Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
...
Lys : ...
...
Lys : ENFIN !!!
... Faut pas abuser, non plus, ils ne sont pas allés jusqu'au bout...
Lys : Mais c'est déjà un pas en avant ! :-)
Si tu le dis... Sinon ! J'ai un copyright à poser ! Vous découvrirez, plus loin, une formidable découverte de Teddy, trouvée à la base par Jojo Aquarius (… on a tous été gosse, non ??). De plus, une de mes lectrices, qui se reconnaîtra peut-être, m'a fait penser au baiser du gui… ;-)
Lys : On n'en dira pas plus ! :p
J'espère que ce long chapitre vous plaira ! :-)
Bonne lecture !
Chapitre 18
Il faisait sombre, dans la chambre. Tellement sombre qu'il n'y voyait rien. Il tremblait, les yeux grands ouverts dans le noir, le drap relevé jusqu'au cou.
A droite. A gauche. Personne. Pas un bruit. Juste le noir, les ténèbres, tout autour de lui. De minces raies de lumières passaient à travers les volets, mais si minces, si légères que cela ne parvenait pas à dissiper les ténèbres de la chambre.
Terrifié, il n'osait bouger. Mais il avait la sensation d'étouffer, avec ce drap mince et déchiré sur lui, ces murs qui l'entouraient, menaçant de se refermer sur lui… et ces ombres étranges qui erraient au-dessus de lui, cette douleur dans son ventre, la faim qui lui bouffait les entrailles, ses jambes et ses bras qu'il sentait à peine…
Alors il se redressa, aux aguets, attendant un bruit. N'importe lequel. Mais il ne vint pas. Personne. Il n'y avait personne. Ni ici, ni dehors. Juste lui, et ces ombres qui le hantaient…
Il se leva. Lentement. Marcha sur le sol si froid sous ses pieds, le drap déchiré autour de lui. Il aurait pu allumer la lumière. Mais il préférait avancer vers ces minces raies de lumière, comme des fils dorés. Ses doigts tâtèrent la surface, doucement, sans bruit. Trouva le loquet.
Les volets s'ouvrirent.
La lumière entra dans la toute petite chambre, explosa contre les murs nus, illuminant son visage, ses yeux grands ouverts.
Dehors, il n'y avait rien. Des bâtiments. Mais pas assez hauts pour le voir. Lui, tout en haut, devant cette fenêtre sale et cadencée.
Il était comme un oiseau en cage. Avec les murs qui l'entouraient, inébranlables, et cette fenêtre sur l'extérieur, qu'il ne pouvait ouvrir. Il pouvait s'apercevoir dans la vitre, distinguer les bleus sur son visage et sur son torse. Mais ses yeux dévoraient le ciel, bleu, et les nuages qui flottaient dans le firmament. Il voulait voir de la couleur. De la lumière.
Il voulait voir un visage. Pas celui de l'autre… un visage… un autre visage… un visage qu'il aimait…
Soudain, un papillon entra dans son champ de vision. Un petit papillon bleu qui voletait devant sa fenêtre. Puis, il disparut. Un léger sourire se forma sur ses lèvres. Il posa ses mains sur la fenêtre et tenta de regarder en bas.
Pendant un instant, il se demanda ce que ça faisait de sauter. Ce que ça faisait de voler, dans les airs. D'être un papillon.
De sauter par la fenêtre. De partir. De disparaître.
La porte s'ouvrit. Ou, du moins, la poignée s'abaissa. Grognement.
Ses mains tremblèrent. Violemment.
Des coups tombèrent sur la porte, tentant de la défoncer, de bouger le lit posé juste devant… Des coups aussi violents que les cris de rage, des coups, encore et encore… et son nom, hurlé, encore et encore…
Et lui aussi, il frappa. Il frappa contre la vitre de la fenêtre, tentant de l'ouvrir par tous les moyens, les larmes ruisselant sur ses joues.
Il voulait sauter. Il voulait être un papillon.
Il ne voulait plus qu'on lui fasse mal. Qu'on le frappe. Qu'on l'enferme.
Il voulait voler. Comme un papillon…
La porte s'ouvrit.
OoO
Un hurlement.
Draco sursauta et se retourna, sonné. Il alluma la lumière et ses yeux tombèrent sur le visage terrifié de Harry, ses yeux grands ouverts sur le vide, ses mains sur son cœur qui devait battre à cent à l'heure.
« Harry ? Harry ?! »
Mais il ne semblait pas l'entendre, paralysé, le souffle coupé. Draco le prit dans ses bras, alors que les larmes commençaient à couler sur les joues du jeune homme. Il se referma sur lui-même, tremblant de toute part. Draco ne savait pas quoi faire, il voulait le serrer fort contre lui, mais Harry semblait terrifié.
La porte de la chambre s'ouvrit. Draco n'eut pas le temps de se retourner qu'Isaline apparaissait, montant sur le lit, enveloppée d'un peignoir. Doucement, elle appela Harry, caressant ses cheveux. D'un geste, elle encouragea Draco à le serrer dans ses bras, et Isaline murmurait à l'oreille du brun, le consolant de sa voix douce.
Elle lui disait que tout allait bien, que ce n'était qu'un cauchemar. Qu'il avait rêvé, voilà tout.
Qu'il n'était plus là, ce salaud. Qu'il était parti, depuis longtemps.
Qu'il ne reviendrait plus.
Et Harry se rendormit, au chaud dans les bras de Draco, et rassuré par la voix tendre d'Isaline.
OoO
« Tu as le sommeil léger.
- Tiens, bonjour, beau blond !
- Comment tu savais que ce cri…
- Un hurlement, Dray. C'était un hurlement. »
Oui, ça faisait une différence… songea Draco en s'asseyant à table. Harry n'avait pas poussé un petit cri, le bruit qu'il avait fait venait du fond du cœur.
« Harry fait rarement ce genre de cauchemar, mais à une époque, il en faisait beaucoup. Et j'ai le sommeil assez léger.
- Il lui est arrivé quelque chose de mal ? Demanda le blond alors qu'Isaline lui servait une tasse de café. Enfin… mis à part son enfance, et son prof qui le harcelait…
- Oh, c'est assez compliqué. Harry a vécu pas mal de… soucis… Ne l'embête pas trop avec ça. Il t'en parlera, mais il faut lui laisser le temps.
- Il n'a pas assez confiance en moi ? »
Isaline se tourna vers lui et sembla chercher ses mots. Draco estimait qu'il en savait assez sur Harry pour qu'il arrête de lui faire des cachoteries, et il était blessé qu'il n'ait pas assez confiance en lui pour lui parler de tout. Il voulait bien que le brun ait son jardin secret, mais tout de même…
« C'est pas un manque de confiance. Mais il y a des choses, tu vois… Y'a des choses dont on ne peut pas parler librement.
- Par exemple ? Fit Draco, amère.
- Par exemple, je ne parle jamais de ma mère. Et tu ne m'entendras jamais en parler. Il y a des sujets, comme ça, on ne peut pas en parler librement. Des sujets tabous. Si tu n'avais pas été le fils de Narcissa, tu n'aurais jamais entendu parler des Malfoy, ici. »
Draco hocha la tête : il comprenait. Mais il était tout de même intrigué. Cependant, il se dit de garder ses questions pour lui : autant suivre les conseils d'Isaline. Cette dernière lui demanda s'il pouvait emmener Harry se balader : ça lui changerait les idées. Le blond ne put qu'acquiescer. Ils entendirent Harry descendre les marches de l'escalier, puis entrer dans la cuisine, peu réveillé. Il enlaça mollement les épaules de Draco, assis sur sa chaise, et lui embrassa la joue. Le blond lui ébouriffa les cheveux, qui étaient dans un état pas possible, un léger sourire aux lèvres.
Isaline ne put s'empêcher d'être attendrie devant ce tableau : Harry enlaçait les épaules de Draco de façon négligée mais tendre, sa joue contre son cou, encore mal réveillé, et Draco avait une main posée sur ses bras et l'autre dans les cheveux d'ébène. Si différents, tous les deux. Mais ils formaient un beau couple. Isaline aurait dû détester Draco, pourtant, mais elle ne ressentait pas la même méfiance qu'elle avait éprouvée pour Cédric, autrefois. Même après trois mois de relation, elle demeurait sur ses gardes, avec lui, alors que ça faisait deux mois que tous deux sortaient ensemble, et Isaline était nullement gênée par le fait qu'ils partagent le même lit.
Bon, elle se doutait que les caresses ne tarderaient pas à arriver, elle doutait que Draco en reste aux baisers, mais même ça, cela ne l'effrayait pas vraiment : elle avait confiance en lui et Harry avait passé l'âge de croire que l'amour se résumait aux bisous baveux.
Ils prirent leur petit-déjeuner tranquillement. Draco ne s'était même pas habillé, gardant son pyjama : ici, personne ne prenait son petit-déjeuner avec des vêtements normaux. Il s'était fait aux nuisettes d'Isaline qu'il apercevait sous son peignoir et aux pyjamas informes de Harry mais néanmoins confortables, d'après lui. Un jour, ce dernier lui avait précisé que, quand Sirius et Nymph' vivaient à la maison, c'était tout juste s'ils mettaient des sous-vêtements.
« Et ça ne t'a jamais gêné ? Lui avait demandé le blond.
- Ça l'a tellement choqué de nous voir à moitié à poils, Nymph' et moi, que maintenant il préfère les hommes. »
Draco avait éclaté de rire et Harry avait rougi. Enfin, le blond s'y était fait, comme toutes les petites choses de la maison qu'ils trouvaient un peu bizarres.
Ils décidèrent de se faire une séance cinéma. Harry comprit tout de suite que c'était pour lui changer les idées, mais il ne dit rien. Il ne voulait pas parler de son rêve à Draco, car il devrait lui parler d'autres choses, et il n'en avait pas du tout envie. D'ailleurs, le blond était resté discret, comme toujours. Il avait sûrement discuté avec Tata, juste avant, mais elle ne lui avait rien dit, il en était certain. Ce n'était pas son genre.
D'ailleurs, Draco lui proposa de les accompagner, mais Isaline préféra rester chez elle. Elle avait bien envie de se reposer et profiter de ses vacances. Les amoureux partirent donc ensemble au cinéma, à bord de la voiture d'Isaline. Draco fut menacé de mille tortures si jamais il arrivait le moindre mal à la Fiat, il promit à Isaline qu'il ferait attention et que, si possible, il éviterait de se faire foncer dedans.
Draco roula tranquillement, comme il en avait pris l'habitude avec Harry. Ce dernier alluma la radio pour le taquiner et chanta avec Marc Lavoine, sous les rires de Draco, qui ne pouvait résister à ses pitreries.
« Elle a les yeux… revolvers… Elle a le regard qui tue… Elle a tiré la première, m'a touché, c'est foutu… »
C'était un régal d'entendre Harry chanter, même des chansons pareilles, aussi dégoulinantes de bons sentiments. Ils arrivèrent dans un centre commercial et Draco se gara dans un coin du parking, seul, même s'il savait qu'on ne tarderait pas à le rejoindre : c'était stupide de laisser une voiture garée seule dans un coin, nan, il fallait que quelqu'un se colle à eux…
Ils déjeunèrent dans un restaurant du centre. Harry fut plus que surpris quand Draco lui avoua qu'il n'avait jamais mis les pieds dans une crêperie, Harry le traîna donc dans un restaurant qui servait ces spécialités bretonnes. Draco trouva cela plutôt bon et il fut amusé devant le regard gourmand de son petit ami quand on lui présenta une crêpe au sucre en guise de dessert. Un vrai gamin…
Puis, ils quittèrent le restaurant, mais ils étaient en avance. Ils flânèrent dans le centre, leurs doigts noués, attendant l'heure. Ils se décidèrent à entrer dans une Fnac, où ils se séparèrent : Draco voulut jeter un œil aux romans, et Harry partit dans les CD. Il jeta un œil aux albums d'Aerosmith, cherchant vaguement un d'entre eux qu'il ne possédait pas, zieutant sur les autres artistes du coin.
Perdu dans ses pensées, alors que ses doigts faisaient défiler les pochettes d'album, Harry ne vit pas deux filles le regarder avec insistance. Il y avait un monde fou dans la Fnac, nous étions le vingt-six décembre, ses oreilles ne percevaient que le bourdonnement des conversations des gens fouillant dans les rayons. Il ne vit pas une jeune fille s'approcher de lui, mais quand elle l'aborda d'un joyeux « salut ! », Harry revint sur Terre et lui fit mécaniquement un sourire. Ah, les habitudes commerciales avaient la vie dure… et cela semblait enchanter la demoiselle…
« T'as un numéro ? »
Ah, d'accord. Une fille qui le draguait. Elle le regardait avec ses grands yeux bleus pétillants. Une jolie fille, qui le trouvait vraiment beau gosse, avec ses cheveux ébouriffés comme au saut du lit, son joli visage, ses yeux et son style décontracté. Il y avait de l'espoir dans son regard, mais…
« Oui… Mais j'ai aussi un copain ! »
Le sourire de la fille s'effondra. Harry eut un air désolé, puis il s'en alla, la planta là, dans le rayon, et partit à la recherche de Draco, perdu dans les rayons des bouquins. Le blond leva un sourcil en le voyant arriver : ils n'étaient pas censés se retrouver dans cinq minutes à l'entrée ?
« Y'avait rien, de toute façon.
- Harry, on allait se retrouver dans…
- Et puis y'a une fille qui m'a dragué, donc je suis pas resté, avoua Harry en haussant les épaules.
- Qu'est-ce qu'elle t'a demandé ?
- Si j'avais un numéro.
- Et tu lui as répondu… ?
- Bah oui, comme beaucoup de monde, mais que j'avais déjà un copain. »
Oui, c'était évident, soupira Draco intérieurement. Harry pouvait parfois faire preuve d'une franchise déconcertante… Il l'imaginait parfaitement répondre ça à une fille…
Draco n'envisagea même pas d'acheter un livre, c'était du suicide : il y avait une queue d'Enfer aux caisses, avec tous les cadeaux à échanger… Ils quittèrent donc la Fnac et se rendirent au cinéma, où Draco demanda de plus amples explications sur la petite séance de drague. Harry haussa les épaules : ce n'était pas la première fois qu'on le draguait, et certainement pas la dernière. Il lui raconta que, un jour, deux filles lui avaient demandé l'heure, dans la rue. Il leur avait répondu, puis il avait continué son chemin. Mais il avait entendu les deux filles dire « Tu vois, je te l'avais dit que ça marchait pas pour draguer ! ». Draco trouva que Harry n'avait décidément aucune finesse…
« Harry, tu ne comprends vraiment rien aux filles, soupira le blond d'un air désespéré.
- Si, je comprends ! S'exclama Harry, vexé.
- Sans vouloir les vexer, je ne prends pas Isaline ni Nymph' en compte, elles sont à part. Ni ta Luna, d'ailleurs.
- Du moment que je te comprends, c'est le principal !
- C'est marrant, quand même, dit Draco avec amusement. Les filles, tu ne les vois pas venir, même quand c'est évident qu'elles vont te draguer. Les hommes, par contre, tu comprends tout de suite.
- C'est normal, les hommes sont des pervers, c'est bien connu.
- Merci, Harry.
- Mais de rien, mon chéri. »
Draco leva les yeux au ciel. Il venait de récupérer leurs tickets aux bornes, ayant réservé le matin même, ce qui émerveillait Harry, ayant la fâcheuse habitude de prendre leurs billets au dernier moment. Puis, ils les donnèrent à un employé et montèrent dans les escalators jusqu'à leur salle de cinéma.
OoO
Harry ferma la porte derrière lui, se déshabilla, puis entra dans la baignoire. Il se lava tranquillement, détendu. Il avait aimé passer cette journée avec Draco, surtout après le rêve étrange qu'il avait fait. Enfin, étrange… Il l'avait fait des centaines de fois, ce rêve. Toujours le même. Une image du passé, cette chambre si petite, la fenêtre close, et ces coups sur la porte…
Il sortit de la baignoire, lavé, puis attrapa une serviette pour s'essuyer et enfiler son pyjama, tentant d'oublier cette scène qu'il avait vécue la veille. Draco avait à peine mentionné ce moment et Harry lui en était reconnaissant. Il ne voulait pas lui parler de ça…
Une fois habillé, Harry se brossa les dents, puis se regarda dans la glace. Toujours la même tête : des cheveux noirs dans tous les sens parsemés de mèches rouges, ses piercings aux oreilles et ses yeux verts. Il repensa à cette fille qui l'avait draguée à la Fnac. Il imagina pendant un instant sa surprise, déjà parce qu'il était pris, mais surtout par un homme. Enfin, songea-t-il en soupirant, il n'allait quand même pas se plaindre de son physique.
« Je peux savoir pourquoi tu soupires ? »
Harry sursauta, puis il soupira à nouveau quand Draco se glissa dans son dos, posant ses mains sur ses hanches. Il embrassa Harry dans le cou, faisant légèrement descendre ses mains sur ses cuisses. Harry y posa ses propres mains, arrêtant ainsi leur mouvement.
« Dray…
- Quoi ? J'ai plus le droit de te toucher, maintenant ?
- Ça devient systématique, c'est énervant !
- Au lieu de jouer à la vierge effarouchée, laisse-toi faire un peu… »
Car, mine de rien, le comportement de Harry était vexant et terriblement frustrant. A ce stade de leur relation, Draco avait besoin de contact. Il n'avait jamais attendu aussi longtemps avant de coucher avec quelqu'un. De plus, la dernière fois qu'il avait fait l'amour, c'était quand il était avec Seamus, ce qui devait remonter à mai dernier. Nous étions fin décembre. Que le temps passait vite…
Ses mains posées sur ses hanches descendirent plus loin, plus bas. Ses cuisses, puis…
« Arrête !! »
Harry le repoussa de façon violente, s'extirpant de ses bras. Interloqué, Draco s'écarta, regardant Harry qui, les bras croisés, lui laissait un regard peu avenant.
Il lui résistait. Il ne voulait pas qu'il le touche.
Draco fronça les sourcils. Ses yeux prirent une teinte étrange et, le regard indéchiffrable, il sortit en vitesse de la salle de bain, claquant la porte derrière lui.
De suite, le remord monta en Harry. Il poussa un soupir et passa une main sur son visage. La panique s'était emparée de lui quand Draco avait descendu ses mains. Il avait peur qu'il aille trop loin, que le retour en arrière ne soit plus possible. Et puis… personne ne l'avait jamais touché. Harry n'avait jamais autorisé Cédric à franchir la barrière de sa ceinture, il était gêné que Draco le veuille… car, dans le fond, ça n'ennuyait pas tant que ça que Draco le désire. Il n'y avait rien de malsain chez lui, et Draco assumait leur relation et ses sentiments pour lui. Harry le désirait aussi, mais de façon moins intense. Mais sa gêne de se montrer nu, et de se livrer…
A nouveau, Harry fut pris de remords, regrettant la violence de sa réaction. Draco était vexé, ou pire, blessé. Il allait devoir lui en parler. Etre gêné de se monter nu et être puceau à vingt-et-un ans, en ayant déjà eu un copain avant pendant six mois… et Harry n'avait pas précisé qu'il n'en avait eu qu'un seul…
Il allait devoir lui parler de son ex, plus en profondeur, et lui avouer qu'il n'avait aucune expérience. Ouh la la, que ça allait être gênant… Harry en tremblait d'avance…
Il sortit de la salle de bain et croisa Isaline qui haussa un sourcil.
« J'ai entendu la porte claquer, un souci ?
- Rien de grave. Ça va s'arranger. »
Isaline haussa les épaules, lui embrassa la joue, puis elle alla se coucher. Harry prit son courage à deux mains, puis il entra dans sa propre chambre. Draco avait installé son oreiller contre son dos et il lisait un livre, le visage fermé et concentré. Ça n'allait pas être facile… Le blond ne réagit même pas quand son petit ami entra dans la chambre et ferma la porte derrière lui, ni même quand il s'assit sur le lit à côté de lui.
Draco était blessé. C'était un fait. Harry l'avait repoussé sans douceur et son regard… Ce n'était même plus de la frustration, et Draco se demandait si, ne serait-ce qu'une seule fois, leurs étreintes avaient été partagées. Si Harry avait trouvé ça agréable ou s'il n'avait fait qu'encaisser pour ne pas le froisser. Il en venait à douter des sentiments de Harry : qu'était-il pour lui ? Pensait-il encore à son ex ? Ou à un autre ?
« Draco ? »
Pas de réaction. Pourtant, Draco se sentit frissonner : Harry avait une façon de prononcer son prénom…
Harry posa sa main sur son épaule, doucement, mais Draco la repoussa : il était fâché.
« Je suis désolé, Draco. Je… S'il te plait, ne fais pas la tête…
- Je ne fais pas la tête.
- Si. Tu es vexé, et je le comprends.
- Pourquoi tu me rejettes, comme ça ? »
Draco quitta son bouquin des yeux et les posa sur Harry. Il vit la gêne envahir le visage de son petit ami, ses joues rougir et sa main passer dans ses cheveux noirs. Draco fronça les sourcils : il ne comprenait pas.
« Je ne te rejette pas, dit Harry, difficilement.
- Tu plaisantes !
- Draco, je ne sais pas comment m'expliquer…
- Vas-y franco, ordonna Draco.
- Okay. Alors, déjà, je suis puceau. »
Harry aurait pu éclater de rire devant le visage halluciné de Draco s'il n'était pas aussi mal-à-l'aise. Draco ne semblait pas du tout le croire.
« Tu te fous de moi ? Demanda Draco avec lenteur.
- J'aimerais bien.
- Tu ne peux pas être puceau ! Pas toi !
- Et pourquoi pas moi ?! S'exclama Harry, gêné et écarlate.
- Tu es trop beau et bien foutu, tu ne peux pas être vierge !
- Bon, Draco, on ne va disserter là-dessus, soupira le brun.
- Tu es vierge…
- Dray ! »
Mais Draco n'en revenait pas. Jamais il n'aurait pensé que Harry puisse… enfin, qu'il n'ait jamais eu de rapport sexuel… Il était trop désirable pour ça, nombre de personnes avaient dû le draguer, et il avait forcément eu sa première fois avec quelqu'un, même une fille… Harry, puceau… Néanmoins, ça expliquait…
« En plus, je n'ai jamais été tripoté… là… par quelqu'un. »
… qu'il soit gêné quand Draco le touchait.
Non, c'était pas vrai… Personne n'avait touché Harry ? Du haut de ses vingt-et-un ans, il n'avait jamais été caressé par qui que ce soit ?
« Ah non, ça, c'est pas possible.
- Si on compte le fait que j'ai toujours refusé que mon ex petit ami me touche…
- Attends ! Ne me dis pas que tu en as eu qu'un seul ?
- Avec toi, ça fait deux, répondit Harry de façon évidente.
- Impossible.
- Draco, contrairement à certains, je ne suis pas un dragueur invétéré. Et, fit-il en voyant le blond prêt à répliquer, le seul copain que j'ai eu… disons que ça s'est mal passé avec lui, ce qui m'a complètement bloqué. Avec les garçons et les filles. Donc, depuis lui, je ne suis sorti avec personne.
- Pourquoi tu ne voulais pas qu'il…
- C'est compliqué et je ne veux pas parler de ça, répliqua Harry, buté. Vraiment, je ne veux pas.
- Bon… Et ça date de quand, cette histoire ? »
Harry hésita. Il se tripotait les doigts, nerveux. Draco, son livre posé sur la table de chevet, lui prit la main, doucement. Harry leva les yeux vers lui, toujours nerveux.
« Harry ?
- Ça faisait trois ans. »
Draco dut lutter pour cacher sa stupéfaction. Trois ans. Trois ans célibataire. Tellement traumatisé par son ex qu'il n'avait plus fait confiance à personne. Il se souvint vaguement des paroles de Cho : club des célibataires endurcis.
« Trois ans ?
- Ouais. Beaucoup, hein ? Je suis resté six mois avec mon ex. Mais… ça s'est mal passé avec lui. Enfin, ça s'est surtout mal terminé. J'ai eu une période difficile, et on est parti à Paris. Tata pensait que ce serait mieux pour moi que j'aie un nouveau départ. Ça a marché, mais maintenant, je ne peux plus aller à Londres. C'est psychologique. Et depuis… bah j'ai plus vraiment confiance en les autres…
- Mais moi ? »
Harry eut un sourire amusé.
« Je ne t'aimais pas du tout, au début. La façon dont tu me regardais… Comme les autres, quoi. Et puis, tu étais comme Cédric… Riche, beau gosse, élégant… Tata s'est méfiée de toi tout de suite. Dès qu'elle t'a vu. »
Harry lui dit que ça avait commencé à changer quand il lui avait montré son côté naturel. Et Isaline s'était détendue quand il avait commencé à être attentionné, tendre… Draco se comportait bien avec lui et Harry tombait amoureux… C'était tellement différent, avec Cédric…
« Disons que j'avais droit à peu de choses, avec lui. Pas le droit de lui tenir la main, d'aller le chercher après le boulot, de l'embrasser… Et quand j'exigeais de le voir, il se mettait en colère et ça se finissait mal. On a eu une relation assez bizarre, mais j'étais amoureux… »
Et il avait cru que Draco était comme Cédric, aussi… Quand Pansy les avait choppés sur le parking… Il avait déjà vécu cette scène, auparavant. C'était à Londres.
« Sauf que ce jour-là, c'était Cho, et pas Pansy.
- Cho ? Mais elle est lesbienne, non ?
- Bi. Elle vivait en France, mais elle passait de temps en temps à Londres. Ça faisait trois mois qu'on était ensemble, et elle a débarqué. Il sortait avec elle aussi. »
Cho prit très mal le fait que son petit ami la trompait. Leur relation était à longue distance, mais elle avait espéré qu'il lui soit toujours fidèle… Elle avait haï Harry au-delà des mots.
« Alors j'ai été blessé quand la même scène s'est passée avec toi… J'ai eu peur que ça soit pareil. »
Harry avait pardonné Cédric, comme toujours, mais il n'était pas prêt à faire la même chose aussi facilement avec Draco, mais tout s'était arrangé, et pour le mieux. Ils n'en étaient pas sortis fragilisés, ce qui fut le cas pour Harry avec Cédric. Par la suite, il ne revit plus Cho, qui ne remit plus les pieds à Londres.
Harry donna peu de détails à Draco, mais il lui expliqua que Cho s'était calmée, elle savait que Cédric était un salaud, et elle vit bien que Harry avait souffert de sa relation avec lui. Ce que Harry n'osa pas avouer à Draco, c'était que Cho était revenue à Londres, appelée par des amis à elle, qui connaissaient Cédric. Et qui savaient ce qui s'était passé avec son petit ami. Quand la chinoise vit dans quel état était Harry, tout le mépris qu'elle avait pu ressentir pour lui fondit comme neige au soleil. La seule chose qu'elle trouva à faire, le jour où elle le vit, ce fut de lui caresser les cheveux et de regarder son visage. Sa vision du jeune homme avait basculé.
Draco écoutait Harry avec étonnement, et il commençait à comprendre pourquoi Harry s'émerveillait d'un rien, quand il lui tenait la main ou lui offrait un cadeau, ou encore sa gêne quand il le touchait trop, ou encore lors de l'anniversaire de Daphné, quand il ne pouvait supporter son attitude réservée et quand il avait découvert qui était Astoria…
Harry s'était rapproché de lui, se callant contre lui. Draco lui caressait les cheveux, sans oser poser de questions trop appuyées sur Cédric. Sa langue le brûlait, mais Harry omettait des détails et Isaline lui avait conseillé de ne pas trop le brusquer avec ça. Il lui demanda quand même au bout d'un moment s'il lui en parlerait avec plus de détails, un jour. Harry ne lui promit rien, mais il lui assura qu'il essaierait de le faire.
« Mais Harry… Fit Draco après un silence. Cédric ne t'a jamais touché. Parce que tu ne la voulais pas. Mais moi… »
En soi, Draco était flatté que Harry soit encore puceau, ce qui était loin d'être son propre cas. Mais c'était la première fois qu'il tombait amoureux, et s'il pouvait offrir à Harry sa première fois… Cependant tout dépendait de Harry, une fois encore, car il refusait de le forcer à quoi que ce soit. Pourtant, dans le fond, il se sentait jaloux de ce type qui lui avait fait du mal mais que Harry avait réellement aimé.
Il vit son petit ami rougir et se cacher le visage avec ses mains, ce qui fit rire Draco qui l'embrassa sur la tempe, alors que le brun le traitait d'obsédé. Draco ne trouva rien de mieux à faire que de lui glisser à l'oreille qu'avec un petit ami aussi mignon, il ne pouvait qu'être un obsédé. Mais il n'avait toujours pas la réponse à sa question. Harry se pencha vers lui pour lui souffler qu'il était d'accord, du moment qu'il y allait doucement.
OoO
« Les gens sont fous.
- Tata…
- Nan mais tu te rends compte ! Il est en vacances, demain c'est mon anniversaire, et il va bosser ! Ils sont fous, les gens… »
Harry leva les yeux au ciel. Draco avait décidé quelques jours auparavant de passer sa journée à donner des cours particuliers. Isaline l'avait regardé comme s'il s'était transformé en martien. Les vacances, c'était les vacances, zut alors !
Harry avait haussé un sourcil en trouvant très bizarre. Il avait fallu que Draco lui avoue que c'était pour faire une surprise à Isaline qu'il devait gagner quelques sous. Apparemment, il s'était mis d'accord avec Nymph' pour offrir à la patronne un gâteau d'anniversaire fait en macarons de La durée, ce qui coûtait bonbon. Harry avait été étonné d'une telle générosité, Draco lui avait avoué qu'il aimait bien Isaline et qu'il avait envie de lui faire plaisir : elle l'avait accueilli chez lui, l'avait invité à dîner plus d'une fois et elle avait quand même sauvé leur relation, qui aurait pu être bien plus complexe sans son intervention.
Ça avait fait plaisir à Harry, non seulement parce qu'Isaline était quelqu'un qu'il aimait, mais aussi parce qu'il se sentait encore plus important pour Draco. Il l'avait donc laissé partir pour donner ses cours particuliers et n'avait parlé de rien à Isaline.
« Ryry, tu m'offres quoi pour anniversaire, demain ??
- Tu verras.
- Un beau cadeau ?
- Tu verras. »
Elle se mit à bouder, mais Harry ne céda pas. Elle partit faire son boudin dans le salon et Harry la rejoignit. N'ayant pas grand-chose à faire, ils regardèrent la télévision. Il n'allait quand même pas lui dire qu'il avait décidé de se cotiser avec Remus et Severus pour lui offrir un nouvel ordinateur, avec imprimante et scanner. Nymph' et Remus s'occupaient de l'anniversaire, qui aurait lieu chez eux, mais Nymph' et Sirius avaient décidé de la jouer solo pour les cadeaux d'anniversaire. Comme disait Severus, ils allaient encore rivaliser d'imagination pour lui offrir des conneries. L'an dernier, Sirius lui avaient offert un énorme dauphin en peluche. Teddy adorait s'asseoir dessus et faire du rodéo.
Lassée d'Amour, Gloire et Beauté, Isaline engagea la conversation avec son neveu à propos de la fête de fin d'année, qui aurait lieu chez les Weasley. Tout le monde avait été convié, comme d'habitude. Elle se demandait comment Ginny allait réagir en les voyant ensemble, Harry répliqua que ça avait déjà eu lieu lors du concert des Bizarr' Sisters.
« Voui, mais là, ce sera pas pareil. Vous êtes encore plus proches, tous les deux. »
Ce n'était pas faux. Soudain, Harry pensa à une chose : Luna serait là aussi pour la fête de fin d'année, il allait devoir prévenir Ron. Isaline haussa un sourcil : elle ne savait pas que la blondinette passait à Paris. Harry lui avoua qu'elle venait tout juste de confirmer ses dates, étant donné qu'il y avait eu apparemment pas mal de soucis dans la maison d'édition, et elle descendait à Paris le vingt-neuf décembre, restant jusqu'au dimanche.
« Et t'as parlé de Loufoca à Draco ?
- Oui, confirma le brun. Il m'a dit que ça ne le dérangeait pas qu'elle reste à la maison. De toute façon, il n'a pas le choix. Luna est chez elle, ici.
- Bien sûr. Il ne t'a pas posé de questions ?
- Pas vraiment. Il est parti précipitamment ce matin, et hier soir… on a été occupé par autre chose. »
Isaline lui lança un regard interrogatif puis eut un sourire moqueur. Réalisant le double sens de sa phrase, Harry devint écarlate et il secoua les mains, alors que sa tante éclatait de rire.
« C'est pas ce que tu crois ! Tata, écoute-moi !!
- Et vous avez fait quoi, alors ? Demanda-t-elle, une fois calmée.
- Disons qu'il a voulu me toucher, et… je l'ai repoussé. Je l'ai vexé et je lui ai parlé de Cédric. »
Le visage d'Isaline perdit son sourire. Elle le regarda, scrutant son visage, fouillant dans ses yeux comme si elle cherchait une réponse qu'elle ne possédait pas. Harry poussa un soupir et lui dit qu'il ne lui avait pas tout raconté. Juste… qu'il n'avait pas eu de petit ami depuis longtemps, qu'il était vierge… Il n'était pas allé très loin. Juste pour lui expliquer.
« Et quand comptes-tu lui parler de tout ?
- Je ne sais pas. Plus tard. Je lui en parlerai, un jour, mais pas maintenant.
- Et tu veux qu'il te touche ? »
Question innocente. Sans connotation intime, sexuel. Harry ne rougissait même pas. Il sentait le regard d'Isaline posé sur lui, curieux.
Harry n'avait jamais voulu que Cédric le touche. Pendant trois ans, il était resté célibataire, n'accordant sa confiance à personne, jusqu'à ce que Draco apparaisse. Et maintenant, leur relation semblait prête à prendre un nouveau tournant.
Harry avait vingt-et-un ans. Il était assez âgé pour avoir une relation sexuelle avec quelqu'un, mais après ce qu'il avait vécu, Isaline ne savait pas si Harry était vraiment prêt à franchir ce pas, ou s'il n'en était pas capable. S'il était d'accord pour aller de l'avant, elle serait rassurée : faire ce genre de blocage était peu recommandé pour quelqu'un d'aussi jeune et il semblait heureux avec Draco. Et elle aimait bien Draco, en plus.
« Oui. J'en ai envie. Je ne sais pas pourquoi, je pensais que je mettrais plus de temps. Mais… je ne sais pas. Je…
- A mon avis, tu as plus confiance en lui, affirma Isaline.
- Tu crois ?
- J'en suis sûre. Tu as confiance en lui. Bon, c'est vrai qu'il t'a déçu, mais il s'est quand même adapté à toi. Et vous êtes amoureux, en plus. »
Isaline n'avait jamais jugé que Cédric puisse être amoureux de Harry. Pas avec son comportement. Pour elle, il faisait une fixation sur Harry. Mais il n'y avait pas d'amour en lui, ni dans ses gestes ni dans ses yeux. Harry était son obsession, il avait la sensation qu'il lui appartenait. Il avait désiré posséder Harry, mais ce dernier n'avait jamais voulu.
Il avait attendu son amour. De vraies preuves. Pas des mots jetés çà et là, sans conséquences. Harry voulait des preuves, avant de l'autoriser à réellement l'approcher. Et ça s'était mal terminé…
Pour Draco, ça se voyait. Dans sa façon de se comporter. Il était amoureux, et même s'il était plutôt discret, elle percevait le flirt, les caresses, les baisers… Il y avait une réelle complicité entre eux. De toute façon, si cela n'avait pas été le cas, elle ne l'aurait pas invité chez elle.
« Tu sais, Ryry… »
Il leva les yeux vers elle. Elle semblait toute timide, comme une enfant. Ils n'avaient jamais vraiment parlé de sexe, même si Isaline et Sirius en rigolait de temps en temps. Elle était ouverte, et si Harry pouvait être heureux avec homme, c'était tout ce qui lui importait.
« Je suis contente que tu sois avec Draco. Ça fait du bien de te voir heureux.
- Tata…
- J'espère que ça durera longtemps. J'aime te voir sourire comme ça. Ça fait du bien. »
Elle lui fit un sourire. Harry sentit son cœur se serrer.
Ça faisait du bien de le voir comme ça. Heureux. Parce que, elle, elle n'avait personne, et peut-être qu'elle finirait sa vie seule. Harry était jeune. Et ce dernier savait que, avec les années, elle continuerait à vivre à travers lui. À travers Nymph', aussi, car elle avait Teddy. Mais Harry restait son fils, et aujourd'hui, Isaline ne se sentait plus prête à faire sa vie avec quelqu'un.
« Et puis j'aime bien Draco, il est gentil. Plutôt réservé, mais il a un bon fond. Il m'a offert une belle veste, en plus. »
Ce n'était même pas la veste qui comptait, pour elle, c'était plutôt qu'il ait pensé à lui offrir quelque chose. Elle était de ces personnes qui s'émerveillaient d'un rien. Qu'un petit cadeau faisait sourire. Et c'était ce qui incitait les autres à dépenser pour elle, même s'ils se faisaient enguirlander après pour avoir dépensé leurs sous.
Harry se pencha vers elle et lui embrassa la joue. Il lui prit la main et la serra fort.
Au fond de lui, il priait pour qu'elle trouve quelqu'un. Quelqu'un qui puisse vraiment la rendre heureuse.
Autant qu'il l'était aujourd'hui…
OoO
Il déjeuna avec Blaise dans le restaurant de Gregory Goyle, au Septième ciel. Ce dernier lui demanda d'ailleurs comment ça se passait avec Harry et Draco lui assura que tout allait pour le mieux. Gregory fut plus que content de voir son ami avec quelqu'un de stable. Certes, ça ne faisait qu'environ deux mois qu'ils sortaient ensemble, mais quand on pensait que le record de Draco était de trois mois…
Blaise avait été content de voir un peu Draco. Il avait passé un réveillon des plus atroces. En effet, il fut invité chez sa grand-mère paternelle qui invita toute la smala, comme le disait Blaise, à savoir un nombre incalculable d'oncles, tantes et cousins, sortant de tous les coins de la maison. Au point que Blaise, solide garçon pourtant, avait fui la fête en prétextant un gros coup de fatigue. Il réussit donc à s'échapper, très tard, sous le regard exaspéré de sa mère. Elle était la seule à remarquer son manège, son oncle était trop occupé à cirer les pompes de sa mère pour faire attention à Blaise.
Il avait été bien gâté par toute la famille, évidemment, surtout par sa mère et sa grand-mère. Il s'était fait dragué par certaines de ses cousines. Blaise s'était comporté en gentleman, comme toujours, en rêvant du moment où il pourrait retrouver son lit douillet.
Draco lui avait parlé de son propre réveillon de Noël en compagnie de Harry et de sa famille. Une soirée géniale où il n'avait pas eu le temps de s'ennuyer. Il avait été assez bien intégré dans cette petite famille et il s'était amusé. Il lui parla de Teddy, qui avait fait le tour de la table pour grignoter dans l'assiette de tout le monde, ou encore d'Isaline qui courrait partout alors que les autres la forçaient à rester assise afin de s'occuper eux-mêmes du repas. Il lui raconta les idioties de Sirius, sa complicité avec leur professeur de fac, le calme Remus qui tentait de tempérer un peu l'ambiance, et Harry toujours près de lui. Blaise siffla d'admiration quand il vit la montre que Harry lui avait offerte : voilà un beau cadeau.
« Tu as de la chance d'avoir passé un réveillon aussi génial ! Je t'envie… Et en plus, une de mes tantes organise le Nouvel An, donc je suis bon pour…
- Non, tu es pris pour le Nouvel An, dit Draco. Ron a appelé, hier, il m'a demandé de te dire que tu étais invité chez lui pour le Nouvel An.
- T'es sérieux ?! S'exclama Blaise avec espoir.
- Il m'a dit que les fêtes, chez lui, c'état assez spécial : il y a toute sa famille et ils sont barjots. Mais Harry m'a assuré qu'on n'avait pas le temps de s'ennuyer. Je le suis, il m'a dit qu'il resterait à la maison si je ne venais pas, et j'en ai pas envie. Il m'a dit qu'il avait appelé Millicent, mais elle n'est pas libre. Hermione sera là, par contre.
- C'est génial, ça ! Mais pourquoi Millicent ne vient pas.
- Elle lui a dit qu'elle avait quelque chose à faire. Je l'ai appelé ce matin, elle m'a dit qu'elle avait un rendez-vous galant et qu'elle était désolée de ne pas venir.
- Oh ! Millicent a un prétendant ! Voilà quelque chose d'inattendu. »
En effet, Millicent n'avait eu que peu de petits amis, étant timide et persuadée qu'elle ne pouvait attirer l'attention des garçons, même si elle avait été suivie par un homme. Blaise et Draco avaient beau lui dire qu'elle avait son charme, elle n'était pas du tout intéressée pour la drague. Et il leur avait semblé qu'elle était amoureuse de quelqu'un mais impossible de savoir qui. Elle avait refusé de le leur dire, pas par manque de confiance, mais plutôt pour les empêcher de jouer aux entremetteurs…
« Il faut que je sache avec qui elle passe le Nouvel An.
- Laisse-la tranquille, tu veux ? Elle a le droit de sortir avec qui elle veut. Si elle ne nous a rien dit jusque là, c'est qu'elle a une raison, tu ne crois pas ? Bref, tu peux dire à ta charmante maman que tu es pris pour le Nouvel An, et que tu passeras la nuit chez Isaline.
- Elle est d'accord pour que je reste dormir ? S'étonna-t-il.
- A condition que tu veuilles bien dormir avec Théo, oui. »
Blaise fut surpris et Draco lui expliqua qu'il passerait la soirée chez les Weasley aussi, mais comme il n'habitait pas à côté, Isaline était d'accord pour qu'il reste dormir, au lieu de prendre sa voiture ou les transports. De même, elle était d'accord pour que Blaise reste dormir, mais il fallait que lui et Théo partagent le même lit. Blaise tiqua : Théo était homophobe, ce serait lui le plus difficile à convaincre. Draco lui avoua alors que Théo dormait toujours dans le lit de Harry quand il était en période « asile politique » et, du moment que Blaise ne ronflait pas, il était d'accord pour rester avec lui.
« Sacré Théo… Tu pourras remercier Isaline pour moi ?
- Aucun problème. »
Draco passa un peu de temps avec Blaise, puis il s'en alla donner encore quelques cours. A force, il avait pas mal de relations, et comme il avait une bonne réputation, il trouvait facilement des clients. Après, il fallait faire varier les prix, mais Draco était pédagogue et intelligent, il savait y faire avec les adolescents. La seule cliente qu'il faisait payer bien moins cher était la jeune Lucie qu'il voyait régulièrement.
Il avait emprunté la voiture d'Isaline et, quand il termina son dernier cours, il se sentit épuisé. Oh, en soi, ce n'était pas très physique comme travail, mais enchaîner des cours de maths, de physique et de piano à des élèves plus ou moins en difficultés, et ce quasiment sans pause, ce n'était quand même pas de tout repos. Enfin, il avait une bonne raison à cela, à savoir le gâteau pour l'anniversaire d'Isaline.
Harry et Nymph' avaient été surpris pas son intention, mais Draco n'avait pas vraiment d'idée cadeau pour son anniversaire et il ne se voyait pas fouiller les magasins. Il appréciait beaucoup Isaline, il passait un très bon séjour chez elle, et dans le fond, il se sentait reconnaissance vis-à-vis d'elle. Il aimait Harry et, par moments, il ne pouvait s'empêcher de remercier dans son cœur Isaline. Si elle n'avait pas forcé les autres à fermer leurs bouches, Harry l'aurait fuit à cause de ses parents, et Draco n'aurait jamais su ce que c'était que de l'avoir.
Oh, ils avaient leurs disputes, des divergences de point de vue, et tous deux étaient différents, que ce soit pour leur caractère ou leur passé. Mais ils avaient aussi leurs moments de tendresse, une complicité et de la confiance. Harry était plus réservé que lui, en ce qui concernait son passé, mais la veille, il s'était ouvert à lui, ce qu'il aurait pu ne pas faire. Si Isaline n'avait pas été là, Draco n'était pas certain que leur couple ait tenu.
D'ailleurs, la veille, après leur discussion, s'en était suivi d'un moment… disons tendre. Le voyant tous les soirs entrer dans sa chambre avec juste une serviette sur lui pour cacher sa nudité, Draco n'aurait jamais pensé que Harry puisse être prude, ce qui était pourtant le cas. Il avait dû faire preuve de beaucoup de tendresse pour qu'il se laisse aller.
C'était juste des caresses. De la branlette, aurait dit Blaise. Amis de la poésie, bonsoir… Et Harry avait été si gêné… Draco aurait pu trouver ça lassant, il n'avait jamais vraiment aimé les prudes, mais les bruits et le visage de Harry, sa maladresse et ses baisers l'avaient tout simplement chamboulé, et Draco avait alors tout fait pour faire disparaître cette gêne de son visage, en le rassurant avec ses doigts et ses lèvres.
Rien que de penser à cela, Draco sentait son pantalon devenir trop étroit. Ils n'étaient pourtant pas allés très loin, la veille, mais le visage de Harry, ses joues rouges et son regard fiévreux valaient son attente… Et puis, il fallait avouer que c'était quand même agréable d'être celui qui allait lui faire perdre sa virginité. Personne ne l'avait touché, et si Draco avait néanmoins eu des doutes, ils n'avaient pas duré longtemps : Harry était bien trop sensible et mal-à-l'aise.
Par ailleurs, Draco n'en revenait toujours pas d'être seulement le deuxième petit ami de Harry. C'était plutôt flatteur, car ça prouvait que Harry tenait vraiment à lui. Cependant, Draco avait du mal à imaginer Harry célibataire pendant trois ans, ce qui était long, et il était jeune, à peine vingt-et-un ans. Il s'était mis dans la tête que Harry avait déjà eu sa première fois avec quelqu'un et qu'il avait enchaîné les petits amis. Trois ans ! Et Harry était un bel homme, c'était indéniable… Et étant tatoueur, il avait dû rencontre des gens…
Mais non, c'était Draco qu'il avait choisi. Draco, qu'il ne lui avait pas du tout plu au premier regard. Harry n'avait pas fait de détour quand il le lui avait dit. Le blond lui avait, par la suite, démontré que la première impression n'était pas toujours la bonne…
Enfin… pensa-t-il. Il devait maintenant rentrer à la maison. A la maison… C'était bizarre de dire ça, mais il se sentait bien chez Harry et Isaline. Presque chez lui. C'était le bazar, Harry laissait traîner ses affaires partout et Isaline n'était pas une fan du rangement, même si sa maison était plutôt propre. Il aimait l'ambiance dans cette baraque, et il était certain que c'était parce que Harry y vivait qu'il s'y sentait bien. D'un autre côté, les nuits auprès de Harry étaient agréable, et il s'était tissé une sorte de complicité entre eux trois.
Déjà, ils parlaient tous anglais. Draco avait compris très vite que Harry et sa tante conversaient toujours anglais quand ils n'étaient que tous les deux, et il en était de même avec les autres. Draco se sentait alors dans son élément, car il en était de même avec ses parents. Il avait d'ailleurs demandé à Isaline pourquoi elle parlait le français couramment : avait-elle pris des cours ? Cette dernière lui avait répondu que sa grand-mère paternelle était française, et donc son père parlait le français couramment. Isaline avait estimé que c'était pratique de parler deux langues, et ainsi, Sirius et Nymph' se mirent au français. On alternait les langues, quand ils étaient à Londres, mais une fois en France, il ne prononçait plus un mot latin quand ils étaient entre eux.
De plus, Isaline était une bonne vivante et elle n'était pas du genre à emmerder son monde, bien qu'elle soit plutôt taquine. Plus d'une fois, Draco la surprit arracher la serviette de Harry quand il sortait de la salle de bain, ce qui faisait crier le jeune homme, et Draco pouvait donc le mâter à tout loisir, ce qui ne plaisait pas vraiment à son petit ami. Ou alors, c'était à Draco qu'elle s'en prenait, mais de façon plus subtile : plus d'une fois, il dut fouiller dans les vêtements de Harry pour trouver ses propres affaires, ou alors carrément dans son armoire à elle. Sur le coup, il n'avait pas osé, mais quand il avait vu Harry farfouiller sans vergogne dans les vêtements d'Isaline et y trouver un pull de Draco, celui-ci avait décidé d'en faire de même. La tatoueuse gueulait qu'elle n'aimait pas quand on fouillait ses affaires, Harry lui répliquait qu'elle n'avait qu'à mettre les affaires de Draco dans son armoire à lui et non dans la sienne. Franchement, mais qu'est-ce que ses sous-vêtements faisaient dans ses tee-shirts ?
Draco se gara devant la porte du garage. Il se leva et ouvrit la grande porte, puis il se gara et la referma derrière lui. Il faisait très attention avec la voiture d'Isaline, il ne voulait pas l'esquinter, même si elle semblait avoir vécu. Son père lui avait déjà racheté une voiture avec encore plus d'airbags. Draco avait exigé une voiture moins voyante et son père avait fait des efforts, mais le véhicule demeurait coûteux. Draco n'avait pas fait de remarques, son nouveau critère pour choisir une voiture étant les airbags.
« C'est moi ! » Fit-il en entrant.
A peine mit-il un pied dans la baraque que Liloute et Teddy lui sautèrent dessus, sortant précipitamment de la chambre d'amis pour courir dans l'entrée sur ses petites jambes. Draco caressa la tête de Liloute et attrapa l'enfant au vol en se demandant ce qu'il faisait là, avant de voir Remus installé dans la cuisine, en train de boire un café avec Harry et Isaline.
« Tiens, revoilà notre professeur de maths ! Fit Isaline en le voyant.
- Ça a été ? Demanda Harry alors que Draco prenait place à la table.
- Impeccable. »
Draco demanda si Nymph' était là et Remus lui répondit qu'elle était en train de se mettre au point pour la fête d'Isaline le lendemain. Draco se souvint d'ailleurs qu'il devait aller chercher le gâteau le lendemain avec elle. Ça allait être amusant, tiens…
OoO
« Ah bon ? Il ne pourra pas venir ?
- Nan. Je suis dégoûté.
- Et pourquoi il ne vient pas ?
- Bah son colocataire doit passer le Nouvel An tout seul. Théo joue au super héro et a décidé qu'il passerait la soirée avec lui. »
Ce n'était pas du tout étonnant de la part de Théo. Harry entendit Ron soupirer, à l'autre bout du fil. Le rouquin lui dit qu'il avait insisté, que son coloc' pouvait venir, mais Théo n'était pas trop chaud. D'ailleurs, il lui avait avoué que Seamus était l'ex petit ami de Draco, donc ce n'était pas très fin de le faire venir… Ce que Ron comprenait, mais il trouvait vraiment dommage que Théo ne vienne pas.
« Maman l'a appelé, aussi, mais il ne cède pas.
- Je peux toujours aller le voir…
- Mais t'es fou ! S'exclama soudain Ron. Attends, tu vas l'encourager à venir avec l'ex de ton mec ! Normalement, tu dois pas le voir en peinture, ce gars !
- Je dirais que c'est plutôt le contraire. Je n'ai rien contre Seamus, moi, et…
- Ouh la la, Harry, je te vois venir ! N'essaie pas de faire ami-ami avec ce type, ça va te retomber dessus !
- Je vais aller voir Théo.
- Non, tu ne vas voir personne ! Draco ne va sûrement pas accepter que…
- A plus, Ron ! »
Et il raccrocha. Ron pesta contre son ami en se disant que cette histoire allait encore faire du bruit.
OoO
On sonna à la porte. Etonné, Seamus quitta son magazine des yeux et regarda Théo lever ses royales fesses du canapé pour aller ouvrir. Qui pouvait bien venir les voir aujourd'hui ? Certainement pas Dean, ils n'étaient plus ensemble, et franchement, Seamus n'avait envie de voir personne. Avec son plâtre immonde, il se sentait plus que ridicule, et ce n'était pas Théo qui allait lui dire le contraire.
« Ryry ! Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?
- Me suis fait virer de chez moi. »
Sa voix était boudeuse. Seamus l'entendit avec horreur entrer dans l'appartement, ses chaussures couinant dans l'entrée.
Il ne l'avait pas revu depuis la fête de Daphné, qui s'était terminée de façon catastrophique. Oh, il l'avait aperçu, quand il venait chercher Draco à l'université, de temps en temps, mais après il y avait eu les vacances, et… Bref, il ne l'avait pas revu, et il ne se sentait pas d'attaque à l'affronter. En soi, Harry n'était pas méchant, mais il restait le petit ami de Draco, et rien que cela gênait horriblement Seamus.
Ce dernier avait réfléchi à la façon dont il s'était comporté avec lui, la façon dont il lui avait parlé. Il s'était excusé pendant la fête, mais il s'était senti obligé de le faire. Il ne le referait pas une seconde fois, mais depuis cet accident, il se sentait vraiment minable de lui avoir parlé de cette façon, et il regrettait son comportement. Sa honte et sa jambe dans le plâtre le mettaient dans une situation vraiment pénible…
« Et comme ça se fait que tu te sois fait virer de chez toi ?
- Bah disons que c'est l'anniversaire de Tata, aujourd'hui, répondit-il en retirant ses chaussures et sa veste. Ça se passe chez Nymph'.
- Et où est le problème ?
- Bah Draco travaille dans ma chambre et il est en mode « on me laisse tranquille ou je fais un malheur » et Isaline tourne en rond dans la maison, elle s'est prise d'amour pour son balai et sa serpillère, donc elle m'a jeté dehors.
- Famille de dingues… »
Seamus eut un sourire quand Harry dit que Draco était en mode « on me laisse tranquille ou je fais un malheur ». Il avait toujours eu du mal avec Draco quand il était à fond dans son travail, que ce soit pour une petite chose à revoir ou carrément pour rédiger un devoir. Autant dire que Harry, qui n'était plus dans le monde des études, devait avoir du mal. Il tiqua un peu sur le fait que Draco travaillait dans sa chambre, mais Théo lui avait dit que le blond passait les vacances chez Harry.
Ce qui n'avait fait que le blesser et, étrangement, alléger le poids qui pesait sur ses épaules.
Harry entra dans le salon. Il y eut un petit moment de flottement, Seamus ne savait pas comment se comporter avec lui. Il n'éprouvait plus le besoin de le réduire en bouillie, même s'il ressentait toujours une légère aversion pour lui. Harry s'avança vers l'irlandais et lui tendit la main, tout simplement. Seamus ne vit rien de mauvais dans les yeux vert émeraude de son vis-à-vis. Timidement, il lui serra la main.
« Tu veux boire quelque chose ?
- Un truc chaud, il fait un froid de chien dehors. »
Théo disparut dans la cuisine, alors que Harry s'asseyait sur un vieux fauteuil en poussant un soupir. Il regarda vaguement la jambe plâtrée de Seamus et se souvint de l'accident.
« Ça va, ta jambe ? Ils vont bientôt te retirer ton plâtre ?
- Non, ça va prendre du temps. Je suis dégoûté, il y a plein de trucs que je ne peux pas faire !
- Théo joue à l'infirmière ? Fit Harry avec un sourire moqueur.
- Je t'emmerde, Harry ! »
Le brun ricana, alors que Théo lui disait qu'il en ferait autant à sa place. Alors qu'ils s'envoyaient des vannes, Seamus détaillait Harry. C'était un beau mec, aucun doute. Enfin, il n'était pas l'exemple même de la virilité ou encore un homme androgyne, mais il était beau à sa façon. Il avait un visage aux traits élégants, un nez fin, deux yeux d'un vert intense et une jolie bouche. Ses cheveux noirs étaient parsemés de mèches écarlates et ébouriffés, comme s'ils n'étaient jamais coiffés, ce qui lui donnait un style « saut du lit ». Il n'était pas étonnant que Draco ait craqué sur lui, si on ne regardait que son aspect physique, mais il demeurait un tatoueur de quartier, et Seamus restait persuadé que Draco n'était pas du genre à sortir avec ce genre de personnes.
Théo revint dans le salon avec une tasse de café qu'il venait de réchauffer. Harry avait un sourire lumineux, communicatif, et une voix chaude, agréable à entendre. Ils parlaient en français et Seamus dénotait un petit accent anglais qu'il n'avait jamais perçu. Il devait vivre en France depuis longtemps, donc il parvenait à cacher son accent. Vraiment, Harry était tout aussi agréable à regarder qu'à entendre, et Seamus se sentait presque ridicule à côté de lui. Son pull cachait ses bras musclés qu'il avait perçus à travers sa chemise pendant la fête d'anniversaire. Lui, avec ses cheveux foncés et ondulés, son corps mince et sa jambe dans le plâtre, il faisait pitié…
« Harry, je ne suis pas le seul à ne pas venir. Millicent ne sera pas là non plus.
- Je sais, dit Harry. Ron ne pouvait rien dire, elle sort avec quelqu'un.
- J'ai eu Blaise sur MSN, il m'a dit qu'il harcelait Millicent pour savoir avec qui elle passait sa soirée.
- Et il a réussi à savoir ? S'étonna le brun.
- Non, il était énervé ! Tu sais qui c'est, toi ?
- Bien sûr, mais elle m'a demandé de ne le dire à personne. Et surtout pas à Blaise. Elle veut le faire mariner encore un peu. »
Théo tenta d'insérer Seamus dans la conversation et Harry ne fit aucune résistance, bien au contraire. L'ambiance s'était considérablement allégée, Seamus se sentait presque bien. Néanmoins, il ne pouvait quitter Harry des yeux, qui lui ne faisait comme si de rien n'était.
Soudain, on sonna à l'interphone. Théo se leva, étonné, et demanda d'ailleurs à Harry comment il était monté sans sonner. Ce dernier lui fit un sourire angélique et lui répondit qu'une charmante dame l'avait laissé entrer. Théo pesta après les « habitudes commerciales » et alla répondre. Il faillit lâcher un juron entendant la voix d'un de ses potes. Il allait devoir descendre et les laisser seuls. Merde alors…
« Je descends tout de suite. »
Il revint dans le salon et leur annonça qu'il devait voir quelqu'un en bas et qu'il ne serait pas long. Tous deux hochèrent la tête et le regardèrent sortir du salon, puis l'entendirent mettre ses chaussures, son manteau, et enfin sortir de l'appartement.
Un silence embarrassant régna dans le salon pendant quelques secondes. Seamus ne savait pas quoi dire à Harry, étant d'autant plus gêné que la compagnie du jeune homme ne lui était pas aussi désagréable qu'il aurait pu le penser. Quant à Harry… Il ne savait pas vraiment comment s'adresser à Seamus.
Même s'il lui avait fait mauvaise impression, Harry ne lui en avait pas voulu. Certes, il l'avait insulté, mais en même temps, il était encore amoureux de Draco et Harry pouvait comprendre qu'il soit encore jaloux. Surtout que, maintenant, il savait combien Draco pouvait être réservé, voire froid, avec ses partenaires. Le tatoueur pouvait donc comprendre à quel point Seamus avait dû le haïr en découvrant que Harry avait eu tout ce que lui n'avait pas eu. On pouvait faire pas mal de bêtises quand on était amoureux.
Cependant, il avait un peu parlé avec lui, par l'intermédiaire de Théo, et il avait déjà discuté du jeune homme avec Draco. Harry trouvait que Seamus n'avait pas un mauvais fond, au contraire. Il était plutôt mignon comme garçon, fin, bien habillé et ses cheveux ondulés étaient bien coiffés. En soi, il était son opposé, et Harry voyait sans mal Draco en sa compagnie, ce qui aurait pu le rendre jaloux si Draco ne l'aimait pas. Seamus avait des manières quelque peu efféminées, mais en somme, c'était tout de même quelqu'un de gentil. Mais il fallait savoir le prendre, songea-t-il, et surtout, il ne fallait pas être le petit ami de son ex.
En somme, Harry n'avait rien contre Seamus, c'était plutôt le contraire.
« Seamus… »
Ce dernier sursauta en entendant son nom. Il était nerveux, c'était visible. Bien plus que Harry, qui se lança, décidant d'y aller franco.
« Théo ne veut pas venir fêter le Nouvel An chez nous, parce que tu…
- Je lui ai dit que je pouvais passer la soirée seul, mais il ne veut pas m'écouter.
- Je sais, calme-toi, fit Harry d'une voix apaisante. Je te propose de venir toi aussi.
- Attends une minute, Harry, le stoppa Seamus. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis l'ex petit ami de Draco. J'ai couché avec lui. Et je l'aime encore. Et toi, tu me proposes d'aller à une fête où vous aller vous rouler des pelles toute la soirée ?
- Il est évident qu'on ne va pas s'exhiber alors que tu seras là, répliqua Harry. Je sais que je suis bizarre, je devrais te détester, mais il se trouve que c'est toi qui me détestes. Je n'ai rien contre toi, moi.
- Sérieusement, tu serais prêt à m'inviter à une fête, moi ?
- Oui. »
Harry était très sérieux, il le lisait sur son visage.
« Seamus, tu es sorti avec Draco. Et tu n'es pas le seul. Draco a eu une vie avant moi. Si je ne l'acceptais pas, je ne m'en sortirai pas. Je sais que vous avez couché ensemble, c'est normal dans un couple. Tu dois trouver bizarre que je veuille que tu viennes, mais je ne veux pas avoir d'ennemis. Draco est déçu par ton comportement mais il est d'accord pour que tu viennes, à condition que tu ne sois pas jaloux.
- Mais… !
- Il est évident qu'on ne va pas se rouler des pelles toutes les cinq minutes. C'est pas notre genre, de toute façon. Si je te dis tout ça, c'est parce que je veux que Théo vienne, et je ne suis pas le seul, mais aussi parce que je veux crever l'abcès. A quoi ça sert que toi et moi on se fasse la guerre ?
- Tu es son petit ami. C'est pas une raison évidente ?
- Tu l'aimes encore ? »
Ce n'était pas une question méchante, moqueuse, étonnée ou encore malsaine. C'était une question franche. Et Seamus décida de répondre franchement.
« On n'oublie pas quelqu'un qu'on a aimé. J'ai aimé Draco et j'éprouve encore des sentiments pour lui. Mais, fit-il en voyant Harry prêt à parler, même si je t'en veux parce que tu me l'as pris, je… enfin… je ne te déteste pas. Avant, si, je voulais t'étriper. »
Cette remarque fit sourire Harry. Seamus aussi.
« Mais… Draco est amoureux de toi, ça se voit. Quand il est avec toi, ça se voit. Je ne suis pas bête. Je sais qu'il ne reviendra pas, je l'ai compris pendant la fête d'anniversaire. Je t'en veux parce que tu me l'as pris, mais… je ne te déteste pas. Enfin, je ne te déteste plus. J'y peux rien, c'est comme ça. Draco ne veut plus de moi, je ne peux rien y faire.
- Mais tu trouves ça malsain que je t'invite à une fête où j'embrasserai ton ex.
- Tu as tout compris, avoua Seamus. Je ne comprends même pas pourquoi tu es comme ça avec moi. Enfin, tu n'es pas méchant. Tu pourrais te foutre de ma gueule. Ça m'est déjà arrivé. »
Et c'était pour ça qu'il avait été aussi méprisable avec Harry. Il voulait blesser avant qu'on ne le blesse, lui, mais Harry s'en fichait pas mal et il lui avait dit « Ta gueule ». Enfin, il ne savait rien de la conversation qui en avait découlé, mais Harry n'avait pas montré qu'il avait été touché par ses mots.
« Et…
- Je ne veux pas avoir d'ennemis. »
Harry était toujours aussi calme, regardant Seamus normalement, sans qu'il n'y ait ni mépris, ni moquerie, ni hypocrisie dans ses yeux verts.
« Je sais que je suis égoïste. Mais… Enfin… Je ne pense pas que ce serait mal si tu venais. Tu vas rester seul ici, le soir du Nouvel An, et c'est pas terrible. On fera des efforts, avec Draco…
- Je crois que tu es trop gentil, en fait. »
Harry eut un nouveau sourire et poussa un soupir. C'était exactement ça. Il était un peu trop gentil. Enfin, il voulait bien faire. Il n'avait pas vraiment d'idées malsaines, son but n'était pas de blesser Seamus. Et ce dernier l'avait compris. Harry n'était pas quelqu'un de foncièrement méchant.
Seamus poussa un soupir : il était vaincu.
« Bon, d'accord, je veux bien venir. Mais à deux conditions : je veux que Draco soit d'accord, et pas forcé, et que vous ne vous rouliez pas des pelles toutes les cinq minutes.
- Ça devrait fonctionner. »
Etait-ce ça que Draco avait aimé chez Harry ? Cette gentillesse, ce besoin d'arranger les choses, de faire au mieux ?
La porte d'entrée s'ouvrit et Théo entra, essoufflé, en criant un « c'est moi ! ». Même si on avait deviné. L'ascenseur était en panne, et mine de rien, cinq étages, c'était haut…
« Alors, vous ne vous êtes pas entretués ? Demanda Théo en entrant dans le salon.
- Faut pas exagérer, répliqua Harry.
- Je sais me tenir, moi !
- En plus, qu'est-ce que tu veux qu'il fasse avec sa jambe plâtrée ?
- Ça ferait une bonne massue, rétorqua Seamus.
- Encore faudrait-il que tu puisses la soulever.
- Vous êtes de bonne humeur, tous les deux. Ça cache quelque chose. »
Tout sourire, Harry lui dit qu'il pouvait venir à la fête, Seamus était d'accord. Théo haussa un sourcil septique : Harry était tombé sur la tête ou quoi ? Seamus était l'ex de Draco, mince ! Mais tout semblait s'être arrangé. Théo se demandait si Seamus allait vraiment savoir se tenir. Il n'avait pas vraiment peur avec Harry ou Draco, ils sauraient rester discrets, mais quand on était jaloux et impulsif… Enfin, on verrait bien.
Même s'il flippait un peu.
OoO
Draco sortit de la chambre dont il ferma la porte, puis il descendit les escaliers. Il entra dans le salon, où Harry regardait la télévision, en attendant qu'il en ait terminé avec son coup de téléphone. Le blond venait d'appeler Seamus pour confirmer qu'il était d'accord pour qu'il vienne à la fête du Nouvel An.
Draco était étonné par deux choses. D'abord, il était surpris que Harry soit allé voir Seamus pour lui proposer de venir. Car c'était lui, le nœud du problème. La deuxième chose qui l'étonnait, c'était son désir de bien faire. Harry voulait arranger les choses, faire en sorte que tout s'arrange. Ce n'était pas donné à tout le monde, ça. Lui-même n'aurait jamais osé, ni même voulu. Mais d'un autre côté, il n'était pas Harry.
Il s'assit à côté de lui et passa un bras sur le dossier du canapé, derrière sa nuque, et automatiquement, Harry pencha la tête sur son épaule. Draco lui embrassa les cheveux en lui chuchotant qu'il avait appelé Seamus. Le tatoueur eut un léger sourire, c'était Ron qui allait être content.
« Où est Isaline ?
- Dans la salle de bain. »
Elle devait être en train de se préparer. Draco pensa soudain à ce qui s'était passé une bonne demi-heure auparavant avec Harry dans cette même salle de bain. À savoir des câlins. Osés, comme câlins. Une nouvelle fois, Draco avait touché Harry, l'avait caressé, et les mains de son petit ami l'avaient excité plus qu'il ne l'aurait pensé. C'étaient des jeux relativement innocents comparés à l'acte en lui-même. Draco avait adoré le toucher, il aimait sa peau douce, les muscles fermes de son torse, son ventre ou encore ses bras. Il aimait regarder ses joues rougir alors qu'il descendait sa main plus bas, entendre ses soupirs et regarder ses yeux se voiler sous l'effet du plaisir. Il aimait l'embrasser pour étouffer ses gémissements…
Rien qu'à penser à ça, il se sentait excité. Etonnant comme Harry, si simple et innocent, pouvait éveiller le désir en lui. Il était beau, certes, mais il était trop gentil pour attirer l'envie d'un simple coup d'œil, avec ses vêtements trop grands, froissés ou tout simplement peu élégants. Et pourtant, plus il passait de temps avec Harry, plus il le trouvait séduisant. D'un autre côté, il commençait vraiment à rentrer dans son jeu : il avait de petits gestes innocents que Draco interprétait de façon plus… sensuelle, et à juste titre, et Harry n'hésitait plus à rentrer à moitié nu dans la chambre, avec une petite serviette autour des hanches. C'était plutôt de la taquinerie, mais tout de même…
Et Harry était assez réceptif à ses attentions. Il n'avait jamais eu d'amant avant lui, et il semblait avoir confiance en Draco, donc il se laissait faire, et il essayait de donner, lui aussi. Draco était de ces personnes qui préfèrent donner que recevoir et il se surprenait à aimer les attentions de Harry, au point de préférer recevoir. Certes, Harry était maladroit, mais peut-être était-ce l'amour, ou autre chose, mais Harry lui faisait vraiment de l'effet. Il en venait à se demander comment il avait pu attendre si longtemps sans pouvoir le toucher… Et pourtant, Draco n'était pas un accro du sexe, contrairement à certaines de ses conquêtes.
« Nymph' a fini de tout préparer ?
- Je suppose. De toute façon, quand Tata aura fini, on va y aller. Dis-moi, tu as payé combien le gâteau ?
- Ça ne te regarde pas.
- Dray, laisse-moi partager. Tu payes avec Nymph', et je… »
Il fut interrompu par les lèvres de Draco, qui l'intimait au silence. Ils entendirent Isaline sortir de la salle de bain et descendre les escaliers. Les garçons se levèrent, puis ils mirent leurs chaussures, leurs manteaux, et enfin ils partirent.
Nymph' n'habitait pas bien loin de la boutique, à quelques rues seulement, dans une petite maison. Isaline sonna et Remus vint leur ouvrir. Il la serra dans ses bras en lui souhaitant un bon anniversaire. Le matin-même, Harry s'était levé un peu plus tôt, réveillant ainsi Draco qui dormait à moitié sur lui, pour sauter sur Isaline et lui hurler un bon anniversaire. Draco avait, bien malgré lui, éclaté de rire, alors que la tatoueuse grognait qu'il aurait pu attendre qu'elle se lève pour lui souhaiter son anniversaire.
Ils entrèrent dans la maison, ou plutôt dans le salon, joliment décoré. Nymph' sauta sur Isaline comme un chat sur une souris, manquant de la faire tomber, pour lui souhaiter un bon anniversaire. A demi asphyxiée, Isaline la remercia. Sirius et Severus ne tardèrent pas à arriver, et la fête commença.
Ce fut un agréable moment. On prit d'abord l'apéritif dans le salon, puis on dîna. Remus avait fait la cuisine, supervisé par son épouse qui tournait autour d'Isaline. Elle était la reine de la fête et semblait heureuse. Un peu comme une enfant. Draco n'arrêtait pas de la regarder : il aimait la voir sourire et rire de cette façon, entourée qu'elle était de Nymphadora Tonks, de Harry Potter et de Sirius Black. C'était aussi pour ça qu'il avait fait quelques cours particuliers pour lui acheter ce gâteau aux macarons : il aimait la voir comme ça, cette femme au visage sévère qui l'avait menacé du regard et qui l'avait pris contre elle quand il avait eu son accident. Il aimait son visage de maman.
Sirius, Isaline et Nymph' burent quelques verres de trop. Remus ne but pas trop, même s'il était aussi pompette que Harry. Seuls Severus et Draco restèrent sobres. Vint le moment du gâteau. On éteignit les lumières et Nymph' apporta le gâteau. Les yeux d'Isaline s'arrondirent de surprise. Elle fut si contente de son gâteau que ses joues en rosirent. Quand elle eut soufflé ses quarante bougies, elle remercia Draco et Nymph' pour le gâteau. Le blond lui dit qu'il n'avait pas de cadeau mais Isaline balaya ces paroles en le serrant contre son cœur. Elle était pompette mais assez lucide pour être heureuse de son gâteau.
Puis, il y eut la distribution de cadeaux. Harry, Severus et Remus s'étaient d'accord pour lui offrir un nouvel ordinateur avec imprimante et scanneur. Isaline n'en revint pas et fit ses yeux de merlan frit. Elle fit de gros bisous à Harry qui rougit, ce qui fit ricaner son petit ami, qui se fit écraser le pied par le brun, puis elle embrassa très fort Remus et elle dut presque plaquer Severus sur le canapé pour lui faire un bisou. Sirius éclata de rire, ce qui ressemblait à un aboiement. Puis, ce dernier lui offrit une bague avec un saphir, en lui déclarant, à genoux, qui lui serait toujours fidèle, qu'importe ce que la vie leur réservait. Il était complètement bourré. Puis, Nymph' éclata en sanglots et lui dit qu'elle l'aimerait toujours et elle lui offrit un album photo, fait chez un photographe, avec la photo de tout le monde. Severus glissa à Draco qu'Isaline avait l'air sobre à côté de ces deux zouaves. Quant à Teddy, car il ne fallait pas l'oublier, il offrit à sa marraine un joli dessin de Winnie l'Ourson et de Tigrou.
La soirée se finit tranquillement dans les rires, même si Remus dut menacer Sirius et même sa femme de leur verser un seau d'eau sur la tête pour les calmer. Puis, tout le monde rentra chez soi. Isaline était plus que pompette et elle avait du mal à marcher droit. Draco eut peur qu'elle vomisse ou tombe, mais elle était plus lucide qu'elle n'en avait l'air.
Une fois à la maison, Draco monta dans la salle de bain pour se changer, et quand il voulut dire à Harry qu'il pouvait y aller, il l'aperçut enfiler une chaîne autour du cou d'Isaline qui le serra fort contre elle.
Tellement fort que Draco se sentit jaloux. Harry enlaçait sa taille et Isaline lui serrait le cou. Il y avait tant de tendresse et d'amour dans cette étreinte… Un fils qui enlaçait sa mère. Un cadeau secret qu'il n'avait pas osé montrer aux autres.
Draco sentit son cœur se serrer. Quand sa maman à lui avait eu quarante ans, il lui avait aussi offert ce genre de cadeau, mais lui n'avait pas eu ce câlin… Il avait passé l'âge d'exiger de telles attentions de ses parents, mais il aurait aimé que sa maman le serre comme ça contre son cœur.
Le cœur un peu lourd, il rentra dans la chambre et attendit un long moment Harry, en somnolant. Au bout d'un moment, le brun se glissa à ses côtés. De suite, Draco s'allongea sur lui et sentit les bras de Harry se refermer sur lui, ses doigts caresser ses cheveux et son souffle effleurer son front. Il s'endormit dans ce cocon de chaleur…
OoO
« Harry, assis-toi ou je t'assomme.
- Tu n'oserais pas.
- Tu crois ? »
Soudain, Draco lui barra le ventre avec son bras et le fit basculer sur le lit. Surpris, Harry écarquilla les yeux, alors que Draco s'installait sur ses genoux. Harry se redressa mais Draco le poussa pour qu'il reste allongé.
« Dray, laisse-moi tranquille !
- J'en ai marre de te voir tourner dans toute la maison. On dirait Isaline.
- En même temps, elle a eu quarante ans hier, c'était normal. Dray, s'il te plait…
- Non. »
Draco se pencha vers Harry, ses mains sur son torse, et lui glissa à l'oreille qu'il aimait l'avoir à sa merci. Harry leva les yeux au ciel et, sans crier gare, il le fit basculer à son tour sur le côté. Perdant l'équilibre, Draco ne put que se laisser faire, même s'il lutta quand Harry monta sur lui. Le brun tenait ses poignets et Draco fut surpris de sentir une telle force dans ses mains, qui le plaquèrent contre le lit. Draco eut beau vouloir se dégager de son emprise, il ne pout faire bouger ses mains, pareilles à deux étaux. Harry se pencha alors vers lui et lui chuchota au creux de l'oreille qu'il aimait bien, lui aussi, quand le blond était à sa merci.
Draco haussa un sourcil, l'air neutre, et lui demanda poliment de bien vouloir lâcher ses poignets. Harry ria et le lâcha aussitôt, ce qui fit sourire le blond : ça faisait toujours rigoler Harry quand il prenait un ton aristocratique pour lui parler.
« T'as de la force, quand même, dit Draco en regardant son poignet.
- Tu sais, Draco, les muscles que j'ai aux bras, c'est pas de la graisse.
- Ça veut dire quoi, ça ?! S'emporta le blond.
- Rien du tout. »
Boudeur, Draco voulut le repousser, mais Harry s'accrocha à ses épaules et s'installa de façon à ce que le blond ne puisse pas se débarrasser de lui.
« Tu boudes ?
- Pourquoi tu te muscles ? Demanda soudain Draco.
- Tu préfères les hommes androgynes ?
- Tu fais de la gonflette pour parader devant les filles sur la plage ?
- Non, c'est juste parce que je me trouvais moche, avoua Harry.
- N'importe quoi. »
Harry lui assura que c'était pour ça qu'il avait décidé de se muscler : il complexait un peu à cause de ses cheveux en bataille, ses genoux noueux, son corps maigre et sa petite taille. Comme Isaline venait d'investir dans un nouvel appareil de musculation, il avait décidé de s'y mettre. Au début, il courrait sur le tapis, parce qu'il aimait bien courir, puis il s'était mis à la musculation, sous l'œil de Sirius.
« Tu étais si maigre que ça ?
- Je ne me trouvais pas beau, c'est tout. Après, j'ai retrouvé confiance en moi. »
Draco lui dit que sa musculature n'était pas excessive, ce qui lui convenait : il n'aimait pas les types trop musclés, dopés et mangeant comme dix. Harry eut un sourire et il répliqua que c'était normal, puisque Draco préférait porter le pantalon, quand il était en couple. Draco posa alors ses mains sur les hanches de Harry et rétorqua que Harry aimait bien être le dominé. Par exemple, c'était Draco qui le baladait en voiture, et il se laissait dominer dans leurs baisers.
« Je fais ça parce que tu aimes ça.
- C'est ça, c'est ça… »
De la taquinerie. Toujours de la taquinerie. Draco lisait l'amusement dans les yeux verts de Harry, qui semblait peu décidé à se déplacer.
« Bon, Harry, c'est pas que tu m'embêtes, mais il est l'heure.
- Ça y est ?!
- Continue comme ça et je vais être jaloux. »
Mais Harry ignora la dernière remarque de Draco. Il se leva et se rua hors de sa chambre. Draco poussa un soupir faussement exaspéré, le suivant à son tour dans le couloir. Il descendit les escaliers et le retrouva dans l'entrée, où il enfilait des Converses d'un jaune canari.
« T'as pas d'autres chaussures ?
- Les noirs avec les têtes de Jack Skellington ?
- Garde les jaunes, elles te vont à merveille. »
Puis, une fois leurs manteaux sur le dos, ils allèrent dans le garage et empruntèrent la voiture d'Isaline. Luna arrivait à Paris aujourd'hui, et depuis le matin, Harry était intenable, au point que Draco s'était senti jaloux de la jeune fille. Mais il avait promis à Harry de l'accompagner, à la place d'Isaline, avec la voiture. Et puis, il ne voulait pas manquer le moment des retrouvailles…
Ils mirent du temps à accéder à la gare et à se garer. Ils étaient en avance, donc ils patientèrent sur le quai, jusqu'à ce qu'on annonce l'arrivée du train. Le panneau finit par livrer quelques informations et Harry devint vraiment pénible. Draco manqua de l'assommer une bonne fois pour toute, mais il n'en eut pas l'occasion, car son petit ami le tira sur le quai, s'avançant vers l'endroit où Luna était censée descendre de son train.
Puis, l'engin arriva, lentement, glissant sur les rails comme un serpent. Une fois qu'il fut stabilisé, les portes s'ouvrirent et les gens purent sortir des wagons. Draco fut piqué par la jalousie quand la main de Harry quitta son bras : il le vit s'enfoncer dans la masse et, soudain, soulever quelqu'un dans ses bras. Une fille, dont il perçut la longue chevelure blonde ondoyante, qui lui enserra le cou. L'étudiant se mordilla la lèvre en percevant ce tableau : une fille vêtue d'un jean violet foncé et d'une veste d'un blanc passé, ses longs cheveux blonds coulant dans son dos. Harry la serrait fort contre lui.
C'était la première fois qu'il était jaloux. Vraiment jaloux. Son cœur se serrait dans sa poitrine, sa gorge se nouait, et ses poings se crispaient. Ça faisait mal. De le voir serrer dans ses bras cette fille qu'il ne connaissait pas, lui embrasser les cheveux, et le voir sourire ainsi…
Luna tourna la tête vers lui. Elle était jolie. Pas belle, juste jolie. Elle n'avait pas le charme des filles-mannequins, avec leurs jupes et leurs petits hauts élégants. Mais elle était jolie, elle avait le charme des filles simples qui ne sont préoccupées que par le regard de leurs proches, et pas par celui du monde.
Elle allait bien avec Harry, cette fille aux vêtements dépareillés, sortie de nulle part, avec ces boucles d'oreilles en forme de radis, ses yeux bleus et rêveurs, sa longue chevelure blonde lâchée dans son dos.
« Luna, voici Draco. Draco, je te présente Luna. »
Le plus naturellement du monde, la jeune fille s'avança vers lui, se hissa sur la pointe de ses pieds, puis l'embrassa sur les deux joues. Draco sembla retomber sur terre.
« Bonjour, Draco. Je suis contente de te rencontrer. »
Elle avait une voix lente et très douce, qui correspondait parfaitement avec son air rêveur. Toute la jalousie qui était monté en lui comme un vilain poison sembla retomber, s'évanouissant d'un coup. Elle ne représentait plus une menace, à ses yeux : cette fille n'était pas un obstacle à franchir.
« Bonjour, Luna. Harry m'a beaucoup parlé de toi.
- Ça ne m'étonne pas, il est très bavard, fit Luna en souriant légèrement.
- Luna !
- Isaline n'est pas là ? Elle est à la chasse au troll ?
- Elle s'est mise dans la tête que ce n'est plus de son âge, répondit Harry en prenant sa valise.
- Je vais la remettre dans le droit chemin. J'ai faim, je vais m'acheter quelque chose. »
Elle partit devant eux, trottinant à la recherche d'une boulangerie. Harry la suivit et eut un sourire en remarquant le regard septique de Draco, qui se demandait si, en fait, il ne manquait pas une case à cette fille. C'était quoi, cette histoire de troll ?
« Luna est un peu bizarre, avoua Harry, sans quitter son amie des yeux, accélérant le pas.
- En effet : elle te laisse sa valise et parle de troll.
- Je lui prends toujours sa valise et elle le sait. Il va falloir t'habituer, elle a une façon de parler… un peu bizarre.
- Tu peux m'expliquer ? Demanda Draco, alors que Luna fendait la masse devant eux.
- Partir à la chasse au troll : se chercher un amoureux. Ne t'inquiète pas, on s'y fait. Tata a eu du mal au début, mais c'est une question d'habitude. »
Nan mais Draco, lui, il était saint d'esprit, et il parlait comme tout le monde. Et il s'habillait comme tout le monde. Il se dit qu'il allait devoir utiliser ses méninges pour pouvoir comprendre cette fille étrange que Harry semblait beaucoup aimer. C'était pourtant le genre de personnes que lui-même fuyait comme la peste : Draco était bien trop réaliste pour tenter de comprendre les délires de ces gens-là.
Ils retrouvèrent Luna dans une boutique, en train de s'acheter un sandwich thon et crudités. Draco regarda discrètement sa nouvelle montre, puis il haussa un sourcil. Il dit à Harry qu'ils allaient déjeuner dans une heure, elle aurait dû prendre autre chose qu'un sandwich ! Le brun haussa les épaules : Luna mangeait comme quatre et ne prenait pas un gramme.
« Tu la sors d'où, cette fille ?
- Je te l'ai dit, on était dans la même classe en seconde. Elle est un peu sorcière, je trouve. »
Tous les trois, ils quittèrent la gare, en discutant tranquillement. Luna leur raconta son voyage, qui s'était passé plutôt tranquillement, mis à part une mère installée avec ses deux enfants qui avaient fait un boucan pas possible. Du moins, ce fut ce que Draco en déduisit, car quand Luna leur dit qu'une femme était arrivée avec ses deux lutins de Cornouailles totalement intenables, il comprit qu'il s'agissait de deux enfants. Quand ils furent dans la voiture, Harry lui demanda ce qu'il y avait de nouveau à Londres, et Luna mit un petit temps de réflexion avant de lui répondre.
Draco les écoutait plus qu'il ne participait. Luna avait une voix douce agréable à entendre. Elle parlait français, forcée par Harry qui ne parlait pas un mot d'anglais, et elle faisait fréquemment des erreurs. Cependant, quand ils arrivèrent à la maison, Draco se demanda sérieusement si c'était de vraies fautes ou si elle faisait exprès pour taquiner Harry.
OoO
Et il se libéra. Purement et simplement. De suite, sa tête sembla se vider, ses pensées embrouillées dans son esprit. Même ses sens semblaient dissolus, il n'entendait que le bruit de sa respiration et sentait une main posée sur sa cuisse et une paire de lèvres dans son cou.
Quand il reprit quelque peu ses esprits, il réalisa sa position : assis dans une baignoire à moitié pleine avec Draco dans son dos, qui lui tripotait les cheveux. Et il se dit que la chair était vraiment faible : une fois encore, il avait cédé.
Pendant une bonne heure, Draco fit des pieds et des mains pour convaincre son petit ami de prendre un bain avec lui, ce qui n'enchantait guère le brun. Déjà, il devait se mettre nu devant lui, ce qu'il était tout de même capable de faire, mais en plus, il savait que ça allait mal tourner, bien que ça soit dans le bon sens du terme. Et, une fois encore, il ne s'était pas trompé. Si Draco avait été sage, au début, c'était rapidement parti en vrille quand un petit quelque chose s'était soudain manifesté, contre le popotin de Harry. Et évidemment, il n'avait pu repousser bien longtemps les mains baladeuses de Draco…
« Ça y est, tu t'en es remis ?
- Obsédé.
- Ne me dis pas que tu n'as pas aimé, je ne te croirai pas. »
Oh si, il avait aimé. L'excitation et le plaisir avait envahi son corps de la plus douloureuse et délicieuse façon. Harry ressentait davantage le bien-être causé par ces caresses que Draco, étant donné qu'il n'avait jamais été touché de cette façon, ce que le blond savait parfaitement, et il aimait jouer avec ses sens, lui faire perdre pied, même si lui n'était pas tout à fait satisfait.
C'était d'ailleurs un motif de frustration pour Harry, aussi. Il n'était pas capable d'aller plus loin que ça, il ne s'en sentait pas capable. Il s'en voulait car Draco avait eu plusieurs amants et maîtresses et Harry se demandait si le blond ne finirait pas être lassé. Draco lui avait assuré le contraire, il le voulait pleinement consentant, et ça l'amusait de le voir perdre pied de cette façon. Néanmoins, Harry était gêné parce qu'il ne pouvait pas le contenter.
« Bon, il va falloir se rincer, maintenant. »
Harry avisa l'eau souillée et se dit que ce serait une bonne idée. Il se pencha pour retirer le bouchon afin que l'eau de la baignoire puisse couler. Draco était toujours contre son dos, sa tête sur son épaule. Harry tourna la tête vers lui et le blond cueillit ses lèvres chastement. L'eau finit par disparaître de la baignoire, alors Harry put se rincer. Puis, il sortit de la baignoire.
Alors que Draco se rinçait à son tour, il détailla Harry du regard. Ce dernier s'essuyait avec une serviette d'un orange criard. Draco ne se lassait pas de regarder Harry. Ce dernier avait un corps entretenu, plutôt musclé : son torse était sculpté, ses épaules robustes et ses bras bien proportionné. Draco était déjà sorti avec des hommes musclés, certains étaient tatoués. Rarement. Il était sorti avec un homme baraqué qui avait un bracelet de motifs polynésiens, d'après lui, autour des biceps de son bras gauche. Draco avait trouvé ça pas terrible. D'ailleurs, il n'était pas resté longtemps avec lui, ce type voulait dominer Draco, à tout point de vue.
Bref. Draco n'avait jamais été particulièrement attiré par les tatouages, et pourtant, Harry en était recouvert : des tribales sur un de ses bras, un bracelet sur le poignet de son autre bras, un papillon bleu sur le cœur et des ailes sur tout le dos. D'un autre côté, c'était le risque quand on sortait avec un tatoueur… C'était plutôt choquant qu'il soit autant tatoué, vu son âge, mais Draco trouvait que ça allait parfaitement avec son physique : il était musclé et tatoué, mais ce n'était pas des horreurs qu'il avait sur la peau. Draco ne s'était jamais remis de sa liaison avec une jeune file qui s'était tatoué les trois gosses de L'étrange Noël de Monsieur Jack sur le dos et un gros Hello Kitty avec des bonbons sur le bras…
C'était parce qu'il aimait Harry, mais Draco acceptait davantage ses tatouages à lui, qui lui donnaient un certain style. Bon, il était vrai que les ailes sur son dos étaient immenses, et le papillon sur son cœur faisait tapette. Mais Draco aimait ses tatouages. Il aimait regarder son dos, plumes onduler sur sa peau. Il aimait retracer les ailes du papillon avec ses doigts, sentir son cœur pulser contre sa main. Il aimait regarder les tribales sombres se mettre en mouvement quand il soulevait des poids, dans la petite salle de sport. Et il aimait apercevoir le bracelet de lignes noires et ondoyantes quand levait la main pour la passer dans ses cheveux.
Non, vraiment, il aimait le corps de Harry et ne se lassait pas de le regarder. Pas de façon perverse, mais plutôt admirative. Draco n'était pas musclé, n'ayant jamais vu l'intérêt du sport ni celui de faire grossir ses muscles. Il n'était pas tatoué, non plus, ni même percé. Il n'avait jamais eu envie de tout ça. C'était peut-être un peu pour ça qu'il aimait Harry : il était complètement différent de lui, et Draco avait de plus en plus l'impression qu'il lui correspondait parfaitement.
Quand il avait jeté son dévolu sur Harry, il ne s'était pas loupé…
OoO
Le lendemain, c'était le Nouvel An. Et tout le monde était en ébullition.
Ron était passé traîner à la maison, mais pas bien longtemps, étant donné qu'Isaline l'avait viré de chez elle : elle avait un mal de tête pas possible et elle voulait se détendre dans son salon, sans avoir un rouquin qui sauterait partout. Harry avait tenté de calmer Ron, vexé, en lui expliquant qu'Isaline ne se sentait pas bien et il valait mieux la laisser tranquille. Luna, sur un ton de confidence, avait soufflé à Draco que la patronne avait des nargoles au-dessus de la tête. Le blond avait haussé un sourcil et il avait compris qu'elle parlait des règles quand Luna avait précisé que ça n'arrivait qu'une fois par mois et c'était vraiment embêtant comme moment.
Draco ne l'aurait jamais cru, mais il s'était fait à la présence de Luna. Il pensait, même si c'était puéril, qu'il allait être jaloux de la jeune fille qui lui piquerait très certainement son petit ami pendant de longues heures, mais bien au contraire, il appréciait la compagnie de la jeune fille. Certes, elle était un tantinet dérangée, avec des expressions obscures et ses vêtements d'un goût douteux, mais elle était étonnement lucide, par moments.
En soi, Luna était sympathique, mais il fallait la connaître, se disait Draco. Il était évident que, s'il l'avait eue dans sa classe au lycée, jamais il ne lui aurait adressé la parole. D'ailleurs, même aujourd'hui, il n'aurait jamais eu l'idée de lui parler si elle n'avait pas été l'amie de Harry. Luna était plutôt gentille et maline, l'air de rien. Cependant, Draco, avec mauvaise foi, se disait que ce n'était pas pour autant qu'il ne mettrait à fréquenter des plombés qui portaient des pantalons jaune canari et des tee-shirt rose fuchsia avec I love London dessus, sans oublier les boucle d'oreilles en forme de radis et des colliers immondes, qui, très étrangement, lui allaient bien. Luna Lovegood était une exception. Dans tous les sens du terme…
En fait, se disait Draco, se qui sauvait le tout, c'était la gentillesse et l'intelligence de la jeune fille. Enfin, elle avait de la conversation et Draco aimait ça. Même si elle était rêveuse et disait souvent des choses sans queue ni tête, il lui arrivait d'être lucide et il avait des conversations intéressantes avec elle, sur des sujets sur lesquels il n'aurait même pas pensé discuter, avec elle ou qui que ce soit d'autre. De plus, Draco n'avait pas vraiment l'impression de faire des efforts : elle était la meilleure amie de Harry et il se devait de bien s'entendre avec elle, mais Draco passait du temps avec Harry et Luna sans se sentir forcé à supporter la compagnie de cette déjantée.
Blaise passa dans l'après-midi leur rendre visite et il fut étonné en rencontrant Luna, surtout quand il vit que Draco s'entendait bien avec elle, malgré ses bizarreries. Néanmoins, le black tomba sous le charme de l'anglaise, même s'il avait du mal à la suivre par moments. Son visage incrédule entraînait l'hilarité de Harry, Draco était plus discret mais n'en pensait pas moins.
Ainsi, la venue de Luna ne fut pas perçue par le blond comme gênante, il ne ressentait pas de jalousie particulièrement. Il avait presque envie de dire que, au contraire, sa visite était une aubaine : il avait moins de remords à laisser Harry seul quand il devait bosser ses cours… Ce qui arrivait relativement souvent, étant donné que Draco était bosseur, et il était tenté de quitter son travail à cause d'un Harry un peu trop tentateur…
OoO
Ses mains sur lui… Ses doigts qui glissaient sur son torse, lentement, envoyant des frissons dans tout son corps…
Harry était plaqué contre un mur de la salle de bain. Il sentait une serviette éponge contre ses jambes et la barre contre son dos. En soi, c'était désagréable, mais il était trop perdu pour faire réellement attention aux détails… Draco était contre lui, plus grand, ses mains navigant sur son corps, l'embrasant avec une lenteur cruelle. Il ne leur restait plus que leurs pantalons, leurs torses se touchaient, et leurs lèvres ne parvenaient plus à se quitter.
Luna était partie se coucher, disant qu'elle était épuisée, donc Harry était allé se doucher. Draco en avait profité pour le coincer dans la salle de bain, tournant le verrou. Il s'étaient retirés leurs hauts, et leurs mains voyageaient sur le corps de l'autre. Draco éveillait les sens de Harry, taquinait ses nerfs et effleurait sa peau avec sensualité, créant un véritable brasier en lui. Le souffle du brun caressait ses lèvres, si proches des siennes, comme s'ils allaient s'embrasser.
Draco le sentait céder. Petit à petit. Harry avait opposé une petite résistance au début, le repoussant mollement de ses mains, mais Draco y allait en douceur, détruisant chaque barrière, les unes après les autres. Il voulait le toucher, le sentir vibrer contre lui, même si son propre désir n'était jamais réellement assouvi par des caresses.
Ses doigts, posés sur la chute de reins du tatoueur, se glissèrent lentement sous le pantalon. Harry se contenta de soupirer et Draco n'hésita plus : il retira le bouton du jean puis le descendit, ses mains ayant accès au caleçon de son petit ami. Allumeur, Harry y alla plus en douceur, défaisant lentement la boucle de la ceinture de Draco, puis il détacha le bouton, baissa la braguette et le pantalon noir glissa alors le long des jambes blanches du blond.
Ils étaient excités, tous les deux. Ça se voyait, dans leurs regards et sur leur visage, et ça se sentait… Pourtant, l'un savait qu'il n'était pas en mesure d'aller plus loin que ses propres limites, et l'autre savait qu'il ne pourrait pas le forcer à trop s'avancer. Draco voulait un acte consenti des deux côtés. C'était bien la première fois que Draco ne forçait pas son partenaire à se laisser aller, les prudes l'ayant toujours exaspéré. Bien au contraire, avec Harry, il voulait le déguster, prendre son temps pour tout connaître de lui, le toucher, le faire venir vers lui, naturellement …
Leurs sous-vêtements tombèrent au sol, lentement, dans un froissement de tissu. Draco passa une main sur sa cuisse pour la soulever, guidant la jambe de Harry, pour qu'elle enserre ses hanches, et ainsi rapprocher leurs corps encore davantage. Mais Harry ne se laissa pas faire, lui qui, d'habitude, était si passif. Draco ne fit aucun geste pour le forcer, mais quand il approcha sa main de ses parties intimes, à nouveau, Harry repoussa doucement sa main. Draco se permit alors de hausser un sourcil. En réponse, Harry posa ses mains de chaque côté de son visage et l'embrassa, tendrement, faisant lentement remonter ses doigts dans les cheveux ébouriffés de Draco, les caressant doucement.
Ces simples gestes eurent l'effet d'un aphrodisiaque sur l'étudiant. Les lèvres de Harry sur les siennes et surtout ses doigts dans ses cheveux éveillaient toujours ses sens… Il s'était vraiment découvert ce point sensible avec Harry, qui aimait passer ses mains dans ses cheveux blonds.
D'ailleurs, s'il avait pu lire dans son esprit, il aurait pu y lire sa frustration. Harry savait qu'il ne pourrait s'offrir à Draco, pas maintenant : il n'était pas prêt à passer l'acte, même si ces caresses lui en donnaient l'envie. S'offrir, c'était un acte bien plus intime, sensible, et Harry était loin d'être prêt à cela. Et cela le frustrait : Draco avait eu plusieurs amants avant lui, des hommes et des femmes, des personnes qui lui avaient donné du plaisir, sans se montrer aussi prude que lui. Harry était effrayé à l'idée de réellement faire l'amour, et en même temps…
C'était pour ça qu'il repoussait ses avances. Harry n'était pas rassuré, mais alors pas du tout du tout, mais il devait se lancer. Draco était déjà suffisamment patient avec lui, Harry pouvait bien sauter un petit pas… Et c'était avec cette idée en tête qu'il poussa doucement Draco, pour échanger leurs places. Le blond se laissa guider sans comprendre, et il se retrouva alors contre le seul mur libre de la salle de bain, la barre où les serviettes étaient pendues dans son dos, et Harry contre lui.
Draco ne savait pas vraiment ce que Harry comptait faire, mais le fait même qu'il prenne des initiatives lui plaisait. Il sentit les lèvres de Harry se poser dans son cou et le jeune homme se blottit contre lui, comme s'il était très gêné, ce qui était en effet le cas.
« Harry ? Ça ne va pas ? »
Mais, d'un coup, sans réfléchir davantage, Harry se détacha du blond et se mit à genoux devant lui. Draco n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit car, déjà, il gémissait… Il dut même mettre sa main devant sa bouche pour étouffer les manifestations de son plaisir, les yeux clos. Il sentait les lèvres de Harry sur son sexe, sa langue sur la peau sensible, provoquant de violents frissons de plaisir qui coulaient dans ses veines, pareilles à de la lave en fusion.
Harry lui faisait l'amour avec sa bouche. Maladroitement, certes, et à tâtons, mais Draco sentait le plaisir déferler en lui, alors que ses doigts caressaient les cheveux noirs de Harry. Il n'avait pas l'habitude de recevoir ce genre de caresses, peu rassuré à l'idée qu'on lèche cette partie de son corps, et seules les personnes qui avaient été un minimum importantes pour lui avaient été autorisées à lui procurer ce genre de caresses. Pourtant il se sentait bien, en ce moment même, sans songer à ce qu'impliquait cette situation. C'était peut-être le fait qu'il n'avait pas couché avec quelqu'un depuis un bon bout de temps qui rehaussait son plaisir, ou c'était peut-être parce que c'était Harry, tout simplement…
Il sentit qu'il allait jouir. Harry passait et repassait sa langue sur le bout de son sexe, comme s'il le sentait à bout. Draco souffla qu'il allait venir, mais Harry ne se dégagea pas. Sans qu'il ne puisse se retenir, Draco se libéra.
Et retomba sur terre.
« Merde ! »
Les yeux embués par le plaisir qui coulait encore dans ses veines, il vit Harry se redresser sur ses jambes, ses doigts devant sa bouche, en faisant une légère grimace. La gêne et la honte tomba sur les épaules de Draco.
« Je suis désolé, Harry ! D'habitude, je me retiens…
- Mouais, j'ai connu meilleur.
- Harry ! »
Le brun ne semblait pas avoir conscience de l'embarras du blond, qui avait joui dans sa bouche, ce qui le gênait atrocement. Il ne jouissait jamais tant que la personne ne s'était pas reculée, jamais, et le voilà qui se libérait alors que Harry… Ah, ce n'était pas possible, il avait honte ! Et lui qui avait toujours pensé que cet acte était un manque de respect… Il était dégoûté…
Et Harry tentait de trouver un adjectif pour le goût de ce truc blanc, qu'il trouvait peu agréable. Il était lancé, donc il avait voulu aller jusque au bout des choses, une connaissance homosexuelle lui avait affirmé qu'il adorait boire le sperme de ses partenaires. Harry trouvait qu'il ne voyait pas en quoi c'était agréable, il avait connu mieux, comme goût…
« Harry, tu m'écoutes ?!
- Arrête de t'exciter comme ça, tu vas réveiller Tata.
- Harry, j'ai…
- Je ne me suis pas retiré, donc arrête de te prendre la tête. En tout cas, c'est pas terrible, comme goût. C'était agréable, au moins ? »
Draco poussa un soupir : il n'avait pas pu se retenir, n'était-ce pas une preuve évidente ? Mais il lut le doute sur le visage de Harry, et il réalisa : lui qui n'avait jamais eu d'expérience avec qui que ce soit avait pris une initiative plutôt étonnante. De sa part, du moins. Draco trouvait ça surprenant, qu'il se lance comme ça, d'un coup, mais il se sentait flatté aussi : un pas venait d'être franchi et c'était Harry qui l'avait fait, en réponse à ses avances. Leur relation avançait dans le bon sens…
« C'était assez maladroit.
- Pourquoi je ne suis pas étonné ? Maugréa Harry, vexé. Je ne suis pas le premier, de toute façon. Pourquoi tu souris ?
- Tu es mignon quand tu es vexé. Si tu veux savoir, c'était agréable.
- Même si c'était maladroit ?
- Evidemment, espèce d'idiot, je te taquine. »
Draco se pencha pour l'embrasser mais Harry posa ses doigts sur ses lèvres, en lui montrant sa propre bouche, l'air de dire : « ça va pas être possible ». Draco l'embrassa alors sur la joue et le prit dans ses bras, en lui soufflant un « merci » à l'oreille. Harry rougit et chuchota qu'il ne se sentait pas capable d'aller aussi loin que Draco l'aurait voulu, alors il avait voulu… compenser. Le blond avait été assez patient avec lui, il fallait bien avancer…
« C'est quand même étonnant de ta part.
- Je sais. Je suis étonné moi-même. Je ne me comprends pas, en ce moment…
- Tu as confiance en moi, c'est pour ça. »
Harry sembla un peu surpris, mais Draco argumenta : Harry lui avait toujours fait confiance, du moins depuis qu'ils sortaient vraiment ensemble. Il savait que Draco était sincère et ce dernier prenait son temps avec lui, pour qu'il ne se sente pas obligé de faire quelque chose qu'il ne voulait pas. Du moins, c'était ce que Draco espérait, et un simple hochement de tête lui confirma qu'il avait raison.
Doucement, Draco l'entraîna dans la baignoire et s'installa derrière lui. Le blond entreprit donc de lui savonner le dos, et accessoirement de soulager la tension qui demeurait dans son corps. Car, mine de rien, Draco était le seul à avoir été satisfait…
(Ce qui est marrant, c'est que je pars pour faire un lemon, mais je m'arrête là où ça devrait, logiquement, être interdit de s'arrêter… frustrant, hein ?)
OoO
« A ton avis, laquelle est la plus jolie ?
- La jaune.
- Alors je vais mettre la bleue.
- Elle est pas un peu trop sexy pour toi ?
- Et alors ? De toute façon, personne ne va me draguer. »
Décidée, Luna sortit la robe du placard et l'emmena dans le salon, où Isaline était en train de repasser. La tatoueuse prit la robe et la regarda avec des yeux étonnés : nan, sérieux, Luna allait porter ça ? La tenue était d'un bleu électrique avec de multiples autres couleurs, même si c'était le bleu qui prédominait, s'arrêtant sous les genoux avec un décolleté raisonnable. Isaline regarda Luna quitter le salon en se disant que, une fois encore, que cette robe lui irait à ravir.
L'anglaise revint dans la chambre d'amis où Harry se trouvait, rêveur. Elle s'assit à côté de lui et examina son visage, ce qui gêna Harry. Un silence embrassant régnait dans la petite chambre, avant qu'il ne se lance.
« Il s'est passé quelque chose avec Draco, hier.
- Je sais. C'était bien ?
- Comment ça, tu sais ?! S'étonna-t-il.
- J'avais envie d'aller aux toilettes. »
Luna ne réagit pas du tout en voyant les joues de son ami s'embraser. Sa franchise avec quelque chose de légèrement embrassant… Elle les avait sûrement entendus dans la salle de bain, où il y avait une toilette, et de dépit, elle était descendue en bas.
« J'allais me coucher mais j'avais oublié d'y aller. C'était bien ?
- Oui…
- Si tu continues à rougir, je vais chercher des œufs pour les faire cuir sur tes joues.
- Luna, c'est embarrassant… Isaline le sait ?
- De quoi ?
- Ce qui s'est passé hier dans la salle de bain ! »
Par moments, Luna perdait le fil de la conversation, ce qui habituellement n'ennuyait pas Harry. Sauf là, car il devait lui rappeler les évènements de la veille…
« Ah oui…
- Tu lui as dit ?
- De quoi ?
- Luna ?
- Oui ?
- Tu lui as dit pour hier ?
- Non, je n'en ai pas eu besoin.
- Pardon ?!
- Elle avait oublié de se brosser les dents. »
Si Harry avait été Luna, il aurait éclaté de rire, en imaginant la tête de sa tante en entendant des bruits suspects dans sa salle de bain. Sauf qu'il était à sa place et il n'avait pas du tout envie de rire, bien au contraire : il était incroyablement gêné à l'idée qu'Isaline les ait découverts. Et ça aurait pu être pire si elle avait essayé d'ouvrir la porte… Sauf que, si elle avait essayé de l'ouvrir, bien qu'elle soit fermée, ça voulait dire qu'ils avaient été discrets… Ce qui n'était manifestement pas le cas.
« T'inquiète pas, elle t'en veut pas. Elle m'a juste dit que, si jamais elle retrouvait sa salle de bain toute crade, elle vous éclatait la tête. C'est ce qu'elle a dit.
- Je vais lui parler.
- Luna ! Cria soudain la patronne. Ta robe est repassée !
- Tu sais, je suis sûre que c'est une magicienne. Quand j'ai essayé de repasser cette robe, j'ai mis un temps fou. Aussi hargneuse que mon patron atteint de mauvais esprit. »
En gros, elle lui avait donné autant de travail que son patron dans ses grands jours… Luna sortit donc de la chambre pour aller récupérer sa robe, puis elle se planta devant la salle de bain en attendant que Draco en ait terminé avec sa toilette. Pendant ce temps-là, Harry se décidait à discuter avec Isaline à propos de la veille. Quand il voulut aborder le sujet, sa tante balaya ses explications d'un signe de main.
« Ryry, tu vis ta vie, mais par pitié, fais ça dans ta chambre…
- Entre nous, je ne sais pas si tu seras contente en trouvant des substances suspectes sur les draps. »
Isaline ne trouva rien à répliquer, car dans le fond, Harry n'avait pas tord. Merde alors, et elle qui s'était secrètement réjouie parce que Harry ne ramenait pas de copains ou de copines chez lui, donc ça lui évitait de tomber sur des situations compromettantes… Sauf que ce temps-là était révolu, Harry avait vingt-et-un ans…
« Nan, en fait, je préfère laver tes draps, soupira-t-elle. Dis-moi, vous êtes quand même pas passés à l'étape supérieure ?
- Non ! S'exclama-t-il, écarlate.
- Vous avez fait quoi, alors ? »
Elle mit deux bonnes minutes à lui tirer les verres du nez et elle se dit que son bébé avait décidément bien grandi, et elle s'étonna que des joues puissent rougir à ce point-là. En soi, que Harry se fasse tripoter par Draco ne lui faisait ni chaud ni froid : si leur relation avait été platonique, elle se serait inquiétée. Selon elle, le sexe était une chose importante dans le couple. Les sentiments étaient essentiels, certes, mais faire l'amour était important, aussi. Cela prouvait la solidité du couple, la confiance mutuelle… Un couple qui ne faisait pas l'amour ne fonctionnait pas bien, Harry et Cédric le prouvait. Et un couple basé sur le sexe était voué à l'échec, Nymph' le lui avait bien montré. Enfin, après, ça ne concernait qu'elle…
Cependant, ça étonnait Isaline. Après tout, Harry avait vécu un véritable calvaire avec Cédric et c'était surprenant qu'il cède aussi facilement à Draco. Oui, il l'aimait, oui, il lui faisait confiance… Mais Harry se laissait faire si facilement…
« Tu sais, Ryry… Ce que je ne comprends pas, c'est que tu te laisses faire aussi facilement… »
Harry lui expliqua alors que Draco était toujours prévenant et ne le forçait à rien. Enfin, si, en quelque sorte, mais Harry ne ressentait pas d'obligation : il n'avait pas ce besoin de lui résister, il ne ressentait pas de malaise quand il le touchait de façon trop appuyée, ou… Harry ne culpabilisait pas. Quand il disait non à Draco, il ne culpabilisait pas. Pas de façon très sérieuse, du moins. La veille, Harry avait été quelque peu agressif, d'où ses remords. Avec Cédric, il sentait qu'il aurait fallu qu'il s'offre à lui pour obtenir des marques d'affections. Mais ce n'était pas le cas avec Draco.
Il avait discuté avec lui, la veille. Et ce n'était pas qu'une question de confiance. C'était juste parce que Harry était vraiment amoureux. Et cela suggérait pas mal de choses. Le besoin d'attentions, de caresses, d'amour… C'était ça, être amoureux. Désirer un contact et que ce soit réciproque. Pour Draco, c'était évident. Mais pour lui, c'était le cas tout le temps, qu'importent les véritables sentiments : quand on éprouvait une attirance pour quelqu'un, tout ça était normal. Mais pas pour Harry, qui avait eu une vision différente du couple avec Cédric.
Alors qu'Isaline allait lui dire que, tant qu'à faire, elle préférait vraiment que leurs histoires se passent dans sa chambre, le téléphone sonna. Harry se leva donc pour répondre. C'était Théo, qui lui demanda si, à tout hasard, Harry n'avait pas égaré son portable, étant donné qu'il n'arrêtait pas de l'appeler depuis tout à l'heure. Harry s'insurgea : non, il ne l'avait pas perdu, il était tout simplement éteint. Mais il n'osa pas avouer à son ami qu'il l'avait perdu dans la matinée et que c'était Draco qui l'avait retrouvé…
« Bref. On est arrivé chez Ron et Neville, avec Seamus. On vous rejoint chez ses parents. »
A la base, Théo devait dormir chez Harry avec Blaise, mais étant donné que Seamus serait aussi de la partie, cela avait bouleversé leurs plans, car il fallait caser Hermione aussi. Neville passait le Nouvel An avec sa copine, Hannah, donc ça libérait un lit. Ainsi, Hermione dormirait dans le lit de Neville, Ron dans le sien, et Théo et Seamus se partageraient le canapé clic-clac. Ron voulait bien céder son lit à Seamus qui avait sa jambe cassée, mais Théo lui avait affirmé qu'il pouvait bien se passer de confort pour une nuit, il n'était pas en sucre. Sentant l'insinuation sur sa sexualité, Seamus lui avait alors écrasé le pied avec son plâtre.
Harry raccrocha et, au moment où il reposait le combiné sur son support, Luna l'appelait pour lui dire qu'il pouvait venir se doucher, la salle de bain étant libre. Harry monta à l'étage et entra dans la pièce. En le voyant passer, Draco eut envie de lui dire qu'il pourrait quand même prendre ses vêtements avant de s'enfermer, mais bon, de toute façon, Harry ne l'aurait pas écouté.
Le blond était installé sur le lit de Harry, lisant un roman qui lui plaisait moyennement. Mais il était de ces personnes qui se sentaient obligées de terminer les livres qu'elles lisaient, même si elles ne les aimaient pas. Enfin, d'un autre côté, il lisait très vite. Quand il était jeune, pour passer le temps, il s'était fixé le défi de lire Germinal de Zola en une semaine, il avait terminé en six jours (note : si, c'est possible). Quand il avait dit ça à Harry, ce dernier avait froncé le nez d'un air dégoûté.
« Draco ? »
Le blond leva les yeux de son livre et fut étonné de voir Luna dans l'encadrement de la porte. Elle portait une robe bariolée avec une prédominance de bleu qui s'arrêtait aux genoux. Habituellement, Draco aurait trouvé cette robe plutôt moche, mais étrangement, elle allait à ravir à Luna, qui était pourtant une jolie fille.
« Tu pourrais m'aider ? »
Et elle se retourna pour lui montrer son dos : la robe se fermait à l'aide d'une fermeture éclair. Draco posa son livre sur la table de chevet et se leva pour aider Luna. Il souleva sa masse de cheveux blonds, épais et ondulés, qui descendaient jusqu'à ses hanches.
« Voilà, c'est fait.
- Alors je suis prête.
- Tu n'attaches pas tes cheveux ? Demanda Draco, étonné.
- Non, je ne sais pas le faire. Je vais peut-être demander à Harry de me coiffer. »
Draco fut étonné par une telle réponse : une fille qui ne savait pas s'attacher les cheveux ? Voilà autre chose… Il lui proposa de la coiffer. Luna accepta, sans même se montrer étonnée. Voilà une chose qu'il aimait bien, chez elle : Luna ne s'étonnait de rien. Si ça avait été Harry, il lui aurait demandé des explications, et Draco aurait dû lui dire qu'il avait passé les onze premières années de sa vie à coiffer les cheveux noirs et drus de Pansy, sa petite voisine casse-pied. Et Harry aurait moyennement apprécié…
Ils allèrent dans la chambre d'amis, au rendez-de chaussée. Luna s'assit sur le lit et Draco s'installa derrière elle et se mit à lui peigner les cheveux. Il avait toujours eu horreur de coiffer les filles. Enfin, surtout Pansy. Mais il aimait bien Luna, et sans trop savoir pourquoi, ses mots avait quelque chose de… il ne savait pas trop, quelque chose de blessant… d'enfantin…
Quand elle lui avait dit qu'elle ne savait pas s'attacher les cheveux, Draco avait cru, l'espace d'un instant, que c'était une petite fille qui se trouvait devant lui, et non une jeune femme de vingt ans.
« Comment ça se fait que tu ne sache pas t'attacher les cheveux ?
- J'y arrive pas.
- Ta mère ne t'a jamais montré ?
- Non, Maman est morte. »
Le peigne s'arrêta dans ses cheveux. Puis repartit, les dents glissant dans sa crinière, doucement, comme pour ne pas la blesser.
« Je ne savais pas.
- Personne ne sait, dit-elle, sur le ton de la conversation. Je n'en parle jamais.
- Pourquoi ?
- Ça n'intéresse personne.
- Je suis sûr que si, fit Draco, sans s'arrêter de la peigner.
- Non. Personne ne s'intéresse à moi. Personne ne s'intéresse aux gens qui ne sont pas intéressants. J'ai jamais eu beaucoup d'amis, moi. A qui voulais-tu que je dise que ma maman est morte ?
- Elle est morte de quoi ?
- Elle faisait des expériences bizarres, et un jour, ça a mal tourné. Son labo a explosé. J'avais huit ans.
- Tu étais jeune… S'étonna Draco.
- Oui, mais j'avais mon papa. Il a un journal. »
Elle parlait de sa voix douce et neutre, comme si elle racontait ce qu'elle avait fait la veille. Draco regardait ses cheveux, peu entretenus, dont les pointes auraient eu besoin d'être coupées. Des cheveux dont elle ne s'occupait jamais, parce que personne ne le lui avait montré. Il regarda le tissu bariolé de sa robe. Luna, si rêveuse, avait-elle eu des amis qui lui avait conseillé de porter des vêtements plus normaux ?
« Alors j'ai grandi avec lui.
- Et tes amis…
- Je n'en ai jamais eu. Tu sais, quand j'étais jeune, on m'appelait Loufoca. »
Elle semblait amusée par ce petit surnom qu'on lui donnait. Draco se mordilla la lèvre, en songeant que c'était tout à fait le genre de surnom qu'on donnait aux élèves un peu plombés dans sa classe, quand il était au collège. Des sobriquets, moqueurs et blessants…
« Personne ne venait me voir. Mais bon, c'était normal, on me trouvait bizarre. Personne ne voulait de moi, dans les groupes. »
Comment vivait-on quand on était rejeté par les autres ? Dans une classe, parmi une trentaine d'élèves, comment pouvait-on se lever le matin en se disant qu'aujourd'hui encore on serait dans son coin, près de la fenêtre, sans que les autres ne nous adressent la parole ?
Draco avait connu des gens comme ça. Que les autres fuyaient. Que lui-même avait fuit. Il se déplaça pour se mettre à côté de Luna, afin de lui natter les cheveux.
« Et puis, il y a eu Harry. »
Son regard semblait s'illuminer. Elle revivait le jour où Harry lui avait adressé la parole, pendant un cours de volley, avec gentillesse. Elle n'avait rien montré, ce jour-là, ni même les suivants, mais à chaque fois qu'il lui parlait, c'était comme si les nuages qui flottaient au-dessus de sa tête s'écartaient pour laisser le soleil éclairer sa peau.
« Harry, il était gentil. Il me parlait de temps en temps, et il n'était jamais méchant. Il ne m'a jamais appelée Loufoca, lui. Il m'appelait par mon prénom et il se mettait toujours avec moi. Il me posait des questions, aussi. »
Il voyait qu'elle existait…
« Il était populaire, tout le monde l'aimait bien. Y'avait plein de gens qui étaient amoureux de lui. Un jour, on m'a mis la tête dans un lavabo rempli d'eau pour que j'arrête de le voir. Ils croyaient qu'on était amoureux. »
Mais Luna n'était pas amoureuse. Elle ne savait pas ce que c'était que d'être amoureux. Elle avait su, par moments, mais jamais personne ne la regardait, alors elle se disait que c'était juste un vilain sort que quelqu'un lui avait lancé pour lui faire du mal.
« Et tu n'avais que lui ?
- Oui. Les autres ne m'aimaient pas beaucoup parce que je lui parlais. Après, on a commencé à bien m'aimer, mais les autres ne m'intéressaient pas. Ils ne voyaient que Harry, de toute façon. Harry était mon ami et ça me suffisait. »
Elle lui dit aussi que, avec Harry, ils avaient des petits points en commun : ils avaient perdu un ou deux parents et ils avaient passé une partie de leur enfance peu idyllique. La mère de Luna était morte quand cette dernière avait huit ans, donc l'enfant avait passé son enfance avec son père. Un homme sympathique mais renfermé, qui s'occupa peu de sa fille. Elle avait peu d'amis et elle s'était habituée au fait qu'elle n'en aurait jamais vraiment. Harry avait été pareil, à une époque, et ça n'avait changé que quand il était venu vivre chez Isaline, quand il avait lui aussi huit ans.
« Il ne m'a jamais jugée. Il est gentil. »
Draco nattait ses cheveux en l'écoutant parler. Il découvrait une facette de Harry qu'il ne connaissait pas : Luna lui décrivait le lycéen que Harry avait été, ouvert aux autres sans avoir de réels amis, dragué par les filles et même par certains garçons. Et en même temps, il découvrait un peu Luna, qui lui parlait avec naturel. Draco termina sa coiffure : deux nattes parfaitement tressées tombaient dans le dos de Luna. Ce n'était pas une coiffure sophistiquée, mais vu l'état de ses cheveux détachés et à peine coiffés… D'ailleurs, Luna fut émerveillée de voir ses cheveux ainsi ordonnés, ce qui ne lui arrivait pas souvent.
« Tu coiffes souvent les filles ?
- Non, mais j'ai passé onze ans à coiffé une de mes voisines, à Londres.
- Pansy ?
- Ouais… »
Autre chose qui était bien, avec Luna : elle semblait lire en vous. En soi, c'était un désavantage, mais Draco trouvait ça bien pratique : pas besoin de s'étendre en explications pour être compris. D'ailleurs, elle-même ne s'étendait pas en détails, ne trouvant pas vraiment étonnant que quelqu'un comme Draco s'abaisse à coiffer ses cheveux. Elle devait sans doute savoir qu'il faisait ça parce qu'il l'aimait bien, et notamment parce qu'elle n'était pas prise de tête. Fofolle, mais pas trop prise de tête.
Ainsi, avec sa robe bariolée et ses cheveux nattés, elle était plutôt présentable. Draco se retint de pousser un soupir à fendre l'âme : elle avait l'air un peu ridicule et démodée, mais Bon Dieu qu'elle était jolie ainsi accoutrée… C'était normal d'être élégant et bizarre à la fois ? Il fallait croire que oui… Ça lui faisait penser à Harry, qu'il ne parvenait pas à trouver moche avec ses fringues déformées… Sauf que, encore heureux, il ne portait pas de vêtements trop colorés ou mal accordés…
Alors qu'il bossait la veille sur l'ordinateur, Draco n'avait pu résister à la tentation et il avait regardé dans les photos de Harry. Il avait donc vu Luna habillée en cow-boy, avec une jupe et un haut bruns, des bottes hautes et pointues, sans oublier un horrible chapeau de cow-boy argenté (note : véridique). Un accoutrement qui laissait sérieusement à désirer, selon Draco, mais qui lui allait à merveille…
OoO
« Heu… Théo ?
- Quoi, encore ?!
- Y'a Seamus qui t'appelle…
- Va te faire foutre, espèce de tarlouze !!
- Viens m'aider, homo refoulé !
- Comment tu m'as appelé ?!
- Heu… Ron ?
- Oui ?
- Y'a Théo et Seamus qui vont se battre…
- Laisse tomber, Neville.
- Mais j'ai peur, moi ! Et si on nous casse la maison ?
- Ils paieront les dégâts. Va t'habiller et ne t'occupes de rien. »
OoO
On sonna à la porte. Isaline alla ouvrir et accueillit Blaise, qui lui d'une voix charmeuse dit qu'elle était très élégante. Isaline prit alors un air suffisant en lui dit qu'elle était toujours élégante, ce n'était pas une nouveauté. Elle referma la porte derrière lui et l'emmena dans la chambre d'amis, où Blaise posa son sac, étant donné qu'il allait dormir chez eux.
« Au fait, où tu as garé ta voiture ?
- Devant votre garage, Draco m'a dit que je pouvais le faire, » répondit Blaise, un peu hésitant.
Isaline lui répondit qu'il avait eu raison : il pouvait le faire à chaque fois qu'il venait. Quand elle connaissait les voitures, elle ne disait rien. Elle laissa monter Blaise à l'étage, où se trouvaient les autres. Quand il entra dans la chambre, l'étudiant serra la main de Harry et Draco, puis embrassa Luna sur les deux joues. Draco fut d'ailleurs plutôt étonné : Blaise détaillait Luna des pieds à la tête. De façon discrète, bien sûr, mais n'empêche qu'il la détaillait quand même.
« Quelle est la suite du programme ? Demanda soudain le black.
- On passe chez Nymph' puis on va chez les parents de Ron, répondit Harry.
- Quelqu'un va garder son fils ? »
Nymph' n'avait pas prévu d'engager une nounou, ni même Fleur. Il n'y aurait que deux jeunes enfants, Teddy et Victoire, donc les adultes allaient se relayer pour s'occuper des deux petits. Cela étonna Blaise et Draco, qui avait une autre image dans la tête : ils voyaient les enfants avec une nounou ou les parents s'occuper d'eux, sans que les autres invités s'intéressent aux enfants des autres. Harry leur répondit que ce n'était pas comme ça chez les Weasley, bien au contraire.
Quand Isaline fut fin prête, ils purent se décider à quitter les lieux. Draco la complimenta sur sa tenue : la tatoueuse portait une jolie robe prune, simple mais qui lui allait à merveille, et ses cheveux étaient relevés en un chignon sur sa tête. Elle enfila le manteau que Draco lui avait offert, tout le monde mit ses chaussures, puis Isaline ferma la maison à double tour.
Il faisait très froid, dehors. Draco enfila ses gants en cuir que Harry regarda avec étonnement. Le blond se dit que c'était une chose que Harry ne devait pas connaître non plus : les gants, c'était fait pour protéger ses mains du froid. Harry avait quelque petites lacunes, quand même : c'était tout juste s'il mettait un manteau quand il avait froid, à la limite, il en mettait parce que les autres en portaient, il ne connaissait pas les bornes pour prendre des places réservées au cinéma, et Draco se demandait même s'il mettait de la crème solaire au bord de la plage. Même pas osé lui demander…
Luna n'était pas mieux dans le genre. Elle avait mis un manteau fait comme un patchwork qui descendait jusqu'à ses mollets, mais Draco se demandait si ça la réchauffait vraiment, vu que sa robe descendait jusqu'à ses genoux. Ils ne mirent pas longtemps à arriver chez Nymphadora et Remus. Ce fut ce dernier qui leur ouvrit, élégant et chaleureux. Il les invita à entrer dans le salon. Sirius et Severus étaient là, eux aussi, étant donné que Remus les avaient invités à dormir dans la chambre d'amis. Severus était encore dans la chambre en train de se préparer mais Sirius, au garde-à-vous, serra la main de tout le monde.
« Nymph' est encore en train de se préparer, prévint Remus. Elle s'est fait une nouvelle couleur. Enfin, je ne vois pas la différence avec la première, mais bon…
- Tu n'es pas un mari attentionné, lui reprocha Isaline d'un air fataliste.
- Mais je t'assure ! J'ai beau regarder, je ne vois pas la différence. Je devrais songer à me faire faire des lunettes. »
Soudain, Teddy arriva, un grand sourire aux lèvres. Au lieu de faire à bisou à Isaline ou à son parrain, il sautilla devant Draco en lui montrant une carte Pokémon.
« Draco ! Draco ! »
En effet, sur la carte, se trouvait le Pokémon Draco, dans toute sa splendeur. Le Draco blond fit une tête à mourir de rire, alors que l'assistance cédait à l'hilarité, en particulier Blaise, Sirius et Isaline qui se tenaient les côtes. Luna était la seule à demeurer plutôt calme, rêveuse, alors qu'elle soulevait le petit garçon dans ses bras.
« Tu sais lire, toi ?
- Non, vu à la télé ! »
Le petit garçon semblait fier de lui et il brandissait sa carte en disant « Draco ! Draco ! ». Vexé, ledit Draco leva le nez d'un air hautain : on le comparait à un Pokémon, maintenant ! Voilà autre chose ! Un espèce de serpent bleu portait son prénom… Il faillit étrangler Blaise quand ce dernier lui dit que, si les Pokémon avait existé à l'âge de leurs parents, il aurait pu se demander si mère n'avait été influencée en regardant le dessin animé pendant sa grossesse…
« Vous avez fini de vous foutre de ma gueule ? »
Nymph' arriva pile à ce moment-là, et quand son mari lui expliqua le plus calmement possible la situation, elle éclata de rire à son tour. Elle se jeta sur le blond pour lui ébouriffer les cheveux en lui disant qu'il était trop mignon avec son air pincé. Harry lui fit la même réflexion, puis il lui glissa qu'il n'avait pas à être vexé, c'était innocent… Le blond lui glissa à l'oreille que, en soi, ce n'était pas méchant, mais on n'allait pas le lâcher avec cette connerie… Ce qui n'était pas faux.
Severus ne tarda pas à descendre et fit une moue exaspérée quand il comprit pourquoi tout ce petit monde riait comme des baleines. Nymph' attrapa son fils dans ses bras en le félicitant. Elle portait une robe bleu foncé et cintrée qui lui allait à merveille. Et Isaline eut beau regarder ses cheveux, elle ne vit pas non plus en quoi sa teinture était différente de la précédente.
Ainsi, ils quittèrent la maison. Blaise, Sirius et Nymph' n'arrêtaient pas de le taquiner avec son prénom. Harry se faisait la réflexion qu'il n'avait jamais fait le rapprochement avec ce Pokémon, et pourtant il avait regardé ça quand il était môme. D'un autre côté, on ne disait pas « Draco » en anglais… Etant donné que son petit ami était à deux doigts d'étrangler les zouaves qui n'arrêtaient pas de se moquer de lui, Harry se posta à côté du blond et ordonna aux deux autres de le laisser tranquille, avec un sourire angélique qui n'annonçait rien de bon. Mais même s'ils le laissèrent tranquille, ils continuèrent à faire les idiots…
« Pokémon ! Attrapez les tous !
- Pikachu, go ! »
Ils arrivèrent chez les Weasley, qui avaient une maison plutôt grande. Ils furent accueillis par une femme rondelette, avec des cheveux roux et ondulés, dont le visage arborait un sourire chaleureux. Elle fut heureuse de tous les voir, embrassant tout le monde, les uns après les autres. Elle salua chaleureusement Draco, que Harry présenta comme son petit ami, et elle en fit de même avec Blaise.
Sirius et Severus passèrent la porte. Ce dernier fut arrêté en plein élan par son compagnon qui avait le nez levé vers le plafond. Severus leva alors la tête et vit une touffe de gui. Sirius lui lança alors un regard innocent d'enfant et Severus, énervé, entra dans la maison et fonça à toute vitesse dans la cuisine, poursuivit par un Sirius qui voulait son bisou ! Et qui l'aurait, foi de Sirius Black !
Isaline, qui tenait Teddy dans ses bras, fit moins de chichi et embrassa son filleul sur la joue, ce qui fit rosir l'enfant de plaisir. Nymph' se jeta au cou de son mari pour l'embrasser avec amour, ce qui fit grimacer les jeunes derrière, hormis Luna, trop perdue dans ses rêveries pour remarquer la scène. Draco pensait passer sans se plier à ce rituel ridicule, mais c'était sans compter Harry qui lui sauta dessus pour l'embrasser de la même façon que Nymph'. Blaise éclata de rire devant la rougeur de Draco qui lui jeta un regard à geler le sang. Le black baisa gentiment la joue de Luna qui lui demanda pourquoi donc il lui faisait un bisou. Blaise lui montra le gui et, aussitôt, la jeune fille repartit dans ses rêveries.
Ainsi, ils arrivèrent dans le salon qui était très grand, étant donné qu'il ne faisait qu'un avec la petite cuisine. Ils saluèrent Arthur, le père de Ron, puis Bill, son épouse et sa petite fille, qui partit jouer avec Teddy. De même, Charlie, toujours célibataire, et Percy étaient présents, ainsi que la compagne de ce dernier, Audrey, qui attendait leur premier enfant. Les jumeaux étaient présent, l'un célibataire et l'autre avec sa petite amie, Angelina, une jeune fille noire avec des tresses.
Ginny était là, également. Elle regardait Draco avec mépris. Ce dernier trouva sa tenue plutôt limite : une jupe courte et un décolleté un peu trop plongeant. En soi, ça lui allait bien, elle était jolie, mais Draco se doutait bien qu'elle s'était habillée comme ça pour aguicher Harry. Il ne voyait que ça comme raison. Mais il était loin d'être inquiet, il lui faudrait juste l'éloigner quand elle se ferait trop séductrice.
La jeune fille ne le salua même pas, ce qui n'étonna personne. Harry, Draco, Blaise et Luna discutèrent avec les jumeaux en attendant que les autres arrivent, ce qui ne fut pas long. Ron arriva, Hermione à son bras, avec Théo et Seamus. Ce dernier avait encore ses béquilles et il sautillait pour avancer, avec plus ou moins de grâce. Ron embrassa sa copine en passant la porte. Etonnés, Seamus et Théo levèrent les yeux vers le gui et Théo se sentit pâlir. Avec un sourire carnassier, Seamus lâcha une de ses béquilles pour l'embrasser sur la bouche. Les jumeaux explosèrent de rire alors que Théo se décomposait sur place. Puis, il se mit à gueuler après Seamus, le traitant de tous les noms, en s'essuyant la bouche, sous les rires des autres invités et les remontrances de Molly qui ne pouvait accepter de tels gros mots dans sa maison. Seamus gloussait, terriblement amusé.
Une fois la crise de rires passée, ils firent la tournée, serrant des mains et embrassant des joues. Hermione eut la bouche bée quand elle reconnut Remus Lupin, un de ses professeurs à la fac. Remus fut agréablement étonné de la voir et, aussi chaleureux que d'habitude, prit de ses nouvelles. Quant à Seamus fut très gêné quand il se retrouva face à Draco, qui le salua sans montrer de réelle émotion, mais il fut étrangement plus détendu face à Harry, qui fut déjà plus souriant.
On installa Seamus dans un canapé, étant donné qu'il se voyait mal passer toute la soirée perchée sur ses béquilles. À peine fut-il assis que Blaise commença à se moquer de Draco avec la découverte de Teddy, ce qui fit rire aux éclats Ron. Le blond était maintenant exaspéré, ne sachant comment les faire taire : c'est bon, Teddy l'a comparé à un serpent bleu, mais encore ? Ce fut Hermione qui vint à sa rescousse.
« Mon Rondoudou, tu vas me chercher de l'eau ? »
Ron fut abasourdi pas le surnom que sa copine venait de lui donner et rougit de gêne quand les autres se moquèrent de lui. Draco ricana en envoyant un baiser du bout des doigts à Hermione qui regardait son petit ami d'un air moqueur. Elle aussi, elle regardait Pokémon quand elle était plus jeune…
La soirée se poursuivit joyeusement. Un buffet avait été installé, avec de nombreuses boissons, des salades, de la quiche, du cake aux légumes… Tout plein de choses qu'on pouvait manger froid et en petite quantité. Seamus craignit qu'on ne le laissât de côté, mais bien au contraire, il ne resta pas tout seul dans son coin une seule minute. L'ambiance était plutôt détendue, aussi bien avec Draco et Harry, mais en même temps, Seamus faisait des efforts.
Pourtant, il eut du mal.
On mangea, les assiettes circulant dans tout le salon. Les conversations allaient bon train et certains commençaient déjà faire les clowns, comme les jumeaux ou encore Sirius. Les Weasley formaient une famille unie et fort sympathique, concernant la plupart des membres. Selon Draco, seule Ginny était insupportable, avec sa manie de s'incruster dans les conversations, collant Harry du mieux qu'elle pouvait. Elle se montrait extrêmement serviable avec lui. Voyant bien que Draco était à deux doigts de lui arracher ses cheveux roux pour les lui faire bouffer, Harry utilisa la gentillesse de Ginny au point que cette dernière finit par abandonner : en effet, à chaque fois que Seamus avait besoin de quelque chose, que ce soit à boire, à manger ou encore une serviette, Harry le demandait à Ginny. Cette dernière en avait marre de servir ce type qu'elle ne connaissait pas, mais ce n'était pas l'étudiant qui allait s'en plaindre.
Seamus se fondit un peu dans la masse, participant aux conversations. Il n'était habitué à ce genre de fête et ne connaissait pas grand monde. Il n'aimait pas spécialement Ron et Hermione, et Blaise avait un humour particulier. Draco était un sujet sensible, pour lui, donc il ne lui restait que Théo, et Harry.
Jamais Seamus n'aurait pensé avoir une conversation civilisée avec Harry. Jamais. Et pourtant, alors qu'ils grignotaient tout en discutant, il parla beaucoup avec Harry. Au début, c'était un peu tendu, mais il se sentit rapidement en confiance avec le tatoueur, qui lui était fort agréable. C'était quelqu'un de bavard avec un peu d'humour, mais surtout, il était chaleureux et mettait vite à l'aise ses interlocuteurs. Les habitudes commerciales, pensa Seamus et à juste raison, mais il n'entendit pas d'hypocrisie dans sa voix.
En fait, Seamus découvrit que Harry était quelqu'un de bien. Et il en venait à comprendre pourquoi Draco en était tombé amoureux. Il était beau, certes, mais Seamus était certain que ça allait au-delà du physique en lui-même. Harry était attirant, dans sa façon de parler, avec son léger accent anglais, dans sa façon de se comporter avec les autres. Il y avait aussi sa… gentillesse. Harry était gentil. C'était bizarre de penser ça, mais Seamus ne savait pas comment exprimer ça d'une autre façon : Harry avait incité Seamus à venir pour arranger les choses et ne pas le laisser seul le soir du Nouvel An, il ne repoussait pas fermement ce pot de colle à poils roux…
« Musique, maintenant !! »
Les jumeaux sautèrent soudain sur la chaine hi-fi ainsi que la pile de disques. Aussitôt, une musique entraînante envahit le salon. Molly disputa ses garçons, il était encore tôt, donc du calme ! Mais tout le monde était de bonne humeur et prêt à faire la fête. Severus s'installa d'office à côté de Draco, se trouvant sur le canapé avec Harry et Seamus. Quand Sirius vint quémander une danse, son compagnon lui lança un regard peu avenant. Déçu, il jeta alors son dévolu sur Harry qu'il força à venir sur la piste improvisée au milieu du salon.
« Et j'y gagne quoi, moi ? Fit Harry d'un air boudeur.
- Si tu ne viens pas danser avec ton parrain adoré, je te déshérite !
- Sirius, tu me soules… »
Mais Harry se leva quand même en jetant un regard exaspéré à Severus, qui eut un rictus : voilà une des utilités de Harry, à savoir servir de partenaire de danse pour Sirius. A peine Harry se leva-t-il qu'Isaline prit sa place, se laissant tomber sur le canapé, apparemment épuisée, entre Seamus et Draco. Ce dernier lui jeta un regard étonné.
« Un problème ?
- Ouais, je sors d'une baston entre Teddy et Victoire.
- Et pourquoi ces deux enfants de trois ans se sont battus ? Demanda Draco avec intérêt.
- Victoire veut jouer aux Barbie et Teddy préfère jouer aux petites voitures. Donc, Victoire lui balance ses voitures à la tête et Teddy veut lui taper la tête avec ses Barbie.
- T'es sûr qu'ils ont trois ans ?
- Depuis que Teddy a refusé de faire un bisou à Victoire, elle fait tout pour l'embêter. »
Seamus eut un petit rire en imaginant les deux gosses se tirer la bourre. Isaline leur dit que, encore heureux, ces deux enfants étaient jeunes. Il fallait voir comment Nymph' attaquait Harry quand il gagnait à Soul Calibur sur la Playstation, et comment il se défendait… A peine dix ans, le gosse… Seamus éclata de rire et Draco eut un rictus, surtout quand elle précisa que Sirius était le pire, car en plus d'être nul à la Playstation, il était mauvais joueur…
« Des enfants en bas âge, je te dis…
- Harry était si fort que ça ?
- Par moments, je lui demandais de perdre, histoire qu'on puisse dîner… Mais ils s'y remettaient après et c'était moi qui me tapais la vaisselle. »
Ça ne devait pas être triste…
Pendant ce temps-là, Ron essayait de convaincre Hermione pour qu'elle danse avec lui, mais elle refusait obstinément de se donner en spectacle. Elle ne savait pas danser et elle ne voulait pas être ridicule. Ron lui affirmait qu'il lui apprendrait et qu'elle n'aurait pas l'air bête. Les joues rouges, Hermione continuait de secouer la tête.
Pour faire plaisir à Ron, elle avait enfilé une robe choisie spécialement avec sa mère, rouge bordeaux avec de fines bretelles qui se croisaient sur son dos nu. Elle avait relevé ses cheveux, les nouant de façon simple mais élégante. Elle était belle comme un cœur, ses parents le lui avaient dit plus d'une fois pour lui donner du courage. Ron était venu la chercher, elle et sa valise, et il avait semblé si surpris de la voir avec autre chose que des vieux jeans qu'elle s'était demandée si elle était aussi jolie que sa mère le lui disait. Elle s'était sentie rassurée quand Ron avait bafouillé qu'elle était très belle.
Ce dernier avait été plutôt bien accepté par les Granger, qui avaient pourtant hésité à lui laisser leur fille, vu ce qui s'était passé avec Viktor Krum auparavant. Mais ils ne furent pas déçus, car malgré leurs querelles régulières, il y avait de l'amour entre eux. De plus, malgré ses manières un peu brutes et sa maladresse, c'était un jeune homme attentionné qui redonnait le sourire à leur fille unique. Ce qui joua en sa faveur, ce fut qu'il avait un travail fixe. Pour la première depuis le début de sa formation, Ron avait eu honte de dire qu'il était mécanicien dans un garage, alors que Hermione étudiait le droit et ses parents étaient dentistes. Mais ces derniers n'avaient montré aucun dédain ni mépris, bien au contraire.
Ainsi, tout allait pour le mieux entre eux. Hermione avait été acceptée par les parents de Ron, mais ce dernier n'en avait pas douté une seconde. Même si elle avait été laide à faire peur ou encore une réplique de Cruella d'Enfer, ses parents l'auraient accueillie chez eux. Ils avaient eu du mal avec Fleur, exigeante, vaniteuse et narcissique, sortant d'une famille aisée. Molly et Arthur l'avaient pourtant accueillie dans leur famille et, dans le fond, ce n'était pas une fille méchante, bien au contraire. Elle avait juste son petit caractère… Et elle rendait Bill heureux, lui ayant en plus donné une petite fille. Et quelque chose leur disait qu'elle allait sans doute lui offrir un second enfant…
« Allez, danse avec moi !
- Ron, laisse-moi tranquille, dit Hermione en tentant de le rembarrer.
- Allez… Fais-moi plaisir, juste une fois ! Personne ne va se moquer de toi. »
Ron insista encore et Hermione finit par céder. Gênée, elle se laissa emmenée par Ron et se sentit cruche : elle avait du mal à se déhancher comme lui, n'ayant jamais été attirée par ce genre de loisirs, mais Ron l'entourait de ses bras et la faisait tournoyer, tout en jouant au pitre, ce qui la faisait rire. Elle finit par se détendre et se laisser aller, les yeux rivés sur lui.
Pendant ce temps-là, Théo faisait la gueule. Seamus avait osé l'embrasser, sur la bouche en plus ! Il avait profité de cette stupide coutume du gui… Il aurait dû s'y attendre, pourtant, c'était bien son genre de faire ce genre de truc dégoûtant… A force de fréquenter Harry, qui n'aurait pas eu l'idée de faire ce genre de chose, Théo devenait moins méfiant… Ouh le salaud…
Dans l'espoir d'oublier ce fâcheux moment de sa petite vie d'étudiant homophobe, il chercha quelqu'un avec qui danser. Une fille. Une jolie fille. Mais y'en avait pas des masses : Hermione, déjà pris, Molly, elle ne savait pas danser, Luna, occupée par Blaise, Nymph', en train de s'occuper des petits, Fleur, avec son mari, Audrey, avec Percy son chéri, Angelina, tenait la caméra, Ginny, même pas en rêve… Bah il lui restait Isaline qui papotait.
Charmeur, Théo se planta devant la tatoueuse, assise sur le canapé, et il présenta sa main.
« M'accorderez-vous cette danse ? »
Jouant le jeu, Isaline haussa un sourcil, l'air amusée. Elle lui offrit néanmoins sa main et elle se leva. On sifflait, voilà Théo qui draguait Isaline ! Pris dans leurs rôles, tous deux se mirent à danser, de façon plus ou moins sensuelles, en tentant de rester sérieux, mais on voyait bien qu'ils s'amusaient. Seamus se pencha vers Draco et lui glissa à l'oreille que Théo dansait avec une fille pour oublier qu'il l'avait embrassé. Draco eut un sourire en coin, il se disait exactement la même chose. Mais Draco n'était pas vraiment attentif au numéro de charme de Théo, c'était plutôt Blaise qu'il regardait.
Depuis qu'il avait mis les pieds chez Isaline, il restait constamment près de Luna. Bon, c'était quelqu'un de sociable et il pouvait discuter avec n'importe qui, même les gens les plus loufoques, mais Draco avait trouvé bizarre qu'il reste encore avec elle alors qu'ils étaient chez les Weasley. Il ne la quittait pas d'une semelle. Quand on cherchait Luna, on trouvait Blaise, et vice versa. Il fit la remarque à Harry avant qu'il ne soit kidnappé par son parrain, mais le brun lui avait fait remarquer que Luna était le genre de fille qu'on pouvait poser dans un coin et qui n'en bougerait pas si elle n'en était pas forcée. Le blond n'avait pas répliqué, mais il pensait que Blaise, au contraire, avait la bougeotte, et ça faisait bien vingt minutes qu'il n'avait bougé les fesses de sa chaise à côté de celle de la blonde.
Draco n'était pas une commère et pas du tout du genre à regarder sans cesse quelqu'un, comme pour lui faire cracher le morceau. Mais c'était de son meilleur ami qu'il s'agissait et, vu son regard, ses manières et ses sourires éclatants, Draco se demandait sérieusement s'il n'y avait pas anguille sous roche. Pourtant, le blond se demandait s'il ne fabulait pas un peu. En effet, Blaise n'avait pas genre précis en termes de fille, mais la plupart du temps, elles avaient des formes agréables et elles étaient quelque peu sophistiquées. Sauf que Luna, bien que jolie, était plate comme une planche à pain et son style de vêtement était quelque peu original. Le blond appréciait la jeune fille et ne voulait pas la critiquer, mais quand on la comparait aux ex de Blaise…
Draco décida d'arrêter de se faire des idées sur son meilleur ami et préféra mater son petit ami qui dansait avec son parrain. Un parrain insatiable qui ne semblait pas prêt à le lâcher. Draco put admirer tout à son aise son amant, qui avait fait des efforts vestimentaires. Il portait un jean qui « moulait les fesses », selon Harry alors que Draco le jugeait correct, et le blond avait dû batailler pour que Harry accepte de le porter. Il avait mis aussi une chemise bordeaux qui rappelait ses mèches dont il avait défait quelques boutons parce qu'il faisait chaud dans la pièce. Pour la chemise, c'était Isaline qui l'avait fait céder et il n'avait pas eu le choix. Autant dire que Harry était beau et attirait inévitablement le regard de Draco, quand ce dernier n'était pas en train de penser à Blaise.
Sauf que, tout d'un coup, Blaise se leva et attira Luna sur la piste. Du moins, il essaya : raide comme un bâton, elle refusait de mettre un pied hors du périmètre entourant sa chaise. Il batailla pendant au moins dix minutes avant qu'elle ne cède. Non pas pour lui faire plaisir, mais parce que, comme Draco, elle avait perçu le regard sombre de Harry, l'air de dire : va danser et tout de suite. Severus, qui surveillait aussi Blaise du coin de l'œil, curieux, se pencha vers Draco et lui glissa que Luna avait intérêt à accepter la proposition de Blaise, car sinon, c'était Harry qui venait la chercher et elle en ressortait à chaque fois épuisée. Draco se dit que se faire secouer dans tous les sens ne devait pas plaire à la jeune fille.
Blaise entama une danse plutôt tranquille sur Un dimanche à Bamako. Severus crissait des dents en écoutant cette chanson, et ce ne fut guère mieux quand les jumeaux mirent Au bal masqué. Seamus haussa les épaules et leur dit qu'il en fallait pour tous les goûts, Severus grogna qu'heureusement Harry occupait Sirius, ce qui fit ricaner les deux étudiants. Mais Sirius ne fut pas contenté longtemps, car Harry finit par lâcher prise, il en avait marre. Sauf que Draco se leva et le rejoignit, Harry fut donc prit en sandwich par son petit ami et son parrain. Il prit un air fataliste ne se disant qu'il était maudit : son petit ami qui n'aimait pas danser venait le faire valser !
Seamus regarda, assis dans le canapé, les gens danser avec envie. Il aurait voulu se lever et se joindre à eux, mais son plâtre l'en empêchait. Il était un peu dégoûté, mais en même temps, il ne regrettait pas d'être venu. Mieux valait être ici plutôt que dans l'appartement, tout seul comme un idiot. Et puis, Harry et Draco se montraient corrects avec lui : il n'avait pas eu une seule fois l'envie d'étrangler Harry ou de faire une crise de jalousie, même si dans le fond ça lui faisait un peu mal de voir Draco enlacer Harry, poser ses mains sur ses hanches ou déposer un baiser discret sur ses lèvres. C'était tout un tas de gestes auxquels il n'avait jamais eu droit et ça le blessait de les voir ensemble. Ce qui atténuait sa douleur, c'était qu'il aimait bien Harry.
C'était étrange, comme sentiment, mais Harry lui était agréable. Il était… naturel. Ne s'imposait pas avec Draco. Lui parlait normalement. Toujours correct, toujours poli. Lui demandait s'il avait besoin de quelque chose. Et Draco lui parlait naturellement, aussi. Il n'y avait plus de rejet, de gêne ou de colère dans son comportement et dans sa façon de lui parler ou de le regarder. Il retrouvait le Draco qu'il avait connu, et que dans le fond, il avait désiré revoir. Seamus n'en pouvait plus d'être si éloigné de lui, alors qu'ils avaient passé de bons moments ensemble, et Harry lui avait offert la possibilité de rester ami avec lui. Car ce soir, Seamus tout comme Draco avait senti qu'une sorte d'amitié s'était nouée à nouveau entre eux. Draco ne craignait plus ses crises de jalousie, et Seamus se sentait à l'aise avec Harry.
Même s'il lui avait pris l'homme qu'il aimait. Sa passion pour Draco s'était atténuée, en particulier depuis l'anniversaire de Daphné, où il avait vraiment réalisé qu'il l'avait perdu. Draco ne lui reviendrait jamais parce qu'il aimait Harry. Seamus devait accepter ça et il y mettait de la volonté, et ce soir, Harry lui avait permis de retrouver un contact cordial avec Draco, ce qu'il désirait. A sa place, jamais il n'aurait permis cela à un ex petit ami, mais le fait que Harry accepte Seamus montrait sa confiance en Draco, ne craignant pas que le blond se détourne de lui.
En somme, Seamus se sentait plutôt bien, malgré les serrements de son cœur. Il devait accepter la réalité, et même si Harry était la principale cause de ces douleurs, il lui permettait d'y faire face. C'était la vie, Draco était tombé amoureux d'un autre, et dans le fond, même si c'était étrange, Seamus savait qu'il aurait eu plus de mal à l'accepter si Harry s'était exhibé avec Draco et s'était foutu de sa gueule. Ce qui n'était pas le cas. Tout était si naturel, si facile avec Harry, c'en était déroutant…
Quelques minutes plus tard, après avoir dansé sur des musiques disco et On va s'aimer, où Sirius tenta en vain d'entraîner son amant qui l'envoya bouler, préférant discuter avec Remus. Sa femme était momentanément occupée à danser avec son fils, qu'elle finit par poser par terre pour s'occuper de ce malheureux Sirius en manque d'amour, qui disait que Severus était méchant avec lui. Harry se posa peu gracieusement à côté de Seamus. Il reprit son souffle et lui demanda à tout hasard s'il avait soif.
« Un peu.
- Dray ! Fit Harry en l'empêchant de s'assoir à côté de lui. Va nous chercher à boire, s'il te plait.
- Je ne suis pas ta bonne !
- Moi non plus, et pourtant, je repasse ton linge. »
Un point pout lui. Draco partit donc chercher des boissons, tout en jetant un regard sombre à Seamus qui gloussait : ah, c'était ça d'avoir pris un homme du peuple ! Il pouvait vous reprocher vos lacunes en tâches ménagères…
« Severus ? Ton homme est en train de rouspéter.
- Qu'il rouspète !
- Il dit que tu l'aimes pas et qu'en plus tu ne lui as même pas offert de cadeau pour Noël, fit Harry sur ton de reproche. Quel mauvais mari tu fais.
- Ce n'est pas ma faute si son cadeau n'est pas encore transportable. »
Severus se leva pour aller se chercher quelque chose à manger. Une fois qu'il fut parti, Seamus haussa un sourcil et demanda ce qui devait voir le jour. Harry lui répondit que Severus avait cédé à un désir de son parrain, et avait donc décidé de lui offrir un chien. La mère avait mis bas mais les chiots étaient trop jeunes. Intéressé, Seamus lui demanda de quelle race était le chien, il aimait bien les animaux. Harry lui répondit : c'était un labrador noir. Tous deux vivaient en appartement mais ils devaient déménager dans quelques jours dans une maison avec jardin qu'ils avaient achetée, et comme Sirius était écrivain et donc toujours à la maison, il pourrait s'occuper du chiot. Isaline lui avait conseillé de prendre une chienne. A moins que Severus soit d'accord pour que le chien fasse des bébés avec toutes les peluches de l'appartement. Et Sirius en avait pas mal. À ces mots, Severus avait affirmé que ce serait une chienne ou rien.
Seamus eut un petit rire quand il entendit ça, mais Harry, très sérieux, lui affirma que c'était vrai : une de leurs voisines avait un Yorkshire et il faisait régulièrement des bébés avec des peluches !
« J'adore ton expression. »
Harry haussa les épaules : il n'allait quand même pas dire que le chien se frottait contre les peluches et se soulageait. C'était pas joli. Bref, l'éleveur avait dit à Severus qu'il ne pourrait prendre sa petite chienne seulement au milieu de la semaine suivante. Et le professeur, qui avait prévenu que Sirius aurait son cadeau en retard, avait bien du mal à lui faire comprendre qu'il ne pouvait vraiment pas l'avoir dans l'immédiat…
Draco revint avec des boissons et tendit un verre à Seamus et Harry. Ce dernier lui fit un sourire en angélique en le remerciant, Draco lui ébouriffa les cheveux en le traitant d'idiot. Alors que le blond s'asseyait, Harry lui montra Teddy et Victoire qui se dandinaient sur la piste de danse. Ils avaient arrêté de se battre avec des Barbie et des voitures. Il voulut montrer ce charmant tableau à Seamus, mais ce dernier semblait dans les nuages.
« Ça va ?
- Je pensais à un truc.
- Quoi donc ?
- Je te paris que je peux embrasser Théo avec la langue. »
Aucune émotion ne passa sur le visage de Harry, avant qu'il ne réponde.
« Il s'est fait avoir une fois, ce sera pas deux.
- Je te paris que si, affirma Seamus en lui tendant la main.
- Et qu'est-ce qu'on gagne à parier ? Demanda Draco.
- Si je gagne, vous me payer ma place à la prochaine sortie en groupe ! Vous êtes allés voir les Bizarr' Sisters, non ?
- Et si tu perds, tu arrêtes de faire tourner Théo en bourrique.
- Pari tenu ! »
Et ils se serrèrent la main. Draco soupira en en les traitant d'idiots, Harry répliqua qu'il était certain que Seamus allait échouer, mais l'étudiant leva le nez d'un air hautain en affirmant qu'il ne le connaissait pas. Ce qui était en effet le cas.
La soirée se poursuivit donc dans l'euphorie générale. Les jumeaux mettaient l'ambiance, enchaînant les CD tout en se déhanchant. Sirius ne quittait pas la piste, pas plus qu'Isaline, entraînée par Théo ou encore par Georges, tandis que Molly voyageaient parmi les invités, son mari occupé à discuter avec ses trois fils aînés, Remus et Severus. Personne ne semblait s'ennuyer et chacun trouvait son compte, même les deux petits, postés devant la télévision à jouer.
La seule qui semblait s'ennuyer était Ginny. Elle ne dansait pas et ne parlait quasiment à personne, ce qui ennuyait ses parents. Personne ne faisait vraiment attention à elle, car tous savaient qu'elle faisait la tête parce que Harry était venu avec Draco. Ce dernier se demanda même si on n'allait pas lui faire une réflexion, mais aucun des frères Weasley ne lui dit quoi que ce soit. Ron vint quand même le voir pour lui glisser plus ou moins discrètement que ses frères savaient depuis longtemps que Ginny n'avait aucune chance avec Harry et qu'elle était bête de s'acharner comme ça, surtout maintenant qu'il était casé et notamment avec un homme.
Hermione s'amusa plus qu'elle ne l'aurait pensé. Ron restait toujours près d'elle, il avait réussi à la faire danser, et elle se sentait bien avec tous les membres de la famille : les frères de Ron s'étaient montrés très gentils avec elle, particulièrement Percy qui était avocat. Seule Ginny restait dans son coin et Hermione lui avait peu parlé.
Quant à Blaise, il passa la soirée avec Luna. Même quand elle décida qu'elle avait assez dansé, il resta avec elle, même s'il ne lui parlait pas tout le temps. Draco trouvait ça de plus en plus louche et même Harry avait des doutes, car Luna souriait et riait même parfois à ce que Blaise lui racontait. Le blond se jura d'interroger son ami dans toutes les règles de l'art, et Harry se faisait la même promesse de son côté concernant Luna. Le premier parce qu'il connaissait Blaise comme s'il l'avait fait, et l'autre tout simplement par curiosité.
Vint le moment tant attendu du compte à rebours. Teddy et Victoire s'étaient mis à crier que c'était le Nouvel An dans une minute, alors la tension avait grimpé dans le salon. Tout le monde était aux aguets et, quand il ne resta plus que dix seconds, toute l'assemblée se mit à compter haut et fort : neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un…
« Bonne année !!! »
Draco sentit plus qu'il ne vit Harry se jeter à son cou pour l'embrasser tendrement sur la bouche. Draco l'enserra fort dans ses bras et lui rendit son baiser, puis lui souhaita une bonne année. Les yeux verts de Harry brillaient et son sourire ravissait le cœur du blond, qui l'embrassa une seconde fois. Mais il ne put s'attarder sur son petit ami car Isaline lui sautait déjà dessus pour lui faire un gros câlin d'amour. Draco fut accosté par Blaise, Théo, Ron, Hermione qui lui souhaitèrent tous une bonne année. Luna vint lui faire un petit câlin et Seamus l'embrassa sur la joue et alla en faire de même à Harry, sautillant sur ses béquilles. Draco fut très étonné que Seamus aille faire la bise à Harry, sauf quand il vit Théo juste à côté.
Evidemment, quand Seamus lâcha Harry pour sauter sur Théo, qui voulait innocemment souhaiter une bonne année à son ami, l'étudiant se mit à crier. Ouais, il l'avait vue venir, celle-là. Mais il ne put l'éviter. Seamus lâcha une des ses béquilles et se cramponna à Théo, l'embrassant passionnément sur la bouche et, comme le pauvre allait se plaindre, Seamus profita de ses lèvres entrouvertes pour glisser sa langue dans sa bouche… Explosion de rires. Angelina, la petite amie de Fred, braqua sa caméra sur le couple : Seamus roulait la pelle de l'année à Théo, leur homophobe adoré. Quand Théo réussit à se défaire de l'étreinte de son colocataire, fou de rage, Seamus tomba en arrière mais il fut rattrapé un Harry mort de rire.
Draco fut soudain choppé par Isaline qui le serra fort contre son cœur, entourant son cou de ses bras. Etonné mais touché, Draco l'enlaça avec tout autant de chaleur.
« Bonne année, beau blond. J'espère que tes études marcheront toujours aussi bien et que tu resteras comme tu es. »
Ces mots lui firent chaud au cœur. Isaline était tout contre lui, l'enserrant dans ses bras avec tendresse, et Draco ne put que lui souhaiter à elle aussi une excellente année, avec beaucoup de bonheur. Et d'amour.
OoO
Le réveil fut difficile. Le premier à se réveiller fut Harry, mais il était tellement bien dans les bras de Draco qu'il se rendormit aussi sec. Le blond, quand il sentit le sommeil le quitter, se blottit encore davantage contre Harry et se laissa sombrer dans le sommeil à nouveau. Isaline avait trop bu pour immerger facilement et Blaise sciait du bois joyeusement.
Seule Luna se réveilla à dix heures et trouva le courage de se lever pour se doucher. Mine de rien, Blaise l'avait épuisée, à force de vouloir danser. Une pratique qu'elle jugeait inutile même si ça amusait certains, comme Harry, qui la forçait de temps à autres à venir. Avec lui, ça allait, mais elle n'aimait pas danser toute seule. La veille, elle avait autorisé Blaise à l'inviter à danser. Et, dans le fond, elle ne le regrettait pas.
Petit à petit, la maison se réveilla. Vers onze heures cinquante, c'était important le « cinquante », Harry et Draco décidèrent de se lever. Ils avaient faim et suffisamment paressé au lit, bien que Harry n'aurait pas dit non à quelques minutes en plus… Ils retrouvèrent donc Luna dans la cuisine qui s'était fait un sandwich avec des tomates, des cornichons, du jambon, des radis et des carottes, sans oublier la moutarde et le ketchup. Draco plissa le nez de dégoût alors que son petit ami haussait les épaules, en se demandant tout de même si le sandwich n'était pas un peu trop gros pour sa petite bouche.
Puis, ce fut Blaise qui entra dans la cuisine, la tête dans le cul, comme il le disait si bien, et il se laissa tomber sur une chaise, à côté de Luna qui grignotait son sandwich. Avec gentillesse, elle lui proposa une bouchée et Blaise accepta avec joie. Jusqu'à tirer une tête dégoûtée quand les carottes, les radis, le jambon, la moutarde et le ketchup se mélangèrent dans sa bouche. Et encore, il avait échappé aux cornichons. Draco et Harry ricanèrent en le voyant avaler difficilement sa bouchée.
« Je mange ça quand je ne suis pas réveillée, le matin. »
Pour réveiller, ça réveillait, ce truc… Soudain, Blaise lui lança un regard halluciné : ça, au petit-déj' ?! Luna acquiesça en semblant ne pas comprendre où était le problème. Pendant ce temps-là, Harry préparait des sandwiches avec du pain acheté la veille. Contrairement à Luna, il ne mettait pas tout ce qu'il trouvait dans le frigo dans le pain. Isaline arriva à son tour, vaseuse et semblant affronter une jolie gueule-de-bois. Luna lui proposa un bout de son sandwich, Isaline lui répondit qu'elle avait plus envie de vomir que de manger.
« Justement, ça te fera vomir. Prends un bout. »
Blaise se posa une question : ce truc lui servait à se réveiller ou à vomir ses tripes ? En tout cas, Isaline ne se laissa pas avoir, se laissant tomber sur une chaise en exigeant une tasse de café noir et sans sucre. Harry le lui servit alors qu'elle semblait prête à se rendormir. Il était midi, mais ils avaient quitté les Weasley vers cinq heures du matin. Isaline et Blaise seraient bien restés encore au lit si Liloute n'avait pas eu l'excellente idée de venir les réveiller chacun dans leur lit. Elle était venue une première fois dans la chambre d'Isaline, que Luna avait déjà quittée, puis dans celle de Blaise, puis la chienne était revenue réveiller sa maîtresse. D'ailleurs, Liloute se trouvait sur ses cuisses, les deux pattes avant sur la table, reniflant ce qui se trouvait dessus. L'avantage avec cette petite chienne, c'était qu'elle était déjà propre, un bonheur, et elle n'était pas voleuse. Elle reniflait, elle avait le nez sur la nourriture, mais elle ne volait pas.
Ainsi, ils mangèrent un morceau, se réveillant doucement, tout en discutant de choses et d'autres, tous plus ou moins débraillés, hormis Luna qui avait pris sa douche. Elle portait maintenant un jogging d'un orange criard et un pull mauve. De quoi faire mal aux yeux, dès le matin. On reparla des évènements de la veille, et notamment de Seamus qui avait roulé une pelle à Théo, qui fut d'une humeur abominable tout le reste de la soirée avec son colocataire et les jumeaux qui n'arrêtaient pas de se moquer de lui. Ah, et il en voulait aussi à Harry d'avoir rattrapé cet idiot alors qu'il allait tomber à la renverse. Un coup sur la tête ne lui ferait pas de mal, au contraire, ça lui remettrait les idées en place !
Puis, les garçons se décidèrent à aller se doucher. Isaline avait plutôt envie de paresser devant la télévision, le temps que son cachet anti-gueule-de-bois fasse son effet. Blaise fut le premier à se doucher, et une fois sa toilette terminée, il rejoignit Luna dans le salon, étant donné que, finalement, Isaline était allée s'allonger dans son lit. Harry se rendit dans la salle de bain à son tour, il en ressortit en serviette et s'habilla dans sa chambre. Quand Draco sortit de la salle de bain à son tour et qu'il rejoignit le salon, il trouva son copain dans des vêtements informes qui lui firent lever les yeux au ciel : il s'était habillé en mode « sexy » la veille, le revoilà avec ses guenilles… Pourtant, ça ne l'empêcha pas de s'installer à côté de lui.
Ils parlèrent de Sirius, qui n'avait toujours pas eu son cadeau de Noël, mais il ne l'aurait que la semaine prochaine. Et, d'une façon étrange, la conversation dériva sur les tatouages de Sirius, qui en avait pas mal. Harry se demandait si ce n'était pas parce que Blaise s'étonnait de la complicité entre son professeur et Sirius, mais il n'en était pas tout à fait sûr. Blaise en vint à demander à Luna si elle possédait aussi des tatouages et la jeune fille quitta ses rêveries. Elle acquiesça et retira son pull mauve, dévoilant un vieux tee-shirt rose avec écrit I love Rock'n'roll dessus et bien trop grand pour elle. En tirant sur le col, elle put dévoiler une partie de son tatouage se trouvant sur son dos, à l'emplacement de son épaule droite : un loup qui hurlait sous une pleine lune. Le tatouage avait été réalisé par Harry.
« J'aurais jamais pensé que tu aurais un tatouage comme ça, fit Blaise.
- J'avais envie de me tatouer un strangulot, mais Harry trouvait ça bizarre. »
Même pas envie de savoir ce qu'était un strangulot.
« Je me suis percée la lèvre aussi, comme Harry.
- Tu t'es percé la lèvre ?! S'exclama Draco, comme s'il se réveillait.
- Oui, juste ici. »
Il lui montra un coin de sa lèvre inférieure avec son doigt et Draco crut voir une légère cicatrice à cet endroit. Harry s'était percé la lèvre… Voilà autre chose…
« A l'époque, tu avais des mèches bleues, tu te souviens ?
- Oui, Nymph' avait teint ses cheveux pour la première fois et elle voulait que je me fasse des mèches bleu électrique, dit Harry en se remémorant cette époque.
- Et pourquoi tu t'es percé la lèvre ? Demanda Draco, insistant.
- Nymph' voulait, alors j'ai essayé. Mais j'aimais pas.
- Moi, j'avais des piercings de chaque côté, expliqua Luna. Mais quand j'ai commencé à travailler, je les ai retirés.
- Vous avez une photo ? »
Harry réfléchit, il n'avait pas envie de fouiller dans les CD ou dans le disque dur externe, ou pire, dans les albums. Il se souvint soudain que Nymph' avait mis leur photo sur leur site, dans une petite galerie de photos, pour présenter un peu ce qu'ils faisaient. Elle avait demandé l'autorisation à Luna de mettre ces photos et la jeune fille n'avait pas trouvé de raison pour refuser.
Ils montèrent alors dans la chambre de Harry qui alluma son ordinateur. Il rentra le mot de passe et se mit sur le Net, cherchant le site de la boutique dans ses favoris. Il cliqua sur les galeries et les piercings, et bientôt, une photo s'afficha.
Harry et Luna devaient avoir respectivement dix-sept et seize ans, étant donné que Luna avait sauté sa première année de primaire. Harry souriait légèrement sur cette photo, ses cheveux noirs de jais parsemés de mèches bleu électrique qui pointaient dans tous les sens et, sur un coin de sa lèvre inférieure, se trouvait un piercing. Très proche de son visage, se trouvait Luna. Ses cheveux blonds étaient séparés en deux couettes ébouriffées qui encadraient son visage et les deux petites boules noires des piercings apparaissaient sur chaque coin de sa lèvre inférieure. Sur une photo suivante, l'appareil avait été cadré sur son visage, encadré par ses cheveux blonds ébouriffés. Elle portait aussi des boucles d'oreilles, qui formaient d'épais anneaux bleus. On lui avait mis du mascara, ce qui faisait ressortir ses yeux bleus. Elle ne souriait pas, mais elle était vraiment belle sur cette photo.
« Voilà quoi on ressemblait quand on était ado', fit Harry en fermant le site.
- Harry, plus jamais de mèches bleues.
- T'aimes pas ??
- Sur la photo, si, soupira Draco. Mais je ne veux pas de mèches bleues.
- Tu ne t'es pas teint en mauve, un jour ? Fit Luna d'un air innocent.
- Et pas d'autres couleurs !!
- Hey ! J'ai arrêté de me faire des couleurs depuis longtemps !
- On ne sait jamais, avec toi. »
Harry lui tira la langue de façon très mature. Blaise ricanait : Harry avait un look un peu emo avec ses mèches bleues, ce qui n'était pas vraiment au goût de Draco. Il acceptait ses mèches pourpres, mais pas autre chose. Fallait pas abuser, non plus…
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« Allô ?
- Millicent ? C'est Harry. Alors, ce rendez-vous ?
- Génial ! On a passé une super soirée, il a été galant, tendre…
- Tant mieux, je suis content pour toi. Vous êtes ensembles, alors ?
- Oui, il me l'a demandé hier… Arrête de sourire, Harry.
- Je ne souris pas ! Tu ne me vois même pas, en plus.
- Je sais que tu souris ! Tu en as parlé aux autres ?
- Non, tu m'as demandé de ne rien dire ! Je crois que Draco a des soupçons, mais Blaise n'a rien compris.
- Tant mieux ! S'il savait que Gregory m'a demandé de sortir avec lui, il n'arrêterait pas de m'embêter. Tu le connais, une vraie commère. Sinon, toi et Draco, ça va ? Pas de soucis avec Seamus ?
- Pour Draco et moi, aucun problème, mais Théo ne pense pas la même chose.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Il lui a roulé une pelle quand on s'est souhaité la bonne année.
- Oh non !! C'est vrai ?? Mince, j'aurais voulu être là… J'imagine bien sa tête ! Le pauvre… Zut, ma mère a besoin du téléphone, je peux te rappeler dans cinq minutes ?
- Aucun problème ! A tout de suite. »
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Elle était toute seule, dans la chambre, ses jambes repliées contre sa poitrine, son visage posé sur ses genoux. Les yeux dans le vague, elle laissait son esprit partir, loin, très loin d'ici. Un peu comme si elle rechargeait ses batteries. Elle avait trop réfléchi. Maintenant, elle devait faire comme d'habitude : ne penser à rien. Rêver. Aller sur la lune. Se perdre dans les nuages. Et oublier ce qui se passait sur terre.
Son corps était parti loin dans les airs, dans des mondes qui n'appartenaient qu'à elle, mais deux bras l'enlacèrent doucement, un torse se plaqua contre son dos. Alors elle se laissa aller en arrière, se laissant aller à cette tendre étreinte. Le voilà de retour sur terre.
« A quoi tu penses ?
- A plein de choses.
- Pourquoi tu es triste, Luna ?
- Je ne suis pas triste.
- Menteuse. »
Oui, elle mentait. D'habitude, elle ne le faisait jamais. A quoi bon mentir ? Elle n'avait rien à cacher, de toute façon, et personne ne lui demandait jamais rien.
Sauf Harry. Il était le seul à lui poser des questions, à s'intéresser à elle. Enfin, il n'était plus le seul. Il y avait d'autres gens. Une personne, en particulier. Mais Harry était différent. Lui, il voulait vraiment savoir. Et il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Il savait quand elle était triste et quand elle était heureuse. Et, là, elle était triste.
Luna n'avait jamais su mentir, car elle n'avait jamais appris. Par moments, elle aurait voulu duper Harry, mais elle n'y arrivait jamais. Luna n'aimait pas parler de ses sentiments. Ce qui s'agitait en elle sans qu'elle ne puisse le contrôler. Elle n'aimait pas parler de ça. D'un autre côté, elle ne le faisait jamais. Même pas avec son père. Juste avec Harry.
« Je me sens bizarre, avoua-t-elle en soupirant.
- C'est ça quand on est attiré par quelqu'un.
- Nan. Ça, c'est pas grave, ça passe. »
Ça passe toujours. Il suffit de ne plus y penser. Vider sa tête et la laisser balloter dans les nuages, jusqu'à ce que ses pensées disparaissent et cessent de la torturer. Ça fonctionnait toujours, ça. Quelle que soit la situation.
« Blaise te plait, hein ?
- Il est gentil. »
C'était ça qui l'avait attirée, chez Harry. Et c'était ça qui l'attirait, chez Blaise. Son regard posé sur elle, comme si elle existait. Ses yeux sombres, son sourire éclatant, sa voix grave… Son regard incrédule quand elle lui parlait, son rire franc, sa main qui tenait la sienne…
« C'est bien, non ? Luna, c'est quoi qui t'ennuie ?
- Il est beau. »
Elle tourna la tête vers lui, le visage sérieux et les yeux un peu triste.
« Il est beau. Pourquoi il s'intéresserait à moi ? »
Luna ne se regardait jamais dans une glace. C'était peut-être pour ça qu'elle mettait n'importe quoi et qu'elle ne se coiffait jamais. Pour ça qu'elle s'était percé la lèvre. Elle n'existait pas dans le miroir, elle n'existait pas dans le regard des autres. Elle mettait des vêtements bizarres pour qu'on la remarque, mais jamais personne ne le faisait. On se moquait d'elle ou on l'ignorait.
Certaines personnes étaient gentilles avec elle. Ça arrivait. Luna s'attachait à ces personnes-là, même si elle ne le montrait pas. Draco faisait partie de ces gens-là : il était gentil, il lui avait coiffé les cheveux. Il l'avait écoutée, aussi. Blaise aussi, il l'avait écoutée. Il était resté avec elle toute la soirée. Il avait même dansé avec elle. Il lui avait fait un bisou sous le gui et un autre quand la Nouvelle Année avec débuté.
Mais Blaise était beau. Il était de ces hommes qui étaient beaux et gentils à la fois. Pourquoi s'intéresserait-il à elle ? Luna l'aimait bien. Mais il était beau. Il avait des copines. Il sortait avec celles qui existaient, et certainement pas avec quelqu'un qui n'existait pas dans un miroir.
Et c'était ça qui la rendait un peu triste. Elle l'aimait bien, Blaise. Mais il n'était pas pour elle. Ce n'était pas le premier. Ce ne serait pas le dernier.
« Parce que tu es jolie, Luna. »
Harry ne la regardait pas avec les yeux de son cœur. Il n'en avait pas besoin pour la trouver jolie. Quand il vivait à Londres, il avait surpris plus d'une personne se retourner pour la regarder de façon intéressée, et il avait même discuté avec des garçons qui auraient bien voulu sortir avec elle. Mais Luna ne se regardait pas, elle ne savait même pas à quoi elle ressemblait.
« Non. Et même si c'était le cas, je ne suis pas belle. Les gens beaux ne sortent qu'avec les gens beaux, de toute façon. Regarde-toi avec Draco.
- C'est encore autre chose, Luna…
- Tu me fais un câlin ? »
La conversation était close. Luna se blottit contre Harry et ferma les yeux, alors qu'il lui caressait les cheveux, la protégeant de ses bras.
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Harry entra dans le salon, s'avança vers le canapé et s'assit à côté de Draco qui regardait vaguement la télévision. Le tatoueur posa sa tête sur son épaule et Draco lui prit la main doucement. Il y eut un petit silence.
« Luna a un problème ?
- On va dire ça. »
Draco était entré dans la chambre quelques minutes auparavant, sans prévenir, et avait découvert Luna blottie dans les bras de Harry, en train de se faire câliner. Il s'était excusé et avait aussitôt refermé la porte derrière lui.
« Tu es jaloux ?
- De qui ? Luna ? Manquerait plus que ça. »
Harry leva les yeux vers lui et fut soulagé de ne voir aucune jalousie ou colère sur le visage de Draco. Le blond avait parfaitement fait la part des choses et ne voyait nullement Luna comme une rivale. Au contraire, quand il l'avait découverte dans les bras de Harry, elle lui avait plus fait l'effet d'une petite sœur qu'autre chose, et il n'avait pas voulu les déranger davantage.
« Ça a un rapport avec Blaise ?
- Tu es trop fort, Dray, fit Harry avec sourire. Quel esprit de déduction…
- Au lieu de te moquer de moi, dis-moi plutôt ce qui s'est passé.
- Pas grand-chose. En fait, rien du tout.
- Harry… Soupira Draco.
- Bon, en fait… Luna a tendance à se sous-estimer.
- Elle pense qu'elle n'est pas assez bien pour lui, c'est ça ?
- Tu m'épates, Draco. »
Le blond lui donna une tape sur la tête, ce qui fit rire Harry. Plus sérieusement, il avoua que Blaise plaisait bien à Luna mais elle était décidée à oublier cet attrait pour lui. Draco haussa un sourcil : c'était bien la première fois qu'il entendait ce genre de choses ! Harry lui demanda de ne pas réfléchir au pourquoi du comment, car le fait était là.
« Je comptais voir Blaise pour lui parler de ça. »
Il avait passé tout l'après-midi ici, mais difficile de le prendre entre quatre yeux sans que cela ne paraisse louche. Sirius et Severus déménageait dans leur nouvelle maison, qui ne se trouvait pas très loin d'ici, le lendemain et dimanche, parce que ça tombait comme ça et pas autrement. Ainsi, Harry et Isaline étaient désignés volontaires pour les aider. Luna serait bien sûre de la partie, elle voulait aider, et Draco s'était suffisamment avancé pour accorder deux jours au couple. Et Blaise était aussi de la partie, s'étant proposé pour les aider. Draco arriverait bien à le chopper pour avoir une petite discussion avec lui.
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Un. Deux. Trois.
« Harry ?
- Hm ?
- Avoue, Millicent sort avec Gregory.
- Et pourquoi je le saurais ? »
Mouais, y'avait mieux comme réparti…
« Je sais que tu le sais. Avoue.
- Et alors, qu'est-ce que ça fait ?
- Pourquoi elle te l'a dit à toi et pas à moi ?
- Pour t'embêter. »
Drago grogna et reposa son menton sur ses bras croisés. Il était allongé sur le ventre sur le lit, le torse dénudé, et Harry s'était assis à califourchon sur ses hanches et ses mains s'appliquaient à détendre les muscles de son dos.
Nous étions samedi et ils avaient passé la journée à déménager Sirius et Severus dans leur nouvelle maison qu'ils avaient achetée ensemble. Elle n'était pas bien grande mais suffisamment pour deux personnes et elle ne se trouvait pas très loin de la boutique, à peine dix minutes à pieds. Ce qui était à la fois un avantage et un désavantage : le couple ne serait plus obligé de coucher chez Isaline lors des fêtes, mais ils risquaient d'avoir Sirius constamment sur le dos…
Enfin bref. Isaline avait conduit le camion de déménagement et tout le monde avait mis la main à la patte pour le vider. Nymph' et Remus étaient présents, évidemment, Théo avait fait l'honneur de sa présence et Ron était de la partie, ainsi qu'Olivier et même Cho. Fred et Georges vinrent même les aider. Sirius et Severus ne s'attendaient pas à ce que tant de monde vienne les aider à déménager et ils furent touchés, même si Severus n'en montra rien.
La journée fut assez longue, mine de rien. Draco, Blaise et les filles furent rapidement épuisés, hormis Isaline qui n'arrêta pas de bouger à droite et à gauche, inépuisable. Draco fut surpris de voir Harry soulever le canapé avec les autres hommes, déplacer les meubles, sans sembler vraiment épuisé. Draco faisait de son mieux, mais quand il vit une commode en bois sombre qui semblait indestructible dans un coin du camion, le blond se dit que jamais il ne pourrait la soulever et il ne pouvait qu'admirer la musculature de son petit ami qui ne semblait avoir peur de rien.
Ils s'arrêtèrent vers treize heures, Nymph' et Cho avait apportés des bières tandis que Luna commandait des pizzas. Harry s'effondra alors sur le canapé, attrapa la bière que Cho lui tendait avec amour et dévora une part de pizza en moins de deux minutes. Du début à la fin, Isaline avait commandé le déménagement et ils ne purent que suivre ses ordres. Sirius eut beau se révolter quand elle le traita d' « abruti pas fichu de soulever un canapé », il ne put que lui obéir.
Evidemment, tout ne fut pas terminé le matin, car après un repas copieux arrosé d'eau et de bière, il fallut remonter certains meubles, notamment les armoires. Isaline fut une véritable peste, ne perdant rien de son énergie tout l'après-midi. Tout le monde ressortit épuisé de cette journée, mais Severus remercia Isaline d'avoir été là : sans elle, ils y seraient encore. Complètement amorphe, les batteries à plat, Isaline lui avait dit qu'elle n'avait décidément plus l'âge de jouer aux sergents-chefs… Ce qui avait fait sourire les plus jeunes : elle n'avait cessé de les booster toute la journée et tout s'était finalement terminé assez rapidement.
Epuisée, Isaline s'était enfermée dans la salle de bain pour se détendre dans sa baignoire remplie d'eau chaude avec plein de mousse, puis elle était partie se coucher. Pendant ce temps-là, Draco s'offrait un massage par son kiné personnel, à savoir Harry. Mine de rien, Draco n'était pas habitué à soulever des meubles, des planches ou des machines à laver, et il n'avait pas chômé. Sauf qu'il avait maintenant le dos en compote et Harry lui avait gentiment proposé de lui masser le dos. Lui aussi il avait un peu mal, mais il préférait le détendre.
« Bon, bref. Tu as parlé à Blaise ? Je vous ai vu partir, après manger.
- Oui, j'ai discuté avec lui. »
Blaise avait semblé gêné, mais il avait finalement avoué à Draco que Luna lui plaisait. Oui, elle était bizarre, avec des fringues bariolés et ses cheveux plus ou moins coiffés, ses sandwichs à faire péter une chèvre et ses regards rêveurs. Il avait passé un long moment avec elle et Blaise était charmé par la jeune fille. Il était d'autant plus gêné que ce n'était pas du tout son genre de fille, il les préférait plus en formes, mais il aimait la réserve de Luna, ses yeux bleus et son air constamment dans la lune, ses expressions bizarres…
Il était tout simplement attiré par cette fille un peu folle sur les bords. Il la trouvait jolie. Pas belle. Juste jolie. Blaise ne parvenait pas à bien exprimer ce qu'il ressentait, mais bien malgré lui, il n'avait pas pu la quitter lors de la soirée du Nouvel An. Pas plus qu'aujourd'hui, d'ailleurs : il l'avait aidée quand elle avait du mal et l'avait suivie partout. Il avait été déçu qu'elle ne réagisse pas, adoptant le même comportement avec lui qu'avec les autres. Le pire fut certainement quand, assis par terre, Théo enlaça les épaules de Luna et l'embrassa dans les cheveux. Bon, dans le contexte, Luna l'avait défendu contre cette armada de tapettes, à savoir Sirius, Harry et Draco, donc voilà. Mais Blaise n'avait pas du tout apprécié et la jalousie était montée en lui aussi sec.
Draco ne répéta pas tout à Harry mais il lui résuma l'affaire. Le brun fut pensif pendant un moment. Draco ferma les yeux et savoura le contact des mains de Harry sur son dos. Il avait du savoir-faire, celui-là… Ses pensées dérivèrent sur la journée qu'ils venaient de passer, et il songea au moment où ils avaient déjeuné. Jamais il n'aurait pensé que Harry puisse prendre une bière, lui qui ne buvait jamais rien, hormis un peu de champagne çà et là, voire un verre de vin. Toute la journée, malgré lui, Draco n'avait cessé de regarder Harry et son désir pour lui n'avait fait que s'accroître. De plus, le voir soulever les meubles, monter les armoires, ce genre de choses quoi, cela avait confirmé son idée qu'il avait bien choisi Harry : il semblait tout savoir faire, alors que Draco n'était bon à rien là-dedans. De plus, il y retournait le lendemain pour s'attaquer à la cuisine avec Sirius et Isaline, Harry lui avait dit qu'il savait tapisser, carreler, poser du parquet, scier… Le mec idéal…
« Bon, on verra comment ça avance, dit Harry. De toute façon, quand Luna a une idée en tête…
- C'est ce que je lui ai dit : si tu veux la séduire, vas-y franco. Mais si jamais tu fais des conneries avec elle, ça va mal se passer. Tu as vu comment Harry soulève les meubles : imagine qu'il ne les envoie en pleine figure. »
Harry ria. Draco tourna la tête vers lui, en essayant de garder son sérieux, et lui dit que la menace avait fonctionné. Sans rire. Harry, si gentil et tranquille dans ses fringues trop grandes et son léger sourire, avait fait preuve de virilité quand il avait soulevé le frigo avec Sirius, puis quand il avait bu de la bière pour se donner du courage : mine de rien, c'était long à monter, une armoire…
Harry continua à masser le dos de Draco, massant ses épaules, caressant sa nuque et sa colonne vertébrale qui se dessinait sous sa peau pâle. Les bras croisés sous sa tête, Draco avait fermé les yeux. Harry se pencha et déposa un baiser léger au creux de son épaule. Draco poussa un léger soupir satisfait, sans ouvrir les yeux, et il sentait Harry s'enhardir : des baisers papillons volèrent sur sa peau, légers et tendres, alors que ses mains continuaient de masser ses muscles. Draco aurait presque pu s'endormir tant il se sentait bien.
« Dray ?
- Hm ?
- Je me posais une question… assez personnelle…
- Dis-moi tout.
- Avant qu'on sorte ensemble, tu préférais les garçons ou les filles ?
- Tu as de ces questions… Soupira Draco, les yeux toujours clos.
- Blaise m'a dit que tu étais sorti avec douze personnes avant moi.
- Oh le salaud… Et il t'a dit…
- Cinq filles et sept garçons. Hormis moi.
- Ça devrait répondre à ta question, non ? Fit Draco, en maudissant Blaise d'avoir dit autant de détails sur ses liaisons passées, très certainement dans le but de se venger. Attends une minute, il t'a dit ça comme ça ?
- Non, c'est venu dans la conversation. Tu sais, quand on sortait le lit…
- Ouais, je vois… »
Draco était étonné que Harry lui parle de ça. Le blond ne niait pas le fait qu'il avait eu un petit nombre de partenaires avant de sortir avec lui, mais il n'oubliait pas le fait qu'il n'était que le deuxième petit ami de Harry, et ils avaient sensiblement le même âge. Draco décida pourtant de se lancer : après tout, il n'avait rien à lui cacher.
« Je suis sorti avec cinq filles, dont Astoria, et je suis en général resté plus longtemps avec elles qu'avec les garçons.
- Tu n'avais pas de préférence ? Demanda Harry, l'air de rien.
- Pas vraiment. D'un point de vue sexuel, coucher avec une femme est agréable et sans douleur. De plus, tu peux facilement les contenter et beaucoup de problèmes ne se posent pas avec elle. Avec les hommes, c'est déjà autre chose : faire l'amour est plus douloureux, se pose le problème du « passif », et c'est déjà plus difficile à gérer quand on est en public. En plus, la plupart du temps, les hommes sont très jaloux…
- Pourtant, tu as tendance à aller davantage vers les hommes, remarqua le brun.
- Les hommes sont plus prise de tête que les filles. Je ne restais jamais longtemps avec eux parce que, soit ils me gonflaient, soit ils voulaient avoir le « dessus ». En même temps, même si c'est plus bizarre d'être avec un homme, je trouve ça plus agréable : on se comprend mieux, on est plus francs l'un envers l'autre et, au lit, on sait exactement ce qui fait du bien à l'autre. Enfin, c'est mon point de vue. D'un autre côté, je ne fais pas vraiment de différence, étant donné que je sors avec quelqu'un qui m'attire, sans vraiment regarder si c'est un homme ou une femme. Quand j'ai commencé à te draguer, je me demandais si tu étais attiré par les hommes.
- Même si ce n'était pas le cas, tu aurais tout fait pour m'avoir. »
Draco ouvrit alors les yeux et un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Evidemment qu'il ne l'aurait pas lâché. Doucement, il aurait fait céder Harry, qui lui aurait donné sa chance. On ne rejetait pas un Malfoy, ou en tout cas, pas d'entrée de jeu.
« Blaise t'a dit que j'ai réussi à sortir avec un hétéro pur et dur ?
- Nan, c'est pas vrai !
- Je t'assure, affirma Draco avec un petit rire.
- Comment était-il ?
- Un type baraqué, adepte des salles de musculation. Il avait des tatouages, je me rappelle. Je l'ai largué quand il a voulu être au-dessus. Il ne m'a pas lâché pendant au moins trois mois.
- Pas besoin de me faire changer de bord, moi, je suis déjà du bon côté, fit Harry en s'allongeant sur lui. Donc, tu préfères les hommes mais tu peux coucher avec n'importe qui.
- Pas n'importe qui, beau brun, mais l'idée est là. Il faut prendre du plaisir là où il y en a. Pourquoi tu me poses ces questions ?
- Comme ça. »
Draco voulut pousser Harry sur le côté, afin de lui montrer qu'il voulait se redresser. Harry quitta donc son dos et s'allongea à côté de lui. Aussitôt, Draco s'installa sur le brun, un sourire charmeur aux lèvres. Il l'embrassa sur la bouche et taquina ses lèvres avec sa langue, jusqu'à ce que Harry les entrouvre. Deux bras enserrèrent son cou doucement, des mains se glissèrent dans ses cheveux. Draco sentit un frisson lui parcourir le dos : bon dieu, qu'il aimait quand Harry lui touchait les cheveux…
Les jambes de Harry s'écartèrent pour qu'il puisse être plus à son aise. Draco aimait cette intimité, sentir que Harry se laissa aller à ses baisers et à ses caresses. Le brun lui avait dit qu'il prenait sur lui pour laisser Draco faire ce qu'il voulait, mais le blond sentait que Harry prenait plus d'assurance. Cela faisait peu de temps, pourtant, qu'ils s'étaient autant rapprochés. Cependant, Draco savait que Harry voulait le contenter du mieux qu'il pouvait, et lui aussi cherchait cette approche, ce contact…
Draco passa la main sur la cuisse de Harry, la posa fermement sur sa hanche, et bougea lentement contre lui. Les mains de Harry se crispèrent sur ses épaules, puis il sembla se détendre, alors que Draco embrassait son cou. Le blond passa les mains sur l'élastique du pyjama de son petit ami, caressa la peau cachée par le tissu, effleura les fesses rebondies. Il attendait une réaction négative, un quelconque rejet. Comme à chaque fois, d'ailleurs. Il voulait Harry consentant, pas forcé. Comme son ex, d'ailleurs, cet abruti de Cédric. Sauf que lui, Draco, avait l'accord de descendre le pantalon sur les hanches, dévoilant ses cuisses et son entrejambe.
Draco hésitait. Même dans cette position, prêt à se lancer, il hésitait. Il ne se décida à se lancer que lorsque les mains de Harry parcoururent son dos, en une invitation silencieuse. Draco décolla alors sa bouche de ses lèvres et le regarda droit dans les yeux.
« Tu me fais confiance, non ?
- Dray…
- Je n'irai pas aussi loin, ne t'inquiète pas. »
Mais il voulait lui donner du plaisir. C'était la première fois dans sa vie qu'il voulait autant que son partenaire ressente du bien-être. Depuis qu'il sortait avec Harry, il avait plus envie de donner que de recevoir… Et il savait qu'il en était de même de l'autre côté…
Ses lèvres se posèrent sur son ventre, tandis que ses mains retraçaient ses abdominaux. Et, quelques secondes plus tard, ses lèvres furent sur le membre chaud de Harry. Ce dernier sursauta quand il sentit une langue mutine glisser sur la peau tendre et fragile. Ses joues s'embrasèrent et il dut plaquer sa main devant sa bouche pour étouffer un long gémissement.
Harry ne put que fermer les yeux, sa main sur ses lèvres, alors que Draco malmenait son sexe avec ses lèvres. Il était maladroit, lui aussi, mais Harry le ressentait à peine, tant le plaisir qui envahissait ses reins était grand, embrasant son corps qui tremblait. Draco n'avait jamais léché le sexe de qui que ce soit, c'était une grande première, mais Harry le lui avait déjà fait et Draco voulait lui donner du plaisir, autrement qu'avec sa main. Et ce n'était pas aussi dégoûtant qu'il l'aurait pensé, au contraire : il aimait trop entendre les gémissements étouffés de Harry, alors qu'il suçait son gland, et voir son visage rougis par le plaisir et la gêne.
Une main du blond était posée sur son ventre, l'autre sur sa hanche, ferme, pour qu'il ne bouge pas. Mais il fut tenté. Draco fut tenté. Mais ça allait trop vite, pensait-il, jamais Harry ne le laisserait faire…
Harry sentit les lèvres de Draco disparaître. Malgré lui, il poussa un gémissement de frustration, ce qui fit sourire le blond. Quelques secondes plus tard, Harry hoqueta quand Draco se remit à sa tâche. Puis, ses yeux s'ouvrirent en grand. Il sentait un doigt contre son intimité. Juste contre. Léger, discret. Mais bien là, entre ses fesses.
Il eut un violent frisson et la crainte monta en lui. Harry serra les dents : il était diablement excité et au bord de la jouissance. Il sentait la main de Draco sur son ventre, sa langue sur sa peau, et ce doigt juste posé contre son intimité. Comme s'il n'osait pas aller plus loin.
Draco retira son doigt, jugeant qu'il était bien trop tôt pour ça, mais il écarquilla les yeux quand il sentit des doigts s'entrelacer à sa main posée sur le ventre de Harry. Il leva la tête : Harry avait toujours sa main devant sa bouche, l'autre tenait la sienne, fermement. Comme s'il attendait. Il lui donnait son accord. Pas longtemps. Juste un peu. Mais c'était d'accord…
Lentement, Draco enfonça son doigt dans l'intimité de Harry. Petit à petit, comme pour ne pas le blesser. Il entendit le petit cri de Harry quand cet endroit inviolé fut pénétré. Il sentait les chairs se refermer, chaudes et accueillantes. Draco s'attaqua au sexe de Harry et fit des vas-et-viens avec son doigt. Il se régalait de ses gémissements étouffés de pur plaisir… Harry gémissait, soupirait… tremblait… Harry s'embrasait, littéralement, et il avait de plus en plus de mal à contrôler les bruits délicieux que sa bouche émettait. Il serrait fort la main de Draco.
Harry se tortilla, retira sa main de sa bouche pour lui dire qu'il venait. Là, et tout de suite. Mais Draco ne bougea pas, au contraire. Harry se libéra alors dans sa bouche.
Il y eut un long moment de silence. Harry était dans les vapes, perdu dans la jouissance foudroyante qui venait de lui tomber sur la tête. Il se sentait perdu et comblé à la fois.
Draco s'était redressé et il s'installa tranquillement à côté de Harry, un goût bizarre et peu agréable dans la bouche. Première fois qu'il avalait du sperme, et comme l'avait dit Harry, il avait connu mieux. Mais Draco pensait peu à ça, préférant regarder le visage de Harry. Il avait les joues rougies, la respiration haletante. Ses cheveux noirs ébouriffés tombaient en mèches rebelles sur l'oreiller, encadrant son visage magnifique, qui reflétait le bien-être qui le maintenait hors du temps. Draco le regardait avec un sourire tendre, savourant cette vision enchanteresse. Il dégagea quelques mèches humides de son front et Harry entrouvrit les yeux. Deux yeux d'un vert intense qui lui donnèrent un frisson : son regard perdu et encore embué par le plaisir était magnifique…
« Tu as un beau visage quand tu jouis. On te l'a déjà dit ?
- Idiot… »
Sa voix encore enrouée était décidément bandante… Sauf que Draco était déjà bien excité, il n'avait donc pas besoin de l'entendre parler pour bander. Il se pencha vers lui et embrassa ses pommettes. Harry ferma les yeux et le blond baisa ses paupières, puis il lui sourit.
« J'aurais jamais cru que tu accepterais.
- Moi non plus… Mais ne vas pas t'imaginer des choses…
- Oh, je sais bien. Il m'en faudra plus pour te convaincre. »
Draco embrassa ses lèvres, puis passa au-dessus de lui et quitta le lit. Aussitôt, Harry lui attrapa le bras, étonné.
« Où tu vas ?
- Dans la salle de bain, pour me brosser les dents et accessoirement me contenter. »
Et alors Draco se leva. Son pantalon de pyjama cachait mal son excitation. Il était prêt à poser la main sur la poignée quand, soudain, Harry lui attrapa à nouveau le bras et le força se tourner. Surpris, Draco se laissa faire et Harry enlaça sa taille, le serrant contre lui tout en posant avidement ses lèvres sur les siennes. Draco reçut avec un plaisir non feint ce baiser passionné. Il prit le visage de Harry entre ses mains et répondit avec passion à son baiser, penchant la tête sur le côté pour l'embrasser à pleine bouche.
Bon Dieu qu'il l'aimait… Mais qu'est-ce qu'il l'aimait…
OoO
Pas mal de monde fut au rendez-vous, le lendemain matin. Nymph' et Remus furent là à dix heures tapantes, de même pour Isaline, Harry, Draco et Luna. Blaise arriva un peu en retard, de même pour Ron qui eut du mal à se lever. Théo avait aussi décidé de ramener sa fraise, alors que ce n'était pas prévu. Harry l'avait choppé dans un coin pour le cuisiner et son ami avoua qu'il était venu parce que Blaise avait semblé très jaloux de sa proximité avec Luna et il voulait l'emmerder, vu comme il s'était moqué de lui au Nouvel An. Ça te va, comme réponse ?
Les tâches furent rapidement réparties. Sirius voulait sa cuisine. Severus eut beau lui dire qu'ils avaient tout le temps devant eux, qu'ils pourraient très se contenter de plats à emporter pendant quelques jours, Sirius voulait sa cuisine. Et quand Monsieur avait une obsession, il ne lâchait pas prise. A une époque, le frigidaire avait été rempli de cordons bleus parce que Sirius voulait tous les aimants de la carte de France. Résultat, Isaline ne pouvait plus avaler un cordon bleu, Nymph' vomissait à leur vue et Harry avait des hauts de cœur.
Bref. Sirius voulait sa cuisine, il avait donc embauché Harry pour la monter. Pendant ce temps-là, les autres étaient occupés principalement par du nettoyage ou de la peinture. Plus d'une fois, ils entendirent Sirius hurler qu'il y avait une fuite ou que personne ne devait aller aux toilettes. Et, plus d'une fois, il se prit la tête avec Harry. Draco songea à aller voir ce qu'il se passait, il avait rarement vu Harry hausser le ton de cette façon, ni même Sirius qui paraissait toujours si jovial. Alors, Isaline et Severus lui avaient interdit de mettre les pieds dans la cuisine : tant qu'à faire, ils préféraient éviter d'avoir ses parents sur le dos car ces deux crétins allaient le réduire en miettes.
Tandis que le parrain et le filleul se prenaient la tête avec la cuisine, c'était atelier peinture dans une des chambres à l'étage. En effet, il fallait repeindre les portes, les plaintes… Sans oublier le nettoyage et autres soucis. Bref, tout le monde mettait la main à la patte, surtout les étudiants, et l'atelier coloriage finit par dériver en bataille de peintre, en fin d'après-midi. Les hostilités commencèrent quand Théo prit Luna par la taille et se mit à valser avec elle sur les bâches en plastique. Jaloux, Blaise prit un rouleau et le passa sur les fesses de Théo qui hurla au scandale. Draco et Ron, les lâches, se cachèrent derrière les portes mais ils furent eux aussi arrosés. Isaline fut copieusement touchée et elle se dit que, décidément, elle ne vivait qu'avec des enfants en bas âge… Quant à Nymph', elle se mêla à la bagarre joyeusement. Alors que Blaise allait attaquer Théo, Sirius et Harry, joyeux, débarquèrent dans la pièce en criant un « On a finiiiii ! ». Et Sirius se retrouva avec le rouleau en plein torse. Blaise craignit les représailles, et il ne fut pas déçu, car Sirius se mêla à la bataille, de même que Ron. Harry fut arrosé par la peinture blanche et se réfugia auprès de son amant.
Il fallut que Severus hurle un « C'est pas bientôt fini, bande de gamins ?! » pour que les jeunes se calment. Deux secondes. Le temps que Sirius renverse à demi un récipient de peinture blanche sur son amant. Ses yeux se rétrécirent et, terrifié, Sirius s'enfuit hors de la pièce, poursuivit par son amant muni d'un rouleau imbibé de peinture. Les rires explosèrent quand Sirius se mit à hurler. Pendant ce temps-là, Remus prenait tranquillement des photos, d'Isaline qui semblait affligée devant ce spectacle, Blaise et Théo assis sur les bâches en train de rire avec Ron et Nymph' toute blanche, Harry et Draco ensemble avec leurs vêtements parsemés de tâches blanches ou encore Luna. Jolie Luna, qui n'avait pas une goutte de peinture blanche sur elle. Allez comprendre…
Autant dire qu'ils ne passèrent pas inaperçu quand ils rentrèrent chez eux. La cuisine était terminée, les meubles étant posés et les connexions d'eau faites. Le couple serait aidé, évidemment, mais ils avaient du temps devant eux. Blaise passa chez Isaline, histoire de se changer quand même un peu avant de repartir chez lui. Luna partait le lendemain dans la matinée, donc Blaise prit son numéro de téléphone et son adresse mail avant de s'en aller, le cœur un peu lourd.
Mais il n'était pas le seul à être triste. Luna se sentait maussade et Harry aussi. Draco rentrait chez lui, les vacances étaient terminées, ce qui attristait le tatoueur. En effet, maintenant, Draco ne serait plus à la maison comme avant et la vie reprenait. Harry craignait que les choses changent entre eux, que Draco se montre froid ou distant avec lui. Il regardait Draco faire sa valise, rassemblant ses affaires sur le lit, avec de la tristesse dans le regard. Oh, il le reverrait bien vite, peut-être même le lendemain, ou mardi, mais il était tout de même triste. Et Draco le savait, il sentait son regard posé sur lui. D'ailleurs, il partageait les mêmes sentiments.
En fait, il était à la fois content de retrouver sa chambre, ordonnée avec toutes ses affaires, et en même temps, quitter cette maison vivante, Isaline et ses soirées avec Harry le rendait morose. Cependant, les vacances étaient terminées, il devait rentrer chez lui et continuer ses études et son stage, comme il le faisait déjà depuis une semaine. Harry l'emmenait et revenait le chercher un peu plus tard. Draco était plus raisonnable que Harry et il arrivait à cacher ses sentiments, ce qui n'était pas le cas de son petit ami qui l'embrassa tendrement quand il fut temps qu'il s'en aille. C'était Isaline qui le ramenait, et il appréhendait déjà le moment où il mettrait les pieds chez lui. Dans cette maison froide et sans vie… où Harry n'était pas là…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
