un homme tactile, et plus d'une fois, Draco le surprit enlacer la taille de Severus, l'embrasser sur la joue ou lui prendre la main. De petits gestes anodins, naturels, mais le blond commençait à vraiment réaliser que son professeur si froid et réservé formait un couple avec cet homme extravagant et joyeux.

On but du vin, on ria et on mangea bien, en cette soirée de veille de Noël. Draco ne regretta pas un instant d'avoir quitté Londres. Il n'avait jamais passé de Noël aussi jovial, il s'amusa plus qu'il ne l'aurait cru, partagé entre les conversations intéressantes de Remus et Severus et celles délirantes de Sirius, Nymph', Isaline et Harry. Ce dernier lui demanda plus d'une fois s'il passait une bonne soirée : il ne devait pas en vivre souvent, des comme ça. Draco se contentait de l'embrasser sur les lèvres, récoltant les sifflements de Sirius et Nymph', et lui chuchotait que c'était parfait.

OoO

Quand il était enfant, tous les cadeaux étaient posés autour du sapin le matin du 25 décembre. Ce soir, alors qu'il regardait le sapin chargé de décorations diverses et variées, et tout illuminé, il se rendait compte à quel point celui de chez lui pouvait être… artificiel, décoré à la perfection.

Quand Nymph' et Sirius emmenèrent Teddy promener Liloute, on monta à l'étage pour récupérer les cadeaux et les disposer sous le sapin. Severus tiqua en voyant le papier cadeau Disney sur les paquets. Draco lui dit qu'ils avaient passé l'âge d'envelopper des cadeaux dans du papier pareil, son professeur lui expliqua que ce n'était pas la faute d'Isaline, il y avait trop d'enfants en bas âge ici. Et il était très sérieux…

Tout le monde entra dans la cuisine, le temps que les « enfants» arrivent, discutant tranquillement. Draco demanda soudain à Remus, qui parlait parfaitement l'anglais et qui était un bon ami de Sirius, pourquoi il était venu vivre en France. Le professeur de droit lui répondit que ses parents avaient décidé de vivre en France quand il avait vingt-trois ans. Son père étant très malade, il décida de descendre à Paris et il parvint à obtenir une mutation en France, alors qu'il avait presque vingt-six ans. Il garda un contact avec Isaline et Sirius, même s'il ne les vit pas pendant un bon moment. Draco fut étonné en apprenant que Remus avait eu le coup de foudre pour Nymph' la première fois qu'il l'avait vue, ici à Paris, et le professeur lui avoua qu'elle n'avait jamais vu l'utilité de descendre à Paris pour voir un homme qu'elle ne connaissait pas, préférant rester à Londres et garder Harry. Ce qu'elle avait regretté, d'ailleurs…

Sirius, Nymph' et Teddy revinrent de balade avec Liloute. L'enfant courut dans le salon et poussa un cri de joie en voyant tous les cadeaux. Les adultes avaient passé l'âge de s'émerveiller de cette façon, mais Teddy courrait partout, tout content d'être entouré de cadeaux, et tout le monde s'attendrit devant cette vision.

On s'installa, donc, et la distribution de cadeaux commença. On ria en voyant les « enfants » s'exciter, en particulier Teddy, qui avait les plus gros cadeaux. Harry offrit donc son cadeau à Draco, extrêmement gêné. Le blond ouvrit le paquet, qui en effet n'avait pas été emballé dans un papier cadeau ridicule. Il y découvrit une très belle montre, de marque, qui avait dû couter une fortune. Draco fut plus que surpris de recevoir un tel cadeau : si ses parents y mettait le prix, ce n'était pas vraiment le cas de ses ex, et il était vrai qu'il avait brisé sa montre récemment. Il fut touché, sincèrement, car Harry avait fait attention à ce détail et il n'avait pas lésiné sur les moyens pour lui faire plaisir. Son petit ami était écarlate, attendant sa réaction. Draco lui souleva le visage et lui fit un joli sourire.

« Merci, Harry.

- Elle te plait ?

- Bien sûr. »

Puis, il l'embrassa légèrement sur les lèvres. Il fut interrompu par Teddy qui posa avec beaucoup de grâce un petit paquet sur les genoux de Harry. C'était son cadeau. Harry hésita quelques secondes avant de l'ouvrir. Et ce qu'il découvrit le stupéfia : dans une petite boite de velours noir, reposait une chaine dorée, avec un petit pendentif composé d'une pierre verte. Halluciné, il interrogea Draco du regard, et ce dernier lui fit un sourire séducteur.

« C'est une émeraude. »

Les joues de Harry rougirent plus encore si c'était possible. Pour couper cours aux protestations, Draco lui embrassa les lèvres tendrement, puis lui chuchota à l'oreille qu'il l'aimait, donc fin de la discussion. Et même s'il était gêné d'accepter un cadeau d'une telle valeur, Harry se sentit heureux, et son sourire valait tous les remerciements. Draco lui mit la chaîne autour du cou, Harry lui dit que ses économies avaient dû en prendre un coup. Draco lui avoua que le reste était parti dans les cadeaux qu'ils avaient achetés les jours précédents.

Les cadeaux s'ensuivirent. Isaline fut particulièrement surprise et touchée en découvrant le manteau de Draco. Ce dernier reçut lui aussi quelques cadeaux : un livre très intéressant de la part de Severus et Sirius, ce dernier soutenant qu'ils auraient dû lui offrir un nounours en peluche, un sac en bandoulière qui lui plu tout de suite de la part de Remus et Nymph', cette dernière grognant qu'ils auraient dû lui offrir un pingouin en peluche, et Isaline lui offrit une veste du meilleur goût.

Nymph' fut émerveillée en découvrant sa nouvelle cafetière dans son papier Winnie l'ourson. Severus, par contre, vit d'un très mauvais œil le cadeau que tenait Sirius. Papier cadeau avec des petits monstres dessus, à savoir des Pokémon. Pas rassuré pour un sou, il vit son compagnon déchirer sans vergogne le papier cadeau et il sembla pâlir quand Sirius cria « une centrifugeuse !! ».

« Mais qui est l'abruti qui lui a offert ça ? »

Draco et Harry levèrent fièrement la main et Severus se prit la tête dans la main alors que Sirius serrait son nouveau cadeau avec tout son amour.

« Fais pas la tête, Sev' ! Au moins, tu pourras pas dire que ce cadeau est inutile ! »

Mais ce cadeau était inutile ! Faire des jus de fruits, et puis quoi encore ? Heureusement qu'ils déménageaient dans la semaine, il y avait tellement d'appareils dans ce genre-là dans leur cuisine que trouver une casserole revenait à faire un parcours du combattant…

Teddy fut très gâté, lui aussi, et il termina sa soirée dans les bras de son père, dormant à poings fermés. Le réveillon avait été des plus agréables. Nymph' et Remus ne tardèrent pas à partir, et les autres allèrent se coucher, Sirius et Severus passant la nuit à la maison.

OoO

Quand Harry se réveilla le lendemain matin, blotti contre Draco, il se sentit bien reposé. Il se redressa légèrement pour regarder l'heure : dix heures et demie.

Il avait passé une très bonne soirée, la veille, et il était content que Draco soit là. Il s'était bien intégré et il avait eu l'air décontracté. Il avait été agréablement surpris de découvrir qu'on lui avait offert des cadeaux, sans penser une seconde qu'il en recevrait. Et la montre lui avait fait plaisir, aussi. Harry avait été soulagé.

Soudain, il souvint de la chaîne. Il prit le petit pendentif et le regarda : une simple émeraude, d'un vert éblouissant. Il n'aurait jamais pensé que Draco lui offrirait ce genre de chose et il n'osait penser à son prix. Il s'était même demandé si Draco n'avait pas pioché dans le compte de son père, mais quand Harry lui avait fait remarqué que ses économies avaient dû en prendre un sacré coup, le blond avait de suite répondu qu'il n'avait presque plus rien après son achat : la preuve, il avait dû partager avec Harry pour les autres cadeaux. Le brun pensa que Draco avait un sens bien à lui du « presque plus rien », mais bon…

En tout cas, il était flatté et heureux qu'il lui ait offert ce cadeau. Harry leva les yeux vers le visage de son petit ami. Ses traits détendus par le sommeil avait quelque chose d'apaisant. Il lui remit une mèche blonde derrière l'oreille et caressa sa joue. Qu'il était beau quand il dormait…

Draco ne tarda à se réveiller, et, comme depuis quelques jours, Harry ne put s'empêcher de s'étonner de sa faculté à se réveiller si frais et dispo. Lui mettait tant de temps à bien se réveiller…

« Joyeux Noël ! »

Draco eut un mince sourire, encore un peu dans les vapes. Harry l'embrassa sur la joue, mais Draco bougea la tête pour appuyer ses lèvres sur les siennes, glissant sa langue entre elles. Doucement, il le fit basculer sous lui. Harry, les mains sur ses hanches, se dit qu'il ne perdait vraiment pas le nord…

Sentir le corps chaud de Draco sur lui, ses lèvres contre les siennes, sa langue caressant sa bouche et son souffle sur sa joue l'échauffait, bien évidemment : qui pourrait rester insensible à la sensualité de Draco ? Sa façon de l'embrasser, de s'allonger sur lui… de le toucher… ses mains se glissaient sur son torse, ses hanches, ses cuisses, ses fesses… Et Harry, bien qu'allumé par des gestes si tendres, il se sentait gêné et… il paniquait. Doucement. Tranquillement. Mais Draco allait trop loin, ses mains étaient trop baladeuses…

« Dray, arrête…

- Pourquoi ?

- Tata doit être en bas… »

Les lèvres du blond glissaient sur son cou, ses mains passèrent sous son haut de pyjama, touchant son ventre puis son torse musclé. Harry était tout simplement écarlate, et Draco ne semblait pas du tout intéressé par sa gêne. Il n'en avait sûrement pas conscience.

« Dray, arrête, s'il te plait. »

Ses mains s'immobilisèrent. Le blond leva les yeux vers son petit ami, tout rouge, qui le poussa sur le côté. Surpris, Draco se redressa, mais Harry était déjà debout, ayant repoussé sa couette.

« Allez viens, on descend.

- Je vais me laver avant. »

Harry haussa les épaules, prit ses lunettes sur la table de nuit et il sortit de la chambre, gêné au possible. Draco fut surpris par son malaise, il aurait voulu le retenir et lui demander pourquoi il réagissait comme ça, mais la vue de son Harry débraillé, ses cheveux dans tous les sens et les joues rouges avaient éveillé quelque chose en lui. Et il ne pouvait évidemment pas lui demander pourquoi il était aussi gêné alors que lui avait une érection…

Quelque peu frustré, Draco enfila un peignoir, non pas parce qu'il avait froid, mais parce que se balader avec un pantalon de pyjama dans sa situation n'était pas terrible, surtout s'il rencontrait quelqu'un. Il partit donc se laver et s'habiller, en se posant des questions : pourquoi Harry était-il aussi gêné quand il le touchait ? Certes, sa réaction était adorable, mais manifestement, ses caresses avaient tendance à faire ressentir à Harry plus de malaise qu'autre chose.

Une idée le frappa en plein fouet : et si Harry n'avait pas oublié son ex ? Et s'il pensait toujours à lui, et si… Draco se mit la pomme à douche sur la tête en se traitant d'imbécile : Harry lui avait dit qu'il l'aimait, il semblait sincèrement tenir à lui et il avait mis le prix pour son cadeau de Noël. Oui, il n'y avait aucune base solide là-dedans, ça pouvait n'être que du pipeau, mais si on allait par là, on ne pouvait plus être sûr de personne. Et Draco avait choisi d'avoir confiance.

Même si ça le frustrait terriblement…

OoO

Ils passèrent la journée à la maison. Nymph', Remus et Teddy vinrent passer l'après-midi avec eux, Sirius et Severus ayant décidé de rester jusqu'au soir.

Draco appela ses parents. Il eut son père quelques minutes. Ce dernier se montra peu bavard, comme à son habitude, mais il ne lui cacha pas qu'il s'emmerdait comme un rat crevé, même s'il le lui avoua en termes bien moins familiers. Lucius n'avait qu'une hâte : rentrer chez lui. Puis, il avait eu sa mère au téléphone, et cette dernière n'avait cessé de lui poser des questions : tu dors bien ? Les draps sont propres ? La cuisine est saine ? C'est pas trop sale, chez elle ? Elle est respectueuse avec toi ?

Oui, il dormait bien, si on exceptait qu'un charmant jeune homme avait tendance à se coller, sans vraiment le vouloir, contre lui toute la nuit. Il pensait que les draps étaient propres, mais il n'était pas allé vérifier. La cuisine était plutôt bonne mais pas toujours équilibrée. La maison n'était pas sale mais en bordel. Et Draco ne se souvenait pas d'un jour où Isaline l'ait vouvoyé, et elle l'appelait « beau blond ». Allez dire ça à sa mère, tiens… Il s'était donc contenté de la rassurer, Isaline le traitait très bien, tout était parfait.

Au bout d'un moment, Sirius craqua : il devait essayer sa centrifugeuse. Se cachant de Nymph', il fit boire tout un tas de jus de fruits bizarres à Teddy qui en redemandait. Jusqu'au moment où la maman remarqua son manège et hurla au scandale, après Sirius mais aussi après son mari qui l'avait laissé faire. Isaline avait grogné que tous ses fruits allaient y passer, si ça continuait…

La journée fut aussi agréable que la veille. Sauf pour Harry. Enfin, elle l'était, mais toute la journée, il joua au chat et à la souris avec son petit ami, qui s'était mis dans la tête de lui faire des câlins. Pas des câlins tout mignons, nan, des câlins… centrés sous la ceinture. Oh, ce n'était pas bien méchant, Draco se contentait de l'effleurer la plupart du temps, même s'il avait réussi à le plaquer contre son lit à un moment donné, mais Harry avait de plus en plus de mal à repousser les avances de son petit ami. En fait, il avait peur qu'il le force, tout simplement. Qu'il le force à aller plus loin. Et Harry avait honte de lui parler de sa virginité…

Par moments, Harry demandait à Draco s'arrêter de le tripoter. Ce dernier prenait alors un air vexé et maugréait quelque chose comme « si on peut plus toucher son petit ami… ». Culpabilisant, Harry soupirait et le laissait faire, jusqu'à ce qu'il en ait marre et lui redemande d'arrêter, et ainsi de suite. Et Draco adorait rendre Harry fou…

Le plus amusant fut le midi. La table avait été mise dans la cuisine et on avait sorti les rallonges et ajouté des chaises. Au dessert, Harry tripotait sa chaîne, faisant rouler le pendentif entre ses doigts. Draco lui avait alors chuchoté à l'oreille qu'il avait choisi l'émeraude parce qu'elle lui faisait penser à ses yeux. Et, tout en disant cela, il avait posé sa main sur le genou du brun, qu'il avait lentement fait remonter vers sa cuisse. Harry était alors devenu écarlate. Sirius et Nymph' avaient sifflé en le voyant devenir écrevisse et ils avaient exigé de savoir pourquoi Ryry était aussi rouge. Draco, angélique, leur répondit qu'il lui avait fait une déclaration d'amour. Les sifflements redoublèrent, les rougeurs de Harry aussi.

L'après-midi passa, tranquillement. Tout le monde s'en alla, petit à petit, et ils passèrent la soirée à trois. Puis, ils allèrent se coucher, et Harry craignit le pire. Mais Draco resta plutôt sage. Harry fut rassuré, même s'il savait que, le lendemain, ça ne serait pas mieux…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !