Disclaimer: Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!
Couple: Harry / Draco.
Evaluation: M (ENFIN! XD).
Salut les gens !
Lys : Kikou :-)
Alors déjà, je voudrais m'excuser pour ce retard : le lemon ne me plaisait pas, donc j'ai retardé la publication.
Lys : Résultat, elle ne l'a pas changé et elle a rajouté 10 pages…
XD Donc, voilà… J'ai aussi une annonce à faire. Je n'arrive à tenir en tapant un chapitre toutes les 2 semaines. Donc, je ne laisserai plus de message d'avertissement, mais pour ceux qui ne m'ont pas mise en « alert », regardez de temps en temps le dimanche. Cela dit, la fic n'est évidemment pas abandonnée et il y aura forcément une suite, au maximum tous les mois, mais j'essaierai de faire mieux.
Lys : Voili voilou… Sinon, concernant les dessins : merci à tous ceux qui nous ont fait des propositions ! Pour ceux qui n'ont pas de compte sur , laissez votre adresse mail, on ne peut pas vous répondre !
Mais tous ceux qui veulent faire un dessin sont évidemment les bienvenus ! Recevoir vos messages m'a fait super plaisir. Merci à tous ! Sinon, tous les styles de dessin me conviennent, je ne vais pas faire la difficile, non plus…
Lys : Tous les dessins recueillis iront sur le blog (http : // didi-gemini . skyrock . fr). Enfin, quand on aura le temps de le mettre à jour (sauf si certains refusent)… T.T Sinon, on espère que ce chapitre vous plaira, il est très long :p.
Bisous !
Bonne lecture !
Chapitre 22
Les rideaux n'étaient pas fermés. Ce fut la première pensée qu'il eue, les yeux à peine ouverts et l'esprit embrouillé par le sommeil qui se dissipait peu à peu. La lumière entrait tranquillement dans la chambre, froide et grisâtre. Draco entendit vaguement le bruit de la pluie contre le carreau, les gouttes d'eau tambourinant doucement contre la vitre.
Le sommeil venait de le quitter, et pour une fois, Draco avait du mal à dissiper ses brumes. Malgré la lumière du soleil qui le gênait, il referma les yeux. Draco était comme dans un cocon de chaleur, rassuré et bien à sa place. Il sentait le corps alangui de Harry à demi-allongé sur lui, sa tête sur son épaule et sa main sur son torse. Il sentait son souffle contre son cou et la chaleur de son être se mêlait à la sienne.
Draco Malfoy n'avait jamais éprouvé un tel sentiment de bien-être le matin.
OoO
Les rideaux n'étaient pas fermés. Ce fut la première pensée qu'il eue, les yeux à peine ouverts et l'esprit embrouillé par le sommeil qui se dissipait peu à peu. La lumière entrait tranquillement dans la chambre, froide et grisâtre. Harry entendit vaguement le bruit de la pluie contre le carreau, les gouttes d'eau tambourinant doucement contre la vitre.
Le tatoueur referma les yeux. Il n'avait pas envie de se réveiller, même s'il sentait le sommeil le quitter peu à peu, les bras de Morphée s'écartant de lui au fil des minutes. Il ne lui restait plus que ceux de Draco qui l'enserraient, un bras posé mollement sur ses épaules et autre plus possessif autour de sa taille. Harry ressentit comme une bouffée de chaleur et il enfouit son nez dans le cou de son amant, tout en prenant conscience peu à peu de leur position.
Lui sur Draco, leurs jambes emmêlées, leurs corps étroitement enlacés. Tous deux nus, sous les draps, sous l'épaisse couette sur laquelle ils avaient roulé de nombreuses fois avant que le sommeil ne vienne les prendre, calmant leurs ardeurs, pour les emmener dans le pays des songes.
Soudain, la main de Draco quitta son épaule, effleurant sa peau, pour caresser paresseusement ses cheveux sombres parsemés de mèches écarlates. Harry soupira, un léger frissonnant parcourut son échine, et il ouvrit enfin les yeux. Pas beaucoup, juste assez pour que la lumière ne soit pas qu'une trace orangée derrière ses paupières mais un éclat qui caressait le papier peint collé aux murs, les draps ou encore l'épaule pâle et arrondie de Draco.
Harry referma les yeux un court instant. Il bougea légèrement la tête et posa ses lèvres sur le cou nu de son petit ami, embrassant délicatement la peau pâle. Il entendit Draco pousser un léger soupir. Alors, Harry ouvrit les yeux et ses yeux vert émeraude rencontrèrent les prunelles ténébreuses de son amant, cerclées d'un bleu argenté. Il ne put retenir ses paupières de se baisser à nouveau quand le blond se pencha vers lui pour déposer un léger baiser sur ses lèvres pulpeuses, qu'il avait tant de fois maltraitées la nuit précédente.
Ils étaient sur le petit nuage, sur ce lit qui avaient vu tant de choses la nuit dernière, éclairés par la lumière froide du soleil qui passait par la vitre, et aussi la lampe de chevet toujours allumée, qui avait veillée sur eux toute la nuit de son regard doré.
OoO
« Tu as envie de faire quelque chose, aujourd'hui ?
- Non, pas spécialement. A part passer au cimetière.
- On ira cet après-midi, ça te va ? »
Harry hocha la tête tout en essuyant un verre qu'il venait de rincer avec un torchon. Draco ne parvenait pas à le quitter des yeux. À chaque fois qu'il tentait de détourner le regard, il ne pouvait résister à la tentation et il redessinait des yeux le profil de Harry. Il ne portait qu'un pantalon de pyjama, comme à son habitude, n'ayant pas jugé utile de mettre un haut. Il était dos à lui et Draco pouvait admirer à loisir les ailes d'anges qui s'étiraient sur toute la longueur de son dos, partant de ses omoplates jusqu'au creux de ses reins.
Harry était un ange. Un ange aux cheveux noirs et ébouriffés qu'il avait possédé par trois fois la nuit précédente, de façon tendre, amoureuse, passionnée et rude à la fois. Il l'avait aimé comme il n'avait jamais chéri qui que ce soit, il l'avait embrassé comme s'il s'agissait de la dernière chose qui lui était permis de faire. Il avait fait l'amour avec cet homme comme jamais personne ne pourrait jamais le faire.
Harry se retourna, deux verres dans ses mains, et il leva les yeux en ciel en avisant le regard lubrique que Draco avait posé sur lui. Le blond lui jeta un regard innocent, ne semblant pas comprendre sa réaction, mais Harry posa les verres et lui montra son derrière, l'air de dire : « ça fait un mal de chien alors n'espère pas trop… ». Draco éclata de rire, franchement, tandis que son amour faisait une moue vexée. Mine de rien, c'était épuisant et douloureux comme manège ! Agréable, mais lourd de conséquences le lendemain matin… D'ailleurs, il se promit d'essayer d'échanger les rôles avec Draco un jour ou l'autre, il ne voulait pas être le seul à marcher comme un canard le matin…
Cependant, il ne pouvait pas nier avoir aimé cette nuit. Il avait eu mal, et il avait encore mal ce matin, mais le plaisir qui avait irradié son corps valait bien ces maigres sacrifices. Il ne savait pas que faire l'amour était quelque chose d'aussi plaisant, surtout pour celui qui était en-dessous. Rien de penser à la nuit dernière, Harry avait des frissons dans tout le corps. D'ailleurs, il n'aurait pas recommencé deux fois de plus si cela avait été trop douloureux. Il s'était habitué à cette sensation d'écartèlement, et il avait aimé plus qu'il ne pourrait l'avouer de sentir Draco en lui…
Et il en était de même pour Draco : cette nuit n'avait pas été seulement appréciée par Harry, mais bien par lui. Environ huit ou neuf mois sans faire l'amour, ou un peu moins, il ne savait même plus, et cette nuit, ce manque de sexe s'était fait sentir. Il pensait ne faire l'amour à Harry qu'une seule fois, mais le besoin d'assouvir ce manque était trop fort et il avait tellement aimé posséder Harry qu'il l'avait pris jusqu'à l'épuisement.
De plus, il n'avait jamais fait l'amour sans capote. C'était quelque chose à laquelle il s'était toujours tenu, avec les filles pour éviter de les mettre enceinte, même quand elles prenaient la pilule, ou les hommes pour éviter les maladies. Draco n'était jamais certain de rester longtemps avec son ou sa partenaire, donc il se protégeait toujours par prudence. Et c'était la première fois qu'il couchait avec quelqu'un sans en mettre une.
Et il avait apprécié. Il ressentait réellement les chairs autour de son sexe, il n'y avait aucune barrière entre lui et Harry. Ils n'avaient fait qu'un… Cela ajouté au fait que c'était Harry qui était sous lui, qui gémissait qui répondait avec ardeur à ses baisers, l'accueillant en lui comme si là était sa place, Draco n'avait pu se retenir. Au matin, il avait même rougi de honte quand Harry s'était un peu déplacé sur lui et qu'il avait grimacé : son arrière-train en avait vu, la nuit dernière… Draco se laissait rarement aller à ce genre d'étreinte, il ne le faisait quasiment jamais plus d'une fois avec son ou sa partenaire. Harry était une fois de plus une exception… Et Harry avait éclaté de rire en voyant les joues écarlates de son amant, ça lui rappelait la première fois qu'il lui avait fait une fellation dans la salle de bain…
« Bref, parlons d'autre chose.
- On ne parlait de rien.
- Tu y penses tellement fort, Draco, que je l'entends. »
Draco lui adressa un sourire empli de sous-entendus et un regard brillant de désir. Il s'attendit à voir Harry rougir, mais ce dernier poussa un soupir faussement exaspéré, souriant malgré tout, ses bras croisés sur son torse. Galamment, Draco prit sa main et en embrassa le dos, ses yeux rivés sur le visage de son petit ami dont les joues, cette fois-ci, rougirent.
« Arrête un peu avec ton manège de séduction… Tu as eu ce que tu voulais.
- Ce n'est pas pour autant que je n'ai plus envie de te faire l'amour. »
Il vit le regard de Harry se troubler un court instant, avant qu'il ne dégage doucement sa main pour retourner à ses casseroles. Draco fronça légèrement les sourcils, un peu étonné : Harry doutait-il de son amour ? Peut-être pensait-il effectivement que Draco se lasserait de lui une fois l'acte passé ? Le blond poussa un léger soupir en se disant que cette idée l'avait lui-même effleuré : il avait tellement désiré cette nuit qu'il avait eu peur un court instant être déçu ou tout simplement contenté. Mais il éprouvait encore de l'envie pour Harry et il ne se rappelait pas avoir autant craint que cette bulle où tous deux vivaient éclate…
Harry prit la casserole et déposa des pommes de terre dans leurs assiettes, puis leurs steaks hachés. Ils s'étaient levés assez tard et le mauvais temps ne les avait pas aidés à émerger. En fait, ils furent debout à dix heures et demie. Ils avaient tellement faim, n'ayant rien mangé la veille, que Harry décida de sauter le petit-déjeuner et de cuisiner leur repas du midi, sans trop se casser la tête non plus. Ils étaient en vacances et Harry n'avait pas du tout envie de faire des merveilles, il voulait juste manger. Comme on dit, l'exercice, ça creuse…
« J'y pensais, dit soudain Draco alors que Harry s'asseyait en face de lui. Tu ne veux pas qu'on aille voir Luna ?
- Oui, pourquoi pas ? Elle n'habite pas très loin d'ici. Il y a Regulus, aussi…
- Tu crois que Sirius l'a prévenu de son séjour ? »
Tranquillement, ils établirent des plans, prévoyant de faire telle ou telle chose, plus ou moins importante, plus ou moins urgente, et cela tout en mangeant. Ils ne se préoccupaient pas les aiguilles qui tournaient lentement autour du cadran ou de la pluie qui avait cessé de tomber. Au bout d'un moment, sans prévenir, Harry se leva de sa chaise et fit le tour de la table avant de s'asseoir à califourchon sur les genoux de Draco. Ce dernier, d'abord surpris, posa ses mains sur les hanches de son petit ami qui enserra son cou de ses bras avant de l'embrasser de façon langoureuse et sensuelle. S'il ne lui avait pas déjà fait l'amour la veille, Draco aurait bien recommencé : son torse musclé et nu était une invitation à la débauche… Mais le blond sut se contenir en se disant qu'il en avait déjà assez fait la veille.
Ils se câlinèrent ainsi pendant de longues minutes, sans ambigüité, même si Harry avait tendance à être un peu allumeur sans vraiment le vouloir. Il avait juste envie d'embrasser Draco et d'être contre lui, cette nuit magique lui ayant laissé des souvenirs impérissables. Il n'aurait jamais pensé avoir assez de force ou de courage pour aller aussi loin avec Draco, mais tous deux étaient animés du même désir, les choses s'étaient faites naturellement…
Il fallut que le téléphone portable de Draco sonne pour qu'ils émergent. Ils se séparèrent difficilement puis allèrent dans la chambre, Draco se demandant bien qui pouvait l'appeler. Harry s'assit sur le lit et prit le portable posé sur la table de chevet. Il répondit en mettant les haut-parleurs.
« Allô ?
- Ryry, c'est moi ! »
Harry eut un sourire en entendant la voix de sa tante, toute heureuse de l'avoir au téléphone. Elle lui demanda s'il allait bien et dans quel état était l'appartement. Alors qu'il lui répondait, Draco lui fit signe qu'il allait dans la cuisine. Harry se leva alors et poussa un petit cri de douleur.
« Ryry, ça va pas ?
- Rien, j'ai juste… Non rien !
- Laisse-moi deviner, t'es plus puceau. »
Draco éclata soudain de rire alors que Harry, écarlate, le foudroyait du regard. Isaline se mit à ricaner dans le combiné du téléphone.
« Je vois pas pourquoi tu dis ça.
- Disons que j'entends une baleine qui rigole…
- Tu sais ce qu'elle te dit, la baleine ?!
- Moi aussi je t'aime, beau blond ! Bref. T'es devenu un homme, mon bébé !!
- Tata, j'ai vraiment pas envie de parler de ça… Soupira Harry, qui s'était rassis sur le lit, en regardant Draco se marrer dans son coin.
- Okay, mon cœur. En tout cas, j'ai gagné mon pari. »
Un ange passa.
« Pari ?
- Bah ouais. On a tous parié : allez-vous le faire le premier soir ou dans la semaine ? Bah moi, j'ai gagné. »
Isaline entendit son neveu éclater soudainement de rire alors que son petit ami poussait un cri de rage, hurlant au scandale. Elle se dit qu'ils avaient dû mettre des hauts parleurs. Il lui sembla que Harry avait cédé le portable à Draco car elle entendit sa voix plus distinctement et les rires de Harry étaient plutôt en arrière-fond.
« Comment ça, vous avez parié ?! Ça ne vous regarde pas !!
- Pour ma défense, c'est Cho qui a lancé les hostilités, répliqua Isaline en se rappelant de ce fameux jour. C'était quand vous êtes allés promener Liloute, avant d'aller au cinéma. Ron était enchanté par ces paris, d'ailleurs…
- Et qu'est-ce qu'on gagnait à parier ? Demanda Harry.
- Bah les perdants paient le resto' aux gagnants. Remus était sans avis, mais il paie aussi.
- Et qui a voté quoi ?
- Je croyais que t'étais énervé, Dray ?
- Je veux savoir ! Avoue !
- Alors… Fit Isaline, l'air de réfléchir. Moi, j'étais persuadée que Harry passerait à la casserole le soir-même.
- On avait compris… Soupira Draco. D'un air exaspéré. Et Blaise, il en pensait quoi ?
- Pareil, parce que, je cite, « ça fait trop longtemps qu'il a pas baisé » ! »
Elle entendit Draco grogner après cet ami de la poésie alors que Harry ricanait. Il avait eu la veille la preuve que Draco était frustré sexuellement…
« Sinon… Heu… Sirius était sûr que vous ne le feriez pas. Apparemment, il est persuadé que tu étais encore chaste et pur, mon Ryry. J'ai préféré garder pour moi l'épisode de la salle de bain…
- Sirius pense vraiment que Harry est aussi pur qu'un gosse ?
- Peut-être pas, mais bon… Bref. Severus, au contraire, était sûr que vous le feriez, il a même pas hésité.
- Ça ne m'étonne pas… Fit Harry. Attends ! Même lui s'y est mis ?!
- Bah voui. Sirius en revenait pas qu'il parie ça. Il te tient vraiment en grande estime… Ensuite, Nymph' et Hermione étaient sûres que vous ne le feriez pas, le premier soir, voire même pas du tout, et Millicent aussi il me semble. Qu'est-ce qu'il reste… Ah oui, Théo ! Bah lui, c'est tu le fais…
- Ça ne m'étonne pas du tout… Pour lui, tous les gays sont des obsédés…
- J'allais le dire ! Ron pensait pareil. Cho aussi. J'ai oublié personne… Ah si, Luna !
- Elle aussi ?! S'écrièrent les deux amoureux.
- Ron l'a appelée. Elle a parié que vous le feriez le premier soir. Ah cette Luna…
- Vous n'êtes que des salauds…
- Dray ! Pas de gros mots !
- Je ne suis pas chez toi, je peux me permettre.
- Sale gosse… Roooh, ça va faire un choc à Sirius !
- Tata, tu pourrais pas garder ça pour toi, s'il te plait ? Lui demanda Harry avait espoir.
- Je vais juste le dire à Sirius, histoire de le traumatiser. Promis, je prends une photo ! »
Draco poussa un soupir à fendre l'âme : Isaline s'amusait comme une folle. Même pas gênée quant au fait que son neveu, presque son fils, ait fait l'amour avec un homme. Surtout qu'elle se doutait très bien qu'il serait en-dessous. Le fait qu'on s'était amusé à leurs dépens énervait Draco, et en même temps, il ne pouvait s'empêcher de se sentir amusé : ce n'était pas bien méchant, dans le fond. Et il comptait bien se faire rembourser auprès de Blaise, Hermione et Millicent pour avoir osé jouer à ce pari stupide…
Harry ne tarda pas à raccrocher, gloussant encore. Lui, par contre, était clairement amusé par la situation. Bon, ça avait quelque chose de gênant, mais en même temps, il était évident qu'ils n'allaient pas jouer au scrabble tous les soirs alors qu'ils étaient seuls dans un appartement, loin de Paris. Après tout, ils sortaient ensemble depuis quatre mois.
« Même Luna a voté… Nan mais je te jure…
- Arrête de bougonner, Draco. On n'allait pas rester chastes indéfiniment.
- Je te signale que c'est toi qui voulais prendre ton temps. »
Harry se leva et gémit en posant une main sur le bas de son dos. Draco fronça les sourcils en voyant qu'il avait encore mal. En même temps, il n'y était pas allé tout en douceur, la veille, et c'était une zone sensible chez les hommes. Il allait lui demander s'il ne préférait pas rester à la maison, finalement, mais Harry passa sa main dans ses cheveux et les ébouriffa.
« Tu viens ? On étend le linge et après on se prépare. »
Draco acquiesça d'un hochement de tête et le suivit dans la cuisine, où se trouvait la machine à laver. Harry en sortit une housse de couette humide qu'il tendit à Draco. Ils étendirent le drap et leurs vêtements de la veille sur le balcon, fermé par une baie vitrée. Pour des raisons évidentes, à savoir les évènements de la veille, ils ne pouvaient laisser la housse autour de la couette, et Harry préférait laver les draps. Draco le laissait faire. S'il savait se gérer tout seul, il avait déjà plus de mal avec les tâches ménagères, donc autant laisser Harry diriger le navire de ce côté-là…
OoO
Il avait plu toute la matinée et, même si les nuages avaient cessé de pleurer, ils demeuraient au-dessus de Londres, gris, froids et ternes. Un peu comme s'ils essayaient d'assombrir cette journée. Un peu comme s'ils voulaient dire à Harry de s'en aller, qu'il n'était pas le bienvenu ici.
Pourtant, cela ne l'avait pas empêché de sortir de l'appartement. Draco lui tenait légèrement la main, comme à son habitude, et malgré le temps froid, humide et gris, Harry se sentait bien, en paix avec lui-même. Marcher sur les trottoirs mouillés de Londres, entendre les gens parler sa langue maternelle, cela le plongeait dans une étrange sensation de flottement, d'irréel, comme si tout cela n'était qu'un songe. Pourtant, la main gelée de Draco était bien dans la sienne, le vent soufflait bien dans ses cheveux, et c'était bien les grilles du cimetière qu'il apercevait, là-bas.
Avant d'entrer, ils allèrent dans une boutique de fleurs pour acheter quelques plantes, afin de décorer la tombe de ses parents. Draco haussa un sourcil quand Harry demanda quelques lys blancs, une fleure plutôt incongrue et hors saison.
« Elles ne supporteront pas le froid, elles vont vite faner.
- Tu sais ce que veut dire « Lily », en français ?
- Non, pourquoi ?
- Ça veut dire « lys ». Maman et Papa adoraient ces fleurs, il parait. »
Draco baissa alors les yeux et ne fit aucun autre commentaire. Il paya les fleurs, laissant Harry acheter ses quelques lys blancs.
Tant pis s'ils fanaient. Tant pis si les fleurs ne duraient pas plus de quelques jours. Au moins, Maman et Papa sauront que je pense à eux, que je les aime. Surtout Maman. Elle saura que je ne lui fais pas d'infidélité, qu'elle restera toujours dans mon cœur. C'est comme un baiser que je leur envoie, de là où je suis, à là où ils sont.
L'un près de l'autre, ils marchèrent tranquillement en direction du cimetière. Il était assez grand, de longues avenues bordées de pierres tombales plus ou moins en bon état, plus ou moins fleuries s'étendaient à l'infinie. Le vent soufflait allègrement dans cet endroit où flottait un sentiment étrange, entre le malaise et la tristesse, entre l'inconfort et la mort. Draco n'avait jamais été à l'aise dans ces lieux, il n'y mettait d'ailleurs jamais les pieds. Mais aujourd'hui était différent, il ne venait pas pour accompagner ses parents. Il venait avec Harry, pour rencontrer ses beaux-parents.
Soudain, Harry s'arrêta. Il sembla hésiter, puis il marcha sur la gauche, suivi par Draco. Il regardait les tombes, alignées les unes à côté des autres. Puis, il s'arrêta devant l'une d'elle. Draco en lut les noms puis fronça les sourcils, avant que Harry ne lui précise qu'il s'agissait de la tombe de ses grands-parents. Harry déposa un pot de fleurs qu'il avait dans ses bras sur la tombe, simple et d'un marbre grisâtre. Une tombe toute simple qui passait inaperçue parmi toutes les autres. Harry ferma les yeux un court instant, un peu comme s'il adressait une prière pour ses grands-parents décédés depuis des années. Puis, il repartit, longeant les couloirs, marchant vers le fond du cimetière. Draco le suivait toujours, en silence.
Au bout de quelques minutes, Harry s'arrêta. Draco n'eut pas à baisser les yeux pour lire le nom des défunts. La pierre tombale au sol était en marbre noir, et une stèle dévoilait le nom des corps qu'elle protégeait.
James et Lily Potter.
Dessous, était inscrit un message poétique : L'amour est la seule chose qu'on emporte avec soi. Draco saurait plus tard que c'était une citation que Lily Potter aimait beaucoup et répétait à chaque fois qu'on lui parlait d'argent. Et sur le côté, il y avait une vieille photo un peu jaunie et protégée par du verre. Elle montrait le couple, âgé d'une vingtaine d'année, lors de leur mariage. Mrs Potter portait une robe blanche avec de la dentelles et des perles, ses cheveux roux relevés en un chignon simple et élégant. Et, près d'elle, se trouvait son époux, Mr Potter, dans un costume sombre en accord avec ses cheveux noirs ébouriffés.
James et Lily Potter.
Draco baissa les yeux et vit des petits tableaux sur la pierre, avec des messages d'amour. Des pots de fleurs, aussi, des jolis vases où se trouvaient des plantes plus ou moins fanées, n'ayant pas survécu aux intempéries. Et des plaques funéraires, aussi. Quelques unes.
A mon frère, que j'aimerai éternellement.
A mon ami, que je n'oublierai jamais.
A ma sœur, qui restera toujours dans mon cœur.
A mes amis, qui me manquent.
A cette maman, qui est partie trop vite.
A Papa et Maman, que j'aimerai toujours.
Draco avait les yeux posés sur cette dernière plaque, en marbre clair. Il pouvait presque imaginer Harry, à peine âgé de dix ans, la poser sur cette pierre tombale, ses yeux brillants de larmes contenues. Il lut les autres, laissées sans doute par Sirius, Remus et Isaline.
Harry ne lava pas la tombe, la pluie du matin s'en était occupée pour lui. Et alors qu'il remplissait un vase d'eau, il se dit que, peut-être, les nuages n'étaient pas gris parce qu'ils ne voulaient pas de lui à Londres, mais plutôt pour partager sa peine. La pluie avait nettoyé la tombe pour lui, le vent se calmait et les nuages lui semblaient moins sombres.
Bienvenu à la maison, Harry Potter…
Quand il revint avec le vase plein, Draco lui tendit ses lys et ses roses rouges, qui ne tiendraient sans doute pas plus de quelques jours. Mais ces fleurs, les unes blanches aux pétales écartés pour dévoiler les pistils bruns, et les autres d'un rouge vif, leurs pétales échancrées et à peine déployées… leurs couleurs tranchaient l'une contre l'autre, mais cela avait quelque chose de vivant. Un peu de couleur, de vie, dans cet endroit dédié aux morts, à leur repos éternel.
Une fois sa tâche accomplie, Harry passa un bras autour de la taille de Draco, se réfugiant près de lui, et le blond lui enserra les épaules d'un bras. Harry avait la gorge nouée et les larmes au bord des yeux.
Quatre ans qu'il n'était pas venu ici. Quatre ans qu'il n'avait pas mis les pieds dans ce cimetière, qu'il n'avait pas mis de fleurs sur la tombe de ses parents. Quatre ans qu'il n'avait pas regardé leurs visages un peu jaunis sur cette vieille photo, qu'il n'avait pas lu ces quelques mots gravés et dorés dans le marbre, ou de métal couleur bronze sur les plaques funéraires.
Quatre ans qu'il n'avait pas embrassé des yeux ses parents, qu'il n'avait pas fermé les yeux devant eux en leur disant qu'il les aimait plus qu'il ne pourrait le dire. Quatre ans qu'il n'était pas venu leur rendre visite.
Un remord étrange et incontrôlable le prenait à la gorge. Harry respirait lentement, comme pour se calmer, en se rendant compte une fois de plus ce que son amour pour Cédric avait fait de lui. Ce que toute cette histoire l'avait empêché de faire.
Ces devoirs qu'il n'avait pu accomplir, ces envies réprimées par une peur aussi ridicule qu'infondée. Toutes ces années loin d'ici, à penser à ce qu'il aurait dû faire sans jamais en être capable.
Quatre ans qu'il n'était pas venu fleurir la tombe de ses parents…
Harry se sentit attiré contre Draco qui l'enlaça tendrement. Quelques larmes coulèrent sur ses joues. Il n'arrivait pas à se contrôler, comme la nuit dernière. Il n'y arrivait pas. Et, à nouveau, c'était Draco qui le rassurait, le prenant dans ses bras. L'embrassant doucement dans ses cheveux. Son souffle contre son oreille. Ses bras autour de lui…
« Ça va ?
- Oui. Un peu émotif, c'est tout.
- C'est normal. »
Harry leva les yeux vers Draco qui lui fit un sourire en coin. Un peu moqueur. Mais tendre. Taquin. Et Harry se surprit à son sourire aussi, sa tête contre son épaule, ses bras autour de sa taille. Le jeune homme finit par se séparer de Draco et regarda intensément la tombe, avant de lever les yeux vers Draco et déposer un léger baiser sur ses lèvres. Le blond devint alors écarlate et voulut protester : ce n'est pas un endroit pour faire ce genre de choses ! Mais Harry se baissait déjà, attrapant une rose blanche qu'il avait laissée en équilibre contre la pierre tombale, puis il lui prit la main.
« On va poser cette rose sur la tombe du papa de Tata, et puis on rentre. »
Draco soupira et le suivit, longeant l'allée à ses côtés, d'un pas lent et tranquille, les graviers crissant sous leurs pieds.
Et soudain, Draco eut comme une sensation bizarre. Comme un manque. Il fronça les sourcils et, prit par un étrange instinct, il regarda derrière lui. Et ses yeux s'arrondirent de stupeur.
C'était peut-être un rêve. C'en était un, certainement, ou alors ses yeux lui jouaient un tour. Mais l'espace de quelques secondes, il lui sembla voir les formes floues d'un homme et d'une femme. Un homme en costume noir avec des cheveux de jais ébouriffés, et une femme rousse portant une longue robe blanche.
Ils souriaient. Tous les deux. Enlacés. Ils lui lançaient un regard tendre, la main levée. Comme un salut. Ou un au revoir.
Prends soin de lui.
« Dray ? »
Le blond sembla se réveillé et il baissa les yeux vers Harry. Celui-ci l'interrogea du regard et se retourna : il n'y avait rien.
« Ça ne va pas ? T'es tout pâle. Déjà que ton visage est pas très coloré d'habitude…
- Ça va. Ne t'inquiète pas. »
Harry haussa les épaules et continua d'avancer, alors que Draco jetait un dernier regard en arrière, en se demandant s'il avait rêvé. Mais un léger sourire ornait ses lèvres. Il resserra sa prise sur la main froide de Harry.
Je prendrai soin de lui.
OoO
Le portable émit un petit bruit. Severus haussa un sourcil, déconcentré dans sa lecture. Il n'avait pas du tout envie de se lever de son confortable canapé, surtout que ce n'était pas son téléphone.
« Sirius !
- Quoi ??
- Ton portable ! »
Severus remit le nez dans son livre alors que son amant se précipitait dans le salon. Il sauta sur son portable et jeta un regard agacé à son compagnon : c'était juste un SMS ! Lui, il croyait que quelqu'un l'appelait…
Bref. L'écrivain leva le clapet de son téléphone portable et ouvrit sa messagerie. C'était Isaline qui lui envoyait le texto. Il le lut.
« Harry est passé à la cocotte-minute. »
Son visage pâlit.
Et il poussa un cri d'horreur qui fit violement sursauter son amant.
« Qu'est-ce qui t'arrive ?! Sirius !!
- Isaline, espèce de connasse !! »
Severus soupira : il ne voulait même pas savoir ce que la tatoueuse lui avait dit. Mais il devait avouer que la mine de chien enragé de son amant avait quelque chose d'effrayant…
OoO
Allongée sur son lit, Luna poussa un soupir à fendre l'âme. Elle s'ennuyait. Cela lui arrivait rarement, pourtant. Mais aujourd'hui, tout l'ennuyait.
D'abord, elle avait travaillé, passant quelques heures dans son école, puis d'autres à la maison d'édition où son patron se faisait un malin plaisir à la faire courir partout, et Luna se pliait à ses désirs assez loufoques. Du moins pour elle, car elle ne voyait pas l'utilité de boire du café vingt fois par jour, de faire autant de photocopies ou encore de lui faire refaire dix fois le même article. Enfin, en soi, ce n'était pas une mauvaise chose, car elle s'était sans doute mal exprimé, mais après lui avoir montré trois fois son article en question en ayant changé en tout et pour tout une seule phrase et qu'il l'ait, au final, accepté en lui disant que c'était bien mieux, il y avait de quoi s'étonner…
Enfin bref. Elle était ensuite rentrée chez elle et avait rencontré son père. Oui, rencontré. Car ça faisait des mois qu'elle ne voyait plus son père, elle le rencontrait. Il passait tellement peu de temps à la maison que c'était toujours une surprise de le voir là et elle l'invitait même à dîner quand il en avait le temps. Luna n'avait jamais cherché à savoir ce qu'il faisait de ses journées, hormis à s'occuper de la rédaction de son journal, Le Chicaneur. Ce n'est pas que cela ne l'intéressait pas, mais elle ne voyait plus l'intérêt de lui poser des questions, en sachant qu'il ne lui répondrait pas. Enfin, il lui donnerait de réponses évasives qui, dans le fond, ne signifiaient rien.
Enfin bref. Elle avait donc rencontré son père qui était parti tout de suite après en prétextant une affaire urgente. Son papa avait toujours des affaires urgentes, et tandis qu'il enfilait ses chaussures, Luna avait fait quelques pronostics, en se demandant quand le reverrait-elle la prochaine fois. Puis, elle était allée dans sa chambre pour lire un peu.
C'était une tout petite chambre, dans un tout petit appartement. Les murs étaient peints en bleus et des cadres y étaient accrochés, avec diverses photos, et d'autres cadres étaient posés sur ses étagères ou sur son bureau encombré. Il y avait sa maman, décédée quand elle était petite, Luna et son papa quand elle avait une quinzaine d'année, elle et Harry quand elle venait d'avoir son diplôme de fin d'études, et puis Isaline et Sirius, et Nymph' avec son mari et son fils. Et une petite photo avec Ron, Théo, Cho, Olivier… Luna aimait bien les photos, et même si elle ne voyait pas souvent les gens qui s'y trouvaient, cela lui apportait un étrange sentiment de bien-être de les avoir sur son mur. Récemment, elle avait mis une photo sur son étagère qui montrait Harry et Draco, à la fête du Nouvel An. Et puis, dans son portefeuille, il y en avait une petite de Blaise qu'elle avait imprimée et découpée.
Elle n'avait pas vraiment compris pourquoi elle avait fait ça. Ce n'était pas son genre. Et elle le savait. Mais quelque chose en elle avait guidé ses mains et la photo s'était rapidement retrouvée derrière sa carte de crédit. Sûrement les nargoles… il n'y avait qu'eux pour faire des trucs pareils… c'était vicieux, ces choses-là… mais cela ne l'avait pas empêchée de laisser la photo là où elle était.
Depuis qu'elle était revenue à Londres, Luna parlait beaucoup avec Blaise, la plupart du temps sur MSN, et, récemment, il s'était mis à l'appeler chez elle. Elle avait beau lui dire qu'il payait très cher à l'appeler ainsi à l'étranger, cela ne l'empêchait pas de prendre de ses nouvelles de vive voix de temps en temps. Ce qui, dans le fond, ravissait Luna. Jamais personne ne l'appelait, hormis Harry, parfois Ron ou même Cho. Et entendre la voix de Blaise lui faisait toujours plaisir. Et malgré elle, un espoir stupide la faisait rougir : peut-être que Blaise était attiré par elle, en fin de compte. Mais ce n'était que des hypothèses et elle en doutait vraiment.
Qui pourrait s'intéresser à elle ? Petite Luna sans forme ni saveur, avec ses cheveux mal coiffés, ses yeux globuleux et ses vêtements mal accordés ?
Certainement pas lui. Blaise était beau, deux ans plus âgé, étudiant en médecine et futur docteur. Il pouvait sortir avec n'importe quelle fille, plus belle et plus intelligente qu'elle.
Soudain, on sonna. Luna sortit de ses pensées et elle se demanda qui pouvait bien venir chez elle à une heure pareille. On sonna une nouvelle fois. Et encore une.
Et ses yeux s'illuminèrent. Il n'y avait qu'une personne qui sonnait trois fois de suite. Elle n'en connaissait qu'une. Luna se leva de son lit, courut dans le couloir et ouvrit la porte sans même regarder dans l'œillère. Et un immense sourire éclaira son visage quand elle vit Harry juste devant elle. Ses bras s'écartèrent et elle lui sauta au cou, alors qu'il la serrait dans ses bras, fort, tendrement, presque avec amour.
Il était revenu. Il était revenu à Londres…
OoO
« Niark Niark Niark…
- Isaline ? Ça va bien ?
- Impec', ma chérie !
- On dirait que tu viens de faire un mauvais coup, là…
- Oh si peu… Sois gentille, Nymph', apporte-moi une chaussure.
- Pour quoi faire ?
- Mr Petit m'emmène dîner ce soir et il va pas tarder à arriver ! Tu promèneras Liloute et fermeras ma maison, hein ?
- Isaline, je peux savoir ce que tu mijotes ?
- Pas grand-chose. J'ai juste fait une blagounette à Sirius. Enfin, je lui ai dit quelque chose qui va sûrement l'énerver et j'ai pas envie d'être là quand il va rappliquer. Ah, ça sonne, Mr Petit est arrivé !
- Je la sens pas, cette histoire… »
OoO
Ils passèrent la soirée ensemble. Draco et Harry emmenèrent Luna dans un restaurant chic où elle n'aurait jamais mis les pieds si on ne l'y avait pas traînée. Le brun avait lancé un regard douteux à son amant quand le taxi les déposa devant un établissement réservé à une classe sociale plus élevée que la leur. Draco lui montra la carte de crédit de son père en lui glissant qu'il avait juste envie de s'amuser.
Sur le coup, il n'avait pas compris, mais quand ils entrèrent dans le restaurant, il ne mit pas longtemps à saisir. En effet, sur eux trois, seul Draco était bien habillé. Enfin, par rapport aux deux autres, il était même « classe ». Harry portait un vieux jean et un pull épais, et Luna semblait avoir choisi les vêtements les plus bizarres et les moins bien accordés de sa garde-robe. A son bras, et nullement gênée par le regard embarrassé ou snob des serveurs et des clients, Luna avança avec Draco dans le restaurant, suivis par un Harry plus qu'amusé.
Ils dînèrent tranquillement, prenant tout leur temps et sans jamais se soucier du regard des clients ou des serveurs qui passaient entre les tables. Luna était à son aise et commandait les choses les plus bizarres qui se trouvaient dans le menu. Harry tiqua en voyant le prix des plats et Draco lui dit : « c'est Papa qui paye, donc fais-toi plaisir ». Draco arborait rarement ce genre de discours, mais il avait bien envie de changer un peu ses habitudes, à savoir dîner dans un restaurant chic avec son homme et une espèce de sorcière blonde mal habillée.
En fait, pour être francs, ils s'amusèrent. Surtout Draco, d'ailleurs, même s'il tentait de le cacher. Lui, il était habitué à se faire cirer les pompes, mais ce n'était pas du tout le cas des deux convives. Il faillit éclater de rire quand un serveur proposa à Luna de lui servir un verre d'eau et qu'elle le regarda avec ses grands yeux abasourdis.
« Mais je sais me servir, je peux le faire toute seule. »
Ça lui rappelait Hermione, sauf que cette dernière avait carrément rembarré le serveur, ce qui avait entraîné l'hilarité de Blaise et de Millicent. Draco avait su se tenir… Donc il fut amusé en voyant Luna étonnée par les propositions des serveurs et, quand ils lui demandèrent si tout se passait bien, elle leur dit franchement que ce serait mieux si on les laissait tranquille. A ce moment-là, Harry ne put s'empêcher de rire. Mais lui-même n'était pas mieux loti, car il fallut que Draco choisissent lui-même son repas, comme lorsqu'ils avaient déjeuné à La durée.
Draco sentit la nervosité du serveur quand il lui apporta la note. Ils les avaient laissés entrer car Draco leur avait montré de façon plus ou moins subtile sa carte de crédit, mais y avait-il vraiment de l'argent dessus ou allaient-ils se barrer comme des voleurs ? Tous les serveurs regardaient cette table hors du temps qui ignorait les regards posés sur eux. Certains se demandaient pourquoi diable ce beau jeune homme blond, si bien habillé et aux bonnes manières, dînait avec une apprentie styliste et un voyou. Franchement, quelle idée ! Cette fille n'était même pas coiffée et ses habits juraient de façon presque impardonnable, et ce garçon portait des vêtements achetés dans une friperie et ses cheveux à moitié teints partaient dans tous les sens.
Et c'était sans doute ce qui amusait le plus Draco. Il aimait traduire les regards de travers et les chuchotements des autres clients, les pensées cachées derrière les masques d'hypocrisies des serveurs. Qu'est-ce qu'il faisait avec ces deux-là dans un restaurant pareil ? Qu'est-ce que ces deux-là faisaient avec lui dans un endroit pareil ?
Ils dînaient. Et ce foutaient de la gueule du monde. Sans raison, juste pour rire. Parce que personne ne pourrait deviner que les deux hommes assis à cette table étaient amants et qu'ils s'aimaient de façon sincère et passionnée. Parce que personne ne pourrait imaginer que cette fille était presque orpheline, qu'elle était douce et tendre, et diablement intelligente derrière ses airs farfelus.
Draco paya la note, aucun de ses deux invités ne voulut en connaître le montant. Puis, ils sortirent du restaurant, l'esprit léger. Ils hélèrent un taxi qui les ramena chez eux. Harry et Luna se séparèrent donc, mais il lui promit qu'ils se reverraient rapidement. Il l'embrassa avant que le taxi ne reparte, emportant le tatoueur et l'étudiant, les ramenant chez eux.
OoO
La pluie tambourinait contre la fenêtre. Il l'entendait frapper doucement et à un rythme régulier la vitre de verre, créant une mélodie étrange et mélancolique.
Pourtant, il se sentait bien. Le bruit des nuages gris déversant leurs larmes sur la ville le remplissait d'un sentiment de bien-être assez étrange mais agréable. Harry avait toujours les yeux fermés, et alors que son esprit s'éveillait peu à peu à la réalité du monde, il se concentrait sur ce qu'il ressentait et ce qu'il entendait.
A part le bruit le bruit de la pluie, il percevait aussi le bruit des voitures qui passaient dans la rue, le moteur vrombissant doucement, les roux éclaboussant les trottoirs en passant sur les flaques d'eau. Et tout autour de lui, il sentait un bras de Draco, nu, qui entourait sa taille. Sa tête était posée contre son épaule, Harry dormait à moitié sur lui, leur peau se touchant de part en part, leurs corps à peine recouverts par une couverture.
Harry ouvrit les yeux, lentement. La chambre était sombre, les rayons du soleil traversant difficilement les rideaux épais tirés sur la fenêtre. Le brun se redressa lentement, pour ne pas réveiller Draco, et pendant quelques minutes, il admira son visage.
Draco était tellement différent quand il dormait. Son visage perdait une certaine rigidité qu'il avait quand il était éveillé, ses traits se détendant dans le sommeil. C'était un ange, dessiné avec finesse : une bouche rosée et bien dessinée, un nez fin dont le trait se poursuivait vers ses yeux bleus à présent cachés par ses fines paupières, et de minces sourcils qui donnaient un accent à son regard tantôt froid, tantôt tendre. Un joli visage indéniablement masculin, encadré par des mèches d'un blond clair. Il devait avoir les cheveux presque blancs, quand il était enfant.
Le tatoueur se pencha vers lui et déposa un léger baiser sur les lèvres chaudes de Draco, puis il quitta le lit, aussi nu que le jour de sa naissance. Il prit son pantalon de pyjama qui traînait par terre et l'enfila rapidement avant de recouvrir Draco avec la couverture pour qu'il n'ait pas froid. Avant de quitter la chambre, il eut encore un regard pour le corps étendu sur le lit, pâle et fin, qui n'avait fait qu'un avec son propre corps la nuit dernière.
Harry poussa la porte et partit dans la cuisine préparer le petit-déjeuner. Il pleuvait toujours, dehors, et les nuages gris empêchaient le soleil d'atteindre les fenêtres de l'appartement, donnant aux pièces un aspect plus sombre, mélancolique. Mais Harry se sentait bien, il marchait pied nu dans l'appartement, déambulant dans les pièces avec une facilité déconcertante. Il était un peu comme dans un rêve.
Dans la cuisine aux tons bleus, Harry prépara le café, sortit de la brioche qu'il avait achetée la veille avec Draco, et d'autres choses pour leur petit-déjeuner. Et tandis qu'il sortait deux tasses du placard, son téléphone portable, laissé la veille sur la table, se mit à sonner. Harry l'attrapa et répondit, sans même regarder qui était à l'autre bout du fil.
« Allô ?
- C'est Olivier. Tu vas bien ? »
Tout en lui répondant, Harry regarda la pendule, s'étonnant qu'il l'appelle à une heure pareille. Harry le prévint qu'il était à Londres et qu'il risquait de payer bonbon la consommation, mais Olivier lui dit que ce n'était pas grave et qu'il était de toute façon déjà au courant, Cho l'avait prévenu.
« Que puis-je faire pour toi ?
- Pas grand-chose. Je voulais juste te dire quelque chose…
- Dis-moi, vas-y, l'encouragea Harry en l'entendant hésiter.
- Moi, et Marcus… y'a rien de vraiment concret, mais… »
Harry poussa un très léger soupir qu'Olivier ne put entendre. Il sentit une étrange sensation étreindre son cœur, un peu comme du soulagement.
Non, il n'aimait pas Marcus. Oui, il lui en voulait, pour tout un tas de raisons que tous deux connaissaient. Mais savoir qu'une relation était possible entre lui et Olivier avait quelque chose d'apaisant. Marcus ne serait plus le chien de Cédric, il ne se ferait plus manipuler par lui, il cesserait de protéger un homme qu'il n'intéressait pas, un homme qui lui faisait plus de mal que de bien. Un homme torturé qui n'avait pas besoin de lui, qui jouait avec ses sentiments pour ne pas être seul.
Marcus ne méritait pas ça. Il ne méritait pas qu'on se moque de lui, qu'on se joue de ses sentiments. Il n'était pas spécialement beau, il n'avait pas un métier spécialement bien payé. Il s'était déjà battu, il avait déjà tabassé des hommes. Marcus n'était pas un type reluisant de bonté et bourré de bonnes manières. Mais, dans le fond, ce n'était pas quelqu'un de mauvais. Juste de tourmenté. Comme Cédric. Un homme qui éprouvait des sentiments, malgré lui, et qui en avait assez qu'on le prenne pour un con parce qu'il espérait posséder quelque chose qu'il n'aurait pas, parce qu'il n'était pas assez beau ou assez intelligent pour convenir à Cédric.
« Bon, c'était pas facile, hein… On s'est pris la tête vendredi soir et même samedi… »
Mais il y avait quelque chose d'étrange, chez Marcus. Dans son regard. Comme s'il attendait quelque chose d'Olivier, comme s'il attendait qu'il fasse les premiers pas. Le sportif lui avoua que Marcus ne le toucha jamais de lui-même, pas même un effleurement. C'était comme s'il avait peur d'être rejeté, qu'on le prenne pour un idiot… Olivier dut lui crier qu'ils ne pourraient pas avancer ensemble s'il n'y mettait pas du sien, qu'il l'avait connu plus vivant, plus passionné. Qu'il était tombé amoureux d'un pauvre con qui pestait à tout va, et non pas d'un banquier avec un balai dans le cul.
Olivier s'énervait rarement. Et pas comme ça. Il n'insultait jamais, ou du moins pas clairement. Mais il l'avait fait, avec Marcus. Il l'avait tellement énervé que l'autre s'était jeté sur lui pour dévorer sa bouche avec toute la passion dont il était capable. Et Olivier se dévoilait à Harry, car il était le seul à qui il pouvait parler de ça. De la réserve de Marcus, de ses yeux noirs qui brillaient quand Olivier le touchait, de cette cigarette qu'il avait écrasée dans son cendrier sans en prendre une bouffée de plus à sa simple demande. Il était le seul à qui il pouvait parler de ce week-end qu'il avait passé avec Marcus, ces nuits simples où ils n'avaient fait que dormir, mais cela lui avait paru tellement intime…
Et Harry l'écoutait, un léger sourire sur les lèvres, alors qu'Olivier lui dévoilait son cœur. Il ne faisait jamais ça, mais à qui aurait-il pu parler de ça ? Ses amis ? Non, ils n'auraient pas compris, et de toute façon, ils n'approuvaient pas sa relation avec Marcus. Cho ? Elle ne l'avait pas connu. Enfin, si, mais… elle ne savait pas qui il était. Harry, si. Même si Marcus le détestait, il savait comment il était. Il savait que ce n'était pas quelqu'un de foncièrement méchant, et dans le fond, Olivier savait que Harry aurait voulu que Marcus s'éloigne de Cédric, pour son propre bien. Aussi… Harry sortait avec Draco. Avec un homme. Et c'était le seul homosexuel avec qui Olivier pouvait parler sans que leurs phrases ne prennent une autre connotation…
« Donc voilà… Je suis parti hier soir.
- Et vous allez vous revoir, alors ?
- Il m'a dit qu'il ne m'aimait pas. Pas comme moi je l'aimais. Mais il voulait essayer. Il m'a dit que j'étais le seul qui ne le prenait pas pour un con. »
Marcus, si sombre, posté près de lui alors qu'ils longeaient le quai. Son visage inexpressif, ses pensées perdues dans les nuages… Olivier s'était demandé si cet espoir qui avait fait battre son cœur était vain. Marcus avait été franc avec lui, le regardant droit dans les yeux. Il ne l'aimait pas. Mais il voulait essayer. Olivier le prenait tel qu'il était. Il avait quitté sa copine à sa demande, il était venu jusqu'ici pour tenter sa chance, et il était prêt à l'attendre encore un peu. Marcus ne voulait pas perdre ça…
« Cho, elle est pas super heureuse et ne veut pas qu'il mette les pieds chez nous. Mais bon, au moins, y'a plus de sous-vêtements sur le canapé et plus de poisson pané dans le congélateur. Mais il y a toujours des Taillefine…
- Elle est vicieuse, hein ?
- Et pas qu'un peu… »
Ils eurent un petit rire complice, et Olivier ne tarda pas à raccrocher. Dans le fond, il était soulagé : Harry était un ami, le perdre pour une question de sentiments lui aurait vraiment fait du mal, surtout que la haine qu'il aurait pu éprouver pour Marcus était tout à fait justifiée. Mais le tatoueur savait faire la part des choses, et lui non plus ne voulait pas perdre d'amis.
Alors Harry raccrocha le cœur léger en se disant que, malgré la pluie qui faisait comme un rideau devant sa fenêtre, c'était une belle journée…
OoO
Sa main glissa sur le côté, cherchant quelque chose : un corps, un drap chaud, une épaule ou une hanche. Mais ses doigts ne trouvèrent que le vide. Il ouvrit alors les yeux et se rendit à l'évidence : Harry n'était plus au lit.
Draco cligna des yeux, tentant d'y voir un peu plus clair dans cette chambre sombre. La lumière du soleil passait difficilement à travers les épais rideaux qui masquaient les fenêtres, se faufilant sur les côtés non dissimulées par le tissu bleu foncé. Un peu déçu d'être seul au lit, Draco repoussa la couverture et se baissa pour enfiler son pantalon de pyjama. Puis, il sortit de la chambre, à demi nu et les cheveux dans tous les sens.
Il écouta les bruits de l'apparemment, cherchant Harry de l'oreille et il l'entendit fredonner dans la cuisine. Tranquillement, Draco se rendit dans la petite pièce pâle en se demandant vaguement quelle heure il pouvait bien être. Le blond n'eut pas à pousser la porte de la cuisine qui était déjà ouverte, mais il fut comme paralysé par la vue qui s'offrait à lui.
Harry était dos à lui et son pantalon de pyjama tombait sur ses hanches, dévoilant ainsi tout son dos où se trouvaient deux ailes d'ange, blanches et aux multiples plumes qui ondulaient sur sa peau, partant du creux de ses omoplates jusqu'à ses reins avec grâce. Draco fut subjugué par cette vue et il eut la pensée fugace qu'il avait aimé cet ange avec passion et que cet éphèbe lui appartenait.
Et alors que ses yeux étaient posés sur le dos magnifique, Draco fut pris à la gorge par un sentiment intense d'amour qui s'empara peu à peu de tout son être. Dans la semi-pénombre de cette cuisine, les pieds nus sur le sol dallé et ce pantalon posé négligemment sur ses hanches, ses cheveux noirs, ébouriffés et parsemés de mèches pourpres… Harry était… lui, tout simplement. Aucun mot n'aurait pu qualifier ce qu'il était à cet instant précis, ni lui, ni les sentiments qui coulaient en Draco comme la plus douce des drogues.
Pouvait-on autant aimer un être vivant ? Un homme ? Une femme ? Pouvait-on éprouver autant de joie et de peur de voir l'être chéri là, sans savoir si cette passion qui animait son cœur durerait pour toujours ou finirait pas s'éteindre ?
Lentement, Draco s'avança dans la cuisine, ses pas glissant sur le carrelage du sol, et il enlaça la taille de Harry. Ce dernier sursauta et voulut se retourner, mais les bras du blond autour de sa taille étaient fermes et il le sentit enfouir son visage au creux de son épaule. Respirant son odeur. Sentant sa chaleur de son corps contre son torse. Harry poussa un léger soupir, de bien-être, tout en posant ses propres mains sur les bras croisés de Draco autour de sa taille, appuyant légèrement sa tête contre celle du blond.
Et, soudain, le blond lui murmura quelques mots à l'oreille.
« Je t'aime. »
Des mots qu'il ne disait jamais aux autres et qui prenaient toute leur importance à ce moment-là.
« Je ne veux pas que tu t'en ailles. Jamais. »
Et ces paroles prirent Harry à la gorge, nouée. Il prit une légère inspiration, ému et souffla qu'il ne le quitterait jamais. Qu'il l'aimait bien trop pour cela et que son cœur lui faisait mal rien qu'à penser à une séparation, qui ne viendrait jamais…
OoO
« Margaret ? Voulez-vous venir, s'il vous plait ? »
Quelques secondes plus tard, sa domestique apparut dans le salon. En ce jour froid d'hiver, elle avait troqué ses habituelles robes par un pantalon et un pull épais. Regulus n'avait fait aucun commentaire sur sa tenue alors que bien-aimée mère l'aurait renvoyée sur le champ. Sauf que Regulus appréciait beaucoup Margaret et il la préférait en pantalon que malade. Et ils étaient au vingt-et-unième siècle, que diable !
« Oui, Monsieur ?
- Dans combien de temps le repas sera-t-il prêt ?
- Dans une demi-heure.
- D'accord. Donnez-moi la télécommande du téléviseur, s'il vous plait. »
La domestique se pencha vers la table basse et prit la télécommande qu'elle tendit à son patron. Leurs doigts se frôlèrent légèrement, frémirent doucement. Regulus lui accorda un léger sourire diablement séduisant, ce qui fit rougir Margaret. Se reprenant, elle se redressa et quitta le salon à grandes enjambées. Regulus la regarda partir avec un léger sourire.
Margaret était une jolie femme, bien en chair et gracieuse. Certains la trouveraient ronde, d'autres un peu grassouillette. Les mauvaises langues la qualifieraient de grosse. Regulus la trouvait tout simplement adorable, il avait toujours eu un faible pour les femmes qui avaient des rondeurs. Enfin, il aimait quand il y avait quelque chose à toucher alors que les demoiselles prudes et maigres comme des aiguilles lui avaient toujours déplu. Et Margaret était tout à fait le style de femme qu'il affectionnait : quelques rondeurs, un visage chaleureux et des cheveux bruns ondulés.
Oh, Regulus n'allait pas essayer de la séduire, il ne faisait que la taquiner. Il aimait bien cette femme qui avait décidément une trop grande gueule au vue de son statut. Plus d'une fois, il aurait pu la virer, et elle le savait parfaitement, mais il aimait cette façon qu'elle avait de lui parler, sa franchise, sa moquerie mais aussi sa fidélité.
Pour avoir eu bon nombre de domestiques sous ses ordres, Regulus savait qu'il devait se méfier. Il y avait les femmes qui tentaient de le séduire, pour son argent évidemment, tout en pensant que son infirmité le rendrait plus sensible à leurs cajoleries. Il y avait celles qui le regardaient de haut ou qui le critiquaient derrière son dos. Il y avait les hommes, aussi, qui avaient plus ou moins la même attitude : désir d'argent, petits vols, séduction… Le seul en qui il avait confiance, c'était bien ce vieux Kreattur qui n'avait jamais essayé de le berner et qui lui avouait franchement quand un de ses employés se moquait de lui. Les rares personnes qui étaient restées chez Regulus avaient fini par s'en aller : soit il les virait, soit elles partaient d'elles-mêmes. Il fallait dire qu'il était invivable et assez exigeant.
C'était sans doute pour cela qu'il appréciait Margaret : son travail était toujours impeccable, elle était serviable, bonne cuisinière et lui disait franchement quand quelque chose n'allait pas. Plus d'une fois il s'était disputé avec elle, et dans le fond, il y prenait plaisir : il aimait les gens qui avaient du caractère.
Tout en changeant la chaîne sur son téléviseur, Regulus se dit que ce serait bien dommage que Margaret s'en aille. Il sentait qu'elle était bien ici, malgré son caractère de cochon et ses exigences, mais peut-être finirait-elle par le trahir elle aussi. Il lui adressait de temps à autre des sourires charmeurs pour la taquiner. Il la sentait troublée ou gênée, dans ces moments-là, et à chaque fois, elle détournait les yeux. Comme si elle restait à sa place. Peut-être désirait-elle plus. Et Regulus se surprenait à se dire qu'il l'aurait bien voulue à ces côtés, cette bonne femme. Le genre de garce gueularde au grand cœur avec qui il ne risquait pas de s'ennuyer. Et Adonia lui avait fait comprendre de façon subtile que ça ne lui poserait aucun problème.
Enfin, il se faisait des idées. Ce qu'il voulait avant tout, c'était que cette brave femme reste telle qu'elle était. On n'en trouvait plus, des comme elle, et vu son handicap, ce n'était pas toujours évident de trouver des domestiques qui soient d'accord pour l'aider constamment à se déplacer, à le mettre dans son fauteuil, sur son lit, à table, dans sa baignoire…
Ses sourcils se froncèrent quand il pensa que seuls Mr Kreattur et Adonia, jusque là, s'étaient montrés réellement serviables envers lui sans montrer de quelconque signe de lassitude. On ne pouvait pas en dire autant d'Alphard qui n'avait même pas fait d'efforts quand son père était tombé gravement malade. Et après, il disait qu'Adonia était sa préférée… On verrait plus tard, quand Alphard ne serait plus capable de se laver et qu'il en serait réduit à subir la compassion ou la pitié d'autrui, et surtout celle de ses enfants…
On sonna. Regulus fut arraché à ses pensées et ses sourcils se froncèrent : qui le dérangeait aujourd'hui ? Sa mère, très certainement. Elle l'avait appelé la veille et il lui avait raccroché au nez, exaspéré au possible. Il entendit les chaussures de Mr Kreattur claquer sur le parquet de l'entrée. Regulus tendit l'oreille et l'écouta répondre à l'interphone mais rien ne laissait entendre que le visiteur était sa mère. Pour être franc, Regulus n'entendait quasiment rien, il était trop loin. Le majordome accepta néanmoins de laisser la personne entrer et il ouvrit la porte.
Le son de la télévision baissé au maximum, Regulus entendit vaguement des voix, des bruits qui indiquaient que ses invités, car ils étaient plusieurs, retiraient leurs chaussures et leurs manteaux. Il entendit leurs pas dans le couloir et, quand ils apparurent dans l'encadrement de la porte, ses yeux s'illuminèrent et un sourire magnifique orna ses lèvres.
« Harry ! Draco ! »
Regulus leva les bras vers Harry qui s'avançait vers lui, rayonnant et toujours aussi beau. Le jeune homme s'assit près de lui sur le canapé et Regulus le prit dans ses bras, le serrant fort contre lui, comme pour se prouver qu'il ne rêvait pas et que cet adolescent qui avait quitté Londres fragile, maigre et dépressif se trouvait bel et bien chez lui, dans ses bras. Puis, ils s'écartèrent et Regulus prit son visage entre ses mains en lui disant à quel point il avait changé depuis qu'il l'avait vu, quatre ans auparavant : ses yeux verts brillaient de mille feux, son visage avait retrouvé de la couleur et il souriait avec la même chaleur qu'autrefois.
« Je me suis permis de laisser entrer ces jeunes gens sans vous en demander la permission, Monsieur.
- Vous avez bien fait, Mr Kreattur ! Oh Harry, si tu savais comme je suis heureux de te revoir !
- Moi aussi, Regulus.
- Draco, mon cher Draco, c'est donc toi qui as accompli ce miracle ? Viens là que je t'embrasse toi aussi. »
Draco se pencha à son tour vers son oncle qui le serra dans ses bras avant de lui embrasser les cheveux en un geste tendre et amical. Le visage de Regulus brillait de joie, ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas vu Harry… Il se rappelait encore de l'enfant qui traînait dans cette maison, jouant de temps en temps avec Adonia qui voulait sans cesse l'habiller en fille ou le maquiller. Il lui avait appris à dessiner, l'accompagnait parfois à l'école ou l'emmenait faire quelques boutiques. Un garçon adorable qu'il avait vu grandir et mûrir mais que la vie n'avait pas épargné…
« Mr Kreattur, allez donc chercher Alphard et Adonia ! »
Le vieil homme s'exécuta, disparaissant dans le couloir, ses talons claquant sur le sol tandis que Regulus assommait les deux jeunes gens de questions. Harry y répondait avec plaisir, heureux lui aussi de revoir le frère de Sirius et Draco se montrait lui aussi d'agréable compagnie. Il avait les yeux posés sur Harry qui rayonnait littéralement, beau comme le jour.
Quelques minutes plus tard, Adonia arriva comme un boulet de canon dans le salon et se précipita sur Harry qui s'était levé pour la prendre dans ses bras mais il manqua de tomber sous son poids. Elle n'était pas grosse mais bon, elle pensait son poids… Il la serra donc dans ses bras et la jeune fille, très heureuse de le revoir, l'embrassa sur les deux jours alors que son père rouspétait : il aurait mieux fait de ne pas demander à son majordome de les appeler, tiens !
D'ailleurs, en parlant de majordome, il ne tarda pas à arriver à son tour avec Alphard. Ce denier fut plus digne quand il salua Harry, le prenant dans ses bras de façon purement polie, mais Draco vit bien une étincelle dans ses yeux sombres et son sourire ne lui paraissait pas aussi neutre qu'il le prétendait. Un reste de jalousie fit chauffer son sang, et quand Harry reprit place à côté de Regulus, Draco s'assit à côté de lui et effleura légèrement sa main tout en défiant Alphard du regard. Ce dernier lui lança un regard mauvais, presque dégoûté. Adonia perçut l'échange mais n'en dit pas un mot : Alphard savait très bien ce qu'elle en pensait.
Harry et Draco restèrent quelques heures chez Regulus. Ils furent invités à déjeuner et ce repas convivial se passa dans la bonne humeur. Ils parlèrent beaucoup, du mariage d'Adonia, de Paris, des Black qui se déchiraient pour l'héritage du défunt Pollux, d'Isaline qui semblait se faire courtiser, du jeune Teddy, de cette étrange tendance qu'avait la famille de se trouver un docteur…
Draco avait les yeux posés sur Harry qui respirait la joie de vivre. Il remarqua plus d'une fois Alphard qui tenta d'attirer son attention, avec un certain savoir-faire d'ailleurs, ce que Draco appréciait moyennement. Il ne parlait pas avec cette politesse mêlée à la courtoisie habituelle, cette impression d'avoir toute son attention alors qu'on pouvait lire dans ses yeux un désintérêt profond. Durant tout le repas, Draco vit dans ses yeux de la convoitise mais il était prêt à admettre que sa possessivité l'amenait à considérer certains de ses propos comme des avances subtiles et non comme des phrases anodines. Et, évidemment, Harry ne vit rien… il ne voyait rien quand, vraiment, c'était évident…
Ils quittèrent le Manoir vers deux heures, après avoir bu du bon thé anglais tout en dégustant des pâtisseries, ce qui leur tinrent lieu de dessert. Ils eurent beaucoup de mal à les quitter, déjà parce qu'ils étaient heureux de voir Harry, mais aussi parce que ce dernier était plus que content d'avoir revu leurs visages. Ils durent leur promettre de revenir avant la fin du séjour pour que Regulus accepte enfin de les lâcher. D'un autre côté, ce n'était pas une promesse particulièrement contraignante. Par contre, le fait qu'Alphard les raccompagne fut déjà plus embêtant pour Draco qui, pourtant, ne s'y opposa pas. Il faillit l'envoyer balader quand ils arrivèrent à destination, il ne lâchait pas Harry, ne cessant de le relancer dans la conversation, comme s'il espérait que le tatoueur l'invite boire quelque chose, mais Harry finit par lui dire qu'il faisait froid et qu'ils avaient pas mal de choses à faire.
Quand ils furent monté, Draco ne put résister et allait faire des reproches à Harry mais ce dernier le devança et poussa un soupir à fendre l'âme tout en retirant ses chaussures.
« J'avais oublié à quel point Alphard était lourd quand il voulait…
- Il t'a fait un joli numéro de charme, remarqua Draco d'une voix acide, tout en pendant son manteau.
- Je n'allais pas l'envoyer balader, non plus. »
Ah, il avait remarqué, en fait. Saletés d'habitudes commerciales, songea Draco, qui en avait marre de ne pas remarquer quand Harry jouait son jeu d'hypocrite. Il n'arrivait jamais à faire la différence, il frisait tellement sa gentillesse naturelle…
« Je n'arrive jamais à savoir quand tu es naturel ou quand tu es hypocrite, avoua Draco d'un air exaspéré.
- Tu veux que je te fasse signe quand je joue la comédie ?
- Tu as tellement de tact, Harry, que même la personne s'en rendrait compte… »
Harry émit un petit rire amusé avant de quitter l'entrée pour aller dans le salon où il alluma la télévision. Dehors, il s'était remis à pleuvoir, mais rien de bien grave, juste un mince filet d'eau coulait le long des vitres et glissait une douce mélodie un peu mélancolique dans l'appartement. Harry s'assit dans le canapé tout en zappant sur les chaines. Draco s'installa à ses côtés et passa un bras sur le dossier du sofa, juste derrière la tête de son petit ami, sa main caressant ses cheveux noirs. Harry s'arrêta sur une chaîne diffusant un film d'action.
« Et, comme en France, y'a rien à la télé. Tu sais, Olivier m'a appelé, ce matin.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Bah tu sais, pour Marcus… »
Il vit le regard de Draco s'assombrir mais le jeune homme ne dit rien. Harry lui avait raconté que Marcus avait accepté de laisser une chance à Olivier, qui avait donc passé quelques jours à Londres. Il devait être rentré la veille ou dans la matinée. Autant dire que Draco n'approuvait pas du tout le choix d'Olivier et il ne parvenait même pas à comprendre comment on pouvait éprouver des sentiments pour un type pareil, surtout que Marcus avait cherché la bagarre avec Harry. Il se souvenait encore de son visage tuméfié, ses genoux écorchés et ses larmes alors qu'il lui racontait son aventure avec Cédric… et pourtant, Harry acceptait cela. Alors Draco avait décidé d'en faire de même, mais s'il était prêt à passer l'éponge pour Olivier, ce n'était pas du tout le cas pour Marcus.
Harry lui raconta donc ce qu'Olivier lui avait lui-même conté le matin même. Il lui parla de la passivité de Marcus, de la colère d'Olivier, du désir de Marcus à vouloir poursuivre leur relation, même s'il n'éprouvait pas de sentiments amoureux. C'était tout de même un bon début, cela viendrait sûrement avec le temps. Et même si cela ne se finissait pas bien entre eux, Marcus ne pourrait qu'en sortir meilleur et Olivier avec moins de regrets. Draco écoutait tout en se faisant la réflexion que, décidément, Harry avait vraiment les idées larges. Pas sûr que Draco aurait été aussi tolérant avec Blaise s'il lui avait fait ce genre de coup, et en même temps, il n'avait pas vécu ce que Harry avait subi autrefois, donc il ne pouvait juger.
« La vie est vraiment compliquée depuis que je t'ai rencontré…
- Au moins, tu ne t'ennuies pas, répliqua Harry avec un léger sourire.
- Je n'en ai pas vraiment le temps. »
Draco posa sa main sur sa joue pour tourner sa tête vers lui, puis il se pencha vers pour lui ravir ses lèvres. Mais ce baiser demeura chaste car le portable de Harry sonna. Le brun se leva et parcourut l'appartement avant de trouver son téléphone. Il avait remis la sonnerie car il n'entendait évidemment pas le vibreur et comme il ne l'avait pas souvent sur lui… il trouva son téléphone dans la chambre à coucher, posé sur une table de chevet. Le tatoueur décrocha.
« Allô ?
- Ryry ? C'est moi.
- Tata ? Tu vas bien ?
- Moui, ça va.
- On ne dirait pas. Un problème ? »
Elle semblait hésitante au téléphone. Un peu comme si elle hésitait encore à l'appeler, alors qu'elle l'avait au bout du fil. Harry l'encouragea à lui parler, ça ne pourrait que lui faire du bien. Isaline poussa alors un lourd soupir et se lança.
Isaline doutait. D'elle et de ce qu'elle était en train de vivre, en fait. Ça lui arrivait rarement, ayant toujours eu l'habitude de gérer les autres. Sauf que c'était elle-même qu'elle devait gérer, et les rares fois où elle hésitait quant aux décisions à prendre, c'était quand elle était amoureuse.
Oh, on n'en était pas encore là, loin de là. Isaline n'était pas amoureuse. Mais elle était de ces personnes qui savaient quand elles marchaient sur des pentes trop inclinées pour elle et qu'il valait mieux remonter avant de se casser la figure. Et Rémi Petit la troublait. Vraiment.
Ils avaient dîné ensemble la veille. Isaline avoua à Harry que c'était elle qui l'avait appelé pour lui proposer cette soirée. Elle fit un brin d'humour en lui avouant que, connaissant Sirius, en recevant son SMS, il allait courir chez elle pour taper un scandale et elle préférait être loin de la maison à ce moment-là. Le médecin n'avait pas refusé ce rendez-vous. Ils avaient donc dîné ensemble dans un restaurant italien.
Et Isaline était troublée. Par son regard, par sa façon de lui parler, de lui tenir le bras quand il l'aidait à se lever. Elle sentait en lui la timidité des hommes seuls, qui hésitent entre aller de l'avant ou rester à leur place. Sauf que Rémi restait là où il était, n'osant s'aventurer trop loin.
Elle se faisait peut-être des idées. Mais quand leurs doigts se frôlaient, elle avait presque l'impression qu'il allait prendre sa main dans la sienne. A la façon dont il la regardait, elle aurait pu croire qu'elle avait encore du charme. Et à sa façon de lui parler, sans réelle réserve et avec franchise, elle avait l'impression qu'on s'intéressait vraiment à autre chose qu'à son physique et que son travail peu recommandable n'était pas un mur infranchissable. Mais encore une fois, peut-être se faisait-elle des idées. Peut-être imaginait-elle des choses qui n'avaient pas lieu d'être.
Cependant, Isaline se sentait attirée par lui. Pas par son physique. Il n'était pas laid, mais la question n'était pas là : c'était plutôt son air d'homme tranquille et sans histoire qui lui plaisait, cette réserve qu'il y avait en lui et sa franchise, aussi. Il ne la jugeait pas. Elle ne le jugeait pas. C'était une relation étrange, presque de l'amitié. Mais Isaline n'était plus une adolescente en mal d'amour, elle n'était plus une jeune femme qui pouvait espérer rencontrer son prince charmant. Elle avait grandi, mûri, vieilli.
« Tu n'es pas aussi vieille que ça, Tata…
- Pour toi non, mon chéri. Tu me verras toujours jeune, mais les années passent. Je vais bientôt avoir ma ménopause, donc avoir une relation avec un homme est différente, maintenant. »
C'était à ça qu'elle pensait, sans cesse. Elle guettait les douleurs spécifiques à cette perte de la fécondité, elle attendait le jour où elle ne pourrait définitivement plus avoir d'enfants. Elle en avait toujours rêvé, elle avait caressé l'idée d'avoir son propre enfant. Mais cela voulait dire le faire à l'insu d'un de ses amants, se coltiner un homme frustré toute sa vie ou un père qui exigerait de voir son enfant quand il aurait douze ou quinze ans. Ou alors insémination artificielle. Même pas en rêve. Son enfant, il aurait un père, ou elle n'en aurait pas.
Mais aujourd'hui, c'était différent. Elle n'était plus toute jeune, assez pour soulever les meubles ou fixer des étagères, mais pas suffisamment pour envisager un avenir avec un homme. Ils les préféraient plus jeunes, plus belles. C'était comme ça. Isaline était obsédée par son âge alors qu'elle était encore fraîche et toute jolie. À une époque, elle ne se serait pas posée autant de questions, elle n'y aurait sans doute jamais pensé, à ce Rémi Petit. Mais tout était différent, à présent…
« Tu veux mon avis ?
- C'est pour ça que je t'appelle… »
Ils ne cessaient de se voir, en ce moment, et cela ne pouvait que renforcer les doutes d'Isaline. Elle n'osait en parler à Sirius. Elle n'avait pas peur de son avis, c'était simplement qu'il ne saurait pas quoi lui dire, à part d'aller de l'avant et d'essayer. Nymph' lui dirait la même chose. Mais ils ne sauraient pas effacer ses doutes. Harry y arrivait toujours, lui…
« Tu sais, je ne le connais pas, moi, ce Rémi… mais s'il te voit aussi souvent, c'est qu'il se sent bien avec toi. Je sais ce que tu vas me dire, fit Harry pour l'interrompre avant même qu'elle ne parle, il t'invite à dîner sûrement par amitié. Mais je te connais, Tata, et tu es le genre de personne qui peut parler de tout et de rien avec n'importe qui. On se sent bien avec toi, tu as cette capacité de mettre les gens à l'aise. Et lui non plus, il n'est plus tout jeune. Et peut-être que, lui aussi, il cherche quelqu'un comme lui. Peut-être que tu te fais des idées, c'est possible, mais si tu as raison, je ne vois pas pourquoi tu aurais peur : s'il te choisit, c'est que tu lui corresponds, et qu'il cherche lui aussi quelqu'un de son âge, et non une jeune. »
Harry pouvait presque la voir rougir de l'autre côté de la ligne. Dans le fond, Isaline était encore une enfant : elle espérait encore être une princesse que son prince viendrait chercher. Il y avait ce petit quelque chose en elle qui la rendait plus jeune, sa personnalité en elle-même, son désir de ne pas s'appesantir avec l'âge, de rester telle qu'elle était. Qu'est-ce que ça pouvait faire, ce que les gens pensaient d'elle ? Du moment que ceux qu'elle aimait étaient près d'elle, cela n'avait pas d'importance.
« Tu sais, Harry… j'en ai marre d'être déçue. J'en ai marre d'imaginer des choses fausses, je me fais avoir à chaque fois…
- Alors dis-toi que tu n'as plus rien à perdre. Tente ta chance et laisse-toi aller. C'est peut-être le bon, cette fois-ci. »
Il l'entendit pousser un soupir, puis elle lui dit qu'elle allait bien voir. Il essaya de l'encourager à nouveau mais il sentit qu'elle était un peu rassurée. Il la quitta alors, après qu'elle l'eut remercié de l'avoir écoutée. Harry regarda son portable en imaginant sa tante seule dans son salon à ruminer ses pensées. Pourquoi avait-il fallu que ce genre de choses arrive maintenant, alors qu'il n'était pas près d'elle ?
Harry entendit des pas sur la moquette. Le lit s'affaisser sous son poids. Et ses bras passer autour de sa taille, alors que ses longues jambes s'étendaient contre les siennes. Le brun ferma les yeux et se laissa aller contre le torse de Draco, qui posa sa tête sur son épaule.
« Tu as tout écouté ?
- Juste la fin. Ça la perturbe tant que ça, son âge ?
- Oh oui. Remarque, on est tous en couple et elle est la seule célibataire. Enfin, je l'ai été aussi, mais je suis encore jeune, moi…
- J'espère que ça va marcher, cette fois-ci. Elle le mérite. »
Harry hocha la tête, en espérant que ce médecin ne serait pas aussi con que les autres. Il n'avait jamais vu les copains de sa tante comme des voleurs, au contraire, il aurait voulu qu'il la rende heureuse, même si c'était parfois au détriment de lui-même. Et il espérait que, cette fois-ci, ce serait la bonne…
OoO
Théo claqua la porte de sa voiture. Il actionna la poignée pour vérifier si c'était bien fermé, puis, son sac sur l'épaule, il quitta le petit parking d'un pas lent et fatigué. Il détestait le lundi. C'était vraiment une journée exécrable. Déjà, c'était le début de la semaine, et en plus, il avait des cours ce jour-là, sans oublier ceux qu'il donnait à deux élèves. Enfin, aujourd'hui, il n'avait que son stage à l'hôpital, étant donné que c'était les vacances. Cependant, ça restait du travail, et il avait pour habitude de programmer ses cours de façon à se réserver les après-midi, en particulier un ou deux jours pour travailler, car son travail au marché prenait pas mal de son énergie. Mais c'était un choix qu'il avait fait et il s'y tenait, malgré les temps froids.
Tranquillement, Théo rentra chez lui, passant dans l'ascenseur avant d'ouvrir la porte de son appartement. A peine eut-il le temps de fermer la porte derrière lui que Seamus apparaissait, en pyjama, sortant tout droit de la cuisine. Il se jeta sur Théo et le prit fort dans ses bras.
« Seamus ! Arrête ! »
Mais son colocataire gloussait et le serrait encore plus fort dans ses bras. Il planta un baiser sur sa joue, Théo cria et le repoussa presque violement. Pas vexé pour un sou, le jeune homme retourna dans sa cuisine en lui annonçant que le repas serait prêt dans une dizaine de minutes. Théo s'essuya la joue en grommelant : Seamus n'arrêtait pas de lui faire ce numéro depuis quelques jours et ça commençait à le gonfler… et en même temps, il n'avait pas vraiment la volonté de l'envoyer bouler en beauté…
Théo retira son manteau, ses chaussures et partit se doucher. L'eau chaude lui fit un bien fou, il sentait ses muscles se détendre, tout comme ses nerfs mis à rude épreuve une heure auparavant. Quand il sortit de la salle de bain, propre et lui aussi en pyjama, il alla dans la cuisine où se trouvait Seamus. La table était mise et le repas préparé, ce qui n'arrivait pas souvent. Théo s'assit devant son assiette bien servie : il avait une faim de loup, comme tous les lundis. Il sentit une odeur bizarre. Enfin, bizarre parce que ce n'était pas le genre d'odeur qu'on sentait quand Seamus faisait la cuisine… et Théo vit un gâteau au chocolat posé sur le plan de travail.
« T'as fait un gâteau ?! S'exclama Théo, halluciné.
- C'est pas la première fois que j'en fais !
- Ça fait bien un ou deux mois que t'en as pas fait. »
Ça semblait lui faire plaisir et Seamus s'en félicita : Théo était toujours crevé quand il retrait le lundi et le voir sourire pour si peu, ça lui faisait plaisir. Il n'était pas difficile à contenter.
« Sinon, et ta journée ? »
Théo lui en résuma les grandes lignes tout en mangeant ses pommes de terre et Seamus l'écoutait plus ou moins. Il aimait bien entendre Théo parler, il avait une voix grave agréable à l'oreille. Et puis, l'avantage, c'était qu'il était lui aussi en médecine, ce qui lui permettait de pouvoir se renseigner sur telle ou telle chose sans aller obligatoirement à la bibliothèque. Théo était un homme intelligent qui travaillait dur pour réaliser son rêve : devenir vétérinaire.
« Toi, t'as de la chance : t'es en vacances et t'as pas de stage. Le bonheur…
- Arrête un peu de te plaindre !
- J'ai envie de partir en vacances… juste un week-end, pour décompresser un peu…
- Dean m'a proposé de partir avec lui en Espagne, dit Seamus d'un air pensif.
- Et tu as accepté ? S'étonna Théo. Je croyais que c'était fini entre vous ?
- C'est fini. »
Dean lui avait fait cette proposition quelques jours auparavant, en temps qu'ami. Il ne voulait plus que Seamus l'ignore comme il le faisait. En somme, Dean voulait se faire pardonner. Mais Seamus avait refusé. A une époque, il aurait accepté : le voyage était gratuit, il n'aurait rien à payer. Pourtant, quelque chose le retenait ici. Théo, sûrement. Il s'était attaché à lui et partir un week-end en le laissant galérer ici ne lui plaisait pas. C'était bien la première fois que ce genre de pensées lui traversait l'esprit. En même temps, Seamus n'avait jamais eu d'« amis »…
Des copains. Des petits copains. Des amoureux. Mais jamais d'amis. Jamais personne avec qui il se prenait la tête en le regrettant deux minutes après. Jamais personne qui faisait attention à lui de façon purement amicale et sans sous-entendu. Personne d'assez franc pour lui dire des choses en face, pour lui faire des reproches, pour qu'il s'améliore.
Il ne savait pas si Théo le considérait comme un ami. Peut-être ne le voyait-il que comme un colocataire avec lequel il devait s'entendre. Et en même temps, Théo ne lui avait jamais caché sa gène vis-à-vis des homosexuels, il était embarrassé par certains de ses gestes, et pourtant, c'était toujours le même.
« Et si on partait tous les deux ? Proposa soudain Théo. J'aime pas voyager seul, je m'emmerde.
- Et tu veux aller où ?
- Dans un pays où il fait chaud ! Je me les pèle, ici ! A Venise ! Allons à Venise !
- Ah, la ville des amoureux… fit Seamus, le regard lointain.
- Nan mais, heu… te fais pas d'idées, non plus… Allons à Rome, plutôt, y'aura pas de quiproquo, comme ça…
- Mais je ne m'imagine rien.
- Mouais, c'est ça… Dit Théo d'un air suspicieux. T'as des idées détournées. »
Seamus lui fit un sourire angélique, Théo grogna en le traitant de pervers. C'était bien connu que les homosexuels étaient des pervers, de toute façon… oui, Harry avait raison, c'était notamment parce que tous les hommes étaient pervers, donc deux qui s'accouplent, c'est quelque chose… beurk…
« T'es vraiment sérieux quand tu dis que tu veux aller à Rome ?
- Bah tu veux aller où ? A Marseille ? Allons visiter les studios de Plus belle la vie…
- Arrête un peu de te moquer de moi, j'adore cette série.
- Série de tarlouzes ! C'est pour les filles, ça !
- Personnellement, je ne vois pas l'intérêt de regarder Rambo…
- C'est un film comme un autre. Est-ce que je viens t'emmerder, moi, quand tu regardes tes conneries à la télé ?
- Mes conneries, comme tu dis, sont intelligentes. Quel est l'intérêt de regarder un navet pareil ?
- Seamus, ne commence à me gonfler, soupira Théo en se levant pour poser son assiette dans l'évier.
- Moi, je te gonfle ?! Qui c'est qui regarde des conneries tous les soirs alors que moi j'ai envie de regarder autre chose ?!
- Contrairement à certains, je travaille beaucoup, moi, et j'ai besoin de me détendre ! Oh et puis merde, Seamus, tu me soules. »
Théo quitta la cuisine à grande enjambées et, quelques secondes plus tard, la porte de sa chambre claqua. Il la rouvrit et lui gueula que, ce soir, il pourrait regarder ce qu'il avait envie. Puis, la porte claqua à nouveau, et le silence s'installa dans l'appartement. Seamus poussa un soupir : il savait pourtant que Théo était peu tolérant le lundi et qu'il ne fallait pas lui chauffer les oreilles ce jour-là.
Il posa les yeux sur le gâteau au chocolat qu'il avait fait. C'était vrai que ça faisait un bout de temps qu'il n'en avait pas fait, même s'il savait que Théo adorait ça. Il avait pensé en faire un, ce soir. Pas pour Théo. Ni pour lui. C'était juste pour voir s'il n'avait pas perdu la main. S'il était tout à fait franc avec lui-même, il se dirait qu'il avait juste pensé à Harry, dans l'après-midi. Et qu'il lui avait avoué aimer le chocolat.
Seamus ne put s'empêcher de rougir. Ça faisait bien trois jours qu'il ne cessait de penser à Harry. S'il était franc avec lui-même une fois encore, il s'avouerait que c'était depuis que Théo lui avait parlé de ce fameux pari qu'il avait fait avec les autres : quand ils seraient à Londres, le ferait-il le premier soir ou les suivants ?
Ces propos eurent un effet de douche froide sur Seamus qui fit tout pour cacher son trouble alors que quelque chose paniquait en lui.
Ils allaient coucher ensemble. Draco et Harry allaient faire l'amour.
A la fois, c'était perdre définitivement Draco, mais surtout… Harry était puceau, il aurait sa première fois avec Draco… et c'était surtout cela qui gênait Seamus. Car inutile de se voiler la face, il était attiré par Harry bien plus qu'il n'oserait l'avouer.
C'était d'un ridicule… être attiré par le petit-ami de son ex… quelle originalité… mais c'était pourtant indéniable. Quand il pensait à Harry, comme en ce moment-même, il sentait son cœur battre plus vite. Et rien qu'à penser qu'il avait eu sa première fois avec Draco…
Objectivement, qu'est-ce qu'il lui trouvait ? Physiquement, Harry était bien foutu : musclé, des cheveux noirs, des yeux d'un vert intense et un joli sourire. Seamus n'avait jamais été particulièrement attiré par les hommes musclés même s'il avait tendance à être plutôt le passif dans une relation. Mais il n'y avait rien de… d'exagéré dans le physique de Harry, il était même un peu petit.
Bon, Harry était séduisant, c'était une évidence, mais Seamus en avait déjà vu d'autres. C'était davantage son caractère… Sa gentillesse naturelle, sa générosité, sa façon de bouger les mains quand il parlait… son léger accent anglais qui transparaissait quand il était à l'aise, ses yeux pétillants de malice… tout un tas de trucs dégoulinants de bons sentiments qui le faisaient indéniablement craquer. Cette chaleur qu'il y avait dans sa voix et dans ses yeux était tellement différente de la froideur de Draco que Seamus se surprenait à désirer un tel homme.
C'était stupide, pourtant. Ce n'était qu'un coup de cœur. Harry était la définition même du coup de cœur : un beau garçon un peu étrange qui attirait la curiosité. Seamus en avait déjà eu, des coups de cœur, le dernier en date s'appelait Draco Malfoy. Et à présent, il y avait Harry… avec ses yeux verts et son sourire enchanteur…
« Mais qu'est-ce qui me prend… »
Seamus se leva en se traitant d'abruti. Oui, il avait fait ce gâteau en pensant à Harry. Oui, il n'était pas bien parce qu'il pensait à lui. Et oui, il cachait ses états d'âme en pensant que ça passerait… mais plus les jours passaient et moins ça allait… Harry était toujours là, dans ses pensées. Il l'obsédait, précisément parce qu'il savait peu de choses sur lui, du moins pas autant que Draco qui lui appartenait corps et âme.
Seamus avait toujours été attiré par l'inaccessible. Quand il était plus jeune, il tombait souvent amoureux d'hétérosexuels, hommes mariés, coureurs de jupons… des personnes qu'il ne pouvait posséder réellement pour un temps infini. Draco était de ces hommes-là : quand il le fréquentait, il était bien trop réservé, froid, se limitant à quelques gestes en public et, dans l'intimité, il n'y avait pas d'effusions. C'était le genre d'hommes qui s'aventurait à droite et à gauche, survolant des relations sans vraiment s'attacher, jusqu'au jour où quelqu'un de plus malin que les autres parviendrait à l'enchaîner. Cette personne avait été Harry.
Un homme inaccessible. Car déjà pris par Draco. Il y avait des femmes charmées par les hommes plus jeunes, les époux des autres ou les Dom Juan… Seamus, lui, s'emportait pour les hommes qu'il ne pouvait avoir. Harry faisait partie de ceux-là. C'était presque une aubaine qu'il soit parti à Londres, car comme ça, Seamus pourrait essayer de taire un peu son obsession naissante pour le jeune tatoueur.
Après avoir poussé un soupir exaspéré, il ouvrit un tiroir et prit un couteau. Il découpa une part de gâteau, regrettant de s'être emporté contre Théo : il traînait une amertume dans sa bouche qu'il tentait de nier mais, par moments… Il mit la part sur une assiette et sortit de la cuisine pour l'apporter à son colocataire. Il toqua à la porte de sa chambre et attendit une réponse, qui ne vint pas. Il dut toquer par cinq fois avant que Théo ne lui grogne de rentrer, après l'avoir traité de « tarlouze qui ne savait pas ce qu'elle voulait ».
Seamus entra dans la petite chambre et déposa l'assiette sur le bureau. Théo n'y jeta même pas un regard, écrivant presque frénétiquement sur une feuille quadrillée, comme si Seamus n'était pas à quelques centimètres de lui.
« Désolé pour tout à l'heure. Tu viens regarder la télé ?
- Tu vois pas que je bosse ?
- Sois pas vexé et viens…
- Contrairement à certains, j'aime quand mon travail est à jour. »
Piqué au vif, Seamus fronça les sourcils et quitta la chambre en claquant la porte. Il n'aimait pas quand Théo lui faisait ce genre de réflexion. C'était vrai qu'il était assez bordélique dans son boulot mais il avait réussi à faire sa licence sans vraiment de problème… même si ça ne tenait parfois qu'à un fil, et que Théo l'avait déjà tiré d'affaire…
Vexé, Seamus se coupa une part de gâteau et partit dans le salon. Il alluma la télé et il zappa, mais le choix était vite fait : Joséphine, ange gardien ou Cold Case. Que choisir… Autant regarder quelque chose d'un peu intelligent, même s'il n'y avait pas vraiment de beaux garçons dans la série… Ainsi, Seamus s'installa sur le canapé avec un oreiller qu'il serrait contre lui, le salon plongé dans la nuit et éclairé par l'écran de la télévision.
Quelques minutes plus tard, une ombre passa près de lui et s'assit sur le canapé. Un bras se glissa sur le dossier et, automatiquement, Seamus se blottit contre Théo, sans lâcher l'écran des yeux. Il entendit son colocataire grogner.
« Seam', je suis pas ton mec…
- C'est sûr. Mon mec, je l'aurais déjà embrassé et je me serais assis sur lui.
- Crétin. »
Un léger sourire se forma sur les lèvres de l'étudiant, alors que Théo se mettait ouvertement à critiquer tous les personnages de l'épisode, hormis l'enquêtrice qu'il trouvait plutôt jolie. Il était vraiment impossible, celui-là…
OoO
Un frisson parcourut son échine quand il posa son pied sur le carrelage de la salle de bain. Il avait oublié de prendre ses chaussettes er il le regrettait, maintenant : il avait froid et poser son délicat peton sur les dalles froides et blanches était particulièrement désagréable.
Draco sortit de la salle de bain. Il faisait plus froid à l'extérieur qu'à l'intérieur de la salle d'eau. Pendant une minute, un redoutable et puissant combat intérieur sévit dans le corps de notre jeune étudiant, avant qu'il ne parte à grandes enjambées dans la chambre à coucher. Fouillant dans l'armoire, il chercha le pull le plus épais que possédait Harry et, sans penser que le vêtement avait une taille de plus et qu'il renonçait donc à tous ses principes concernant sa tenue, Draco enfila le pull et fila dans le salon. Quelques minutes plus tard, il s'était enfin réchauffé. Tant pis si le pull était trop grand et s'il n'était plus l'exemple même du mec classe qui s'habille toujours avec raffinement.
Bien installé dans le canapé et tout en regardant la télévision, Draco se sentit vraiment détendu. Ça faisait un bout de temps qu'il ne s'était pas senti aussi bien. Depuis Noël dernier en fait. A la différence près que, cette fois-ci, il vivait seul avec Harry et son corps avait trouvé un certain assouvissement…
Un léger sourire apparut sur ses lèvres alors qu'il songeait à leurs ébats. Depuis le temps qu'il attendait ça… Il avait aimé cette première nuit, où il avait fait l'amour à l'homme qu'il aimait tout en le consolant. Et la nuit suivante, ils avaient remis ça, même si Draco avait pourtant décidé de le laisser tranquille. Mais le corps chaud de Harry attirait irrémédiablement ses mains et son amant ne semblait pas capable de lui résister longtemps. Leur seconde nuit avait été moins passionnée mais plus tendre. Draco avait retracé de ses mains chaque courbe de Harry, caressant sa peau, l'embrassant, la mordillant… et il avait guidé les mains maladroites et hésitantes de son amant, électrisé qu'il était quand il sentait ses doigts courant sur sa peau…
Harry était assez maladroit et Draco trouvait cela attendrissant. Lui avait déjà plus d'expérience, il menait Harry, le guidait, faisant presque tout dans leur ébats, mais Draco le sentait devenir plus osé, dans sa façon de le toucher, que ce soit quand le blond le préparait ou quand il allait et venait en lui. Et ses baisers avaient le don de l'exciter, à la fois parce que Harry répondait voluptueusement, mais aussi parce qu'il faisait toujours preuve de tendresse et d'amour quand c'était lui qui menait la danse. Il y avait si peu de passion dans cet échange que Draco fondait contre lui, ce qui n'arrangeait en rien son état d'excitation.
Ainsi, Harry découvrait déjà ses points faibles, tranquillement, en prenant son temps, comme toujours. Mais il lui faudrait plus de temps pour le comprendre et voir quels étaient ses points sensibles et ses habitudes. Comme celle de regarder le visage abandonné, perdu, de son amant une fois qu'ils eurent joui. Draco aimait lire un bien-être inimaginable sur le visage de ses partenaires, les traits détendus et brouillés, la sueur qui gouttait sur le front, les yeux clos et la bouche entrouverte… et puis, Draco aimait aussi poser sa main sur le cœur de Harry. Ce papillon bleu qui volait sur son torse, qui battait des ailes sous ses doigts… il trouvait cela sensuel et, quand il s'allongeait sur Harry qui l'attirait dans ses bras, il gardait sa main sur la peau tatouée, sentant sous ses doigts son cœur battre à un rythme erratique, puis de plus en plus régulier…
Draco poussa un soupir et se reprit. Ses yeux brillaient un peu trop : il se laissait trop aller ces derniers jours, mais après tout, il en avait bien le droit. Heureusement que Harry n'était pas le voir aussi agréablement perturbé…
L'étudiant fronça les sourcils : ça faisait bien quinze minutes que Harry était parti acheter deux, trois choses au supermarché et c'était à deux pas. Juste après, ils devaient aller se balader, vu qu'il avait cessé de pleuvoir. Draco se leva du canapé et marcha jusqu'à la fenêtre. Il regarda dehors, guettant le retour de son petit ami. Une ou deux minutes plus tard, il apparut sur le trottoir d'en face, un sac en plastique dans la main. Il sembla prêt à traverser la route quand soudainement trois personnes coururent vers lui et il leva la tête. Un sourire apparut sur son visage alors qu'une fille se jetait dans ses bras et que deux hommes l'entouraient, lui frappant l'épaule en un geste amical.
C'était étrange, comme sensation. A la fois de la colère et de la jalousie. Une sorte de venin, une aiguille qui lui perçait le cœur pour injecter un vilain produit qui noircissait ses yeux, durcissait son regard, et lui faisait serrer les poings.
Draco regardait la scène avec le visage d'un homme tourmenté. Car, en bas, dans la rue, il avait l'impression de voir la jeunesse rattraper Harry. Cette jeunesse qu'il avait abandonnée quatre ans plutôt en quittant Londres lui sautait au cou, riait, et étirait un sourire sur son visage.
En bas, une fille de son âge, brune, habillée avec une vielle jupe violette à têtes de mort ainsi qu'une gros sweet-shirt vert ne le lâchait pas du bras, gesticulant autour de lui en riant. Et les deux hommes, habillés comme des voyous, lui ébouriffaient les cheveux.
C'était donc avec ça qu'il traînait ? C'était ça, ses amis ? Les gens qu'il avait quittés ?
Draco ne savait pas s'il était déçu, mais il était certain que ce n'était pas ça, ce sentiment étrange qui lui étreignait le cœur. Non, c'était encore et toujours de la jalousie : ces gens-là avaient connu Harry autrefois, ils l'avaient fréquenté, peut-être dragué. Ils avaient fait partie de sa vie. Pas étonnant que Harry ait du mal avec sa carte bleue et ses vêtements trop chers, il avait vécu bien loin des strass et des paillettes.
A nouveau, le doute lui explosait au visage : pourquoi Harry l'avait-il choisi ? Lui qui avait passé son adolescence avec des gens de son milieu. Oui, il était sorti avec Cédric, mais lui, il fréquentait des gens comme Harry, ce qui n'était pas du tout le cas de Draco, qui vivait dans le luxe et choisissait ses fréquentations. Pourquoi se laissait-il faire ? Pourquoi acceptait-il les exigences de Draco, dormir dans son lit aux draps faits sur mesure, porter des vêtements hors de prix ? Lui qui avait un mode de vie si simple… Le voir se faire enlacer, rire et embrasser cette fille dans les cheveux lui faisait prendre encore plus conscience de ce fossé qui les séparait, tous les deux.
Et à quel point une relation amoureuse pouvait être fragile. Les sentiments étaient forts, eux, du moins les siens. Mais qu'est-ce qui lui disait que Harry n'en aurait pas marre de lui, un jour ? Qu'il en ait assez de ces fêtes où il n'avait pas sa place, de…
Harry leur fit signe et traversa la route. Draco se mordilla la lèvre en s'ordonnant de se calmer. Harry l'aimait pour ce qu'il était, c'était évident : si l'argent et les sorties n'étaient pas sa motivation, alors seul le vrai Draco l'intéressait. Ils ne se seraient pas autant pris la tête, sinon… oui, c'était ça : Harry l'aimait pour ce qu'il était, donc inutile de se faire du souci pour rien. Plus facile à dire qu'à faire…
Quelques minutes plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit et Harry entra. Draco le rejoignit et le regarda retirer ses chaussures, puis son manteau, le sac de courses à ses pieds.
« Désolé, j'ai rencontré du monde, et… »
Il ne put terminer sa phrase, car Draco venait de prendre son visage entre ses mains pour l'embrasser. Surpris, Harry garda les yeux ouverts quelques secondes avant de les refermer et de répondre au baiser. Il posa ses mains sur les hanches de Draco avant d'enrouler ses bras autour de sa taille, se blottissant contre son torse, alors que le blond enlaçait son cou, le rapprochant encore plus de lui, tout en approfondissant leur baiser.
Ça ne servait à rien de se prendre la tête comme ça. Harry était à lui, il l'aimait. Point à la ligne.
« T'es en manque d'amour, toi.
- J'ai bien le droit de t'embrasser quand j'en ai envie, non ?
- J'ai rencontré des amis du lycée, devant la maison. Ça fait bizarre. »
Harry paraissait clairement amusé. Il se baissa pour ramasser son sac de courses et partit dans la cuisine tout en parlant à Draco qui écoutait attentivement ce qu'il lui racontait. La fille s'appelait Mandy Brocklehurst, il l'avait connue au collège mais ils n'étaient pas dans la même classe au lycée. Il y avait aussi Colin Crevey qu'il avait vaguement connu au lycée et Anthony Goldstein qui avait poursuivi, comme lui, des études de comptabilité. Ça faisait bizarre de les revoir, ces trois-là n'en revenaient pas de le voir ici, à Londres.
« D'ailleurs, ils m'ont invité à une soirée. Tous les anciens de notre classe, au lycée, seront réunis.
- Vas-y alors, ça va te faire du bien de les revoir. Ça se passe où ? Demanda Draco, innocemment.
- Dans une boite de nuit, apparemment. Il m'a donné l'adresse… »
Harry posa le sachet de pâtes dans le placard et fouilla dans poche pour en tirer une carte de visite qu'il posa sur la table. Draco voyait ça d'un mauvais œil mais il ne fit aucun commentaire.
« Ils ne m'en ont pas envoyé parce qu'ils étaient certains que je ne viendrais pas. Tu veux venir avec moi ?
- Non, vas-y seul, répliqua Draco d'une voix ferme. Ça fait quatre ans que tu n'as vu personne. Je vais rester ici.
- Tu es sûr ?
- Mais oui… »
Alors que, dans le fond, Draco n'avait pas du tout envie de laisser Harry s'en aller seul et sans lui. Mais le blond ne pouvait pas s'imposer, c'était une soirée où il n'avait pas à se rendre. Et puis, il devait apprendre à maîtriser sa jalousie stupide.
OoO
« Si je te dis que je ne suis pas d'accord…
- … ça ne me fait ni chaud ni froid. A ce que je sache, je n'ai jamais jugé tes fréquentations. »
Oui, c'était vrai.
« C'est vrai, mais je n'ai pas confiance ! Tu ne devrais pas y aller…
- Mais j'ai le droit d'aller où je veux et quand je peux ! Tu veux m'accompagner ?
- Tu n'accepteras jamais.
- Non, c'est sûr. Maintenant, apporte-moi une chaussure, tu seras adorable. »
Nymph' poussa un soupir à fendre l'âme. Les mains dans les poches et la démarche trainante, elle sortit du salon. Elle n'était pas du tout, mais alors pas du tout d'accord qu'Isaline fréquente ce médecin bizarre. C'était pas normal, on ne tombait pas amoureux de son patient ! Surtout qu'ils s'étaient vus, quoi ? vingt minutes ? Et il était connu que les médecins n'aimaient pas les tatoueurs pour des raisons évidentes… Okay, Draco pouvait être mis de côté. En même temps, il n'avait pas quarante ans ni mené une vie avec une femme dont il avait eu un enfant. Pas du tout la même chose.
Nymph' se pencha et prit une basket pour Isaline. Le pire, dans cette histoire, c'était que cette dernière ne les écoutait pas du tout. Elle ne le faisait jamais, d'ailleurs, mais après sa précédente rupture, Isaline avait été malheureuse et il était hors de question qu'un autre homme lui donne de faux espoirs. Ce qui impliquait donc des jugements de la part de Nymph' et Sirius, et Isaline, comme elle le disait si bien, n'avait jamais jugé leurs amants respectifs. Bon, ils savaient très bien ce qu'elle en pensait et elle s'était permis plus d'une fois de les insulter copieusement, mais quand la relation démarrait, elle fermait sa grande bouche. Elle n'était chiante qu'avec Harry, en fait, mais bon, ça se comprenait…
D'ailleurs, Nymph' et Sirius se sentait particulièrement délaissés par le jeune homme. Ils avaient espéré un peu plus de soutien mais Harry encourageait plus Isaline qu'il ne la mettait en garde. Il la poussait dans la gueule du loup au lieu de la prévenir du danger ! Même si Nymph' pouvait comprendre qu'Isaline soit vraiment attirée par cet homme, elle ne voulait pas qu'elle souffre une fois de plus.
C'était étrange, comme relation, mais pour elle, Isaline était un peu comme sa maman. Enfin, il y avait sa mère décédée qu'elle aimait passionnément, tout comme son père lui aussi défunt, mais Isaline l'avait recueillie chez elle sans conditions et elle lui avait apporté tout ce qu'elle avait désiré à cette époque où, du jour au lendemain, elle était devenue orpheline. Isaline avait repris ce rôle de mère qui lui manquait, elle était la marraine de son fils et sa patronne. Tout un tas de raisons qui la poussait à s'inquiéter pour elle…
Nymph' avait discuté avec Remus pour lui demander de l'aider un peu mais son époux lui avait répliqué que les affaires de cœur d'Isaline ne concernaient qu'elle, cela ne concernait pas son employée. Nymph' s'écria qu'elle était bien plus qu'une employée pour Isaline et Remus, lui répondit avec un sourire que, justement, Isaline avait besoin de soutien et non pas de rejet. Ces mots lui avaient cloué le bec mais pas pour très longtemps, et Remus le savait bien…
« La voilà, ta chaussure…
- Oh, Nymph', fais pas la tête, gémit Isaline en la voyant rentrer avec une tête d'enterrement.
- Je fais pas la tête. »
Côté répartie, on avait vu mieux… mais en même temps, c'était normal qu'elle soit méfiante ! Même de nos jours, ce n'était pas normal qu'un homme invite à dîner sa patiente plusieurs fois dans un même mois, et pour elle, ça ne signifiait pas du tout un début d'amitié ! Nymph' avait l'impression d'être une adolescente boutonneuse qui ne voulait pas voir sa mère se marier… surtout qu'elle avait la jambe cassée, donc elle était fragile… oui, bon, elle avait sa bombe lacrymogène dans son sac, mais quand même !
Nymph' lui mit sa chaussure tout en maudissant le plâtre qui, déjà, l'empêchait de marcher correctement, mais qui en plus était la cause de leurs soucis. Si elle ne craquait pas devant la bouille de Liloute, elle l'aurait maudite elle aussi, mais elle avait le cœur trop tendre pour ça… Mieux vaut s'attaquer à un vieux toubib plutôt qu'à une petit chienne innocente !
Enfin, pas si innocente que ça…
On sonna.
« Ah, il est arrivé.
- Je sais, Isaline, grogna la tatoueuse en se levant pour aller ouvrir.
- Nymph' ! Soit agréable, merde, on dirait une gardienne de prison ! »
La tatoueuse eut un sourire ironique qu'elle réprima quand elle ouvrit la porte. Evidemment, le docteur à la gomme était bien là, bien sapé et un peu timide. Je t'en foutrais, moi, des timides !
« Bonsoir, fit-il, poliment. Je viens pour…
- Je sais. »
Sec. Cassant. De quoi vous couper le souffle. Nymph' lui jeta un regard peu avenant et laissa la porte ouverte mais son regard le défiait de mettre ne serait-ce qu'un seul pied dans cette maison. Rémi resta donc à sa place, embarrassé : l'employée d'Isaline ne l'aimait pas du tout et il ne savait pas vraiment pourquoi. Alors qu'elle aidait Isaline à mettre son manteau, le médecin détailla cette femme d'une trentaine d'années, avec des cheveux rose fuchsia qui partaient dans tous les sens, ses oreilles percées de multiples anneaux et son corps vêtu de noir. Elle était plutôt jolie mais Rémi la trouvait assez rude. Moins tranquille que Harry et plus âgée pourtant…
Isaline sautilla jusqu'à la porte et fit la bise au médecin avant d'aller à la voiture. Rémi sentit une rougeur traitresse colorer ses joues mais il fit comme si de rien n'était. Il aida donc la tatoueuse à s'installer sur le siège passager, puis il s'installa derrière le volant.
Rémi l'emmena dans un restaurant français assez simple. Il avait rapidement compris qu'elle aimait les lieus tranquilles où elle pouvait dîner sans s'inquiéter du prix. Quand il fut garé, le médecin l'aida à nouveau mais cette fois-ci pour la remettre sur pieds et ils entrèrent dans le restaurant.
C'était elle qui l'avait appelé la veille, dans l'après-midi. Isaline voulait le remercier pour ces agréables soirées qu'elle avait passées avec lui et elle voulait l'en remercier. Certes, ce serait lui qui l'emmènerait dîner, mais ce serait elle qui paierait la note. Sur le coup, Rémi voulut refuser cette invitation. Il voyait cette femme bien trop souvent à son goût, il devait donc restreindre leurs rendez-vous. Peut-être s'imaginait-elle des choses, c'était fort possible et Rémi n'était pas prêt à s'engager dans une possible relation avec qui que ce soit. C'était ce qu'il pensait, mais sa bouche délivra un tout autre message : ce sera avec plaisir.
Et voilà où il se retrouvait : à une table en train de dîner avec cette charmante inconnue. Charmante, elle l'était. Presque naïve. Car toutes les pensées qu'il avait eues à son encontre le faisaient culpabiliser. Oui, il avait pensé qu'elle espérait quelque chose de lui, qu'il y avait quelque chose derrière tout cela, que peut-être il avait encore un peu d'intérêt, mais quand il la voyait sourire et lui parler de son filleul, il se disait que tout ça n'était que ses propres espoirs qu'il ne parvenait pas, ou plutôt qu'il ne voulait pas formuler.
Isaline Anderson était belle. A sa façon. Elle avait un joli visage, des yeux pétillants, une voix vive et des dents alignées mais peut-être un peu arrondie vers l'avant. En regardant discrètement son pouce un peu abîmé, il comprit d'où venait cette légère déformation qui se voyait à peine. À vrai dire, ça ne se voyait pas, mais Rémi l'avait tellement regardée lors de leurs soirées qu'il l'avait remarqué.
S'il était vraiment sincère avec lui-même, Rémi avouerait qu'il ne cessait de penser à Isaline Anderson. Qu'il ne cessait de penser à son visage, à sa façon de sautiller sur ses béquilles et à cette vie qu'il y avait dans ses yeux. Elle avait le charme des femmes jeunes avec de la maturité en plus. Son ex femme lui semblait plus terne, moins rayonnante, et ce n'était pas parce que sa passion pour elle s'était essoufflée. Peut-être parce qu'Isaline était seule, donc elle vivait à travers son filleul et son neveu. Ou peut-être était-ce elle, tout simplement…
Et Rémi aimait la regarder et l'écouter parler. Quand elle s'adressait à lui, il avait presque l'impression que la vie lui souriait, que les nuages gris qui flottaient au-dessus de sa tête disparaissaient l'espace de quelques heures. Comme s'il était redevenu intéressant. Pas un mari pris par son travail, un père de famille, un ex mari intolérant, un frère divorcé, un parent absent, un collègue parmi tant d'autres… Rémi Petit était devenu une ombre parmi tant d'autres, un père séparé comme tous les autres, mais en cet instant, quand le regard clair de cette femme était posé sur lui, c'était comme s'il retrouvait un peu d'intérêt. Comme s'il revivait. Il sentait battre son cœur plus vite quand leurs regards se croisaient, quand leurs mains se frôlaient…
Pourtant, il avait essayé de se raisonner. Isaline Anderson était une tatoueuse, elle gérait même sa propre boutique. Elle était différente de lui, sur bien des points. Il n'avait pas pour habitude de condamner les tatouages mais il avait tendance à grincer des dents quand c'était des jeunes qui souffraient de leurs tatouages ou autres conneries et les tatoueurs étaient les premiers visés, évidemment. Mais Isaline était différente, il la sentait plus raisonnée, plus vraie… il ne savait pas vraiment ce qu'elle avait de différent, mais ce petit quelque chose le faisait passer au-dessus de ces obstacles.
Oui, il tombait amoureux. D'une femme de son âge qui s'était cassée la jambe chez elle, un soir d'hiver. Amoureux qu'une femme qu'il connaissait à peine. Comme un adolescent, un jeune homme qu'il n'était plus. Il avait envie de lui prendre la main, de la réchauffer dans la sienne. De l'embrasser. Il n'était pas prêt pour une relation avec une femme, il le savait au fond de lui, mais Isaline l'attirait irrémédiablement.
Et tout au long du repas, Rémi se demanda ce que ça ferait d'être aimé par une femme comme celle-ci. Alors qu'elle picorait sa salade, découpait sa viande avec application ou quand elle dégustait sa coupe de glace, il se demanda depuis combien de temps il n'avait pas été aussi à l'aise avec quelqu'un que ce soit ses amis ou sa famille. Depuis combien de temps qu'il n'avait pas su ce qu'il avait envie de faire, depuis combien de temps il n'avait pas senti une impulsion soudain lui brûler la main…
Longtemps… bien trop longtemps…
Isaline finit par demander la note qu'un serveur leur apporta. Elle sortit son portefeuille ainsi que quelques billets de vingt euros.
« Laissez, Isaline, je vais payer.
- Vous plaisantez ? Laissez votre galanterie au placard. »
Quand le serveur revint, elle lui donna les billets et ils attendirent la monnaie tout en buvant une tasse de café. Rémi aurait voulu que le repas dure plus longtemps encore, mais il ne pouvait retarder indéfiniment le moment où ils se sépareraient.
Quelques minutes plus tard, ils sortirent de l'établissement et regagnèrent la voiture. Le voyage ne fut guère long, Rémi commençait à connaître le chemin. Néanmoins, il eut le sentiment d'arriver plus vite qu'il ne l'aurait cru, la maison apparut trop vite dans son champ de vision. Il se gara devant la porte du garage, comme à son habitude, puis coupa le moteur.
Il y eut un silence dans le véhicule. Pas gênant, ni lourd. Juste un silence, comme une hésitation. Isaline poussa un léger soupir avant de tourner la tête vers Rémi. Et elle vit son regard posé sur elle, ancré dans ses yeux. Une lueur d'hésitation dans ses yeux bruns.
Elle le vit se pencher vers elle, lentement. Elle ferma les yeux, et sentit sur ses lèvres le contact chaud et tendre de celles de Rémi.
Ce n'était qu'un léger baiser. Chaste, une caresse. Rien de bien sérieux, rien de bien méchant. Juste une caresse sur ses lèvres, un léger contact.
Mais il l'embrassait. Avec toute la timidité d'un homme qui tombe amoureux, qui ne veut pas effrayer celle qui fait battre son cœur. Isaline n'eut aucune réaction de rejet. En fait, elle n'eut tout simplement aucune réaction. Quand il s'écarta, les joues sûrement rouges de gêne, sa voix claqua dans le silence de la voiture.
« Vous vous rendez compte de ce que vous venez de faire ? »
Ces mots embarrassèrent le médecin qui voulut s'excuser, la panique embrouillant ses pensées, avant de réaliser que cette question n'était pas posée sur un ton de reproche. Juste, comme si… elle lui demandait s'il était bien certain de ce qu'il venait de faire. S'il était sûr de son acte.
« Je vous ai embrassée.
- Et vous en connaissez les conséquences ? »
Elle paraissait très sérieuse, le regardant droit dans les yeux, comme si elle lisait en lui, alors que leurs visages étaient à peine éclairés par un lampadaire. Son cœur, à lui, battait trop vite.
« Plus ou moins. »
Isaline soupira. Rémi fronça les sourcils, ne sachant si elle cédait ou s'il était en train de la perdre. Puis, elle leva les yeux vers lui avec un maigre sourire.
« Je suis tatoueuse, dit-elle comme si c'était un crime.
- Je suis médecin, répondit-il sur le même ton.
- Je ne suis pas toute jeune.
- Nous avons le même âge.
- Vous avez un fils.
- Vous avez une chienne, un neveu et une employée un peu trop protectrice. »
Elle pouffa, alors que son cœur, à elle aussi, battait trop vite.
« Rémi…
- On est des adultes, non ? On a eu une vie avant et on a un travail qu'on pratique depuis longtemps. On peut se laisser une chance, non ? »
Si ça ne marchait pas, ils s'arrêteraient. Ils étaient des adultes, ils avaient vécu et ils savaient à quoi s'en tenir, maintenant.
« Laisse-moi une chance, Isaline. »
Elle avait toujours les yeux posés sur lui, et son cœur battait à la chamade dans sa poitrine. Rémi la vit fermer les yeux et l'embrasser tendrement, presque timidement. Avec douceur, il passa un bras autour de ses épaules, l'attirant à lui, alors que, les yeux clos, il sentait ses mains se poser ses joues, avant de glisser vers son cou et ses cheveux.
C'était un baiser tendre. Un peu plus osé, un peu plus mouillé. Mais tout en douceur, sans précipitation, sans halètements obscènes qu'on voyait dans les séries américaines. Juste deux adultes qui ne se faisaient pas vraiment de promesses, à part celle d'essayer d'en faire à l'avenir.
***
Harry déambulait dans l'appartement, allant à droite et à gauche tranquillement, sans se presser. Et son flemme exaspérait Draco au plus haut point. Il avait presque envie de jeter Harry dehors avec ses clics et ses clacs, mais il savait que Harry le prendrait mal. Peut-être même qu'il sentirait que quelque chose n'allait pas et alors il resterait.
Il avait eu toute la journée pour se préparer psychologiquement, mais ce n'était pas suffisant : savoir que Harry allait à cette fête seul énervait Draco bien plus qu'il ne l'avait d'abord pensé. La cause première de sa contrariété était que Harry y allait seul, donc il ne savait pas ce qu'il y ferait, si on allait le draguer, si un vieux coup de cœur allait se ramener avec la bouche en cœur et lui retourner la tête et faire battre son cœur. Raaah, il était jaloux, tout simplement, et c'était la deuxième cause de son énervement : il ne pouvait pas laisser Harry disposer de sa soirée sans se poser dix mille questions à la fois.
Harry était en train de se préparer tranquillement, ignorant tout du combat intérieur de son petit ami, à savoir le suivant : devait-il le laisser partir dans cette boite de nuit ou alors chercher quelque chose ressemblant à une corde ou des menottes pour l'attacher au lit ? Cruel dilemme…
« Dray ? T'as pas vu mon portable ?
- Sous le lavabo. »
Le blond avait tellement envie de garder Harry à la maison qu'il devait se faire violence pour rester à sa place et ne pas le convaincre de rester ici. Et c'était aussi pour cela qu'il voulait le jeter dehors : plus vite il aurait quitté l'appartement, moins il aurait à martyriser son self-control.
La solution à ce problème était tout simplement que Draco l'accompagne : il serait avec lui et Harry pourrait se rendre à cette fête. Mais Draco ne voulait pas y aller. Enfin… c'était une soirée où il n'avait pas sa place. Harry n'avait pas mis les pieds à Londres depuis quatre ans et il allait revoir des camarades de lycée, il ne pouvait pas intervenir comme ça, comme un cheveu sur la soupe. Harry allait forcément rester avec lui et essayer de bien se tenir au lieu de s'amuser vraiment. Draco ne voulait pas être une gêne pour lui, il ne voulait pas jouer le rôle du petit ami possessif. Alors qu'il l'était terriblement…
« Dray ? Je vais y aller, je dois aller chercher Luna avant. »
L'étudiant se leva du canapé et traîna les pieds jusqu'à l'entrée où Harry mettait ses chaussures. Il était habillé de façon assez simple et débraillée, comme à son habitude. Le tatoueur se releva, enfila son manteau puis embrassa légèrement son petit ami sur les lèvres avant de s'en aller avec un sourire. Draco regarda la porte se fermer en pensant que le savoir parti le soulagerait, mais c'était tout le contraire. Il était encore plus anxieux, maintenant…
Ne sachant que faire, Draco partit dans la chambre et récupéra son ordinateur portable. Il retourna dans le salon et posa son appareil sur la table, le brancha sur une prise à l'aide d'un adaptateur, puis il chercha à capter une onde. Il réussit à se mettre sur celle de son voisin du dessus. Pour éviter tous les soucis liés à Internet, Draco avait demandé à une de ses connaissances de programmer son ordinateur de façon à pouvoir se connecter sur n'importe quel opérateur environnant malgré les mots de passe et les protections. Bon, il y avait quelques manipulations à faire, mais c'était quand même bien pratique quand il n'était pas chez lui…
Il se connecta donc à Internet sans songer une seule seconde que c'était du piratage qu'il était en train de faire. Il se connecta sur MSN de façon mécanique. Il changea son message perso' : Draco – Je vois qu'on s'amuse à mes dépens… Si ceux qui ont perdu le pari ne nous paient pas le resto', ça va barder. Millicent était absente mais Hermione était connectée. Ils discutèrent un peu, mirent la Webcam et, avec un sourire ironique, Draco lui demanda si elle était au courant de l'issu du pari. Elle sembla éclater de rire et, avec un sourire amusé, elle lui demanda s'il l'avait vraiment fait le premier jour. Draco hocha la tête. Hermione leva les yeux au ciel d'un air fataliste avant de taper sur son clavier qu'elle avait donc perdu son pari. Draco lui tira la langue : bien fait !
Draco discuta sur MSN un petit moment tout en surfant sur le Net mais il s'ennuyait. Il partit dans la cuisine pour réchauffer son repas. Etant donné qu'il ne serait pas là pour lui préparer à manger, Harry était allé dans un restaurant chinois pour lui acheter de quoi dîner. Draco avait beau lui avoir répété qu'il savait quand même se faire chauffer des pâtes, Harry n'avait pas lâché l'affaire. Et le blond n'avait pas insisté : ça lui faisait quand même plaisir, ce genre d'attention.
Quand il revint dans le salon avec son plateau, Draco vit que Théo s'était connecté, une fenêtre de conversation s'étant ouverte. Le blond posa son plateau et s'assit devant la table basse en lisant le doux message du jeune homme : « Salut les tarlouzes ! J'ai gagné mon pari ?? ». Amis de la poésie bonsoir… Il lut son pseudo : Je veux des vacances… C'est décidé, on se barre !! – Cho, aboule le fric, je suis sûr que j'ai gagné !. Non mais vraiment…
Draco lui répondit que, en effet, il avait gagné son pari. Alors son message perso changea à nouveau : Je veux des vacances… C'est décidé, on se barre !! – Cho, j'ai gagné mon pari !. Quelle originalité… Pour changer un peu de sujet, Draco lui demanda de qui il parlait quand il disait « on se barre ». Théo lui répondit alors qu'il détestait aller en vacances tout seul alors il avait décidé de partir avec Seamus. Draco haussa un sourcil en lisant ces mots : avec Seamus ?!
« Il est d'accord pour venir avec moi. Bon, on ira pas dans un super hôtel, mais bon, c'est histoire de décompresser un peu. »
Il comptait aller à Barcelone, même si Seamus préférait Venise. Draco souriait d'amusement et il lui demanda vicieusement s'il n'avait pas peur de se faire violer s'il dormait dans le même lit que Seamus. Théo protesta, écrivant en majuscules : ils ne dormiraient pas dans le même lit, hors de question ! Qu'il ne le prenne pas pour un pervers, c'était pas un week-end en amoureux qu'il organisait ! Il était déjà parti avec Harry, en plus ! De suite, le regard de Draco s'éclaira d'intérêt…
« Tu es parti avec Harry ?
- Bah ouais ! Aux vacances de Pâques, l'an dernier, on est allé au Mont St-Michel. Et y'a deux ans, aux vacances d'été, on est allé à Marseille. J'aime bien voyager avec quelqu'un, c'est plus marrant que tout seul. Je fais ça souvent. »
Draco fut étonné mais, en même temps, ça lui arrivait aussi. Enfin, il n'avait pas vraiment eu l'occasion cette année, mais depuis qu'il était entré à la fac, il voyageait de temps en temps avec Blaise et il aimait bien passer du temps avec son meilleur ami…
Le temps passa, et plus les minutes défilaient, plus Draco sentait un manque. Oh, il y avait bien Théo, Hermione et finalement Millicent pour le distraire, mais il continuait de penser à Harry, bien malgré lui. Il devait déjà avoir dîné depuis longtemps avec Luna et il devait être dans la boite de nuit. Quelle idée de faire une fête dans un endroit pareil, aussi fréquenté… Enfin bon. Draco avait gardé la carte de la boite dans sa poche, on ne savait jamais…
Soudain, son téléphone, posé à côté de l'ordinateur, vibra. Très surpris, Draco regarda le nom de son interlocuteur : Blaise. Mais qu'est-ce qu'il lui voulait, celui-là, à une heure pareille ?
« Allô ?
- Dray, c'est moi ! Donne-moi l'adresse de l'appart', s'il te plait !
- Pardon ? Fit le blond, sans comprendre.
- L'adresse de l'appartement de Harry !
- Mais pourquoi tu veux son adresse ?
- Bah en fait je suis à Londres, là, et j'ai sonné chez Luna mais elle répond pas !
- Pardon ?! Mais qu'est-ce que tu fous à Londres ?! »
Il entendit Blaise gémir et il l'imagina tout gêné à l'autre bout de la ligne. Mais qu'est-ce que cet idiot faisait ici, à Londres ? C'était vrai qu'il avait pris ses vacances lui aussi pour toute la semaine, mais il ne lui avait pas dit qu'il venait lui aussi en Angleterre… Draco attendit des explications et son ami lui avoua d'un air embarrassé qu'il avait décidé sur un coup de tête de venir à Londres pour déclarer ses sentiments à Luna.
« Alors je suis allé chez elle mais elle répond pas quand je sonne ! »
Draco ne put s'empêcher d'éclater de rire : ah la la, quel romantisme… Blaise lui cria dessus en lui interdisant de se moquer de lui, mais c'était irrésistible. Draco se calma et lui demanda s'il avait déposé ses valises quelque part, Blaise lui répondit qu'il était déjà passé à l'hôtel.
« Alors, c'est quoi l'adresse ? Comme Luna est pas chez elle, je vais venir…
- Blaise, tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas retourner dans ton hôtel et te changer.
- Me changer ?
- Ouais. On va en boite ce soir ! »
OoO
La boite de nuit était tout de même assez grande. Elle était construite de la façon suivante : la piste de danse était au centre, spacieuse et colorée, tandis que des escaliers menaient à des bars surélevés, séparant ainsi subtilement les danseurs de ceux qui voulaient boire ou draguer. Harry n'y avait jamais mis les pieds et Luna encore moins. Une fois de plus, elle lui fit remarquer que se réunir dans une boite de nuit était sans intérêt. Ils avaient voulu organiser quelque chose d'original mais c'était vraiment pas terrible. Elle n'aimait pas danser ni boire et elle était persuadée qu'elle n'était pas la seule dans ce cas-là. Harry l'écoutait plus ou moins, cherchant le point de rendez-vous des yeux. Et il ne pouvait le louper : une vingtaine de personnes étaient attroupée devant le bar.
« Si je m'en vais maintenant, tu crois que quelqu'un le remarquera ? Demanda innocemment Luna.
- Oui, moi.
- C'est pas grave, ça. Bon, je te laisse, dit-elle en faisant mine de s'en aller.
- Je vais envoyer les Ronflacks cornus à ta recherche.
- Même pas vrai. »
Luna ne put en dire davantage car ils venaient d'être repérés. Il y eut d'abord de la surprise sur le visage de leurs anciens camarades de classe qui regardaient Harry comme s'il s'agissait d'un extra-terrestre. Puis, ils poussèrent un cri hystérique et le pauvre tatoueur fut comprimé entre des bras inconnus. Il distingua plus ou moins des visages et il préféra attendre qu'on ait fini de lui embrasser les joues, de lui ébouriffer les cheveux et de lui taper le dos pour enfin reprendre ses esprits. Il saluait tout le monde sans se demander à qui il disait « bonsoir », prenant tout son temps pour reconnaître ses anciens camarades de lycée.
Leurs visages avaient plus ou moins changé. Il n'en avait pas vu certains depuis quatre ans, d'autres depuis qu'il avait quitté le lycée. Lui aussi, il avait changé avec les années et Harry souriait en voyant tous ces visages qui semblaient heureux de le voir après autant de temps. Son cœur battait très vite dans sa poitrine tant il était heureux d'être là, à cet instant. Il serrait des mains en riant, avant de chercher Luna du regard. Il n'en eut pas besoin car, quand on cessa de le saluer à tout bout de champ, elle se cramponna à son bras comme si c'était sa bouée de sauvetage. Harry perçut des regards agacés mais il les ignora. Comme il le faisait autrefois.
Harry fut au centre de toutes les attentions : on lui posait toute sorte de questions, sur son travail, Isaline, sa vie à Paris… et le jeune homme répondait tout en sirotant un verre d'alcool, Luna toujours à son bras. Ça lui faisait du bien de revoir des visages connus, il discutait à la fois avec des garçons qu'il n'avait pas vu depuis le lycée et des filles qu'il fréquentait autrefois quand il vivait encore à Londres. C'était étrange de découvrir ce que les uns et les autres étaient devenus, avec qui il sortaient. Un ou deux d'entre eux était même fiancé, voire marié. Tout cela le rendait nostalgique.
Au prix de maints efforts, surtout à cause de ces pipelettes de filles qui voulaient tout savoir sur tout sur ce beau gosse qui ramenait enfin ses fesses à Londres après quatre ans d'absence, Ernie McMillan qui réussit à monopoliser son attention.
C'était un garçon aux cheveux bruns ondulés qui se la pétait un peu mais Harry l'aimait bien. Du moins du temps du lycée quand ils étaient dans la même classe, et malgré le départ de Harry, ils avaient gardé contact. Il l'aimait bien malgré ses manières un peu pompeuses, sa façon de se la raconter surtout en sciences où il excellait. Mais il avait arrêté lui aussi le lycée pour se lancer dans une formation plus technique, ses bonnes notes en sciences naturelles et en mathématiques ne sauvant pas le reste de ses matières.
Harry savait qu'Ernie avait toujours eu un faible pour lui. On lui connaissait quelques petits copains par-ci par-là mais jamais rien de bien sérieux. S'il se fiait à ce que lui avaient dit les autres autrefois, Ernie était tout simplement fou de lui et cela depuis le lycée, mais Harry avait toujours pensé que cela était exagéré, il ne voyait en son camarade de classe qu'un copain comme un autre, même s'il avait conscience de son attrait pour lui. À vrai dire, Ernie lui avait demandé de sortir avec lui mais Harry avait évidemment refusé et l'autre n'avait plus essayé de le conquérir. A vrai dire, à l'époque, Harry avait d'autres préoccupations, à savoir Cédric.
D'ailleurs, personne ne parla de lui, ni d'un hypothétique petit ami que Harry aurait pu avoir pendant ces quatre ans. Il n'y fit pas tellement attention, c'était plutôt Luna qui avait remarqué ce détail. Il y avait une certaine pudeur dans les propos des autres, comme s'ils n'osaient pas lui demander s'il avait réussi à refaire sa vie. Elle voyait pourtant qu'Ernie brûlait d'envie de le lui demander mais il n'osait pas.
Harry discuta une bonne demi-heure de cette façon en sirotant son verre, alors que le DJ mettait la musique en route, attirant les couples ou les célibataires encore seuls sur la piste avec des musiques électro. Harry écoutait plus ou moins ce qu'Ernie lui racontait, l'esprit déjà très loin. Il pensa à Draco, tout seul à l'appartement et il se dit que, en fin de compte, il aurait vraiment dû insister pour qu'il vienne. Il aurait voulu que Draco l'accompagne mais, manifestement, son petit ami préférait que Harry y aille seul. Non pas qu'il fut mal-à-l'aise avec ses anciens camarades de classe, mais… c'était comme ça. Certains étaient venus en couple, d'autres seuls. Il était certainement le seul amoureux à être venu en célibataire…
Histoire de se changer un peu les idées, Harry décida d'aller danser. Les célibataires du groupes semblaient prêts à se jeter sur la piste et, tant qu'à faire… il voulut entraîner Luna mais elle avait dû détecter une menace chez son meilleur ami et elle avait préféré fuir plutôt que de devoir se tortiller sur la piste.
OoO
En réalité, Luna avait été embarquée par quelques filles qui avaient la joyeuse idée de la bourrer. C'était du moins ce qu'elle en avait conclu vu ce qu'elles avaient commandé comme alcool au bar. Sauf que Luna ne touchait jamais à un verre contenant autre chose que de l'eau, du lait ou du jus d'orange. La seule fois où elle se permettait une coupe de champagne, c'était aux anniversaires de Harry, voire à Noël. Elle supportait aussi bien l'alcool que Sirius les prises de sang.
Luna refusait donc obstinément de toucher à ce verre, demandant un jus d'orange au serveur du bar qui la regardait avec étonnement. Les autres filles voulurent l'en empêcher mais elles ne pouvaient évidemment pas la faire boire de force. Enfin, elles auraient pu si Harry n'avait pas été là, mais pas sûr que le jeune homme accepte qu'on « fasse du mal » à sa meilleure amie…
Voyant bien que Luna n'abdiquerait pas, les filles, toutes célibataires, cherchèrent un partenaire des yeux. Il y avait des beaux garçons ici, mais tous n'étaient pas libres, évidemment, ou alors ils draguaient d'autres filles. Ou alors, c'était des moches. Une bande de garçons vint à leur rencontre, roulant des mécaniques. Luna se dit que la soirée allait être vraiment très longue, alors que celui qui semblait être le chef disait à Orla Quirke que, si elle buvait son verre cul-sec, il ferait ce qu'elle voudrait. Sans aucune hésitation, elle avala son verre et lui demanda : je ne veux plus que tu me parles. Abasourdi puis vexé, le type s'en alla avec sa bande gloussante.
C'était d'un ennui… écouter ces dindes fantasmer sur tel ou tel mec ou critiquer un garçon dans son coin ou accoudé au bar était aussi stupide qu'inintéressant. Luna chercha Harry des yeux mais elle ne le vit pas. Peut-être était-il allé danser ou alors il discutait encore avec Ernie. Décidemment, elle n'aurait pas dû venir…
« Oh regarde le mec-là ! Il est trop canon !
- Qui ça ?
- Le grand Noir. »
Orla chercha des yeux un « grand Noir » et vit en effet un métis habillé avec classe et élégance marcher tranquillement. Il était assez grand, ses cheveux noirs et crépus nattés sur sa tête. Il était vraiment beau, songea-t-elle. Il était pour elle, celui-là. Surtout qu'il s'avançait vers elle, regardant dans leur direction.
« Je crois qu'il me regarde…
- T'as une touche ! »
D'un pas un peu plus rapide, les mains dans les poches et un léger sourire sur les lèvres, le métis s'avança vers elles. Toute frétillante, Orla se recoiffa rapidement en passant sa main dans ses cheveux sombres. Quand il fut à leur hauteur, elle lui fit ses yeux de biche, mais elle comprit trop tard que le regard de ce bel homme n'était pas dirigé vers elle. Avec horreur, elle le vit s'avancer Luna, assise juste à côté d'elle.
« M'accorderez-vous cette danse ? »
Luna sembla émerger de son petit monde et revint sur terre. Elle tourna la tête et ne manifesta absolument aucune surprise quand elle vit Blaise Zabini juste devant elle, une main galante tendue vers sa personne, alors que son cœur battait à la chamade dans sa poitrine.
« Je n'aime pas danser. »
Et il eut un sourire amusé, comme s'il n'était pas étonné de sa réponse. Qu'il s'y attendait.
« Je sais. »
Et elle posa sa main dans la sienne, si petite et si blanche dans ses doigts sombres de métis qu'il referma sur les siens. Luna se leva de son siège et le suivit, disparaissant avec lui dans la foule.
OoO
De son tabouret, Ernie le regardait danser sur la piste, seul, accompagné du petit groupe de célibataires qui avait décidé de se jeter dans la fosse aux lions. Il percevait certains regards de convoitise posés sur Harry, quelques approches plus ou moins timides à chaque fois repoussées gentiment. Harry était beau et désirable à danser de la sorte, en accord avec la musique qui emplissait la large salle. Il avait quelque chose de sensuel, d'attirant. Ernie ne voyait que lui, au milieu de cette foule, ses cheveux noirs ébouriffés comme au saut du lit, ses mèches écarlates et son sourire…
Il ne pensait vraiment pas le voir ce soir. Mandy, Colin et Anthony avaient gardé la nouvelle pour eux afin de faire une surprise. Enfin, Colin n'avait logiquement rien à faire ici, sauf qu'il sortait avec une fille de leur ancienne classe donc il était présent. Bref, Ernie n'aurait jamais pensé que Harry serait présent, vu qu'il n'avait pas mis les pieds à Londres depuis quatre ans. Ils avaient gardé contact, discutant sur MSN et parfois par téléphone.
Ernie était amoureux de lui depuis le lycée. Depuis la première fois qu'il l'avait vu, en fait. Le problème de Harry était précisément ce qui faisait son charme : son charme et sa capacité d'être sympathique avec tout le monde. Résultat, il accordait la même importance à tous et il avait du mal à différencier l'amitié de l'attirance. Enfin, il voyait quand on le draguait, mais il ne percevait pas toujours la subtilité de certains propos… et il considérait Ernie comme un ami, un copain de classe, rien de plus.
Jamais Ernie n'avait essayé de le conquérir, ayant peur de se prendre un râteau. Mais quand Harry eut quitté le lycée, son absence lui devint insupportable et malgré ses tentatives pour l'oublier, le tatoueur restait toujours dans son esprit. Il finit par se rendre à l'évidence : plus Harry grandissait et mûrissait, plus il devenait désirable. L'époque où il était fier d'être avec lui en volley, l'époque où il lui cédait volontiers une partie de son devoir de maths, ou encore celle où sa tante les embarquait tous dans sa voiture pour les emmener au cinéma… tout cela était bien loin. C'était presque un adulte qu'il avait dans les yeux, un adulte encore vierge qui ne demandait qu'à devenir véritablement un homme.
Mais ses espoirs étaient tombés à l'eau quand Harry l'avait rejeté, avec cet air gêné, penaud, qui lui avait fait terriblement mal au cœur. Plus tard, il sut qu'il était en passe de sortir avec Cédric Diggory. Quand il fut retrouvé après son kidnapping, Ernie pensa innocemment que, une fois Harry un peu remis, il pourrait l'aider à remonter la pente, lui apporter son soutien et son amour… Cela ne s'était pas passé comme prévu. Quelques mois plus tard, Harry quittait Londres avec sa famille. Et Ernie tira un trait sur son amour pour lui.
Aujourd'hui, c'était différent. Il avait pris Harry dans ses bras, il l'avait vu rire et sourire tout en buvant un verre d'alcool. Et à présent, il le voyait danser, seul, sur la piste. Harry qu'il désirait toujours autant, qu'il aimait avec la même intensité malgré ces années d'absence.
« Va le rejoindre ! »
Mandy s'était approchée de lui, ainsi qu'Anthony.
« Descend et rejoins-le ! Regarde, il est tout seul ! Il est célibataire en plus.
- Il ne l'a pas dit, fit remarquer Anthony.
- C'était pas dans la conversation mais il nous l'aurait dit s'il était avec quelqu'un ! Allez, Ernie ! »
Il hésitait. C'était vrai que Harry n'avait pas parlé d'un possible petit ami, ou alors d'une copine. Et il avait réussi à avoir toute son attention, tout à l'heure, il lui parlait beaucoup… Ragaillardi, il fit mine de vouloir descendre dans la fosse, applaudi par ses deux amis.
Mais il eut une vision d'horreur, qui le cloua sur place.
OoO
Harry ondulait au rythme de la musique, emporté par les notes qui défilaient au fil des secondes dans ses oreilles. De temps à autre, il repoussait des avances plus ou moins timides. Il voulait danser seul. Sans personne. Car accepter les avances de quelqu'un revenait à lui donner des espoirs et, même si ce n'était pas une trahison à proprement parler, Harry ne voulait pas être infidèle à Draco.
Soudain, deux mains se posèrent sur ses hanches et un corps se colla au sien, ondulant à son rythme. Surpris, Harry tourna la tête et voulut repousser la personne mais il stoppa son geste. Une agréable surprise se peignit ses traits alors qu'il croisait un regard qu'il connaissait bien.
« Tu danses avec moi, beau brun ?
- Pourquoi pas ? »
Harry ferma légèrement les yeux quand son amant glissa sa bouche contre son cou, embrassant sa peau légèrement humide, ses mains tenant toujours ses hanches. Il laissait Draco l'allumer, tranquillement, son corps ondulant derrière lui, l'effleurant par instant, son souffle contre sa joue… Harry se faisait draguer par son petit-ami et c'était toujours aussi agréable…
Quelques minutes plus tard, alors que le DJ changeait de registre, Draco retourna Harry pour l'avoir face à lui. Leurs corps trop proches l'un de l'autre ondulaient en rythme. Harry pencha la tête et lui parla au creux de l'oreille.
« Je croyais que tu ne voulais pas venir.
- Seuls les idiots ne changent pas d'avis. Et je n'aime pas te voir flirter avec d'autres personnes. »
Harry lui répliqua qu'il ne flirtait avec personne, mais il vit bien que Draco ne l'écoutait pas, trop occupé à l'électriser, comme il savait si bien le faire. Alors il joua le jeu. Sans faire attention aux regards posés sur lui. Il n'y avait que Draco, ses yeux bleus qui ne regardaient que lui, ses lèvres qui effleuraient les siennes et ses mains sur ses hanches…
OoO
« Mais c'est qui, ce connard ?!
- Je sais pas, je l'ai jamais vu ici… »
Ernie fulminait, et ni Mandy ni Anthony ne parvenaient à le calmer. Le jeune homme avait les yeux rivés sur la piste de danse où Harry se faisait draguer par un homme.
Tout à l'heure, alors qu'il dansait seul, ce blond s'était approché de lui pour se plaquer contre son corps. Harry avait paru surpris avant d'afficher une agréable surprise, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Répugné, Ernie avait regardé ce type lui embrasser le cou, danser contre lui, dans son dos, avant de le retourner et à présent l'emporter dans une danse tantôt innocente, tantôt sensuelle.
Ernie était tout simplement halluciné. Il avait connu Harry prude, repoussant avec gêne les avances de ses prétendants sans jamais oser s'aventurer trop loin avec quelqu'un, même pour un simple flirt. Et le voilà, dans cette boite de nuit, en train de danser avec un type qui venait tout juste de l'accoster. C'était vrai que cet inconnu était pas mal, du moins ce qu'il pouvait en voir de là où il était, mais de là à se laisser aller ainsi dans ses bras alors qu'il ne le connaissait même pas…
Il était dégoûté. Et déçu. Harry était-il devenu comme ça ? Se laissait-il aller dans les bras de n'importe qui sous prétexte que la personne était bien faite ? Ernie ne pouvait le croire, ce n'était pas le genre de Harry… En même temps, ça faisait quatre ans qu'il ne l'avait pas vu… et ça faisait tellement mal de le voir sourire ou rire dans les bras de cet inconnu, effleurant ses lèvres de façon aussi innocente que sensuelle. Il serra les poings quand tous deux échangèrent un baiser plus appuyé.
« Ne le regarde pas, Ernie, ça sert à rien… Tenta Mandy en le voyant aussi énervé. Harry a changé, tu sais, on change tous… »
Mais ses paroles étaient vaines, il ne parvenait pas à quitter le couple des yeux. Harry s'amusait clairement avec cet homme. Un homme. Ils étaient une boite hétéro et il dansait avec un homme ! Harry n'avait donc plus honte de rien… ces quatre années passées loin de Londres l'avaient définitivement changé. Blessé, Ernie suivi ses deux amis au bar et il prit un bon verre d'alcool qu'il but cul-sec. Alors qu'Anthony essayait de lui remonter le moral, Ernie se dit que, peut-être, il devrait tenter sa chance de la même manière. De façon tout aussi spontanée qu'audacieuse. Et peut-être que Harry voudrait de lui…
Mandy regardait Ernie avec tristesse. Elle aussi était choquée : elle ne pensait pas que Harry pourrait se faire allumer aussi facilement par le premier beau gosse venu, elle pensait qu'il serait resté le même. Dans le fond, il n'avait pas changé : toujours aussi rieur, souriant et débraillé. Mais en le voyant se déhancher sur la piste, se laissant draguer par un inconnu… il avait changé, en fait. Ce qui s'était passé avec Cédric l'avait changé, ou alors c'était tout simplement sa vie à Paris…
Pendant de longues minutes, elle voulut convaincre Ernie d'aller danser, avec une fille, un garçon ou même elle s'il en avait envie. Ou alors de foncer voir Harry et de le draguer de façon toute aussi audacieuse, mais le jeune homme refusait de lever ses fesses de son siège. D'autres anciens élèves vinrent les rejoindre et ils remarquèrent la mauvaise tête d'Ernie qui ne lâcha pas un mot. Alors on l'ignora, préférant parler de Luna qui avait disparu avec un super beau mec noir. Les cancans et les médisances étaient déjà en train de faire des ravages dans ces bouches acides et jalouses…
De longues minutes plus tard, un mec du groupe remarqua soudain que Harry venait de quitter la piste, un type lui tenant la taille de façon possessive. Ernie tourna la tête à se coincer une cervicale et vit, en effet, que le couple venait de monter quelques marches d'un escalier. Alors qu'ils s'avançaient vers le bar, il put détailler l'inconnu : un jeune homme de leur âge, ou alors âgé d'un ou deux ans de plus, plus grand que Harry d'une demi-tête avec des cheveux d'un blond clair et naturel, très bien habillé et sûrement avec des fringues qui coutaient la peau des fesses. En somme, un petit bourgeois. Alors c'était ça que Harry aimait ? Les riches ?
« Harry ! »
Le jeune homme sembla sursauter et il chercha l'origine de la voix. Il sembla apercevoir Mandy qui lui faisait un petit signe de la main pour qu'il vienne vers eux, vu qu'il semblait ne pas les avoir vus. Son blondinet le tenant toujours pas la taille, il vint vers eux avec un léger sourire sur les lèvres, comme à son habitude. Une fille gloussa en le voyant avec une aussi belle compagnie.
« Tiens, tu t'es trouvé un chéri, Harry ? »
Le brun rougit et l'inconnu eut un sourire sarcastique. Harry lui donna un petit coup dans les côtes en lui jetant un regard agacé. Puis, il soupira et fit les présentations.
« Non, en fait, c'est mon petit-ami, Draco. »
Un vent de surprise passa sur le petit group. Mandy imitait le poisson rouge et Ernie semblait carrément halluciné. Ce type était son mec ?!
« A la base, il ne voulait pas venir, mais il y a eu un petit changement de programme. »
Cela s'expliquait. La façon dont il l'avait abordé, dont il l'avait touché et embrassé. Pas étonnant que Harry se soit laissé faire… Mandy regretta ses pensées négatives qu'elle avait eues contre Harry. Elle jeta un regard incertain à Ernie qui tentait tant bien que mal de canaliser sa colère.
Harry était pris. C'était pire encore.
« Sérieux ? Mais tu nous l'as pas dit !
- C'est pas venu dans la conversation.
- T'as honte de moi ou quoi ?
- Draco ! »
Draco. C'était quoi, ce nom ? Il ne l'avait jamais entendu, Ernie trouvait ce prénom vraiment stupide…
« Et ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?
- Quatre mois environ.
- Et vous faites quoi dans la vie, Draco ?
- Je suis étudiant, en cinquième année de médecine. »
Ernie sentit que quelque chose s'effondrait, en lui. Cet homme était étudiant. En cinquième année de médecine. Il répondit à Mandy en lui confirmant qu'il voulait être médecin. Il était beau, autant l'avouer, et il tenait la taille de Harry d'un bras possessif, sa main posée naturellement sur sa hanche. Mais ils étaient si différents, tous les deux… Harry était plus petit, brun, la définition même du mot « débraillé », alors que Draco respirait la classe. Et pourtant…
Ils allaient bien ensemble…
On leur posa des questions. Comment ils s'étaient rencontrés. Si Isaline s'entendait bien avec Draco. Si tout se passait bien entre eux. Le genre de questions un peu bête que tout le monde posait en général. Ernie écoutait chacune des réponses, même si ça le blessait de plus en plus. Surtout que le blond semblait avoir remarqué son intérêt pour Harry, car il ne lâchait pas des yeux. Enfin, c'était assez discret, mais Ernie sentait son regard posé sur lui. Il semblait agacé, autant par toutes ces questions que par le simple fait d'être là, alors que Harry était tout à fait à l'aise.
« Mais au fait, où est Luna ? Demanda soudain Harry.
- Oh, elle s'est fait kidnappée, répondit Olga d'un air fataliste. Un beau gosse l'a emmenée danser.
- Un beau gosse ?
- Ouais, c'était un black. Vraiment bien foutu. »
Harry leva lentement la tête vers son homme qui regardait autre part d'un air indifférent, alors que le brun attendait manifestement une réponse.
« Dray ?
- Hm ?
- C'est quoi cette histoire ?
- C'était pas prévu, il est arrivé il y a deux heures.
- C'est pour ça que t'es venu, en fait… »
OoO
Ils allèrent dans un endroit un peu plus tranquille, où la musique était moins forte. Blaise voulait parler distinctement sans avoir à s'époumoner pour se faire comprendre. Et hors de question de sortir, il faisait bien trop froid dehors.
Blaise tenait toujours la main de Luna dans la sienne, la jeune fille le suivant docilement. Son cœur battait à la chamade : Luna portait une robe bleue bariolée, la même qu'elle avait à Noël, et elle était toujours aussi jolie. Blaise ne regrettait pas d'être venu sur un coup de tête, même s'il était assez angoissé à l'idée de lui dévoiler ses sentiments.
Quand ils furent un peu à l'écart, Blaise se mit face à Luna et la regarda droit dans les yeux. La jeune fille semblait un peu étonnée, mais elle avait toujours son air un peu rêveur, lunatique. Toujours la même…
« Tu es étonnée de me voir ?
- Un peu. Je ne savais pas que tu venais à Londres. Tu es arrivé quand ? »
Blaise pensait plutôt qu'elle serait étonnée de le voir ici, dans cette boite de nuit, mais c'était Luna, et elle était plus surprise de le savoir à Londres.
« Il y a deux heures, à peu près. Ce n'était pas prévu. Je… Je voulais te voir.
- On aurait pu se voir autre part. C'est nul, ici. »
Blaise eut un petit rire nerveux : c'est sûr qu'il y avait mieux, comme endroit, mais s'il avait attendu le lendemain, pas sûr qu'il aurait retrouvé le courage de lui avouer ses sentiments.
« Luna, je vais être franc avec toi. Je suis pas doué pour les grands discours… Ecoute, tu me plais vraiment, et depuis que je t'ai vu, à Noël… »
Sa voix était incertaine, il ne savait s'il était bien clair quand il parlait. Et Luna le regardait avec ses grands yeux bleus inexpressifs, comme si elle écoutait un cours de géographie. Stressante, comme fille…
« Donc, je voulais savoir si tu voulais bien être ma petite amie. »
Alors, il vit quelque chose s'animer dans les yeux de l'anglaise : ils semblaient briller, alors que rien dans son visage n'avait changé. Elle le regardait bêtement, comme si elle n'avait pas entendu ce qu'il lui avait dit. Alors que Luna avait très bien compris, mais elle se disait que son imagination lui jouait vraiment des tours. Quand elle avait vu Blaise venir, elle s'était dit que c'était sûrement une créature qui lui était venue en aide pour la tirer de son ennui, et maintenant, elle se demandait si elle n'était pas tout simplement en train de rêver.
« Blaise, tu es sûr que c'est toi ?
- Pardon ?!
- Tu as bu quelque chose avant de venir ? Il parait que ça faire perdre la tête, c'est pour ça que je ne bois jamais, moi, je veux garder les pieds sur terre.
- Luna, soupira-t-il. Oui, je suis bien Blaise, et je viens de te demander de sortir avec moi.
- Ou alors tu as mangé un truc qui n'est pas passé…
- Et si ce n'était pas le cas ? L'interrompit-il de façon brusque. Si je n'avais rien bu ni rien mangé de bizarre avant de venir ici ?
- Pourquoi tu veux sortir avec moi ? »
Sa voix était… hésitante. Et même sur ses traits, il lisait l'hésitation. Comme si elle ne croyait pas qu'il puisse s'intéresser à elle, comme si elle pensait qu'il se moquait. Que ce n'était qu'une blague. Blaise lut le trouble dans ses yeux. Luna était lucide, pas rêveuse comme à son habitude. Elle ne le croyait pas.
« Parce que tu me plais, parce que je n'arrête pas de penser à toi…
- Qu'est-ce qui te plait chez moi ? Demanda-t-elle soudainement.
- Tu veux que je te fasse une liste ?
- Y'a beaucoup de choses ?
- Oh oui, fit Blaise en caressant doucement sa joue. Il y a beaucoup de choses, sur cette liste. »
Il voulait la rassurer, mais au contraire, il la vit se tendre. Luna paraissait tourmentée, ses sourcils légèrement froncés. Comme si on embêtait un petit chaton et qu'il ne savait pas comment réagir. Blaise retira sa main, comme si elle avait été brûlée. Son cœur lui faisait mal… Il était en train de perdre Luna. Elle s'écartait de lui, elle ne voulait pas de lui. Et ça faisait mal…
« Je comprends pas.
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas, Luna ? Fit Blaise d'une voix douce.
- Je ne suis pas intéressante ou belle, moi. Pourquoi tu t'intéresses à moi ? »
Blaise ne cacha pas sa surprise, alors que Luna poursuivait. On aurait dit qu'elle ne s'arrêterait jamais de parler, et sa voix se faisait de plus en plus basse. Elle lui disait qu'il était beau, lui, et intelligent, alors qu'elle n'avait rien d'intéressant. On la trouvait bizarre, elle n'avait pas de formes, rien de féminin, mais lui il était élégant, riche, il voulait devenir médecin, il faisait de longues études, il avait tout pour plaire. Alors pourquoi lui demander ça à elle ? Pourquoi elle ?
Pour faire taire ce flot continu de mots, et éteindre cette lueur incertaine et triste dans les yeux bleus de Luna, Blaise prit son visage entre ses mains et l'embrassa tendrement. Ses lèvres étaient douces et chaudes sous les siennes. Ses doigts glissèrent dans ses cheveux blonds, ses paupières se fermèrent. Il sentit son cœur battre encore plus vite quand Luna répondit timidement à son baiser, ses mains posées sur sa chemise. Alors, sans quitter ses lèvres, Blaise la prit dans ses bras doucement, comme pour ne pas l'effrayer. Elle était fine et petite, il la dépassait d'une bonne tête, il devait donc se baisser un peu. Mais elle se mit sur la pointe des pieds, se blottissant dans ses bras, et Blaise se sentit fondre devant autant de douceur.
Quand ils se séparèrent, brisant ce baiser chaste et tendre, Blaise regarda Luna avec une tendresse qu'il ne se connaissait pas. Il vit les joues de sa nouvelle petite amie rosir et elle posa ses doigts sur ses lèvres. Elle semblait un peu choquée, il haussa un sourcil.
« Un problème ?
- C'était la première fois que j'embrassais quelqu'un. »
Elle eut un petit rire devant le visage halluciné de Blaise. Puis elle se mit sur la pointe des pieds et lui avoua dans le creux de l'oreille qu'elle était amoureuse de lui. Blaise ferma alors les yeux, savourant ces quelques mots prononcés avec innocence, avant de lui dire les mêmes paroles.
OoO
« Vous le connaissez, ce mec ?
- C'est mon meilleur ami. »
Harry semblait bouder : Draco ne lui avait pas dit que Blaise était là et encore moins qu'il avait décidé d'avouer ses sentiments à Luna ce soir. Dans le fond, il n'aurait pas changé de comportement, mais il aurait bien voulu savoir, quand même. Luna était comme sa petite sœur.
Il écoutait à peine les bavardages, ayant simplement envie de chercher Luna et Blaise afin de savoir si tout s'était bien passé. Elle n'avait jamais eu d'amoureux donc, même s'il avait confiance en Blaise, il voulait savoir si tout allait bien. Enfin, ils n'allaient pas quitter la boite sans eux, ou du moins, ils se reverraient le lendemain. En fait, Harry était rassuré et il était plutôt content, mais il boudait pour la forme, ce qui amusait Draco, même s'il ne le montrait pas.
Le blond jouait un rôle. Son rôle. Comme d'habitude. Il répondait poliment aux questions de ces gens qu'il ne connaissait pas, même s'il gardait une certaine pudeur. Quand on insistait trop, il ne répondait plus. Il n'aimait pas vraiment ces gens-là, il n'aimait pas leur manière de chercher quelque chose sur lequel médire. Il voyait dans les yeux de deux ou trois personnes quelque chose de malsain alors qu'ils s'étonnaient de la situation de Draco : futur médecin, de milieu sûrement aisé et beau gosse. Harry était loin de l'égaler, ayant quitté l'école quand il avait seize ans pour devenir tatoueur. Peut-être jugeaient-ils le couple superficiel, ou peut-être pensaient-ils qu'il ne durerait pas.
Et puis, il y avait ce type, Ernie, qui ne lâchait pas Harry du regard. Il n'avait pas ouvert la bouche depuis leur arrivée, malgré les tentatives d'une fille pour le faire parler. Ses lèvres restaient closes et c'était aussi bien comme ça. Il voyait à son regard qu'il éprouvait des sentiments pour Harry, il paraissait amer et énervé. Peut-être se sentait-il inférieur ou alors en colère parce que Harry était déjà pris, vu qu'il n'avait apparemment pas mentionné l'existence de Draco.
D'ailleurs, sur le coup, le blond avait été étonné que Harry n'ait pas parlé de lui, sans pour autant lui en vouloir. Au fil de la conversation, Draco sentait qu'on évitait de parler de Cédric, donc Harry n'avait sans doute pas pensé à lui, vu que tout le monde évitait de parler de son départ et de son ex petit-ami, alors que ça aurait pu être un « bon » sujet de conversation…
En bref, Draco en avait marre d'être ici. Les amis de Harry ne lui plaisaient pas des masses, alors que ceux qu'il avait à Paris lui convenaient tout à fait : Draco appréciait beaucoup Théo, ou encore Ron, Cho et Olivier. Mais les personnes dont Harry lui avait parlé, à la maison, et qu'il voyait à présent ne lui plaisaient pas. Il y avait quelque chose d'un peu « gamin », chez eux, un peu « cité »…
Chez Théo ou Ron, plus jeunes que les deux autres, il y avait davantage de maturité. En même temps, Ron était l'avant-dernier et il avait démarré tôt dans la vie active et Théo se gérait tout seul depuis longtemps. Cho était une gamine mais aussi une femme, pas une jeune fille, et Olivier était un homme. C'était étrange de se plonger dans la jeunesse de Harry par l'intermédiaire de cette soirée entre anciens camarades de lycée. Cependant, Draco trouvait vraiment étrange que ça se déroule dans une boite de nuit, il n'en voyait pas l'intérêt…
Harry boudait contre lui, mais pas de façon exagérée, juste pour le taquiner. Draco le tenait par la taille et il comprit à quel point ça avait été important pour Harry d'avoir ce genre d'attention de sa part lors des deux soirées où ils avaient été invités. Harry avait eu besoin de sa présence car il était perdu, il n'était pas à l'aise, pas dans son milieu. Ce soir, la situation s'était retournée : c'était Draco qui n'était pas à sa place et qui s'accrochait à Harry, comme s'il avait peur de se perdre. C'était lui qui se montrait poli, courtois, alors que sa seule envie était de s'en aller. C'était lui qui accompagnait, cette fois-ci… Il en venait même à comprendre pourquoi Hrary n'avait pas voulu qu'il vienne à l'anniversaire de cette Alicia : ces gens-là, ce n'était pas du tout son truc…
Le tatoueur leva la tête vers lui, comme pour lui dire quelque chose, et Draco baissa la tête pour que Harry puisse lui parler à l'oreille. Il lui demanda de lui faire penser d'appeler Cho le lendemain car c'était son anniversaire et il allait aussi devoir lui trouver un cadeau. Draco haussa les épaules et lui répondit qu'ils iraient dans un centre commercial, ils allaient bien trouver quelque chose de potable pour cette folle-dingue. Harry le remercia et Draco l'embrassa dans les cheveux, sans vraiment savoir pourquoi.
Ernie suivit cet échange d'un air jaloux. Il n'avait qu'une envie : casser la gueule de ce blond prétentieux, mais il savait très bien que ce geste était stupide et que Harry le frapperait sans ménagement pour lui faire payer. Il savait se battre. Et il y avait vraiment quelque chose de fort entre eux, il ne pouvait que le reconnaître. Ils brillaient presque, tous les deux, l'un brun et l'autre blond…
Soudain, Draco sursauta. Il fouilla dans sa poche et en tira son téléphone portable dont il leva le clapet. Il parla tout en interrogeant Harry du regard.
« Blaise et Luna vont partir, ils veulent savoir s'ils nous attendent.
- Oui, on va y aller.
- Déjà ?! »
Avec beaucoup de diplomatie, Harry leur expliqua que Draco n'avait pas beaucoup de vacances donc ils profitaient à fond de leurs journées et il était un peu fatigué. Il leur promit qu'ils se reverraient un autre jour, il reviendrait de temps en temps à Londres maintenant, et après d'étranges négociations, le couple put s'en aller. Draco prit fermement la main de Harry, entrelaçant leurs doigts, et jeta un regard goguenard à Ernie qui rougit de fureur.
Trop mignon…
OoO
« Cet Ernie, il ne serait pas amoureux de toi ?
- Et alors ?
- Et ça ne t'a pas gêné de te montrer avec ton mec alors qu'il a des sentiments pour toi ?
- Toi, par contre, ça avait l'air de t'amuser. Bon, Draco, c'est pas que tu me déranges, mais j'aimerais bien m'essuyer tranquillement sans être dérangé.
- Je t'ai déjà vu à poils plus d'une fois et c'est pas moi qui me trimbale en serviette dans les couloirs. »
Harry poussa un soupir et fut donc réduit à s'essuyer devant Draco qui était adossé à l'encadrement de la porte de la salle de bain, lavé et changé, qui ne semblait nullement gêné de la situation.
« Il t'a demandé de sortir avec lui, ce type ?
- Oui, avant que je ne sorte avec Cédric, répondit Harry tout en s'essuyant avec sa serviette de bain.
- Et pourquoi tu as refusé ?
- Parce qu'il ne me plaisait pas, c'était juste un ami. Draco, retourne-toi.
- C'est vrai qu'il est assez quelconque, confirma le blond tout en se retournant. On aurait dit qu'il voulait me casser la figure.
- Tu le cherchais un peu, non ? Répliqua Harry qui se souvenait de la façon dont Ernie regardait Draco.
- Oh, si peu… Et puis…
- Oh si, tu l'as cherché, j'en suis sûr. »
Harry posa ses mains sur ses hanches et se colla contre son dos. Un frisson parcourut le dos de Draco qui ferma les yeux un court instant, alors que Harry déposait un baiser sur sa nuque.
« Tu t'es habillé ou tu es encore nu ? Demanda Draco la voix légèrement rauque.
- Je suis nu.
- Si je te fais l'amour, là, tout de suite, tu hurleras au scandale ?
- Oui, sauf si tu arrives à me faire taire. »
Alors Draco se retourna et le prit dans ses bras tout en l'embrassant sur la bouche.
OoO
A la lumière de la lampe, sa peau paraissait dorée, luisante de sueur. Il était beau. Beau à damner un saint. Tellement beau, avec ses cheveux noirs ébouriffés parsemés de rouge, quelques mèches collées sur son front. Tellement beau, avec ce visage perdu par le plaisir qu'il venait de ressentir, les yeux semi-ouverts, dans le vague, voilés par la jouissance.
Harry était tout simplement magnifique, et Draco adorait regarder son visage après l'amour. C'était vraiment un beau spectacle. Son souffle était haletant, il avait du mal à reprendre contenance. Draco sentait sous sa paume son cœur qui battait à la chamade. Et, allongé sur lui, tout en savourant sa propre jouissance, Draco admirait son visage.
Petit à petit, il vit Harry reprendre le contrôle de son souffle, tandis que son cœur revenait à un rythme plus régulier. Son amant lui fit un léger sourire, nullement gêné par leur position même si Draco lui tenait chaud. Ou peut-être que, au contraire, il aimait sentir sa chaleur, son corps contre lui et son regard sur sa figure épanouie par le plaisir.
Draco se pencha et embrassa son cou, déposant légèrement ses lèvres sur la peau humide et chaude. Il sentit Harry frissonner au contact si doux de sa bouche. Ses mains, posées sur ses épaules, descendirent lentement sur son dos, caressant sa peau doucement, l'effleurant du bout des doigts. Draco poussa un soupir, il aimait ce genre de contact, léger et doux. Soudain, Harry lui prit les hanches et voulut le faire basculer sur le côté. Le brun s'attendit à un peu de résistance, mais son amant se laissa faire, l'attirant même sur lui par un geste silencieux. Harry monta alors sur lui, collant intimement leurs corps. Le contact de leur peau et de leurs sexes entre eux les électrisait.
Légèrement, Harry appuya ses lèvres dans le cou de Draco, son souffle caressant sa peau moite, alors que ses doigts effleuraient un de ses tétons. Il entendit le blond pousser un léger soupir. Ses mains fines et pâles prirent son visage, puis Draco l'embrassa, posant ses lèvres sur celles de Harry, prenant possession de sa bouche, l'envahissant de sa langue adroite. Harry se laissait faire en savourant cet échange humide, alors que les mains de Draco retraçaient paresseusement les courbes de son corps, passant sur ses omoplates avant de descendre sur ses hanches et s'arrêter sur ses fesses.
D'un coup, Draco brisa leur baiser, puis enfouit son visage dans le cou de Harry, le serrant dans ses bras. Etonné, le brun se demanda ce qui arrivait à Draco, jusqu'à ce que le blond murmure quelques mots à son oreille…
« Fais-moi l'amour… »
… qui lui firent ouvrir de grands yeux stupéfaits. Harry s'écarta et regarda Draco, qui avait les yeux tournés sur le côté, troublés, comme s'il était anxieux. En proie à l'hésitation. Puis il leva son regard vers Harry qui n'en croyait pas ses oreilles, et le brun lut dans ses yeux une étrange détermination.
« Fais-moi l'amour, Harry. »
Alors Harry se pencha pour embrasser sa joue. Et alors, Harry l'honora…
D'abord, Harry prit soin de son corps. Avec la même maladresse mêlée de tendresse qui faisait fondre littéralement Draco. Le blond sentait la bouche chaude et humide de son aimé voyager sur son corps, suçotant ses tétons lentement, embrassant son torse, son épaule, son cou, puis son ventre plat. Ses mains voyageaient sur tout son corps, caressant sa peau de façon experte. Comme si Harry le massait. Comme s'il voulait le détendre. Comme s'il était expérimenté, alors qu'il ne savait rien. Alors qu'il avait peur. Peur de lui faire mal, de mal faire.
Alors ses mains voyageaient sur corps pour le caresser. Ses doigts taquinaient des zones sensibles qui électrisaient Draco, le faisait frissonner. Il avait les yeux mi-clos et serrait les dents pour ne pas gémir : il ne ressentait pas de plaisir à proprement parler, mais la façon dont Harry touchait ses jambes, redessinait son torse ou embrassait son ventre, cette façon qu'il avait de lui transmettre son amour par de simples gestes lui faisait ressentir du plaisir, aussi. De l'excitation, aussi. Son sexe s'était réveillé, alors que Harry ne l'avait même pas « touché »…
Harry s'agenouilla devant lui et Draco ferma les yeux, relevant un peu les jambes. Il sentit soudain la bouche de Harry autour de son sexe, enveloppant le gland dans une chaleur humide aussi agréable que jouissive. Draco ferma les yeux : la langue de Harry allait et venait sur son membre, sa bouche léchait et suçait son sexe avec application, alors que ses mains caressaient ses cuisses. Draco ne put se retenir de gémir, Harry lui faisait l'amour avec sa bouche, de façon quelque peu maladroite mais c'était terriblement grisant. Il sentait son sang chaud pulser dans la chaire tendre de son bas-ventre. La main de Harry taquinait ses bourses, sa bouche câlinait son sexe, il était au bord de l'extase… jusqu'à ce qu'un doigt indiscret s'attarde sur son intimité.
Cela refroidit direct Draco qui se mordilla la lèvre, alors que ce doigt pénétrait en lui. Jamais le blond n'avait envisagé qu'il serait un jour pénétré, estimant qu'il n'aurait jamais assez confiance en quelqu'un pour entreprendre ce genre d'acte sexuel. Hors de question d'être le dominé. Mais à force de sentir Harry autour et sous lui, à force de rechercher sa présence, ses baisers, ses mains et son corps, Draco avait caressé l'idée qu'il pourrait se laisser aller, entre ses bras.
Il avait envie d'essayer. Il avait envie d'avoir mal et de sentir Harry jouir en lui. Il avait envie de tout lui donner, son corps, son cœur et son âme. Tout appartenait à Harry, il le savait très bien. Depuis le premier instant où il l'avait vu, Draco s'était fait piéger par ce cercle vicieux et sans fin des sentiments amoureux. Et il aimait assez Harry pour lui faire confiance, pour s'abandonner sous lui. Il avait confiance. Et il voulait être aimé, lui aussi. Savoir ce que ça faisait que d'être pris et de sentir l'être aimé en soi…
Harry le prépara avec application, détendant ses muscles sensibles et vierges de toute intrusion, et cela sans abandonner son sexe érigé. Mais il finit par retirer sa bouche, ce qui arracha un gémissement frustré de Draco, et Harry remonta vers son visage pour embrasser ses joues, ses paupières closes, son front, son nez… avant d'embrasser sa bouche, chastement. Harry avait envie de lui, comme il n'en avait jamais eu envie. Draco avait les jambes écartées pour lui, il n'attendait que sa venue, accueillant chacune de ses caresses avec plaisir.
La vérité, c'était que Draco se liquéfiait sous lui. Plus les minutes passaient, et plus il avait envie que Harry retire ses doigts de son intimité et lui fasse réellement l'amour. Il se sentait mourir sous sa tendresse, sous ses baisers mouillés et ses caresses. Quand Harry retira ses doigts, ce fut encore pire… ou meilleur… il électrisait son corps, le touchant de part en part… comme s'il le vénérait…
Oui, c'était ça, il le vénérait… il le touchait avec passion, le caressait avec ardeur, l'enflammait avec ferveur… Il lui faisait l'amour avec ses mains. Draco n'avait jamais ressenti ça : personne ne l'avait jamais effleuré comme il le faisait, personne n'avait fait autant attention à sa personne, à son propre plaisir avant lui. Personne n'avait fait en sorte que seul ce qu'il ressentait soit important…
Car même quand Harry le pénétra, brisant cette virginité qu'ils transportaient encore tous les deux, il demeura attentionné. Si Draco avait été dans la tête de son amant, il aurait vu à travers ses yeux sa maladresse, sa façon approximative d'essayer de le détendre. Il aurait senti sa panique alors qu'il regardait le visage de son amant se crisper, grimacer. Mais Draco l'accueillait dans son corps, et pour rien au monde, il n'aurait voulu être autre part.
Ça faisait mal. C'était vrai. Il avait l'impression d'être écartelé. Il ne pensait que ça faisait aussi mal, la première fois. Il se força à se détendre, comme il le demandait toujours à ses partenaires. Et quand Harry bougea une première fois, puis une deuxième, et une troisième, Draco comprit à quel point c'était bon qu'être possédé…
La douleur disparut aussi vite que le plaisir monta en lui. Il envahissait ses reins, secouait son corps de spasmes. Des frissons parcouraient son échine, couraient sous sa peau, et les yeux mi-clos, il voyait que Harry ressentait des sensations toutes aussi intenses que les siennes. Leurs regards se croisèrent : Harry était beau comme jamais, ses cheveux partant dans tous les sens, noirs comme la nuit et parsemés de flammes chatoyantes, ses yeux vert émeraude brillant d'une lueur prédatrice. Draco était incroyablement excité, il ne pouvait détacher ses yeux de ceux de son amant, qui tenait fermement ses hanches, sa bouche entrouverte laissant échapper des gémissements rauques de pur plaisir, alors que son sexe allait et venait dans le corps chaud et accueillant de Draco Malfoy.
C'était un régal. Un pur régal. Peut-être meilleur que faire l'amour en étant au-dessus. Draco était au centre de toutes les attentions, il sentait le membre de Harry aller et venir en lui, percuter quelque chose en lui qui le faisait crier de plaisir sans qu'il ne puisse se retenir. Il sentait ses mains sur son corps, sur ses hanches, ses cuisses ou son torse, alors que lui-même était cramponné à ses épaules musclées. Son corps se recouvraient de sueur, il sentait le plaisir qui irradiait ses reins couler dans ses veines brûlantes comme de la lave en fusion, ses sensations exacerbées par le regard de Harry, assombri mais étincelant, posé sur lui, dévorant le visage du jeune homme blond, comme s'il ne l'avait jamais vu avant.
Harry semblait se nourrir de lui, et pourtant, c'était le plaisir de Draco qu'il entretenait, par ses caresses et ses baisers. C'était à lui qu'il voulait apporter du plaisir, de la jouissance, c'était son corps qu'il voulait honorer et qu'il vénérait, à la façon dont il le touchait… Draco se sentait comblé, il ne pensait même plus que c'était la première fois que Harry faisait l'amour à quelqu'un, il ne pensait même pas à sa maladresse, à cette passion un peu violente qui caractérisait les premiers ébats. Il ne pensait plus qu'à son corps embrasé, à la façon dont Harry lui faisait l'amour, et à ces portes qui s'ouvraient pour lui dans les étoiles…
La jouissance vint, en même temps, pour eux deux. Comme d'un même homme, ils se rendirent, avec autant de surprise que de bonheur, l'un dans le corps de son amant, l'autre entre eux. Draco ferma les yeux, les étoiles qui scintillaient étaient trop lumineuses pour lui. Son esprit était embrumé, il n'arrivait plus à aligner deux mots. Il sentit juste Harry se retirer de lui et s'écrouler sur son corps, moite et chaud. Draco était trop épuisé pour faire le moindre mouvement, il lui fallut du temps avant qu'il ne puisse passer ses bras autour de la taille de Harry.
Ce dernier avait du mal à respirer, encore sous le choc de la jouissance qui venait de dévaster son corps et son esprit. Perturbé par ce qui venait de se passer, son sexe qui allait et venait dans le corps de Draco, son visage brouillé par le plaisir et ses doigts incrustés dans ses épaules, Harry ne parvenait pas lui non plus à réfléchir, savourant juste cette sensation étrange et savoureuse qui le plongea dans un état de béatitude total. Il y avait juste sa main sur le cœur de Draco qui battait à la chamade sous la pulpe de ses doigts et son souffle saccadé sur son front. D'une voix rauque et brisée, Harry murmura des « je t'aime » à peine audibles, il dut s'arrêter quand deux lèvres se posèrent sur les siennes, doucement, avant de chuchoter aussi des petits mots qui avaient tout leur sens en cet instant.
L'un contre l'autre, ils s'endormirent, portés par les bras de Morphée…
OoO
« Isaline Anderson !!
- Il en a mis du temps à venir, tu trouves pas ??
- C'est quoi, ce SMS à la con ?!
- Je, je suis libertine ! Je suis une catin…
- Comment ça, il est passé à la cocotte-minute ?!
- Je, je suis si fragile ! Qu'on me tienne la main…
- Elle se fout de ma gueule, là ?
- On parle pas comme un charretier chez moi !
- Je crois, ouais… Sirius, reste zen…
- Zen, restons zen… »
OoO
Il dut serrer les dents pour ne pas crier. Enfin, du moins pour ne pas gémir… Parce que, mine de rien, ça faisait un mal de chien, cette connerie…
Draco se contorsionna de façon à reprendre la même place sans réveiller Harry blotti contre lui. Par un essor de bonne volonté, il avait décidé de se lever pour préparer le petit-déjeuner, mais vu la douleur qui avait irradié son arrière-train quand il avait bougé ses jambes… le petit-déjeuner pouvait aller se faire voir…
Mais comment Harry avait-il pu supporter une douleur pareille ? La veille, Draco avait fini par l'oublier, mais ce matin, elle s'était gentiment réveillée dans cette zone très sensible de son corps. Et encore, Harry ne lui avait fait l'amour qu'une fois, Draco s'y était repris à trois fois quand ils l'avaient fait au tout début des vacances… Draco en tira une maigre conclusion peu flatteuse : il était plus sensible que Harry…
Coin coin…
Contre lui, Harry remua. Draco crut qu'il allait se réveiller mais le brun se contenta de resserrer sa prise autour de sa taille et de se blottir un peu plus contre son amant qui lui tenait lieu à la fois de nounours et d'oreiller. Draco passa les doigts sur le bras musclé de Harry, retraçant les arabesques de ses tribales noires. C'était agréable de sentir ses muscles fermes sous la peau claire… Il avait beau se dire que Harry était un gamin, par moments, il n'en demeurait pas moins indéniablement masculin. Draco n'était pas musclé pour un sou et fin de nature, bien qu'il fasse attention à ce qu'il mangeait. Harry prenait un plus soin de lui-même… si on omettait ses tenues et ses cheveux continuellement désordonnés, évidemment…
Draco bougea les hanches pour être plus à l'aise mais il se stoppa net : ça faisait trop mal… Il ne pouvait pas mettre ça sur la maladresse de Harry, car étant passé à la casserole avant lui, il savait très bien que c'était douloureux et Draco trouvait que les préliminaires avaient duré pas mal de temps. Il n'allait pas faire une dissertation non plus, mais ça faisait mal… ça passerait sûrement dans la journée. Il se dit que, maintenant, il ferait vraiment attention à Harry quant ils feraient l'amour : hors de question qu'il ressente ça à chaque fois !
Coin coin…
Pendant deux minutes, Draco imagina Isaline en train de se foutre sa gueule en imitant un canard. Il se rappellerait toujours du jour, pendant les vacances de Noël, où il avait sous-entendu être vierge de ce « côté-là ». Pour se moquer de lui, elle s'était mise à faire le canard sous les rires de Harry qui se tenait les côtes. Surtout que Nymph' s'était mise à caqueter, elle aussi… et Draco se voyait bien marcher en canard comme l'avait fait Harry le premier jour…
Le blond poussa un léger soupir. Il ne se sentait pas près à laisser Harry le dominer, et pourtant, la veille, il avait éprouvé le besoin que son petit ami le possède. Il avait eu besoin de lui appartenir. S'il était franc avec lui-même, Draco avouerait que c'était par jalousie qu'il avait franchi ce pas : voir les amis de Harry, cet Ernie qui bouillonnait sur sa chaise, cette jeunesse retrouvée que Draco ne connaissait pas, ce monde auquel il était étranger, voir tout cela lui avait fait ressentir le besoin de tout donner à Harry. Il lui avait donné son cœur, il ne manquait plus que son corps.
Il avait ressenti une étrange sensation, la veille. Un peu comme si Harry lui échappait. Draco avait toujours aimé gérer les situations et quand quelque chose lui échappait, il ne se sentait pas bien. Il devrait y être habitué, pourtant, vu que Harry avait été insaisissable, les premiers temps de leur relation, mais la nuit dernière, il avait été plongé dans son adolescence, se retrouvant entouré de gens qu'il avait plus ou moins côtoyés quand il était jeune. C'était une partie de lui-même que Draco ne connaissait pas, ou si peu. Il voulait qu'il lui appartienne, corps et âme. Pour cela, il avait fallu lui donner son corps et avoir les fesses en feu…
Néanmoins, Draco n'avait pas nié avoir apprécié. C'était autre chose, évidemment, mais il avait aimé la nuit dernière. Harry était inexpérimenté, mais il avait une façon de faire l'amour à la fois étonnante et plaisante : Draco avait eu l'impression que Harry le vénérait. Dans sa façon de le toucher, de l'embrasser, de caresser sa peau, de dévorer son cou… Dans sa façon de rechercher son plaisir à lui, de lui donner tout ce qu'il y avait de bon dans cet échange si intime… Harry voulait lui donner plus de plaisir que lui pourrait en ressentir, Draco avait été au centre de toute son attention. Le blond avait tendance à donner plus que recevoir et il voyait avec plaisir que Harry en faisait de même…
D'ailleurs, en parlant de lui, il commençait à s'agiter. Draco le regarda se réveiller : Harry fronça les sourcils, soupira, resserra sa prise sur la taille de son amant avant de papillonner des yeux et de les refermer aussitôt. Un vrai gosse… tendrement, Draco caressa ses cheveux en attendant patiemment qu'il émerge, ce qui n'était jamais évident, avec lui…
Harry finit par ouvrir les yeux, le visage ensommeillé. Draco l'embrassa en guise de « bonjour », Harry lui répondit paresseusement. Le blond lui laissa le temps d'émerger vraiment, caressant ses cheveux, mais Harry ne semblait pas du tout motivé pour bien se réveiller.
« Alors, beau brun ? On est fatigué ?
- Un peu. Pas toi ?
- Non.
- Je suis sûr que t'as mal aux fesses. »
Draco piqua un fard et Harry gloussa. Le blond lui donna une petite claque sur la tête en le traitant de crétin. Evidemment qu'il avait mal au derrière… et ça le faisait bien marrer, cet idiot…
« Au moins, tu sais ce que j'ai subi samedi dernier.
- Arrête, tu veux ? Grogna Draco, gêné.
- Pourquoi t'as voulu être en-dessous ? »
Le blond croisa le regard franc de son petit ami, qui était bien réveillé. Harry paraissait calme, attendant patiemment une réponse. L'attitude de Draco l'avait vraiment étonné, jamais il n'aurait pensé qu'il se serait laissé dominer aussi rapidement…
Draco hésita un peu avant de répondre. Il ne savait pas vraiment comment expliquer ça à Harry, il refusait de lui parler de sa jalousie, de son envie de le posséder en entier et cela en lui donnant tout ce qui lui appartenait. Il voulait combler Harry, être le seul à pouvoir attirer son regard. Son amour pour lui l'avait rendu bien trop possessif, il en avait conscience et il était hors de question qu'il avoue ça à son amant.
« Je ne sais pas. J'y pensais, mais… j'ai eu envie, hier soir.
- Tu me caches quelque chose, répliqua Harry, suspicieux.
- J'avais envie que tu me fasses l'amour, point !
- Bah oui mais c'est quand même rapide, avoue-le…
- Harry… Soupira Draco en se passant une main sur le visage. On ne va pas disserter là-dessus, j'en ai envie parce que c'est toi. Chacun son tour. »
Harry hocha la tête, ses doigts traçant des cercles sur la peau de Draco. L'hésitation se lisait sur son visage, comme si lui aussi ne savait pas comment lui dire quelque chose. Le blond attendit sans le lâcher du regard, jusqu'à ce que Harry rougisse et se lance.
« Tu sais… Je suis content que tu sois là… »
Il leva le regard vers Draco, toujours aussi hésitant, ses yeux verts brillant de mille feux.
« Je suis content que tu sois là. Par moments, je me demande comme j'ai fait pour vivre aussi longtemps sans toi. Pourquoi je me suis laissé faire avec Cédric, pourquoi j'ai autant espéré quelque chose de lui alors qu'il existe des gens comme toi. J'ai pas vraiment envie de penser à tout ça, mais… je… je t'aime, tu sais. Et je suis vraiment heureux depuis que tu es là. Je ne me suis jamais senti aussi bien avec quelqu'un. Si demain tu t'en allais… ça ferait vraiment mal. Je crois que je ne m'en remettrai pas.
- Harry…
- C'est vrai, Draco. C'est comme si… comme si tout allait bien. Je me sens mieux avec moi-même, j'ai moins de complexes. C'est comme si tout était plus facile, avec toi. Bon, on se dispute, on n'est pas pareil, tous les deux… mais… je suis tellement content que tu sois là, Draco… »
Harry passa sa main dans ses cheveux, ramenant quelques mèches blondes derrière son oreille, alors que le regard troublé de Draco était posé sur lui. Le tatoueur lui fit un léger sourire, il avait du mal à s'exprimer clairement.
« Au début, je n'aurais jamais pensé que je t'aimerais autant. Que j'aurais autant besoin de toi. Je suis vraiment heureux qu'on se soit rencontré, toi et moi… et qu'on en soit arrivé là… »
Ses joues étaient écarlates et Draco ne manifestait aucune réaction. Harry ne savait plus quoi dire, il avait parlé avec son cœur. Et ses mots s'encraient dans l'esprit de Draco, qui prit son visage entre ses mains pour l'embrasser tendrement en le serrant contre lui.
C'était sans doute la plus belle déclaration d'amour qu'on lui ait faite dans sa vie…
OoO
« A la claire fontaine, m'en allant promener, j'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baigné…
- T'es bourré ?
- Pourquoi tu dis ça ?
- En plus de chanter faux, tu chantes n'importe quoi.
- Seamus, soyons réaliste : on ne peut pas dire que Porno Graphique de Mylène Farmer, ça soit mieux… »
Le jeune ricana et se mit à chanter tout en repassant.
« Mon cœur est rempli, mais mon corps s'ennuie. Je t'ai montré mon arrière-train…
- Seamus, ta gueule !
- Mon céans, mon céans, mon céans, l'océan…
- Putain…
- Espère de prude ! Au fait, pourquoi tu chantais ? »
Théo sourit et tira de son sac une petite pochette qu'il mit sous le nez de Seamus : les tickets de TGV. Il venait de passer dans une agence SNCF et il avait acheté les billets. Seamus sourit à son tour, tout content.
« On est en vacances !! »
OoO
Draco secoua la tête, ferme. Harry fit une moue déçue. Quelques secondes plus tard, son petit ami secoua à nouveau la tête d'un air consterné, ce qui entraîna la déception évidente de Harry.
« On va quand même pas y passer la journée…
- Harry, tu sais que je ne suis pas du genre radin, mais il y a quand même des limites !
- Mais c'est pas toi qui vas les porter, ces fringues… Soupira Harry en se remettant à fouiller dans le rayon.
- Encore heureux ! Il ne manquerait plus que ça ! Si j'étais une femme, il serait hors de question que je porte des horreurs pareilles !
- Tu as bien porté un de mes pulls, récemment, glissa perfidement Harry.
- C'est pas pareil…
- Et ça, ça te plait ?
- La seule personne qui pourrait porter cette chose en ayant l'air habillée, ce serait Luna… »
Harry lui jeta un regard agacé : ce n'était pas pour lui ou pour quelqu'un de son entourage qu'ils cherchaient un cadeau mais pour Cho ! N'importe quoi de coloré et d'original lui ferait plaisir, de toute façon, mais Draco s'obstinait : ils feraient un cadeau commun parce qu'il ne savait pas du tout quoi offrir à Cho mais il était hors de question qu'ils lui offrent une horreur, et jusque là, Harry ne lui avait rien présenté de bien.
Ils mirent un temps fou à trouver quelque chose de potable. Harry fouillait dans les rayons sans aucune vergogne, suivi par Draco qui était vraiment gêné de se retrouver dans le rayon femme avec son homme… mais il ne pouvait pas s'écarter de Harry ou alors il achèterait quelque chose de moche. Enfin, Draco ne doutait pas des goûts vestimentaires de son amant, même s'ils étaient à revoir, mais c'était plutôt les goûts de Cho qui laissaient à désirer et Harry ne lui montrait que des vêtements qui correspondaient parfaitement et affreusement à la chinoise.
Finalement, Harry tendit une robe à Draco avec un air de défi. Le blond examina la chose et haussa les épaules en signe d'abandon. Victorieux, le tatoueur fila aux caisses pour payer sa trouvaille avant que Draco ne lui dise que, non, c'était vraiment trop original et qu'il valait mieux chercher encore un peu. Le blond le rejoignit en traînant les pieds : les femmes ne savaient plus s'habiller, de nos jours…
Draco, sur le côté, regarda Harry sortir son portefeuille et quelques billets pour payer la robe. Il avait déjà appelé Cho dans la matinée pour lui souhaiter un bon anniversaire, Draco lui avait piqué le portable et s'était disputé avec la chinoise qui avait osé lancer les paris sans qu'ils n'en sachent rien, ce à quoi Cho répliqua que ce n'était pas marrant si les concernés étaient au courant des paris faits sur eux ! Le blond lui dit qu'elle était vraiment vicieuse et Cho gloussait à l'autre bout du fil tout en lui demandant si ça avait été agréable. A ce moment-là, le portable lui fut arraché et Harry répliqua que ça ne la regardait pas ! Draco avait alors vaguement entendu Cho grogner après ces fichus haut-parleurs dans les portables…
Enfin… maintenant, le cadeau était acheté, c'était une tâche en moins. Quand il fut payé, Harry vint vers lui tout en rangeant son ticket dans son portefeuille. Il emballerait le cadeau quand il serait chez lui, il n'était pas vraiment motivé pour le faire ici, à Londres. Tous deux sortirent de la boutique, leurs doigts à peine noués. Alors qu'ils marchaient dans la rue, froide et balayée par le vent, Harry lui fit une liste de tous les endroits où il voudrait aller avant la fin des vacances. Draco l'écoutait d'une oreille plus ou moins attentive.
Un fort cout de vent s'abattit dans l'avenue. Draco lâcha la main de Harry et remit son écharpe verte et grise bien comme il fallait autour de son cou. Harry se frotta les mains. Il jeta un œil à celles de Draco qui étaient gantées de cuir, ce qui lui tenait chaud.
« Mets-les dans tes poches.
- Fait froid quand même… »
Draco prit sa main dans la sienne et les fourra dans sa poche. Le cuir était froid contre sa paume mais pour rien au monde Harry n'aurait retiré sa main pour cette raison.
Ils traînèrent dans les rues tranquillement, entrant dans quelques magasins sans grande motivation, puis ils hélèrent un taxi pour rentrer chez eux. Ils commençaient déjà à s'habituer à l'appartement et à cette vie à deux qu'ils menaient depuis quelques jours. C'était assez bizarre, en particulier pour la répartition des tâches. Bon, Draco avait déjà passé deux semaines chez eux et il ne faisait pas grand-chose côté ménage ou lessive, mais maintenant qu'ils étaient seuls, Harry se rendait compte à quel point son petit ami ne savait rien faire. Tout juste s'il savait faire tourner une machine. Vu que c'était lui qui faisait le ménage, la lessive et les lits, Harry avait entreprit de lui apprendre le repassage. Autant dire qu'il avait eu du mal à convaincre Draco de s'adonner à cette pratique, ses valeurs aristocratiques étaient bien encrées en lui. Mais l'amour est plus fort que tout, non ?
OoO
La nuit tombait vite en hiver, et même s'il n'était pas tard, le ciel d'encre surplombait déjà Londres, plongeant la ville dans le noir. Des réverbères éclairaient les rues encore bien animées à cette heure-ci mais Harry n'était pas rassuré pour autant.
Il n'avait jamais aimé se balader le soir seul. Pourtant, le chemin n'était pas bien long : il devait juste passer à la supérette acheter du beurre et il n'allait quand même pas demander à Draco de l'accompagner. Ça aurait été un peu stupide.
Le nez enfoui dans son écharpe, Harry avançait à grandes enjambées sur le trottoir. Il ne tarda pas à apercevoir la supérette en question. Il y entra, fila vers le rayon des produits frais, prit son beurre et passa à la caisse pour enfin sortir et affronter à nouveau le froid de cette magnifique nuit d'hiver. Il ne lui restait plus qu'à rentrer, maintenant.
Harry traça dans la semi-obscurité de la rue, les pensées vagues et les mains dans les poches. Il faisait un froid de chien, l'écharpe épaisse qu'il avait autour du cou protégeait un peu son visage. Il arriva devant l'immeuble, sur la rue opposée. Il longea le trottoir jusqu'à arriver en face de la porte. Il allait traverser quand, soudain…
« Harry ! »
… quelqu'un l'appela. Descendant de ses rêveries, Harry chercha l'origine de la voix des yeux et il aperçut avec surprise Ernie qui courrait presque vers lui, assez peu couvert pour le temps qu'il faisait. Harry lui fit un léger sourire quand son ancien camarade de lycée arriva devant lui, le visage épanoui.
« Tiens, qu'est-ce que tu fais là, toi ?
- Bah je rentrais chez moi.
- Tu habites par ici ? S'étonna Harry.
- Bien sûr ! Tu ne le savais pas ? »
Harry secoua la tête : non, il n'était pas au courant du tout. Il pensait qu'Ernie vivait toujours chez ses parents. Ce qu'il ne savait pas, c'était que le jeune homme avait fait des pieds et des mains pour trouver un appartement pas très loin de ce quartier de Londres qu'il partageait avec Anthony et Mandy, et cela dans le vain espoir de rencontrer un jour Harry, revenu de Paris. Mais il n'avait fait qu'apercevoir sa tante, son parrain ou encore Nymph'.
« Bon, je vais te laisser, je…
- Attends, Harry ! »
Ernie lui prit le bras, le retenant. Harry haussa un sourcil, aussi étonné qu'intrigué. Son bras fut rapidement relâché, et malgré le mauvais éclairage, le tatoueur pouvait lire de l'anxiété sur le visage d'Ernie. Qu'est-ce qu'il mijotait encore, celui-là…
« Ecoute, Harry, j'ai besoin de te parler. On ne pourrait pas…
- Désolé Ernie, mais Draco m'attend. Une autre fois peut-être…
- Non, c'est important, affirma le jeune homme. Je ne peux pas attendre la prochaine fois que tu viendras à Londres, il sera trop tard. Ecoute, Harry, je sais que ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, toi et moi, mais j'éprouve toujours des sentiments pour toi… Ne me regarde pas comme ça ! »
Il avait crié, et sa voix résonnait dans la rue peu fréquentée. Mais le visage gêné de Harry était insupportable à regarder. C'était comme quelques années auparavant, quand Ernie lui avait confessé ses sentiments pour la première fois. Mais, cette fois-ci, il ne resterait pas en arrière pour laisser sa place à un autre…
« Je sais que tu sors avec ce mec, mais je t'aime vraiment, moi, et depuis plus longtemps que lui ! Je voulais t'aider, quand on t'a retrouvé après ton enlèvement, mais tu es parti à Londres… je peux t'apporter beaucoup de choses, Harry, je t'aime vraiment, et…
- Ernie, stop. »
Cela coupa net le jeune homme. La gêne avait disparu du visage de Harry, il semblait un peu plus dur, moins tolérant. Pour être franc, il en avait assez, de cette impression de déjà-vu. Il l'avait eue avec Ginny et il l'avait à nouveau avec Ernie…
« Stop. Je suis amoureux de Draco, il est amoureux de moi, on est ensemble, point. Arrête Ernie, ça fait quatre ans qu'on ne s'est pas vu… je n'éprouve rien pour toi, tu es juste un ami pour moi…
- Qu'est-ce que tu lui trouves, à ce mec ?! C'est parce qu'il est blond ? C'est parce qu'il a de l'argent ? C'est parce qu'il fait plus d'études que moi ? »
Le visage de Harry afficha une surprise sincère, puis il fronça les sourcils, vexé.
« Voilà ce que tu penses de moi ? Tu penses vraiment que je m'intéresse aux gens par rapport à ce qu'ils ont ?
- Cédric…
- J'aimais Cédric, mais certainement pas parce qu'il avait une bonne carte de crédit et un futur prometteur. Je vois que tu as une haute estime de moi. Laisse-moi tranquille, Ernie, oublie-moi, déteste-moi si ça peut te soulager. Mais ça ne sert à rien de t'attacher à moi, tu sais comment je suis, il m'en faut beaucoup pour tomber amoureux. Et j'aime Draco, il est important pour moi. »
Ses yeux étaient sincères, et Ernie sentait qu'il était en train de le perdre pour de bon. Le visage de Harry se radoucit, comme s'il s'en voulait de s'être emporté, et il tenta de lui expliquer qu'il était désolé, qu'il ne voulait pas lui faire du mal et qu'il comprenait ce qu'il ressentait.
Mais Ernie ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas que Harry comprenne ni qu'il soit désolé. Il voulait que Harry ne regarde que lui, qu'il se blottisse dans ses bras, qu'il danse contre lui, qu'il l'embrasse légèrement sur les lèvres… il ne voulait pas voir son visage à demi-éclairé par un lampadaire, dans cette rue froide, alors que son homme l'attendait là-haut…
Ernie jeta un rapide coup d'œil là-haut. Il vit une ombre à la fenêtre, la silhouette de cet homme qu'il détestait.
Et tout se passa très vite. Harry eut à peine le temps de comprendre qu'Ernie fondait vers lui pour l'embrasser. Mais le jeune homme ne rencontra que les doigts serrés de Harry, qu'il avait eu le temps de placer sur sa bouche. Avec violence, Harry le repoussa et lui colla la gifle de sa vie, sa main claquant sur la joue pâle er froide de son ancien ami. Sonné, la main sur la joue et le cœur blessé, Ernie lut avec effroi du dégoût mêlé à la déception sur le visage de l'homme qu'il aimait.
La fenêtre, là-haut, s'ouvrit. Et la voix de Draco Malfoy tonna dans la rue.
« Harry !!! »
Le tatoueur sursauta et leva les yeux vers l'étage, pétrifié. Il ne pouvait voir à quel point la colère défigurait le visage de Draco, mais il l'entendit bien et bien dans sa voix.
« Remonte immédiatement !! »
Et, sans se faire prier, Harry traversa la route et rentra dans l'immeuble, sans un seul regard pour Ernie. Il monta dans l'ascenseur, le cœur battant à cent à l'heure, en maudissant ce crétin de l'avoir mis dans une situation pareille. La colère de Draco serait terrible et, le pire, c'était qu'il le comprenait tout à fait et il ne pouvait le contredire.
Quand il entra dans l'appartement, Draco l'attendait dans l'entrée, le dos appuyé contre un mur, les bras croisés sur son torse, le visage fermé et ses yeux lançant des éclairs. La colère bouillonnait en lui, il la gardait dans son corps en serrant les dents alors qu'il n'avait qu'une envie, c'était de gueuler. Harry baissa la tête et retira son manteau tout prenant la plaquette de beurre qu'il avait achetée au supermarché. Puis, il lança un regard désolé à Draco.
« Il ne m'a pas embrassé.
- Tu te fous de ma gueule. »
Sa voix laissait entendre une colère difficilement contenue. Harry n'avait jamais vu Draco aussi furieux. Une colère presque irrationnelle, emportée par la jalousie et la possessivité qui sévissait en lui.
Pendant un instant, Harry eut peur. Il avait l'impression d'avoir Cédric, devant lui, ses traits durcis par la colère, ses yeux plissés et ses dents serrées. Ses poings fermés, prêts à le frapper.
Le cœur de Harry battait trop vite dans sa poitrine alors que de mauvais souvenirs lui revenaient en mémoire. Il reprit contenance, décidé à affronter Draco tout en essayant de le calmer et de relativiser les choses.
« J'ai mis ma main devant ma bouche ! Je l'ai même giflé !
- Pourquoi tu n'es pas parti ? Pourquoi tu as parlé avec lui ? Il te faisait une déclaration d'amour, non ? Fit Draco d'un ton qui montait au fil des secondes.
- Draco, il ne s'est rien passé, alors calme-toi, s'il te plait. »
Harry traversa l'entrée et fila dans la cuisine pour mettre le beurre au frigidaire. Il n'avait même pas retiré ses chaussures. Il pourrait lui arriver n'importe quoi, s'il baissait les yeux pour les retirer…
« Reviens ici, Potter ! On n'a pas fini de parler !
- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi ! S'écria Harry, énervé. Ramène tes fesses si tu veux parler !
- Si je les ramène, Harry, crois-moi que ça va barder !
- Qu'est-ce que tu me reproches, au juste ? Demanda Harry en revenant dans l'entrée. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Oui, il m'a déclaré ses sentiments, mais je n'allais pas fuir comme un lâche ! Je ne suis pas un monstre, moi. Je ne pensais pas qu'il m'embrasserait ! Au lieu de t'énerver sur moi, tu aurais dû descendre et t'exciter sur lui !
- Ce connard ne mérite même pas que je le regarde, ni lui, ni aucun de tes « amis », Potter, répliqua Draco, acide, sans le quitter des yeux.
- Arrête de m'appeler par mon nom, Malfoy, cracha Harry, comme si ce nom était une injure. Qu'est-ce que tu as à reprocher à mes amis, maintenant ? Ils ne t'ont rien fait de mal, eux !
- Je trouve juste que tes fréquentations laissent à désirer. Personnellement, je ne fréquente pas mes ex ni les gens qui ressentent quelque chose pour moi et je ne me laisse en aucun cas approché par eux. Tais-toi, je sais ce que tu vas me dire, fit Draco en le voyant prêt à répliquer. Oui, je parle à Seamus, mais si on devait comparer, tu es plus proche de lui que moi je le suis.
- J'essaie d'être courtois pour éviter les coups bas. Tu critiques mes amis, mais les tiens ne sont pas mieux !
- Pardon ?!
- Tu ne fréquentes que la haute société, Draco ! Tu vas à des fêtes mondaines, tu fréquentes des gens qui ont un bel avenir devant eux ! Blaise, Millicent et Hermione ont de l'argent, ce ne sont pas des gens dans le besoin, et toi il te suffit que tu sortes ta carte bleue pour que tout te soit servi sur un plateau ! C'est facile de critiquer après, c'est sûr que quand tu vois les gens que j'ai fréquenté, ça te fait un choc !
- Nan mais tu as vu ces gens ?! Tu as vu comment ils sont habillés, comment ils parlent ?!
- Mais moi aussi je suis comme eux, merde ! Moi aussi je parle mal, et moi aussi je suis mal habillé ! Moi aussi j'ai fait « voyou » à une époque ! Je ne suis pas un abruti pour autant !
- Par moments, je me le demande sérieusement, Potter ! Ce mec est amoureux de toi, ça crève les yeux, et toi tu ne dis rien !
- Mais c'est quoi, ton problème ?!
- Tu le laisses t'approcher ! Tu te laisses approcher trop facilement, c'est ça, ton problème ! On flirte avec toi et tu laisses faire ! Parfois, je me demande ce que tu fous avec moi, quand je vois les abrutis que tu fréquentes !
- J'en ai marre, je me casse… »
Harry prit son manteau, ses clés et sortit de l'appartement.
Ni plus. Ni moins.
OoO
Deux heures. Deux heures qu'il était parti. Deux heures qu'il tournait en rond dans l'appartement, comme un lion en cage.
Draco n'en pouvait plus. Il s'assit sur le canapé et ramena ses jambes contre son torse, les enserrant avec ses bras. Il avait l'impression d'être un gosse qui avait fait une gosse bêtise. Grosse, peut-être pas. Mais bêtise, oui, c'en était une.
Il n'aurait pas dû s'énerver ainsi. Il n'aurait pas dû exploser comme il l'avait fait. Faire des reproches à Harry n'était certainement pas la meilleure des choses à faire. Mais il fallait le comprendre, aussi… Il guettait Harry par la fenêtre, peu rassuré à le savoir dehors en pleine nuit. Et alors qu'il le voyait revenir, cet Ernie de malheur était arrivé. D'abord, il l'avait accosté, jusque là, tout allait bien… Sauf que Draco avait rapidement compris que quelque chose ne tournait pas rond et ses doutes s'étaient confirmés quand Ernie s'était penché vers Harry pour l'embrasser.
La colère mêlée à la jalousie avait explosé en lui et, une fois Harry remonté, il n'avait pu s'empêcher de s'en prendre à lui. C'était vrai, il aurait pu descendre et refaire le portait d'Ernie, mais ce genre de cloporte ne méritait même pas son attention. Et de fil en aiguille, Draco avait fait des reproches sur les amis de Harry, sur ces gens qu'il avait fréquenté autrefois et avec lesquels l'étudiant n'avait rien de semblable. Ça, c'était les restes de ses propres doutes.
Bref. Il était allé trop loin. Il s'était mis en colère, non pas pour rien, mais trop vite et trop fort. Et maintenant, Harry était dehors, il ne savait où en train de faire il ne savait quoi. Et s'il était passé chez Ernie ? Pour s'excuser ? Ou pour autre chose… Non, Harry n'était pas comme ça, il se faisait des idées. Mais deux heures étaient passées, deux heures où Draco s'était occupé en préparant le repas, tournant en rond dans la maison, en maudissant cette fichue habitude qu'avait Harry ne pas emporter son téléphone portable, Ernie qui avait foutu leur soirée en l'air, Harry qui ne savait pas repousser les gens amoureux de lui et sa propre jalousie maladive.
En fait, ça faisait deux heures que Draco flippait. Il se demandait s'il n'était pas arrivé quelque chose à Harry, et il comprenait maintenant pourquoi ce dernier s'était énervé, des semaines auparavant, parce que l'étudiant était rentré plus tard que prévu. Et il était inquiet, tout simplement, parce que Harry était parti en colère et en de mauvais termes avec lui. Draco ne savait pas où il pouvait être, et comme Harry n'avait pas son portable, il angoissait, son cœur battant bien trop vite dans sa poitrine à la simple idée d'un accident ou d'une mauvaise rencontre.
Draco s'en voulait vraiment pour ce qui s'était passé : la dispute, le départ de Harry… Il ne s'était pas attendu à ça, loin de là. Il aurait pensé que Harry se serait enfermé dans la chambre en claquant la porte ou que la situation aurait trouvé une finalité, mais non, il était parti en claquant la porte, certes, mais celle de l'entrée. Et, pour la troisième fois depuis qu'ils étaient ensemble, Harry fuyait sans un mot ni un regard. Et ce geste avait blessé Draco plus qu'il ne pourrait le dire, sa colère retombant d'un coup, refroidi. Et le voici maintenant dans le canapé, recroquevillé sur lui-même, comme un gosse, attendant que Harry rentre à la maison…
Soudain, une clé s'engouffra dans la serrure et la porte d'entrée s'ouvrit. Draco fit un bond d'un mètre avant de filer dans l'entrée où se trouvait Harry. Un soulagement indescriptible s'abattit sur lui quand il le vit en train de retirer son manteau et ses chaussures, sans un mot ni un regard. Le blond reprit contenance, oubliant pendant un instant à quel point il avait angoissé.
« Je peux savoir où tu étais ? Demanda-t-il, un peu abruptement.
- Dehors.
- Mais où, exactement ?
- Ça ne te regarde pas. À ce que je sache, on n'est pas marié. »
Nouveau coup de poing. Draco accusa le coup sans mot dire, alors que Harry rangeait ses chaussures dans le meuble prévu à cet effet. Il passa devant lui sans même le regarder. Vexé, Draco lui attrapa le bras.
« Je veux savoir où tu étais !
- Je suis allé manger un morceau quelque part, pour me calmer. Maintenant, lâche-moi, je vais me laver. »
Et Harry se dégagea de sa poigne, partant dans la salle de bain dont il ferma le verrou. Toujours dans l'entrée, Draco respira calmement, voulant se calmer, mais quelque chose en lui, lui faisait mal. Il avait les yeux qui picotaient. Un peu comme s'il allait pleurer. Serrant les dents, Draco alla dans la cuisine. Avec des gestes lents et méticuleux, il mit ce qu'il avait préparé au réfrigérateur. Puis, il s'assit sur une chaise et se prit la tête dans les mains.
Ça faisait mal. Deux heures à angoisser, et Harry qui lui disait qu'ils n'étaient pas mariés, que ça ne le regardait pas, et il ne le regardait même pas dans les yeux. Draco se dit qu'il comprenait maintenant ce que ressentaient ses ex quand il adoptait le même discours, qu'il comprenait ce qu'avait ressenti Seamus autrefois. Ça faisait mal. Draco n'avait pas envie de frapper Harry mais plutôt de le prendre dans ses bras et de lui demander pardon. Il ne voulait pas de ce froid, entre eux, il ne voulait que les yeux émeraude du tatoueur l'évite, ni que son corps le fuit.
Draco resta là pendant de longues minutes à ruminer ses pensées avant d'aller se laver à son tour, sans manger, une fois que Harry en eut terminé avec la salle de bain. Il se lava en se rassurant : tout irait mieux le lendemain, il en était certain.
Une fois propre, Draco entra dans la chambre à coucher. Les rideaux étaient tirés et Harry était déjà dans le lit, son corps formant une bosse sous la couette à l'endroit où il dormait. Draco éteignit la lumière du couloir, puis tâtonna jusqu'à trouver le lit et il s'y coucha.
L'étudiant essaya de s'endormir, mais rien à faire. Il savait qu'il ne pourrait pas dormir tant qu'il y aurait cette distance entre lui et Harry. Draco se mit sur le dos, ne sachant comment prendre Harry qui lui faisait la tête. Il poussa un léger soupir en espérant ne pas se faire rejeter. Lentement, il tendit le bras vers son petit ami. Sa main toucha son dos, elle remonta et effleura ses cheveux.
Avec tendresse, Draco caressa les cheveux noirs de son petit ami, dans un mouvement lent et léger, ses doigts s'emmêlant avec les mèches rebelles de Harry. il s'attendit à être repousser, mais le brun n'eut aucune réaction. Comme s'il dormait.
Soudain, Harry se retourna. Surpris, Draco le sentit plus qu'il ne le vit bouger vivement dans le lit et se rapprocher de son corps, éclatant soudain en sanglots. Le blond fut stupéfait quand il sentit les mains de Harry se crisper sur son haut de pyjama alors que son corps était secoué par les pleurs. De suite, Draco le prit dans ses bras, le serrant fort contre lui, sans comprendre pourquoi Harry fondait ainsi en larmes. Il se sentit coupable : était-ce de sa faute ? Il avait le cœur serré alors que Harry ne cessait de pleurer, sanglotant dans son cou, ses mains tenant fermement son pyjama.
« Harry ? Harry… my angel… »
Mais le brun ne répondait pas, semblant incapable de lui répondre, prit dans sa crise de larmes irrépressible. Draco embrassa son front mais Harry ne se calmait pas, au contraire.
« C'est de ma faute ? Murmura Draco à son oreille.
- Non… »
Sa voix était mouillée et difficile. Son souffle haletant l'empêchait de bien respirer et de se calmer. Alors Draco le berça, murmurant des paroles rassurantes à son oreille. Harry se calma peu à peu, cessant d'hoqueter et de renifler au bout de longues minutes interminables. Draco ne put s'endormir que quand son petit ami trouva lui-même le sommeil, blotti dans ses bras et son visage dans son cou.
OoO
Vers huit heures du matin, Draco se réveilla. Vu la pénombre de la chambre quand ses yeux s'étaient ouverts, il avait tendu le bras vers le réveil pour savoir quelle heure il pouvait bien être. Etonné, il s'était alors demandé ce qui l'avait réveillé avant de comprendre qu'il avait tout simplement faim, n'ayant rien avalé la veille.
Draco voulut se rendormir mais il se rendit à l'évidence : il était bel et bien réveillé. Il laissa donc ses yeux s'habituer à l'obscurité de la pièce et, peu à peu, il put distinguer les traits du visage de Harry endormi dans ses bras, serein.
Comme la veille, des questions l'assaillirent de toutes parts. Pourquoi pleurait-il hier ? Et pourquoi aussi soudainement ? Et ce n'était pas de la faute de Draco, apparemment… Le blond se demandait bien ce qui avait pu se passer, Harry ne pleurait pas pour rien, il avait toujours une bonne raison. Toute cette histoire le perturbait… Draco n'aimait pas du tour le voir dans cet état-là…
Draco passa une heure à se poser ainsi des questions sans réponses dans le lit, tout en regardant le visage serein et endormi de Harry qui sommeillait contre lui. Ses mains tenaient toujours son haut de pyjama et leurs jambes étaient emmêlées. Qu'est-ce qui avait bien pu le mettre dans un état pareil ? Les seules fois où Draco l'avait vu pleurer, c'était quand les Dursley étaient venus chez lui ou quand il lui avait raconté son aventure avec Cédric Diggory. Ou encore quand ils étaient arrivés à Londres et qu'il avait revu sa chambre d'enfant. Ce n'était donc jamais sans raison…
De longues minutes plus tard, Harry s'agita dans ses bras, remuant contre lui. Draco attendit patiemment qu'il se réveille, caressant ses cheveux. Il avait des questions et il attendait des réponses. Harry finit par ouvrir les yeux, le regard d'abord troublé. Il les frotta avant de les poser de façon plus sûre sur Draco. Ses yeux étaient un peu rouges, vu qu'il avait pleuré la veille.
Ils ne dirent d'abord aucun mot. Ils se regardaient, simplement. L'un n'osait poser ses questions et l'autre ne savait comment y répondre. Harry entrouvrit les lèvres, comme pour dire quelque chose, mais rien n'en sortit. Alors Draco posa sa question.
« Qu'est-ce qui t'es arrivé hier ? C'est de ma faute ?
- Non, c'est pas ta faute…
- Alors pourquoi tu pleurais ? »
Harry parut hésiter. Il n'était pas bien réveillé, encore, mais il avait conscience de la situation. Il déglutit avant de fermer les yeux et parler d'une voix calme.
« Je suis désolé pour hier. D'être parti et… d'avoir agi comme ça quand je suis rentré.
- Ça, je m'en fous, répliqua Draco. Ce que je veux…
- Je n'étais pas bien et je ne savais pas si tu allais encore t'énerver sur moi ou me demander pardon. Dans les deux cas, je ne voulais pas te voir.
- Mais pourquoi ?!
- T'as bien vu pourquoi, répondit Harry en rouvrant les yeux, comme si c'était évident. Je ne voulais pas que tu me vois pleurer. »
Draco se dit que ça expliquait pourquoi il l'avait fui de cette façon, et dans le fond, il l'avait déjà plus ou moins compris.
« Je me serais excusé ce matin… je voulais pas que tu me vois comme ça, je pensais que je me calmerais… mais j'ai pas réussi… »
Son visage était triste et ses yeux dans le vague, comme s'il se remettait en mémoire ce qui s'était passé la veille. Draco fronça les sourcils : encore une fois, ce n'était pas grave, il voulait savoir autre chose, lui.
« C'est pas important, Harry, affirma-t-il en passant une main apaisante dans ses cheveux.
- C'était pas gentil, quand même…
- C'est pas grave. Moi aussi, je me suis mal comporté, et je le regrette vraiment. Ce que je veux savoir, c'est ce qui s'est passé, continua le blond, tout en relevant le visage de son petit ami. Qu'est-ce qui t'a mis dans cet état-là ?
- Tu ne m'en veux pas pour hier ?
- Si tu ne me dis pas tout de suite ce qui s'est passé, je vais vraiment t'en vouloir. »
A nouveau, Harry parut hésiter. Il se mordilla la lèvre : il ne voulait pas parler de ça à Draco, mais il avait éclaté en sanglots la veille et Harry le connaissait assez bien pour savoir qu'il ne lâcherait pas le morceau tant qu'il n'aurait pas ce qu'il voulait.
« J'ai rencontré des amis de Cédric, hier soir. »
Harry, blotti dans les bras de Draco, sentit tout le corps de ce dernier se tendre alors que ses yeux brillaient. De haine, de colère ? Il n'en savait trop rien, mais Draco était crispé et il attendait la suite, qui ne tarda pas à venir…
« Je… Je me promenais, pour me calmer. J'étais en colère alors j'ai mangé quelque part et quand je suis sorti, j'ai rencontré des amis de Cédric. »
Ils étaient cinq. Ils l'avaient reconnu tout de suite quand il était sorti du fastfood. Harry avait gagné en muscles et il avait un peu grandi. Mais, dans le fond, il était toujours le même, bien que son visage ait quelque peu mûri, et il avait attiré le regard de ces types sur lui.
Dans le groupe, il y avait sa dernière petite amie, et les autres des hommes proches de Cédric. Pourquoi étaient-ils là précisément ce soir-là à cet endroit-là ? Harry n'avait tout simplement pas eu de chance. Le fait était qu'ils le prirent à part pour lui faire tous les reproches du monde, l'accusant d'avoir détourné Cédric, de l'avoir séduit et d'en avoir fait un pédé. C'était lui qui avait rendu Cédric fou, c'était à cause de lui qu'il était devenu complètement dégénéré.
Harry avait manipulé Cédric. Du début à la fin. Il l'avait enfoncé, l'avait rendu complètement cinglé, l'aidant à plonger dans la déprime et le mal-être au lieu d'essayer de l'aider à remonter à la surface. Et puis, du jour au lendemain, il le larguait, comme une merde. Cédric n'avait fait que se venger, en le kidnappant et le tabassant pendant un mois. C'était un juste un retournement de situation, Cédric avait juste essayé de détruire Harry comme ce dernier l'avait lui-même détruit. Bon retour des choses. Et c'était Harry qui en sortait vainqueur, aidé par ces pouffiasses qui voulaient voir Cédric en prison parce qu'il avait osé les quitter…
Ces paroles pleuvaient sur Harry, tels des coups de poings qu'on lui aurait balancés en pleine figure. Cédric avait fait une tentative de suicide parce qu'il ne supportait pas la prison, parce qu'il n'avait rien à faire là-bas. Cet endroit le détruisait, il devait être frustré à l'idée que l'homme responsable de son malheur était libre, lui, profitant de la vie alors que Cédric était enfermé parce qu'il avait décidé de se venger.
Cette version était aussi fausse que douloureuse. Harry avait couru pendant ce qui lui paraissait une éternité, poursuivi par ces hommes bien décidés à lui refaire le portrait. Il faisait sombre, la rue était peu fréquentée, Harry avait couru à en perdre haleine, le cœur battant à cent à l'heure, sans savoir s'il rentrerait blessé ou indemne chez lui.
« Ils m'ont collé deux ou trois coups, mais rien de bien grave. J'ai réussi à les semer.
- Ils savent où on habite ?
- Ne t'en fais pas pour ça : ils étaient remontés, hier, mais ils ne viendront pas ici. Je pourrais porter plainte et ça finirait mal. Tu sais, ceux qui ont une grande gueule ne sont pas les plus courageux, la plupart du temps. »
Cette scène l'avait blessé et il avait l'atroce envie de pleurer. Il se rappelait parfaitement de ces gens qui le croyaient coupable, qui refusaient de le croire et qui hurlait que Cédric n'avait fait que se rendre justice. C'était triste à dire, mais le fait que personne ne sache rien de sa relation avec Cédric était un avantage pour Harry : personne n'avait de preuve contre lui. Oh, Harry n'était pas coupable, mais il était si facile d'interpréter les propos les plus communs, de nos jours… et le fait qu'on ait appris leur liaison seulement à cause de l'enlèvement du tatoueur le rendait, aux yeux de la loi, victime de harcèlement moral, maltraitance et séquestration.
Quand il était rentré, il avait eu deux choix : soit affronter Draco et risquer de fondre en larmes, comme c'était presque le cas dans la rue, ou alors le fuir et essayer de se calmer seul, en s'excusant le lendemain. Mais en sentant la main de Draco dans ses cheveux, Harry n'avait pu résister plus longtemps et les vannes s'étaient ouvertes.
« J'étais déjà énervé, et avec ce qu'ils m'ont dit… plus fort que moi… »
Il avait les yeux qui brillaient, humides. Draco resserra son étreinte sur lui. Cette affaire devait être terminée il y avait quatre ans et elle se poursuivait encore… Il en venait vraiment à comprendre pourquoi Isaline avait décidé de partir. C'était inévitable pour que Harry puisse remonter la pente, surtout si nombre de personnes protestaient contre lui en interprétant ce qu'il avait vécu d'une autre façon.
« Enfin, c'est passé, soupira Harry. Je ne veux plus penser à ça.
- N'en parlons plus, alors. Mais tu n'as pas à te cacher quand tu vas mal, tu sais.
- J'en ai marre d'être faible devant toi. »
Draco éclata soudain de rire, ce qui fit rougir Harry. Le brun fronça les sourcils et voulut le repousser mais Draco le maintint contre lui. Boudeur, Harry grogna qu'il n'aimait pas quand il se moquait de lui.
« Harry… Soyons réaliste. De nous deux, tu es le plus musclé et le seul qui sait répliquer dans une bagarre. Et tu vas me faire croire que tu es faible ?
- T'as jamais pleuré devant moi, répliqua Harry. C'est gênant… »
Le blond leva les yeux au ciel. Ah, celui-là… Mais il redevint vite sérieux, car une autre chose lui trottait dans la tête.
« A propos de notre dispute d'hier…
- Tu as vraiment envie d'en parler ? Demanda Harry, peu désireux de se remémorer la scène de la veille.
- Tu ne m'en veux pas pour ce que je t'ai dit ?
- Si. Mais j'ai pas envie d'en parler.
- Mais moi, si, répliqua Draco. On ne va pas rester là-dessus. »
Harry poussa un léger soupir avant de lui demander s'il trouvait ses amis si cons que ça. Draco répliqua que ce n'était pas ça, le problème était qu'il n'était pas à l'aise avec ce genre de personnes, ce qui n'était évidemment pas le cas de Harry. Cela ne concernait pas Théo, Ron, Cho ou encore Olivier, mais plutôt ses amis de Londres. Il n'aimait pas leur mentalité, leur façon de parler, de s'habiller… Tout un tas de choses. Draco se savait un peu snob, il ne fréquentait pas n'importe qui, comme Harry l'avait si bien dit la veille.
« Quand on est allé en boite, j'étais vraiment pas à l'aise…
- Je sais. »
Harry lui fit un sourire. Le genre de sourire qui faisait toujours craquer Draco, et qui l'étonnait, aussi.
« Je sais que tu n'étais à l'aise, je l'ai senti. Je commence vraiment à te connaître ! Rit Harry d'un air mutin. Au moins, tu comprends ce que j'ai ressenti chez Daphné.
- La prochaine fois qu'on va quelque part, promis, je serai tolérant, ajouta Draco en souriant.
- Tu danseras avec moi ??
- On verra ça.
- T'es pas marrant… Se plaignit le brun d'un air gamin. Tu sais, je pensais à un truc. »
C'était quelque chose auquel Harry pensait depuis qu'ils étaient revenus de la boite de nuit. Il avait très bien senti le malaise de Draco, qui ne se sentait pas à sa place. Cela se voyait dans sa façon de se tenir et de parler. C'était d'ailleurs pour éviter ça qu'il n'avait pas voulu l'emmener chez Alicia. Enfin bref, là n'était pas la question.
« Je suis un peu comme eux, tu sais. Pourtant, tu m'as rapidement accepté, moi et mon boulot. Tu prends Astoria, c'est un top model. »
Draco attendit quelques secondes avant de lui répondre, cherchant ses mots. Il lui demanda avant tout de ne pas se comparer à Astoria ou à qui que ce soit d'autre, et encore moins à elle : il l'avait rencontrée lors d'une soirée et ce qu'il y avait eu entre eux n'était pas aussi sérieux que ça en avait l'air de prime abord. Il était vrai qu'Astoria Greengrass était une belle femme, l'une de ses plus belles conquêtes, mais il ne fallait pas tout mélanger : ce qu'il ressentait pour Harry n'était en rien comparable.
Il avait accepté son travail de tatoueur assez rapidement, c'était vrai aussi. Mais Draco n'avait jamais ressenti de supériorité vis-à-vis de ceux qui avaient des boulots plus ou moins prestigieux. Certes, il ne fréquentait que des personnes d'un certain milieu et les gens qu'il avait vus à la boite ne lui plaisaient pas du tout. Cela dit, il avait tendance à préférer sortir avec des gens d'une classe sociale inférieure à la sienne : entendre parler de pompes à trois cents euros, de sac Louis Vuitton et des soirées huppées de Paris, ça allait bien deux minutes… mais pour cela, il fallait que ces personnes-là aient du charme et un minimum d'« éducation », de façon à ce qu'ils soient sortables. Et c'était le cas de Harry qui n'avait rien d'un voyou malgré ses vêtements débraillés : il était beau et Draco pouvait l'emmener n'importe où sans qu'il ne lui fasse honte.
Son métier de tatoueur ne posait pas de réel problème à Draco, étant donné qu'il avait accepté Harry dans son ensemble. Et puis, ce travail faisait aussi parti de son charme, tout comme les tatouages qu'il avait sur le corps. Draco n'avait jamais été particulièrement attiré par ces trucs-là, mais sur Harry, ça avait quelque chose d'attirant… En somme, il avait accepté Harry parce qu'il était lui, tout simplement, et le reste suivait. Il rompait avec tous les préjugés qu'il avait sur les tatoueurs. Ou alors, c'était juste que Harry, Isaline et Nymph' étaient en dehors de la norme… ce qui ne devait pas être totalement faux…
« A ce que je sache, je n'ai jamais eu honte de toi.
- Bah oui mais je me demandais…
- Crétin. »
Harry lui sourit et se pencha pour l'embrasser. Ça ne le dérangeait pas d'être un crétin, du moment qu'il était le sien…
OoO
Le reste de la semaine se passa dans le plus grand calme. Ils passèrent leur vendredi à se balader dans Londres, passant voir Regulus dans la matinée afin de déjeuner avec lui, ce qui ne pouvait que le ravir. Harry et Draco rencontrèrent le fiancé d'Adonia, un jeune homme charmant qui fut tout de suite à l'aise avec les deux hommes, en particulier Harry.
Puis, ils firent un peu les boutiques, histoire de ramener quelque chose à Isaline qui avait lourdement insisté comme quoi elle voulait un cadeau de Londres. Draco trouvait cette idée plutôt idiote mais il ne dit rien quand Harry acheta un tee-shirt « I love London ». De retour à l'appartement, il prit un marqueur et barra le « London » pour écrire juste en dessous « Harry et Draco ». Le blond ne put résister à une énorme crise de rire alors que son petit ami regardait fièrement son œuvre.
Ils passèrent leur soirée avec Blaise et Luna qu'ils invitèrent à dîner. Tandis que Harry préparait le dîner avec Luna, qui avait interdiction de s'approcher des casseroles, Blaise glissa à Draco qu'il avait eu la peur de sa vie la veille : il avait mangé chez elle et Luna avait manqué de mettre le feu à la cuisine alors qu'elle préparait le repas. Elle avait prit une serviette pour éteindre le feu en lui disant qu'elle avait l'habitude. Draco avait alors éclaté de rire, imaginant parfaitement une Luna zen et son meilleur ami interloqué.
La soirée fut agréable. Blaise et Luna étaient assez discrets mais il y avait des petits gestes qui n'échappaient ni à Harry ni à Draco, ainsi que certains regards et certains mots. Ils rayonnaient, tous les deux. C'était agréable à voir. A vrai dire, ça faisait longtemps que Draco n'avait pas vu son ami aussi souriant et il en était de même pour Harry, les yeux de Luna ne lui avaient jamais paru aussi brillants depuis qu'il la connaissait.
Le lendemain, ils avaient passé la journée à la maison. A la base, ils voulaient se promener, mais Draco plaqua Harry sur le canapé pour le taquiner et, au final, ils paressèrent devant la télévision, le blond allongé sur l'autre qui lui caressait les cheveux. Ils attendirent tranquillement l'heure du départ, prévu dans la soirée. Et ils quittèrent Londres sans l'ombre d'un regret, main dans la main, tous doutes et peurs envolés…
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
