Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (avec le le temps...).
KYAAAAAAAAAAAH !
Lys : O__O
Mais merde alors !
Lys : Oh, zen…
Nan mais tu te rends pas compte ! J'avais promis à Pad'chan de poster cet après-midi et il est 22h30 !! Dégoûtée de la vie… Tout à cause de qui REFUSAIT de me connecter sur mon compte ! T____T
Lys : Zen, c'est pas ta faute…
Bon, tant pis… Je suis désolée Pad'chan, hein T__T
Lys : Bon, papotons un peu ou je vais me mettre à pleurer !
Okay… Bon, déjà ce chapitre n'est pas gai, autant être prévenu, et il y aura de nombreuses révélations. J'espère que cela vous plaira quand même.
Lys : Le chapitre 20 est presque terminé, ce qui est une belle chose !
Aussi : j'ai crée un blog (http: // didi-gemini . skyrock . com : pensez à retirer les points), où je parlerai de diverses choses, mes fics, et tout et tout. Bon, je viens juste de le créer donc il n'y a pas grand-chose… mais ça devrait arriver dans les jours qui arrivent.
Lys : En fait, elle devait le poursuivre aujourd'hui, mais ses plans ont été changés ! :p
Voilà voilà… Sinon, merci beaucoup à tous ceux qui me laissent des reviews, et aussi ceux qui ne laissent pas d'adresse. Je ne peux pas vous répondre mais vos petits mots me font tout autant plaisir !
Bonne lecture !
Chapitre 19
La rentrée fut difficile. Il en avait vécues, pourtant, des rentrées de classe. Mais celle-ci fut sans doute la plus difficile.
Comme toujours, il revoyait des visages plus ou moins connus, saluait des gens, s'arrêtait deux minutes pour discuter, avec le même flegme habituel. Comme toujours, il montait des escaliers, accompagné de Blaise, et entrait dans une salle de classe ou un amphithéâtre. Comme d'habitude, quoi.
Sauf que, ce jour-là, ses pensées étaient tournées vers Harry Potter. Son amant. L'homme qu'il aimait.
Draco ne cessait de penser à lui. Au moment-même où il était arrivé chez lui, ses pensées s'étaient tournées vers son amant. Il avait retrouvé sa chambre pâle et froide, ses affaires personnelles, qui auraient pu appartenir à un autre.
Tout était si différent, chez lui… Dans la chambre de Harry, tout indiquait que cette pièce lui appartenait, que ça soit les CD, les magazines, les photos ou encore l'ordinateur.
Mais pas dans la chambre de Draco. Elle était trop impersonnelle, elle aurait pu convenir à n'importe qui. Draco avait eu l'impression de sortir d'un rêve et de revenir dans la réalité. Il avait quitté les nuages pour retomber sur Terre.
Ses parents étaient rentrés dans l'après-midi. Sa mère l'avait serré dans ses bras et son père lui avait tapoté l'épaule. Ils avaient discuté. Un peu. Puis, il était remonté dans sa chambre. Ils avaient dîné, ensuite. En discutant. Un peu. Pas beaucoup. Pas assez…
Où était Isaline ? Où étaient ses bras qui lui serraient le cou, ses baisers dans les cheveux ? Où étaient la chaleur de la maison, les voix qui chantaient dans la cuisine ? Où étaient ces moments passés, cette vie étrange qu'il avait menée pendant deux semaines, à présent disparue, comme si elle n'avait jamais existée…
Draco s'enfonçait à nouveau dans la routine. Les heures de cours s'enchaînaient et, à peine arrivés à la fac, les voilà déjà avec un lourd devoir à préparer. Blaise avait gémi de dépit : à peine les vacances étaient-elles terminées que les revoilà en train de bosser sur un devoir. Draco n'avait rien dit mais il n'en pensait pas moins.
Quand la journée fut terminée, Draco n'avait qu'une hâte : rentrer chez lui. Et aussi voir Harry. Mine de rien, il lui avait manqué, ayant passé deux semaines avec lui. Le blond ne fut pas étonné de le voir devant sa fac, à demi assis sur sa moto, en train de l'attendre.
La routine, quoi…
OoO
Le salon était silencieux. Très silencieux. Pourtant, la télé était allumée, mais le son tellement bas qu'Isaline avait du mal à entendre ce qui se racontait. En même temps, elle avait passé la journée chez Sirius et Severus. Ce qui n'était pas le cas de Harry.
Il était assis dans le canapé, les genoux repliés contre son torse, regardant vaguement une merde qui passait à la télé. Isaline s'assit à côté de lui. Elle voyait bien que Harry était morose, depuis que Luna était partie.
Son train était à midi et demie. Harry l'avait accompagnée à la gare, tirant sa valise. Isaline leur avait proposé de les emmener, mais tous deux voulaient encore passer un peu de temps ensemble. Ils avaient grignoté un sandwich, puis Luna avait pris son train. Harry l'avait serrée fort dans ses bras, elle lui manquait déjà. Quand il était revenu à la maison, Isaline, qui était passée chercher quelque chose, le trouva vraiment tristounet et ça lui plomba le moral. Elle lui dit alors d'aller chercher Draco, ça lui remettrait du baume au cœur.
Mais quand il était rentré, l'humeur de Harry n'avait pas changée. Il était allé chercher Draco et l'avait ramené chez lui. Elle n'en savait pas plus. Il n'y avait pas de disputes en l'air, mais le comportement de Harry était tout de même inquiétant… Elle l'aurait pensé un peu plus souriant, un peu plus joyeux, une fois qu'il aurait revu Draco, mais ça n'avait pas suffi pour le mettre de bonne humeur. D'un autre côté, nous étions en janvier…
« Ryry ?
- Oui ?
- Ça va bientôt faire quatre ans qu'on vit à Paris. Tu te rends compte ?
- C'est vrai, dit Harry. Quatre ans. Ça passe vite, quand même.
- C'est sûr ! »
Presque quatre ans qu'ils vivaient à Paris. Quatre ans que Harry avait quitté Londres, avec Isaline, Nymph' et Sirius. Harry n'aimait pas le mois de janvier, surtout le début du mois. C'était l'époque où il avait déménagé, pourtant. Mais leur départ avait une signification… Et Harry n'avait pas envie d'y penser.
« Il y a un problème, avec Draco ? Demanda soudain Isaline.
- Non. C'est juste que… bah, je voulais parler un peu ave lui, mais il voulait rentrer. Il avait des choses à faire, qu'il disait. Pas voulu le déranger. »
Dans deux jours, cela ferait quatre ans qu'il avait quitté Londres pour vivre à Paris. Le papillon bleu tatoué sur son torse semblait brûler doucement sa peau. Harry posa sa main sur son torse, le regard dans le vague.
Le papillon, sur la fenêtre. Battant des ailes, derrière la vitre. Libre.
Tatoue-moi un papillon, tata. S'il te plait.
Un papillon bleu. Comme s'il allait s'envoler.
Je veux être un papillon. Voler comme eux. Etre libre.
Je veux pouvoir sauter sans tomber en bas et me briser…
« Va te coucher, Harry.
- Oui. »
OoO
Deux jours qu'il n'avait plus de nouvelles d'elle. Une éternité.
Ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps, ce genre de truc. Et pourtant, il était sorti avec pas mal de filles, il avait arrêté de les compter. Mais Luna, c'était différent. Elle-même était différente…
Blaise aimait les femmes. Comme sa mère aimait les hommes. Depuis la fin du collège, il enchaînait les petites amies, même s'il s'était calmé depuis son entrée à la fac.
Il n'avait pas goût particulier en matière de femme : les brunes, les blondes, les rousses, les noires, les asiatiques… il avait tout essayé. Les intellos, les stupides. Les loufoques, les sages. Il n'avait pas vraiment de préférence, même s'il avait tendance à sortir avec des métis ou des noires. Il ne l'avait pas remarqué jusqu'à ce que Draco lui en parle. Blaise n'avait besoin de personne pour expliquer cette petite tendance : il avait toujours éprouvé un complexe dû à sa couleur de peau, vis-à-vis de sa mère, et il avait même avoué à son meilleur ami que ça le gênait de caresser les peaux trop blanches.
Blaise tombait rarement amoureux, il ressentait davantage d'attirance que de sentiments pour les filles. Et c'était tant mieux, car vu les conneries qu'il avait faites à cause de ses sentiments… Bref. Pour lui, une fille restait une fille et le sexe était un aspect important dans le couple qu'il formait avec une femme, qu'importe son origine, son passé, ses coutumes. Il n'était pas comme Draco, lui. Déjà, il n'aurait pas pu rester cinq ou six mois sans baiser, et encore moins attendre le bon vouloir de sa partenaire avant de passer à l'acte. Mine de rien, ça faisait presque trois mois que Draco et Harry étaient ensemble, et toujours rien à l'horizon. Enfin, si, de la branlette, mais rien d'approfondi. Draco méritait tout son respect…
Voilà quelles étaient les convictions de Blaise : un couple sans baise ne fonctionnait pas. Cela dit, il n'était pas un salaud et il se comportait toujours en gentleman avec les filles. Il ne lui était jamais arrivé de sortir avec plusieurs personnes à la fois et il les respectait.
Mais depuis qu'il avait rencontré Luna… Ses pensées avaient changé. La jeune fille l'intéressait. L'attirait. De façon inexplicable. Elle était bizarre, pourtant. Quand il l'avait vue pour la dernière fois, elle portait un pantalon noir rayé de violet et un vieux pull marron. Elle arborait un collier affreux et des boucles d'oreilles en forme de radis. Et, une fois de plus, elle s'était à peine coiffée.
Pourtant, il l'avait trouvée jolie. Malgré ses fringues, ses bijoux, il l'avait trouvée jolie. Avec ses yeux bleus rêveurs, sa peau pâle, son léger sourire qui flottait sur ses lèvres… ses cheveux qui semblaient flotter dans son dos, sa voix douce…
Il se dégageait d'elle une impression de douceur, du moins de son point de vue, et malgré ses bizarreries, Blaise la trouvait terriblement adorable. Et elle lui plaisait. C'était fou, voire stupide. Il aimait les filles bien proportionnées, alors que Luna était plate comme une limande, bien habillées et coiffés, le contraire exact de l'anglaise. Blaise était pourtant attiré par elle, comme si elle l'avait ensorcelé. Il avait ressenti de la jalousie quand Théo s'était montré trop proche d'elle, trop familier, au point de déclencher une bataille de peinture. Le pire, dans cette histoire, c'était que Luna ne se rendait compte de rien. Un trait amusant de son caractère mais assez frustrant, tout de même…
Blaise poussa un soupir de dépit : le voilà amouraché d'une fille un peu folle qui s'emparait de toutes ses pensées. Il n'aurait jamais pensé être un jour attiré par quelqu'un comme Luna, et pourtant… Il ferma toutes les fenêtres sur son ordinateur et se connecta sur MSN. Elle était là : Luna - La folie, c'est se comporter de la mêmemanière et s'attendre à un résultatdifférent (Einstein). Il eut un petit sourire : elle n'était pas si folle que ça, Luna…
OoO
Le salon. Vide. Pas un bruit, à part la télévision qui ronronnait doucement. A peine.
Le salon, rempli de lumière pâle, qui illuminait les meubles, le parquet ciré au sol, le canapé s'allongeant à l'infini… Les photos sur les murs, le tapis sur le sol…
Il entra dans ce salon, si chaud et lumineux, avec le léger murmure de la télévision. Ses pieds nus sur le sol, sur le tapis. Il avait chaud. Il était bien. Comme s'il était chez lui.
Sauf qu'il n'était pas chez lui. Il n'avait jamais eu sa place, ici. Il n'était le bienvenu que quand l'autre était là. Il n'avait pas le droit d'entrer ici, sinon. Ni ici, ni ailleurs.
Il se retourna. Lentement. Comme s'il avait peur de biser cet ensemble radieux, ces objets qu'il percevait à peine.
Et il le vit. Son visage, son corps. Cet être qu'il aimait, cet être qu'il chérissait, au point de tout accepter. Cet homme qui le regardait avec ce visage ravagé par la colère, ses yeux ambrés le foudroyant. Il sentait sa fureur, cet aura sombre qui l'entourait, qui voulait le frapper…
Il sentit tout son corps trembler. Et tomber. Par terre. Sur le tapis. Le parquet. Il vit son visage, ses lèvres. Il entendit ses cris, ses insultes.
Il tombait. Et il ne pouvait plus se relever…
OoO
Isaline sauta de son lit et manqua de tomber par terre. Elle ouvrit la porte de sa chambre et se rua dans celle de Harry.
Il hurlait. Hurlait fort, terrorisé. Elle le trouva pétrifié, les yeux grands ouverts dans le noir, haletant. Isaline se faufila dans le lit et le prit dans ses bras alors qu'il éclatait en sanglots, tremblant de tous ses membres. Sa main allait et venait dans ses cheveux, sa voix lui murmurait des mots réconfortants et sans aucun sens, alors que Harry pleurait toujours, gémissant.
Il était là. Dans le salon. Chez lui. Il me faisait mal. J'ai peur, Tata. Il me faisait mal. Comme toujours.
Je l'aimais, tu sais. Je ne voulais pas qu'il se fâche. Je voulais juste…
Tais-toi, Harry. Tais-toi. Ce n'est pas de ta faute. Ça n'a jamais été de ta faute…
Calme-toi, mon bébé…
OoO
« Gné ?
- J'apprécie ta… heu, comment maman disait ? … ta loquacité ! Ouais, j'adore ta loquacité !
- Tu te fous de moi, là ?
- Bah non, pourquoi ? »
Harry poussa un soupir. Las. Il regarda à nouveau le dessin et tenta de raisonner son client : non, franchement, se tatouer un sapin qui diffusait une bonne odeur dans la voiture sur la fesse n'était pas une bonne idée… Mais il eut beau insister, en lui affirmant qu'il allait le regretter et que sa femme n'allait pas être spécialement apprécier, Francis se montra particulièrement buté. Déjà, c'était pas ses affaires, ensuite, il avait réfléchi comme un dingue à ce tatouage, et enfin, il était pédé comme un phoque. Face à ces arguments implacables, Harry lui avait alors montré l'arrière-boutique.
Il y avait des jours, comme ça, où il en avait marre. De son boulot. M'enfin, il l'avait choisi. Il fit donc un devis pour son client, qui paya une avance en cash, prêt à commencer. Il baissa son froc et son caleçon et s'allongea, offrant à Harry la vue magnifique de son postérieur fraichement épilé pour l'occasion. Francis ne le lâchait pas du regard, alors que Harry enfilait ses gants et préparait son appareil. Il regarda attentivement le tatouage, somme toute assez simple. Puis, il commença son travail, tout en discutant plus ou moins avec son client, nullement gêné par la vue de ce fessier. A vrai dire, il ne voyait plus rien à part la zone à tatouer et le dessin en lui-même. Il entendit à peine les avances de Francis.
Quand son client fut parti, son tatouage inachevé mais le prochain rendez-vous programmé, Harry poussa un soupir à fendre l'âme. Depuis le matin, il avait les nerfs à fleur de peau. Il avait fait un cauchemar la veille. Et il savait parfaitement pourquoi : aujourd'hui, cela faisait quatre ans qu'il avait quitté Londres, et rien qu'à penser aux raisons qui avaient poussées Isaline à vendre la boutique pour vivre ici, des frissons désagréables lui parcouraient le dos…
En fait, Harry n'allait pas bien. Il ne se sentait pas bien. Et il ne voulait en parler à personne, même pas à Isaline. Pourtant, Sirius lui avait téléphoné, aujourd'hui. Isaline lui avait dit que Harry n'était pas là, comme le brun le lui avait demandé. Luna aussi avait appelé. Et Olivier. Cho.
Ils savaient qu'il n'allait pas bien. C'était pareil chaque année.
Et comme chaque année, Harry ne voulait parler à personne. Comme une certaine journée, en août. Personne. Il ne voulait parler à personne.
« Ryry ?
- Oui ?
- Ton boulot est terminé.
- Non, j'ai encore un rendez-vous.
- Annulé. »
Harry soupira. Il regarda sa montre et, sans réfléchir davantage, il partit dans le garage chercher sa moto. Il voulait voir Draco. Il ne voulait voir personne sauf lui. Parce que lui ne savait rien de lui, rien de ce qui s'était passé à Londres, et il saurait lui changer les idées. Pas Théo, il lui avait raconté, et pas Ron, qui travaillait encore. Il voulait voir Draco, juste un peu.
Alors que Harry partait sur la route, chevauchant sa moto, il pensa au blond qui lui manquait. Son lit lui paraissait froid sans lui. Il était allé le chercher lundi et lui avait téléphoné la veille. Il avait presque eu l'impression de le déranger, même si le blond affirmait le contraire, et ils n'avaient pas parlé longtemps. Pourtant, Harry avait besoin d'entendre sa voix, mais il n'avait pas eu le courage d'aller plus loin, laissant Draco couper la communication.
Harry arriva devant la fac, et comme d'habitude, il s'assit à demi sur son siège pour l'attendre. Il avait le temps, il était même en avance, étant donné que Draco devait sortir vers cinq heures trente. Harry attendit donc calmement que Draco sorte de la fac.
Mais il ne vint pas. Harry attendit trois quart d'heures, et pas un signe de Draco. Il lui arrivait parfois de sortir avec du retard, même souvent, alors Harry avait attendu un peu plus. Même si c'était inutile. Même s'il le savait. Et le fait que Draco ne soit pas là lui serra la gorge. Il n'était pas bien, il respirait trop fort, tentant de garder son calme. Pourquoi s'énerver ? Tout allait bien…
Calme-toi, Harry…
Avec le plus de calme possible, Harry prit son téléphone portable et chercha son numéro dans son répertoire. Il appela. Il entendit la tonalité. Une fois. Puis deux. Puis trois…
« Oui, allô ? »
Sa voix agacée. Comme s'il le dérangeait.
« Dray, c'est moi.
- Je sais. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je suis devant ta fac, là, et je t'attends depuis trois quarts d'heures ! S'exclama Harry, qui n'aimait pas du tout son ton.
- Je suis chez moi, Harry ! Je finis plus tôt, un prof est malade. Désolé, mais il faut que je te laisse, fit Draco pour couper court à la conversation.
- Attends une minute, faut qu'on parle, là. Je te dérange ?
- Contrairement à certains, je travaille, moi. J'ai un devoir important à faire…
- Draco, ne me parle pas sur ce ton. Moi aussi je travaille, figure-toi, mais j'ai réussi à me libérer pour venir te chercher.
- Ecoute, Harry, je suis vraiment occupé. Ne viens pas me chercher pendant quelques jours, j'ai pas le temps de passer chez toi, je dois bosser.
- Je t'emmerde ?
- Pardon ?
- Vas-y, dis-le que je t'emmerde.
- Harry ! S'écria Draco, surpris.
- Ça fait trois jours que t'es parti, trois jours que j'ai l'impression de t'emmerder. Quand je suis venu te chercher, quand je t'ai appelé hier…
- Harry, tu ne me fais pas chier, mais j'ai besoin de calme, c'est important ! Alors essaie de comprendre…
- A plus. »
Et il coupa la conversation. Harry fourra son portable dans sa poche, remit son casque et partit de la fac. Alors qu'il rentrait chez lui, il sentit deux fois son téléphone vibrer dans sa poche, mais il ne s'arrêta pas une seule fois pour répondre. Il ne le rappela même pas.
OoO
« Mais quel con !
- Ouh la la, sa seigneurie se permet de dire des gros mots, il va neiger !
- Blaise, la ferme !
- Allez, raconte-moi tout, au lieu de t'exciter pour rien. »
Draco se laissa tomber sur le lit, où Blaise s'était allongé. Ils comptaient revoir ensemble quelques petites choses pour leur devoir à rendre, afin de voir un peu les erreurs de l'autre, faire des retouches. Avant qu'ils ne s'y mettent, Draco avait essayé d'appeler Harry, comme il l'avait fait la veille, mais il ne répondait pas.
« On s'est disputé, hier.
- Pourquoi ? »
Draco lui raconta que Harry était venu le chercher mais il n'était pas là, étant donné qu'un de leurs profs était absent, et Harry s'était soudain emporté.
« Parce que tu es rentré sans le prévenir ?! S'exclama Blaise, sans y croire.
- Non… »
Draco parut alors embarrassé. Il passa sa main dans son cou, le massant quelques secondes, puis il avoua à Blaise qu'il était préoccupé par ce devoir assez long et complexe, donc il avait besoin de temps et il n'avait pas du tout été attentionné avec Harry. Et il devait bien reconnaître qu'il avait dû donner à Harry l'impression qu'il l'ennuyait.
« Il disait qu'il m'emmerdait, que je devais le reconnaître, que c'était l'impression que je lui donnais… Je n'ai pas fait preuve de beaucoup de tact quand je lui ai demandé d'éviter de venir me chercher, mais… je ne comprends pas pourquoi il s'est emporté comme ça… »
Il aurait dû lui dire ça d'une autre manière, mais Draco était parti sur sa lancée quand il écrivait son devoir et il ne voulait pas en perdre le fil, donc il devait vite raccrocher, sauf que Harry s'était énervé. Et il ne comprenait pas pourquoi il s'était emporté comme ça. D'habitude, ça ne lui arrivait jamais, surtout pour des broutilles… Et là, bizarrement, il devait regarder qui l'appelait pour éviter de lui répondre…
« Tu devrais aller le voir.
- Ah non ! Je suis occupé, là, j'ai autre chose à faire…
- Draco, peut-être que Harry a besoin de toi. Il s'est passé quelque chose, et…
- Mais qu'est-ce que tu veux qu'il se passe ? Dit Draco avec évidence. Je suis parti de chez lui il y a quatre jours et il allait bien. Et d'un coup, tout va de travers ! Je passerai ce week-end.
- Entre deux cours ? Fit Blaise d'un air de reproche.
- Oh toi, tu peux parler, avec ta Luna ! »
Blaise refrogna. Il prit son sac et sortit ses documents, mettant fin à la conversation, qui ne menait à rien. Draco ne put que soupirer, exaspéré : Harry était vraiment prise de tête…
OoO
Draco avait l'impression que cette journée ne se finirait jamais. Elle était terminée depuis cinq minutes, pourtant, mais il devait encore rentrer chez lui. Une fois qu'il serait dans sa chambre, il serait tranquille…
La veille, il avait rencontré Daphné à la fac, entourée de ses amis. Avec Blaise, ils déjeunèrent avec eux. Draco voulait se changer un peu les idées et prendre son repas avec Terry et sa nouvelle copine, ou encore d'autres étudiants exaspérants au possible, ne lui disait rien. Daphné était chiante mais distrayante. On ne pouvait pas tout avoir. Sauf que, ce midi-là, elle avait été plus chiante que distrayante. En effet, elle lui parla de Harry. Du début à la fin. Draco crut qu'il allait l'étrangler quand il commença à comprendre qu'elle avait flashé sur son mec.
Et pas seulement flashé… Draco en venait à regretté le moment où il avait permis à Harry de danser avec elle à sa fête d'anniversaire, car elle semblait très bien se rappeler de ce moment magique quand il l'avait fait valser sur la piste. Le pire fut quand elle lui fit du charme pour avoir sa photo, notamment celle sur son portable, ou alors son adresse mail. Draco refusa, l'envoyant bouler : non mais et puis quoi encore ?! Blaise, ce vicelard, lui dit que, de toute façon, vu où il en était avec Harry en ce moment… Il n'en fallut pas plus à Daphné pour lui sauter dessus et le harceler de questions.
Draco était furieux après Blaise. D'ailleurs, il ne lui parlait plus depuis la veille, tant il recevait d'appels de Daphné qui avait décidé de jouer avec ses nerfs pour avoir l'adresse de Harry ou son numéro de téléphone. Il n'en pouvait plus, surtout que Harry lui manquait…
Trois jours qu'il n'avait pas de nouvelles. Cinq jours qu'il ne l'avait pas vu. Et ça pesait. Vraiment, ça pesait. Harry lui manquait plus qu'il ne l'aurait pensé : Draco avait envie de le voir, de le prendre dans ses bras, de l'embrasser. De se réconcilier avec lui. Il avait désiré ce silence de sa part, quelques jours seulement, pour qu'en suite ils puissent passer plus de temps ensemble, mais il le regrettait, maintenant.
En même temps, il lui en voulait : cet idiot s'était emporté pour des broutilles, il avait osé penser qu'il l'ennuyait… Bon, il était vrai que Draco voulait du silence pendant quelques jours, mais s'embrouiller avec lui ne faisait pas partie de ses plans, loin de là. Et puis, mine de rien, savoir que Harry lui en voulait perturbait Draco. Il se demandait de plus en plus s'il ne s'était pas passé quelque chose, ou si, tout simplement, Harry avait pété un câble et son orgueil le forçait à ne pas répondre au téléphone.
Draco mit son sac sur son épaule, peu réjoui à l'idée de rentrer chez lui. Il avait sa mère constamment sur son dos qui lui posait mille questions sur Harry, son séjour chez Isaline, Sirius et son amant, Nymphadora… Son père était plus discret et l'ennuyait bien moins, mais Narcissa voulait savoir si Isaline Anderson s'était bien occupée de lui, comme si son fils avec cinq ans. Draco lui avait répété qu'elle avait été adorable avec lui, comme tout le reste de la famille. Il préféra ne pas lui dire qu'elle cachait ses fringues dans ses propres affaires histoire de l'embêter, ça aurait fait mauvais genre…
De plus, il s'était fait à la chaleur de la maison d'Isaline et Harry, les discussions à table, quelques soirées devant la télévision… Des petits moments comme ça qui changeaient son quotidien. Il se réadaptait à la vie chez lui, mais il lui manquait toujours quelque chose. Un petit quelque chose, insignifiant, mais il ressentait un manque étrange…
« Draco ? »
Le blond sursauta. Il tourna la tête et aperçut Théo qui s'avançait vers lui. Le blond eut un léger sourire en le voyant : voilà une rencontre inattendue. Ils se serrèrent la main et Draco remarqua que Théo avait l'air vraiment fatigué.
« Tu n'as pas bonne mine, toi.
- Le boulot. Il fait un froid de chien, et bosser par -2 degrés, c'est pas la joie.
- Je te plains. Je t'offre un café ?
- C'est pas de refus. »
Ils sortirent de l'hôpital pour aller dans un bar à quelques mètres. Draco lui demanda ce qu'il faisait là, Théo lui répondit qu'il devait récupérer un ami qui avait un problème de voiture, mais apparemment, il était parti sans l'attendre. Il allait l'entendre, cet abruti ! Draco eut un léger sourire en l'entendant se plaindre : ça faisait du bien de retrouver des têtes connues…
Ils s'assirent à une table et commandèrent deux cafés. Ils discutèrent un peu, tranquillement. Théo raconta que Seamus allait retirer son plâtre ce jour-même, ce n'était pas trop tôt ! Allait suivre la rééducation, mais au moins, Théo ne serait plus obligé d'envelopper son plâtre avec des sacs plastiques pour qu'il puisse se laver… Au fur et à mesure qu'il parlait, Draco voyait que Théo était fatigué et préoccupé. Il finit d'ailleurs par lui poser la question.
« Théo, tu n'es vraiment pas dans ton assiette. Quelque chose ne va pas ?
- Oh, rien de spécial… Bon, y'a Harry qui me préoccupe un peu, mais bon…
- Harry ? »
Son prénom avait fusé de sa bouche, sans qu'il ne puisse le retenir. Théo lui lança un regard mi-embrassé, mi-hésitant. Il ne savait pas vraiment comment parler de ça.
« Il ne t'en a pas parlé ?
- De quoi ?
- Oh, vous vous êtes disputés, tous les deux, nan ? Fit Théo avec un léger sourire.
- Théo, dis-moi ce qui lui arrive, s'il te plait.
- Pas grand-chose. Chaque année, c'est pareil. Y'a trois ou quatre jours, c'était… enfin, comment dire… bah ça faisait quatre ans qu'il avait quitté Londres. Il est jamais bien, ce jour-là. Il bosse, hein, mais il veut parler à personne qu'il connait. Je l'ai appelé dans la soirée, mais il répondait pas, et Isaline m'a dit qu'il n'était pas là. Enfin, elle dit la même chose à chaque fois, même si c'est pas vrai. Sirius m'a dit que, un jour, il était venu chez eux et Harry a pété un câble. Il l'avait rarement vu autant en colère.
- Mais pourquoi il est énervé comme ça ? S'inquiéta le blond.
- Bah… Ça a un rapport avec ce qui s'est passé à Londres, mais je ne peux pas vraiment t'en parler. Il en parle à personne et je ne connais pas les détails. Enfin, je sais juste qu'il a eu un gros problème et il a été obligé de partir. Il est jamais bien et ça dure plusieurs jours. »
Draco resta pensif quelques secondes, en pensant à leur coup de téléphone. Ça expliquerait qu'il se soit emporté… Un sentiment de culpabilité s'insinua dans son cœur : Harry ne voulait voir ni parler à personne, mais il était venu le chercher. Harry avait eu besoin de parler, de le voir, et Draco lui avait demandé qu'ils arrêtent de se voir quelques jours.
« Je suis stupide…
- Pourquoi ?
- Il est venu me chercher mercredi, je n'étais pas là, alors il m'a appelé et on s'est disputé…
- Stop, je t'arrête. »
Etonné, Draco lança un regard interrogatif à Théo qui semblait très sérieux.
« Harry est un type génial, mais son plus gros défaut, c'est qu'il garde beaucoup de choses pour lui. Ou alors il en parle à peu de personnes. Tu pouvais pas savoir qu'il n'était jamais bien à ce moment de l'année, donc ne culpabilise pas.
- Pourquoi il ne me parle pas de…
- Il est comme ça ! S'exclama Théo d'un air fataliste. Par exemple : quand il s'est rendu compte qu'il était amoureux de toi, c'est moi qu'il est venu voir. Pourquoi pas Ron ? Cho ? Olivier ? Nan, moi. Que moi. Faut pas chercher, il est comme ça. »
Draco avait d'autres exemples en tête. Il y avait des choses que Harry ne lui disait pas, ou alors au compte-goutte. Déjà, il lui avait dit que son ex petit ami avait honte de lui, donc il recevait peu de marques d'affection en public. Puis, il lui avouait qu'il n'avait eu qu'un seul copain et qu'il était puceau. Sans oublier qu'il était orphelin et qu'il avait été maltraité par sa famille adoptive, les Dursley.
« Harry a parfois des humeurs noires, comme ça, on sait pas pourquoi. Enfin, moi, j'en sais rien. J'ai demandé à Cho, elle m'a envoyé bouler. Une fois, je me suis pris la tête avec lui, on s'est pas parlé pendant presque un mois. Et puis j'ai appris qu'il se faisait harceler par un ami de son ex. Il parait qu'Isaline était furieuse qu'il ne lui ait rien dit. Elle voyait bien qu'il allait pas bien, il mangeait moins et ne voyait plus personne, mais bon, il a des périodes comme ça. Ouh la la, Nymph' m'a dit que ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas flippé quand elle allait au boulot. Quand Isaline et Harry se prennent la tête, il parait que ça fait peur. »
Draco resta pensif quelques instants. Il tenta d'imaginer Harry avec un visage réellement furieux, mais il n'y parvint pas, ni même pour Isaline. Il connaissait ses expressions, mais l'imaginer pleine de fureur… Et tous les deux ensembles, alors qu'il y avait tant d'amour… Etrange… et inquiétant…
« Je vais aller le voir.
- J'espère qu'il a la pêche, aujourd'hui, dit Théo en terminant son café. Sinon, tu vas te retrouver dehors.
- C'est si horrible que ça, ce qu'il a vécu à Londres ? »
Théo ne répondit pas. Il haussa juste les épaules. Il ne connaissait pas vraiment les détails et, pour le peu qu'il connaissait, Harry lui avait fait promettre de n'en parler à personne et Théo n'était pas du genre à laisser filtrer ce genre de secret. Un jour, Cho l'avait testé pour savoir s'il était au courant et elle avait senti que Harry lui avait raconté des choses. Elle était au courant, elle aussi, mais Théo n'avait pas compris ni pourquoi, ni comment. Olivier aussi, il savait. Théo n'avait jamais su pourquoi non plus.
« Assez traumatisant, je dirai. Bon, je vais te laisser. Je dois récupérer Seamus à l'hôpital.
- Et ton ami ?
- Qu'il aille se faire voir ! Je ne suis pas un taxi, moi ! »
Draco eut un sourire moqueur et lui dit qu'il transportait toujours Seamus, pour l'emmener à la fac ou le ramener le soir, le jeune homme attendait toujours dans le coin le temps que Théo arrive. Ce dernier grogna qu'il n'avait pas le choix et il aurait bien voulu qu'on en fasse autant si c'était lui qui avait le pied dans le plâtre.
Ils se quittèrent donc sur le parking. Draco monta dans sa voiture et roula en direction de la boutique, pour avoir une conversation avec Harry. Il lui manquait, c'était un fait, mais surtout, il voulait savoir exactement ce qui n'allait pas avec lui. Draco admettait que Théo ne puisse pas lui en parler, il ne le ferait sûrement pas à sa place, mais ce n'était pas pour autant que Draco allait rester sans rien faire. Il arriva donc à la boutique et se gara devant la porte du garage. Puis, il sonna. Isaline vint lui ouvrir et eu un léger sourire.
« Salut beau blond. Tu vas bien ?
- On fait aller. Je dois voir Harry.
- Il est pas là.
- Tu dis ça à chaque personne qui veut le voir, hein ? »
Elle acquiesça d'un signe de tête, peu décidée à le laisser entrer. Elle lui dit néanmoins que, s'il voulait vraiment le voir, il risquait de trouver vite la porte. Harry n'était pas de bonne humeur, c'était à ses risques et périls. Pourtant, Draco voulut quand même entrer, alors Isaline le laissa faire, regagnant la boutique qu'elle était en train de nettoyer. Draco allait monter dans la chambre mais Harry sortit de l'arrière-boutique, sûrement poussé par sa tante.
Il avait l'air fatigué et peu avenant. Il ne souriait pas et sembla très las en voyant Draco dans le couloir. Le blond sentit son cœur se serrer : il ne s'attendait pas à une effusion d'amour, mais on avait presque l'impression que… ça le faisait chier qu'il soit là. Un peu comme lui, au téléphone, quand il l'avait entendu.
« Bonjour, Harry. Ça va ? »
Belle entrée en matière, Draco… Mais le voir ainsi lui rappelait le jour où il l'avait abordé pour la première fois, l'invitant à passer une soirée avec Blaise, Millicent, Hermione et Ron. Au tout début.
« Oui. Qu'est-ce que tu veux ?
- Te parler.
- Plus tard, je suis occupé, répondit Harry d'une voix sèche.
- Harry, il faut qu'on parle, tous les deux !
- Désolé, mais moi aussi j'ai besoin de calme, et contrairement à certains, je travaille. C'est pas toi qui va nettoyer par terre, alors rentre chez toi et laisse-moi tranquille. »
Il parlait d'une voix froide que Draco n'apprécia pas du tout. Le Harry qu'il aimait avec disparu, remplacé par cet homme qui semblait n'avoir qu'une envie : le jeter dehors. Et cela lui fit cruellement penser à lui-même, avec ses ex…
« Théo m'a dit que tu n'allais pas bien. Que c'était toujours comme ça au début de l'année, et que…
- Justement, je ne me sens pas bien, alors laisse-moi tranquille. Je ne veux pas t'emmerder avec ça.
- Tu ne m'emmerdes pas, je veux t'aider. Harry, reste-là ! »
Draco lui prit fermement le bras. Un sentiment de lassitude passa sur le visage de Harry qui se massa le front. Il voulait qu'il s'en aille. Il ne voulait pas voir Draco, ni lui, ni personne d'autre. Il avait voulu, quelques jours auparavant, mais ce n'était plus le cas. Demain, ça irait mieux, il en était certain…
« Draco, vraiment, laisse-moi tranquille.
- Je ne veux pas, je veux que tu me racontes…
- Tu avais besoin qu'on te laisse tranquille, et bien, moi aussi je veux qu'on me laisse tranquille ! »
Harry retira son bras et lui lança un regard énervé. Puis, il monta les escaliers jusque dans sa chambre, laissant Draco planté là, dans l'entrée. Le blond voulut le suivre, mais il savait que cela allait envenimer davantage la dispute, et il ne voulait pas de ça. Loin de là. Il comprit qu'il avait blessé Harry et il sentait mal…
Nymph' sortit de l'arrière-boutique et lui fit un léger sourire. Elle s'avança vers lui pour l'embrasser sur les joues, et aussi le consoler un peu.
« Te fais pas de bile, il est comme ça à chaque fois. Reviens demain, ce sera passé.
- Je l'ai blessé. Il avait besoin de moi, et…
- Tu ne pouvais pas savoir. Et puis, c'est pas de ta faute s'il est comme ça. Viens avec moi. »
Nymph' prit un trousseau de clé se trouvant sur la commode et lui fit signe de la suivre. Ils sortirent de la maison et Nymph' se planta devant la boite aux lettres qu'elle ouvrit. Un tas de lettres s'y trouvait. Sans comprendre, Draco la regarda examiner chacune des lettres, jusqu'à s'arrêter sur une enveloppe blanche. Elle la montra à Draco : il n'y avait que l'adresse de Harry, avec son nom. Il la prit et la retourna. L'expéditeur le fit frémir : Cédric Diggory. Il leva les yeux vers elle : qu'est-ce que ça signifiait ?
« On va dire que ces trucs-là n'arrangent pas l'humeur de Harry. La plupart du temps, il les déchire sans les regarder, mais bon, là, il était pas d'humeur.
- Et qu'est-ce qu'il raconte ? Demanda Draco, en sentant une colère étrange monter en lui.
- Va savoir. Harry ne les a jamais ouvertes. Cédric doit s'en douter. Ou alors il pense qu'Isaline l'empêche de lui répondre. Bref, reviens demain, ça ira mieux. »
Draco hocha la tête : il reviendrait. Il rendit l'enveloppe à contrecœur à Nymph', puis lui dit « au revoir », et il rentra chez lui, le cœur lourd.
OoO
« Déchire-là. »
Il entendit la feuille se déchirer. Une fois. Puis deux. Puis trois.
« Tu devrais la lire. Tu saurais au moins ce qu'il te raconte.
- Je ne veux pas le savoir. Bonne nuit. »
OoO
Il était presque cinq heures et Draco avait enfin fini avec ses cours particuliers. Non pas qu'ils étaient épuisants, mais il n'avait cessé de regarder l'heure, attendant le moment où il pourrait aller voir Harry.
Draco fouilla dans son sac et chercha ses clés de voiture. Maintenant, il prenait celui que Remus et Nymph' lui avaient offert : il était bien pratique et il aimait son style, bien qu'assez simple. Il mettait aussi la veste qu'Isaline lui avait achetée, elle lui tenait chaud. Pendant la semaine, alors qu'ils déjeunaient tous ensemble, avec Terry, Lavande, et toute la clique, Zacharias lui avait demandé où il avait acheté cette veste et il avait été surpris quand il lui avait dit que la mère de son petit ami la lui avait offerte. Il n'avait pas voulu expliquer que c'était en fait sa tante, qui s'était occupée de lui depuis qu'il avait huit ans, et encore moins qu'en fait c'était sa tutrice. Autant résumer. Ils avaient été encore plus surpris quand ils avaient appris que la superbe montre qu'il portait au poignet venait de Harry.
« Il se fout pas de ta gueule, ton mec ! »
Côté cadeau, non, c'était le cas de le dire… Daphné était présente, ce jour-là, et elle leur dit qu'elle aurait bien voulu un petit ami qui lui offre de beaux cadeaux aussi. Draco se disait qu'elle se méprenait totalement sur Harry : même s'il savait utiliser sa carte bleue, il n'était absolument pas habitué à dépenser de l'argent pour des conneries.
Ils n'avaient pas été les seuls à remarquer la montre, une de ses élèves qui lui faisait du rentre-dedans l'avait remarquée. Elle semblait prête à le garder bien plus longtemps que prévu, mais Draco avait des projets en tête, dont parler avec Harry. Même s'il l'envoyait balader encore une fois, tant pis, Draco insisterait et il finirait par avoir ses explications. Il monta alors dans sa voiture et roula jusqu'à la boutique de façon plus ou moins prudente. Comme à son habitude, il se gara devant le garage et sonna.
Isaline lui ouvrit et poussa un soupir en lui disant que Harry n'était pas là. Draco lui demanda si c'était vrai et il lut sur son visage que ce n'était pas le cas.
« Tu me laisses entrer quand même ?
- Ecoute, beau blond : moi, je fais ce qu'il me dit. »
Elle le laissa tout de même entrer. Alors qu'il retirait ses chaussures, elle s'avança dans l'escalier et appela Harry.
« Ryry ! Y'a un beau blond qui est rentré à la maison et il veut pas s'en aller. Je fais quoi ?
- Laisse-le monter. »
La porte venait de s'ouvrir. Isaline sembla soulagée : son Ryry avait enfin décidé d'arrêter d'hiberner dans sa chambre. Draco monta alors les escaliers et entra dans la chambre. Harry l'attendait, les yeux fatigués, et il ferma la porte derrière lui. Il y eut un silence un peu embarrassant, Draco ne savait plus quoi lui dire, tous ses beaux discours envolés. Ce fut Harry qui se lança, à sa grande surprise.
« Je suis désolé, Draco. Pour hier et pour mercredi. Je me suis énervé après toi, je t'ai envoyé bouler… Je te demande pardon. »
Il semblait vraiment sincère. Draco était surpris que Harry lui demande pardon, il s'attendait plutôt à ce qu'il attende des excuses. D'habitude, c'était toujours lui qui devait s'excuser, en plus…
« Moi aussi je te demande pardon. Je n'avais pas à te parler comme ça.
- Tu m'as juste dit que tu avais besoin de tranquillité. Il y a des façons de le dire, c'est vrai. Mais bon, t'y es pour rien.
- Tu ne me parles pas, Harry. »
Le brun, qui avait baissé les yeux, les leva vers Draco, l'interrogeant silencieusement du regard. Alors qu'il savait déjà où son petit ami voulait en venir.
« Tu ne me parles de rien, Harry. Tout ce que je sais de toi, je l'ai au compte-goutte, et c'est souvent grâce à d'autres personnes que je sais ces choses. C'est Severus qui m'a dit que tu étais orphelin, il a fallu que ton oncle et ta tante viennent à Paris pour que tu m'en parles plus, j'ai dû te toucher de façon plus osée pour que tu m'avoues que tu étais vierge. De quoi tu as peur ? Que je dise tout aux autres ? Que j'ai pitié de toi ? Je ne suis pas bête, je peux comprendre, tu sais…
- Je suis comme ça. »
Il avait dit ça avec une telle évidence que Draco en fut soufflé. Mais c'était comme ça. Harry était comme ça. Il avait essayé de lutter, mais il n'avait jamais réussi à changer. On ne change pas sa personnalité, on ne peut que l'améliorer. Mais il n'y arrivait pas.
« Je ne parle pas beaucoup de moi.
- Je sais Harry, soupira Draco en passant sa main sur son visage. Tu es compliqué, je le sais. Mais là, tu allais mal, et tu ne m'as rien dit.
- Pardon.
- Je ne veux pas de ton pardon, je veux que tu me dises quand tu ne vas pas bien. Théo m'a expliqué que c'est la période où tu as quitté Londres et il t'est arrivé des choses, là-bas. Nymph' m'a montré l'enveloppe de ton ex, Cédric. Elle m'a dit que ça te mettait de mauvaise humeur, ça aussi. Pourquoi tu n'es pas bien ? Qu'est-ce qui t'es arrivé, à Londres ?
- Je ne veux pas en parler, dit Harry d'une voix ferme. Draco, je ne veux pas. C'est tout.
- Tu n'as aucune confiance en moi ! Si, Harry, tu n'as aucune confiance en moi ! Sinon, tu m'en parlerais !
- Si je n'avais pas confiance en toi, je ne serai pas venu te voir mercredi. »
Cela coupa Draco dans son élan. Il ne trouva rien à redire : il avait été le seul que Harry avait voulu voir, ce jour-là. Soudain, Harry s'avança vers lui et passa ses bras autour de sa taille, cachant son visage dans son cou. Alors, Draco resserra ses bras autour de lui l'attirant encore davantage contre son torse. Harry était bien ainsi, au creux de ses bras, comme si là était sa place. Draco enfouit son nez dans ses cheveux, caressant son dos. Il profita de ce moment de tendresse. Il se rendait compte à quel point le contact de Harry lui avait manqué, en l'espace d'une semaine.
« Tu sais, Draco… Fit-il soudain. Je ne parle jamais de moi parce que je ne veux pas faire pitié, et je ne veux pas qu'on s'inquiète pour moi. Et puis… je ne veux pas parler de ça parce que je ne veux pas y penser. Surtout maintenant. Je t'ai toi et je veux oublier tout ça. »
Ces paroles le touchèrent droit au cœur. Draco embrassa ses cheveux et entendit Harry pousser un léger soupir de contentement.
« Mais tu nous inquiètes, tu sais, répliqua Draco d'une voix douce. Quand on n'a pas de nouvelles de toi, on s'inquiète.
- Tu ne voulais pas de nouvelles de moi, ça tombait bien.
- Harry !! S'écria Draco. N'interprète pas mal mes propos !
- Désolé. Mais tu ne voulais pas qu'on se voie, donc c'était bien. Je ne voulais pas t'inquiéter pour rien. Ça finit toujours par passer. »
Oui, mais il aurait voulu être là. Draco aurait voulu l'aider, au lieu de travailler comme un fou sur son devoir maintenant terminé. Il aurait pris un peu de retard, mais Harry n'aurait pas été tout seul.
« Harry ?
- Oui ?
- Si tu allais mal… maintenant que je sais que tu as tes « périodes »… tu me le dirais ?
- Non. »
Harry sentit deux mains prendre violement ses bras et il fut repoussé. Il lut la fureur dans les yeux bleu gris de Draco, sa bouche ne formant qu'un mince trait rosé. Harry ressentit de la culpabilité. Mais il ne voulait pas lui mentir. Ni lui promettre. Ça ne servirait à rien.
« Quand tu vas mal, je veux que tu me le dises.
- Non.
- Harry !!
- Arrête de crier. Si je vais mal, tu le verras. Mais je ne te dirai rien. Je ne le dis jamais. Je garde tout pour moi. C'est comme ça. Ne dis rien, Draco, j'ai toujours été comme ça. J'ai essayé de m'arranger, mais je n'ai jamais réussi. Y'a que Tata qui arrive à voir, parfois. Faut croire que je suis un bon comédien.
- Harry… Grogna Draco, frustré. Je veux que tu me le dises. Je veux être là pour t'aider, et ne pas agir comme d'habitude alors que tu n'es pas bien ! C'est ça, un couple : se faire confiance mutuellement ! Oui, je sais, je n'ai pas toujours été comme ça, mais je t'aime, merde ! Je veux t'aider et ne pas rester dans mon coin comme un con ! »
Deux lèvres se posèrent sur sa bouche, le faisant taire. Harry enserra son cou de ses bras, ses mains caressant ses cheveux. Draco voulut protester et le repousser, mais le brun tenait fermement ses épaules et il en profita pour glisser sa langue dans sa bouche. Draco céda bien malgré lui à ce baiser tendre et amoureux. Ces lèvres lui avaient manqué et il ne pouvait résister bien longtemps à leurs assauts… Puis, Harry s'écarta et lui fit un sourire mutin. Le premier depuis qu'il l'avait quitté lundi dernier.
« J'ai lu quelque part que la meilleure façon de faire taire un homme était de l'embrasser.
- Abruti…
- Voilà que tu m'insultes, maintenant !
- Où tu as lu ça ?
- Dans un manga yaoi. Un manga avec des gays dedans, quoi. Tu connais Love Mode ?
- Parle-en à Blaise, ça l'intéresserait sûrement. Bref, ne changeons pas de sujet.
- Dray… »
Harry voulut argumenter mais Draco prit son visage dans ses mains. Il semblait sérieux, et inquiet à la fois. Harry se pinça la lèvre : il détestait le voir comme ça. Comme il détestait voir les autres avec cette anxiété dans le regard, et cela à cause de lui.
« Harry. Tu veux vraiment que je m'inquiète ? Tu veux vraiment que je me demande sans cesse si tu vas bien, que je ne te fasse plus confiance ?
- Draco !
- Si je n'ai plus confiance en toi, Harry, ça ne nous mènera à rien. J'en ai rien à faire des autres, mais toi tu es important pour moi. Je veux que tu me promettes que tu me diras quand tu n'iras pas bien, ou je me tire, et tu ne me reverras plus.
- Tu ne peux pas me faire ça ! Fit Harry avec de la panique dans les yeux.
- Tu crois ? Tu penses vraiment que je vais faire attention à ce que je dis et à ce que je fais, en me demandant sans arrêt si tu vas bien ou si tu me caches quelque chose ? Tu crois vraiment que je vais passer mon temps à interpréter ce que tu fais ?
- Mais pourquoi tu ferais…
- Mais parce que je t'aime, merde !
- Draco, tu t'emportes pour rien, » répliqua Harry.
Mais le blond lui résuma la conversation qu'il avait eue avec Théo. Harry se sentit en colère après son ami, même s'il savait que ses attentions n'étaient pas mauvaises : il avait sans doute voulu que Draco arrange la situation, étant donné que personne n'y était parvenu. Mais Harry détestait quand on parlait de lui à d'autres personnes, surtout ce genre de choses…
« Il va m'entendre, celui-là.
- Avant, c'est toi qui va m'entendre, rétorqua Draco sans le quitter des yeux. Harry, promets-moi que tu me diras quand tu ne seras pas bien ou quand tu auras des problèmes. Ou je me casse.
- Tu prends ça trop à cœur…
- Tu as vraiment envie que je m'en aille ?
- Si je te promets de faire des efforts, ça te va ? »
Draco savait qu'il n'en obtiendrait pas plus. Il le vit à son visage anxieux, ses yeux inquiets et à sa bouche pincée. Le blond soupira et hocha la tête : ça lui allait. Harry sembla soulagé, alors que dans le fond, ça n'allait pas si bien que ça. Certes, Draco était calmé, mais ce n'était pas pour autant que Harry se sentait capable de réellement dévoiler ses soucis passagers à son petit ami.
Il lui avait promis de faire des efforts. Pas de lui avouer. C'était différent.
OoO
Narcissa monta les escaliers, vêtue de sa robe de chambre. Elle venait de raccrocher le téléphone, ayant parlé à sa mère une dizaine de minutes, et à présent, la seule chose qu'elle désirait était de se coucher.
Sa mère était dans une colère noire. Oh, elle s'était calmée, bien sûr, mais elle était toujours aussi furieuse après son petit-fils et son gendre. Draco était parti comme ça, sans prévenir, et les parents de Narcissa étaient aussi vexés que blessés. Mais leur colère n'était pas uniquement dirigée vers leur petit-fils, mais aussi vers Lucius, qui avait annoncé d'entrée de jeu qu'il avait proposé à Draco de rentrer à Paris s'il le désirait.
Aussitôt, Druella l'avait attaqué : et pourquoi donc lui avait-il proposé une telle chose ? Lucius lui avait alors répondu que Draco avait assisté à l'enterrement, donc il avait rempli son devoir. Quand sa belle-mère lui avait hurlé qu'il était parti sans même leur dire « au revoir », Lucius avait commencé à s'énerver.
« Vous savez très bien qu'il n'est pas à l'aise, ici. De plus, vous n'avez pas porté de réel intérêt à Draco depuis notre arrivée ici. Il avait plus le rôle d'une plante décorative que d'un invité. »
Outrée, Druella Black s'était mise dans une colère noire, rapidement associée à son mari qui en voulait terriblement à son petit fils et à son genre, mais ce dernier s'était montré d'une indifférence blessante. Il avait fini par quitter le Manoir pour prendre une chambre d'hôtel, refusant de rester une minute de plus dans cette maison. Narcissa ne savait plus ou se mettre. Elle resta deux jours chez ses parents, mais ils étaient tellement furieux après sa famille qu'elle s'exila elle aussi à l'hôtel.
Résultat, le couple Malfoy ne passa pas le réveillon de Noël dans toute la famille Black mais en couple. C'était la première fois que cela arrivait depuis la naissance de leur fils. Ils étaient seuls, tous les deux, et bien qu'ils ne soient pas habitués à de telles soirées, ils passèrent un excellent réveillon. Lucius se montra très attentionné et charmant avec son épouse, qui en vint à oublier ses soucis.
Evidemment, ils n'avouèrent pas à leur fils la situation, ni l'un ni l'autre ne voulait gâcher ses vacances, même si Narcissa avait du mal à avaler la pilule. Elle détestait Isaline Anderson et elle ne comprenait pas comment Draco pouvait aimer rester chez cette femme, et comment cette dernière pouvait tolérer son fils chez elle. Surtout qu'il passait ses journées avec Harry et Narcissa n'était pas assez niaise pour penser qu'ils jouaient aux dames lors de leurs soirées. Tout cela lui passait au-dessus de la tête. Pour éclaircir ces mystères, elle avait tenté d'interroger son fils qui restait vague sur ce sujet.
Tiens, en pensant à cela… Elle passa devant la chambre de Draco. De la lumière passait sous sa porte. Narcissa toqua puis entra, quand son fils grogna un « entrez » peu avenant. Elle le découvrit sur son lit en train de lire un roman. Ou, plutôt, à essayer de le lire.
« Bonsoir, Draco. Je viens juste te souhaiter une bonne nuit. »
Le jeune homme se leva alors et embrassa sa mère sur la joue. Elle lui demanda si tout allait bien, il paraissait préoccupé, et elle n'avait pas tout à fait tord. Il poussa un soupir fatigué : il n'était pas au meilleur de sa forme, pas d'un point de physique, mais plutôt moral.
« J'ai eu un différent avec Harry.
- Oh, fit-elle, étonnée. Et ça s'est arrangé ?
- Plus ou moins. »
Draco hésita, puis il avoua à sa mère que Harry ne se sentait pas bien, moralement, et il ne le lui avait pas dit. Enfin, Draco ne l'avait pas compris, alors que, apparemment, ça arrivait de temps en temps, en particulier à cette époque de l'année. Narcissa fut étonnée que son fils soit si anxieux, mais en même temps, cela lui fit plaisir : cela prouvait qu'il tenait réellement à Harry. Et ça faisait du bien de sentir que son fils se posait quelque part, au lieu de voyager avec divers partenaires.
« Parle avec lui, et je suis sûre que ça s'arrangera. Vous vous aimez, non ? »
Draco eut envie de dire que, justement, il était là le problème : Harry ne voulait pas l'ennuyer avec ses soucis justement parce qu'il tenait à lui, tandis que Draco voulait l'aider parce qu'il était important pour lui. Aie aie…
Sa mère quitta sa chambre et à peine eut-elle fermé sa porte qu'il se jeta sur son téléphone portable. Tant pis s'il la dérangeait, il ne parviendrait pas à dormir tant qu'il n'avait pas un minimum de certitude. Il ne savait rien des ennuis de Harry, il ne pensait qu'au fait que, aujourd'hui encore, il se faisait harceler ou se sentait mal à cause de son passé. Il voulait être là pour lui mais Harry n'y mettait pas de la bonne volonté…
Draco chercha son numéro dans son répertoire, puis il appuya sur le petit téléphone vert. Enfin, il porta son mobile à son oreille et attendit. Tellement longtemps qu'il crut qu'il allait tomber sur la messagerie, mais…
« Ouais, allô ?
- C'est Draco. Excuse-moi de te déranger.
- Raaaah, beau blond, j'allais me coucher, moi… Mais quels casse-pieds, ces jeunes…
- Je suis désolé, mais il y a quelque chose qui me chiffonne, avoua Draco d'une voix hésitante. Isaline, si Harry n'allait pas bien, tu me le dirais ? »
Silence. Long silence.
« Encore faudrait-il que je le vois. »
Draco fut surpris et il le montra à Isaline.
« Tu es celle qui connait le mieux Harry, tu verras…
- Tu sais, Draco… Avec Harry, c'est pas difficile de voir quand il ne va pas bien. La plupart du temps, il s'enferme dans sa chambre et il joue de la guitare. Il mange moins, parle un peu moins… On voit quand il n'est pas bien. Mais on ne sait pas jusqu'à quel point il a mal.
- Pardon ?
- Harry m'a dit que Théo t'avait raconté pour le coup du harcèlement. Je dirais que, à ce moment-là, il avait le même comportement que d'habitude quand il ne va pas bien. Mais je ne savais pas qu'il recevait des coups de fils, des lettres… Bref. Avec Harry, on ne sait jamais à quoi s'en tenir. »
Il y eut un silence. Comme si elle cherchait ses mots.
« Tu sais… Je le connais bien, mais… si j'avais su… il y a des choses qu'on aurait pu éviter… »
Tant de choses auraient pu évitées si elle avait vu…
« Mais il a toujours été comme ça. Depuis qu'il est tout petit. Chez les Dursley, il ne devait pas montrer qu'il avait mal, et je pense que c'est un peu pour ça qu'il est comme ça. C'est assez chiant parce qu'on ne peut pas l'aider.
- Mais s'il va mal, tu me le dirais ?
- Bien sûr. »
Draco se sentit un peu soulagé. Mais les paroles d'Isaline l'avaient tout de même inquiété : mais qu'est-ce qui était arrivé à Harry quand il était à Londres ? Qu'est-ce qu'il leur avait caché, à sa familles, ses amis et à Isaline ?
OoO
Harry leva les yeux au ciel alors que Cho s'excitait devant sa webcam. Elle tapait sur son clavier à une vitesse folle.
« Tu te fiches de moi ?! Un sapin pour aérer la bagnole ?! Sur le cul ?!
- Heu… J'ai tatoué pire, tu sais…
- Non mais quelle idée ! C'était du bizutage ou un pari, j'en suis sûre !
- J'en sais rien, moi… »
À chaque fois que Harry tatouait des trucs bizarres, Cho avait la même réaction horrifiée. Mais les gens se tatouaient de ces choses… Elle ne comprenait pas l'intérêt de certains tatouages. Harry trouvait qu'elle était assez étroite d'esprit, Cho se qualifiait de réaliste.
« Bon, bref. Sinon, tu vas mieux ?
- Oui, ça va.
- Je me suis inquiétée, tu sais.
- Tu te fais du souci pour rien. »
Oh non, elle ne se faisait pas du souci pour rien.
« Je te laisse, je dois aller chercher Draco.
- Il a la belle vie, celui-là ! Son mec vient le chercher à son boulot ! Que demande le peuple ?
- A plus tard ! »
Et il se déconnecta. Cho resta quelques instants sans bouger, regardant fixement l'écran. Ses souvenirs refaisaient surface, peu à peu.
Cho connaissait Harry depuis longtemps. La première fois qu'elle l'avait vue, c'était quand elle avait surpris Cédric avec un autre homme. Ce jour-là, elle revenait exceptionnellement à Londres pour le voir parce qu'il lui manquait trop, et un de ses amis lui avait dit qu'il sortait avec son mec.
Son mec. Son petit ami. Cho se souvenait encore de son sourire vicieux quand Marcus lui avait dit ça. « Il est sorti avec son mec. Harry, qu'il s'appelle. »
Cédric l'avait trompée. Avec un homme. Elle avait été tellement blessée qu'elle avait foncé à l'endroit que Marcus lui avait indiqué, sans penser une seule seconde que ce connard l'avait manipulée. Il voulait qu'elle fasse un esclandre. Qu'elle pleure, qu'elle insulte Cédric, qu'il soit gêné et qu'il rejette Harry, qu'il nie sa relation avec lui.
Et il avait réussi. Cho avait pleuré, les avait insulté, lui et ce type qui avait osé lui prendre son amoureux. Elle avait haï Harry tellement fort, et Cédric, aussi… Ce fut pire encore quand il nia. Elle savait qu'ils sortaient ensemble. Ça se voyait dans le visage inquiet, puis blessé de Harry. Elle le vit quand une ombre passa sur le visage du brun, et qu'il ne dit rien pour protester.
Harry ne protestait jamais. Il était comme elle : il acceptait pas amour. Il aimait trop Cédric pour faire quoi que ce soit qui puisse lui nuire. Elle avait été comme ça. Sauf que, elle, Cho, elle n'était qu'une couverture derrière laquelle Cédric se cachait. Il en trouva une autre, après elle. C'était pas difficile. Il était beau. Tellement beau et charmant…
Plus tard, des amis l'appelèrent. Ils lui racontèrent ce qu'avait fait Cédric. Les conneries qu'il avait faites. Et que Harry, son petit ami, était à l'hôpital.
Cho prit le premier train et partit pour Londres. Elle voulut voir Harry, afin de savoir exactement dans quel état il était. Oh, elle lui en voulait toujours… mais… elle voulait savoir…
Elle demanda alors aux infirmières de lui montrer la chambre de Harry, mais personne ne voulait la laisser entrer. Etait-elle une journaliste ? Ou une amie de ce dégénéré ? Elle put entrer grâce à une gentille infirmière qui la fit discrètement entrer.
Cho ferma les yeux. Et elle revit le visage pâle et tuméfié de Harry Potter, son regard vague et terne, ses lèvres gercées et ses cheveux noirs. Elle le revit, dans ce petit lit blanc, silhouette muette et aveugle qui semblait être sur le point de se briser.
Tout bascula, alors. Sa vision qu'elle avait de lui, sa colère à son encontre et ce sentiment de trahison qui demeurait en elle. Tout ça… bascula. Le voir si fragile dans ce lit, tombé dans le piège que Cédric lui avait tendu la blessa plus qu'elle ne l'aurait pensé. Alors elle tendit la main vers son visage et caressa ses cheveux noirs, tendrement. Le jeune homme avait alors levé les yeux vers elle, puis les avait rabaissés.
Quand elle repartit, elle entendit les médecins discuter. Il ne lui est rien arrivé de grave. Ça aurait pu être pire. Tout est dans la tête. Il est fragile. Nous conseillerons sa tante. Tu sais, la femme blonde qui vient souvent. Elle est passée à la télé, même qu'elle s'est battue contre ce fou. Il doit voir un psychiatre. Oui, ça aurait pu être pire. Mais il gardera des séquelles. Evidemment…
Elle était revenue les jours suivants. A chaque fois, le jeune homme évitait son regard et ne lui parlait pas. Il avait l'air d'avoir honte. Et il ne comprenait pas pourquoi elle était là. Cho avait demandé le numéro de cette femme, Isaline, aussi pâle et fatiguée que Harry qui venait tous les jours le voir. Elle voulait garder contact. L'aider. Elle plaiderait contre Cédric.
Pourquoi ?
Parce que ce n'est qu'un salaud.
« Cho ! Je fais tourner la machine, apporte tes strings ! »
La jeune femme soupira. Elle se dit que, heureusement, elle avait Olivier. Elle l'avait connu à Londres, lors d'une soirée entre amis. Elle était au bras de Cédric, ce jour-là, et Olivier était venu à Londres. C'était un anniversaire. Ou quelque chose comme ça. Ils s'étaient liés d'amitié. Et elle avait été tellement blessée par la trahison de Cédric qu'elle avait décidé de tout planter : ses études, son travail à mi-temps… et Olivier l'avait tirée par les cheveux jusqu'à chez lui en lui disant que, stop, la crise c'était pour les gosses, elle était une adulte responsable, alors les larmes, ça allait bien deux minutes ! Autant dire que ça l'avait remuée, mais dans le bon sens du terme.
Elle ramassa ses fringues dans sa chambre et trottina jusqu'au cagibi où se trouvait la machine à laver. Olivier prit sa pile de linge et la jeta dans la machine qu'il mit en route. Tous deux n'avaient jamais eu de relation amoureuse, Cho ayant décidé de virer complètement lesbienne : elle avait aimé Cédric mais il avait été le seul homme pour lequel elle ait éprouvé réellement des sentiments. Et Olivier était… un cas à part.
« Au fait ! Fit-elle soudain. Tu as donné les places à Harry ?
- Ouais. Tu viens, toi aussi ?
- Bien sûr ! S'écria-t-elle, indignée. Je viens te soutenir ! Par contre… j'ai un p'tit service à te demander…
- Quoi encore ? Soupira Olivier d'un air fataliste.
- Bah tu pourrais m'emmener à Bercy avec ta voiture demain ? J'ai un rendez-vous… »
Cela faisait bien deux semaines qu'elle draguait une serveuse dans un bar où elle prenait son café avec des amis et elle avait enfin obtenu un rendez-vous avec Marietta. Olivier poussa un soupir et lui promit qu'il l'emmènerait. Cho lui sauta au cou et planta un gros bisou sur sa joue.
OoO
« Harry ! »
Oh my god…
« Ça fait siiiiiii longtemps qu'on ne s'est pas vus ! Comment tu vas ?? »
Seamus se retint d'exploser de rire en voyant le visage apeuré de Harry quand Daphné lui sauta dessus comme la misère sur le monde. C'est sûr que, ça, c'était pas prévu au programme…
« Heu… bien…
- Tant mieux ! »
Et elle enchaîna avec tout un tas d'autres questions. Seamus ricana en voyant qu'elle lui faisait tout simplement du rentre-dedans, et Harry la regardait d'un air mi-apeuré, mi-incrédule. Surtout qu'il ne pouvait pas en placer une. C'était du moins ce que Seamus voyait de là où il était, car il lui fallait encore faire quelques mètres avant d'atteindre Harry. Même si on lui avait retiré son plâtre, il n'était pas tout à fait remis pour autant.
A côté de lui, Dean, Zacharias, Terry et Lavande le suivaient comme des toutous, plus que surpris de le voir avancer vers Harry. Dean avait beau répéter à Seamus qu'il se dirigeait vers le copain de son ex petit ami, le jeune homme semblait bien décidé à aller voir le tatoueur. Harry ne fut jamais aussi soulagé de voir Seamus, la seule tête qu'il connaissait ici mis-à-part Draco et Blaise.
« Salut Harry. Je vois que tu es en bonne compagnie.
- Bonjour Seamus, fit Daphné d'un air dédaigneux. Désolée, mais Harry est occupé.
- Hm, Daphné ?
- Oui Harry ??
- Je voulais parler avec Seamus, alors tu pourrais nous laisser deux minutes ? »
La stupéfaction sembla la paralyser, et elle n'était pas la seule. Seamus ricana en la voyant bouche bée comme un poisson rouge. Harry avait une telle délicatesse…
« Harry, tu veux parler avec l'ex de ton mec ?
- Je ne vois pas en quoi ça te concerne. »
Et il fit un petit mouvement de la main, l'air de dire : « Du balai ! ». Daphné s'en alla donc, abasourdie, au grand soulagement de Harry.
« Seamus, arrête de te foutre de moi.
- Au lieu de te laisser draguer comme ça, tu aurais dû la repousser ! »
Dean n'en revenait pas : Seamus parlait normalement avec le nouveau mec de Draco. Il en avait tellement entendu parler, avec tout un tas d'insultes et de critiques… Et les voilà qui causaient le plus naturellement du monde. Dean fronça les sourcils, tout comme Terry : Seamus avait retourné sa veste, il ne se rendait pas compte que ce mec sortait avec son ex ? Toute sa haine s'était envolée ? Ça cachait quelque chose…
Soudain, Seamus sembla réaliser qu'il n'était pas seul, et il présenta les autres personnes à Harry. D'abord Zacharias, puis Lavande qui gloussa, Dean, qu'il ne présenta même pas comme son ami, et Terry. Harry eut un sourire ironique en voyant le jeune homme, avec son air suffisant.
« On s'est déjà vu, non ? Tu voulais te tatouer « idiot » en japonais sur le bras, il me semble. »
Les autres ricanèrent et Terry rougit de gêne et de colère. Il eut envie de s'avancer vers le tatoueur, le remettre à sa place, mais il sentait que le jeune homme avait de la répartie et inutile de se frotter à lui, vu la musculature de ses bras, invisible sous son manteau, mais qu'il avait aperçue en septembre.
Mais il le détestait. Non seulement il l'avait humilié, mais en plus, il avait perdu de la valeur aux yeux de Draco Malfoy, qui l'évitait. Avant, Terry pouvait se vanter d'être un ami de Draco, mais ce n'était plus le cas, c'était tout juste si le blond lui adressait la parole. Surtout depuis que lui et Harry sortaient ensemble. Blaise lui parlait très peu aussi. Ce tatoueur n'était qu'un connard et Seamus ne semblait plus penser la même chose que lui…
« Comment t'as su que ça voulait dire « idiot » ? Lui demanda Zacharias. Tu fais du japonais ?
- Bien sûr. Je préfère éviter de tatouer des idioties sur le corps des gens. Terry devrait me remercier de lui avoir évité ça. »
En plus, il avait retenu son nom… Ce mec se foutait carrément de sa gueule… Soudain, il fit volte face et s'en alla sans un mot de plus. Cela fit glousser Harry : ce mec se vexait facilement, dis donc… Il lui faisait penser à Cho, mais en plus bête.
« Qu'est-ce qui s'est passé avec Terry, au juste ? Lui demanda soudain Seamus.
- Il a voulu jouer au seigneur et ça ne m'a pas plu. Il est revenu une seconde fois parce qu'il voulait voir le « patron », et quand j'ai vu ce qu'il voulait se faire tatouer, je me suis un peu moqué de lui. Bref, je suis venu à cause de notre pari.
- Ah ! Tu as une sortie à me proposer ?
- C'était quoi, le pari ?? Demanda Lavande, très curieuse.
- C'est trop long à expliquer, répondit Seamus d'un air exaspéré. Alors, Harry ?
- Bah à part un match de foot, je vois pas grand-chose, avoua le tatoueur.
- T'as des places pour PSG-OM ? Lui demanda Dean, étonné.
- Ouais. Moins chères et plutôt bien placées. Ça tombe bien, je devais t'offrir la place. Bon, il y aura pas mal de dégénérés, tu as vu au Nouvel An, mais bon, dans l'immédiat, je n'ai que ça.
- Ça me va.
- Heu, Seamus ? »
L'étudiant se tourna vers Dean, avec lequel il avait cassé suite à l'accident de voiture. Il le suivait partout dans l'université, c'en était exaspérant, mais après tout, ça lui évitait de porter son sac. Et aussi d'écarter tous ses prétendants, car depuis qu'il avait la jambe dans le plâtre, certaines personnes avaient décidées de se monter particulièrement attentionnées avec lui…
« Je sais pas si tu t'en rends compte, mais tu vas aller voir un match de foot avec le mec de Draco. Ça ne te fait rien de les voir se bécoter ?
- Dean, ne cherche pas à comprendre, c'est trop compliqué pour toi. »
Précisément à ce moment-là, le regard de Harry sembla s'illuminer. Il venait d'apercevoir Draco et Blaise qui se hâtaient vers lui, l'un avec un sourire sur les lèvres et l'autre avec un regard plutôt méfiant. Draco trouvait bizarre cet attroupement autour de Harry, surtout que Seamus était là. Bon, Harry ne craignait pas grand-chose, mais quand même.
« Salut les jeunes ! Fit Blaise joyeusement. Qu'est-ce que vous faites de beau ? Toute la fac se demande ce que le mec de Draco et son ex font ensemble !
- Ça te va si je te dis que je l'invite pour mercredi ?
- C'est le monde à l'envers !
- Il va être épuisé avec sa jambe, ajouta Zacharias. Il va y avoir un monde d'Enfer…
- Seamus est costaud, il va y arriver ! »
Mais Draco n'en était pas aussi sûr que Blaise, et il se demandait si c'était vraiment une bonne idée. En même temps, Harry avait fait un pari avec Seamus et il devait s'y tenir. Tant qu'à faire, il préférait aller voir un match de foot avec Seamus dans le groupe plutôt qu'autre chose, car même si Draco laissait de côté la petite rancune qu'il avait contre son ex, ce n'était pas pour autant qu'il se sentait d'attaque à passer vraiment du temps en sa compagnie.
Draco en termina rapidement avec ces bavardages incessants. Il avait autre chose à faire que des les écouter papoter. Il fit signe à Harry qu'il voulait partir, mit son casque sur sa tête puis monta sur la moto verte et noire. Puis, Harry démarra, disparaissant sur la route…
OoO
« Une soirée « foot »… voilà autre chose ! Dis-moi, Harry, qu'est-ce que tu espères, au juste ?
- Rendre Seamus plus agréable envers moi ?
- Tu auras beau faire des efforts, Harry, Seamus restera mon ex ! »
Harry se laissa tomber sur le lit et il ferma les yeux. Mais quelle tête de mule, celui-là… Draco s'avança vers lui et s'assit sur son lit, attendant que Harry ait une réaction. N'importe laquelle. Mais il voulait qu'il lui dise exactement ce qu'il espérait tirer de Seamus.
« Je ne veux pas avoir d'ennemis, dit-il enfin.
- Tu essaies d'en faire un ami, plutôt ! Au cas où tu l'aurais oublié, j'ai dragué Seamus et on a baisé ensemble. »
Harry ouvrit les yeux et lui lança un regard étrange. Ce n'était pas de la colère ou de l'agacement. Peut-être un peu de jalousie…
« Et alors ? C'est passé tout ça, non ?
- Bien sûr que c'est passé, soupira Draco d'un air las. Mais je ne comprends pas. Ni toi, ni Seamus. Enfin, je peux comprendre qu'il lâche l'affaire, mais toi…
- Je ne veux pas avoir d'ennemis, c'est tout. Si c'est pour qu'il me fasse une crasse un jour… Je préfère prendre les devants. Seamus est bien le genre de personne à magouiller dans son coin, non ? Bien, j'avais raison. Donc, autant me montrer sympa, tu ne crois pas ?
- Attends une minute, l'arrêta Draco, suspicieux. Ne me dis pas que tu es hypocrite avec lui depuis le début ?
- Pas hypocrite. Aimable. Nuance. »
Draco passa sa main sur son visage d'un air fatigué : voilà encore autre chose… et lui qui pensait que Harry était sincère… il ne voulait fréquenter Seamus que pour être tranquille…
« En même temps, il est pas méchant. C'est ton ex, il ne peut pas être si horrible que ça.
- Harry…
- Je t'en fais voir, hein ? »
Harry se pencha vers lui et l'embrassa sur la joue. Draco tourna la tête, cherchant ses lèvres, et passa sa main sur la nuque de Harry, l'attirant à lui. Le blond glissa sa langue dans la bouche de son petit ami, cherchant sa jumelle pour un baiser langoureux et passionné qui les fit frémir. Draco aimait la tendresse de Harry, sa façon de répondre à ses baisers, soumis et tendre. A chaque fois, il se sentait fondre. C'était pire encore quand c'était Harry qui dominait leurs baisers.
Draco attira sa langue dans sa bouche, il sentit la main chaude du tatoueur se poser sur sa joue, et il lui offrit l'un des baisers les plus amoureux qu'il ait reçu. L'étudiant se liquéfiait sous les assauts de Harry, ses deux mains sur ses joues, ses doigts glissant vers sa nuque pour caresser les petits cheveux blonds qui s'y trouvaient. Jamais Draco n'avait été embrassé de cette manière. Il n'aimait pas être dominé. Ça ne lui avait jamais plu. Sauf en cet instant.
Et pendant quelques minutes, une question lui vint à l'esprit, sans qu'il ne puisse la retenir.
Cédric, pourquoi tu as tout gâché avec Harry ?
Il ne connaissait pas ce type. Il ne savait même pas quel était son visage. Mais pourquoi avait-il tout gâché avec Harry ? Pourquoi avait-il fait du mal à ce concentré d'amour qui ne demandait qu'à en donner ? Comment avait-il pu avoir honte de lui, ne pas tomber sous son charme ?
Harry interrompit le baiser, à bout de souffle. Draco aussi manquait d'air. Il passa vaguement sa main dans les cheveux noirs de Harry, alors que ce dernier regardait sa chambre, vaste, pâle et ordonnée. Le silence régnait dans la pièce, mais ça lui importait peu : Draco avait retrouvé le Harry qu'il connaissait et c'était tout ce qui comptait.
« Ta chambre est vraiment différente de la mienne.
- Je sais, acquiesça Draco. Elle est plus rangée.
- Je la trouve plus froide.
- Une chambre est à l'image de son propriétaire, énonça le blond d'un air philosophe.
- Tu n'es pas froid, toi. »
Harry le regardait de ses grands yeux verts, avec une innocence qui n'appartenait qu'à lui. Draco se dit qu'il était bien le seul à dire cela. Tous les autres le trouvaient froid, réservé… même d'un point de vue sexuel, bien qu'il soit vigoureux, il y avait peu de câlins une fois l'acte terminé. Draco avait fini par accepter cette image qu'on ne faisait de lui : froid et ordonné. Comme sa chambre. Sauf que Harry semblait penser tout le contraire, et à la réflexion, ce n'était pas vraiment étonnant. Le comportement de Draco était bien différent avec lui, jamais il n'aurait embrassé un ou une de ses ex comme ça, sur un coup de tête.
« En tout cas, pas avec moi. Ça te dérange tant que ça que Seamus vienne ?
- Non… mais je ne la sens pas, cette histoire. Fais un peu attention.
- Je ne risque rien, je ne fais rien de méchant. Mais au fait, où sont des parents ?
- J'aime ta façon de changer de sujet, Potter.
- Ne m'appelle pas par mon nom ! Sérieusement, ils ne sont pas là ? »
Harry avait horreur qu'on l'appelle par son nom de famille et Draco avait tendance à le faire, ces temps-ci. Dans ces moments-là, il avait envie de répliquer en citant lui aussi son nom de famille, mais « Malfoy » était un mot qui lui écorchait la bouche…
Depuis qu'il avait rencontré Lucius Malfoy, Harry n'avait plus remis les pieds chez lui. Quand il était venu refaire sa valise, une fois rentré de Londres, Draco n'avait pas pu le faire entrer. En même temps, il n'avait pas insisté. Aujourd'hui, Harry avait accepté d'entrer sans lui demander si ses parents étaient là. Le brun estimait que ça ne servait à rien de nier l'existence des Malfoy, même s'il les détestait. Il pouvait bien faire un effort pour Draco.
« Mon père travaille et ma mère est sûrement chez une de ses amies.
- Ils sont d'accord pour nous deux ? Demanda Harry, quelque peu anxieux.
- Plus ou moins. »
Ils n'avaient jamais vraiment abordé cette question, étant donné que Draco avait peu parlé à ses parents pendant la semaine de ses partiels, étant occupé par ses révisions et peu enclin à parler de son couple avec eux. De plus, il avait passé les vacances de Noël chez Harry et il avait parlé ses parents assez tard de… ces « choses-là ».
Draco lui expliqua que son père ne s'y opposait pas. Lucius le lui avait déjà dit avant qu'il ne quitte Londres, mais il l'avait à nouveau pris à part une fois à Paris : Isaline avait su accepter Draco, c'était à leur tour de faire des efforts. Il voyait bien que Draco était bien avec ce garçon, donc il ne n'opposerait pas à leur couple. Cependant, il lui avait quand même fait comprendre qu'il voudrait le rencontrer, histoire de savoir s'il valait vraiment le coup.
Quant à sa mère… c'était une autre histoire. Certes, elle lui avait posé nombre de questions, mais surtout par rapport à Isaline qu'elle détestait, et même si elle semblait accepter sa relation avec Harry, il doutait qu'elle puisse accepter vraiment leur relation aussi facilement. Draco appréciait Isaline et sa mère avait du mal avec ça.
« C'est pas étonnant. Isaline ne l'aime pas non plus.
- J'aurais jamais pensé que j'aurais autant de mal avec toi. Surtout que le problème, c'est même pas que nous sommes des hommes… »
Harry éclata de rire. Un rire clair qui donna un peu de vie à cette chambre pâle.
« Quoi ? J'ai raison. Surtout que je pensais que la plus difficile à convaincre serait Isaline.
- Et tu as faux sur toute la ligne ! »
Harry continuait de rire. Pour le faire taire, Draco posa ses lèvres contre les siennes puis le plaqua sur le lit. Harry réussit à le faire rouler sur le côté, prenant le dessus sur lui, mais le blond était loin d'être prêt à se laisser faire. Il réussit donc à revenir sur Harry, qui voulut le pousser à son tour sur le côté. Sauf que…
« Harry ! »
Le lit n'était pas assez large et tous deux se retrouvèrent par terre… Draco grogna contre son petit ami qui n'en finissait plus de rire. Il pria pour que personne ne soit alerté par le bruit qu'ils avaient fait.
Raté. Narcissa entra, paniquée, en se demandant ce qui se passait.
OoO
Millicent se regarda dans le miroir. Elle était en retard. Se jugeant fin prête, elle sortit de la salle de bain, puis courut dans le salon où se trouvaient ses parents. Elle embrassa son père, puis sa mère, et enfin elle s'enfuit de l'appartement. Elle devait retrouver Gregory à la station de métro et elle espérait qu'il l'ait attendue.
Elle avait rencontré Gregory Goyle par l'intermédiaire de Draco. Il lui avait fait des avances qu'elle avait toujours refusées, étant donné qu'elle sortait avec quelqu'un à ce moment-là. Ce garçon bien battit avait toujours titillé quelque chose en elle mais Millicent avait toujours eu trop peur pour s'engager. De plus, c'était quelqu'un d'assez bourru et aurait préféré un peu plus de finesse. Et puis, comme Gregory avait fini par jeter l'éponge, elle s'était dit que c'en était terminé.
Mais elle l'avait rencontré peu de temps auparavant complètement par hasard et ils avaient repris contact. Il gérait maintenant son propre restaurant, aidé financièrement par ses parents. À nouveau, il lui avait fait des avances. Il était toujours pareil : brusque et maladroit. Mais elle avait à nouveau éprouvé de l'attirance pour lui, et finalement, elle accepta de sortir avec lui. Cela ne faisait pas très longtemps qu'ils étaient ensemble, mais elle ne regrettait pas son choix. Gregory était un peu simplet mais avenant et toujours prêt à lui faire plaisir. Millicent avait rapidement compris qu'il éprouvait des sentiments pour elle même s'il ne le lui avait jamais avoué.
Millicent courut jusqu'à la station de métro. Elle fit glisser son passa Navigo sur la borne puis dévala les escaliers, pour enfin arriver sur le quai. Quand elle aperçut Grégory, qui était toujours là à l'attendre, elle courut vers lui alors que la rame de métro arrivait. Ils échangèrent un léger baiser puis montèrent dans un wagon.
Gregory avait été plus que surpris quand Millicent lui avait proposé d'aller voir un match de foot. Il avait su après qu'elle avait eu des places par Harry, le petit ami de Draco, et qu'il lui en avait donné deux parce qu'elle était en couple. Bon, c'était payant, mais les places étaient pas mal et le prix réduit. Gregory était super content, surtout que Millicent lui avait à peu près décrit qui ils allaient accompagner et l'ambiance risquait d'être réussie.
Le rendez-vous, une fois encore, était prévu au restaurant que les parents de Cho Chang tenaient. Quand ils arrivèrent, seuls Draco et Blaise étaient présents, à l'heure. Gregory serra la main de ses anciens camarades de lycée. Enfin, surtout la main de Draco, car Blaise sembla complètement halluciné quand il comprit que Millicent sortait avec Gregory Goyle. Il se mit à pester après son meilleur ami qui avait osé lui cacher ça ! Et après Millicent, aussi, mais la jeune fille lui dit que lui non plus ne lui parlait pas de ses petites amies. Blaise eut un air soupçonneux.
« Qui t'a parlé de ça ?
- A ton avis ? »
Blaise jeta un regard mauvais à Draco et se mit à bouder, alors que le blond levait les yeux au ciel : ça lui apprendra à s'occuper des affaires des autres au lieu se débrouiller avec les siennes !
Théo et Seamus ne tardèrent pas à arriver, l'un tout vêtu de noir alors que l'autre se déplaçait difficilement avec une béquille. Il s'avança vers Draco et lui serra la main, alors qu'il aurait préféré l'embrasser sur la joue. Sentir sa peau sous ses lèvres… Mais il était pris, définitivement pris. Harry lui laissait une chance de renouer le contact avec le blond, autant jouer le jeu.
Harry, Sirius et Nymph' arrivèrent tranquillement avec dix minutes de retard. Harry embrassa légèrement Draco sur les lèvres et salua tous les autres. Il sentait le regard de Théo sur lui, un regard inquisiteur, comme s'il cherchait à savoir s'il allait bien ou s'il le cachait. Mais il fut vite distrait par Sirius qui se jeta sur lui, comme s'il voulait l'embrasser. Théo hurla si fort que les passants se retournèrent alors que l'assemblée riait aux éclats.
« Isaline ne vient pas ? Demanda Draco à Harry quand il eut fini de rire.
- Non, elle n'aime pas vraiment le foot. Ça l'ennuie, elle préfère le rugby. Ça bouge plus, qu'elle dit. Elle passe la soirée avec Severus et Remus. »
Enfin, Ron, Hermione et les jumeaux arrivèrent, déjà tout excités. Draco remarqua que Ginny n'était pas là et il en fit part à Blaise. Aussitôt, son ami demanda à Ron pourquoi sa sœur n'était pas venue, le rouquin lui répondit qu'elle avait décidé de ne pas venir mais il ne savait pas pourquoi. Enfin, il s'en doutait et Blaise aussi…
On attendit Cho qui se faisait désirer. Quand elle arriva enfin avec un retard considérable, elle sauta sur Harry, serrant fort son cou tout en plantant un baiser sur sa joue. Le jeune homme haussa un sourcil puis eut un léger sourire quand elle cria un « Je suis casée !! ». Les garçons applaudirent joyeusement alors que Cho faisait la danse de la victoire, fermement accrochée au bras de Harry, qui eut un regard pour Draco. Ce dernier, visiblement, se retenait de rire…
On s'installa dans le restaurant asiatique. Tout le monde avait la pêche et les conversations allèrent bon train, surtout à un coin de la table : Sirius et les jumeaux mettaient l'ambiance, comme toujours, accompagnés par Nymph' qui avait hâte de voir le match, ainsi que Gregory et Blaise. Millicent et Hermione, plus discrètes, papotaient tranquillement avec Cho qui leur racontait ses aventures, passant un long moment sur Marietta.
Seamus eut du mal, au début. Il ne sentait pas vraiment à sa place parmi tous ces gens qu'il connaissait à peine et il avait l'habitude de sortir avec des personnes plus distinguées. Il avait tenté de discuter avec Draco mais ce dernier semblait peu enclin à avoir une réelle discussion avec lui. Cela énervait Seamus et il regretta d'être venu, jusqu'à ce que Harry vienne à son aide.
Tout au long du repas, Seamus découvrit une personne différente qu'il ne se l'était imaginée. Bon, il savait que Harry n'était pas aussi con qu'il l'aurait pensé, c'était même quelqu'un de gentil. Mais… Seamus ne se l'était pas imaginé comme ça.
Harry parlait beaucoup et facilement. Il emporta rapidement Seamus, qui parvint même à le faire rire. Un joli rire, un joli sourire… Harry était naturel, il n'y avait pas d'hypocrisie en lui. Et Seamus devait reconnaître qu'il n'était pas moche, loin de là, car même des imperfections que Seamus aurait condamné paraissaient bien à leur place chez Harry : ses mèches colorées, ses lunettes rondes ou encore ses fringues. Seamus aperçut vaguement une cicatrice en zigzag dans un coin de son front, alors que Harry passait sa main dans ses cheveux.
Harry était beau. Et plus Seamus discutait avec lui, plus il parvenait à comprendre pourquoi Draco l'avait choisi. Ce n'était pas une histoire de baise, comme il l'avait pensé au début : Draco avait sans doute été séduit par son charme naturel, sa façon de parler avec ce léger accent anglais qui apparaissait de plus en plus dans sa voix, ses yeux d'un vert émeraude, ou encore son sourire, son rire, ce tatouage discret sur son poignet… Il y avait vraiment quelque chose d'attirant chez Harry, plus que chez Draco.
Draco, il était beau physiquement : ses cheveux blonds, ses yeux bleus, son visage aux traits fins mais néanmoins masculins, sa peau pâle, sa silhouette fine… Il y avait aussi sa voix, un peu traînante, son élégance naturelle… Il se dégageait de lui un charme indéniable qui avait tout de suite attiré Seamus, comme un poisson mordant à un hameçon apetissant. Et il savait à quel point Draco l'était…
Il y avait aussi des choses bien en lui, mais il fallait être honnête, Draco avait un caractère de cochon. Seamus avait souffert de son manque de tendresse, d'amour. Draco était plus ou moins attentionné avec lui, assumant sa bisexualité, mais en public, il ne lui tenait à peine la main. Et il ne lui parlait pas de tout, gardant beaucoup de choses pour lui. Seamus avait beau aimer Draco, avec ses défauts et ses qualités, il serait stupide de dire qu'il était parfait.
Avec Harry, c'était différent. Son côté naturel était vraiment charmant, ses petites manies, son sourire… Il avait un charme différent et Seamus, même s'il ne se sous-estimait pas, parvenait à comprendre que Draco soit tombé amoureux de ce tatoueur. Car il l'était, c'était une évidence. Seamus le vit à ses regards, sa façon discrète d'enlacer leurs doigts, mais néanmoins naturelle. Mais le pire fut au moment de payer la note, une fois qu'ils eurent pris leur dessert. Harry sortit son portefeuille.
« C'est moi qui paie.
- Range-ça, je paie.
- Draco ! »
Et pour couper ses protestations, le blond avait pris son menton entre deux doigts, puis il l'avait embrassé. Légèrement. Tendrement. Naturellement. Sans la moindre gêne. Seamus avait senti la jalousie monter en lui, lui brouillant la vue, alors que Harry rangeait son portefeuille avec un soupir. Mais quelque chose gêna Seamus, quand ce sentiment fut apaisé : il ne savait pas de qui exactement il était jaloux.
Ils quittèrent le restaurant et partirent en direction du stade. Pendant le trajet, les garçons se maquillèrent, arborant les couleurs du PSG. Théo se réfugia près de Harry quand le regard lubrique de Fred et Georges se posa sur lui : ces deux abrutis voulaient lui barioler le visage et le forcer à mettre un tee-shirt du PSG. Avec Draco, Harry et Seamus, il refusa de se maquiller, car même les filles jouèrent le jeu. Seamus fut étonné que tout le monde soit pour la même équipe, Théo lui glissa à l'oreille qu'ils n'allaient quand même pas encourager l'équipe adverse alors qu'Olivier était joueur au PSG. Vu comme ça…
Seamus galérait avec sa béquille et il marchait lentement à cause de sa jambe. Cho se cramponnait à Théo et Seamus ne voulait pas s'abaisser à lui demander de l'attendre. Il fut stupéfait quand Harry et Draco l'entourèrent, attendant patiemment qu'il avance à son rythme malgré le monde fou qu'il y avait. De toute façon, chacun avait sa place, donc au pire ils se retrouveraient dans le stade. Seamus les remercia de l'attendre et Draco lui dit avec un léger sourire que c'était bien normal.
« Tu me fais pitié à boitiller derrière nous.
- J'ai toujours aimé ta compassion pour les autres. »
Draco lui fit un sourire charmeur qui fit battre le cœur de Seamus à la chamade. A côté de lui, Harry eut un petit rire.
Ils mirent un temps fou à arriver au stade et aussi à trouver les places. Ils étaient remarquablement bien placés pour regarder le match et il régnait une bonne ambiance dans les gradins. Ils s'installèrent les uns à côté des autres, Seamus entre Théo et Harry, bien qu'il aurait préféré se mettre à côté de Draco. Mais le brun ne fut pas une compagnie désagréable, bien au contraire.
Le match sembla durer une éternité. A croire qu'il ne finirait jamais, même si les supporters jetaient de fréquents regards au temps, surtout après la fin de la première mi-temps. Des yeux, le groupe suivait le ballon qui allait et venait au pied des joueurs des deux équipes, gueulant quand le PSG perdait la balle, sifflant les actions de l'OM. Les cris de joie fusaient quand Olivier, dans les buts, parvenait à arrêter un ballon ou quand son équipe mit deux buts dans les cages adverses.
Seamus n'avait jamais été tellement attiré par le foot. Néanmoins, il ne s'ennuya pas autant qu'il l'aurait pensé. Il en était de même pour Hermione et Millicent qui se laissaient aller à l'ambiance du stade, entraînée par Cho qui criait des mots d'amour à Olivier. Des mots qu'il ne pouvait pas entendre, et si cela avait été le cas, il aurait levé les yeux au ciel.
Le match fut très serré mais ce fut le PSG qui remporta la partie. A peine l'arbitre eut-il le temps de siffler que tout le stade hurlait, alors que les joueurs se dévêtaient à moitié sur le stade. Cho et Nymph' faisaient la danse de la victoire, tandis que les jumeaux, Ron, Sirius, Blaise et Gregory hurlait comme des malades. Ils sortirent difficilement du stade et, une fois dehors, ils allèrent boire un verre dans un bar bondé où on faisait la fête. Bourré, les garçons, Cho et Nymph' se dandinaient tout en chantant la victoire. Théo et Draco, malgré eux, étaient explosés de rire en les voyant emportés par l'euphorie. Hermione et Millicent faisaient semblant de se plaindre alors que Harry payait une tournée pour eux tous.
Seamus, assis sur un siège et sa béquille calée entre ses cuisses, but avec eux et devint rapidement pompette, surtout que les hommes enchaînaient les verres et ce fut pire encore quand Cho parvint à avoir Olivier au téléphone, très certainement heureux de sa victoire. Tout le monde était de bonne humeur, même Théo et Draco se laissèrent un peu aller et burent un verre, alors que les autres allaient droit dans le mur. Ouh la, la gueule de bois qu'ils allaient avoir le lendemain…
Il leur fut très difficile de quitter le bar. Harry, Draco, Théo et les filles durent faire preuve de tout leur self-control pour les arracher du bar, et accessoirement de leur verre. Théo s'occupa de Seamus, un peu ivre, et pria pour que personne ne fasse de malaise dans le métro, ce qui était déjà arrivé une fois. Il préféra ignorer Fred et Georges, le visage peinturluré, en train de hurler « Olivier, t'es le meilleur ! », entraînant leur frère et Sirius dans leur délire. Gregory n'en finissait plus de rire, Nymph' et Cho, bourrées, gloussaient comme des dindes.
« Ah ouais. C'est toujours comme ça, quand vous rentrez des matches ? Demanda Draco d'une voix affligée.
- Je t'ai raconté la fois où Nymph' a fait un malaise dans le métro ? »
Non, et il n'avait pas envie d'en entendre parler… Harry lui proposa soudain de venir dormir chez lui mais Draco refusa : il avait cours le lendemain et ses affaires étaient chez lui. Harry sembla un peu déçu mais il s'y attendait, on était en milieu de semaine, quand même. Il n'insista pas et préféra lui prendre la main, sa tête sur son épaule, et attendre le moment où ils se sépareraient. Draco entrelaça leurs doigts et caressa sa peau avec son pouce.
Vint le moment de se séparer. Harry, Sirius, Nymph', et les jumeaux devaient prendre une autre direction. Hermione et Ron rentraient chez les parents de la jeune fille, qui avaient permis au jeune homme de rester dormir chez eux, étant donné que le chemin entre leur maison et l'appartement de Ron était assez long. Alors qu'ils arrivaient dans la station, Harry se leva du strapontin et Draco en fit de même. Le tatoueur lui lança un regard interrogateur.
« Pourquoi tu te lèvres ? Je dois descendre avec eux, pas toi.
- C'est pas toi qui m'as proposé de rester dormir ? »
Draco crut voir les joues de Harry rougir, mais la lumière froide du wagon le faisait douter. Néanmoins, le grand sourire que Harry lui fit ne put que le convaincre que ça lui faisait plaisir.
« Par contre, il faudra que je passe chez moi demain matin pour récupérer mes affaires.
- Pas de problèmes ! »
Et ils sortirent ensemble de la rame, main dans la main. Le reste du trajet fut assez long mais vivant, les garçons ne perdaient pas leur vigueur. Nymph' commençait à redescendre de son petit nuage. Harry fut peu rassuré quand il la vit partir, avec Sirius, mais Draco lui dit que c'était une grande fille et que sa maison était à peine à cinq minutes de là. Peu convaincu, Harry le suivit quand même jusqu'à la maison, alors que Fred et Georges rentraient aussi chez eux.
La maison était éteinte, et peut-être même vide. Quand Harry entra, il chercha les chaussures de sa tante et il les aperçut devant le petit meuble où leurs autres paires étaient rangées. Les deux hommes retirèrent leurs chaussures puis leurs manteaux. Ils montèrent à l'étage et Draco prit une petite douche avant de se glisser dans le lit, attendant que Harry revienne.
Les draps étaient froids mais Draco se sentit étrangement bien : il avait presque l'impression de rentrer chez lui, et ce depuis qu'il avait remis les pieds dans la maison. Les odeurs, le parquet sur le sol, l'escalier, le couloir, la salle de bain carrelée, la chambre toujours en bordel… Et ce fut encore mieux quand Harry revint dans la chambre, fermant la porte derrière lui. Il régla le réveil, puis entra dans le lit alors que Draco éteignait la lampe de chevet. Le blond referma ses bras autour de Harry qui se blottit contre lui, fermant déjà les yeux. Ils s'embrassèrent avant de plonger dans le sommeil réparateur…
OoO
Il y avait du bruit. Beaucoup de bruit. Des pas précipités dans le couloir, des portes qui se refermaient plus ou moins doucement… Isaline émergea de sous sa couette, les yeux endormis et les cheveux dans tous les sens. Machinalement, elle prit son réveil : 7h30. D'accord, fausse alerte.
… Pardon ?
« Dray ! Dépêche-toi ! »
Heu, attendez une minute… 7h30 ?!
Isaline se leva, rejeta sa couette sur le côté. Elle attrapa son peignoir et l'enfila, puis sortit de sa chambre. Des pas précipités dévalaient les escaliers. Tranquillement, parce qu'elle avait peur de louper une marche, elle descendit les escaliers alors que des voix connues se faisaient entendre dans l'entrée.
« Et après, tu dis que c'est moi qui prends mon temps !
- Désolé, mais tes vêtements ne me vont pas ! Je ne vais pas porter tes horreurs !
- Elles ne t'ont pas empêché de me draguer, mes horreurs !
- Vous faites quoi, vous deux ? »
Les deux hommes se retournèrent et virent Isaline, enfouie dans un peignoir mauve trop grand, les yeux encore un peu vagues et ses cheveux décoiffés. Harry parut désolé et il s'excusa de l'avoir réveillée. Dans le cosmos, elle demanda ce que le beau blond faisait là. Draco avisa l'heure puis se pencha vers elle pour l'embrasser sur la joue en lui assurant qu'il lui expliquerait plus tard.
Puis, Harry l'embrassa à son tour et ils sortirent. Isaline décida qu'elle comprendrait plus tard, alors elle retourna se coucher.
OoO
C'était l'heure du déjeuner. Draco aurait pu rentrer chez lui, sa journée était terminée, étant donné qu'un cours était à nouveau annulé. Cependant, Harry avait une heure de libre entre deux rendez-vous et il lui avait proposé de venir le chercher et de le ramener chez lui, histoire qu'ils passent un peu de temps ensemble. Et puis, Draco devait donner quelques cours et, tant qu'à faire, autant se donner du courage.
Il déjeunait donc avec Blaise et d'autres étudiants. Leur choix s'était porté sur un McDonald's et Draco appréciait moyennement les fastfoods. Non, malgré ce que certains croyaient, il savait manger un hamburger sans utiliser une fourchette et un couteau, et de façon très classe en plus. Sauf que les voir engloutir ces trucs immondes comme s'ils n'avaient rien mangé depuis des jours l'écœurait. Ils avaient mangé à McDonald's avec Harry une fois pendant les vacances de Noël et Draco avait constaté avec ravissement que son petit ami ne mangeait pas comme un goret.
Ainsi, à chaque fois que Draco se voyait forcé d'entrer dans les fastfoods, il mettait Blaise devant lui. Comme ça, il n'avait pas la vision de Terry en train d'avaler ses trois hamburgers d'un coup et encore moins Zacharias avec ses deux glaces. Oui. Les hommes avaient besoin de se nourrir. C'était vrai. Mais allez-y mollo, quand même… Même Blaise plissait le nez…
Bref. Draco faisait aussi en sorte de mettre une fille à côté de lui, car elles avaient un minimum de classe quand elles mangeaient ces choses-là. Sauf Lavande qui se débrouillait toujours pour en mettre partout, mais au moins, elle ne faisait de massacre qu'avec un seul hamburger et non avec trois.
Les conversations allaient bon train. Du moins, en apparence, car Draco s'ennuyait. Il participait activement, la bouche non encombrée par le pain brioché, avec sérieux et une classe indéniable. Il s'était pris une salade et il eut vite fait de la terminer, donc pour s'occuper, le seul moyen était de trouver un sujet de discussion. Sauf qu'il avait un peu de mal, car entre Lavande qui se mettait de la sauce partout, Blaise qui avait la tête dans les nuages, Zacharias qui mâtait une nana et Terry qu'il ignorait… Ne restait plus que Seamus et Dean. Ce dernier lui lançait des regards méfiants et Seamus discutait avec lui. Draco se dit que, lui aussi, il devait s'emmerder.
C'était agréable de discuter avec lui. Ça lui rappelait le début de leur relation, quand ils parlaient de tout et de rien, flirtant autour d'une table dans un restaurant. Seamus était loin d'être bête, au contraire, mais rapidement, Draco dut stopper un peu leurs échanges : il sentait son ex petit ami se faire entreprenant, aller trop loin dans la familiarité, et Draco n'avait pas du tout envie de lui faire croire qu'ils pouvaient devenir amis. Pas aussi vite, en tout cas.
Il savait que Harry avait redonné espoir en Seamus, et que ce dernier avait définitivement laissé tomber l'idée d'un nouveau futur à deux. C'était évident, et Draco espérait que Harry avait bien calculé son coup : il ne voulait pas subir de coup bas de la part de Seamus et c'était bien son genre de magouiller quand il voulait quelque chose. Surtout maintenant qu'il connaissait Harry. Draco appréciait le fait qu'il puisse à nouveau parler normalement avec son ex, il avait vécu de bons moments avec lui, même si ces mois passés ensemble avaient été gâchés par sa jalousie maladive, son luxe et son envie d'amour et de cadeaux. Il avait été son amant, la personne avec laquelle il était resté le plus longtemps avant de connaître Harry. Ce n'était pas rien, tout de même.
Cependant, Draco n'était pas prêt à être trop familier avec lui. Déjà, il ne voulait absolument pas que Seamus se fasse des idées ou qu'il se mette dans l'idée de le reconquérir, c'était hors de question. Mais, surtout, c'était vis-à-vis de Harry. Pas sûr que ce dernier se montre particulièrement jaloux, Draco le voyait plutôt cacher sa jalousie, jusqu'à ce qu'elle explose. Mais surtout, il avait eu bien plus d'amants que Harry, qui était encore vierge, donc hors de question qu'il traîne trop avec Seamus, Draco voulait éviter les conflits des deux côtés.
Pour changer un peu de sujet, Terry se mit à parler de son tout nouveau tatouage, qu'il s'était fait faire pendant les vacances dans une boutique. Elle était plutôt grande, bien tenue et les tatoueurs étaient super sympas. Draco se retint de soupirer de lassitude alors que Blaise lançait un regard de travers à Terry. Ce crétin n'allait pas commencer à leur chauffer les oreilles…
« Sérieusement, il est trop bien fait. Tu veux que je te le montre ? Proposa-t-il à Lavande.
- Terry, évite-nous cette vision, s'il te plait, le pria Draco en se servant un peu d'eau.
- Quoi ? T'aimes pas les tatouages ? Ton mec est tatoueur, pourtant.
- Justement, j'en vois bien assez comme ça.
- Franchement, je me demande comment tu peux sortir avec un mec pareil. Il doit être tatoué sur tout le corps, non ? »
Draco croisa les bras sur la table et regarda Terry. Ses yeux gris et froid, son expression figée et légèrement agacée firent frissonner l'étudiant. Le silence s'était installé autour de la table, attendant une réaction de Draco, qui se contentait de regarder Terry de ses yeux clairs.
« C'est quoi, ton problème ? »
Une voix calme et posée, mais qui n'avait absolument rien de rassurant.
« J'ai pas de problème.
- Terry, je vais être clair. Je sais que tu n'aimes pas Harry…
- Et j'ai mes raisons !
- Terry, pour être franc, j'en ai rien à faire de toi. »
La franchise de Draco le blessa plus qu'il ne l'aurait pensé. Il avait l'air un peu exaspéré, comme s'il était obligé de dire des choses qui lui paraissaient évidentes.
« Je te fréquente parce que je ne vois pas pourquoi je t'éviterais, tu ne m'as rien fait. Mais si tu arrêtes de me parler demain, c'est pas grave, je m'en remettrais. Alors maintenant, tu arrêtes avec tes insinuations sur Harry. Ferme ta bouche et laisse-moi terminer, ajouta-t-il en le voyant prêt à répliquer. Si tu as des comptes à régler avec Harry, tu vas le voir, mais tu arrêtes de me gonfler avec ça. Je sors avec le tatoueur qui t'a fait passer pour un con, désolé, mais c'est comme ça. Je ne vais pas arrêter de le fréquenter parce que ça ne te plait pas. La seule personne qui aurait le droit de se plaindre ici, c'est Seamus. Lui, au moins, il est allé le voir, au lieu de faire le lâche et le regarder de loin en le maudissant. »
C'était une chose qu'on n'aimait pas, chez Draco Malfoy. Sa voix traînante et sa façon tranquille de parler quand il s'adressait à quelqu'un. Sa manière de démonter les gens avec les mots, de les remettre à leur place de façon calme et posée, de dire clairement ce qui n'allait pas et ce qu'il en pensait. C'était quelque chose qu'on n'aimait pas, chez lui. Quelque chose que Seamus détestait, quelque chose que Blaise redoutait.
« Messieurs, mesdemoiselles, je vous laisse. Au plaisir de te revoir, Terry. »
Car c'était maintenant terminé. Draco n'adresserait plus jamais la parole à Terry Boot. Ce dernier en resta bouche bée. Il voulut dire quelque chose, pour le retenir, mais Draco avait déjà mis son sac sur son épaule et il sortait du fastfood. Il avait aperçu Harry juste devant l'entrée, avec sa moto. Avant de mettre son casque, il lui donna un baiser appuyé. Pour bien lui montrer, à Terry, que c'était du sérieux.
OoO
La maison avait quand même bien avancé. Harry et Isaline passaient maintenant après le travail avec Nymph' et Remus pour les aider à tapisser, installer les meuble ou à peindre. Le couple ne pouvait que les remercier pour leur aide, ils en avaient bien besoin.
A ce moment-là, Sirius et Harry tapissaient la chambre d'amis. L'un posait le papier tandis que l'autre mettait la colle et ils discutaient tranquillement, de tout et de rien. L'atmosphère était détendue, c'était bien agréable, et Harry oubliait un peu ses troubles.
Depuis qu'il avait eu sa « crise », Harry sentait que Draco le regardait de façon étrange, comme s'il voulait être sûr que Harry aille bien et qu'il ne lui cache rien. Pourtant, le brun souriait et lui montrait que tout allait pour le mieux, mais comme il lui avait caché son mal-être une fois, Draco ne pouvait lui faire confiance à cent pour cent. Et c'était de cela qu'il parlait avec son parrain.
« Laisse-lui le temps. Il va retrouver confiance en toi. Mais c'est vrai que tu es énervant avec ça !
- Je ne veux inquiéter personne…
- Je sais bien, Harry. Je te connais comme si je t'avais fait ! Mais c'est normal que Draco s'inquiète. Nous aussi, on s'inquiète. Des fois que tu nous prépares un mauvais coup… »
Harry poussa un soupir. Il plia le papier peint et le tendit à Sirius qui le posa sur le mur grisâtre. Puis, le tatoueur retourna vers sa table à tapisser et coupa un nouveau morceau de papier peint.
« Quand on aime, on s'inquiète forcément. Si Draco te cachait des choses, tu ne serais pas inquiet, toi ?
- Si, mais c'est pas pareil…
- C'est exactement la même chose. Je sais qu'il y a des choses que tu nous as pas racontées parce que tu ne voulais pas qu'on se fasse du souci. Mais Draco, c'est différent : si tu le trahis, tu risques de le perdre. Avec nous, tu n'as rien à craindre, on sera toujours là pour toi, même quand on sera vieux et séniles. Mais Draco, c'est pas pareil. Il ne t'a jamais ramassé à la petite cuillère.
- Attends une minute, le stoppa Harry, comme s'il avait mal compris. Tu me demandes… enfin, si je vais mal, tu veux que j'en parle à Draco et non à toi ?
- Au moins, l'un de nous saura ce que tu as. Et je préfère que lui le sache plutôt que personne ne soit au courant. Et puis, tu l'aimes. Ce serait con de le perdre pour des bêtises. »
Sirius était si sérieux, en cet instant… Tellement calme, adulte… Il n'avait plus ce regard pétillant, enfantin. C'était un homme qui se trouvait devant lui, un homme mûr qui avait vécu et qui ne voulait plus revoir les mêmes choses.
« Draco est un type bien et il t'aime aussi. Mais tu es un peu comme moi : tu gardes tout pour toi. Moi aussi, je sais jouer la comédie, jusqu'au jour où ça explose. Après, c'est Severus qui me ramasse. Toi, c'est Isaline. Si tu caches des choses à Draco, concernant tes émotions, il pourrait en avoir marre et, au moment où tu auras vraiment besoin de lui, il ne sera pas là. »
A tout garder pour soi, on peut perdre les gens qu'on aime. Sirius avait failli perdre James, lui ayant caché son homosexualité, les coups de sa mère, sa honte et sa douleur. Il avait failli perdre ses amis, Remus et Peter, parce qu'il ne voulait pas parler de tout ça. Seule Isaline avait été témoin de sa souffrance. Elle l'avait ramassé à la petite cuillère, elle avait réparé les pots cassés. Elle, il ne l'avait jamais perdue. Et il ne la perdrait jamais. Ils étaient comme mariés, seule la Mort pourrait les séparer. Et encore. L'Amour qui les liait comme un frère et une sœur ne serait jamais brisé.
« Tu comprends ce que je veux dire ? »
Harry hocha la tête : oui, il avait compris. Sirius lui fit un sourire puis tendit la main pour avoir un nouveau morceau de papier peint. Harry le lui tendit, en se disant que, malgré ses gamineries, Sirius avait toujours été comme un père pour lui. Il était sa figure paternelle, dans sa tête, et en cet instant précis, Harry se disait qu'il aurait vraiment été un bon parent, s'il avait eu une autre vie.
OoO
C'était gênant. Nan, vraiment, c'était gênant. Draco n'aurait pas voulu être à la place du patient qui était rouge de honte.
Avec d'autres étudiants, la plupart féminines, il avait suivi le Dr McGonagall dans une chambre, afin de leur montrer le résultat d'une petite opération, une plastie. Draco, perdu dans ses pensées, n'avait pas du tout pensé à la signification de ce mot, jusqu'à ce que le médecin soulève le tee-shirt et baisse le pantalon de monsieur allongé dans son lit.
« Une plastie est une petite opération du pénis. Comme vous pouvez le constater… »
Oh le pauvre mec, songea Draco en voyant les joues du patient se colorer de rouge. Il était jeune et l'étudiant se dit que ce ne devait pas être spécialement agréable de montrer ses parties génitales à un arsenal de stagiaires qui regardaient son pénis avec attention. Bon, c'était pour apprendre, ils avaient une bonne raison d'admirer ses bijoux de famille, mais quand même…
Une fois qu'ils eurent quitté la chambre, les filles se mirent à glousser en le regardant. Ou, plutôt, en regardant ce qui se trouvait sous sa ceinture. Le blond leur jeta un regard froid qui les fit rougir de gêne : si elles voulaient voir ses propres parties génitales, elles pouvaient toujours courir.
Draco regarda sa montre : encore une vingtaine de minutes et il serait libre. Nous étions samedi et une petite soirée avait été organisée pour fêter la victoire de l'équipe d'Olivier. Restaurant et cinéma étaient au programme. Tout le groupe devait se réunir, mais certaines personnes ne pouvaient venir : Gregory devait tenir ses obligations au restaurant et les jumeaux étaient pris par un anniversaire. Ils avaient fait des pieds et des mains pour changer la date de la fête mais le dimanche serait trop fatiguant pour ceux qui travaillaient le lundi et le week-end suivant était trop loin. Draco avait hésité à venir, mais quand il avait entendu Blaise lui dire que Seamus serait présent avec Théo, le blond avait changé d'avis : laisser Seamus et Harry ensemble ? Et puis quoi encore !
Quand McGonagall lui fit signe qu'il pouvait partir, Draco partit dans les vestiaires pour récupérer ses affaires. Il rangea son stéthoscope dans la trousse prévue à cet effet, retira sa blouse, puis ferma son casier. Son sac sur le dos, il quitta l'hôpital. Il monta dans sa voiture et rentra tranquillement chez lui, où il se changea pour cette soirée. Ils devaient tous se retrouver chez Harry.
Alors qu'il prenait sa douche, Draco repensa à la nuit qu'il avait passée chez Harry, le mercredi dernier. Il avait eu l'impression de rentrer chez lui, et même si Harry l'avait collé toute la nuit, Draco avait très bien dormi et s'était levé du bon pied le lendemain. Bon, il avait eu une petite dispute avec Harry au réveil, mais rien de très inhabituel. Il lui tardait de se glisser à nouveau dans son lit. C'était bien la première fois qu'il avait envie de dormir dans un autre lit que le sien, et justement pour dormir… en général, quand il n'était pas chez lui, c'était parce qu'il passait une nuit d'amour avec quelqu'un… Harry avait de drôles d'effets sur lui, quand même…
Avant de partir, Draco embrassa sa mère et serra la main de son père. Le rendez-vous était fixé chez Harry et il devait passer la nuit chez lui. Sa mère fut étonnée de le voir sans valise ou sac et elle lui demanda s'il avait déjà emmené des affaires propres chez Harry. Draco lui dit que c'était le cas. En fait, il n'osa pas lui avouer qu'il allait sûrement remettre ses vêtements quand il rentrerait le lendemain… Voilà autre chose qui était très, mais alors très inhabituelle chez lui : il mettait les vêtements des autres. D'un autre côté, les vêtements de la plupart de ses ex petits amis n'étaient pas à sa taille ou non portable. Il se rappela qu'un fantasme d'une de ses ex petites amies était que son partenaire s'habille en fille. Même pas en rêve.
Alors qu'il marchait vers la station de métro, les mains dans les poches, Draco repensait à tous les fantasmes bizarres qu'il avait réussi à éviter. Non, il ne s'habillerait pas en infirmière, non, il ne ferait pas une partie à trois ou à quatre, non, il ne ferait pas une partie de jambes en l'air dans un cimetière, et non, il ne porterait pas tenue bizarre en latex ! Et des fantasmes à la noix, aussi… Non, lui, il n'insultait pas ses partenaires pendant l'acte et il ne faisait pas la poule non plus…
Quand il arriva à la bonne station, Draco descendit de la rame puis monta les escaliers pour retrouver l'air libre de la rue. Machinalement, il partit en direction de la boutique où il fut accueilli par Sirius. Tout en lui serrant la main, il lui demanda ce qu'il faisait là. Outré, l'écrivain lui dit qu'il avait été invité lui aussi à la fête ! Tout comme Nymph' et Isaline, d'ailleurs. Draco n'osa pas lui dire que, dans sa tête, il n'avait pas pensé qu'un quadragénaire sortirait avec des jeunes ayant la vingtaine… Jeune quadragénaire, mais quadragénaire quand même… Mieux valait garder ça pour lui ou il allait le vexer… et Isaline aussi, d'ailleurs…
Draco entra dans le salon où se trouvaient déjà quelques personnes, notamment Blaise, Ron, Hermione et Millicent. Il salua tout le monde et s'installa à côté de Millicent, écoutant vaguement Blaise et Ron discuter.
« Parvati, c'est la nana aux gros seins qui te harcelait, c'est ça ?
- Ouais, mais elle a décidé de me laisser tranquille, dit Ron. Elle court après un autre mec, maintenant, mais il parait qu'il aime pas trop les tatouages. Et comme elle a sa Betty Boop sur la poitrine, bah c'est pas triste, il parait…
- Ah les filles, fit Blaise d'un air fataliste. Elles sont vraiment chiantes, par moments… Hein, Draco ?
- M'en parle pas.
- Qu'est-ce qui se passe avec Daphné ? Demanda Hermione.
- T'as pas remarqué ? S'étonna Millicent. Elle arrête pas de parler de Harry ! Et Harry il a de beaux cheveux, et Harry il est gentil, et Harry il est sexy…
- Je tiens à préciser qu'il ne l'est que pendant les grandes occasions, dit Draco d'un être exaspéré. Mais c'est vrai qu'elle commence à me gonfler, elle s'est mis dans la tête que Harry est le mec idéal et elle vient de plus en plus souvent à la fac pour le voir.
- Harry a plus de succès que toi ! »
Ils se mirent à ricaner, un peu moqueurs, mais Draco n'adhéra pas du tout à la remarque de Blaise. Harry n'avait pas plus de succès que lui, c'était juste qu'il était plus ouvert et faisait des choses à fond sans arrière-pensées. Quand il avait dansé avec Daphné lors de son anniversaire, il l'avait amusée, mais il ne l'avait pas draguée. Et il ne portait de pantalons qui lui moulaient les fesses que lorsque Draco le lui demandait. Et encore, il lui fallait se préparer psychologiquement.
D'ailleurs, il fut étonné que Harry ne soit pas là. Il devait être sorti faire une course ou alors promener Liloute, mais Draco penchait plus pour un passage à la superette, étant donné que la petite chienne sautillait devant lui pour qu'il la prenne dans ses bras.
Cho et Olivier arrivèrent peu de temps après Draco et se joignirent à la conversation. Cho haussa un sourcil en entendant parler de Daphné et elle se mit à encourager Draco : ne te laisse pas faire par une pétasse siliconée ! Pendant ce temps-là, les autres félicitaient Olivier qui rougissait de gêne, mais aussi de fierté. Théo et Seamus ne tardèrent pas non plus à faire leur arrivée, ainsi que Nymph' qui arriva tout échevelée, ayant oublié l'heure. Sirius la charia gentiment alors qu'elle lui tirait la langue avec beaucoup de maturité.
OoO
Il sortit de la superette, un petit sac de courses dans une main et l'autre enfoncée dans la poche de son manteau. Il faisait froid et Harry n'avait qu'une envie : rentrer chez lui. Enfin, ce n'était pas vraiment pour échapper à la température un peu trop basse à son goût, étant donné que le chemin pour aller au restaurant serait à pied, mais plutôt pour retrouver les autres, et notamment Draco.
Harry regarda sa montre. Il n'aurait peut-être pas dû. S'il avait su, il n'aurait pas baissé les yeux vers son poignet, il aurait plutôt accéléré le pas. Peut-être même qu'il aurait couru. S'il avait su.
Mais il ne savait pas. Il ne se doutait de rien. Alors il baissait les yeux vers sa montre pour regarder l'heure et constater qu'il était encore dans les temps. Mais soudain…
« Bonsoir, Harry. »
OoO
Tout le monde était dans le salon. Isaline descendit les escaliers, elle venait de prendre sa douche. Elle jeta un coup d'œil dans le salon et un pli soucieux se creusa sur son front.
« Isaline, ça va pas ? Lui demanda soudain Sirius.
- Harry n'est toujours pas rentré.
- Il est où ? S'étonna Théo.
- Parti me chercher quelque chose à la superette. Il en met du temps, quand même… »
OoO
Le premier coup fut le plus violent. Il atterrit en plein sur sa joue, la douleur traversa sa tête. Il sentit son corps tomber par terre, le sac s'effondrer sur le sol et des objets s'étaler sur le béton.
Harry leva les yeux et se releva aussi vite qu'il le put, alors qu'un nouveau coup l'atteignait dans l'épaule. Les yeux rivés sur le visage empli de fureur de son adversaire, il envoya son poing dans son estomac. Un cri de douleur suivit.
Les coups pleuvaient. La ruelle était sombre et il n'y avait personne. Il sentait ses genoux écorchés, les bleus qui se formaient sur sa peau, sa tête qui bourdonnaient, à la fois de colère et de douleur.
Harry se battait. Il se battait comme il s'était rarement battu. Il se battait comme un voyou, envoyant ses poings et ses genoux n'importe où, dans le seul but de toucher. Il entendait les cris de l'autre, ses insultes, sa bouche cracher des jurons, le maudire. Et cela ne faisait qu'amplifier sa rage.
Harry se battait. Contre un résidu de cauchemar, qui voulait le voir sombrer.
OoO
« Mais merde, qu'est-ce qu'il fout ?!
- Isaline, du calme… »
Mais elle tournait en rond comme un lion en cage. Elle lui avait demandé d'aller chercher quelques pommes, des tomates et un sachet de spaghettis à la superette du coin. Harry était parti depuis elle ne savait combien de temps et il ne revenait toujours pas. Elle avait tenté de l'appeler sur son portable et elle avait pesté quand elle avait entendu la sonnerie YMCA dans sa chambre…
Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit.
« Tiens, quand on parle du loup ! »
Isaline sortit du salon. Son sourire se fracassa sur le sol, ses yeux s'écarquillèrent de peur.
« Mais… Harry ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ?!! »
Elle se précipita vers lui, alors que tous se levaient dans le salon pour sortir dans le couloir. Draco sentit son cœur s'arrêter de battre pendant une seconde.
« Qui t'a fait ça, Harry ?! Qui ?!! »
Harry était bien là, dans l'entrée. Isaline lui secouait les épaules, comme pour lui arracher une réponse. Il s'était fait tabassé. Ses vêtements étaient poussiéreux, son pantalon déchiré aux genoux dont les écorchures sérieuses saignaient encore. Des hématomes parcouraient son visage, un œil au beurre noir assombrissait le côté droit de sa figure, sa lèvre fendue laissait couler un filet de sang séché le long de son menton. Ses doigts étaient sales, ses paumes blessées, comme s'il s'était roulé par terre. Il avait mal aux côtes, au ventre. Et aux jambes, d'avoir tant couru…
« Harry ! S'écrira Sirius. Qui t'a fait ça ?! »
Draco regardait Harry avec des yeux hallucinés. Il ne parvenait pas à croire ce qu'il voyait : son joli visage tuméfié, son pantalon déchiré, son air débraillé et sale comme s'il était tombé par terre et qu'il avait roulé sur le béton… Harry s'était fait tabassé. Draco eut encore plus mal de le voir ainsi quand Harry baissa les yeux, évitant son regard.
« Tu t'es fait tabasser ?! Fit Isaline, hors d'elle.
- Non, je me suis battu, répondit Harry en tentant de s'extirper de ses bras.
- Avec qui, merde ?! Avec qui tu t'es battu, Harry ?!
- Avec Marcus. »
Un froid. Un froid se jeta sur Cho, qui cessa de s'agiter, sur Isaline qui sembla pâlir, sur Sirius qui ne bougea plus, sur Olivier qui baissa les yeux d'incompréhension.
« Marcus ?! Mais qu'est-ce qu'il fout ici, celui-là ?!
- J'en sais rien ! Hurla soudain Harry. Je sais pas ce qu'il fait là ! Il voulait me tabasser, il l'a fait, point barre ! »
La rage défigurait Harry plus qu'il ne l'était déjà. Elle faisait briller ses yeux verts, crispait ses mains blessées, tendait tout son corps douloureux. Harry était furieux. Plus que Draco ne l'avait jamais vu. Un lion qui montrait les crocs.
« Et tu t'es battu ?!
- Tu crois que j'allais me laisser faire ?!
- Il y a bien une raison ! S'exclama soudain Sirius. Marcus n'a rien à faire à Paris !
- Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ?!
- S'il avait voulu te tabasser, il l'aurait fait avant ! » Ajouta Nymph'.
Mais Harry n'écouta pas davantage. Il avait honte, il ne voulait pas qu'on le voit comme ça. Dans ce cet état. Avec le visage tuméfié, ses vêtements sales, la dégaine du voyou qu'il n'était pas. Il se précipita alors dans les escaliers, rejeta la main solide d'Olivier qui voulut le retenir, et il s'enferma dans sa chambre, faisait claquer la porte derrière lui.
« Putain de merde ! Hurla Cho en tapant du pied. Qu'est-ce qu'il lui veut, cet enfoiré ?!
- Je vais le chercher. »
Les regards se posèrent sur Isaline. Elle avait pâli et son visage s'était durci. Elle serrait les poings, comme si elle se retenait de casser quelque chose. La fureur brillait dans ses yeux, elle serrait les dents, le regard levé vers l'escalier.
Elle allait casser quelque chose. N'importe quoi, mais elle allait casser quelque chose. Ou quelqu'un.
On avait frappé Harry. On avait touché son visage, on l'avait roué de coups.
Le goût amer de la vengeance se répandit dans sa bouche, glissa sur sa langue, taquina son palais.
Sirius lui prit le bras pour la retenir, mais elle lui lança un regard noir. Elle semblait prête à le frapper, mais elle se contenta de lui dire deux mots.
« Lâche-moi. »
Et il ne put que lui obéir, ou ce poing fermé s'abattrait sur son visage sans aucune pitié. Sans un mot de plus, elle ouvrit la porte et sortit dans la rue.
« Qu'est-ce qu'on fait ? »
La voix de Nymph' était toute petite, comme si elle était perdue. Des images affluaient à son esprit. Tant d'images. Tant de visages blessés, de doigts posés sur les lèvres pour faire silence, tant de cascades dans les escaliers qu'il avait inventées…
« Nymph', tu montes et tu vas lui parler, lui ordonna Sirius avec un grand sérieux, le visage grave. Les autres, vous rentrez chez vous. Pas de protestations ! Même toi, Cho, tu rentres. Olivier, tu viens avec moi.
- Marcus n'est sûrement plus ici, tenta le joueur.
- Harry est encore en un seul morceau, et vu comme il était essoufflé, il a dû s'enfuir. S'il est dans le coin, Isaline va le retrouver et ça va très mal tourner. »
Sirius ouvrit la porte, alors qu'Olivier, une nouvelle fois, protestait : Isaline n'était pas assez forte pour tenir tête à un homme, surtout si c'était quelqu'un comme Marcus. Sirius lui répondit avec un sérieux qui l'étonna.
« La dernière fois que je me suis battu avec Isaline, j'avais dix-huit ans. Elle m'a pété le bras. »
Une histoire stupide. Une histoire d'homme qu'il avait séduit, réduisant à néant quatre ans de mariage avec une femme. Furieux, James avait décidé de le raisonner : jamais cet homme de dix ans son aîné ne le rendrait heureux, il ne faisait que tout détruire. Il l'avait cherché longtemps. Mais Isaline l'avait trouvé avant lui. Une bagarre avait suivie, sans savoir vraiment pourquoi. Sirius s'était brisé le bras et Isaline avait l'épaule déboitée.
« Si tu veux retrouver ton pote entier, suis-moi. »
Olivier ne fit plus de résistance.
OoO
Personne n'en revenait. Personne. Pas même Théo ou même Ron, qui avait déjà vu Harry se battre contre un voyou. Il s'était fait tabassé par un gars. Un gars que les autres connaissaient.
Qu'Olivier et Cho connaissaient.
Et cela inquiétait grandement Draco : ça lui avait fait un coup de voir le visage blessé de Harry, la fureur sur ses traits. Ce n'était plus du tout la même personne… Et il se demandait bien où était passée Isaline, car malgré ce qu'avait dit Sirius, elle ne pourrait pas faire le poids face à ce Marcus. Et puis Harry, enfermé dans sa chambre, alors qu'il était forcé de rentrer chez lui…
« J'aurais dû rester avec lui…
- Sirius n'était pas d'accord, répliqua Seamus, qui était tout aussi inquiet. J'en reviens pas que Harry s'est fait tapé par quelqu'un…
- Il sait bien se défendre, pourtant, ajouta Ron.
- Parce qu'il s'est déjà battu avant ?! Réagit Hermione, stupéfaite.
- Ouais… il se laisse pas faire, il sait frapper. Enfin, c'est désordonné, mais il y va franco !
- Marcus est très grand, c'est pas étonnant qu'il ait pris des coups. »
Les regards se portèrent sur Cho qui semblait très anxieuse. Elle avait perdu son air joyeux et elle se mordillait la lèvre, pas rassurée du tout. Elle ne comprenait pas que Marcus soit ici. Ça faisait quatre ans que Harry avait quitté Londres, et c'était maintenant qu'il se décidait à régler ses comptes. Pourquoi maintenant ?
Et le fait qu'Isaline, Sirius et Olivier fassent le tour du quartier pour essayer de le chopper ne lui plaisait guère. Cho n'avait jamais aimé Marcus, il l'avait toujours fait flipper. Et savoir que…
Cho s'arrêta net. Les autres aussi, étonnés. Elle regardait droit devant elle, la lèvre pincée, en se disant que la soirée était loin d'être terminée.
« Tiens tiens. Cho Chang. Ça faisait longtemps. »
Marcus Flint était posté au coin de la rue, le dos contre le mur et ses mains dans ses poches. Arrogant, il regardait la petite troupe, ses yeux noirs rivés sur la chinoise. Des yeux noirs et ternes, froids, des billes sombres à glacer le sang. Un sourire mauvais étirait ses lèvres minces.
Ils s'attendaient à voir un homme baraqué et sûr de lui. Marcus était un homme. Barraqué. Assez grand. Et sûr de lui.
Mais pas indemne. Son visage était marqué par une bagarre récente, il avait un œil au beurre noir et la lèvre touchée, sa joue était éraflée. Même ses vêtements étaient sales, son jean, surtout.
Harry n'avait pas été tabassé. Il s'était battu. Avec ce type, qui faisait une bonne tête de plus que lui. Ils s'étaient roulés par terre, avaient rencontré les murs, et les coups de poings s'étaient échangés avec colère. Draco se mordilla la lèvre, alors qu'une haine sans nom montait en lui. C'était ce type qui avait fait du mal à Harry, qui l'avait blessé. Blaise posa sa main sur son épaule, comme pour l'apaiser, alors que la colère montait en lui aussi. Il en était de même pour Théo et Ron, alors que Hermione, Millicent et Seamus s'inquiétaient. Ce type faisait flipper, il avait une tête de mort vivant, pâle, cabossé et mauvais.
Cho eut envie de rire. Elle se retint, mais elle eut envie de rire. Elle commençait à comprendre pourquoi Marcus était venu. Et pourquoi il détestait autant Harry. Pourquoi il l'avait tant haï, autrefois.
Harry, jeune et mignon. Si gentil, attentionné et soumis. Harry, qui faisait tout ce que Cédric lui demandait. Ou presque. Harry, que Cédric avait choisi. Lui. Et pas Marcus…
Cho eut un sourire ironique.
« Ouais. Ça faisait longtemps. »
Marcus fit un pas, la lumière du lampadaire sembla éclairer un peu plus son visage blessé et peu gracieux. Cho recula d'un pas, en priant pour qu'Olivier arrive. Une lueur mauvaise brillait dans le regard de Flint. Il était comme fou : il voulait frapper. Pourquoi ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi Harry ?
« Alors comme ça, il parait que tu fréquentes Potter. Pas étonnant. Il baise bien, au moins ? »
Cho sentit la rage monter en elle alors que des images flashaient dans son esprit : son visage blessé, son corps dans le lit blanc, la perfusion dans son bras…
Les autres ne comprenaient pas. Draco regardait Cho, avec un sentiment à la fois d'incompréhension et de trahison dans le cœur…
Cho eut un sourire froid, ironique, qui n'allait pas du tout avec son joli visage.
« Faut croire. Il est meilleur que toi, en tout cas. »
Le sourire mauvais de Marcus tomba et il serra les dents, alors que la colère déformait ses traits. Il foudroyait Cho de ses yeux noirs et elle se sentait rapetisser. Elle voulait s'enfuir, courir, parce qu'elle sentait qu'il allait la frapper. Malgré les autres qui étaient là, malgré la présence des garçons qui la défendraient. Peut-être. Car elle sentait le regard de Draco lui percer le dos. Et pas seulement le sien…
« J'ai toujours pensé que t'étais qu'une pute. Et Potter aussi, d'ailleurs. C'est marrant que vous vous entendiez si bien, vous avez plein de points en commun. »
Plein de points en communs. Bruns tous les deux. Sortis avec le même mec. En même temps.
« Dégage, Flint. »
Mais il avança encore d'un pas et Cho sentit la peur s'insérer dans son cœur. Les garçons se rapprochèrent d'elle, comme pour la protéger de ce malade. Même Draco, à sa droite, qui ne comprenait rien, à part que ce type n'était pas clair. Sauf que…
« Tu t'attaques à une fille, maintenant ? »
Marcus tourna si violemment la tête qu'il aurait pu se froisser quelque chose. Ses yeux tombèrent sur Harry, qui venait d'arriver discrètement, pas très loin du groupe. Marcus regarda son visage. Son visage de beau gosse, blessé par ses coups. Ce visage que Cédric avait tant aimé, et qu'il aimait encore. Combien de fois lui avait-il parlé de Harry, combien de fois avait-il vanté ses qualités, aussi bien physiques que morales… Combien de fois lui avait-il dit qu'il le voulait, qu'il voulait son visage, ses yeux verts, son corps, son sourire…
Combien de fois Marcus avait-il maudit Harry Potter ? Son existence même lui donnait envie de vomir. Lui avait eu tout ce qu'il avait désiré : la passion de Cédric, son amour, ses regards… il avait tout eu. Tout.
Son amour. Sa passion. Sa vie. Sa mort…
« Je te croyais plus courageux que ça. S'attaquer à une fille ? Elle n'a jamais été une menace, pour toi. »
Non. Ni elle, ni les autres filles. Aucune copine de Cédric n'était une réelle menace pour Marcus, étant donné que Cédric était homosexuel. Il n'aimait pas les filles. Ce n'était qu'un passe-temps parmi tant d'autres.
Mais Harry n'était pas juste un passe-temps…
Un sourire méprisant apparut sur ses lèvres.
« Tu as raison, Potter. Réglons nos comptes. »
Théo, qui s'était tu jusqu'alors, leur demanda d'arrêter, vite suivi par Ron et Blaise. Mais Marcus ne les écoutait pas, pas plus que Harry. Ce dernier avait les poings serrés, le visage fermé, et il regardait Marcus avec des yeux froids, le regardant s'avancer de quelques pas vers lui. Il n'entendit pas Cho hurler que ça ne servait à rien de se battre. Il ne pensait même plus à Nymph' qui devait le chercher partout, à Isaline qui arpentait les rues, ou encore à Sirius et Olivier qui la cherchait. Il ne voyait que Marcus, cet homme qu'il avait apprécié, autrefois, et qui l'avait haï le jour où il avait appris que Harry et Cédric sortaient ensembles…
Draco avait peur. Vraiment. C'était rare qu'il ressente un sentiment pareil, lui qui était si sûr de sa personne. Mais en voyant Marcus s'avancer de quelques pas vers Harry et ce dernier avec son visage blessé soulevait de la crainte en lui. Il était terrifié à l'idée de le voir par terre, de se faire rouer de coups. Evidemment, si ça se produisait, ils se jetteraient tous sur Marcus. Mais seulement s'il ouvrait les hostilités. Ils ne pouvaient attaquer quelqu'un pour rien. Et vu sa carrure, pas sûr qu'ils s'en sortent indemnes…
« Tu t'es enfui, tout à l'heure. »
Comme ça, sans prévenir. Quand Marcus l'avait réalisé, il était trop tard : Harry avait disparu, et il ne restait plus que son sac de courses, tombé par terre.
« On s'est assez tapé dessus, tu crois pas ?
- Ah oui, tu trouves ?
- Marcus… »
Pas le temps de terminer sa phrase. Soudain, Isaline jaillit de nulle part, le poussa sans ménagement et lança un coup de poing droit dans le visage de Marcus. Ce dernier, qui ne l'avait même pas vue, encaissa le coup en poussant un juron. La fureur la plus totale brillait sur le visage de la femme, elle serrait les dents et ses yeux clairs lançaient des éclairs. Sans vergogne et retenue, elle se jeta sur Marcus, l'attaquant avec violence. La rage prit Marcus dans toute sa splendeur et il ripostait, jetant son poing sans la mâchoire d'Isaline qui lui colla son genou dans le ventre. Harry voulut les écarter mais Isaline le repoussa sans douceur.
Le groupe retomba sur terre et voulut les arrêter aussi, mais Sirius et Olivier arrivèrent en panique et les séparèrent. Isaline se battait comme une peste, griffant, mordant, envoyant ses poings et ses genoux, évitant plus ou moins les coups puissants de Marcus qui semblait à deux doigts de la tuer, vomissant des insultes. Il ne sembla revenir à lui que quand les bras d'Olivier passèrent sous ses aisselles et qu'il le tira en arrière.
« Lâche-moi, Olivier ! Tout de suite, connard !
- Marcus, arrête !
- Je vais détruire cette salope ! »
Sirius sembla avoir plus de mal à tenir Isaline qu'Olivier qui maintenait Marcus contre lui avec fermeté. Elle gesticulait, lui écrasait les pieds, se débattant comme la garce qu'elle était. Une lionne qui ne voulait pas lâcher sa proie.
Puis, le silence vint. Marcus et Isaline se regardaient, fixement, comme s'ils attendaient le moindre mouvement de l'autre pour s'élancer vers leur adversaire et le réduire en pièces. Cho s'était précipitée vers Harry pour le prendre sans ses bras mais Draco la devança, lui jetant un regard si noir qu'elle en frissonna. Cependant, il ne tenait pas Harry, ce dernier évitant son regard et le repoussant maladroitement, ce qui blessa le blond. Il ne comprenait pas son attitude. Ce n'était plus le même Harry qu'il avait devant lui. Il était… différent.
« Allez, on rentre. »
Sirius desserra son étreinte d'Isaline mais le maintint toujours contre lui. Olivier en fit de même avec Marcus et le poussa en avant. Le joueur de foot lui lança un regard à vous glacer le sang, mais Olivier ne se laissait pas démonter et il lui montra du doigt la rue.
« Tu avances ou on appelle les flics. T'as le choix. »
Pas vraiment, non. Si on appelait les flics, il risquait d'y laisser des plumes. Il avança donc de mauvaise grâce, suivi par Olivier. Isaline ne les quittait pas des yeux, elle bouillonnait encore intérieurement, et Sirius ne la lâcha pas tant qu'ils ne furent pas rentrés. Les jeunes les suivirent aussi, même s'ils auraient dû s'en aller, mais Harry n'allait pas bien, son visage semblait pâlir et il avait des difficultés à marcher. Ils préféraient rester avec lui plutôt que rentrer chez eux… la soirée était terminée de toute façon.
Olivier emmena Marcus dans la chambre d'amis pour avoir une petite conversation avec lui. Tout le monde entra dans le salon. Harry s'assit sur le canapé et son visage tuméfié faisait mal au cœur. Draco s'assit à côté de lui et, cette fois-ci, Harry ne le repoussa pas quand il voulut lui témoigner son soutien : il lui prit la main et Harry la garda dans la sienne. Théo s'assit à côté du brun lui aussi mais il ne savait pas quoi faire pour l'aider. Les filles le regardaient avec des yeux inquiets, tout comme Seamus qui avait du mal à réaliser ce qui venait de se passer. Il en était de même pour Blaise qui n'avait pas suivi toute l'histoire…
Isaline, elle, par contre, n'était pas aussi calme que Harry, bien au contraire, et Sirius voyait bien qu'elle était à deux doigts de péter un câble. Nymph' était là, elle aussi, une trousse à pharmacie dans les mains, mais quand elle s'avança vers Harry, il lui lança un regard agacé : qu'elle le laisse tranquille.
« Sirius, ne me touche pas !
- Isaline, assis-toi et calme-toi !
- Que je me calme ?! Moi ?! Fit-elle d'une voix suraiguë. Avec ce connard qui traîne chez moi ?! Si je m'écoutais, j'appellerais les flics !
- Ce mec a des relations, réfléchis deux minutes ! Si on appelle les flics, c'est lui qu'ils vont croire !
- Ah ouais, tu crois ça ?!
- Rappelle-toi, la dernière fois ! Tu t'es retrouvé chez les flics, c'est Cédric qu'ils ont…
- Ta gueule !! Hurla-t-elle. Je t'interdis de parler de ça ! Tu n'étais pas là, toi, tu t'envoyais en l'air avec un pauvre con ! Tu n'as rien vu, tu n'as même pas cherché à comprendre ! C'est toujours moi qui me prends des baffes, toujours moi qui prend des risques ! Pour tous les trois ! Alors ne parle pas de ça ! »
Elle était furieuse. Furieuse après Marcus, qui avait osé venir ici et frapper Harry. Furieuse après Sirius et Olivier, pour l'avoir retenue et les avoir séparés. Et furieuse après Harry, qui semblait vouloir disparaître dans le mur…
« Et toi ! S'écria-t-elle en le pointant du doigt. Refais ça une seule fois, et je t'éclate toi aussi ! Non, ferme ta bouche ! Tu aurais dû rester ici au lieu d'aller le voir ! Tu savais qu'il serait pas loin d'ici, tu voulais quoi, au juste ? Régler tes comptes ? Refais encore une seule fois ce genre de truc et ça va barder pour toi aussi ! Tu fais que des conneries, Harry ! Tu ne m'apportes que des emmerdes ! »
Harry se pinçait la lèvre, les yeux brillants comme s'il allait pleurer. Il avait envie de pleurer. Vraiment. Il avait mal, partout, et son cœur se serrait à chacun des mots d'Isaline.
Il ne lui apportait que des ennuis. Depuis qu'il était chez elle, il ne lui apportait que des emmerdes, de toute sorte. Ce soir encore… il aurait dû rester dans sa chambre au lieu d'aller défier Marcus, qui l'attendait forcément quelque part, attendant qu'il montre le bout de son nez. Il l'avait insulté, traité de tous les noms. Marcus se doutait qu'Isaline viendrait régler ses propres comptes, et que Harry voudrait éviter ça, et terminer ce qu'ils avaient commencé.
« Isaline, calme-toi, s'écria Cho en se postant devant lui, les poings sur les hanches. Il a voulu bien faire…
- Toi, tu ne t'en mêles pas !
- Je suis aussi concernée ! Si Marcus est là, c'est que ça a un rapport avec Cédric ! Marcus était furieux et c'est son seul sujet sensible.
- Je le suis, moi aussi. »
Elle se tourna vers Harry et le regarda d'un air agacé. Il haussa les épaules, mais après tout, il n'avait pas tord : lui aussi était un sujet sensible pour Marcus. Il l'avait toujours été, à partir du moment où il avait accepté de sortir avec Cédric Diggory.
« Mais pourquoi il s'en est pris à toi ? Demanda Ron, sans comprendre. Et comment tu connais ce type, Cho ? »
Harry et Cho se regardèrent. Le brun hocha la tête, comme si tout cela ne le concernait pas. Draco connaissait déjà la réponse, Harry lui avait vaguement parlé de sa relation avec Cho. Très vaguement. Mais assez pour ne pas être étonné par la réponse de la jeune fille.
« Harry et moi, on sortait avec le même garçon. »
Mais ce ne fut pas le cas de tous les autres, bien au contraire. Surtout Théo et Ron, qui regardaient Harry et Cho, l'un après l'autre, sans croire ce qu'ils disaient. La jeune fille était très gênée, mais Harry ne montrait aucun sentiment.
Oui, ils étaient sortis avec la même personne.
« Avec le même mec ?
- Ouais, en même temps. »
Oui, cela s'était passé pendant la même période.
« Mais je ne le savais pas. »
Il le savait, lui. Mais il avait espéré que Cédric ne soit qu'à lui. Il avait entendu parler d'elle. Evidemment. Mais Cédric lui disait que ce n'était pas sérieux, elle n'était qu'une couverture pour lui. Ils ne sortaient pas vraiment ensemble, qu'il disait.
Mensonges.
« Et vous êtes amis, pourtant ? S'étonna Hermione.
- Faut croire… »
Cho eut un rictus alors que Harry soupirait. De lassitude. Oui, ils étaient amis. Et alors ? La vie avait fait qu'il n'avait pas eu de chance et Cho l'avait compris.
Il lui avait pris l'homme qu'elle aimait. C'était vrai. Mais, avant tout, il l'avait rendu heureux. Et il s'en était brûlé les ailes…
« Bon, on va pas disserter là-dessus, dit soudain Sirius, coupant les interrogations. Isaline, tu restes là !
- Je veux savoir ce qu'ils disent.
- Laisse Olivier gérer ça, il connait Marcus. Tu en as assez fait pour ce soir !
- Tu peux même pas savoir à quel point ça fait du bien de se venger. »
Isaline lui fit un sourire mauvais. Un sourire de voyou, de gamine qui tient enfin sa vengeance. Elle faisait presque peur. Ses balafres n'existaient même plus, tout ce qu'elle avait en tête, c'était qu'elle avait filé quelques coups à ce connard. Elle aurait préféré en frapper un autre, mais bon, on fait avec ce qu'on a… Et la tête de ce salaud ne lui revenait décidément pas…
« Isaline, arrête ça tout de suite.
- Tiens, Olivier a fini. »
En effet, des pas résonnaient dans le couloir et il ne tarda pas à revenir dans le salon. Il paraissait énervé, ce qui était plutôt rare chez lui, et il lança un regard sombre à Isaline qui lui rendit la pareille, mais en pire.
« T'as un problème ?
- La prochaine fois, évite.
- T'as jamais su choisir tes amis, toi. »
Olivier encaissa le coup sans rien dire. Parce qu'il savait exactement où elle voulait en venir. Et Harry et Cho aussi, d'ailleurs…
« Bref. Je sais pas pourquoi il est ici. Il m'insulte depuis tout à l'heure. Le mieux… Hésita-t-il en regardant Harry… serait que tu lui parles. »
Isaline ne protesta même pas. Harry se leva donc, ignorant le regard de Draco et celui des autres, et il sortit du salon. Isaline le suivit. Sirius ne la retint pas : elle voulait écouter à la porte et personne ne pourrait la retenir. Il n'avait pas envie de s'en prendre une, et même si elle avait l'air plus calme, ce n'était qu'une illusion. Les autres, curieux, les suivirent. Harry entra et laissa la porte entrouverte. Isaline s'assit par terre, juste à côté de l'ouverture, pour écouter tout à son aise.
La conversation ne fut pas longue. Quand il entra dans la chambre d'amis, Harry vit Marcus assis sur le lit, aussi fatigué qu'énervé. Il jeta un regard mauvais à Harry mais ne fit aucun geste pour s'avancer vers lui. Plus envie de le frapper. Même plus envie. Ce type le dégoûtait.
Harry prit une chaise et s'assit dessus, conscient qu'Isaline écoutait. Comme tous les autres. Et que Marcus était têtu comme une mule.
« Marcus ?
- Ta gueule.
- T'as vraiment pas changé.
- Toi non plus, pédale. »
Draco serrait les poings, tout comme Ron : ils voulaient rentrer dans cette chambre et remettre ce type à sa place. Même Théo était énervé et Seamus mal-à-l'aise. Comment Harry pouvait rester aussi calme devant l'attitude provocante et vulgaire de ce connard ?
« Marcus, t'as vraiment envie qu'on appelle les flics ? Je veux savoir pourquoi tu es venu.
- C'est l'autre salope qui veut savoir, pas toi. T'en as rien à foutre. Comme d'habitude.
- Qu'est-ce que tu me reproches, au juste ? »
Le visage de Marcus se crispa et Harry sentit que ça allait tourner au vinaigre. Il serrait les dents. Quelque chose s'était passé. Là-bas, en Angleterre. Harry inspira profondément, prêt à se défendre s'il lui sautait dessus. Mais Marcus ferma les yeux, semblant se retenir : il ne gagnait rien à s'obstiner.
« Tu lis ses lettres ? »
Non.
Question stupide. Il connaissait déjà la réponse.
« Tu n'aurais pas une question plus intelligente à poser ?
- Tout ça, c'est à cause de toi ! »
Le reste ne fut plus que cris. Pas de coups. Juste des cris. Les reproches de Marcus pleuvaient sur Harry, qui lui hurlait tout aussi fort, complètement remonté après cet homme qui lui reprochait son manque de présence auprès de Cédric.
Non, il ne lisait pas ses lettres. Il ne voulait plus entendre parler de lui. Plus jamais. Cédric n'existait plus pour lui, Harry avait tourné la page. Il en avait fait assez pour lui, il avait assez souffert à cause de lui.
« A cause de toi, il a voulu se suicider ! »
Et derrière la porte, Isaline marmonna un « dommage qu'il se soit loupé ». Sirius lui donna un coup de pied dans l'épaule mais elle ne réagit pas, écoutant Marcus accuser Harry de toute la souffrance qui avait poussé Cédric à tenter la Mort.
Cédric avait voulu mourir. Là-bas, en prison. Il avait voulu se suicider, se trancher les veines dans les toilettes. Tout ça parce que Harry ne répondait jamais à ses lettres, parce qu'il ne les lisait pas, et parce qu'il ne savait plus rien de lui.
Harry lui manquait. Il ne supportait plus son absence.
Et le jeune homme criait : il ne voulait plus jamais entendre parler de Cédric. Il en avait assez vu, il avait assez donné. Pourquoi lui faisait-on des reproches ? A lui ? Qu'avait-il fait de mal, merde ? Ce n'était pas sa faute, tout ça. Il avait juste voulu… juste voulu que Cédric… tout ça, ce n'était pas sa faute…
Harry finit par craquer. Il sortit de la pièce et se rua dans sa chambre. Personne ne le retint, soufflé par cet échange où on comprenait plus ou moins la situation. Isaline avait les yeux dans le vague, se disant que ce connard n'avait pas fini de leur pourrir la vie.
OoO
Les larmes dégoulinaient sur ses joues. De grosses larmes humides qui glissaient sur sa peau, dévalant la chaire tendre et blessée de ses joues. Tout son corps était parcouru de sanglots, de soubresauts.
Harry pleurait. Et il avait la sensation qu'il ne s'arrêterait jamais de pleurer.
Il était redevenu un enfant. Un petit garçon blessé qui ne pouvait retenir ses larmes de couler, les coins de sa bouche s'affaisser et son corps de trembler. C'était plus fort que lui. Recroquevillé sur lui-même, sous sa couette, il laissa couler la tension hors de son corps, en espérant que personne ne vienne voir la chose pitoyable qu'il était à ce moment-là.
Les paroles de Marcus flottaient dans sa tête. Il entendait encore sa voix grave lui reprocher son existence même, et sous ses yeux clos, il parvenait à imaginer Cédric dans sa cellule, en train de s'ouvrir les veines. Même là-bas, il parvenait à lui pourrir la vie.
Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avait-il essayé de mourir ? Pour le blesser ? Il l'avait suffisamment fait. Parce qu'il l'aimait ? Il y avait d'autres façons de montrer son amour. Pour lui dire qu'il lui manquait ? Tout ça était de sa faute…
Se doutait-il que Marcus viendrait jusqu'ici pour lui casser la gueule ? Parce qu'il avait essayé de mourir à cause de Harry ? Peut-être. Ou pas. Il n'en savait rien. Et ne voulait même pas savoir…
Harry avait honte. Honte de pleurer, d'avoir crié, de s'être battu. Honte que Draco l'ait vu dans cet état, avec son visage blessé, en train de crier après Isaline, ou encore après Marcus. Il avait tellement honte…
La porte s'ouvrit. Doucement. Comme pour ne pas le réveiller. Harry frissonna.
Personne. Il ne voulait voir personne. Qu'on parte. Qu'on le laisse tranquille…
Des pas lents sur la moquette. La lumière qui s'allume. La couette qui se soulève un peu, et un corps qui se glisse dans le lit. Deux bras qui se referment autour de lui, maladroitement. Mais avec tendresse. Harry voulait repousser ces bras, mais il sent l'odeur. Sa légère odeur. Et la honte le frappa avec encore plus de violence…
« Harry ? My angel… »
Et ses lèvres sur son front, ses bras autour de lui. Harry se blottit malgré lui contre son corps, se cachant le visage avec ses mains. Et Draco lui caressa les cheveux tendrement. Il embrassa son front à nouveau, ses cheveux, attendant que ses pleurs s'apaisent et que son corps se détende.
Harry mit une éternité à se calmer. Draco ne le lâchait pas, l'enveloppant dans sa tendresse maladroite mais sincère. Il ne lui parlait pas, ne lui disait rien, préférant s'exprimer avec des caresses. Quand Harry s'arrêta de pleurer, il retira ses mains de son visage et regard Draco, qui eut un pincement au cœur en voyant son visage blessé et ses yeux rouges. Lentement, il se pencha pour l'embrasser alors que Harry gémissait : sa lèvre lui faisait encore mal.
« Désolé. Je vais chercher de quoi te soigner.
- Reste avec moi…
- Avant, il faut te soigner. Je reviens dans deux minutes. D'accord ? »
Harry hocha vaguement la tête et Draco l'embrassa une nouvelle fois, plus doucement, avec délicatesse, pour ne pas lui faire mal. Puis, il s'extirpa du lit et sortit de la chambre pour prendre de quoi le soigner. Isaline, au garde-à-vous devant la chambre, lui donna une petite valisette où se trouvaient tous les produits. Il revint dans la chambre, elle ne le suivit pas : c'était à lui d'arranger les choses, pas à elle.
Harry était assis sur le lit. Il avait les yeux rouges et gonflés, son œil au beurre noir était tout aussi inquiétant que sa lèvre. Délicatement, Draco le soigna du mieux qu'il put. Harry serrait les dents, grimaçait, mais c'étaient les seules manifestations de douleur qu'il lui montra. Pas de cris ou de gémissements. Cela étonna Draco, mais il ne fit pas de remarques, se contentant de lui demander où il avait mal. Harry retira son tee-shirt et son pull pour montrer ses bleus, puis son pantalon. Il avait mal à son genou, écorché, et il se laissa ausculter par Draco sans rechigner.
Quand il eut terminé, Draco regarda Harry des pieds à la tête. Il était nu, n'ayant gardé que son boxer noir, et il n'était pas très joli à voir. Draco avait du mal à le regarder, le voir blessé lui faisait mal au cœur, et Harry interpréta cela comme du dégoût. Il était prêt à se cacher à nouveau sous ses couvertures, mais Draco s'assit à côté de lui et passa son bras sur ses épaules, l'attirant contre lui.
« Harry ? Tu veux bien me raconter ? »
OoO
Il l'avait rencontré lors d'une soirée, organisée par des amis communs. A l'époque, il avait dix-sept ans et il étudiait la comptabilité, dans le but de pouvoir gérer sa propre entreprise afin d'aider Isaline, tout en suivant sa formation de tatoueur chez elle. Des amis de la compta' lui avaient dit que la fête serait super, qu'il y aurait des beaux mecs, et notamment des joueurs de foot. Harry les avait suivis, comme ça. Il avait envie de s'amuser un peu.
Quand il l'avait vu, Harry s'était dit que c'était un mec parfait. Il était beau gosse, vraiment. Un corps plutôt musclé, attrayant, et mis en valeur par sa tenue élégante mais simple. Ses cheveux mordorés étaient bien coiffés et ses yeux noisette faisaient fondre de nombreuses filles. C'était le petit ami parfait. Tellement parfait que Harry avait grimacé et avait lancé un regard dégoûté aux nanas qui se trémoussaient devant lui pour attirer son attention.
Plus tard, alors qu'il buvait un verre avec des amis, le jeune homme, flanqué de quelques mecs, vint les voir. Les filles gloussèrent à son arrivée et tentèrent de l'aguicher. Mais son regard était posé sur Harry, indéniablement attiré par lui. Comme un aimant. Et Harry sentait son regard sur lui. Cela le gêna tellement qu'il croisa ses yeux. Il se présenta : je m'appelle Cédric, et toi ?
Paroles malheureuse. Harry se présenta, comme il l'aurait fait avec n'importe qui. Ils discutèrent, tranquillement, avec tous les autres. Cédric répondait gentiment aux avances des filles, rigolait avec les hommes, mais il restait planté à côté de Harry, ses yeux revenant sans cesse vers lui, ce qui gênait le jeune homme. À la fin de la soirée, il lui demanda son numéro, pour qu'ils puissent se revoir. Il l'aimait bien. Harry accepta. Il n'avait pas de raisons de refuser.
Il aurait mieux fait de s'abstenir.
Une semaine passa avant que Cédric ne l'appelle. Ils discutèrent, puis se revirent lors de certaines virées, Harry suivant les amis qu'ils avaient en commun. A chaque fois, Cédric apparaissait. On s'étonnait de le voir, lui qui n'aimait pas tellement sortir, ou du moins pas aussi souvent. Harry se demanda si c'était pour le voir qu'il faisait ça, mais il se dit que c'était présomptueux de sa part.
Sauf qu'il avait raison. Il finit par le comprendre. Quand Cédric se mit à le draguer. De façon lente et calculée. L'attirant peu à peu dans ses filets.
Bientôt, Harry ne pensa plus qu'à lui. Cédric faisait attention à lui, il lui proposait des sorties, s'intéressait à sa vie, à ce qu'il faisait… Harry apprit que Cédric était promis à une brillante carrière dans le football, mais un malheureux accident de voiture détruisit ses espoirs de devenir joueur dans une équipe, et il se retrouva à étudier l'économie, comme son père l'avait fait avant lui. Harry eut pitié de lui et il lui raconta sa propre expérience avec son professeur harceleur. Ils étaient un peu pareil, tous les deux. Un peu. Juste un petit peu.
Un jour, Cédric lui proposa de sortir avec lui et Harry accepta. Il était amoureux. Pour la première fois. Il voulait rester près de Cédric, l'aider quand il n'allait pas bien. Être présent pour lui. Faire partie de sa vie.
Mais Harry Potter déchanta bien vite. Aimer quelqu'un, ce n'était pas facile. Sortir avec quelqu'un, ce n'était pas évident. Chérir Cédric était difficile. Être son petit ami, une tâche impossible.
Cédric était un jeune homme parfait de vingt-et-un ans. Beau, riche, amusant. Un peu mystérieux. Le petit ami parfait. L'amant idéal. En apparence, seulement.
Car Cédric était ce qu'on appelle un homme frustré. Il était frustré, de la vie, de tout. Il allait devenir un jour de football, il avait une carrière brillante en perspective, il était beau, riche, tout pour plaire ! Mais avec ce stupide accident de voiture, tous ses rêves étaient partis en fumée du jour au lendemain. Il aurait beau essayer, jamais il ne parviendrait à redevenir celui qu'il était, et cela le mettait dans une colère noire qu'il ne parvenait pas à exorciser.
Cédric Diggory jouait un rôle. Celui du mec parfait qu'on rêvait d'aimer. Celui qui sortait avec une jolie petite amie étrangère, Cho Chang. Celui qui était sympa et qui venait aux fêtes. Celui qui était galant et toujours là quand on avait besoin de lui.
Mais il y avait un côté sombre chez lui, un côté sombre qui détruisait tout ce qu'il possédait.
La première fois que Cédric frappa Harry, cela faisait un mois qu'ils sortaient ensemble. Harry ne se souvenait même plus pourquoi et il n'avait même pas envie de s'en rappeler. Il savait juste que ce coup l'avait blessé au plus profond de lui-même.
Harry était bisexuel et il s'était toujours dit que ce n'était pas une mauvaise chose : on pouvait aimer un homme, cela n'avait rien de dégueulasse. Mais Cédric ne pensait pas du tout la même chose. Il était homosexuel, il le savait parfaitement, mais il sortait avec des filles pour renier cet attrait pour les hommes. D'ailleurs, il n'était jamais sorti avec le moindre mec. Sauf Harry.
Harry. Si joli et gentil. Toujours là quand il avait besoin. Harry, qui se pliait à ce qu'il lui demandait, à ce qu'il exigeait de lui. Harry, qu'il gardait dans l'ombre du secret. Harry, qu'il battait.
OoO
Draco regardait les mains de Harry, qu'il tripotait nerveusement, cherchant ses mots. Pourtant, une bombe avait été lâchée dans la chambre et elle avait explosé. Il avait senti la main de Draco se crisper sur son épaule et sa respiration se faire plus rapide.
Mais c'était une vérité. Cédric le battait. Il le frappait. Souvent. Pour rien. De colère. De frustration.
« Il était blessé, au fond de lui-même. Il avait besoin de frapper sur quelque chose. Et c'était moi qu'il frappait. »
Toute la frustration bouillonnait en lui, sur le point d'exploser, et personne ne voyait qu'il allait mal, parce qu'il jouait son rôle de garçon modèle, de petit ami parfait et fidèle, d'ami prévenant et attentionné. Il était hétéro devant les autres, il sortait avec Cho. Cédric était un homme parfait.
Qui n'avait plus d'espoirs. Qui s'enfonçait dans une vie qu'il n'avait pas choisie et qu'il détestait. Il haïssait le monde entier, et toute sa rage passait dans les coups qu'il administrait à Harry. Des gifles des coups de poings, de genoux… besoin de détendre ses nerfs, de se vider de cette folie qui menaçait de s'emparer de tout son être…
« Il m'aimait, tu sais. Je sais ce que tu vas me dire : je suis comme toutes ces femmes battues, je me laissais faire parce que je me sentais coupable et parce que j'étais certain qu'il m'aimait. C'est vrai. Sauf qu'il m'aimait vraiment. »
Au moment même où il avait vu Harry, Cédric était tombé amoureux. Amoureux de ce jeune homme entretenu, musclé, au rire facile… son sourire éclatant, ses yeux verts pétillants… ses cheveux noirs ébouriffés parsemés de mèches écarlates… tellement beau, tellement désirable…
« Et c'était… un peu pour ça qu'il me frappait, aussi. »
Parce que Harry était son péché. Il l'aimait, cela l'empêchait de nier sa sexualité. Harry était la preuve vivante qu'il aimait les hommes, ce qui le mettait en colère. Et cela mêlé à la frustration et la colère le rendait instable, violent et méchant. Seulement avec Harry.
« Je me laissais faire. Je n'osais pas riposter. Tu sais, quand j'étais chez Dursley, je subissais sans rien dire. Et, là, j'ai fait pareil. C'est comme ça. Je lui pardonnais. »
Parce qu'il avait besoin de ça. Besoin de se défouler, besoin de s'en prendre à quelqu'un, de faire payer toute la souffrance qu'il endurait et qu'il cachait… Harry était dévoué, il ne se plaignait pas vraiment. Oh, il criait, s'enfuyait, lui disait qu'il lui faisait mal. Mais… il était toujours là. Il revenait toujours. Par amour.
« Quand on aime, on fait des choses stupides. Il n'était pas très gentil avec moi, pourtant. »
Cédric avait de longues périodes d'absence, voulant à tout prix s'écarter de Harry qu'il aimait malgré tout. Quand il revenait, il était encore plus froid que d'habitude. Il était rarement tendre avec Harry et ne montrait rien en public.
« Mais je subissais. »
Ses cadeaux étaient à peine appréciés, et en temps que petit ami officieux, presque personne ne connaissait son lien avec Cédric. Hormis quelques amis. Dont Marcus. Marcus qui le détestait, depuis le jour où Cédric lui avait dit qu'il sortait avec Harry.
Harry se souviendrait toujours de son regard. Ses yeux sombres, presque noirs, sa mâchoire crispée et ses traits brouillés par la colère et le dégoût. A se demander s'il n'allait pas le cogner ou l'étrangler dans la seconde. Mais Marcus avait toujours su se tenir avec Cédric. Toujours.
« Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi il savait se tenir ? Et pourquoi il te détestait ?
- Imagine que demain je sorte avec Théo, alors que je connais tes sentiments. Tu l'apprécierais ? »
On ne pouvait combattre les sentiments amoureux. Marcus connaissait bien Cédric, ils avaient passé leur adolescence ensemble. Et quand Harry était arrivé dans sa vie, ses espoirs étaient écroulés comme un jeu de cartes : Cédric venait de lui être pris. Cependant, il tenait trop à son ami pour s'en prendre à Harry. Vicieux qu'il était, Marcus préféra jouer avec le jeune tatoueur : personne, ou presque, ne savait pour eux. C'était tellement amusant de parler de Cho devant Harry, de parler de sexe et des ex petites amies de Cédric…
Harry parla un peu de Cho. De sa rupture avec Cédric. De la colère qui avait suivi. Le voilà sans petite amie. Il l'avait perdue. A cause de lui. Ça allait se savoir, qu'il sortait avec un mec. Il serait la risée de tous.
Je te déteste, Harry.
Tout ça, c'est de ta faute.
« Et il s'en est trouvé une autre. C'était une « officielle », comme il disait. Ce n'était pas important. Je le croyais. Au début, du moins. Mais j'ai rapidement compris que ça serait toujours comme ça, avec lui. Je ne serais jamais « l'officiel ». Même s'il m'aimait. Ça faisait de lui un pédé, et il ne voulait pas de cette étiquette. »
Harry avait pourtant essayé de se battre, sur le plan sexuel. Malgré ses répugnances, Cédric le voulait. Il voulait faire l'amour avec lui. Même si Harry était un homme. Même s'il devait pratiquer la sodomie. Un truc dégueulasse. Qui l'attirait inévitablement.
Et, à chaque fois, le jeune homme refusait. Il voulait des marques d'amour, il voulait que Cédric lui montre qu'il l'aimait, qu'il arrête de le frapper. Il ne voulait pas faire ça comme ça, lui céder comme on donnerait un jouet à un gamin. C'était sérieux, ça. Il ne fallait pas plaisanter. Et Harry ne voulait pas le faire si Cédric ne lui montrait pas qu'il l'aimait vraiment.
« Il a insisté. Encore et encore. Mais je n'ai jamais cédé. Il me voulait consentant, mais je n'ai jamais voulu. Il me faisait peur. J'espérais qu'il change. Mais il me frappait de plus en plus. Je crois qu'il se dégoûtait lui-même.
- Et tu as subi tout ça…
- Oui. J'étais bête, hein ? Aujourd'hui, quand j'y pense… C'était fou, mais je l'aimais, moi… Je voulais l'aider et ne pas le laisser seul dans son coin.
- Isaline ne s'est jamais rendu compte de rien ? »
Harry eut un petit rire. Ironique.
« Je suis comme ça. Quand je ne vais pas bien, j'ai toujours la même réaction. Mais on ne sait jamais à quel point je vais mal. J'ai réussi à duper Tata. Elle m'en a voulu. Et moi aussi.
- Mais elle s'en est rendu compte. »
Ce n'était pas une question. Mais une évidence. Harry lui avoua que, à l'époque, Sirius s'était trouvé un amant qui le rendait complètement fou, au point qu'il se brouilla avec Isaline. Nymph' faisait aussi des siennes, elle voulait son indépendance. Isaline mit beaucoup de temps à remarquer que son neveu maigrissait. Il lui parlait vaguement de Cédric, elle ne l'aimait pas du tout mais l'acceptait tout de même, malgré elle. Un jour, il fit l'erreur de se balader avec une serviette autour des hanches, en pensant qu'elle était couchée. Quand elle vit les marques sur son corps, toutes les couleurs de son visage disparurent.
« Elle était dans une colère noire. Elle s'est mis à hurler, et moi, à pleurer. J'étais un vrai gosse, à ce moment-là. Je lui ai tout avoué. »
Et elle l'avait très mal pris. Cédric frappait Harry régulièrement et il ne lui avait rien dit. Elle n'avait rien vu. Isaline s'en était voulu à mort. Harry se souvenait encore de son visage pâle, sa lèvre pincée et ses poings serrés, comme si elle se retenait de lui en coller une, ou d'aller voir Cédric pour lui expliquer sa façon de penser. Quand elle avait retrouvée son calme, blessée au possible, elle lui interdit de le revoir. Il devait en terminer avec ces conneries. Quand on aimait quelqu'un, on ne lui faisait pas de mal.
« J'ai donc cassé avec Cédric. »
Son petit ami n'avait pas compris. Terrifié à l'idée que Harry soit vraiment sérieux, Cédric s'était mis à genoux devant lui et l'avait supplié de rester avec lui. Il l'aimait trop pour qu'il parte. Sans lui, sa vie n'avait plus aucun sens. Harry n'avait pas le droit de l'abandonner…
« Il n'était pas très logique, quand même…
- Je sais. Il était bizarre. Quand il m'a demandé de rester, je crois que je n'ai jamais autant eu envie d'être une fille. »
Draco jeta un regard étonné à Harry dont le regard s'était assombri. Oh oui, il aurait voulu être une fille, pour échapper à cette situation. Cédric l'aimait et, en même temps, Harry symbolisait le péché. Plus tard, Isaline lui dirait qu'il était complètement fou, et Harry lui répondrait qu'il l'était devenu aussi.
« Et ensuite ?
- Bah il s'est acharné. Je ne sortais plus de chez moi et Tata tentait de me protéger. Mais elle est allée trop loin. »
OoO
Depuis des jours, Cédric rodait autour de la boutique. Il appelait, tentait de rentrer de force pour parler à Harry. Il dépérissait et ses amis commençaient à avoir des doutes sur lui. Harry refusait de porter plainte pour coups et blessures ou pour harcèlement. Il refusait d'écouter Sirius et Nymph', les envoyant balader quand ils essayaient de lui parler. Isaline lui parlait à peine, blessée. Il l'avait trahie, il lui avait menti. Harry s'en voulait tellement qu'il fit tout pour l'aider, mais c'était comme s'il n'existait plus. Ça faisait encore plus mal.
Un jour, Isaline devint folle. Comme ça. Elle n'en pouvait plus. Elle quitta la boutique, parcourut les rues, jusqu'à trouver Cédric qui errait dans le coin. Et elle le défonça. Tout simplement. Il voulut se défendre contre cette furie, mais il lui fut impossible de la mettre hors d'état de nuire. Elle était trop énervée, portée par la rage et la souffrance.
Ne t'approche plus de lui. Ne le touche plus. Ou je te tue.
Isaline Anderson fut arrêtée par les flics quelques jours plus tard. Cédric avait porté plainte. Son père était un homme puissant, il fit tout pour aggraver son cas. Harry avait paniqué en voyant les policiers l'emmener au commissariat et ne pas la lâcher. Il avait pleuré, ce jour-là. Isaline avait voulu le protéger, et une fois de plus, tout lui était retombé sur la gueule.
Comme toujours.
Plus tard, Cédric se rendit à la boutique, et lui fit du chantage. Il était prêt à retirer sa plainte si Harry acceptait de se remettre avec lui et de se donner à lui. Le dégoût s'était emparé du jeune homme, mais il n'avait pas refusé, lui demandant quelques jours de réflexion. Et le lendemain, il rendit visite à Isaline, et lui raconta la situation.
On aurait dit une enfant. Elle semblait à deux doigts de pleurer. Tremblante, elle lui prit alors les mains, les serrant fort, et lui fit promettre de ne pas lui céder. Elle lui interdit de se vendre pour qu'elle puisse sortir.
Promets-le-moi, Harry. Si tu faisais ça, j'en mourrais. Promets-moi que tu ne te donneras pas à ce salaud. Promets-le-moi, Harry…
Alors il avait promis. Isaline avait alors embrassé ses mains, les avait serrées dans les siennes, les larmes au bord des yeux.
Dans quelle merde ils s'étaient encore fichus…
OoO
« Alors, tu as refusé.
- Oui. Il est devenu fou.
- Il l'était déjà, c'est pas une nouveauté. »
Harry leva les yeux vers le plafond. Ses yeux brillaient étrangement, et Draco sentit que ce qu'il allait lui dire n'était pas mieux que ce qu'il lui avait déjà raconté.
« Un jour, je suis sorti pour aller à la superette. Il était dehors, avec des amis à lui. Et il m'a kidnappé. »
Draco en eut le souffle coupé, n'en croyant pas un mot. Mais le visage de Harry prit une teinte sombre, peinée, alors que son nez retrouvait l'odeur forte et étrange du mouchoir posé sur son nez…
« Combien de temps ? »
Longtemps. Très longtemps. Une éternité, où Harry avait cru devenir fou.
« Un mois. »
Soudain, Harry se leva du lit. Il se mit devant la fenêtre. Draco le suivit, incertain, alors que ses yeux brillaient, comme si les larmes hésitaient à couler sur ses joues.
Cédric l'enferma dans une petite chambre, au plus haut étage d'un immeuble, dans Londres. Il y avait un lit et une commode. Une petite porte lui permettait de se faire sa toilette dans une pièce à côté. La chambre était toute petite et il n'avait pas le droit d'en sortir, ni d'en ouvrir la fenêtre. Harry y resta pendant un mois et sa claustrophobie le rendit à moitié fou.
Les jours étaient les mêmes. Cédric venait, lui apportant ses repas. Ou alors, c'était un de ses potes qui le faisait. Il y en avait deux. Harry ne mangeait quasiment rien, buvant à peine. Il maigrit à vue d'œil. Cédric le voyait et essayait de le forcer à manger, ce qui partait dans des crises de violence, où Harry se retrouvait en position fœtale pour tenter d'éviter les coups qui pleuvaient sur lui.
Pendant cette période, Cédric se montra tendre et attentionné. Il le prenait dans ses bras et l'embrassait. Harry se laissait faire, craignant les coups, mais quand ses mains se faisaient trop baladeuses, il le repoussait, criait même, parfois. Cédric voulait le forcer, mais une part de lui le voulait consentant. Plus d'une fois, Harry pensait qu'il y passerait, que cette partie vierge de son corps serait détruite par la violence et le désir de Cédric. Mais il n'alla jamais jusqu'au bout.
Lui refuser son corps était la dernière forme de résistance qui lui restait…
Voilà à quoi se résumait le plus long mois de sa vie, enfermé dans cette petite chambre qu'il ne quittait jamais, mangeant peu, battu par Cédric qui le voulait pour lui. Rien qu'à lui.
« Je devenais fou. Je priais pour qu'on vienne me chercher. J'appelais Tata, Sirius, Nymph'… Luna… Je voulais sortir. Je voulais… »
Harry posa sa main sur son cœur. Les larmes coulaient sur ses joues, rondes et lourdes. Sous ses doigts, son cœur battait fort. Le papillon battait des ailes, tranquillement.
« Harry ?
- Hm ?
- Pourquoi tu t'es tatoué un papillon sur le cœur ?
- Parce que je rêvais d'être un papillon.
- Pourquoi ?
- Parce que je voulais m'enfuir par la fenêtre sans tomber en bas. »
Ses yeux verts tournés vers lui révélaient tout le désespoir qui l'avait accompagné pendant ces longues semaines.
Être un papillon. Ouvrir la fenêtre, déployer ses ailes, et sauter dans le vide… ne pas s'écraser sur sol…
Les mains blanches et froides de Draco s'enroulèrent autour de ses poignets. Lentement, il le guida vers le lit, alors que Harry, la voix moite et bafouilleuse, tentait de lui expliquer que les flics l'avaient retrouvé et libéré. Qu'Isaline avait pleuré toutes les larmes de son corps quand elle l'avait pris dans ses bras, le serrant fort contre son cœur meurtri. Draco l'écoutait, mais il voulait qu'il se taise. Qu'il arrête de remuer la boue de son passé.
Doucement, il l'allongea dans le lit et le prit dans ses bras. Harry sanglotait à nouveau. Ce devait être les nerfs, ses émotions qui le maltraitaient. Ou tout simplement ses souvenirs…
Draco le berça dans ses bras, caressant ses cheveux, embrassant ses paupières, ses joues humides, ses lèvres pulpeuses. Il lui dit de sa voix un peu grave qu'il l'aimait et qu'il ne lui ferait jamais de mal. Que plus personne ne lui ferait jamais de mal. Que c'était fini. Qu'il ne reviendrait plus.
Que le cauchemar était terminé…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
