Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M (ENFIN ! XD).
Kikou tout le monde !
Lys : Hello les gens !
Merci encore pour tous ces commentaires que vous avez laissé au chapitre précédent, ils me font toujours autant plaisir !
Lys : Mesdames et Messieurs ! J'espère que vous apprécierez ce chapitre légèrement citronné que nous vous proposons !
…
Lys : Bah quoi ?
C'était une surprise…
Lys : Et puis quoi encore ! Ça fait des mois qu'on attend ça, mince !
Pas faux !
Lys : Donc nous espérons que cette citronnade sera à votre goût ! :-)
Mais il est super long, en plus ! O.O
Lys : Un peu ! XD
Gneuh... Sinon, au cours de la semaine, il y aura des nouveautés sur mon blog, n'hésitez pas à venir y poser vos questions (http : // didi-gemini . skyrock . com retirez les espaces).
Bonne lecture !
Chapitre 21
« Et vous avez discuté de quoi ?
- De plein de choses.
- Il a payé le repas ?
- Oui.
- Il a été…
- Vous commencez à me gonfler, là !
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Beau blond !! Viens me sauver !!
- Isaline !! »
Harry et Draco entrèrent dans la cuisine, l'un exaspéré et l'autre étonné. Liloute sauta dans les jambes de sa maîtresse alors que cette dernière levait les bras vers Draco comme une enfant. Il se pencha vers elle pour l'embrasser alors que Sirius et Nymph' pestaient.
« Qu'est-ce que tu fais là ?? Il est encore tôt !
- Tu en as déjà marre de moi ?
- Moi ?? Jamais ! »
Et, en effet, Isaline semblait quelque peu désespérée. Elle souleva Liloute pour la poser ses genoux. Harry était allé la promener et un charmant jeune homme blond dans une grosse voiture s'était arrêté juste à côté de lui et lui avait proposé de le déposer. Harry avait accepté avec plaisir, mais Liloute n'était pas vraiment de cet avis : la voiture lui faisait peur… donc elle avait besoin de se faire réconforter par sa maîtresse.
« Isaline, on ne change pas de sujet ! S'écria Nymph', pas prête de lâcher le morceau.
- Et c'est quoi, le sujet ? »
Silence de mort. Draco savait qu'il y avait trois tabous dans cette baraque : ses parents, Cédric et la mère d'Isaline. Sauf qu'il doutait que la conversation porte sur l'un des trois sujets et il avait un peu de mal à comprendre l'atmosphère glacée qui régnait dans la pièce. Surtout qu'Isaline était à la fois exaspérée et gênée…
« En fait, elle a sympathisé avec le médecin qui lui a mis son plâtre, lui expliqua Harry. Et il l'a invitée à dîner hier.
- Elle est louche, cette histoire ! Affirma Sirius avec conviction.
- C'est sûr ! Approuva Nymph'. Il est pas net ce type !
- Et ils ne parlent de ça que maintenant ?
- Il a appelé tout à l'heure et Tata en avait parlé à personne. Sauf que c'est sorti, dans la conversation, et ces deux fouines ont entendu.
- Ils font que m'embêter… »
Les deux « fouines » lui crièrent que ce type était louche et qu'elle devait se méfier au lieu d'accepter ce genre de rendez-vous ! Isaline eut beau leur dire qu'elle avait sa bombe lacrymogène dans son sac, ils refusaient de l'écouter, la traitant d'inconsciente. Draco jeta un coup d'œil à Harry qui semblait plus exaspéré qu'autre chose. Le blond était assez septique : ils n'exagéraient pas un peu trop, là ?
« Sirius, Nymph' ? Fit soudain le blond.
- Oui ??
- Rassurez-moi, vous n'avez pas été comme ça la première fois que j'ai emmené Harry dîner ? »
Un ange passa. Draco fut royalement ignoré et les deux zouaves se jetèrent à nouveau sur Isaline qui gémit de dépit. C'était tout juste s'ils ne lui demandaient pas la marque des chaussures du médecin… Voyant que son petit ami demeurait sans réponse, ce qui l'ennuyait beaucoup, Harry prit la peine de lui répondre même si ça lui semblait évident.
« Tu sais, Dray… Tu ne peux pas faire de comparaison entre moi et Tata. Tu te rends compte ? Un type est en train de leur voler leur maman… »
Draco leva les yeux au ciel et sortit de la cuisine en tirant Harry derrière lui. Isaline protesta : même lui la laissait tomber ! Mais le blond ne se retourna pas : il avait d'autres choses à faire que de s'occuper des malheurs d'Isaline, à savoir habiller son petit ami. Ce dernier partit dans la salle de bain alors que Draco pénétrait dans sa chambre. Il se permit de fouiller dans son armoire pour chercher les vêtements de son petit ami : il était presque chez lui, ici, il n'allait quand même pas faire de chichis !
Pour s'occuper un peu le temps que Harry revienne, Draco se mit sur son ordinateur et se connecta sur sa messagerie. Même si Blaise ne le montrait pas, Draco savait parfaitement qu'il était énervé à l'idée de ne pas venir. Enfin, en soi, cette fête n'avait rien d'extraordinaire et l'étudiant n'était pas du genre à courir après les réceptions. Ce qui l'ennuyait davantage, c'était que Draco y serait et qu'il allait peut-être en entendre des vertes et des pas mûres à son encontre. Et Blaise détestait qu'on dise du mal de lui dans son dos, surtout à Draco.
Blaise n'était pas sur MSN mais Millicent était connectée. Elle n'avait pas été invitée non plus, Cormac ne connaissait même pas son existence. Et selon elle, c'était tant mieux. Draco cliqua sur son nom pout ouvrir une fenêtre de conversation : Milli' – Super cette soirée foot, à quand la prochaine ?? Greg', tu me manques…
« Gregory te manque tant que ça ?
- Bonsoir à toi aussi, Draco ! Il est pris par le restaurant…
- C'est ça de sortir avec un patron.
- Il m'a dit qu'on se verrait demain. En général, il tient sa parole, mais bon… »
Ils discutèrent un peu, tranquillement, jusqu'à ce que Millicent se déconnecte : elle sortait avec ses parents. Draco se retrouva donc à regarder ses mails : entre les chaînes débiles, les messages d'MSN et de Facebook, il avait de quoi faire…
Soudain, deux bras enlacèrent son cou. Draco sursauta alors que Harry posait sa tête sur son épaule.
« Qu'est-ce que tu fais ?
- Tu m'as fait peur, crétin !
- T'as combien d'amis, sur Facebook ?
- J'en sais rien. Je vais jamais dessus. »
Harry le lâcha, quittant l'écran des yeux, puis il commença à s'habiller. Draco le regarda retirer sa serviette une fois son caleçon enfilé. Puis, Harry mit son pantalon qui moulait à la perfection ses jambes et ses fesses, ce que le brun appréciait moyennement. Draco remarqua qu'il avait retiré ses lunettes, il devait avoir posé des lentilles sur ses prunelles. Enfin, le brun mit son haut et se présenta à Draco, les bras écartés.
« Tu me trouves comment ?
- A tomber. »
La voix du blond était très sérieuse et ses yeux l'inspectaient de la tête aux pieds. Harry ne se sentait pas à l'aise dans ces vêtements, trop coûteux pour lui et qui ne lui correspondaient pas. Pourtant, il serait bien obligé de s'en accommoder, il n'avait pas le choix.
Lentement, Harry s'avança vers Draco et il prit place sur ses genoux. Le blond entoura sa taille d'un bras, son autre main posée sur la cuisse de son petit ami, alors que ce dernier nouait négligemment ses bras autour de son cou. Draco ferma les yeux quand deux lèvres chaudes et pleines se posèrent sur les siennes. Il avait l'impression que la tension qui l'habitait s'amenuisait. Mais ce n'était qu'une impression.
« Je me demandais un truc. C'est bien toi qui m'a pris mon écharpe ?
- Verte et grise ?
- Exact ! Approuva Harry avec des étoiles dans les yeux. Tu l'as emportée ?
- Oui… Je l'avais accrochée avec mon manteau mercredi et je l'ai emmenée sans m'en rendre compte. Je te la ramènerai, j'ai oublié tout à l'heure.
- C'est pas grave. Tu es un peu tendu, non ? Tu as peur que je te fasse honte ?
- Quand tu seras là-bas, tu comprendras.
- Dans ce cas, allons-y. »
OoO
Cela dépassait toutes ses espérances.
La fête avait lieu Chez Cormac McLaggen, qui vivait dans une baraque énorme qui indiquait déjà son milieu social. Un peu comme chez Daphné, en fait. Il y avait une grande piscine dans son jardin bien entretenu et des vigiles entouraient la résidence. Certains étaient postés aux portes pour vérifier les invitations. Ils tiquèrent quand Draco leur dit qu'il rentrerait avec son ami. Après avoir regardé la liste, ils les laissèrent passer. Draco se demandait si McLaggen n'avait pas laissé des instructions afin que certaines personnes puissent entrer même si elles étaient accompagnées, sachant d'avance que certains invités ne viendraient pas seuls.
Suivant les autres convives, le couple entra dans la maison, passèrent dans le hall et furent conduit dans une salle immense où se déroulait la fête. Draco jeta un coup d'œil à son petit ami qui semblait avoir envie de vomir, ce qui l'étonnait à peine : tout dans cette pièce puait le luxe et la richesse, que ça soit les lustres qui pendaient du plafond, les serveurs qui commençaient déjà à aller et venir entre les invités, ou encore les invités eux-mêmes avec leurs tenues chics et leurs bijoux étincelants. Ça brillait de partout. Et Draco en vint à comprendre une des raisons qui l'avait poussé dans les bras de Harry : il était 100% naturel, sans conservateur ni arôme artificiel.
Draco connaissait pas mal de gens, il pouvait donc passer un peu de temps à discuter au lieu de rester dans son coin. Pourtant, il sentait que la soirée ne serait pas de tout repos : Harry était tendu, plus que lui, pas du tout à l'aise dans ce milieu qu'il ne connaissait pas. Il sentait des regards posés sur lui, de désir ou de dégoût. Il ne commença à se détendre que lorsque Ron et Hermione arrivèrent. Il portait des vêtements simples, neutres mais qui lui donnaient un certain style, ce qui changeait de ses fringues habituelles. Hermione, à son bras, était toute aussi jolie mais aussi nerveuse que Harry : elle n'était pas à l'aise ici, elle non plus.
La soirée commença à l'arrivée de Cormac McLaggen qui fit une entrée triomphale. Il voyagea parmi ses invités, un grand sourire collé aux lèvres, et finit par arriver au petit groupe. C'était un jeune homme qui devait avoir environ vingt-trois ou vingt-quatre ans. Assez beau gosse, il avait des cheveux châtain clair et des yeux noisette. Il était bien foutu, Harry pouvait le reconnaître, mais il y avait quelque chose en lui qui le rendait… faux, surfait. Ils avaient là un beau modèle d'hypocrisie.
« Bonsoir, Draco ! Quel plaisir de te voir, ça faisait longtemps.
- En effet. La dernière fois, c'était à l'anniversaire de Daphné, non ? »
Draco l'avait aperçu et salué, mais il n'était pas resté longtemps avec lui. Il ne supportait pas ce genre de personnes, il lui parlait naturellement sans le fuir, mais s'il pouvait éviter de lui adresser la parole, c'était aussi bien. Ce n'était pas vraiment le cas de Cormac qui aimait fréquenter les… « personnalités ». Draco avait un père riche, le compter parmi ses amis ne pouvait qu'être un avantage. Sauf qu'il savait très bien qu'il n'était qu'une connaissance, pour lui, Draco choisissait ses amis et ses critères demeuraient mystérieux pour lui.
Cormac jeta à peine un regard à Harry : ce type ne l'intéressait aucunement, c'était le mec de Draco, un tatoueur, donc inutile d'essayer de parler avec lui. Il préféra se tourner vers Hermione dont il embrassa galamment le dos de la main. Elle rougit de gêne et lui présenta Ronald, son petit ami. Les deux hommes se jetèrent un regard peu avenant et aucun doute que Cormac aurait voulu approfondir la conversation, mais des amis à lui se jetèrent sur lui et l'emmenèrent à l'autre bout de la salle. Ron bouillonnait, se retenant de prendre la main de sa copine pour l'essuyer. Nul besoin, elle le fit elle-même sur sa robe.
« Ne me dis pas que des abrutis comme lui t'attirent ?
- Si c'était le cas, tu ne serais pas là ce soir, répondit Hermione du tac-au-tac.
- Pourquoi tu l'intéresses ? T'es pas aussi riche que tous ces gens !
- Non, mais elle est intelligente et plutôt jolie, dit Draco. Cormac a tendance à sortir avec des filles qui ont un avenir, les bécasses ne lui plaisent pas.
- En voilà une, de bécasse. »
Hermione n'avait pas tord : Daphné Greengrass jouait des coudes pour se rapprocher de leur groupe. Ses longs cheveux blonds étaient rassemblés en un chignon sophistiqué sur sa tête et elle portait une très belle robe bleue qui lui allait à ravir, mettant en valeur ses formes agréables. Daphné était vraiment très belle et, alors qu'elle sautillait sur ses talons aiguilles pour les rejoindre, Harry pensa au tatouage qu'il lui avait fait sur la cuisse…
« Bonsoir tout le monde ! Oh, Harry ! Tu es venu ! »
Comme si c'était une surprise, maugréa Draco intérieurement. Il se demandait parfois pourquoi Hermione et Millicent fréquentaient une fille pareille avant de se dire qu'il faisait exactement la même chose de son côté, à savoir passer du temps avec des gens inintéressants. Draco la regarda embrasser Harry sur les deux joues, ses lèvres recouvertes de gloss rose. Puis, elle en fit de même avec les autres, même à Ron qu'elle calcula à peine, son attention était portée exclusivement sur Harry.
Ce dernier ne savait plus où se mettre. Des gens se déplaçaient autour d'eux, certaines personnes abordaient Draco. Hermione et Ron s'étaient éloignés, et Harry était pris par Daphné qui blablatait sans finir. Il faisait chaud dans la salle, Harry sentait des regards sur lui, ce qui le rendait mal-à-l'aise. Il avait déjà participé à ce genre de fête, il s'en rappelait comme si c'était hier, mais là, c'était encore différent. Pire que la fois précédente. Il avait envie d'attraper la main de Draco, de rester juste à côté de lui, qu'il lui accorde toute son attention, mais Harry savait parfaitement qu'ils étaient bien moins ouverts d'esprit, ici, et tant qu'à faire, Harry préférait éviter d'avoir droit à de nouveau regards de travers. Et se coller à Draco le rendait plus puéril que crédible.
On mit de la musique. Daphné le tira pour qu'il vienne danser avec elle mais Harry refusa : il n'avait pas du tout envie de se dandiner sur la piste, mais plutôt de rentrer chez lui. Ça faisait trois quarts d'heure qu'ils étaient là, Harry n'avait même pas envie regarder sa montre pour le vérifier. Autant éviter une énième déception.
« Harry, viens danser avec moi… Geignit Daphné.
- Tu ne peux pas demander à quelqu'un d'autre ?
- Mais c'est avec toi que j'ai envie de danser ! »
Elle lui faisait un des rentre-dedans les moins subtiles que Harry ait vu dans sa courte vie. Il se demandait sérieusement comment on pouvait draguer quelqu'un en sachant que son petit ami était à même pas un mètre. Surtout quand il s'agissait d'un homme. Daphné commençait à lui taper sur le système, elle comme ces gens qui se pressaient sur la piste de danse. Il avait juste envie de s'en aller…
Harry hésita longuement avant de se pencher vers Draco, au grand dam de Daphné, alors que le blond refusait une coupe de champagne.
« Draco, on reste jusqu'à quelle heure ? Lui demanda-t-il à voix basse.
- Tu ne vas pas commencer…
- Je ne suis pas bien, ici… »
Draco lui lança un regard agacé : ça ne faisait même pas une heure qu'ils étaient là et, déjà, il commençait à lui demander à quelle heure ils partiraient. Un vrai gosse… Lui non plus n'était pas content d'être ici, lui aussi avait envie de s'en aller et rentrer chez lui, mais il n'avait pas le choix : il était là, point barre.
« Ce n'est quand même pas la mer à boire. Si tu crois que ça m'amuse d'être ici…
- Toi, au moins, tu as des gens avec qui parler et c'est pas mon cas. On me regarde bizarrement, en plus, j'aime pas ça.
- Arrête, Harry. On ne te regarde pas bizarrement.
- Tu plaisantes ou quoi ? C'est pire que l'autre fois. Et toi aussi ils te regardent, en…
- Harry, ça suffit, tu commences à me chauffer les oreilles.
- D'accord. Je te laisse, à plus tard. »
Et Harry partit, entraînant Daphné avec lui. Horrifié, Draco les regarda se faufiler sur la piste de danse et s'y déhancher pendant quelques secondes, Daphné riant aux éclats avec un Harry taquin, aguicheur. Le blond serra les dents et les poings, une jalousie violente s'emparant de tout son être. Il avait envie de lui arracher son chignon, à cette pimbêche, de prendre Harry sous le bras et de se casser d'ici. Mais c'était de la provocation. Une simple provocation. Réaction simple à la jalousie.
Alors l'étudiant continua de se comporter comme il le faisait jusque là, discutant avec des gens qu'il connaissait, sur des sujets plus ou moins sérieux, jetant de fréquents coups d'œil au couple. Daphné tentait de séduire Harry, par son sourire, ses effleurements ou sa provocation, même, mais Draco vit bien que son petit ami n'était sur la piste que pour jouer : il repoussait gentiment les mains baladeuses et ces avances subtiles. Cela le rassurait un peu, Harry ne faisait qu'essayer de le rendre jaloux. Et ça marchait plutôt bien.
Ainsi, Draco resta sur le côté. Il aurait pu le rejoindre, histoire d'emmerder un peu Daphné, mais il n'était pas du tout d'humeur, loin de là. Il se demandait si Harry s'amusait vraiment, il en doutait. Même s'il souriait, le blond était persuadé qu'il aurait préféré danser avec lui plutôt qu'avec Daphné. Mais c'était une façon comme une autre d'échapper aux regards et de rendre le blond jaloux. C'était ce que Draco pensait, et il n'avait pas tout à fait tord. Cependant, il voyait bien que Harry attirait la convoitise : des filles se pressaient vers lui, innocemment, comme pour attirer son attention. Harry dansait bien et il était beau. Que demander de plus ?
Cela ne pouvait qu'amplifier la jalousie de Draco. Cet homme était à lui. Il était le seul à pouvoir le toucher, l'embrasser. Le seul en qui il avait vraiment confiance, si on omettait sa famille. Et malgré ses convictions, Draco ne pouvait s'empêcher de surveiller son petit ami du coin de l'œil. Son orgueil le forçait à rester là où il était et ne surtout pas s'avancer sur la piste pour le prendre dans ses bras. Il en brûlait d'envie, pourtant. Mais quelque chose le maintenait là où il était, à le regarder se déhancher, comme s'il essayait de l'enivrer de désir…
OoO
Marre. Il en avait marre. Plus que marre, même. Danser avec Daphné, ça allait bien deux minutes, mais pas trente. Harry ne savait pas depuis combien de temps il dansait avec elle, une éternité, lui semblait-il.
En plus de danser, Harry devait écarter gentiment ses mains baladeuses, imposer une distance de sécurité entre eux et éviter ses lèvres qui avaient de plus en plus envie de rencontrer les siennes. Un sport pas évident. Surtout que d'autres filles se pressaient près de lui, pour attirer son attention. Harry aurait pu ne pas se sentir gêné s'il n'était pas déjà casé, ce qui était pourtant le cas.
Harry en avait marre de danser avec Daphné, il aurait préféré Draco mais ce dernier n'en avait pas envie. Il n'aimait pas danser, il le lui avait bien dit même s'il l'avait déjà rejoint sur la piste auparavant. Et puis même, il pouvait bien le laisser un peu tranquille, ça ferait passer le temps un peu plus vite. Mais il faisait chaud et Harry avait soif. Il le fit comprendre à Daphné et il s'extirpa de la marée humaine. Il ne lui fut pas difficile de semer la jeune femme. Harry se rendit au bar et demanda un verre d'eau. On lui proposa de l'alcool mais le brun refusa.
« Allez, bois un verre, ça va te donner un petit coup de fouet. »
Harry se retourna et tomba nez-à-nez avec un homme, un plus âgé que lui d'un ou deux ans. Ou peut-être avaient-ils le même âge. Il était plutôt pas mal, ses cheveux bruns bien coiffés et son corps mis en valeur par sa tenue qui rappelait la couleur bleue de ses yeux.
« Tu es le mec de Draco, non ? On se connaissait, au lycée.
- Ah bon ?
- Ouais, on était dans la même classe en seconde. Du whisky, s'il vous plait ! »
Le barman lui tendit un verre rempli d'un liquide ambré dont l'homme but une gorgée.
« Au fait, je m'appelle Kevin. Toi, c'est Harry, c'est ça ?
- Je suis si célèbre que ça ? Fit Harry avec un sourire amusé.
- Disons que Draco ne sort pas avec les plus moches. Et il n'est jamais resté aussi longtemps avec quelqu'un. »
Harry n'était pas né de la dernière pluie. Il avait compris. Ce mec le draguait. De façon détournée, mais il avançait doucement vers lui dans le seul et unique but de le séduire. Pourtant, Harry n'était pas le genre de personnes qui pensent être le centre de l'univers, mais il voyait parfaitement à sa façon de lui parler et de le regarder que ce type le draguait.
« Vous devez bien vous entendre pour être resté si longtemps ensemble.
- Trois mois, ce n'est pas si long. »
Harry n'avait pas la mémoire des dates mais ça devait bien faire trois mois qu'ils étaient ensemble, voire un peu plus. Pour lui, ce n'était pas énorme. En même temps, le temps passait si vite, il ne l'avait pas vu défiler…
« Quand même ! Il n'était pas resté aussi longtemps avec Seamus. Tu es tatoueur, c'est ça ? »
Même pas marrant, pensa Harry.
« Oui, c'est ça.
- Et qu'est-ce que tu as, comme tatouages ? Si ce n'est pas trop indiscret… »
Nan, c'était même pas marrant. Il le draguait de façon tellement peu subtile que c'en était ridicule. Harry se dit qu'il était mauvaise langue, mais il joua quand même le jeu, répondant évasivement à ce Kevin, attendant un geste plus ou moins déplacé de sa part. Et il ne tarda pas à venir. Kevin effleura sa main. Une fois. Puis deux. Jusqu'à la prendre dans la sienne. De suite, Harry la retira et lui jeta un regard agacé.
« C'est fou, on ne peut pas discuter avec quelqu'un sans se faire draguer. »
Harry avait parlé tellement fort que les autres personnes installées au bar se tournèrent vers eux. Kevin piqua un fard monstrueux. Lassé de ce petit jeu, Harry s'en alla, le plantant là, comme un idiot. Il chercha Draco des yeux et ne mit pas longtemps à le trouver. Enfin, c'était plutôt lui qui le trouva, et terriblement énervé.
« Draco ? Un problème ?
- Je peux savoir ce que tu foutais avec Entwhistle ?!
- Entwh… Gné ?
- Kevin, si tu préfères !
- Attends, tu m'as regardé me faire draguer sans rien dire ?!
- C'est quelqu'un qui m'a dit que tu étais avec lui ! »
Harry leva les yeux au ciel : d'un, il se faisait draguer par un boulet, et de deux, Draco lui piquait une crise de jalousie.
« J'avais soif, donc j'ai laissé Daphné dans la foule et il m'a abordé au bar. Je vois pas où est le problème.
- Il te draguait !
- Même pas marrant. C'était cliché…
- On rentre.
- Quoi ? Mais le gâteau n'est même pas arrivé !
- Tu as envie de danser avec Kevin ?
- Si j'avais le choix, je danserais avec toi. »
Draco l'écouta à peine. Il le tira par le bras, se frayant un chemin jusqu'à la sortie. Harry se laissa faire sans comprendre ce qui lui arrivait. Enfin, il n'allait pas cracher dessus non plus, même s'il était étonné par le comportement de son petit ami : ce n'était quand même pas parce qu'il avait dansé avec Daphné et qu'il s'était fait aborder par Kevin que Draco voulait s'en aller ?
« Et Ron et Hermione ? Où sont…
- Ils sont déjà partis.
- Comment ça se fait ? S'étonna Harry en regardant l'heure.
- Je t'expliquerai dans la voiture. »
Ils récupérèrent leurs manteaux, puis ils sortirent de la résidence. Draco marchait à grandes enjambées, le visage crispé par la colère. Harry lui prit la main et la serra doucement dans la sienne. Leurs regards se croisèrent.
« Draco, qu'est-ce qui t'arrive ? C'est de ma faute ? Si c'est ça, je te demande pardon…
- Non, tu n'y es pour rien, soupira Draco d'un air las.
- Tu es sûr ? Tu étais vraiment énervé après moi, tout à l'heure.
- Pas seulement après toi. Mais ça c'est rien. »
Ils arrivèrent dans la voiture. Elle était froide, Harry frissonna dans il posa ses fesses sur le cuir noir et froid de son siège. Draco mit le moteur en route et en profita pour allumer le chauffage. Il avait l'air contrarié, ses mains crispées sur le volant, alors que la voiture n'avait pas bougé de sa place. Harry tendit la main vers son visage et remit une mèche de cheveux blonds derrière son oreille.
« Dis-moi ce qui ne va pas, Dray.
- Je me suis disputé avec Cormac, c'est tout.
- Vu ton état, non, ce n'est pas tout. Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu aussi énervé. »
La dernière fois remontait au début de leur relation, quand Draco lui avait fait des reproches, dans son ancienne voiture. Harry l'avait planté dans le parking où ils se trouvaient, ne pouvant supporter Pansy qui hurlait au scandale et Draco qui ne lui avouait pas la vérité à leur propos. Ce jour-là, Harry avait quitté la voiture, comme ça, sans prévenir, et Draco l'avait poursuivi. Ça aurait pu être la fin. Ça aurait pu. Mais les choses avaient fait qu'ils s'étaient donné une nouvelle chance. Draco avait fait le premier pas, Harry le second…
« C'est simple : je discutais avec d'autres personnes et il est arrivé, énervé. Il s'est mis à insulter Ron. En soi, je m'en fiche qu'il l'ait insulté, mais je n'ai pas supporté quand il s'est attaqué à Hermione. Apparemment, il a réussi à la chopper dans un coin et il lui a fait des avances.
- Ron les a découverts ?
- Oui. Il parait qu'il était à deux doigts de frapper Cormac. C'est ce qu'on dit les mecs qui étaient avec lui. »
Ron se serait énervé et c'était Hermione qui l'avait calmé. Elle avait annoncé à Cormac qu'elle s'en allait, étant donné qu'il n'était pas fichu de laisser ses hormones au placard. Elle sortait avec Ron, oui, c'était un mécanicien dans un garage de voitures, oui, il n'était pas super canon, mais elle l'aimait comme il était. Lui, au moins, il n'avait rien d'un vantard intéressé seulement par son nombril qui ne traînait qu'avec des gosses de riches. Enfin, en termes plus élégants et scientifiques, mais l'idée était là. Autant dire que Cormac apprécia moyennement les menaces de Ron et la réaction de Hermione. Tous deux partirent rapidement, l'un ne pouvait plus supporter cette soirée de merde et l'autre le suivait volontiers.
« Je ne supportais pas qu'il insulte Hermione alors je me suis pris la tête avec lui, continua Draco, les mains toujours sur le volant. Il n'avait pas vraiment d'arguments, donc il s'en est pris à moi.
- C'est-à-dire ?
- Il a insulté Blaise. »
Une tristesse immense passa dans les yeux bleu gris de Draco. Il se pinça la lèvre en repensant aux insultes de Cormac à l'encontre de son meilleur ami.
« Je ne supporte pas ça. Tu vois, il pourrait le traiter de connard ou autre, mais… s'en prend à sa couleur de peau… Tu sais, la plupart du temps, j'oublie que Blaise est métis. Pour moi, c'est pas important, la couleur de peau. Blaise n'a pas demandé à être noir. Enfin, c'est pas une honte, mais il a souvent complexé à cause de sa couleur de peau, justement à cause du regard des autres. Mais il n'y est pour rien, et l'insulter à cause de ça, je trouve que c'est vraiment bas. »
En plus, c'était son meilleur ami. Draco aimait Blaise, pour tout ce qu'il lui apportait au quotidien. Si un jour Blaise le lâchait, le blond se sentirait perdu. Il savait qu'il en était de même, Blaise adorait Draco et il ne pouvait pas se passer de lui, leur amitié était trop forte et ils se suivaient depuis bien trop longtemps pour supporter une séparation. Ça sonnait comme s'ils étaient en couple, mais ce n'était pas tout à fait faux : malgré leurs différences de caractère et de peau, ils étaient un peu comme des frères.
« Ça m'a tellement énervé… ça me fait mal, aussi, quand on parle de lui comme ça. Je ne comprends pas comment on peut parler des gens comme ça. Alors je me suis énervé et je l'ai remis à sa place. Après, je t'ai cherché. Des gens ont compris que je te cherchais et ils m'ont dit que tu étais au bar avec Kevin.
- T'étais jaloux ?
- Et alors ? Grogna Draco, gêné.
- Il était pas marrant. Ça se voyait qu'il me draguait, pas subtil du tout.
- Moi non plus, je n'étais pas subtile, fit remarquer Draco, un peu calmé, tout en manœuvrant la voiture.
- Oui, mais lui, il voulait être subtil mais c'était complètement raté. Toi, t'as toujours été franc avec moi.
- Parce que tu as tout de suite compris où je voulais en venir.
- Je ne suis pas aussi idiot que j'en ai l'air. Draco, retire-moi ce sourire. »
Mais le blond ne lâchait pas son sourire goguenard : Harry n'était quand même pas très fute-fute. Il voyait parfaitement quand des hommes lui faisaient la cour, mais quand il s'agissait des filles, il avait déjà plus de mal. Bon, il avait parfaitement compris le petit manège de Daphné, mais quand Draco avait passé les vacances de Noël chez lui, il était passé de temps en temps à la boutique au rez-de-chaussée. Plus d'une fois, il avait surpris des clientes flirter avec son petit ami. Et il ne s'en rendait même pas compte.
« Les hommes sont des pervers, c'est bien connu.
- Je fais donc parti du lot.
- Tout à fait ! Tes pensées à mon encontre sont loin d'être chastes, mon cher. »
Draco lui adressa un regard lubrique et un sourire malicieux : oh non, il ne pensait pas tout à Harry de façon chaste et innocente. Il lui arrivait de rêver de lui, la nuit, ce qui le mettait parfois dans des situations gênantes le matin.
« Tu es beau, Harry. Surtout ce soir.
- Vivement que je sois à la maison, j'en ai marre de ces vêtements.
- Tu veux venir chez moi ? »
C'était une question innocente, dite sur un ton d'indifférence. Alors qu'elle comptait pour Draco, et Harry le savait parfaitement.
« Si tu veux. »
Harry se pencha pour allumer la radio, alors qu'un léger sourire satisfait étirait les lèvres de Draco.
OoO
Toutes les lumières étaient éteintes, hormis celles du salon. Sa mère devait s'y trouver, Draco doutait que son père soit encore éveillé à cette heure-ci. Enfin, il n'était pas épuisé non plus, mais Lucius Malfoy était de ces hommes qui se couchaient tôt pour se lever tôt.
Ils entrèrent dans la demeure, retirèrent leurs manteaux et leurs chaussures. Narcissa Malfoy vint les accueillir. Enfin, elle s'attendait à voir son fils seul, mais Harry se trouvait près de lui, ce qui l'étonna. De façon plutôt agréable.
« Oh, bonsoir, Harry.
- Bonsoir, Madame. »
Il paraissait réservé mais il restait poli. Il était un peu différent de la toute première fois qu'elle l'avait vue, son sourire avait disparu de ses lèvres, remplacé par un sérieux quelque peu blessant. Mais Narcissa comprenait tout à fait ce qu'il ressentait : il la détestait, tout comme il détestait Lucius. Pour des raisons qu'elle comprenait sans les approuver : ils avaient toujours été dans le droit chemin, Isaline Anderson leur avait barré la route et s'en était mordu les doigts.
« Je me suis permis de l'inviter à dormir. Ça ne te dérange pas ?
- Non, pas du tout. »
Au contraire, cela ne pourrait qu'être positif. Elle avait du mal à accepter la relation de Draco avec Harry, ou plus précisément, elle n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait bien s'entendre avec cette femme qui était sensée, en toute logique, le détester. Mais Draco semblait réellement tenir à Harry, elle le voyait changer, dans le bon sens du terme. Et ce genre de rapprochement ne pouvait que leur être bénéfique : rester en froid finirait par affaiblir leur couple. Et elle était persuadée que c'était pour cette raison que ce jeune homme avait accepté de rester de dormir chez eux.
Narcissa les regarda monter les escaliers, puis ils disparurent à l'étage. Ils allèrent jusqu'à la chambre de Draco. Harry partit se doucher alors que le blond cherchait un pyjama pour lui. Il lui avait proposé de manger quelque chose, chez lui ou autre part, mais Harry n'avait pas très faim et cette dispute avec Cormac avait coupé toute envie de manger à Draco. Harry ne tarda pas à sortir de la salle de bain alors Draco put y entrer et se laver à son tour. Quand il revint dans la chambre, portant un pyjama, il trouva Harry déjà installé dans le lit et plongé dans ses pensées.
Draco éteignit la lumière puis se glissa dans son lit. Les draps étaient froids mais il fut rapidement réchauffé par Harry qui se pressa contre lui. Par sa simple présence, il réchauffait ce lit trop grand et froid. Draco enlaça Harry qui enfouit son visage au creux de son cou. Lentement, Draco déplaça ses mains, caressant le dos du brun avant d'atteindre ses fesses fermes. Il entendit Harry soupirer alors qu'une de ses mains soulevaient son haut de pyjama et l'autre taquinait l'élastique de son pantalon.
« Draco… » Protesta Harry faiblement.
Le blond s'attendit à un peu de résistance venant de Harry, mais ce dernier ne fit rien pour l'arrêter. Au contraire, il le laissa faire. Même quand Draco descendit son pantalon, même quand ses mains se firent encore plus baladeuses se posant sur tout son corps, éveillant ses sens et le désir enfoui qui se trouvait en lui. Ou même quand il posa un doigt sur les lèvres de Harry pour qu'il le lèche, ce que le brun fit avec application en fermant les yeux.
Draco le poussa sur le côté et se retrouva sur lui. Machinalement, Harry écarta les jambes, assurant une meilleure position à Draco. Le brun rougit en sentant l'excitation de Draco qui s'empara de ses lèvres avec gourmandise, lui offrant un baiser vertigineux qui lui fit voir les étoiles. Puis, le blond embrassa sa mâchoire, le creux de son cou, mordilla une clavicule. Ses lèvres descendirent jusqu'aux tétons érigés par l'excitation qui prenait possession de tout son corps par de petits frissons qui électrisait ses sens.
Pourtant, l'anxiété le fit froncer les sourcils. Harry sentait un doigt étranger posé contre son intimité. Il se pinça la lèvre, gêné au possible, et quand Draco embrassa son ventre, le doigt pénétra cet antre chaud, étroit et secret. La gêne, tout d'abord, fit brûler les joues rondes de Harry, puis Draco prit son sexe dans sa main et le caressa tout en faisant aller et venir son doigt dans l'intimité de son amant.
Harry fit de gros efforts pour se détendre, en se disant qu'il s'agissait de Draco, l'homme qu'il aimait, et le plaisir ne tarda pas à monter en lui par vagues destructrices. Il avait du mal à penser, alors que deux autres doigts rejoignaient le premier. Il haletait, sans savoir que Draco, penché au-dessus de son visage, savourait chacun de ses gémissements de plaisir. Le blond aurait voulu allumer la lumière pour voir son visage troublé par le plaisir, mais ce serait briser l'acte et créer une gêne qu'il ne désirait pas.
Draco préférait préparer Harry, le caresser et écouter ses plaintes plutôt que d'allumer la lumière pour le plaisir des yeux. Il sentait ses mains dans son dos, sur sa taille, près de ses fesses. Il se sentait incroyablement excité, plus qu'il ne l'avait jamais été. Son sexe était douloureux, il aurait pu jouir sans même le toucher. Il voulait posséder Harry, venir en lui, faire l'amour comme un désespéré. Il le voulait, pour lui, rien que pour lui.
Soudain, Draco sursauta, cessant tout mouvement. Harry emprisonna ses lèvres en un baiser fougueux en gémissant. Un doigt venait de le pénétrer. Draco avait les yeux grands ouverts dans le noir, alors qu'il sentait ces phalanges en lui, entre ses chairs. Lentement, il ferma les yeux, répondant au baiser, alors que le doigt s'enfonçait davantage en lui tout en ondulant. Draco sentit un plaisir étrange envahir ses reins. Il reprit ses propres mouvements, tout en sentant cette présence étrangère en lui. S'y concentrant. Essayant de déterminer quelles sensations il ressentait.
Draco n'avait jamais été pénétré. Ni par un sexe, ni par un doigt, ou quoi que ce soit d'autre. Jamais il n'avait autorisé qui que ce soit à toucher cet endroit inviolé. Sauf que, en cet instant, il n'avait absolument aucune envie de repousser la main chaude de Harry posée sur son arrière-train, ces deux doigts qui étaient rentrés dans son antre chaud et étroit. La douleur était infime comparé au plaisir que Draco ressentait en cet instant. Son désir de prendre Harry en devint d'autant plus fort, perturbé qu'il était pas ces nouvelles sensations, ce point sensible en lui à peine effleuré mais diablement excitant… Harry lui faisait perdre la tête…
Et soudain, la situation se retourna. Harry jouit dans sa main, sans pouvoir se retenir davantage, en poussant un gémissement de jouissance. Etonné et amusé, Draco retira ses doigts et se pencha vers l'oreille de son amant qui tentait de reprendre son souffle.
« Alors, on n'en peut plus ?
- Tu me rends barje…
- C'est le but, mon ange… »
Sans qu'il n'attende, Draco fut poussé sur le côté et Harry s'installa sur lui. Ses lèvres se posèrent sur son cou, alors que Draco tentait de reprendre sa place de dominant.
« Harry, je n'ai pas jouis, moi…
- Alors laisse-toi faire. »
Il descendit le long de son corps, caressant la peau pâle et offerte, martyrisant ses tétons avec sa langue, ses lèvres et ses dents. Draco ne pouvait s'empêcher de frissonner et il hoqueta quand Harry cajola son sexe avec sa bouche, moite et chaude, léchant la peau sensible, taquinant le gland, puis le prenant en entier entre ses lèvres.
La situation s'était inversée. Complètement inversée. Draco avait tant désiré posséder Harry, le prendre amoureusement dans ce lit, le faire sien et le porter aux sommets du plaisir… mais c'était lui qui était dominé, en cet instant. C'était lui qui gémissait de plaisir, son membre occupé par une bouche chaude et savante, son intimité stimulée par deux doigts qui allaient et venaient en lui.
Jamais il n'aurait cru que Harry inverserait ainsi leur position, qu'il oserait s'aventurer aussi loin pour lui apporter un peu de satisfaction, lui qui refusait de se donner. Et jamais Draco n'aurait cru qu'il y prendrait autant de plaisir, lui qui avait toujours répugné à laisser d'autres toucher cet endroit de son corps. Laisser Harry le faire était différent, Harry lui-même était différent, il pouvait donc se laisser aller sans la moindre retenue.
Draco sentit la jouissance venir. Une douleur délicieuse paralysait son corps, il voulait que Harry s'écarte, et il ne trouva rien de mieux que de tirer doucement sur ses cheveux pour qu'il s'en aille. Mais sans succès. Et, une nouvelle fois, Draco jouit entre ses lèvres.
Un calme assourdissant tomba sur lui. Il haletait, le cœur battant fort dans sa poitrine, une fine pellicule de sueur recouvrant sa peau pâle. Les yeux hagards, il fixait l'obscurité de la chambre, complètement perdu dans la jouissance. Il abaissa ses paupières quand deux mains tâtonnèrent, touchant son visage, et que deux lèvres se posèrent au coin de sa bouche, avant de retrouver ses propres lèvres. Il n'eut pas la force de sourire que Harry lui murmura à l'oreille un « je t'aime », mais tout en lui souriait.
« Je reviens, je vais me passer un coup d'eau dans la bouche. »
Mine de rien, le goût du sperme était peu agréable, même si Harry l'avait avalé une fois de plus. Il ne voulait même pas savoir ce qui l'avait poussé à faire une telle chose, ou encore ce qui l'avait poussé à…. « toucher » Draco. Il était bien entreprenant, ce soir…
Harry s'extirpa des draps et tâtonna jusqu'à la salle de bain dont il alluma la lumière. Il ne pourrait pas dormir avec ce goût dans la bouche. Il eut à peine le temps de s'ennuyer la bouche avec une serviette un fois qu'il l'eut rincée qu'une main lui prenait le bras pour le plaquer contre le mur. Surpris, Harry écarquilla les yeux alors que Draco se collait contre lui, leurs corps nus entrant en contact. De délicieux frissons parcoururent son dos et il ne put retenir un gémissement quand son amant commença à onduler contre lui. Draco passa sa main sous sa cuisse pour relever sa jambe, mais Harry refusa d'abdiquer. Il savait parfaitement où il voulait en venir. Et malgré son audace, Harry ne se sentait toujours pas capable d'aller plus loin.
« Harry…
- Non, arrête…
- J'ai envie de toi… »
Tellement envie. Même s'il avait déjà joui, même si Harry l'avait contenté, il le voulait encore. Il voulait lui faire l'amour, tout simplement. Aller plus loin, franchir ce cap…
« Non, je ne peux pas… »
Ses deux mains sur son torse, Harry tentait de le repousser, mais Draco restait contre lui, leurs deux sexes à nouveau tendus d'excitation. Le visage de Draco était contre son cou, suçant et mordillant sa peau tendre.
« J'ai envie de toi, Harry… »
Sa voix rauque, chargée de désir…
« Tellement envie… Ça fait mal, tu sais… J'ai envie de te faire l'amour… »
Harry se pinça la lèvre. Il n'en était pas capable. Même si Draco avait été intime avec lui, même s'il l'avait préparé en douceur, échauffant son corps avec tendresse et passion, Harry ne pouvait pas aller jusqu'au bout. Cela le frustrait lui aussi, mais la douleur et l'acte en lui-même l'apeurait.
« Dray… »
Et Draco savait parfaitement qu'il ne pourrait rien en tirer de plus. Il le voulait consentant. Vraiment consentant. Malgré la frustration qu'il ressentait, Draco ne pouvait qu'abdiquer. Alors, il s'écarta et lui prit la main, l'attirant dans la cabine de douche, où Harry le suivit sans discuter.
(Ou comment frustrer ses lecteurs… XD !)
OoO
Peut-être un quart d'heure qu'ils étaient réveillés et Harry commençait déjà l'allumer. Et, le pire, c'était qu'il ne le faisait même pas exprès.
Ils s'étaient réveillés étroitement enlacés, nus, avec des draps froissés sur eux. Sans oublier une agréable odeur qui leur rappela les évènements de la veille. Harry avait rougi de gêne en repensant à ce qu'il avait fait, à savoir une fellation et… un tripotage d'arrière-train. Il avait été tellement gêné qu'il s'était caché le visage avec ses mains. Devant une telle réaction, Draco avait éclaté de rire, sans pouvoir s'arrêter. Outré qu'il se moque ainsi de sa gêne, Harry s'était enfui dans la salle de bain pour se laver. Sans rien autour de la taille. Ce qui avait carrément allumé Draco de le voir ainsi dévoilé à ses yeux, ce qui n'arrivait pas souvent, hormis quand ils se câlinaient.
D'un autre côté, justement, ils s'étaient assez tripotés pour arrêter de jouer les pudiques…
Draco entendit la douche se mettre en route. Le blond ferma les yeux en repensant à la soirée de la veille : il pensait vraiment qu'ils iraient jusqu'au bout, sauf que Harry s'était dégonflé. Il était à présent certain qu'il avait joui dans sa main et qu'il s'était « occupé » de lui pour éviter de passer à la casserole. Il fallait croire qu'il allait devoir attendre encore un peu avant que Harry ne lui cède réellement son corps. Il allait mourir frustré, si ça continuait…
Harry sortit de la salle de bain, enveloppé dans un long peignoir bleu ciel. Il s'assit sur le lit et se pencha vers Draco pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Il avait les joues rouges, le regard incertain. Il voulait lui dire quelque chose mais il semblait hésiter. Finalement, il se lança.
« Je suis désolé pour hier. Je…
- Ne t'excuse pas pour ça, le coupa Draco. Je te trouve un peu trop entreprenant pour quelqu'un qui n'est pas prêt, mais bon, je suis prêt à attendre.
- Hier, t'en avais vraiment envie…
- Je veux que tu sois consentant, même si ça me frustre. Le jour où on fera l'amour, c'est toi qui le décideras. Je ne t'ai pas forcé, hier. »
Harry acquiesça d'un hochement de tête. Il était évident que Draco ne se laisserait pas dominer, il l'avait bien compris, et ce serait donc Harry qui serait le passif. Dans le fond, il en avait envie, mais franchir ce cap demandait plus d'efforts sur lui-même… Heu, attends une minute…
« Dray ?
- Hm ? »
Harry était tout simplement écarlate.
« Qu'est-ce qui t'arrive ? S'étonna le blond.
- Quelqu'un t'avait déjà touché… « là » ?
- C'est maintenant que tu te poses la question ? Ricana Draco, clairement amusé par la gêne de son petit ami.
- Bah…
- Non, personne ne m'a jamais touché « là ». Tu crois que je laisserai n'importe qui toucher mon royal fessier ?
- Bah je l'ai fait, moi…
- Moi aussi. »
Harry haussa un sourcil, sans comprendre. Puis, Draco l'attira vers lui et passa une main sur le peignoir, caressant sa cuisse puis ses fesses. Et Harry comprit : lui non plus n'avait jamais été touché là, et il l'avait permis à Draco. Chacun son tour.
Draco retira sa main et se redressa : à son tour d'aller se laver. Nu comme un ver, il se dirigea vers la salle de bain en disant à Harry de fouiller dans ses affaires, il devait bien y avoir quelque chose à sa taille là-dedans. Sauf que Harry avait une image mentale dans la tête : Draco, nu, marchant tranquillement vers sa salle de bain personnelle.
Harry n'en finissait pas de rougir. Draco était vraiment beau, de la tête aux orteils. Harry n'était pas du genre à détailler les gens, et quand il trouvait Draco beau, c'était dans la totalité de son être, comme dans une vue d'ensemble. Mais quand il le voyait nu, c'était encore une autre vision qu'il avait de lui. Harry se sentait ordinaire. Certes, il était plus musclé, mais Draco était fin, pâle… Beau, tout simplement, sans artifice. Harry était d'un banal, à côté… En plus, ses cheveux étaient toujours mal coiffés et il était tatoué de partout, alors que Draco était toujours tiré à quatre épingles.
Quand le blond revint dans la chambre, il trouva son petit ami toujours à la même place, assis sur le lit, perdu dans ses pensées. Il fallut qu'il passe devant lui pour que Harry se réveille, les joues rosées. Draco lui fit un sourire moqueur, ce qui ne fit qu'embraser un peu plus le visage du brun.
Draco fouilla dans son armoire à la recherche de vêtements. Harry était un peu plus large de hanches que lui, mais ses pantalons devraient faire l'affaire. Il en tira un et le tendit à Harry, qui le déplia et le regarda comme si Draco lui avait tendu une robe de soirée. Le blond leva les yeux au ciel et lui donna un tee-shirt et un pull vert foncé, puis lui montra la salle de bain.
« Fouille dans l'armoire et prend une brosse à dents. Et dépêche-toi ! »
Sachant que Draco ne plierait pas, et comme Harry n'avait rien à se mettre, le brun ne put qu'abdiquer, après que Draco lui ait tendu une paire de chaussettes et un caleçon. Hors de question qu'il remette ses vêtements de la veille ! Quand Harry revint, relativement coiffé, les dents brossées et habillé, Draco le regarda de la tête aux pieds : son petit ami portait à présent un pantalon noir qui lui allait plutôt bien et un pull vert foncé qui s'harmonisait avec la couleur de ses yeux, ses cheveux toujours en bataille, mode « saut du lit ».
En gros, il était parfait. Mais il manquait un petit quelque chose, et si Draco était sincère, il dirait que c'était tout simplement le côté gamin débraillé que lui donnaient ses vêtements habituels. Mais bon, ça faisait quand même du bien quand Harry ressemblait à quelque chose…
OoO
« Alors, cette soirée ?
- Affreuse.
- Mais encore ?
- Affreuse.
- T'as pas un autre adjectif ?
- Horrible ? »
Derrière son écran, Blaise poussa un soupir exaspéré. Draco manquait vraiment de bonne volonté. Il lui demanda alors de lui décrire exactement ce qui s'était passé, le blond se força donc à lui résumer les faits de la veille et la colère qui l'avait fait quitter la fête. Blaise le gronda : il n'avait pas à s'énerver pour des choses pareilles, voyons ! Mais son meilleur ami était une tête de mule…
Et en même temps, ça faisait plaisir à Blaise. Draco avait pris sa défense, comme toujours. Il ne supportait pas qu'on le critique à cause de sa couleur de peau. Blaise avait toujours été fasciné par cette faculté que Draco avait d'oublier que son ami était métis et qu'il ne pouvait que subir des marques de racisme, plus ou moins implicites. Blaise s'y était fait, mais ce n'était pas le cas de Draco qui réagissait au quart de tour. C'était bien l'un des rares sujets où il était aussi facile de l'énerver.
« Et puis, ce n'était pas Harry qui allait me contredire, il était content de s'en aller. Et il comprenait ma réaction. Il a vécu ce genre de choses, avec Luna. Pas du racisme, mais les autres se moquaient souvent d'elle, apparemment. »
Blaise serra les poings alors que Draco passait à un autre sujet : Harry avait passé la nuit chez lui, ce qui n'était pas prévu au programme à la base.
« Vous l'avez fait ??
- Nan, il s'est dégonflé. Mais il s'est plutôt bien rattrapé…
- Des détails ?
- Ma vie sexuelle ne regarde que moi. »
Draco passa donc les détails de cette nuit, préférant parler du matin. Il raconta à Blaise comme c'était étrange de l'avoir dans sa chambre : il la trouvait si froide et impersonnelle, cette pièce, et Harry avait complètement changé sa vision. C'était comme si elle s'était réchauffée, elle avait trouvé un peu de vie qui lui manquait. Ça faisait bizarre, mais c'était agréable.
« Et il est où, là ?
- Sur le lit, il est au téléphone avec son parrain. »
Draco lui raconta aussi qu'ils avaient pris le petit-déjeuner avec ses parents. Draco avait craint ce moment, sans doute plus que Harry lui-même. Il s'était demandé comment réagirait sa mère, son père, et surtout Harry qui n'aimait pas ses parents. Cette idée lui faisait d'ailleurs mal au cœur.
Pourtant, tout c'était bien passé, ce qui avait beaucoup surpris Draco. Sa mère s'était comportée avec courtoisie, faisant de gros efforts sur elle-même pour éviter de parler de sujets qui fâchaient, se montrant attentionnée envers Harry. De même, son père avait évité de le tester, comme il le faisait d'habitude avec les amants ou maîtresses de son fils.
« En fait, je crois qu'ils ont été conquis.
- J'en doute ! Tes parents sont difficiles !
- Blaise, je plaisante pas. »
Sur le coup, Draco n'avait pas réalisé. Ce n'était qu'à la fin du petit-déjeuner qu'il s'en était rendu compte : ses parents étaient conquis par Harry. Ce dernier n'avait rien perdu de son côté naturel et gamin, regardant avec des yeux ronds l'étalage de viennoiseries et de pâtisseries en tout genre posés sur la table, le service à thé couteux et ouvragé, tout en respirant l'agréable arôme du café et du thé. Sa réaction avait fait glousser sa mère d'amusement, elle le trouvait « adorable ». De même, pendant tout le petit-déjeuner, Harry resta à sa place, sans essayer de les impressionner ou de les amadouer. Bon, ce n'était pas son style non plus, mais Draco connaissait maintenant ses manières discrètes et hypocrites. Harry appelait ça « les habitudes commerciales ».
« Bref. Tout s'est bien passé, ma mère est assez bavarde et Harry est un moulin à paroles, quand il veut. Il a même réussi à faire sourire mon père !
- Non… T'es sérieux ?
- Si, je t'assure. En plus, il parle anglais. Ça le fait monter dans leur estime.
- Tant mieux s'il leur plait !
- Et toi, ta soirée ?
- Discuté avec Luna. »
A la base, Blaise comptait travailler un peu, mais il n'arrivait pas à se concentrer. Que Draco aille à une fête où n'était pas invité ne le rendait pas jaloux, il était au-dessus de tout ça, mais il s'agissait de Cormac McLaggen, un type qu'il détestait pour des raisons évidentes, et savoir que Draco et Hermione y étaient invités l'énervait, car il ne savait pas ce que cet abruti disait derrière son dos. Cormac n'avait jamais reçu de quelconque preuve d'amitié venant de Draco, ce qu'il avait toujours voulu, et Blaise était le meilleur ami du blond. Cette jalousie mêlée à son racisme le rendait hostile vis-à-vis de Blaise, et dès qu'il pouvait le descendre, il n'hésitait pas…
Donc, pour passer le temps, il s'était connecté sur MSN et Luna était là. Il avait passé la soirée à discuter avec elle, de choses et d'autres. Ses études de journaliste, son travail à la maison d'édition, son père dont le journal Le chicaneur vivait des temps difficiles… et de lui-même, son oncle et beau-père qui lui cassait les pieds, sa mère qui en était à sa énième séance d'UV, son Master… et aussi d'autres sujets. Ce fut une soirée simple mais agréable, Blaise aimait discuter avec elle, même si c'était pas l'intermédiaire de MSN. Il se sentait de plus en plus attiré par cette fille bizarre qui le hantait. Il avait même arrêté de draguer une infirmière qui lui avait plu avant les vacances de Noël…
« Tu es amoureux d'elle ?
- J'en ai l'impression… J'arrête pas de penser à elle ! Mais elle ne remarque pas quand je fais des sous-entendus… Je ne sais pas si je l'intéresse ou non…
- Tu l'intéresses.
- Et comment tu peux le savoir ?
- C'est Harry. Moi, je te dis que tu l'intéresses.
- Depuis quand tu lis mes conversation avec Draco ?
- Depuis deux minutes à peine. Bref. Luna ne viendra pas vers toi, même si tu l'intéresses.
- Mais pourquoi ?
- Elle est comme ça. Donc fonce au lieu de tourner autour du pot ! »
De l'autre côté de l'écran, Draco soupira : Harry était debout, penché vers l'écran, et ses doigts voyageaient sur le clavier. Draco se poussa un peu et l'invita à s'asseoir sur ses genoux, ce que Harry fit sans perdre le fil de la conversation.
Harry continua pendant quelques minutes encore à motiver Blaise, mais ce dernier semblait peu décidé à aller jusqu'au bout. Harry le traitait de crétin en se disant qu'il avait affaire à deux empotés. Draco se permit de lui faire remarquer qu'ils n'étaient pas mieux dans le genre, tous les deux, Harry lui jeta un regard mauvais et revint à sa conversation. Draco soupira : bon, laissons-le tranquille le temps qu'il termine…
Blaise finit par se déconnecter : maman voulait aller se balader avec son charmant fils. Draco regarda l'heure : dix-sept heures vingt-et-une.
« Il est bientôt l'heure de partir.
- C'est vrai. »
Ils s'étaient fixés cinq heures trente comme limite : Isaline était seule depuis la veille et Harry ne voulait pas rentrer trop tard. Enfin, Nymph' et Sirius s'étaient occupés d'elle toute la soirée et ils étaient sans doute passés le matin avec leurs maris respectifs. Mais Harry se faisait tout de même du souci pour sa tante.
Il quitta donc son agréable siège, à savoir les genoux de Draco, pour se lever et récupérer ses affaires. Winky les avait lavées et repassées, elles se trouvaient maintenant dans un petit sac que Harry récupéra alors que son petit ami fouillait dans son armoire pour récupérer l'écharpe qu'il lui avait prise quelques jours auparavant. Il aimait bien les couleurs vertes et grises, elle était épaisse, longue et douce. Le genre d'écharpe qu'on ne trouvait pas dans le commerce.
« Tiens, fit Draco en lui donnant l'écharpe. Je vais oublier, sinon.
- Si tu veux, je te la donne.
- Nymph' te l'a faite.
- Tu peux me le dire si tu ne la veux pas, je ne serai pas vexé. »
Draco leva les yeux au ciel : c'était un cadeau qu'on lui avait fait, il ne pouvait pas la lui prendre. Harry haussa les épaules et sortit de la chambre avec le blond. Ils traversèrent un couloir et descendirent les escaliers. Harry dit « au revoir » aux parents de Draco et les remercia pour tout. Lucius se contenta de secouer la tête et Narcissa lui adressa un joli sourire. C'était fou comme Harry savait se montrer courtois quand il le voulait.
Contre toute attente, Harry avait accepté de déjeuner avec ses parents. Le repas fut très tendu pour Draco, qui s'attendait à voir son père reprendre ses habitudes et tester Harry, ce qu'il fit d'ailleurs. Harry s'en sortit plus ou moins, ce qui le sauva fut son naturel : il ne voulait impressionner personne, sachant retenir ses mots et parler de façon courtoise. Harry l'étonna aussi par sa façon de se fondre dans des conversations qu'il n'aurait jamais pensé aborder avec lui. Draco savait que Harry ne correspondait pas tout à fait aux attentes de ses parents, et son petit ami l'avait déjà compris, mais c'était peut-être ça qui plaisait à ses parents. Harry n'avait envie d'impressionner personne et il était loin d'être bête. Et Draco sentait que ses parents étaient charmés. Surtout sa mère. Son père était plutôt rassuré, en fait. Il le voyait dans leur regard et leur façon de se comporter avec lui.
Quand Harry revint dans l'entrée, Draco avait déjà mis ses chaussures et s'apprêtait à enfiler son manteau. Sans qu'il ne s'y attende, Harry lui mit l'écharpe verte et grise autour du cou et la noua avec application. Draco eut un léger sourire et le laissa faire. Puis, il mit son manteau et attendit que Harry s'habille, pour enfin sortir et le ramener chez lui.
OoO
Tranquillement installé dans le canapé, Seamus regardait la télévision. Il faisait vraiment bon dans l'appartement, bien meilleur qu'à l'extérieur. Il en avait assez de tout ce froid, et encore, il n'avait pas à se plaindre car il n'avait pas beaucoup de trajet, que ce soit le métro ou la marche à pied.
Il y avait environ deux ans, son père avait obtenu une mutation en France. Mr Finnigan était professeur d'anglais et la mère de Seamus travaillait en temps que cadre dans une banque et elle avait elle aussi réussi à obtenir une mutation. Tous deux parlaient bien le français, Madame ayant passé son enfance dans ce pays, d'où leur désir de déménager. Leurs fils étaient grands et vivre en France ne pouvait qu'être une bonne expérience pour Seamus. Seulement, ses parents avaient trouvé un appartement dans la banlieue parisienne et le trajet pour Seamus était très long.
D'abord, ils lui louèrent un petit appartement, mais leur fils aîné se brouilla avec son colocataire, en Irlande, et il trouva un stage en France, donc il débarqua la bouche en cœur chez ses parents. Le couple ne se sentit plus capable de payer le loyer pour Seamus. Ainsi, ils demandèrent à leur fils de trouver un colocataire afin de partager les frais.
L'appartement où vivait Théo n'était pas grand. Seamus avait eu du mal à s'adapter : certes, il avait sa chambre pour lui, mais il devait supporter de vivre avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas, qui le traitait de « tarlouze » et autres joyeusetés et qui, en plus, avait des serpents. Mais peu à peu, Seamus avait trouvé des points positifs à cette situation. D'abord, Théo n'était pas aussi con qu'il en avait l'air, au contraire, il était vraiment gentil quand on le connaissait. Ensuite, on s'habituait, aux serpents. Et enfin, l'appartement n'était pas désagréable, Seamus le trouvait plutôt chaleureux. Et puis, il y avait tout le confort : la machine à laver, la télé… Que demander de plus ?
Soudain, on sonna. Étonné, Seamus se leva en pestant : qui était l'abruti qui venait le déranger alors qu'il regardait la télé ? Un lundi ? Il prit le combiné de l'interphone en soupirant.
« Oui ?
- C'est Harry ! Tu m'ouvres ? »
Seamus eut un comme un coup au cœur, et ce dernier se mit à battre à la chamade sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. La surprise ? Peut-être…
« Oui, tu connais le code ?
- Ouais ! »
Seamus appuya sur le bouton et la porte en bas s'ouvrit. L'étudiant fit le tour de l'appartement pour être sûr que tout soit bien en ordre et il se regarda même dans le miroir. Evidemment, il était parfait, c'était stupide de tout vérifier pour Harry qui passait pour il ne savait quelle raison. Mais c'était plus fort que lui et son cœur continuait à taper dans sa poitrine…
On sonna à la porte, cette fois-ci. Seamus l'ouvrit sur Harry qui lui fit un léger sourire, puis lui tendit la main. Seamus la serra sans trop réfléchir et l'invita à entrer.
« Théo est là ?
- Non, il est sorti chercher un truc à la superette. Mais rentre, installe-toi. »
Harry retira donc ses chaussures et son manteau. Seamus le regarda faire tout en le détaillant : il portait un jean assez large, des converses avec des têtes de mort un peu bizarres et un gros pull bleu foncé qui devait lui tenir chaud. Harry pendit son écharpe rouge et jaune et entra dans le salon avec Seamus, puis s'installa sur le canapé à côté de l'étudiant.
« Ça va mieux, ta jambe ?
- Plus ou moins. Mais ça va. »
Même si le début fut un peu tendu, Harry parvint à engager une vraie conversation avec Seamus qui ne faisait pas trop le difficile. Au contraire, l'étudiant voulait parler avec Harry, il n'arrêtait pas de penser à lui depuis cette fameuse soirée où ce connard de Marcus lui avait refait le portait. Il ne l'avait plus vraiment revu depuis, à part de temps en temps quand il venait chercher Draco, et encore, il n'était pas passé souvent ces derniers temps, sans compter que Seamus ne finissait pas toujours aux mêmes heures que Draco et que ce dernier travaillait à l'hôpital.
Draco avait quand même la belle vie, pensait Seamus tout en écoutant Harry lui parler. Le tatoueur venait régulièrement le chercher, il l'invitait à dormir et Seamus pensait, à juste titre, que Harry n'était pas un radin. De toute façon, il suffisait de voir la montre qu'il avait offerte à Draco pour Noël : elle était très chère. Et puis même, Harry semblait être quelqu'un de sympathique, Draco ne devait pas s'ennuyer.
Sans oublier que Harry était bien foutu. Enfin, Seamus ne pouvait pas vraiment juger d'après ses vêtements, mais il se souvenait parfaitement de l'anniversaire de Daphné. Mais c'était surtout son visage, pas beau au sens strict du terme, mais il avait du charme, sans oublier ses cheveux ébouriffés comme s'il venait de se lever. Qu'est-ce que ça devait être, au lit…
« Seamus, ça va pas ? T'es tout rouge. »
Et qu'est-ce qu'il pouvait être naïf, aussi…
« Non, ça va. »
Mais qu'est-ce qui lui prenait à avoir des pensées pareilles ?! C'était le petit ami de son ex, il l'avait détesté pendant un temps et il était persuadé qu'il avait encore des sentiments pour Draco… Alors pourquoi il se demandait ce que ça ferait de l'embrasser…
Soudain, ils entendirent une clé entrer dans la serrure dans la porte d'entrée et cette dernière s'ouvrir. La voix de Théo se fit entendre ainsi que celle de deux autres hommes. Harry et Seamus se levèrent et les rejoignirent dans l'entrée. Théo fut agréablement surpris de voir son ami, il lui serra la main en lui demandant comment il allait.
« Bien, ça va. Je venais juste te voir, ça fait un bout de temps qu'on s'est pas vu. »
Harry salua les deux autres hommes, des amis de Théo. Ce dernier lui dit qu'ils allaient se faire une soirée au cinéma et il pouvait venir s'il en avait envie. Harry accepta avec plaisir. Théo lui demanda quand même si ça ne dérangeait pas Isaline, elle allait galérer avec son plâtre, mais Harry lui avoua qu'elle se lavait tous les matins, comme ça elle ne le dérangeait plus s'il avait envie de sortir, et elle avait élu domicile dans la chambre d'amis pour ne plus monter les marches d'escalier. Ce qu'il ne lui dit pas, c'est qu'elle avait à nouveau rendez-vous avec le médecin… Seamus s'étonna, il ne savait pas que Théo sortait. Ses deux amis lui dirent de venir aussi.
Ainsi, ils passèrent la soirée tous les cinq, allant d'abord dîner, même s'il était assez tôt. Seamus ne lâcha pas Harry d'une semelle. Il s'assit juste en face de lui et ils discutèrent beaucoup. Avec les autres, aussi, mais Seamus parlait davantage avec Harry. Il était pris d'une subite envie de le connaître, d'en savoir plus sur lui. Il sentit rapidement que le tatoueur était assez réservé, il était évasif et ne parlait pas de tout. Seamus sut se débrouiller pour ne pas aller trop loin quand il le fallait
Seamus aimait parler avec Harry. Il aimait discuter avec lui, de son travail, du sien… Harry savait parler de tout. C'était sans doute son travail qui le rendait comme ça. Il avait le rire facile, aussi, et un sourire flottait constamment sur ses lèvres, le rendant avenant. Seamus en venait à oublier que c'était cet homme qui lui avait pris son ex petit ami. Que c'était cet homme qui avait charmé Draco, qui l'avait rendu accro. Qui l'avait changé. Un peu. Mais changé quand même.
Parce que Seamus aussi était charmé. Il ne le savait pas encore, il ne s'en rendait pas vraiment compte. Mais quand il rentrerait chez lui et qu'il se coucherait dans son lit, pensant à cette soirée, Seamus se sentirait troublé. Il penserait aux yeux de ce tatoueur de quartier, de ses cheveux noirs, de son sourire et de ce tatouage qui apparaissait de temps à autre sur son poignet quand il bougeait le bras, relevant un peu sa manche. Il se dirait que ce garçon qu'il détestait quelques mois auparavant n'était pas ce qu'il semblait être.
Mais pour le moment, il savourait son dessert en se moquant du tatoueur qui avait commandé des boules de glaces, fronçant le nez devant la poire au sirop que son voisin avalait sans aucune grâce. Il était comme Draco, il n'aimait pas ce fruit. Mais Seamus ne pensait pas au blond et il n'y penserait pas une seule fois de la soirée, toute son attention concentrée sur Harry Potter.
Puis, une fois l'addition réglée, ils allèrent dans un cinéma et regardèrent le film du moment. Ils se séparèrent après la séance, Harry serra la main de tout le monde avant de s'en aller. Et alors que leurs doigts se s'enlaçaient en une poignée de main polie, Seamus regardait les lèvres de Harry, en se demandant à nouveau ce que ça ferait d'y poser les siennes…
OoO
« Comment tu peux accepter ça ?!
- Cho, calme-toi, s'il te plait…
- Non ! C'est inadmissible !
- T'es la seule à être contre ça…
- Ah nan, je crois pas ! Personne n'est d'accord ! Demande à Ron ou Théo, ils pensent comme moi : c'est malsain ! »
Harry poussa un soupir à fendre l'âme alors que sa cliente, Elodie, allongée devant lui, levait les yeux vers la chinoise folle dingue en se demandant comment elle pouvait ne pas avoir froid avec une jupe aussi courte par un temps pareil. Et aussi comment son tatoueur pouvait rester aussi calme avec cette pile électrique qui sautillait à côté de lui.
« Harry, Oliver est ton ami, non ?
- Bien sûr, soupira le brun. Mais il fait ce qu'il veut de sa vie…
- Il sort avec le mec qui t'a tabassé ! »
La cliente leva les yeux de surprise : les hématomes de Harry avaient plus ou moins disparu de son visage, il n'en restait que quelques traces, mais n'empêche que ces blessures avaient alerté ses clients qui n'avaient pas arrêté de lui poser des questions sur l'origine de ces coups. Avec un sourire, Harry avait rapidement expliqué qu'il s'était embrouillé avec une vieille connaissance.
« Ton pote sort avec le mec qui t'a frappé ? Demanda Elodie.
- Je rappelle qu'on s'est battu, répliqua Harry. Et Olivier fait ce qu'il veut, les sentiments ne se contrôlent pas.
- Il sort avec cette ordure et ça ne te fait rien ! »
La voix Cho partait dans les aiguës et Harry ne savait pas quoi faire pour la calmer. Surtout qu'il y avait sa cliente allongée devant lui et il ne voulait pas s'étendre sur les faits.
« Cho, je ne vais pas m'opposer au choix d'Olivier, point à la ligne.
- Ça m'énerve.
- Et qu'est-ce que je peux faire pour que tu te calmes ?
- Accompagne-moi à l'anniversaire d'Alicia.
- Cho !
- C'est ça ou je te fais la gueule jusqu'à la fin du mois, le menaça la chinoise, les poings sur les hanches. On est le premier février, aujourd'hui, alors ça va être long.
- Olivier y va ?
- Non mais ça va pas ?! Hurla Cho. Il va à Londres pour voir Marcus, ce salaud ! Il sera pas à l'anniversaire !
- Okay, Cho, c'est promis, je t'accompagnerai… »
Cho sembla se calmer mais elle bouillonnait encore intérieurement : Olivier venait de lui avouer le pot-aux-roses et elle ne pouvait accepter qu'il sorte avec Marcus. Certes, les sentiments ne se commandaient pas, mais ce connard l'avait repoussé pendant des années, il avait frappé Harry et suivait Cédric comme un clébard ! Et le voilà maintenant, tout gentil, qui acceptait de tenter avec Olivier, qui avait plaqué sa copine pour lui… Et Harry acceptait ça, c'était inadmissible !
Elodie écoutait la conversation avec intérêt, mais elle dut bientôt partir : le tatouage était à présent terminé. Elle s'était fait tatouer une petite rose sur la hanche, Harry était en train d'y appliquer le pansement et de lui faire les dernières recommandations pour prendre soin de son nouveau tatouage. Puis, la jeune fille partit, non sans adresser un petit sourire charmeur au tatoueur qui était complètement à l'ouest, écoutant Cho blablater sur Marietta, sa petite amie. Nymph' souriait en entendant la jeune photographe glousser parce que sa copine avait accepté de poser pour elle pour son prochain devoir.
« Nymph', tu veux un café ?
- Nan merci, t'es adorable.
- Monsieur ?
- Je veux bien. »
Harry partit donc dans la cuisine pour se préparer du café, pour lui et le client de Nymph' qui poursuivait un tatouage assez long, une divinité sûrement hindoue avec quatre bras et une peau bleutée qui souriait avec indulgence. Nymph' avait déjà fait le dessin, il ne manquait plus que l'application de la couleur. Ainsi, poursuivi par Cho, Harry partit dans la cuisine se préparer du café. Il passa dans le salon pour voir si tout allait bien. Il fallait croire que oui : Isaline regardait Aladdin et le roi des voleurs avec Teddy qui lui demandait pourquoi le monsieur qui faisait peur avait des griffes à sa main. Un dauphin en peluche énorme s'était échoué devant la table basse.
« Qu'est-ce qu'il fait là, le dauphin ?
- Teddy en a marre de jouer tout seul dans la chambre alors il est venu ici. Je peux pas lui faire regarder Lost, j'en suis quand un jeune se fait couper la jambe et il meurt. Il voulait regarder Aladdin et la tortue. »
L'enfant était assis contre sa marraine et il suçait son pouce. Harry jeta un dernier regard à la peluche en forme de dauphin, un truc énorme que Sirius avait offert à Isaline et Teddy adorait monter dessus pour faire du rodéo. Sirius était outré que son si beau cadeau soit réduit à une monture pour bébé, mais bon, il s'y était fait…
Harry quitta le salon et Cho se remit à lui casser les oreilles. Il l'écoutait à moitié, commençant déjà à ébaucher des plans pour convaincre Draco de ne pas venir à cet anniversaire qui risquait d'être ennuyeux et cela sans qu'il ne se vexe. Ce qui serait une opération délicate…
Isaline regarda son neveu quitter le salon avec la chinoise folle dingue. Elle reposa ensuite les yeux sur l'écran de la télévision, où Aladdin venait de vaincre le méchant qui avait des griffes sur une main et on voyait son papa. Teddy adorait regarder les dessins animés, même s'il ne comprenait pas tout. Il lui faisait penser à Harry quand il était enfant.
Qu'est-ce qu'elle s'était bouffé comme dessins animés, quand elle l'avait eu chez elle… Harry adorait les dessins animés. Pendant une période, il n'avait pas arrêté de regarder La petite sirène, parce que Ariel elle a des cheveux marrants. Il devait avoir neuf ans et Isaline s'était posé des questions sur sa sexualité quand Harry lui maintenu que Eric était trop beau mais il serait mieux en blond. Sirius avait haussé les épaules : il avait droit de trouver un prince plus beau qu'un autre, sauf que Harry lui avait répliqué que c'était Eric le plus beau, les autres étaient moches et idiots donc il ne les aimait pas et de toute façon les princesses étaient nulles. Neuf ans, le gosse… Cependant, cela expliquait pourquoi Harry ne regardait que les dessins animés avec les animaux ou Aladdin…
Ah, son petit Harry, il avait vingt-et-un ans maintenant. Fini les dessins animés Disney et les Pokémon, ou encore les jeux vidéos… Il avait grandi son bébé. Isaline se souvint vaguement d'une discussion qu'elle avait eu avec Rémi à ce propos : les enfants grandissaient tellement vite, c'était fou…
Ses joues rosirent légèrement. Elle l'avait encore vu la veille. Il l'avait invitée à dîner, comme la dernière fois, et Isaline n'avait pu refuser. Oh, elle n'espérait rien, ce n'était plus de son âge, ces choses-là, mais quelque chose en elle espérait malgré tout.
Rémi était un homme assez simple, voire banal. Bon, il était baraqué, le visage séduisant malgré sa quarantaine d'année tout juste passée et une voix assez grave. En somme, il était plutôt pas mal physiquement mais Isaline accordait peu d'importance au physique, ce qui comptait pour elle, c'était le cœur. Elle ne se jugeait pas spécialement séduisante, même si elle s'entretenait, mais elle savait qu'elle avait quelque chose qui battait dans la poitrine et elle voulait la même chose de l'autre côté.
Isaline Anderson avait toujours été douée pour cerner les gens. Elle était d'un naturel méfiant et, comme Sirius, elle parvenait à savoir si une personne était digne de confiance ou non, et cela assez rapidement quand ses préjugés ne rentraient pas ligne de compte. Ainsi, elle avait su cerner le Dr Petit et ce n'était pas un mauvais homme.
Objectivement, elle dirait que c'était un homme qui avait une vie banal avec une femme et un fils. La situation avait lentement commencé à dégénérer quand elle avait refusé de lui donner un autre enfant, mais il avait pensé que ce malaise disparaîtrait avec le temps et que ces tensions qu'il vivait n'existaient pas vraiment. Et, un jour, il eut le choc de sa vie quand il sut que sa femme le trompait, et cela alla de pis en pis. Elle demanda le divorce, brisant sa vie bien rangée de médecin sans histoire, il perdit le contrôle de son fils et avait du mal à maintenir le semblant de stabilité qu'il avait réussi à instaurer.
Rémi Petit était un de ces nombreux hommes qui dérivaient de leur chemin et qui ne savaient plus comment gérer la situation. Mais ce n'était pas un mauvais homme. Elle aimait bien l'écouter parler, il était franc, comme s'il cherchait des réponses qu'il pourrait trouver en elle. Et puis, elle pouvait parler de plein de choses avec lui, aussi bien du temps que des enfants ou encore de l'économie. Elle aimait aussi quand il lui parlait de son métier. Elle aimait découvrir des choses qu'elle ne connaissait pas. Avec Draco, elle avait été servie pendant les deux semaines de Noël, mais discuter avec un véritable médecin, c'était encore autre chose.
Et puis même, ce Rémi avait un certain charme. Isaline ne s'autorisait pas à rêver, elle se comportait de façon tout à fait normale avec lui, et ce fut le cas la veille quand il l'avait invitée à dîner. Sa gêne du début était attendrissante mais il s'était rapidement détendu et Isaline s'était comportée comme d'habitude. De toute façon, elle n'était pas du genre à draguer et elle n'en avait même pas envie. Elle voulait juste passer une bonne soirée avec cet homme. Cet homme qui lui avait téléphoné samedi dernier, sans aucune raison, et qu'elle avait envie d'appeler à nouveau…
Soudain, le téléphone sonna, dans l'entrée. Surprise et arrachée à ses pensées, Isaline fit un geste pour se lever et remarqua bêtement que son plâtre était toujours autour de sa jambe…
« Teddy, tu peux aller chercher le téléphone ? »
L'enfant secoua la tête et descendit du canapé. Il trottina dans le couloir, se mit sur la pointe des pieds pour attraper le combiné du téléphone, puis revint dans le salon au pas de course pour enfin tendre fièrement l'objet à sa marraine.
« Allô ?
- Isaline ?
- Oui ?
- C'est Rémi. »
Teddy escalada le canapé et se blottit à nouveau contre sa marraine en se demandant quand même pourquoi elle souriait comme ça.
OoO
Draco enfila le manteau qu'Isaline lui avait offert, noua son écharpe autour de son cou, puis mit son sac sur le dos. Enfin, il prit son casque de moto et ferma son casier. Sa journée était terminée, il ne lui restait plus qu'à rentrer chez lui. Blaise avait terminé avant lui et lui avait proposé de le ramener chez lui, mais Harry avait laissé un SMS sur le portable du blond pour le prévenir qu'il viendrait le chercher.
La journée avait été plutôt tranquille. Le Dr McGonagall l'avait pris sous son aile, dernièrement, et Draco l'avait suivi dans quasiment tous ses déplacements. Avec d'autres étudiants, il avait regardé différentes radios que le médecin détaillait. L'une d'elle fit rire l'assemblée : une fille s'était fait une radio du coccyx en string, sur lequel il était marqué « sexy » en petits clous. On ne voyait que ça sur la radio, les filles gloussèrent et les garçons ricanèrent. Même Draco eut un sourire moqueur. Autant dire que la patiente était rouge de honte…
L'étudiant sortit des vestiaires. Il dit « au revoir » à ses collègues, souhaita une « bonne soirée » au Dr McGonagall qui lui renvoya la pareille, puis le blond descendit vers l'accueil. Un gardien de nuit, déjà présent devant l'accueil, le robuste et bruyant Hagrid, le salua avec chaleur en lui souhaitant une agréable soirée. C'était un homme immense, un véritable colosse, le visage presque entièrement caché par une barbe broussailleuse. Même s'il avait l'air un peu inquiétant, c'était un brave homme. Un nounours, comme dirait Hermione.
Draco quitta l'hôpital. La nuit était déjà tombée, il était tard. Il chercha son petit ami des yeux et ne tarda pas à le trouver. Quand il fut à sa hauteur, ils échangèrent un rapide baiser avant de s'envoler sur la moto noire et verte, récemment nettoyée.
Harry le ramena chez lui : il était tard et Draco devait s'avancer sur ses devoirs. Il prenait une semaine de vacances en février et il ne voulait pas travailler pendant cette période, préférant profiter pleinement de ces quelques jours de repos et de Harry. Quand ils arrivèrent chez le blond, Harry salua joyeusement Mr Dobby, ravi de revoir ce jeune homme sympathique, mais il fit preuve d'un peu plus de calme envers les parents de Draco qui lui proposèrent de rester dîner. Harry voulut refuser et il se fit violence pour ne pas le faire : autant y aller jusqu'au bout et accepter les invitations de Narcissa Malfoy. Draco fut aussi surpris que content de voir son petit ami faire des efforts pour améliorer ses relations avec ses parents. Néanmoins, il ne se faisait pas d'illusions : Harry ne les aimait pas et il agissait de cette façon seulement pour Draco.
Les deux jeunes hommes s'enfermèrent dans la chambre du blond. Harry se laissa tomber sur le lit de façon peu gracieuse. Draco eut un léger sourire en le voyant ainsi. Il avait l'impression que sa chambre était différente, que la lumière avait un autre éclat, quand il était là. Il s'assit à côté de Harry et se pencha vers lui pour ravir ses lèvres. Le brun se laissa faire, allant jusqu'à poser sa main sur sa nuque pour l'attirer à lui. Ses lèvres étaient froides mais toujours aussi pulpeuses. Draco en prit une entre ses lèvres pour la mordiller, la sucer, avant de glisser sa langue dans sa bouche pour l'embrasser de façon déjà plus passionnée, voire même fiévreuse.
« T'es en manque d'amour, toi.
- On peut dire ça comme ça. Au fait, j'ai acheté les tickets pour le train. Départ samedi soir. »
Harry avait laissé Draco se charger des préparatifs, à savoir acheter les billets. Il se sentait anxieux à l'idée de retourner à Londres, il n'y avait pas remis les pieds depuis quatre ans, mais Harry se disait qu'il ne pourrait pas fuir éternellement et ces vacances promettaient d'être agréables…
« Tu veux ton billet ou…
- Non, garde-le. Je vais le perdre ou l'oublier, tu me connais. »
Draco leva les yeux au ciel d'un air exaspéré et Harry eut un petit rire : il avait déjà du mal à ne pas perdre son portable alors il ne fallait surtout pas lui confier un billet de train, il serait bien capable de l'oublier.
Mais Harry reprit rapidement son sérieux. Il devait parler de quelque chose à Draco. Ce dernier, à semi couché sur lui, semblait plutôt détendu, alors autant tenter sa chance. On verrait bien après…
« Dray… Tu sais, j'ai vu Cho, aujourd'hui. Elle est plutôt énervée après Olivier…
- Et pourquoi ?
- Je t'expliquerai plus tard, répondit évasivement le tatoueur. Bref, elle est énervée après lui et elle veut absolument que je l'accompagne à l'anniversaire d'une amie à elle.
- Et ? Fit Draco, méfiant.
- Bah… ça te dérange si j'y vais sans toi ? »
Le regard de Draco sembla se durcir. Ses yeux bleus prirent une teinte étrange alors que ses sourcils se fronçaient légèrement. Harry se mordilla la lèvre en se disant que ce serait sans doute moins facile que ce qu'il avait prévu.
« Et pourquoi ça ?
- Draco…
- Je te fais honte ? Personne ne sait que nous sommes ensemble ?
- Ne t'emporte pas, s'il te plait, soupira Harry.
- Je t'ai toujours emmenée avec moi, quand je devais aller quelque part ! »
Harry soupira à nouveau. Il vit que Draco était à la fois énervé et blessé par sa demande. Lui, il avait toujours emmené Harry, même si ce n'était pas vraiment à son avantage et même si ça aurait pu mal tourner, avec Astoria encore attirée par lui en dépit de ses fiançailles ou Seamus qui lui courait encore après malgré leur rupture. Et voilà que Harry voulait sortir sans lui…
« Je n'ai pas honte de toi, Dray, ne pense pas ça. »
C'était l'anniversaire d'Alicia Spinnet, une fille qu'il connaissait à cause de Cho et Olivier. D'habitude, Harry refusait toujours ses invitations, mais elle fêtait son anniversaire et Cho insistait, il ne pouvait pas refuser. Il ne voulait pas que Draco vienne pour deux raisons. Déjà, Harry connaissait à peine la moitié des gens qui seraient présents, ce serait dans son appartement, donc cela risquait d'être assez… folklorique. La dernière fois qu'il s'était rendu à une fête d'Alicia, Harry avait dû appeler Isaline pour qu'elle vienne le chercher, Cho était bourrée et pleurait comme une madeleine et Olivier se sentait très mal, il avait même vomi dans la voiture et s'était tapé une gueule-de-bois mémorable le lendemain matin.
« Et je ne te parle même pas de l'état de l'appartement le lendemain.
- Et la deuxième raison ?
- J'ai peur que tu le prennes mal, avoua Harry avec sincérité.
- Dis toujours. »
Harry n'avait pas honte de sortir avec un homme mais il était certain que ça ferait tache, là-bas. Ils n'étaient pas étroits d'esprit, mais Draco était un homme sérieux, classe et riche, donc pas du tout le même statut social. Surtout que deux, trois homosexuels qu'il connaissait seraient présents et pas sûr que Draco apprécient leur séance de drague ou leur humour à deux balles.
« Donc, en gros, c'est moi qui pose un problème.
- J'étais sûr que ça te vexerait.
- Je t'ai emmené, moi !
- Si tu insistes, tu viens !
- Tu ne veux pas que je vienne.
- Non, je ne veux pas. »
Draco se redressa, énervé. Il comprenait que Harry ne veuille pas qu'il vienne, mais Draco se sentait vexé : rien que l'idée que Harry puisse se faire draguer ou s'amuser sans lui l'énervait. Il devenait de plus en plus possessif, il avait déjà eu du mal à se pas regarder fixement son petit ami en train de danser avec Daphné à la fête de Cormac, alors savoir qu'il allait à une fête sans lui…
Il entendit un léger froissement alors que Harry s'asseyait à son tour. Il se déplaça derrière lui et se colla contre son dos, ses deux jambes se posant contre celles des Draco, alors que ses bras enserraient sa taille. Draco ferma les yeux et ne put retenir un frissonnement parcourir sa colonne vertébrale quand Harry embrassa sa nuque, légèrement, son souffle chatouillant les petits cheveux blonds se trouvant à cet endroit.
« Tu sais, j'y vais pour Cho, mais peut-être que je ne resterai pas longtemps. Je verrai. Tu veux vraiment venir ?
- Tu ne veux pas et je ne vais pas t'empêcher d'y aller. Tu es libre, tu fais ce que tu veux.
- J'aime pas quand t'es énervé.
- C'est de ta faute, Potter.
- Mmmh, m'appelle pas par mon nom… »
A nouveau, ses lèvres se posèrent sur sa nuque. Draco se sentait ramollir, il voulut écarter les bras de Harry, mais il les sentait fermes autour de sa taille, ses épaules un peu plus larges que les siennes et robustes contre son dos. Un autre frissonnement parcourut son échine : sentir le corps musclé de Harry contre lui, ses cuisses contre les siennes, avait quelque chose d'excitant…
« Vas-y si tu veux, dit Draco pour se ressaisir. T'es libre.
- Mais tu ne veux pas. Ça se voit.
- Harry, tu fais ce que tu veux ! Tu ne veux pas que je vienne, ça ne me plait pas, c'est vrai.
- Moi je voudrais que tu sois d'accord. »
Draco tourna la tête vers lui.
« Tu rêves.
- Dray… Gémit Harry, dépité.
- Dans le cas contraire, tu me laisserais y aller ?
- C'est pas pareil, il n'y aura pas de mannequins ou de fils à papa chez Alicia. Allez, Draco… »
D'un côté, ça lui plaisait que Harry ait besoin de son consentement, mais de l'autre, Draco ne pouvait pas approuver cette sortie étant donné que son petit ami se ferait sûrement draguer par d'autres personnes, ce qui ne plaisait pas du tout.
« Et qu'est-ce que j'y gagne ? »
Le regard de Harry changea. Il eut un sourire canaille. Draco haussa un sourcil en se demandant bien ce que son amant allait lui dire encore comme bêtise.
« Si tu me laisses y aller sans me faire la tête, alors quand on sera à Londres, je te laisserai me faire l'amour. »
Pendant quelques secondes, Draco n'eut aucune réaction. Comme s'il attendait un geste de Harry, quelque chose qui lui dirait qu'il plaisantait, que c'était pour le faire marcher. Mais le visage de Harry était des plus sérieux : il ne se moquait pas de lui.
« Tu plaisantes.
- Pas du tout.
- J'étais prêt à te faire l'amour ce week-end et tu n'as pas voulu. Tu te fous de moi, là.
- Pas du tout. c'est vrai que je me suis dégonflé, samedi… Mais je ne vais pas fuir éternellement…
- Harry, la première fois est importante. Enfin, elle l'est pour moi. C'est la première fois que je suis amoureux donc… »
Harry le fit taire avec ses lèvres, l'embrassant tendrement bien que chastement. Puis, il lui fit un sourire mutin alors que Draco soupirait de dépit. Alors que son cœur cognait dans sa poitrine. D'émotion.
« Donc si je te donne mon accord, tu me laisseras t'étreindre ?
- Quand on sera à Londres, répliqua Harry qui le voyait venir avec son regard lubrique. Pas avant.
- Je suis sûr que tu vas te dégonfler, dit Draco avec un sourire en coin.
- On verra ça.
- Vas-y, à cette fête. »
Harry eut un sourire victorieux et il l'embrassa à nouveau, ses bras enserrant sa taille. Draco ne disait pas « oui » pour sa promesse et l'autre le savait parfaitement. Il n'avait pas besoin de ça pour le laisser partir. Mais Harry voulait lui faire comprendre qu'il tenait vraiment à lui. Et qu'il était prêt à passer à la casserole…
OoO
Il tournait en rond dans sa chambre, à moitié fou. Il fallut qu'un petit bruit bien familier sa fasse entendre pour que Blaise arrête de parcourir sa chambre mal rangée en long, en large et en travers. Il se laissa tomber sur sa chaise et cliqua sur la petite fenêtre qui venait d'apparaître en bas de son écran d'ordinateur. Luna s'était enfin connectée. Elle se connectait tous les deux jours environs, voire tous les jours, mais pas très longtemps et à des heures précises. Sauf qu'elle était très en retard sur son horaire habituel.
Une fenêtre s'ouvrit sur l'écran de son ordinateur, son pseudo apparaissant en haut à gauche. Son message personnel avait changé : Luna - C'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour (Camus). – J'ai revu Colin, toujours le même.
Le sang lui monta à la tête. Colin. Qui était ce Colin ? Blaise prit une inspiration en se traitant de crétin en manque d'affection et salua Luna qui ne tarda pas à lui répondre. Elle accepta sa demande de conversation visuelle, et non pas vocale car elle n'avait pas de micro sur son ordinateur. Une antiquité, à ce qu'il avait compris, datant de l'âge de pierre. A se demander comment Internet pouvait fonctionner sur sa vieille bécane. Elle lui avait expliqué que Harry avait jeté des sorts très puissants à l'appareil pour qu'il marche et l'ordinateur avait arrêté de l'embêter depuis longtemps.
« Oui ça va. Juste un peu fatiguée. Et toi ?
- Ça va. C'est qui, ce Colin ?
- Quelqu'un que je connaissais au lycée, il tenait le journal de l'école. Tu peux demander à Harry, Colin n'arrêtait pas de prendre des photos de lui. Je l'ai revu il y a deux jours. »
Blaise s'apaisa. Il se sentit soudain ridicule : la jalousie était montée à lui aussi vite que le mercure d'un thermomètre enfoncé dans le derrière d'un gamin fiévreux. Mais il ne pouvait empêcher de tels sentiments de s'emparer de son cœur : il décortiquait chaque mot de Luna en se demandant si elle était vraiment intéressée par lui ou si elle ne le voyait que comme un ami. Même pas, une connaissance, ils se connaissaient si peu… Enfin, il avait appris à la découvrir par l'intermédiaire de MSN, mais ce n'était pas pareil que quand il la voyait chez Harry.
L'étudiant était irrémédiablement attiré par Luna. Il avait beau se dire qu'elle était différente des autres, cela ne changeait en rien son avis sur elle. Par la Webcam, il pouvait la voir, avec ses cheveux blonds ébouriffés, son vieux peignoir vert d'eau et son pyjama orange juste en-dessous. Rien à voir avec les filles qu'il avait fréquentées, voire aimées. Elle était aussi blonde qu'il était noir. Aussi simple qu'il était compliqué. Aussi réservée qu'il était ouvert. Son contraire, en quelque sorte. Et cela avait quelque chose d'attirant…
« Colin a le même âge que moi, mais j'ai sauté une classe alors j'étais dans le classe de Harry.
- Vous étiez proches, avec Colin ?
- Il a voulu sortir avec moi. »
Non, en fait, la jalousie ne lui mettait pas des idées dans la tête : ce gars était louche ! Il voulait lui prendre Luna, il en était certain ! D'un autre côté, elle n'était pas à lui… Mais pourquoi vivait-elle à Londres et non pas à Paris ?!
« Et il veut toujours ?
- Je crois.
- Tu en as envie ?
- Je ne sais pas. »
Blaise s'emportait, lui posant des questions anodines alors qu'il bouillonnait devant l'écran. Il était tard, il était fatigué et il se sentait stupide, mais il ne voulait pas que Luna sorte avec un autre homme que lui. Il n'osait pas lui dire qu'il la voulait, lui, il ne connaissait rien à ses sentiments… et ça lui importait beaucoup, ça…
Blaise ne pensa pas un seul instant que tout cela n'était qu'une machination. Oh oui, elle avait revu Colin Crevey, mais elle ne savait pas s'il avait voulu sortir avec elle. Harry lui avait juste dit de dire ça à Blaise pour voir sa réaction… réaction étrange, d'ailleurs…
OoO
« C'est vrai ? Ils partent à Londres pendant les vacances ?
- Faut croire. Draco a une semaine de congé. »
Ron regardait Blaise avec des étoiles bizarres dans les yeux.
« Tu crois qu'ils vont coucher ensemble ?
- Ron !! Cria Hermione. Ça ne te regarde pas !
- Mine de rien, ils ne l'ont jamais fait, dit Millicent, pensive.
- Vous n'en savez rien, soupira Théo.
- Draco me l'aurait dit ! » Ajouta Blaise avec fermeté.
Non mais oh ! Draco était son meilleur ami, il lui aurait dit s'il avait couché avec Harry ! D'ailleurs, le blondinet et son petit ami mettaient un temps fou à rentrer… Ils étaient allés promener Liloute, le temps que tout le monde arrive à la boutique. Soirée cinéma entre amis, les « vieux » dînant chez Isaline.
« Roooh, y'a bien des choses que le blondinet ne te dit pas, répliqua Nymph' avec un sourire mutin. Isaline, Ryry te dit des choses ?
- Nan et je ne veux même pas savoir. »
Elle en avait assez entendu pendant les vacances quand elle avait innocemment voulu se brosser les dents dans la salle de bain, occupée par un couple en pleine action. Enfin, ils n'étaient pas allés jusqu'au bout, mais mine de rien, ça lui avait fait un choc d'entendre son bébé gémir de plaisir…
« Et si on faisait des paris ?? Lança Cho avec enthousiasme tout en tapant des mains.
- Ouais, des paris !!
- Ron !!
- Et des paris sur quoi ? Demanda Sirius, méfiant, cette chinoise folle dingue étant capable de tout.
- Ils partent bien samedi, hein ?
- Et alors ? Fit Blaise, sans comprendre.
- Parions ! Vous pensez qu'ils vont le faire le soir même ou dans la semaine ? »
Silence de mort. Puis crise de fous rires. Enfin, la plupart riait sauf Sirius, outré qu'on pense que son filleul était un lapin mais il n'était pas au courant de ses aventures dans la salle de bain, et Hermione qui levait les yeux au ciel. Mais bon, tout comme Remus, elle souriait. Même Severus ricanait, c'était dire…
« Alors, les paris ! Fit Cho, toute contente. Isaline, t'en penses quoi ?
- Ils le font le soir-même, affirma-t-elle.
- Isaline ! Protesta Sirius, outré.
- Et toi, Sirius ?
- Ils attendent ! Harry n'est pas un lapin ! Non mais ! »
Isaline se fit violence pour ne pas dire à Sirius que Harry avait vingt-et-un, qu'il s'était déjà fait tripoté et que, justement, Sirius n'était pas le mieux placé pour se plaindre étant donné qu'il avait perdu sa virginité à dix-sept ans… mais la vie sexuelle de son ami et de son neveu ne regardait personne à par eux-mêmes…
« Severus ?
- Ils le font.
- Sev' ?! Ça va pas ?!
- Harry a vingt-et-un, Sirius, alors arrête de crier au scandale. A son âge, tu étais loin d'être puceau. »
Ah la la… Soupira Isaline intérieurement. Severus et son tact naturel… Et Sirius qui grognait dans sa barbe des choses incompréhensibles, vexé au possible…
« Et toi, Remus ? Lui demanda Cho. Tu en penses quoi ?
- Je ne me prononce pas.
- T'es pas marrant…
- Moi, je dis qu'il ne le fera pas le premier soir, affirma Nymph'. Harry est trop prude, il ne va pas se laisser faire au bout de trois mois ! Je le connais. »
Nan, tu ne le connais pas, gémit Isaline en son for intérieur. Même s'il avait fait une prise de sang dernièrement pour des raisons évidentes, Nymph' semblait persuadée qu'il ne le ferait pas le premier soir, bien au contraire.
« Et toi, Blaise, qu'est-ce que t'en penses ? Lui demanda Nymph'.
- Il le fait. C'est sûr et certain, ça fait quand même depuis mai dernier qu'il a pas baisé !
- On dit faire l'amour, le reprit Hermione. Moi, je dis qu'il ne le fera pas.
- Je croyais que c'était un pari stupide ? Fit Ron, son portable contre l'oreille.
- Qu'est-ce que tu fais avec ton portable ?
- J'appelle Luna pour lui demander ce qu'elle ne pense. Moi, je dis qu'il le fait !
- Idem, ajouta Théo d'un air fataliste. Faut que Harry perde sa virginité, merde !
- Moi, je ne crois pas, contra Millicent. Il attendra ! »
Cho prenait note des paris sur son portable : elle était persuadée que Harry passait lui aussi à la casserole. Ron lui confirma que Luna était sûre à cent pour cent que Harry le ferait le soir même.
« On a déjà gagné le pari, alors, dit Théo d'un air vainqueur.
- Luna n'est pas fiable à 100% ! Répliqua Sirius, boudeur.
- Et on y gagne quoi, à ce pari ? Demanda Severus d'un air intéressé.
- Les perdants paient le resto' aux gagnants ! Et ça compte aussi pour les « sans avis », » ajouta la chinoise à l'adresse de Remus qui haussa les épaules.
Alors que Cho sautillait de joie à l'idée d'avoir un repas gratos, Sirius grommelait, sûr et certain que son filleul ne se laisserait pas faire le premier soir. Certes, ils avaient déjà dormi dans le même lit, lui et Draco, mais ils n'allaient quand même pas s'envoyer en l'air ou se tripoter chez Isaline. Donc, ils ne s'étaient jamais vraiment caressés ! Isaline et Blaise échangèrent un regard, l'une exaspérée et l'autre clairement amusé : oh non, Sirius se trompait lourdement là-dessus…
Les deux concernés, à savoir Harry et Draco, finirent par rentrer. Ils trouvèrent les autres un peu bizarres mais ils se dirent que c'était pas vraiment différent de d'habitude, donc ils haussèrent les épaules, alors que Liloute sautait sur sa maîtresse pour lui faire un câlin.
OoO
Ron se gara juste devant l'immeuble. Il descendit de sa voiture et la verrouilla. C'était une vieille voiture qu'il possédait depuis ses dix-huit ans. Achetée d'occasion, elle ne lui avait jamais vraiment posé de difficultés. Elle était grise, sans style particulier, mais il l'aimait bien, sa voiture, et elle était bien pratique.
Il avait appris à conduire avec Bill, en conduite accompagnée, et il n'avait passé qu'une seule fois son permis. Il avait un peu d'argent de côté et son frère l'avait aidé à acheter sa voiture, Ron lui remboursait tous les mois la somme prêtée. Cela lui garantissait une certaine autonomie, comme Harry avec sa moto ou même Théo qui possédait lui aussi sa propre voiture, c'était même Ron qui la lui avait trouvée.
Tout en pensant justement à sa voiture dont il allait devoir faire rapidement le plein, Ron sonna à l'interphone, appuyant sur le bouton « Granger ». Quelques secondes plus tard, la voix aigüe de Mme Granger se fit entendre et, une fois que Ron eut répondu, elle lui ouvrit la porte. Il ne fallut que quelques minutes au jeune homme pour entrer dans l'immeuble, appeler l'ascenseur et monter au troisième étage. C'était un bâtiment simple mais très entretenu, les murs clairs, le sol dallé bien propre et la cabine d'ascenseur quasiment silencieuse. Ça changeait de son propre immeuble où l'ascenseur faisait un bruit d'Enfer, à se demander s'il n'allait pas se décrocher au passage ou si ses portes n'allaient pas rester en place au lieu de s'ouvrir…
Quand il fut arrivé au bon étage, Ron se planta devant la porte de l'appartement, vers la droite, et sonna. Mme Granger l'accueillit avec le sourire, comme toujours.
« Bonjour, Madame. Vous allez bien ? »
Ron se montrait toujours très poli avec les parents de Hermione. Ils étaient les parents de celle qu'il aimait, Ron leur devait le respect, et ce n'était pas quelque chose de contraignant, étant donné qu'ils ne s'étaient jamais opposés à sa relation avec leur fille unique. Et il savait à quel point les enfants uniques étaient couvés par leurs parents, il suffisait de voir Neville qui avait eu bien du mal à faire comprendre à ses parents qu'il voulait voler de ses propres ailes ou encore Harry avec Isaline.
La mère de Hermione lui embrassa les joues tendrement et le laissa entrer dans l'appartement. C'était un logement assez vaste, ou du moins plutôt grand pour seulement trois personnes. C'était un quatre pièce bien aménagé et joliment agencé. Le genre d'endroit chaleureux et simple où on se sentait bien. Son petit deux pièces qu'il partageait avec Neville était bien loin…
« Hermione est dans sa chambre, lui indiqua la maîtresse de maison. Va la rejoindre. »
Les parents de Hermione en étaient passés au tutoiement mais Ron continuait à les vouvoyer, c'était comme une marque de respect envers eux. Il lui faudrait plus de temps pour se montrer réellement familier avec eux.
Ron passa dans le couloir et regarda avec amusement les cadres qui y étaient accrochés, notamment une photo où on voyait Hermione âgée de deux ou trois ans. Elle souriait de toutes ses petites dents blanches, arrondissant ses joues rosées. Ses cheveux bruns et bouclés encadraient son visage de poupon. Elle portait une petite robe blanche à fleurs. Hermione était tout simplement adorable sur cette photo, Ron ne se lassait jamais de la regarder quand il venait chez sa copine.
Il toqua à la porte de sa chambre et entra. Il la trouva penchée sur son bureau, lisant un bouquin aussi gros qu'elle. Sans faire de bruit, Ron s'avança vers elle, se mit derrière son dos et la prit dans ses bras. L'étudiante sursauta et cria sur Ron qu'il lui avait fait peur, rougissante de gêne alors qu'il ricanait.
« Tu ne m'as même pas entendu entrer. C'est si captivant que ça, ce bouquin ?
- Très ! Mais qu'est-ce que tu fais là, au juste ? Lui demanda Hermione en reprenant contenance.
- Bah je t'ai dit hier que je t'emmenais manger ! Tu as oublié ?
- Heu… ça m'était sorti de la tête…
- Tant pis, c'est pas grave, dit Ron, un sourire amusé toujours sur ses lèvres. Allez viens, mets tes chaussures et ton manteau, je t'emmène !
- Ron, j'ai du travail, je dois réviser mes partiels !
- On est en février, tes partiels ne sont pas avant le mois de mai ! En plus, j'ai une surprise pour toi ! Allez, viens… »
Comment résister à ses yeux de chien battu ? Hermione poussa un soupir de dépit, grommela quelque chose d'incompréhensible et se leva de mauvais grâce. Enfin, en apparence, car dans le fond, elle était intriguée par cette « surprise ». Alors qu'elle allait se diriger vers la porte de sa chambre, Ron l'enlaça soudainement, ses grands bras entourant son corps fin et fragile.
Surprise, Hermione sourit et ferma les yeux, se blottissant contre le corps ferme de son petit ami. Il était plus grand qu'elle, une tête de plus, et il était assez large d'épaules. Elle se sentait frêle à côté de lui, et c'était d'ailleurs ce qui avait étonné ses parents : Ron était un homme bien bâti qui s'entretenait et son travail était assez physique, il avait des cheveux roux et des yeux bleus, un air débraillé et des manières peu gracieuses. Mais ça restait un garçon sympathique qui savait où était sa place, et derrière ses airs un peu gauche, il était plutôt attendrissant.
Et Hermione était amoureuse de ce garçon, dont l'univers était complètement différent du sien : il avait arrêté tôt l'école et il était devenu mécanicien dans un garage automobile, il avait une grande famille très soudée et il était plutôt ouvert. Au contraire, Hermione allait valider son Master en Droit, elle était fille unique et ses véritables amis se résumaient à Blaise, Draco et Millicent. Oh, elle avait des copines, des copains, mais rien de bien sérieux. Enfin, elle s'était découvert d'autres amis, comme Harry, Cho ou Théo qu'elle aimait bien, aussi.
Hermione sentait qu'elle s'épanouissait avec lui. C'était différent d'avec Viktor, dont elle n'avait même plus de nouvelles. Elle se sentait amoureuse, elle savait aussi que Ron l'aimait même s'il ne le lui avait jamais dit. Cela se voyait dans ses gestes, ses regards, ses attentions… Oh, leur couple n'était pas parfait, elle était une acharnée du travail et Ron était déjà dans la vie active, tous deux avaient leurs disputes et leurs colères.
La dernière en date était celle concernant Cormac. Quand ils eurent quitté la fête, Ron s'était énervé après Hermione et s'en était suivi d'une dispute qui ne dura pas bien longtemps : Hermione ne voulait pas s'embrouiller avec son petit ami et ce dernier ne voulait pas pourrir davantage la soirée. Néanmoins, il avait interdit à Hermione de fréquenter ce fils à papa qui ne voyait que son nombril et la jeune fille, pour une fois, ne protesta pas. Dans le fond, elle était admirative : Ron avait royalement envoyé Cormac bouler sans utiliser la moindre insulte, même si son self-control était mis à dure épreuve.
Hermione poussa un léger soupir de contentement quand Ron embrassa ses cheveux. Elle leva la tête il lui fit un bisou sur la bouche, tendre et appuyé. Puis, ils s'écartèrent et Ron lui prit la main, la tirant hors de sa chambre, une fois qu'elle en eut éteint la lumière. Ils déboulèrent dans l'entrée où Ron récupéra son manteau et remit ses pompes, tandis que sa petite amie cherchait ses chaussures pour les enfiler. Ron la regarda mettre ses petites ballerines noires, et soudain, un frisson très désagréable parcourut son dos. Il baissa les yeux et vit une grosse touffe de poils orange se frotter contre sa jambe. C'était le chat de Hermione, Pattenrond, une grosse bestiole orange avec un nez écrasé et un regard aussi intelligent qu'énervant. Ron n'avait jamais vraiment aimé ces bêtes-là et ce chat lui était particulièrement antipathique, ce que sa petite amie savait parfaitement, et ça la faisait rire.
Ils dirent « au revoir » à la mère de Hermione et sortir de l'appartement, main dans la main. Et alors qu'ils entraient dans l'ascenseur, Ron eut une petite pensée pour Harry qui devait s'emmerder comme un rat mort à la fête d'Alicia.
OoO
Et le rouquin n'avait pas tout à fait tord.
Harry était passé prendre Cho chez elle. La chinoise vivait seule depuis la veille, Olivier était parti à Londres pour aller voir Marcus. Ce n'était pas vraiment pour passer un week-end romantique à deux, avec au programme des balades dans la capitale. Harry voyait plutôt ce voyage comme une mise au point : tous deux allaient passer ces quelques jours ensembles et voir si ça en valait la peine. Marcus travaillait toute la semaine, Olivier allait donc rendre visite à ses amis d'Angleterre, mais le week-end, ils le passeraient à deux. Si ça se passait mal, alors ça voudrait dire qu'ils n'étaient vraiment pas faits pour être ensemble.
Cho partageait son avis. Olivier ne s'était pas répandu dans les détails, mais elle voyait la situation de la même façon que Harry. Elle et son colocataire s'étaient quittés en mauvais termes et Cho était certaine qu'il allait faire profil bas quand il rentrerait, qu'importe l'issue de ce séjour à Londres. Si la future photographe n'était pas prête du tout à entendre parler de ce connard de Marcus aux dents jaunes et aux cheveux même pas bien coiffés, elle ne pouvait pourtant pas faire la tête éternellement à Olivier qu'elle aimait beaucoup. Bon, elle l'avait fait mariner un petit bout de temps, mais bon, c'était passé.
Enfin bref. Harry était donc allé chercher Cho chez elle et ils étaient partis ensemble chez Alicia. Elle était professeur de sport dans un collège et, de part ses parents, possédait un trois pièces. Pour son anniversaire, elle avait invité une bonne vingtaine de personnes. Ce qui faisait beaucoup, vu la taille de cette cage à lapins…
Et Harry s'emmerdait. Proprement et simplement. Il connaissait la moitié des personnes invitées, ils discutaient et riait avec eux, parlant de tout et de rien. Surtout de rien. Harry faisait comme s'il s'amusait, comme s'il était à l'aise, alors qu'il s'ennuyait ferme. Il y avait bien deux ou trois personnes de sympa qu'il aimait bien, mais bon… Surtout qu'il se faisait draguer. Bon, en soi, ce n'était pas grave. Mais cela le gênait.
Une blonde était venue roucouler près de lui et lui avait demandé de danser avec elle, Alicia ayant mis de la musique. Harry avait accepté mais il n'était pas resté bien longtemps : les mains baladeuses de cette fille l'exaspéraient et il ne trouvait pas ça marrant. Enfin, de danser avec cette fille, quoi. Ni avec elle, ni avec un homosexuel qui l'aborda de façon très franche. Harry finit par s'asseoir sur le canapé, un verre de Coca dans la main, avec une impression bizarre. Un peu comme s'il était mal-à-l'aise. Danser avec ces deux personnes ne lui avait pas plu, et il se dit que c'était sans doute parce qu'il était déjà en couple. Le fait qu'il sorte avec Draco l'empêchait de rester indifférent aux avances, il ne pouvait pas danser avec quelqu'un sans se sentir coupable, alors qu'il ne faisait rien de mal. Et puis même, ce n'était pas marrant. C'était mieux quand c'était avec Draco…
Ainsi, Harry était assis sur le canapé et s'occupait comme il pouvait en espérant que le moment du gâteau arriverait rapidement. La musique était trop forte, l'air frais de la fenêtre ouverte lui caressait la nuque. Les gens buvaient, criaient, chantaient… Ça sentait la future gueule-de-bois à plein nez. Les personnes potables que Harry connaissait avaient déjà bu un ou deux verres, il devait donc se coltiner le mec avec qui il avait dansé. Il lui faisait des avances de façon très franche et semblait frustré que Harry n'y réponde pas, de façon positive ou négative.
En fait, Harry se retenait de se lever et de quitter cet appartement trop bruyant où on ne pouvait faire un pas sans pousser tout le monde. De plus, écouter ce type lui parler de sexe, de fellation et de vibromasseur lui plaisait moyennement. A la façon dont il dansait, et comme il était plutôt bien foutu, ce type devant penser qu'il était un bon plan cul. Et Harry ne pouvait se rabattre sur personne, ils étaient tous plus ou moins bourrés ou en train de danser. Mais quand ce mec lui parla de double pénétration avec un regard lubrique à l'appui, Harry n'en supporta pas davantage. Il sortit son portable de sa poche et regarda l'heure. Il se mordilla la lèvre puis fit un mouvement pour se lever, le mec lui attrapa le bras.
« Où tu vas ?
- Aux toilettes.
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Tu es gentil, mais je dois appeler mon mec, c'est urgent. À tout de suite. »
Et Harry sortit du salon sans un regard en arrière, laissant le gars aussi stupéfait qu'énervé sur le canapé. Il avisa la cuisine, reconvertie en « coin fumeurs » et partit dans la chambre d'Alicia. Il en alluma la lumière et ferma la porte. Puis, il composa un SMS sur son portable : « Je m'emmerde ». C'était un peu comme un message de détresse. Mais Harry n'en pouvait plus, cette fête le fatiguait plus qu'elle ne l'amusait. Et se débarrasser de ce pot de colle était peu évident vu le monde qu'il y avait dans ce salon…
La réponse ne tarda pas à arriver : « Tu n'avais qu'à ne pas y aller ». Ce n'était pas faux. Draco devait être un peu vexé, c'était compréhensible. Harry se passa la main dans les cheveux, hésitant. Le bruit de la musique était assourdi par la porte close. Il eut peur pendant un instant de vexer Alicia, mais il se dit qu'il en avait vraiment trop marre et cette fête le soulait. Alors il composa un nouveau SMS, en se disant que tout déprendrait selon la réponse de Draco : « Tu as mangé ? ».
OoO
Draco était sur son ordinateur. Il avait travaillé un peu. Pas beaucoup. Pas envie. Il aurait beau essayer de réfléchir, il n'y arriverait pas. Ou du moins pas aussi bien qu'il l'aurait voulu.
Il pensait trop à Harry. À cette fête où il s'était rendu, sans lui. Draco comprenait maintenant ce que ressentaient ses ex quand il se rendait à des soirées sans eux. Il ne savait pas ce que Harry faisait, si on le draguait, s'il s'amusait sans lui… Il devenait de plus en plus possessif, avec le temps. Mais si Harry était sorti avec des gens qu'il connaissait, Théo, Ron, Olivier… Ceux-là, ça ne le dérangeait pas, Harry n'avait même pas besoin de lui dire qu'il sortait avec eux, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Mais quand ce n'était pas avec eux…
De dépit, Draco s'était connecté sur MSN, discutant avec Blaise et Millicent tout en lisant un livre. Son amie lui parlait de Gregory qu'elle voyait de plus en plus souvent malgré son travail prenant, tandis que Blaise se plaignait de Luna qui ne comprenait pas ses sous-entendus.
Juste à côté de sa main se trouvait son téléphone portable. Harry venait de lui envoyer un SMS : « Je m'emmerde ». Draco avait soupiré avant de lui répondre : « Tu n'avais qu'à ne pas y aller ». C'était vrai : pourquoi aller à une fête alors qu'on savait qu'on allait s'ennuyer ? Enfin, pour lui, c'était toujours le cas, mais Harry n'avait absolument aucune obligation, Draco n'avait pas vraiment le choix. Et ce texto de Harry l'énervait au plus haut point.
Son téléphone vibra. Nouveau SMS. Draco leva les yeux au ciel et prit son portable, puis ouvrit le message : « Tu as mangé ? ».
Son cœur ne mit à battre plus vite dans sa poitrine.
OoO
Et même quand il lui répondit, son cœur continuait de battre toujours aussi fort. Harry regarda la porte de la chambre, écouta pour être sûr que personne ne le cherchait, puis il s'autorisa à lire le message : « Non ». Un léger sourire étira les lèvres du jeune homme.
Il pesa le pour et le contre. Alicia serait peut-être déçue, voire énervée, alors que c'était tout juste si elle avait posé les yeux sur lui. Et il ne savait pas vraiment quelle serait la réaction de Cho, qu'il allait devoir raccompagner chez elle. Mais Harry avait vraiment envie de s'en aller, il avait mieux à faire que d'être ici. Certes, il n'était venu que pour Cho qui ne voulait pas venir seule, il lui avait promis. Mais bon…
Draco n'avait pas dîné…
OoO
Son portable vibra à nouveau dans sa main. Draco ouvrit le message et il ne put retenir ses joues de rosir. Il venait de comprendre : « Je suis là dans 20 minutes ». Draco se sentit terriblement bête quand un sourire se forma sur ses lèvres, sans qu'il ne puisse se retenir. Il écrivit un nouveau texto : « Je t'attends ».
Et une trentaine de minutes plus tard, Harry arriva devant chez lui. Draco sortit donc du salon où il regardait la télévision en l'attendant. Il n'avait pas mangé avant que Harry ne le contacte, de mauvaise humeur à cause de toute cette histoire, surtout que ses parents étaient absents. Et quand Draco le vit à cheval sur sa moto, tenant son casque entre ses mains, le blond le trouva incroyablement sexy et fut encore plus heureux de le voir. C'était stupide de penser une telle chose, Harry n'allait pas le quitter, mais Draco ne pensait pas vraiment à ça : Harry avait quitté la fête et passait le chercher pour l'emmener quelque part. Il ne pouvait pas se passer de lui. Et la réciproque était vraie.
Draco passa un bras autour de son cou et l'embrassa. Harry répondit avec ardeur à ce baiser, tout en passant lui aussi un bras autour de la taille de son homme. Ils se séparèrent, Draco aima le sourire malicieux de Harry qui s'excusa pour son retard.
« Je devais déposer Cho avant de venir.
- Et ça ne t'a pas posé de problèmes pour partir ?
- Alicia n'était pas contente, mais Cho s'emmerdait et lui a dit clairement que, je cite, « cette fête la faisait royalement chier ». »
Draco eut un sourire amusé avant de monter derrière Harry qui démarra la moto. Dans un crissement de pneus, ils quittèrent le quartier riche et huppé pour bientôt s'aventurer dans les rues plus lumineuses et animées de Paris. Assis derrière Harry, ses bras autour de sa taille, Draco se sentait vivant. La moto slalomait entre les voitures, le vent froid s'engouffrait dans son manteau et il sentait la chaleur du corps de Harry contre lui. Il avait presque l'impression que tout cela était irréel : Harry était censé s'amuser à une fête où Draco n'était pas convié, et pourtant il était assis derrière lui, sur sa moto.
Harry ne tarda pas à trouver un restaurant, assez simple et discret, devant lequel il se gara. Ils descendirent du véhicule et entrèrent dans l'établissement, chaud et accueillant. Une serveuse vint les accueillir et les accompagna dans un coin tranquille du restaurant où les deux hommes s'installèrent. Draco ne lâchait pas Harry des yeux, le regardant retirer son manteau, poser son casque à ses pieds ou encore se saisir du menu. Le blond avait envie de le tirer dans les toilettes et de l'embrasser comme un désespéré, une vague de désir s'emparant de tout son être. Il tenta de la réfréner, en se traitant d'obsédé, avec pour seule excuse que ça faisait bien huit mois qu'il n'avait pas fait l'amour.
« Dray, à quoi tu penses ? Lui demanda soudain Harry.
- Au fait que ni toi ni moi ne devrions être ici ce soir.
- Je m'ennuyais vraiment trop. »
Inutile de lui raconter ce début de soirée, l'atmosphère étouffante de l'appartement, les bouteilles d'alcool, la musique trop forte, le coin fumeur dans la cuisine et du type qui lui parlait de double pénétration anale…
« C'était une fête pas terrible. Enfin, moi j'aime pas trop ça.
- C'est-à-dire ? Fit Draco alors que la serveuse déposait une petite corbeille de pain sur la table.
- Musique à fond, une vingtaine de personnes dans un petit appartement…
- Sans oublier l'alcool.
- Exactement, approuva Harry qui posa son menu sur son assiette, ayant choisi. Cho aussi s'ennuyait, donc quand je lui ai dit que je voulais partir, elle semblait plus contente qu'énervée. Je crois qu'elle se prenait la tête avec Michael.
- Michael ?
- Ah, tu ne le connais pas… en fait, Cho est sorti avec lui pour se débarrasser d'une fille qui la harcelait, mais c'était un arrangement, il n'y avait pas de sentiments. Mais Michael était amoureux d'elle et ils sont en mauvais termes, depuis. Il est aussi sorti avec Ginny.
- Tiens, qu'est-ce qu'elle devient, celle-là ? »
Harry l'avait vu dernièrement, quand il était passé chez Ron et Neville. Elle ne lui avait pas adressé un mot et fuyait son regard. Harry l'ignora en se disant qu'ainsi elle le laisserait tranquille. C'était sans compter Ron qui, agacé, dit à sa sœur qu'elle pouvait s'en aller si elle n'était pas contente et Ginny fit un scandale de tous les diables. Elle fit maints reproches à Harry qui faillit s'en aller en claquant la porte, en ayant assez de ces scènes : il ne devait rien à Ginny, il sortait avec Draco, point à la ligne.
« Mais quelle chieuse…
- Oh, tu dis des gros mots, maintenant ? Dit Harry avec un sourire mutin.
- Vous avez choisi ? » Demanda soudain la serveuse, un carnet à la main.
Tous deux passèrent commande et rendirent les menus à la jeune femme qui leur fit un petit sourire avant de s'en aller vers les cuisines.
« Enfin bref. Cho était contente de s'en aller, Michael peut être chiant quand il veut. »
Draco hocha la tête. La serveuse revint et posa une bouteille d'eau en verre sur la table, puis repartit. Harry les servit puis but une gorgée. Mine de rien, il n'avait quasiment rien bu depuis qu'il était parti de chez lui, refusant de boire une goutte d'alcool chez Alicia et il avait juste réussi à chopper un fond de Coca dans une bouteille. Son éducation l'avait empêché de se servir dans le frigo, déjà parce que c'était impoli, mais surtout parce que la cuisine empestait la fumée de cigarette.
« Tu t'ennuyais vraiment ? »
Les lèvres posées sur le bord de son verre, Harry leva les yeux vers Draco. Il semblait incertain, comme s'il avait vraiment du mal à croire que Harry se soit ennuyé au point de s'en aller et de l'emmener dîner. C'était un changement de programme assez étrange. Harry posa son verre et hésita quelques secondes avant de se lancer.
« Disons que… c'est pas marrant.
- Pardon ?
- Pour être franc avec toi, j'ai dansé avec une fille et un gars. Je me suis fait draguer. Mais c'était pas marrant. »
Ça n'avait rien d'amusant. Enfin… Harry était de ceux qui pouvaient danser avec n'importe qui, jouer avec un garçon ou une fille qu'il connaissait ou non sans draguer ou céder aux avances. C'était pour s'amuser, comme quand il dansait avec Sirius, Luna ou encore Cho.
« Mais comme on sort ensemble, toi et moi… Je ne m'amuse pas. Je culpabilise un peu parce que tu n'es pas là, et ça me gêne de me faire draguer alors que je suis pris. C'est un peu bête, je sais, mais… je ne sais pas, je me sens moins insouciant. »
Ce n'était plus marrant de jouer avec d'autres personnes, de les regarder le draguer, de jouer le jeu ou de les repousser gentiment. Ce n'était plus marrant de supporter les avances d'une jolie blonde pulpeuse ou les regards lubriques d'un homme intéressé.
Harry fut arraché à ses pensées par une main qui glissait sur la sienne. Il baissa les yeux et vit les doigts pâles de Draco s'enlacer légèrement aux siens. Puis, il leva la tête et eut un léger sourire quand son regard rencontra celui tendre de Draco, dont le visage semblait dire : « Ah toi alors… ».
« Tu en es donc réduit à m'emmener à chacune de tes soirées pour ne pas t'ennuyer.
- On peut dire ça comme ça.
- Je t'aime. »
Harry piqua un fard monstrueux, ce qui fit sourire Draco qui se retint de rire. Harry était incroyablement mignon avec ses joues toutes rouges. Un vrai gamin. Mais il l'aimait, son gamin, et il était heureux que Harry ne puisse se passer de sa présence comme lui-même avait du mal à supporter son absence…
OoO
Draco regarda discrètement la pendule accrochée au mur et se retint de pousser un soupir de soulagement. Ce n'était pas son genre de garder le nez collé à sa montre ou levé vers une horloge, mais ce jour-là, il avait vraiment envie de s'en aller.
Son service à l'hôpital était bientôt terminé. Encore un petit quart d'heure et il pourrait rejoindre les vestiaires pour se changer. Tout en suivant les autres stagiaires dans un couloir de l'hôpital, Draco énuméra mentalement les prochaines étapes de sa journée, en se disant qu'elle était loin d'être terminée. Il voyait même la fin de son après-midi et sa soirée d'un œil peu avenant : Draco n'avait jamais vraiment aimé les voyages, il détestait le train et appréciait moyennement l'avion à cause d'un léger vertige dont il souffrait depuis qu'il était enfant.
Étant jeune, Draco avait fait de nombreux voyages linguistiques, se rendant sur l'île de Malte, à New York, en Italie, en Espagne, ou encore en Australie. Chaque été, ses parents l'envoyaient à l'étranger et cela avait duré du collège jusqu'au lycée. Draco n'avait jamais particulièrement aimé prendre les transports, souvent longs, et avec les années, c'était devenue sa hantise, et aucune de ses ruses ne parvint à faire fléchir ses parents qui l'envoyaient à l'étranger chaque année.
Le petit quart d'heure passa et Draco put rejoindre les vestiaires pour se changer. Pour une fois, il se dépêcha de ranger ses affaires. D'habitude, il prenait son temps, jugeant qu'il était inutile de se presser, mais il avait pas mal de choses à faire et il voulait rapidement s'en aller. Donc, une fois changé, Draco parcourut l'hôpital à grandes enjambées. Il prit quand même le temps de dire « au revoir » au Dr McGonagall qui semblait quelque peu irritée, mais elle lui souhaita de bonnes vacances et du repos avec sincérité. Mais rapidement, elle fut abordée par un jeune interne qui, paniqué, lui disait qu'on avait besoin d'elle aux urgences : une jeune fille avait décidé de s'épiler le maillot avec son épilateur électrique et elle s'était coincée la petite lèvre. Minerva McGonagall leva les yeux au ciel en pestant après ces jeunes qui passaient leur vie à s'arracher les poils. Avec un sourire sarcastique, Draco lui souhaita un bon courage, puis se dirigea vers la sortie et rencontra en chemin le directeur de l'hôpital, Albus Dumbledore, en train de discuter avec une infirmière.
Une fois dehors, Draco se dirigea vers sa voiture puis rentra chez lui. Il gara son véhicule dans le garage, entra dans la demeure et monta à l'étage après avoir embrassé sa mère. Sa valise était prête, il l'avait faite la veille, mais il avait quelques petites choses à embarquer en plus qu'il n'avait pas préparées, à savoir son ordinateur portable et le disque dur externe. Il hésitait à l'emmener mais il se résolut finalement à sortir son appareil, à vérifier que tous les câbles soient bien là, puis à le poser à côté de sa valise. Draco l'utilisait rarement, seulement quand il partait en voyage.
Quand toutes ses petites vérifications furent faites, à savoir son portefeuille et les billets de train, Draco put enfin aller se laver et se changer. A peine en eut-il fini avec sa toilette que Mr Dobby venait frapper à sa porte. Etonné, Draco la lui ouvrit, les pieds encore nus et une paire de chaussettes à la main.
« Oui ?
- Mr Sirius Black est arrivé, Draco.
- Ah, j'arrive tout de suite. Vous pouvez me descendre ça ? »
Draco lui tendit son sac en bandoulière et la sacoche contenant son ordinateur portable que le vieil homme prit avec beaucoup de précautions. Le blond mit ses chaussettes, jeta un dernier regard à sa chambre bien rangée, puis prit sa valise. Il retrouva Sirius dans l'entrée, avec sa mère. Il semblait clairement se faire chier, il ne prenait même pas la peine de le cacher. Par contre, Narcissa n'était pas à son aise et tentait de le cacher derrière une attitude hautaine. Elle ne s'était jamais vraiment entendue avec son cousin, et depuis qu'il s'était mêlé à l'affaire « Nymphadora Tonks », leurs relations n'avaient fait que se dégrader encore un peu plus, évidemment. Elle le regardait du coin de l'œil, comme si elle le défiait de faire un pas de plus chez elle. Les traits de l'écrivain s'adoucirent quand il vit Draco et un grand sourire jovial étira ses lèvres.
« Bonsoir, beau blond ! »
Draco aurait pu rire de l'expression outrée de sa mère, mais il se dit que ça ferait mauvais genre. Donc il garda son visage neutre, souriant à peine.
« Bonsoir, Sirius. Tu es en avance, non ?
- Ce serait bête si vous étiez en retard. C'est moi ou ta valise est énorme ? Fit l'écrivain en regardant la malle que Draco soulevait avec difficultés dans l'escalier.
- Et encore, je n'emmène que le strict minimum.
- Et quand tu nous fais la totale, ça fait quoi ?
- Harry n'est pas là ? Demanda soudain Draco, trouvant étonnant que Sirius soit seul dans le hall d'entrée.
- Théo et Seamus ont une fuite d'eau, il est allé les aider en catastrophe. Il doit revenir à la maison, normalement. »
Draco hocha la tête en se disant que c'était bien le moment pour avoir une fuite d'eau… Puis, il embrassa sa mère tandis que Sirius empoignait sa valise et la tirait vers l'extérieur en lançant un « au revoir » à la maîtresse de maison. Il sortit dehors, suivi de près par Draco qui voulut récupérer son bien mais l'écrivain se moqua de lui : il n'avait pas de force, autant qu'il le fasse lui-même ou ils n'étaient pas couchés.
« T'as une grande baraque, quand même… Dit Sirius alors qu'ils passaient le portail. Harry exagérait pas quand il disait que c'était grand, chez toi…
- Je dirais qu'elle est à l'image de la fortune de mon père.
- Quand on voit la maison d'Isaline, c'est ridicule, à côté. Moins grand et moins rangé. Si elle était là, elle dirait qu'elle aurait bien voulu que son parquet brille comme ça. Remarque, chez moi, c'est pas mieux, c'est tout petit et crade à cause des travaux…
- Vos maisons sont très biens comme elles sont, affirma Draco, tandis que Sirius mettait sa valise dans le coffre, où se trouvait déjà celle de Harry.
- Elle est petite quand même, tu as dû étouffer quand t'étais chez Isaline. Allez, monte dans la voiture, il fait un froid de chien. »
Draco s'assit sur le siège passager tandis que Sirius s'installait devant le volant. Il avait une sensation bizarre dans le ventre : oui, il vivait dans une villa hors de prix, avec un parquet ciré et des étagères rangées. Mais la petite maison d'Isaline et Harry était tout aussi agréable, voire même plus, malgré le bazar et le sol un peu abîmé et terne. C'était une maison qui respirait la chaleur et la vie, et pas le luxe et l'impersonnalité.
« Alors comme ça, Théo et Seamus ont eu une fuite d'eau ?
- Oui, Théo a appelé dans l'après-midi en catastrophe, alors Harry est allé les aider. La machine à laver, je crois. Là, il doit être rentré, il m'a appelé tout à l'heure.
- Et Harry sait quoi faire quand la machine à laver fuit ? Demanda Draco, septique.
- T'as pas choisi le plus con, comme petit ami ! Ria Sirius. Harry sait tout faire ! Enfin, il sait faire pas mal de choses. Je lui ai tout appris ! »
Il faisait bon, dans la voiture de Sirius. Ce n'était pas un gros véhicule mais une jolie voiture quand même qui avait du style. Draco avait compris dans les conversations que Sirius aimait les belles caisses, mais il avait dû faire la part des choses : Isaline avait ouvert une nouvelle boutique en France, il avait dû s'adapter au mode de vie de Severus et puis, il y avait ce projet en commun, cette maison qu'ils avaient achetée ensemble. Donc s'offrir une voiture aussi grosse et aussi chère que sa maison, ce n'était pas pour tout de suite… Surtout qu'il était écrivain, et malgré son succès du moment, sa carrière pouvait dégringoler à n'importe quel moment, et il le savait.
Draco poussa un soupir et se laissa aller en arrière, alors que Sirius allumait la radio. Ils discutèrent un peu, tranquillement. Sirius lui dit que sa mère n'avait pas changé. Enfin, elle avait vieilli, la dernière fois qu'il l'avait vue, Nymph' avait seize piges, voire dix-sept. Il n'avait pas la mémoire des dates. Bref, ça faisait une douzaine d'année qu'il ne l'avait pas vue, et c'était toujours la même, avec quelques rides en plus.
« Les mêmes cheveux blonds impeccables, ses robes couteuses… Une petite princesse. Je me suis toujours demandé pourquoi elle était blonde, d'ailleurs. Chez les Black, comme notre nom l'indique, on est tous bruns.
- Moi aussi, ça m'a étonné, avoua Draco. Les mystères de la nature.
- Quand j'étais plus jeune, comme j'étais persuadé que Narcissa était une enfant illégitime, j'ai pris un de ses cheveux et un autre à sa mère. Et en fait, c'était vraiment sa fille…
- Sirius, tu es impossible !
- Hé ! C'est James qui a eu l'idée, je n'ai fait que l'appliquer ! Remus nous a aidés, aussi, un ami de ses parents faisait ce genre de trucs…
- Pas un pour rattraper l'autre, soupira Draco d'un fataliste. Et moi qui croyais que Remus était quelqu'un de fréquentable…
- Disons qu'il était le moins turbulent.
- Isaline a dû en voir de toutes les couleurs.
- Hm… C'est sûr qu'elle n'a pas été gâtée avec Harry et Nymph'…
- Pardon ?!
- Quoi, elle t'a pas raconté ? »
Hilare, Sirius changea la station de radio pour se positionner sur une onde un peu plus rythmée et rock. Draco scrutait son visage en se demandant bien ce que l'écrivain lui cachait.
« Elle devait me raconter quoi ?
- Attends, tu vas rire ! Quand Harry avait… Merde, j'ai aucune mémoire des chiffres ! Bref, tu sais que Harry a arrêté le lycée pendant sa première année ? Bien, fit Sirius quand Draco eut hoché la tête. Juste avant les grandes vacances, Nymph' a cassé avec son petit ami et elle n'allait pas très bien. Alors elle a décidé, pour se remonter le moral, qu'elle ferait le tour du monde.
- Le tour du monde ? Répéta Draco, septique.
- Ouais. Enfin, elle voulait déjà visiter son pays, donc elle a tout planifié pour faire le tour de l'Angleterre, elle pensait faire des petits boulots pour subvenir à ses besoins.
- Et en quoi Harry… Oh non…
- Oh si ! S'exclama Sirius tout en manœuvrant un rond point. Harry a décidé d'y aller avec elle et même Luna s'y est mise ! Je te laisse imaginer la peur d'Isaline quand ces deux idiots ont disparu du jour au lendemain… Ils avaient juste laissé un petit mot pour lui dire de ne pas s'inquiéter et qu'ils l'appelleraient bientôt, ils étaient partis rapidement comme ils avaient achetés des billets d'occas', mais Isaline ses rongé les ongles pendant des heures et des heures… Bon, ils ne sont pas allés bien loin, Harry et Luna voulaient juste faire le tour d'Angleterre et Isaline a des amis dans la police, ils ont eu vite fait de les retrouver, Nymph' avait utilisé sa carte bleue. »
Alastor Maugrey, dit Fol Œil à cause d'un œil en verre qu'il portait pour remplacer celui qu'il avait perdu, avait mis un temps fou à rassurer Isaline, en lui disant que ça irait bien, qu'on allait retrouver ses gosses, Nymph' avait peut-être utilisé sa carte bleue. D'ailleurs, il ne manqua pas de passer un savon abominable aux fugitifs. Et Draco ne put s'empêcher de rire en imaginer la mine gênée d'enfants fautifs que ces trois-là devaient avoir…
« Nan mais ça va pas ?! Fit Sirius d'une voix grave pour imiter le flic, ce qui fit sourire Draco. Faire peur à votre mère, comme ça ! Et toi, Tonks ! Espèce de gamine inconsciente, tu croyais aller où comme ça, bougre d'andouille ! Draco, mais tu aurais vu ça… J'ai bien cru que Maugrey n'allait jamais arrêter ! Pire qu'Isaline dans ses grands jours ! Nymph' avait envie de disparaître dans le mur, Harry était aussi rouge qu'une tomate et Luna… bah c'est Luna, quoi, la tête dans les nuages… Un jour mémorable, tu peux me croire !
- Je vois ça… Sirius, c'est un peu hors sujet, mais pourquoi tu as dit Tonks, tout à l'heure ? »
Le visage de Sirius sembla s'assombrir. Un peu. Ou peut-être était-ce le ciel qui prenait une teinte plus noire, le soleil qui déclinait ou encore les lampadaires qui commençaient peu à peu à s'allumer.
« Maugrey a connu Nymph' quand… elle a dérivé. Il a essayé de la chopper pour la ramener chez elle, mais il n'a jamais réussi. Quand Isaline s'est mise à chercher Nymph', elle est allée au commissariat pour déposer un avis de recherche et elle est tombée sur lui. »
Maugrey avait trouvé étrange que cette femme s'intéresse à Tonks seulement maintenant. Il l'avait envoyé bouler en lui donnant quand même l'endroit approximatif où il avait vu Tonks pour la dernière fois. Quelques semaines plus tard, cette femme le rappelait en lui disant que la gamine s'était enfuie de chez elle. Elle semblait triste, au téléphone, et elle lui demandait s'il pouvait la chercher pour s'assurer qu'elle allait bien, parce qu'elle, elle n'en était plus capable.
Autant dire qu'Isaline remonta dans l'estime de Maugrey, qui fut stupéfait que cette femme ait pu attraper Tonks et la ramener de force chez elle. Par la suite, il se mit à sa recherche, mais il s'arrêta rapidement car Isaline l'appela à nouveau : la gosse était revenue chez elle. Le vieux flic vint voir Tonks et constata avec un certain soulagement qu'elle allait bien. Qu'elle avait une maison. Et qu'elle ne s'en irait plus.
« Quand Isaline s'est battu pour avoir sa garde, Maugrey a essayé d'y mettre son grain de sel, même si ça ne servait à rien. Il aimait bien Nymph'. C'est un vieux con, mais il est pas méchant. Isaline a le don pour s'entendre avec les gens louches, tu verrais son médecin, le Dr Grindelwald…
- Pourquoi il l'appelait Tonks ?
- C'était comme ça qu'elle se faisait appeler. Personne ne savait son prénom, là-bas. Remarque, elle a toujours eu du mal avec, c'est pour ça qu'on l'appelle Nymph'. Mais à cette époque-là, elle se faisait appeler Tonks. Une façon comme une autre de faire vivre le nom de ses parents. Elle était malheureuse et seule, à cette époque. Et puis tu sais… Je crois qu'elle se faisait appeler comme ça pour qu'on la retrouve. »
C'était inconscient. Si elle ne se faisait connaître que sous le nom de « Nymph' », ou autre, il aurait été plus difficile de la retrouver. Dans le fond, même si elle s'était battue contre Isaline, elle voulait qu'on la retrouve. Qu'on la sorte de là.
« Je n'arrive pas à comprendre comment ils ont pu…
- Ne cherche pas à comprendre, trancha Sirius en lui jetant un regard sérieux. Tout ça, ça ne te regarde pas. Bon, je t'avoue que tu ne me plaisais pas des masses, au début, mais je te le dis : toute cette histoire ne te concerne pas. Ne cherche pas à savoir le pourquoi du comment. Cette histoire est réglée et plus personne ne veut y penser, et surtout pas Nymph' et Remus. Ça ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie. »
Il y avait des blessures qu'on ne pourrait jamais guérir. La famille d'Isaline, c'était une famille d'estropiés, et chacun devait gérer sa vie en laissant de côté les entailles que la vie leur avait faites. Remus ne voulait même pas entendre parler du passé de Nymph'. Non pas par honte, il avait eu plus d'une conversation à ce propos avec elle, mais plutôt pour ne pas ressasser le passé et se pourrir la vie. Ils avaient une nouvelle vie, maintenant, une vie à eux, donc inutile de penser à autrefois, cela ne pouvait que leur faire du mal. Et Severus, de son côté, avait adopté le même langage avec Sirius. Ils parlaient rarement de la prison et, quand ce thème venait dans une conversation, son amant s'arrêtait net et partait dans une autre direction. Sirius ne pouvait que lui en être reconnaissant.
« Enfin bref, parlons d'autre chose. T'as pas oublié les billets, au moins ?
- Non, ils sont dans mon sac, répondit Draco en lui montrant ledit sac posé à ses pieds.
- C'est pas celui que Remus et Nymph' t'ont offert ?
- Si. Je l'utilise pour les cours. »
C'était un sac assez simple, voire commun, mais Draco l'aimait bien, il était pratique, et il était le genre de personnes qui ne changeait jamais de sac tant qu'il n'était pas troué ou déchiré, il n'avait donc jamais jugé utile d'en utiliser un autre que celui-là. Et puis, il avait pour habitude d'utiliser les cadeaux qu'on lui offrait quand ils lui plaisaient.
Ils discutèrent tranquillement tout le long du trajet. Sirius finit par mettre un album dans le lecteur CD et Nicolas Sirkis chanta tour à tour J'ai demandé à la lune, La lettre de métal et Cérémonia. L'écrivain se gara alors que le chanteur d'Indochine terminait de chanter Marilyn. Il éteignit le moteur puis sortit de la voiture, suivi par Draco, puis fouilla dans sa poche jusqu'à sortir les clés de la maison pour en ouvrir la porte.
Quand ils entrèrent, Liloute sortit en trombe du salon et se rua dans les jambes de Sirius qui l'attrapa au vol, tandis que Harry apparaissait à son tour. Il s'avança vers Draco pour l'embrasser légèrement sur les lèvres en guise de « bonjour ». Ses lèvres étaient chaudes et pulpeuses, Draco avait l'impression qu'un brouillard se levait : cette sensation de mollesse qui le poursuivait depuis le matin se dissipait, maintenant qu'il avait son amant devant les yeux, ses lèvres contre les siennes.
Alors que Harry sortait ses chaussures, Isaline appela Draco du salon. Le blond traversa le couloir et entra dans le salon, où se trouvait la tatoueuse, qui tendit les bras vers lui comme si elle voulait qu'il la prenne dans ses bras. Il sourit et s'avança vers elle, s'assit sur le canapé et elle le prit contre elle, le serrant fort contre son cœur. Draco ne put que lui rendre son étreinte, en se disant que se faire câliner de cette façon était bien agréable, et si un jour sa relation avec Harry se terminait, ce serait une chose qu'il regretterait énormément. Mais il préférait ne pas penser à cela, à cette souffrance inimaginable dont il ne se remettrait pas. Il préférait savourer cette étreinte, le corps chaud d'Isaline, ses bras autour de lui et sentir son parfum.
« Fais bien attention à toi, surtout. Et fais attention à Harry, aussi…
- Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer.
- Tu m'appelles quand vous arrivez, hein ?
- Oui Maman, c'est promis. »
Isaline rougit et lui lança un regard mauvais, voyant clairement qu'il se moquait d'elle, mais la tatoueuse ne dit rien : oui, elle était une maman poule, et alors ? Son Harry allait à Londres pour la première fois en quatre ans, elle avait bien le droit de s'inquiéter ! Même si elle était sûre que tout irait bien…
Harry revint dans le salon et prit place de l'autre côté d'Isaline qui le prit aussi dans ses bras en lui faisant tout un tas de recommandations au creux de l'oreille, puis elle l'embrassa dans les cheveux, avec cette tendresse caractéristique des mères qui laissent leurs rejetons quitter le nid. Draco sentit son cœur se serrer un bref instant en se disant qu'il n'avait pas eu droit à cela quand il avait quitté sa mère mais un léger sourire naquit sur ses lèvres sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.
Enfin, Harry quitta les bras d'Isaline et se leva. Les deux amoureux sortirent du salon, puis suivirent Sirius hors de la maison. Ils montèrent dans la voiture, sur la banquette arrière. Un étrange silence régnait dans le véhicule, Sirius changea le CD et mit Depeche Mode, l'album débutant par Never let me down again. Draco était plongé dans ses pensées et la main chaude de Harry qui se glissa dans la sienne le ramena sur terre. Son petit ami discutait avec son parrain mais Draco sentait une certaine tension en lui. Il se demanda si Harry était vraiment prêt à franchir le pas. Après tout, il n'y était jamais arrivé, jusque là…
Sirius les emmena jusqu'à la gare. C'était un peu bouché, il faisait froid et il ne trouva aucune place pour se garer. Enfin, en cherchant bien, il aurait pu trouver, mais il y avait trop de monde et les deux jeunes insistèrent pour partir sans lui, ils pourraient très bien se débrouiller seuls. Sirius les laissa donc s'en aller sans insister. Draco s'en étonna mais il comprit à la façon dont Harry prit sa valise que ce dernier était plus stressé qu'il n'en avait l'air et sa demande était une façon comme une autre d'écarter toute possibilité de retour en arrière.
Harry avait une valise plus petite que la sienne et plus de force, donc ils échangèrent leurs bagages et les trainèrent jusqu'à la gare. Le train avait un peu de retard, et pour calmer Harry, Draco dut le forcer à s'asseoir à la terrasse d'un café où il lui commanda un chocolat. Harry le but avec les mains un peu tremblantes.
« Harry ? »
Le brun sursauta et leva les yeux vers son petit ami qui poussa un soupir dépité : il commençait à regretter ce voyage qu'ils n'avaient même pas commencé. Il aurait dû l'emmener autre part, un autre pays où il faisait plus chaud et où Harry n'entretenait pas de mauvais souvenirs. Il ne serait même pas étonné qu'il ne veuille pas monter dans le wagon, vu son état de nervosité. Draco ne l'avait jamais vu comme ça, Harry lui semblait tellement sûr de lui d'habitude… enfin, suffisamment pour que Draco trouve cette situation irréelle.
« Si tu veux on peut rentrer et prendre…
- Non, on y va, répliqua Harry d'une voix ferme.
- Harry… Fit Draco avec un soupir exaspéré. Tu n'es pas bien, ça se voit. Je ne veux pas te forcer la main, donc si vraiment tu n'en as pas envie…
- Non, on y va, le coupa à nouveau le tatoueur avant de finir sa tasse de chocolat. Je ne suis plus un gamin, je ne vais pas avoir peur de mon pays pendant encore je ne sais combien d'années. »
Draco eut envie de lui dire qu'il pouvait comprendre son stress et que ce ne serait qu'un séjour de reporté, mais il savait qu'il ne tirerait rien de plus de Harry. Donc, quand ils quittèrent le café et qu'ils virent que le train était sur le point d'arriver, Draco ne put que tirer la valise en jetant de fréquents coups d'œil à Harry qui semblait plus pâle. Ou alors c'était la lumière des néons qui faisait cet effet-là sur son visage anxieux.
Ils longèrent le quai alors que le train arrivait à destination. Ils attendirent, laissant les gens descendre des wagons avec empressement. Draco regardait Harry qui se mordillait la lèvre, son visage à demi caché par son écharpe. Ses mains tremblaient, l'étudiant pouvait imaginer ce à quoi il était en train de penser. Et Draco se dit que, non, Harry ne pourrait pas monter dans ce wagon. Il le voyait à ses traits tirés, son regard hésitant et son visage anxieux. Harry ne monterait pas, ses pieds étaient cloués au sol, enracinés au béton du quai.
« Harry ? »
A nouveau, il sursauta, revenant à lui. Draco lui fit un léger sourire qui se voulait rassurant.
« On rentre à la maison ? »
C'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire. Pourquoi le forcer à entrer ? C'était inutile. Mais soudain, Harry rougit et lui dit d'entrer le premier. Draco allait secouer la tête d'un air fataliste, mais Harry insista : qu'il rentre le premier. Le blond, en se demandant si c'était vraiment utile, s'avança alors vers la porte du wagon et y entra, tirant la valise derrière lui. Il fit quelques pas à l'intérieur du compartiment et se tourna pour voir si Harry le suivait. Ce qui était le cas. Nerveux, inquiet, mais Harry était bien derrière lui. Draco lui fit donc un sourire tendre qui fit rougir son petit ami jusqu'aux oreilles, ce qui s'accordait parfaitement avec la couleur de son écharpe.
Les valises furent rapidement rangées dans le coin prévu à cet effet, puis ils cherchèrent leurs places. Harry s'assit contre la fenêtre et Draco du côté du couloir. Le blond ne se dit que la partie était gagnée que lorsque le train de se mit en route, car le temps qu'ils passèrent à la gare, Harry se tritura les doigts nerveusement, regardant tout et n'importe quoi, tripota son portable et vérifia s'il n'avait rien oublié dans son sac une dizaine de fois. Draco crut qu'il allait l'assommer en le voyant ainsi, bien loin de son calme habituel. Enfin, Harry était quelqu'un de vivace, tout de même, mais vu comme il était en ce moment-même, son attitude habituelle lui apparaissait étonnement sage et reposante…
Quand le train démarra, Draco prit un bouquin dans son sac et l'ouvrit à la première page. Il ne put se concentrer sur sa lecture, surveillant Harry du coin de l'œil qui avait prit un calepin de feuilles blanches pour dessiner. Il traçait des lignes sans queue ni tête, gribouillait des bonhommes ou des animaux. Un peu comme s'il n'arrivait pas à se fixer sur quelque chose. Draco poussa un soupir en se disant que Harry était vraiment un gosse, il voyait là leur différence d'âge, peu élevée, mais présente, et leurs différences d'éducation. Certes, Harry avait stressé à l'idée d'aller à Londres, mais il ne savait surtout pas s'occuper tout seul.
« Draco ?
- Hm ?
- Je peux mettre ma tête contre ton épaule ? »
Cette phrase lui donna comme un coup au cœur. Draco le regarda avec un sentiment étrange. Ça faisait longtemps que Harry ne lui avait pas demandé la permission pour le toucher, que ce soit lui prendre la main ou l'embrasser. Le blond hocha la tête et, timidement, Harry enserra son bras avec les siens et posa sa tête sur son épaule. Il ferma les yeux, comme s'il voulait dormir. Draco le regarda faire et eut un léger sourire en entendant sa respiration lente et régulière.
Un vrai gamin. C'était connu que les gosses pouvaient s'endormir n'importe où et n'importe quand…
OoO
Le train arriva en gare, et Harry dormait toujours, sa tête toute contre son épaule. Il n'avait pas bougé, soupirant de temps à autre, déplaçant un peu ses jambes ou resserrant son étreinte autour du bras de Draco, qui regardait chacun de ses gestes avec un mélange d'attendrissement et d'amusement.
Les passagers commençaient à s'agiter et ils ne tardèrent pas à se lever. Draco réveilla doucement Harry qui émit quelques difficultés à émerger. Il avait mal dormi la nuit dernière et cette petite sieste lui paraissait bien courte, bien que reposante. Dans le cosmos, Harry retira ses lunettes et se frotta les yeux, tandis que Draco se levait à son tour.
« Allez, le dormeur, on s'en va. »
Puis, le blond se pencha vers son oreille et lui murmura ces mots : « Bienvenue à Londres ». Harry sembla alors se réveiller complètement et il tourna la tête vers la fenêtre : il n'y avait que le quai bétonné de la gare devant la vitre, mais il prit conscience qu'il n'était plus en France. Mais chez lui. Dans son pays.
Ce fut dans le silence que les deux amoureux sortirent du wagon, après avoir récupéré leurs valises. Harry regardait tout autour de lui, cette gare dans laquelle il était entré quatre ans auparavant, les gens qui allaient et venaient sur le quai, le murmure de cette langue étrangère qu'il entendait si peu en France pour des raisons évidentes… Il était pris d'une étrange sensation, entre l'anxiété et un bonheur indéfinissable. Il était chez lui.
Ensemble, ils sortirent de la gare tranquillement, malgré la nuit qui était tombée sur Londres et le froid hivernal qui soufflait dans l'infrastructure de métal. Draco regardait Harry du coin de l'œil, il avait l'air fatigué et… émerveillé, comme s'il découvrait un monde qu'il n'avait pas visité depuis très longtemps. Comme on reverrait adulte une maison qu'on avait connu enfant. Les souvenirs liés à cette gare n'étaient guère heureux et le jeune homme frissonna quand ils furent dehors. Ce n'était pas le froid qui faisait trembler légèrement ses membres, mais plutôt cette longue file de taxis qui attendaient les clients, les bars alentours, tous ces endroits où Harry avait posé les yeux avant de s'en aller.
Le tatoueur suivait Draco qui marchait un petit peu devant lui, ayant compris que Harry n'avancerait pas de lui-même. Ils montèrent dans un taxi, tendant leurs valises au chauffeur qui les rangea dans le coffre. Draco sentit encore le malaise de Harry et il le vit se tripoter les mains.
Il faisait nuit. C'était une nuit, où Isaline lui avait appris qu'ils quittaient Londres pour refaire leur vie en France. Et c'était une nuit où ils avaient quitté la capitale pour aller en France, prenant un taxi, leurs valises dans le coffre. Et son anxiété ne pouvait que s'accroître, lui qui n'aimait pas les voyages en voiture…
Harry fut arraché à ses pensées quand Draco lui prit la main. Il voyait à peine son visage, le véhicule était trop sombre, mais rien que de le savoir près de lui, cela le rassurait. Et Draco ne lui lâcha pas la main tant qu'ils ne furent pas arrivés à destination, à savoir dans un quartier tranquille aux rues bordées d'immeubles de quelques étages. Avant cela, Draco sortit tout de même son téléphone pour appeler Isaline. Le blond entendit le soulagement dans sa voix quand elle le remercia de l'avoir appelé, et qu'elle leur souhaita une bonne nuit, à lui et Harry.
Quand Harry sortit du véhicule, il sentit le soulagement tomber sur lui, apaisant toutes ses craintes et toutes les tensions qui résidaient dans son corps crispé. Il avait les yeux levé vers l'immeuble, vers le premier étage, où se trouvait l'appartement de ses parents.
Quelque chose de connu. Un endroit où il était chez lui.
Et Draco sentit son anxiété disparaître en voyant le visage détendu de son petit ami, à la lumière blafarde d'un lampadaire. Il y avait à nouveau ce léger sourire sur son visage. Il retrouvait le Harry qu'il aimait, bien dans ses pompes.
Ils récupérèrent leurs valises, Draco paya le taxi qui s'en alla après leur avoir rendu leurs effets. Ensemble, ils entrèrent dans l'immeuble, prirent l'ascenseur jusqu'au premier étage, puis pénétrèrent dans l'appartement.
Tout était sombre, à l'intérieur. Harry remit en route l'eau et l'électricité, puis alluma la lumière dans l'entrée et, à nouveau, cette sensation de soulagement, de bonheur et de nostalgie le prit aux tripes. Il sentait sa gorge nouée, comme s'il était prêt à pleurer. Ça faisait des années qu'il n'avait pas mis les pieds ici. Il ne venait pourtant pas souvent dans cet appartement, seulement quand il avait besoin d'intimité, d'être seul, ou quand il était énervé. Il n'emmenait que Luna, ici. D'ailleurs, elle venait régulièrement ici d'elle-même pour faire un peu de nettoyage. Mais Harry s'était toujours senti chez lui, dans cet appartement, même si ses parents qu'il avait peu connus étaient à présent décédés.
« Bienvenu chez moi. »
Sa voix était un peu enrouée et Draco n'essaya pas de le faire parler davantage. Il posa la valise et ses sacs sur le sol, puis proposa à Harry d'aller dans une superette pour trouver de quoi dîner. Il n'avait pas envie d'aller manger dans un restaurant. Harry hocha la tête et, une demi-heure plus tard, ils revinrent, l'un requinqué et l'autre déjà plus rassuré. Le tatoueur semblait aller plutôt bien, il avait repris du poil de la bête. Ils rangèrent leurs achats dans la cuisine, puis Harry lui fit visiter l'appartement.
Il était assez grand et très certainement couteux, même si Harry ne devait pas payer grand-chose en charges vu que ce logement était peu utilisé et il avait d'autres sources de revenus. Le salon était plus grand, décoré avec soin et goût dans les tons bruns. Les meubles en bois clair étaient agencés de façon à laisser de l'espace, un canapé en cuir prenait tout un mur et, juste devant, une table en bois plus foncé était posée sur un tapis épais. Un grand tableau représentant un coucher de soleil était accroché au mur derrière le sofa et il y avait des cadres partout, avec plein de photos.
Harry lui montra ensuite la chambre de ses parents, dans les teintes bleues. Un lit trônait au milieu de la pièce, avec une grande armoire qui semblait ancienne, les murs recouverts eux-aussi de tableaux et de photos. C'était là qu'il dormait la plupart du temps. Puis, Draco ouvrit la porte de la chambre d'amis, au papier peint mauve, qui servait à la fois de chambre à coucher et de bureau.
Enfin, Draco découvrit la chambre d'enfant, et le blond adressa un sourire goguenard à Harry qui rougit : toute la chambre dans les tons pastels avec une prédominance de vert était aménagée pour un très jeune enfant, avec un berceau, une moquette vert émeraude, des meubles blancs avec des jouets ou des vêtements, sans oublier la table à langer et les images accrochées au mur. Une très jolie chambre qui laissait une impression étrange dans le cœur de Draco.
C'était la chambre de Harry. De l'enfant qu'il avait été, de l'enfant qui avait été arraché à ses parents. Qu'avait-il ressenti le jour où était entré dans cet appartement ? Quand il avait vu la photo de mariage dans le salon, une peinture de lui bébé dans la chambre de ses parents et tous ces jouets de bébé dans sa propre chambre ? Qu'avait-il ressenti ce jour-là ?
Draco sentit le bras de Harry autour de sa taille et sa tête contre son épaule.
« Harry ?
- Hm ?
- Qu'est-ce que tu as ressenti le jour où tu es venu ici pour la première fois ? »
Il ne lui répondit pas. Draco tourna la tête cherchant son regard, et ses yeux s'arrondirent de stupeur.
Harry pleurait. Des larmes coulaient le long de ses joues. Il ne faisait pas de bruit, ses dents ne pinçaient pas sa lèvre. Il ne tremblait même pas. C'était juste des gouttes d'eau qui s'échappaient de ses yeux, dévalant ses joues rondes, alors qu'il regardait cette chambre d'enfant dans laquelle il n'avait pas grandi.
C'était cette réaction là qu'il avait eue la première fois qu'il avait mis les pieds ici. Il devait avoir neuf ou dix ans. À peine. Il avait pleuré, sans vraiment savoir pourquoi. Il se rappelait encore d'Isaline qui le soulevait dans ses bras, qui s'asseyait sur la chaise à bascule où sa propre mère s'asseyait autrefois pour le bercer.
C'était comme si Maman était là. Dans le corps d'Isaline. Maman qui le prenait dans ses bras et qui le berçait, séchant ses pleurs et l'écoutant gémir.
Demander Pourquoi. Pourquoi ils étaient morts. Pourquoi ils étaient partis, sans lui. Pourquoi il n'avait jamais eu le droit d'avoir cette chambre. Pourquoi il avait grandi dans un placard. Pourquoi ? Pourquoi lui ?
Doucement, Draco le prit dans ses bras et le serrant avec toute la tendresse dont il était capable. Il l'embrassa dans les cheveux, alors que le brun glissait ses bras autour de sa taille. Harry pouvait presque entendre à nouveau sa propre voix répéter « Maman », « Papa »… Presque entendre la voix d'Isaline et de Sirius, tout près d'eux, qui les regardait sans oser les toucher.
Parce qu'il pleurait, lui aussi. Alors qu'il marchait sur des traces vieilles de plus de huit ans, redécouvrant ce salon aux soirées mémorables, cette chambre qu'il avait tapissée avec James tandis que Lily peignait les portes, ou lorsqu'il entrait dans cette petite chambre qui avait vu Harry naître, Sirius n'avait pu empêcher ses émotions de faire couler des larmes sur ses joues. Il avait éclaté en sanglots, sans pouvoir se retenir, et il s'était mis à genoux devant Isaline, qui lui tenait fort la main, le berçant lui aussi par sa présence.
Elle était la seule qui ne pleurait pas. Elle était celle qui les berçait, les rassurait. Elle avait déjà pleuré avant. C'était à leur tour, maintenant, d'exorciser leur douleur.
Lentement, Draco releva son visage et l'embrassa. Ses lèvres étaient chaudes et humides, Harry se laissa faire, alors que Draco l'embrassait avec amour et tendresse, le tenant contre lui. Il ne pensait plus à rien. Il ne voulait plus penser à rien. Ni à sa propre enfance, ni à ses caprices, ni à ses parents qui lui avaient tout donné. Il voulait simplement rassurer Harry, sécher ses larmes, le serrer fort contre lui…
OoO
Il ne savait pas vraiment comment cela s'était fait. Ni lui, ni Harry, d'ailleurs. Ils ne voulaient même pas le savoir. Tout ce qu'ils savaient, c'était que d'un instant à l'autre, ils s'étaient mis à s'embrasser comme si leur vie en dépendait et leurs corps avaient voyagé du couloir jusqu'à la chambre.
Harry prit réellement conscience de la situation quand ses jambes touchèrent le grand lit. Un violent frisson traversa sa colonne vertébrale, l'électrisant, alors qu'il sentait les mains de Draco palper ses fesses et son dos, sa bouche dévorant la siennes. Leurs langues bataillaient avec passion, leurs corps étroitement liés. Harry avait les mains perdues dans les cheveux blonds de Draco, il savait que cette caresse avait le don de l'exciter, et son ardeur ne faisait qu'augmenter au fil des secondes.
Fiévreusement, il lui retirait ses vêtements, faisant passer son pull au-dessus de sa tête, puis son tee-shirt, et la peau chaud de Harry apparaissait sous ses yeux et sous ses mains avides de le toucher. Il le sentait trembler entre ses bras, à la fois d'anticipation, mais aussi de cette étrange angoisse qu'il trainait derrière lui depuis le matin. Ses joues étaient encore humides même s'il ne pleurait plus. Et Draco voulait effacer ces traces mouillées…
Il ne lui fallut pas longtemps pour déshabiller Harry. Ses mains touchaient avidement sa peau chaude et douce sous ses doigts, tandis que le brun en faisait de même de son côté, car après lui avoir retiré son pull, Harry passa ses mains tièdes sous son tee-shirt pour parcourir son dos. Ils finirent de retirer leurs vêtements avant de s'allonger sur le lit, Draco poussant doucement son amant sur le matelas, puis s'allongea sur lui. Harry écarta les jambes, lui accordant ainsi une position plus confortable. Il sentait tout le corps pâle de Draco sur le sien, contre le sien, son excitation touchant la sienne. Ils étaient nus et le contact de leurs peaux nues les rendait à moitié fous, leurs sexes réagissant à l'excitation qui les faisait frissonner, et au plaisir tiré de leurs caresses et de ce baiser fougueux qui ne se semblait ne jamais pouvoir d'arrêter…
Draco touchait Harry, caressait son torse, embrassait son cou, sa clavicule, touchait sa cuisse pour ensuite la relever et la placer contre ses fesses, de façon à ce qu'elle entoure légèrement sa taille. Il se mouvait contre le tatoueur, l'excitant, l'allumant, l'électrisant… et cela avec une tendresse qu'il reconnaissait à peine. il ne voulait pas rassurer Harry comme il l'avait fait avec ses autres amants, il ne voulait pas que ce soit le calme avant la tempête ou tout simplement le faire languir. Draco voulait prendre son temps, lui offrir sa première fois sur un plateau d'argent, faire en sorte qu'il s'en souvienne toujours et que la simple pensée de cette nuit le fasse frissonner de plaisir.
Alors c'était avec tendresse que Draco embrassait sa bouche, ses joues, son cou, ses clavicule. Alors c'était avec tendresse que Draco léchait la sueur qui glissait le long de sa tempe, discrètement, ses tétons érigés ou ses abdominaux bien dessinés. Alors c'était avec tendresse que Draco caressait Harry, ses mains voyageant sur son corps, son sexe se frottant aux siens, et que des doigts aventureux effleurèrent la bouche de Harry avant de descendre bien plus bas, dans un endroit qui n'avait jamais été blessé par la magie de l'amour, en endroit qui n'avait apporté ni douleur ni plaisir à cet être qui gémissait sous lui, à cet homme aux yeux émeraudes aussi brillants que des pierres précieuses.
Sous lui, Harry hoqueta en sentant cette étrange et douce intrusion en lui. Il sentit un doigt pénétrer son intimité, timidement, puis faire des mouvements en lui. Il s'en aperçut à peine quand un second doigt pénétra en lui. Draco l'embrassait, sa langue bataillant avec le sienne langoureusement envahissant sa bouche. Harry répondait mais de façon assez passive, comme toujours, ce qui avait le don pour allumer Draco. Ce fut pire encore quand Harry prit son visage entre ses mains pour envahir lui-même sa bouche, lui offrant un baiser voluptueux qui les fit gémir tous les deux. Draco ne retenait aucun de ses gémissements, il n'y arrivait pas. Ça faisait trop longtemps qu'il désirait ce moment…
A court d'air, Harry brisa le baiser. Il regarda le visage de Draco, ses joues rougies et ses yeux brillants qui lui lançaient un regard pénétrant. Il était beau, la lampe de chevet éclairait son visage, un côté doré et l'autre assombri. Le blond se pencha vers son oreille et en mordilla le lobe. Harry ferma les yeux et poussa un soupir.
« Je t'aime. »
Ce n'était qu'un murmure, un secret qu'il lui glissait à l'oreille.
Il l'aimait. Plus qu'il ne pourrait le penser. Il l'aimait, voilà tout, et c'était pour cela qu'ils étaient là ce soir, dans ce lit, et ensemble. C'était pour cela que Harry l'avait emmené ici, qu'il l'avait laissé entrer dans cette chambre et l'embrasser comme il ne l'avait jamais fait jusque là, avec plus de passion que d'amour, avec plus de désir que de tendresse.
Alors Harry se pencha à son tour vers son oreille, son souffle caressant sa peau.
« Moi aussi, je t'aime. »
Il l'aimait. Plus qu'il ne pourrait le penser. Il l'aimait, voilà tout, et c'était cela qu'il avait accepté de venir, de passer outre sa peur du train, de la gare, du taxi et des rues londoniennes où il avait passé son enfance, c'était pour cela qu'il lui avait présenté cette maison, qu'il lui avait montré cette chambre qui portait son nom mais aucune trace de son enfance, qu'il avait pleuré devant lui avant de se réfugier dans ses bras et de le laisser l'emmener dans cette chambre pour lui faire oublier cette douleur passée.
« Je peux te faire l'amour ? »
Jamais il ne le lui avait demandé. Il avait voulu le faire, le posséder, lui faire voir des étoiles qu'il n'avait jamais vues, des constellations inconnues qu'ils découvriraient à deux. Mais il ne le lui avait jamais vraiment demandé. Draco savait qu'il ne pourrait pas s'arrêter, qu'il ne pourrait pas faire marche arrière, c'était impossible, son corps était trop tendu, il avait faim de Harry, de sa peau, des battements effrénés de son cœur, de ses gémissements… mais il voulait lui demander. Savoir. Pour qu'il ne s'arrête pas, qu'il ne le plante pas en plein milieu de l'action. Draco voulait être sûr que son désir était partagé.
« Oui… »
Il le voulait, lui aussi. Il le pouvait. Se donner. Il avait déjà offert son cœur et son âme à Draco, il pourrait le briser à n'importe quel moment. Ne lui restait plus que son corps, et Harry était enfin prêt à se donner en entier… à abandonner ses peurs, ses souvenirs…
Harry remarqua à peine le bruit que fit Draco quand il ouvrit le tiroir de la table de chevet pour prendre un tube de lubrifiant, qu'il avait rangé là en défaisant sa valise. Mais il le vit bien en induire ses doigts. Il le prépara correctement, ne lésinant pas sur cette crème blanchâtre, ses doigts allant et venant en Harry, ce qui le faisait frémir. La sensation de froid était étrange et gênante, mais cela avait quelque chose de grisant.
De toute façon, il ne pouvait pas y couper. Ça ferait mal, c'était évident, mais autant éviter les douleurs superflues. Draco avait couché avec suffisamment d'hommes pour connaître leurs réactions face à la douleur du premier acte. Faire l'amour était quelque chose de très particulier, aussi douloureux que plaisant, et il fallait réellement prendre soin de son partenaire. Davantage qu'avec une femme. Et c'était peut-être pour cela que Draco aimait les hommes : l'acte sexuel requérait de la confiance, c'était quelque chose de vraiment puissant, à la fois physique et sentimental. Même s'il n'y avait pas d'amour.
Et c'était ce qu'il ressentait pour Harry : de l'amour. Tout ce qu'il voulait, c'était lui offrir du plaisir, une nuit inoubliable. Draco était de ces hommes qui préféraient donner plutôt que de prendre, et même s'il aimait faire l'amour, il privilégiait toujours le plaisir de ses partenaires.
Après des minutes interminables, où Draco vit les traits de Harry se crisper par la venue du plaisir qui voyageait dans tout son corps, au rythme de ses doigts qui allaient et venaient en lui, le blond put satisfaire son excitation, ce désir qu'il trainait depuis des semaines en attendant l'aval de Harry.
Draco souleva les cuisses musclées et fermes de Harry qu'il guida autour de ses hanches. Il voyait et sentait que Harry était au bord de l'explosion, et lui-même avait du mal à se retenir de s'enfoncer en lui et le prendre sauvagement sur ce lit. Il lut la panique dans les yeux verts de Harry, qui attrapa ses épaules et serra ses doigts. Draco le regarda droit dans les yeux, créant un lien visuel, comme pour le rassurer. Et il le pénétra.
D'abord, il vit le visage de Harry se crisper. Il imagina ses dents se serrer alors qu'il poussait un gémissement de douleur. Le jeune homme se sentait comme écartelé, le sexe dur et chaud de Draco se frayait un chemin en lui, et ça faisait mal. Il tentait de se détendre, il sentait une main le caresser, des mots doux soufflés à son oreille, mais ça faisait toujours aussi mal, même si Draco avait cessé tout mouvement. Harry se dit que c'était inévitable, que malgré tout, il voulait poursuivre et ne surtout pas s'arrêter, malgré la douleur cuisante qui lui faisait serrer les dents. Alors, quand Draco soupira et voulut se retirer, Harry serra les jambes autour de sa taille et l'attira à lui.
« Continue…
- Tu as mal, Harry…
- Continue… »
Draco avait cessé de bouger pour que Harry puisse s'habituer à sa présence en lui, bien qu'il ne soit pas rentré en entier. Il était bouleversé de sentir ainsi Harry autour de lui, c'était la première fois qu'il ne se protégeait pas, et les sensations s'en voyaient décuplées. Doucement, Draco fit un léger mouvement de va-et-vient. Cela arracha un gémissement de douleur à Harry, mais Draco continua, les yeux rivés sur le visage de son amant, l'esprit embrouillé par toutes ces sensations retrouvées, les chaires chaudes autour de son sexe, un corps contre le sien, des serres posées sur ses épaules, serrant avec force…
Draco bougeait lentement en lui, et bientôt, ce ne fut plus de la douleur qu'il entendit dans les plaintes de Harry, mais bel et bien du plaisir. Quand Harry ouvrit les yeux pour lui lancer un regard lubrique, ses yeux émeraude brillants comme jamais, Draco se sentit à deux doigts d'exploser, rien qu'à la vue de ce visage illuminé par le bonheur qu'il tirait de cette étreinte. Alors Draco alla plus vite, ses mouvement pourtant lents gagnèrent en profondeur. Il allait jusqu'au bout, les mains crispées sur la taille de Harry, son sexe allant et venant dans l'intimité chaude et accueillante. Il sentait la sueur perler à son front, couler dans son dos, et le plaisir montait par vagues en lui, réchauffant tout son corps, embrouillant son esprit.
Et sous lui, Harry ne retenait aucun gémissement. Il poussa un cri de surprise et de jouissance quand Draco toucha un point particulièrement sensible. Il lui redemanda encore et encore de revenir, à cet endroit précis, haletant et le cœur battant à la chamade dans sa poitrine. Harry était empli de plaisir, de désir, il était complètement perdu et tout simplement incapable de retenir le moindre gémissement ou cri qui s'échappait de sa gorge. Il voyait les yeux de Draco s'assombrir, son excitation et son désir croître quand il émettait ce genre de bruit, et lui-même poussait des gémissements rauques, le visage concentré, les yeux luisants et ses cheveux décoiffés.
Il était beau, pensait Harry, tellement beau que c'en était incroyable. Il était pâle, sa peau blanche devenue dorée à la lumière de lampe de chevet, et luisant de transpiration. Son corps était fin, ses mains cramponnées à ses hanches, et ses yeux brillaient comme ceux d'un fauve dévorant sa proie. Plus tard, il se dirait que ce n'était pas étonnant qu'il ait eu autant d'amants et de maîtresses, que c'était normal que ses ex se soient accrochées à lui comme de la mauvais herbe. Harry n'aurait jamais imaginé qu'il soit aussi beau et que faire l'amour était aussi bon. Plus rien ne semblait exister autour de lui. Ni la chambre, si ne le lit où ils étaient allongés, nus et en sueur. Ni sa ville natale, tout autour de lui. Plus rien n'existait, à part le corps de Draco pressé contre le sien, la peau chaude de son dos contre ses mains, son visage près sien, et son sexe à l'intérieur de lui.
Leurs corps avaient trouvé leur rythme, ils bougeaient en harmonie. Harry se cambrait pour que leurs torses se touchent, ses mains parcourant le dos de Draco, retraçant le fil de sa colonne vertébrale, griffant son peau quand il allait trop loin, quand c'était trop bon… Il ne parvenait pas à garder les yeux ouverts, le plaisir qui coulait dans ses veines et ce feu qui le consumait embrouillait ses pensées, hors du temps…
Et Draco avait les yeux entrouverts, ne pouvant se lasser de vue que Harry lui offrait, et par moments, son regard tombait sur ce papillon qui s'agitait sur son cœur, ses ailes bleues semblant danser sous ses yeux perturbés. Il s'était même penché pour l'embrasser, ce papillon, ce cœur qui battait trop vite, avant de remonter vers le visage de son aimé pour l'embrasser comme un désespéré, leurs langues bataillant, se faisant l'amour, comme le faisaient leurs corps…
Draco sentait qu'il allait mourir. Il n'avait jamais ressenti autant de plaisir en faisant l'amour, cela n'avait jamais été aussi douloureux et aussi jouissif de posséder un corps, de l'embrasser, de l'honorer… Et il voyait les yeux de Harry tourner, il était prêt lui aussi à mourir, complètement offert à lui. Draco donnait des coups de plus en plus poussés, allant et venant en lui à un rythme insoutenable. Il lui faisait l'amour comme il ne l'avait jamais fait, avec l'énergie du désespoir. C'était tellement bon de créer ce plaisir qui voyageait dans leurs veines, les faisant bouillir comme de la lave en fusion, et à la fois tellement douloureux de sentir la jouissance sans pouvoir y céder.
La libération était proche pourtant, mais elle semblait si loin pourtant. Ils avaient l'impression que leurs corps humides ne cesseraient jamais de bouger, de glisser l'un contre l'autre, que Draco ne pourrait jamais aller plus loin alors qu'il découvrait à chaque instant des terres inconnues. Il devenait frénétique, rude, presque violent, complètement accro à ce plaisir qui prenait possession de lui. Impossible de se retenir, les cris de jouissance de son amant allongé sous lui ne faisaient rien pour le ramener sur terre. Il était parti loin, trop loin…
Et, soudain, l'orgasme les prit dans toute leur splendeur.
Draco, en nage, cessa tout mouvement, comme paralysé, alors qu'il se déversait dans le corps chaud et accueillant de Harry, qui avait les yeux fermés, savourant tous deux cette intense sensation de bien-être. Draco avait les yeux posés sur le visage de l'homme qu'il aimait, ses traits détendus par la libération de son plaisir entre leurs corps, ses cheveux noirs étalés sur l'oreiller, tranchant avec la pâleur du tissu. Il eut un léger sourire et, bien qu'épuisé, posa sa main sur le cœur de Harry, ce papillon qui battait des ailes frénétiquement sous ses doigts…
Puis, le blond se retira et s'allongea sur Harry. Il ferma les yeux, haletant, et savoura à sa juste valeur cet instant. Il sentit les mains de Harry remonter de ses épaules vers ses cheveux qu'il caressa doucement, paresseusement, comme s'il voulait donner un peu d'ordre à sa chevelure désordonnée. Draco avait le front contre son cou, son souffle caressait sa peau, son corps long et chaud le recouvrait de part en part. Ils étaient comme en symbiose, ce moment était plus intime encore que ce qu'ils avaient vécu quelques secondes auparavant.
Peu à peu, ils reprirent leur respiration. Leur température revenait à la normale, tout comme les battements de leur cœur. Draco avait la main posée sur le tatouage du papillon, il sentait son cœur battre sous sa main et trouvait cela incroyablement relaxant. Harry était vivant, sous ses doigts, sa vie battait sous sa pomme. Il était en vie. Il n'avait pas sauté du haut d'un immeuble. Il n'était pas devenu un papillon…
Lentement, Draco se redressa. Harry rouvrit les yeux et lui sourit, alors que Draco dégageait des mèches humides de son front, dévoilant une petite cicatrice en forme d'éclair, fine et bien dessinée. Il se pencha et posa ses lèvres sur la vieille blessure. Harry ferma les yeux, poussant un léger soupir. Il murmura quelques mots, trois mots légers que seul Draco pouvait entendre.
Les lèvres du blonds descendirent le long de sa tempe, se posèrent sur sa joue, effleurèrent sa bouche, puis descendit plus bas.
Beaucoup, beaucoup… beaucoup plus bas…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
