Disclaimer: Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!

Couple: Harry / Draco.

Evaluation: M.

Salut les jeunes !

Lys : Hello les p'tits gens :-) !

Encore une fois, je voulais m'excuser de ne pas avoir posté la semaine dernière. Je vous remercie tous pour vos reviews et je suis heureuse que l'OS Et si Harry Potter mourrait a plu à certains d'entre vous !

Lys : Il a été écrit en deux semaines à peu près, en plus :p.

Bon. J'ai une nouvelle à annoncer.

Lys : Roulement de tambours.

J'ai cédé. Oui, j'ai cédé ! Oui Jojo, moi, la tête de mule, j'ai cédé à ton caractère de cochon et j'ai coupé mon chapitre en deux parce qu'il était trop long…

Lys : Ce qui signifie que la fic ne fera pas 30 chapitres tout pile ! XD Ce qui est un choc pour l'auteur…

Voui… J'aime les nombres ronds T.T

Lys : Ratéééé !

T.T J'espère que ça vous plaira quand même !

Bonne lecture !


Chapitre 24

Tandis qu'elle versait du lait dans un verre avec un fond de sirop de fraise, Isaline entendit les Village People chanter YMCA dans son réfrigérateur. Ah, c'était donc là qu'il était passé, ce portable voyageur…

« Ryry !

- Oui ??

- Y'a ton portable qui sonne dans le frigo ! »

Quelques secondes plus tard, Harry dévala l'escalier, déboula dans la cuisine, récupéra son portable dans le frigidaire et repartit aussi sec, laissant sa tante savourer son verre de lait à la fraise, maigre compensation à cette heure de torture qu'elle avait passée chez Mme Bibine. Harry décrocha tout en montant les escaliers et il entendit avec plaisir la voix de Draco dans son téléphone portable.

« C'est moi. Tu vas bien ?

- Ouais, ça va. Alors ce dîner avec ta grand-mère, c'était bien ? Lui demanda Harry alors qu'il entrait dans sa chambre, fermant la porte derrière lui.

- Si je te dis pourquoi elle voulait faire ça mercredi, tu vas te moquer de moi. Ou m'engueuler, au choix.

- Ah bon ? S'étonna le brun. Il y avait une occasion spéciale ?

- C'était l'anniversaire de ma mère. »

Bien malgré lui, Harry éclata d'un rire nerveux : cet idiot avait complètement oublié l'anniversaire de sa mère, c'était malin, ça !

« Enfin, je l'ai compris quand m'a grand-mère m'a demandé si j'avais bien un cadeau. Je l'avais déjà acheté, mais ça m'était complètement sorti de la tête. Harry, arrête de glousser, tu veux ?

- Comment on peut oublier l'anniversaire de sa mère ?

- Il t'est déjà arrivé d'oublier celui d'Isaline, non ?

- Non. »

Jamais. C'était une date gravée dans sa mémoire. Il entendit Draco grogner et Harry fronça les sourcils d'un air un peu triste. Draco n'était vraiment pas proche de ses parents, il en venait à oublier des dates importantes comme celles-ci. Et dire qu'il avait insisté auprès de sa mère pour essayer de changer la date du repas…

« Ma date d'anniversaire aussi, tu vas l'oublier.

- 31 juillet ?

- Tiens, tu t'en rappelles.

- Allez, arrête. Alors, cette soirée du mercredi ? »

Draco voulait couper court à cet épisode, il s'en voulait déjà assez d'avoir oublié l'anniversaire de sa mère. Elle n'avait pas paru vexée un seul instant, même s'il avait voulu changer la date de cette soirée sans penser qu'elle soufflerait ses bougies ce soir-là. Heureusement qu'il avait pensé à acheter un cadeau en avance ou, vraiment, ça aurait fait tache.

« Ça a été, c'était sympa.

- Même avec Seamus ?

- Oui, je te rassure, on ne s'est pas battu.

- Crétin… »

Le blond préféra ne pas répondre. Il avait téléphoné à Théo le lendemain-même de cette soirée et ce dernier n'avait pas omis de lui dire que Seamus devait avoir des idées cachées. Il ne voulait pas jouer la mauvaise langue, et si Seamus découvrait qu'il avait dit des choses sur lui, Théo ne nierait pas : pour lui, on ne faisait pas du charme à quelqu'un de déjà pris, homme ou pas. Cela dit, il ne donna pas de détails à Draco, il n'était agent secret, non plus.

« Par contre, il est venu hier.

- Pardon ? Fit Draco, comme s'il avait mal entendu.

- Il voulait discuter, mais il n'est pas…

- Parler de quoi ? Le coupa-t-il.

- Ça ne te regarde pas !

- Harry, je veux savoir.

- Ça ne te regarde pas, répondit Harry avec fermeté. Je n'ai pas à te raconter…

- Je veux savoir !

- T'as pas confiance en moi ou quoi ?

- Seamus est bizarre avec toi, Harry, et je veux savoir de quoi vous avez parlé !

- Est-ce que je mêle de tes affaires, moi ? Est-ce que je te demande ce que tu racontes à Seamus quand vous vous voyez à la fac ?

- C'est pas pareil !

- C'est la même chose, Draco ! Oh et puis tu me soules. »

Et Harry raccrocha, agacé par cette nouvelle crise de jalousie que Draco lui faisait. Dans cette histoire, c'était plutôt lui qui devrait être jaloux ! Le blond voyait Seamus plus souvent que lui et il avait plusieurs copains et copines, donc c'était à Harry de se méfier davantage et piquer des scandales !

Le tatoueur posa son portable sur le bureau, exaspéré, puis sortit de sa chambre. En bas, Isaline était en train de préparer le repas. Quand il arriva dans la cuisine, il la vit tenir dans un équilibre précaire sur ses gambettes, elle faillit même tomber mais Harry la rattrapa et la força à s'asseoir, reprenant la préparation du dîner.

« T'as l'air énervé, Ryry. Ça va pas ?

- Disputé avec Draco.

- Pourquoi ?

- Il est trop jaloux. »

Harry ne pensait pas que Draco serait aussi possessif. Il le voyait plutôt comme quelqu'un, non pas d'indifférent, mais de tolérant. Il l'avait rassuré quand Harry avait découvert qui était Astoria. Mais jamais il n'aurait jamais pensé que Draco deviendrait comme ça. En même temps, c'était flatteur, cela prouvait que Draco tenait à lui. Et en même temps, ça prenait des tournures assez particulières…

« Les homosexuels sont souvent très jaloux.

- Tata, je suis homosexuel, lui fit remarquer Harry.

- Ouais, je sais, soupira Isaline. Mais c'est dans ton caractère, tu montres moins ta jalousie. Draco doit flipper. Tu sais, on dit que les nanas sont très jalouses, mais les garçons, c'est pas mieux. Quand on est sorti, avec Rémi, un homme m'a accostée. Tu aurais vu comme il était jaloux… »

Ça la faisait bien rire, ça. En même temps, c'était plutôt amusant. Avec Allan, ils avaient décidé d'aller au cinéma pour regarder un film d'action, même si Rémi n'était pas très emballé. Vu qu'ils étaient largement en avance, ils avaient décidé de faire un tour dans le centre commercial, passant une bonne vingtaine de minutes à la Fnac. Tandis que Rémi partait dans la section des romans, Isaline et Allan s'étaient enfuis du côté des CDs. Quand Rémi parvint à les retrouver dans les dédalles du magasin, la tatoueuse s'était faite accostée par une charmant quinquagénaire qui semblait lui faire la cours, ce qui amusait visiblement Allan. Le gamin éclata de rire quand il vit son père reprendre les choses en mains et attraper Isaline par le bras. Et sa réaction la fit glousser, surtout que les joues du médecin étaient toutes rouges.

« Les hommes jaloux, c'est trop mignon…

- T'abuses…

- Même pas vrai ! »

Voire Rémi vexé parce qu'elle papotait joyeusement avec un autre homme avait quelque chose de flatteur. Suite à cette petite aventure, ils étaient allés au cinéma ensemble. Puis, au lieu de la ramener chez elle, Rémi l'emmena chez eux, histoire de boire un café. Contrairement à ce qu'elle aurait pensé, Allan semblait l'accepter plutôt bien. Peut-être parce qu'elle essayait de le comprendre, de se mettre à son niveau, ou alors parce qu'elle était encore « jeune » dans sa tête… enfin bref, le fait était qu'il avait accepté qu'elle reste préparer le dîner qu'ils avaient mangé ensemble.

Au cours de cet après-midi, Isaline avait beaucoup parlé avec Allan. D'abord fermé, il s'était ouvert peu à peu. Elle mettait cela sur le fait qu'il lui parlait de trucs qu'elle connaissait, comme les groupes de rock ou de métal, ou encore les jeux vidéos. Oui, elle avait quarante piges, mais elle connaissait Final Fantasy et Need for speed. De quoi la faire remonter dans son estime. Donc, elle avait beaucoup parlé avec lui. Elle l'avait même fait rire. Allan était de ces gosses rebelles qui voulaient jouer les durs, mais ça ne marchait pas bien longtemps avec elle : Isaline en avait maté des plus coriaces que ça. Et l'ouverture d'Allan semblait ravir son père, qui parla beaucoup lui aussi. Comme si ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait avec son fils.

En somme, cet après-midi s'était passé de la meilleure façon qui soit, alors qu'Isaline était montée dans la voiture quelque peu pessimiste. Quand ils s'étaient quittés, Rémi lui avait dit qu'Allan l'acceptait pour le moment sûrement parce qu'elle parlait son langage, ce que lui ne parvenait déjà plus à faire. La tatoueuse avait répliqué qu'il était son père et il n'avait jamais été confronté à de la rébellion. Par contre, elle, elle connaissait.

« Réconcilies-toi avec lui, ça sert à rien de rester sur ce genre de disputes.

- Il exagère.

- Si tu le dis… »

Harry servit les pommes de terre et le steak dans leurs assiettes, puis il s'installa à table et le repas commença. Le regard posé sur l'écran de la télévision qui diffusait les informations, tous deux gardaient le silence, commentant çà et là quelques nouvelles. Isaline était fatiguée et elle avait envie d'aller se coucher, même s'il n'était pas très tard. Une fois le repas terminé, elle partit se doucher tandis que son neveu faisait la vaisselle et nettoyait la table. Ils se retrouvèrent devant la télévision.

« Y'a rien ce soir à la télé, soupira Isaline en feuilletant le Télé Loisirs. Tu choisis un film ?

- Le journal de Bridget Jones ?

- Qui est l'abruti qui nous a acheté ce DVD ?

- Sirius, répondit Harry tout en regardant les autres titres.

- Ça m'étonne même pas… Soupira la tatoueuse d'un air exaspéré.

- Barry Crotter à l'école des sorciers ?

- Ouais, pourquoi pas ? »

Comme deux gosses, ils s'installèrent devant la télévision et regardèrent le film, blottis l'un contre l'autre, une couverture sur les genoux. Quand le gosse jetait des sortilèges, ils les criaient et se les lançaient mutuellement, comme Isaline le faisait à l'époque où le film était sorti, enchantant tous les enfants du pays, notamment Harry qui s'empiffrait de bonbons bizarres achetés dans les boulangeries, comme des grenouilles en chocolat et des dragées aux goûts infâmes. Ah, c'était la bonne époque, où son petit Harry de dix ans s'habillait en sorcier et se battait en duel avec Nymph' et Sirius à l'aide de battons en bois… L'époque où Isaline avait dû s'expérimenter dans les spaghettis avec de la sauce colorée en vert et le jus de citrouille… Le pire fut à Halloween quand elle dut se mettre réellement à la couture, elle avait encore les costumes rangés dans un carton…

Une fois le film terminé, ils allèrent se coucher dans leur chambre, l'esprit léger et nostalgique. Après s'être assuré qu'Isaline était bien couchée, Harry retourna dans sa chambre et il s'assit sur son lit. Pendant de longues secondes, il regarda son téléphone portable. Devait-il appeler Draco pour s'excuser ? Il était tard, mais Harry regrettait ses paroles et cette dispute stupide qui l'empêcherait de bien dormir. Cela dit, il n'avait pas à raconter à Draco ce dont il discutait avec Seamus, ça ne le regardait pas. Pourtant, Harry prit son téléphone et appela.

D'abord, il y eut des tonalités. La messagerie débuta : « Vous êtes bien sur le portable de Draco Malfoy… ». Puis on décrocha.

« Qu'est-ce que tu me veux ?

- Je te demande pardon pour tout à l'heure. Pour t'avoir raccroché au nez, précisa le brun.

- C'est tout ?

- Dray, j'ai vraiment pas envie de rester sur cette dispute, c'est trop bête, dit Harry d'une voix douce. Il y a des choses plus graves, dans la vie… Je te demande pardon. Vraiment. Tu veux bien me pardonner ?

- Si tu me dis de quoi tu as parlé avec Seamus.

- Tu ne vas pas recommencer !

- Je veux savoir, Harry, contra Draco d'un ton sans répliques. Tu as quelque à me cacher ou quoi ?

- Je n'ai rien à te cacher, Draco, mais je n'ai pas à te parler de ça. Je ne te demande jamais rien, moi, alors que j'ai bien envie de savoir ce que tu racontes à Seamus quand vous mangez ensemble le midi. Tais-toi deux minutes, Draco ! C'est toi-même qui me dis que tu déjeunes avec lui. Tu crois que je suis pas jaloux, moi ? Tu crois que ça me fait plaisir de savoir que tu manges avec ton ex ? Mais je ne dis rien, je me tais !

- Tu n'as qu'à me le dire, au lieu de le garder pour toi ! Ne joue pas au héro tragique, tu veux ? En tout cas, pour le moment, ce n'est pas moi que Seamus drague mais toi !

- Tu me gonfles avec ça, Draco, sérieusement.

- Dans ce cas, raccroche et laisse-moi dormir.

- T'es vraiment trop bête, des fois. »

La voix de Harry se brisa et il raccrocha. Dans son lit, Draco garda quelques secondes le portable contre son oreille, les doigts serrés autour de l'appareil. Il était énervé. Enervé contre Seamus trop proche de Harry et ce dernier qui refusait de lui parler de leur conversation.

Draco était convaincu que Seamus tramait quelque chose. C'était vraiment bizarre qu'il soit allé chez Harry et il voulait savoir de quoi ils avaient parlé. Il connaissait son ex, Seamus était un séducteur et il lâchait rarement ses proies. S'il avait des vues sur Harry, il ne le lâcherait pas, bien au contraire. Harry semblait douter de sa confiance en lui, et dans le fond, il avait raison de se poser des questions.

Pourtant, ce n'était de lui que Draco doutait, mais plutôt de lui-même : il se savait plein de défauts, ils apparaissaient davantage quand il se comparait à Seamus. Oui, il s'était comparé à Seamus, d'abord pour se rassurer en se disant qu'il ne lui arrivait pas à la cheville. Sauf qu'il s'était bien rendu compte que l'irlandais, hormis sa jalousie presque maladive, n'était pas aussi chiant que ça. Et il avait ses qualités. Il était câlin, attentionné, il n'oubliait pas les dates, il n'était pas un acharné du travail, pas aussi perfectionniste que Draco… il faisait davantage de cadeaux, il était plus attentif, moins réservé… En somme, Seamus était peut-être plus facile à vivre, vu qu'il savait faire les tâches ménagères, et plus attentif.

Oui, Draco se faisait du mouron pour rien, et non, Harry n'allait pas le laisser tomber comme ça. Il n'était sorti avec personne pendant trois ans et il aimait assez Draco pour lui avoir tout donné. C'était peut-être parce qu'il l'aimait avec la même intensité que le blond se faisait autant de souci…

Il était vingt-deux heures trente passées, la chambre était plongée dans la pénombre, et Draco savait d'avance que, aussi stupide cela puisse paraître, il ne pourrait pas dormir s'il ne se réconciliait pas avec Harry. Même s'il lui en voulait de ne pas tout lui raconter, il ne lui en tenait pas vraiment rigueur : c'était bien le genre de Harry de raccrocher sur un coup de tête ou de se barrer sans dire un mot. Il était chiant mais il l'avait choisi, donc à lui de faire avec…

Draco prit donc son portable et écrivit un SMS. Son orgueil l'empêcha de s'étendre, il envoya juste trois mois : Je te pardonne. Le téléphone dans la main, il attendit la réponse en se demandant si Harry boudait ou non. Quelques secondes plus tard, il reçut un message : Il m'a raconté qu'il était amoureux et qu'il avait besoin de parler à quelqu'un. Draco ferma les yeux un court instant : non, Harry ne lui faisait pas la tête, et c'était tant mieux. Cela dit, cette réponse n'arrangeait pas du tout les doutes de Draco…

OoO

Paresseusement, Ron inséra la clé dans la serrure et ouvrit la porte de l'appartement qu'il partageait avec Neville. Il était tout simplement épuisé et n'avait qu'une envie : prendre un bain et se coucher.

Quand il fut dans l'entrée, il retira ses chaussures sans prendre la peine de les ranger et pendit son manteau, puis il alla dans la cuisine, traînant son sac derrière lui. Le rouquin alluma la lumière, le néon envoyant une lumière blafarde et froide dans la cuisine. Sur la table était posé son téléphone portable avec un petit mot de Neville : « Je dors chez Hannah. Ton portable n'a pas arrêté de sonner. Neville ». Ron se laissa tomber sur une chaise et prit son portable : 46 appels, 35 messages. Il ouvrit de grands yeux en se demandant s'il les écoutait ce soir ou non.

Soupirant, il mit son téléphone dans sa poche et partit faire un brin de toilette, puis il se glissa dans lit pour écouter ses messages vocaux.

« Ronnyyyyy mon chéri !! C'est Chooo ! Bah voilà, je voulais juste te souhaiter un bon anniversaire, je te souhaite plein de bonheur et j'espère que tu auras plein de cadeaux ! Bisouuuuuuus ! » - « Ron, mon poussin ! Bonne anniversaire mon chéri ! Oh, quelle émotion, vingt-deux ans déjà ! Tu sais que ta maman est très fière de toi, mon chéri. Je ne te souhaite que du bonheur, que tous tes vœux se réalisent, et une excellente journée ! Gros bisous mon Ronny. » - « Salut Ron, c'est Théo. Bah juste pour te souhaiter un bon anniversaire, j'espère que ta journée n'a pas été trop pourrie. A plus ! » - « Salut frangin !!! C'est Gred et Forges ! On te souhaite un bon anniversaire et on espère que tu passeras la journée la plus merdique de ta vie ! Naaan, on rigole, on espère que tu passeras une super journée p'tit frère ! Allez, à plus ! » - « Bon anniversaire Ronny ! Eh bé, comme le temps passe vite ! Vingt-deux ans, déjà ! Je te fais de gros bisous et passe une bonne journée ! Isaline. » - « Salut Ron, c'est Harry ! Bon anniversaire ! J'espère que ta journée sera belle et que tu auras plein de cadeaux ! Bon, bah je te dis à samedi chez tes parents ! A plus ! ».

Le sourire aux lèvres, Ron écouta chacun des messages que ses proches lui laissèrent. La seule personne qui ne lui laissa pas de petit mot fut Hermione, mais elle était venue au garage pour le lui souhaiter de vive voix, ce qui avait fait extrêmement plaisir au rouquin. Il écouta tous les messages avant de se coucher et de s'endormir, le sourire aux lèvres.

OoO

« Salut tout le monde ! »

Première option : il n'avait pas de chance.

« Salut toi ! Tu vas bien ?

- Impeccable ! »

Deuxième option : il était de mauvaise humeur donc il attirait toutes les mauvaises ondes.

« Et ta mère, elle va bien ?

- Oh oui ! Depuis que Charlie lui a présenté sa nouvelle fiancée, elle est aux anges ! »

Troisième option : il était maudit.

Et il penchait plutôt pour cette troisième option…

« Salut Harry, tu vas bien ?

- On fait aller. Qui est ce jeune homme ?

- Oh, mon nouveau copain ! »

Ouais, Harry avait deviné. Il avait beau être myope et un peu lent, il avait parfaitement compris que ce type était le nouveau copain de Ginny, lui tenant fermement la taille et le regardant, lui, pauvre tatoueur innocent, comme s'il n'était rien d'autre qu'un déchet. Autant dire que c'était gênant.

« J'ai envie de me faire un tatouage et il a voulu m'accompagner. Tu veux bien me renseigner, s'il te plait ? »

C'était demandé tellement gentiment… Harry se dit que Ginny devait l'avoir oublié, et c'était tant mieux, pour elle comme pour lui. À présent, elle pourrait tourner la page et vivre une véritable histoire avec un homme. Sauf que Harry se posa rapidement des questions.

Ginny voulait un tatouage sur la hanche. En soi, ce n'était pas la mort, et Harry eut beau insister en lui disant que le tatouage se déformerait sans doute quand elle tomberait enceinte, Ginny secoua la tête : elle voulait son tatouage et elle ne prévoyait pas d'avoir des enfants pour le moment. Ce qui gêna Harry, c'était qu'elle baissa quelque peu son pantalon pour lui montrer l'endroit exact du tatouage, à savoir sous la cordelette de son string rouge à dentelles.

Alors, Harry leva les yeux vers son petit ami qui le regardait comme un lion protégeant sa femelle : un geste de travers et je t'égorge. Le tatoueur comprit que ce type devait savoir que Ginny était amoureuse de lui depuis longtemps et il devait moyennement apprécier que sa petite amie montre un tel endroit à son amour à sens unique.

Cela dit, le jeune homme se montra très professionnel et accepta de tatouer une petite fée sur cette zone sensible et relativement cachée. Le petit ami, dont Harry n'avait pas retenu le nom, à supposer qu'il fut prononcé, exigea d'être présent lors de cette séance. Harry haussa les épaules, lui répondant que ça lui était égal. Néanmoins, perfide, il précisa que Ginny devrait mettre un string de façon à ce que l'espace à tatouer soit bien découvert. Le petit ami sembla hésiter entre casser quelque chose ou casser sa gueule. Finalement, il tira sur le bras de sa copine et ils partirent, bien que Ginny protestât.

« Elle est encore tombée sur un plombé, dit Isaline sans lever le nez de son calepin.

- A croire qu'elle les choisit, approuva Nymph' en faisant les poussières.

- Bande de commères !

- Attend, Ryry, même si j'étais payée, j'en voudrais pas de ce mec, répliqua Isaline. On sait pas s'il va te casser la gueule ou s'il va tirer les cheveux de sa copine pour la traîner dehors.

- Il doit être bon au lit.

- Oh, je t'en pris, Nymph' ! Ce ne sont pas les mecs les plus musclés qui ont les plus grosses !

- On a pas encore trouvé d'appareil pour muscler leur sexe ! »

Et voilà ce que c'était, que e bosser avec des femmes… Entre règles, maux de têtes et sexe, il était servi…

« Au lieu de papoter, au boulot, Mesdames !

- Mais on bosse, ça se voit pas ?? »

Non, pas tellement…

La porte de la boutique s'ouvrit à nouveau.

« Mon Ryry d'amour !!! C'est moi !!! »

Et une chose non-identifiée lui sauta dessus comme la misère sur le monde, s'écroulant sur lui comme un sac de patates. La métaphore n'était guère poétique, mais c'était à peu près la scène que donnait Cho, perchée sur le dos de Harry, une jupe descendant à mi-cuisse et ses pieds chaussés de talons levés dans les airs.

« Cho…

- Voui, mon amour ???

- Tu m'étouffes… »

Tandis que les deux tatoueuses riaient à gorge déployée, Cho descendit de son perchoir, la mine joyeuse. Enserrant le cou de Harry, elle lui fit un gros câlin avant de l'embrasser sur les deux joues. Cette scène aurait pu être des plus agréables et des plus douces si cela ne cachait pas quelque chose…

« Cho, t'as fait une connerie ?

- Non, pourquoi ??

- En général, quand tu es comme ça, c'est que tu as quelque chose à te reprocher…

- Tout de suite les grands mots ! Viens, faut que je te parle ! »

Et elle lui prit la main, le tirant hors de la boutique, sans même se demander s'il avait du travail ou non. Sous le regard des deux femmes gloussantes, Harry fut donc emmené dans le salon où il fut assis de force. Cho retira ses chaussures, histoire de se mettre à l'aise, puis elle s'assit en tailleur sur le canapé, faisant relever sa jupe et dévoilant sa petite culotte bleue.

« Cho, sans vouloir être pervers, je vois te culotte, lui fit remarquer Harry et toute innocence.

- Et alors ? Tu préfères les slips de toute façon. Bref, il faut qu'on parle, Harry, dit-elle d'un ton très sérieux.

- T'es en chasse ?

- Ouais. J'ai besoin d'un modèle masculin.

- Et… ? Fit Harry, attendant de plus amples explications.

- Tu crois que tu pourrais convaincre Draco de poser pour moi ? »

Un ange passa.

Puis deux.

Puis trois.

« Je ne crois pas, non.

- Ryry, essaye ! S'il te plait !

- Cho, ça ne pourra pas être possible.

- Mais pourquoi ? Demanda-t-elle d'une toute petite voix, les yeux larmoyants.

- Jamais je n'accepterai de laisser mon petit ami dans les mains d'une folle dingue comme toi.

- Ah d'accord, tu es jaloux. »

Non, ce n'était pas vraiment de la jalousie. Ou peut-être un peu… Harry ne voulait pas que Cho utilise le corps de son homme à des fins personnelles, surtout qu'elle était capable de beaucoup de choses.

« Ecoute, mon but est de prendre en photo un homme et de le faire passer pour une femme…

- Tu veux le travestir en plus ?!

- Non, c'est pas ça… Enfin moi, ça me dérange pas, tu sais ! »

Après un petit rire, elle lui expliqua le but de ce devoir. Son professeur était assez spécial et, pour punir certains élèves peu attentifs, il avait décidé de donner un devoir collectif, donnant trois thèmes, l'élève devant en choisir un seul. Cho avait pris « ambiguïté ». Elle avait donc eu l'idée de prendre une femme en photo et de la faire passer pour un homme ou le contraire.

« Je suis pas du genre à mater les copains des autres, mais j'ai vu que Draco avait de belles mains fines. Donc, heu…

- Il ne sera pas d'accord. Non, Cho, reprit-elle en la voyant ouvrir la bouche, il ne posera pas pour toi. Déjà qu'il n'aime pas les photos… »

Draco était un bel homme mais il n'aimait pas être pris en photo. A Noël ou à son anniversaire, Isaline avait dû le harceler pour qu'il accepte de prendre une photo de lui tout seul, les seules qu'il tolérait étant celles en groupe, à deux ou plus. Il était d'un compliqué, celui-là…

« Zut… Je suis en train de faire le tour de mes connaissances, là, mais j'ai du mal. Olivier est dix fois trop masculin, et en plus, il va être occupé. Sinon il y a…

- Occupé ? Pourquoi ? »

La chinoise fit une grimace et grogna que Marcus allait faire le voyage jusqu'à Paris pendant quelques jours. Honnêtement, même si tout s'était à peu près bien passé entre eux quand Olivier était parti à Londres, jamais elle n'aurait pensé que Marcus aurait remis les pieds aussi rapidement en France. Et pourtant, il était prévu qu'il arrive dans peu de temps, ce qui mettait Olivier d'excellente humeur, évidemment.

« Sinon, je vois pas trop. Le peu d'hommes que je connais n'ont rien de féminin ! Je pensais que tu ferais l'affaire, toi, mais t'as pas de jolies mains. Enfin, pas celles que je cherche. Sinon, je pensais à Théo, mais ce crétin a fait du violon étant jeune, donc sont doigts sont devenus un peu calleux, il bosse au marché et il s'est déjà ouvert la main en coupant une pastèque en deux !

- Tu ne vas pas prendre que des mains en photos, quand même ?

- Non, mais c'est quand même important. Putain ! Cria-t-elle, une ampoule clignotant au-dessus de sa tête. La tarlouze qui vit chez lui, Seamus, il ressemble à une nana !

- Cho…

- Je vais lui demander s'il veut bien poser pour moi ! Il est fin, il a des cheveux assez longs et des jolies mains !

- Pas sûr qu'il accepte…

- Mais si, tu verras ! »

Sans un mot de plus, Cho posa un bisou bruyant sur la joue de Harry, laissant une magnifique marque de rouge à lèvres dessus, prit ses clics et ses clacs et quitta le salon. Soupirant, le tatoueur se dit que le pauvre Théo ne serait pas sorti de l'affaire, ni même Seamus…

Tout en se disant que, dans la soirée, il allait recevoir un coup de téléphone de Théo qui se plaindrait de « cette chinoise folle dingue », Harry monta dans sa chambre, vu qu'il n'avait, pour le moment, plus de rendez-vous. Sa journée était donc terminée, si on omettait une jeune fille venant se percer les oreilles. Il alluma son ordinateur, rentra le mot de passe pour ouvrir sa session, puis il se connecta sur MSN. Il y avait peu de gens, Harry passa un petit moment à discuter avant de surfer sur le net, lisant les derniers mails qu'ils avaient reçu sur le site de la boutique.

Une petite heure plus tard, il entendit la voix de Nymph' qui criait qu'un beau blond voulait le voir mais il n'avait pas pris de rendez-vous, donc elle ne savait pas ce qu'elle devait en faire. Un léger sourire aux lèvres, Harry ouvrit la porte et sortit de la chambre, prêt à répondre, mais le beau blond en question venait d'apparaître dans le couloir de l'entrée. Le brun dévala les escaliers et se jeta presque à son cou : une semaine qu'il ne l'avait pas vu, c'était bien long.

Harry allait l'embrasser quand, soudain, Draco prit son visage dans ses mains et lui tourna la tête sur le côté.

« Dray ?

- C'est quoi ça ?!

- De quoi tu parles ? »

Le visage de Draco était déformé par la colère et ses yeux gris posés sur son visage, plus particulièrement le côté gauche, avaient quelque chose d'effrayant.

« Cette trace de rouge à lèvres sur ta joue ! »

Un ange passa.

Puis, Harry éclata de rire.

Ah, ça faisait du bien de le retrouver, son Draco…

OoO

D'un geste élégant de la main, Narcissa reposa le téléphone sur son support. Elle venait d'avoir son père au téléphone. Elle était déçue car il n'avait pas pu venir à Paris, pour de sombres affaires d'héritages, évidemment. Il avait bien expliqué à sa fille qu'il ne pouvait se permettre de se déplacer mais Narcissa lui en voulait un peu : ils se voyaient si peu souvent, il aurait tout de même pu faire un effort…

Enfin bon… au moins, elle avait vu sa mère et avait passé du temps avec elle. Cela lui avait fait du bien de la voir, elle vivait si loin de Londres et de sa famille, alors retrouver sa maman pendant quelques jours ne pouvait qu'être une source de bonheur. Surtout qu'elle avait pu fêter son anniversaire avec elle…

A cette pensée, le regard de Narcissa s'assombrit un peu. Draco avait complètement oublié le jour de son anniversaire, bien qu'il ait eu un cadeau pour elle lors de cette soirée plus ou moins improvisée. Sur le coup, elle avait pensé que sa mère avait donné un présent à Draco ou alors il avait acheté un cadeau en vitesse, histoire de ne pas avoir l'air bête, mais en voyant le bijou délicatement posé dans son écrin, elle avait compris que son fils avait mûrement réfléchi avant d'acheter cette œuvre d'art.

Cela dit, le fait qu'il ait oublié cette date, bien qu'il ait prévu un cadeau, l'avait blessée. Pourtant, elle n'en avait rien montré, lui pardonnant cet oubli de sa part, mais elle pensait que son anniversaire faisait partie des dates importantes que son fils ne devait pas oublier. Enfin…

La porte d'entrée s'ouvrit et elle entendit Mr Dobby trottiner jusqu'au hall pour accueillir Draco. Ce ne pouvait qu'être lui, Lucius étant en dîner d'affaire ce soir-là. Avec un léger sourire, Narcissa quitta le salon pour rejoindre l'entrée. Elle aimait accueillir son fils quand il rentrait le soir. Elle le trouva en train de se déchausser, Mr Dobby était déjà en train de pendre son manteau dans le placard prévu à cet effet. Quand il vit sa mère, Draco esquissa un sourire. Alors Narcissa ouvrit ses bras et l'embrassa sur les deux joues, le cœur chaud et tendre. Son fils, sa fierté…

« Où étais-tu donc passé, Draco ? Je me faisais du souci.

- Je suis passé chez Harry. »

Il eut comme… un blocage, en elle. Le fait qu'il fréquente Harry et la maison d'Isaline Anderson la dérangeait toujours autant, même si elle s'y était faite. Elle ne pouvait nier les sentiments qu'elle lisait dans ses yeux, ce besoin qu'il avait de voir son amant. D'ailleurs, elle n'avait pas besoin de le regarder pour le comprendre, il suffisait d'analyser ses divers comportements qui avaient changés au fil des mois. En fait, Draco avait changé depuis qu'il fréquentait Harry, pas en mal, ça non, mais il y avait que chose de différent, en lui.

« Ah, et il m'a donné ça pour toi… Fit le blond en fouillant dans son sac.

- Quelque chose pour moi ?? S'étonna Narcissa.

- Oui, pour ton anniversaire. Il hésitait à me le donner, il avait peur que ça ne te plaise pas. »

Alors Draco lui tendit un présent, rectangulaire et plat, sûrement de la taille d'un cahier grand format. Il était soigneusement emballé avec du papier cadeau noir à bandes dorées, avec un petit mot collé dessus : Pour Narcissa Malfoy, de la part de Harry. Touchée, Narcissa caressa le papier cadeau, très surprise que Harry lui offre un cadeau. Pour elle. Honnêtement, elle pensait qu'il la détestait, qu'il lui en voulait d'avoir fait autant de mal à sa tutrice. Même s'il se montrait poli et charmant en sa présence, elle savait qu'il pouvait cacher ses véritables pensées, cet hypocrite de Sirius n'avait pas loupé son éducation. Et avoir ce cadeau dans les mains lui faisait un drôle d'effet.

« Je vais dans ma chambre, je dois appeler Blaise. Tu me montreras ce qu'il t'a offert ?

- Oui oui, va appeler Blaise. »

Draco la quitta donc, la laissant dans l'entrée avec son cadeau. Comme une enfant, Narcissa revint dans le salon et s'assit sur son canapé en cuir, posant le cadeau sur ses genoux. Délicatement, elle défit le ruban adhésif et retira le papier. Et elle découvrit un cadre, sans bords, avec un dessin posé sous le verre.

Enfin, un dessin… une œuvre, plutôt. Sous ses yeux se trouvaient une aquarelle, des dessins aux crayons débutant l'œuvre avant que l'encre ne soit appliquée, rehaussée çà et là de traits au feutre noir et fin comme un pinceau. Devant ses yeux ébahis se tenait une magnifique aquarelle représentant son fils unique, le visage légèrement tourné sur le côté, une expression rêveuse sur le visage.

Un sourire ému se dessina sur les lèvres de Narcissa. Ce cadeau simple mais néanmoins magnifique la touchait droit au cœur. Elle imaginait les mains de Harry dessiner le visage de l'homme qu'il aimait, y mettre de la couleur avec application et placer cette mince feuille de papier sous verre. Elle se sentait réellement émue par un tel cadeau, plus qu'elle n'aurait pu l'être pas un bouquet de fleur ou un autre présent. Pendant un instant, Narcissa ferma les yeux et se rappela de son fils quand il était petit, quand il lui faisait encore des dessins, tentant de dessiner sa maman ou son papa, appuyant sur le crayon jaune pour les cheveux et le bleu pour les yeux.

Bercée par ses souvenirs, par cette image de ce petit garçon qu'elle revoyait encore dessiner sur la table basse du salon, Narcissa réfléchit à un endroit où elle pourrait mettre cette peinture dans sa chambre. Devrait-elle l'accrocher ou la poser sur une étagère ?

OoO

Triste journée. Il pleuvait des cordes, ce jour-là, au point qu'on ne voyait plus personne dans les rues, juste des parapluies colorés qui se déplaçaient sur les trottoirs. Vaguement, Théo regardait l'extérieur, perdant pied peu à peu. Il était à un point où il oubliait presque la blouse blanche qu'il portait, les gens qui allaient et venaient près de lui, les infirmières qui trottinaient et les médecins qui parlaient avec leur stéthoscope pendu autour de leur cou.

Théo se massa le front. Il se sentait épuisé. Tout simplement. Il éprouvait une étrange sensation, comme s'il était enfermé dans un bocal, qu'il ne parvenait plus à respirer, à en sortir. Il était enfermé dans un cercle sans fin dont il ne parvenait pas à s'extraire. Un cercle qu'on appelait la vie, une vie un peu compliquée où il s'était investi à fond, avec enthousiasme les premières années, et maintenant avec lassitude.

Aujourd'hui, c'était son anniversaire. Il avait vingt-trois ans. Si on comptait, ça faisait presque cinq ans qu'il était à l'université et qu'il étudiait la médecine. Et, si on comptait, il était à la moitié de son cursus pour devenir vétérinaire. A moins qu'il ne préfère s'arrêter avant et être médecin, il lui restait donc deux à trois ans.

Quand il était sorti du lycée, Théo était de ces gosses que rien ne pouvait décourager, ni les études longues et compliquées, ni le travail en dehors de l'université. C'était un garçon qui s'était construit seul, sans l'attention d'un père et l'amour d'une mère, ayant toujours navigué entres diverses situations dont il n'avait jamais saisi la véritable importance. Voir son père se remarier encore et encore ne l'affectait plus, ses divorces ne l'intéressaient pas.

Son père avait accepté de payer le loyer de son appartement à condition qu'il soit en colocation. Mais les frais de l'université, que ce soit les livres ou la mutuelle étudiante, c'était à lui de les payer. Et, avec les années, il avait lui-même payé son permis et sa voiture, jouant de ses relations pour apprendre la conduite et trouver un véhicule d'occasion. La conduite accompagnée, il l'avait faite avec Isaline et c'était Ron qui lui avait trouvé sa voiture. Pour subvenir à ses besoins, Théo bossait le week-end et donnait des cours à domicile. Un quotidien pas toujours évident auquel il s'était habitué, comme un certain nombre d'étudiants en France.

Cinq ans qu'il était à la fac, cinq ans qu'il bossait comme un dingue, et il n'était qu'à la moitié de son cursus. Quand il pensait à ça, il avait envie de se jeter par la fenêtre en se disant qu'il n'y arriverait jamais. Que tout ça ne servait à rien, qu'il n'arriverait pas jusqu'au bout, que c'était trop long, et que le rythme de ses semaines finirait pas le tuer. Certains étudiants étaient dans des situations bien pires que lui, Théo pouvait se vanter d'avoir des amis sur lesquels compter en cas de besoin, mais il y avait des moments où il se remettait en question. C'était rare. Mais ça arrivait.

En ce mercredi trois mars, il avait atteint sa vingt-troisième année. Et, comme chaque année, ses proches l'appelaient sur son téléphone portable pour lui souhaiter un bon anniversaire. Et, comme d'habitude, Théo avait composé le 888 afin d'écouter ces messages. Le premier fut celui de son père.

« Bonjour, Théodore. Je te souhaite un bon anniversaire. Vingt-trois ans déjà. Comme ça passe vite… Cinq ans déjà que tu étudies la médecine. Honnêtement, je pensais que tu aurais abandonné depuis longtemps, tu n'as jamais beaucoup travaillé, au lycée. Quand je pense que tu as eu le bac de justesse… Enfin bref. Passe quand même une bonne journée. A bientôt. »

Théo n'avait écouté qu'un seul message. Le premier. Celui de son père. Et sa voix froide et terne glissant ces sarcasmes dans son oreille l'avait blessé au-delà des mots.

Il pensait être immunisé, pourtant. Il pensait vraiment que tout ce que son père pourrait lui dire ne lui ferait plus de mal. Et il avait tout faux. Une fois de plus.

Oui, c'était un gosse rebelle. Oui, il ne bossait pas des masses au lycée. Oui, il avait eu son bac avec 10,56 de moyenne.

Et alors ? Il l'avait eu, son bac, non ? Il avait tenu plus de quatre années à la fac, n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas le reconnaître ? Il ne pouvait pas lui dire que c'était bien, qu'il était fier de lui ? Qu'il n'était pas un raté, qu'il faisait quelque chose de sa vie ?

Non. Evidemment. Non. Son père ne lui avait jamais fait de compliments, il ne lui en ferait pas maintenant. Théo aurait aimé, pourtant. C'était son anniversaire. Il avait vingt-trois ans, aujourd'hui. Il aurait bien aimé que son père lui dise autre chose que « ça »… Même un simple « Bon anniversaire », sans rien de plus, lui aurait suffi. Mais non. Evidemment. Non. Son père devait placer quelques piques, çà et là, histoire de faire un peu mal. Juste pour le plaisir. Soyons fous.

« Théo ? »

Le jeune homme se retourna et vit un interne qui s'occupait de lui depuis son arrivée dans cet hôpital, un monsieur charmant avec lequel il apprenait beaucoup. L'homme lui demanda si ça allait et, tout en esquissant un léger sourire, Théo lui répondit que ça baignait. Alors qu'il ne le pensait pas le moins du monde. Rassuré, l'interne repartit et l'étudiant revint à sa contemplation de la rue. C'était sa pause déjeuner et il n'avait rien avalé. Il hésitait à écouter ses autres messages, de peur d'entendre un autre membre de sa famille lui faire ce genre de remarques peu agréables un jour d'anniversaire.

Finalement, il prit son téléphone dans sa poche et composa le 888, en se disant que ça ne servait pas à grand-chose de ruminer de nombres pensées. Il n'avait jamais vraiment aimé son anniversaire, qui ne rimait jamais avec « fêtes endiablées ». Quand il était jeune, son père pensait à peine à cette date pourtant importante, vu que Théo était son fils unique, et en grandissant, il souffla encore moins de bougies. Il fallut qu'il rencontre Harry et devienne ami avec lui pour qu'il se remette à fêter ses anniversaires.

Avec un sourire rêveur aux lèvres, Théo se souvint du premier anniversaire qu'il avait fêté avec lui. C'était ses vingt-ans. Ce jour-là, alors qu'il revenait du marché, Nymph' et Harry l'avaient littéralement kidnappé, le forçant à renter dans la voiture de la tatoueuse et ils l'avaient emmenés chez eux où il avait soufflé ses vingt bougies. En somme, ce ne fut pas une fête grandiose avec maintes décorations et musique à fond la caisse. Mais c'était un anniversaire, où il eut des cadeaux et un gâteau. Une fête qui l'avait bêtement ému…

La messagerie se mit en route. Et les messages défilèrent les uns après les autres.

« Salut Théo ! C'est Harry. Bon anniversaire ! J'espère que tu passeras une bonne journée, même s'il pleut des cordes. Tu passes à la maison ce soir ? Tata a fait un gâteau et elle a acheté des bougies Winnie l'ourson rien que pour toi ! Je t'embrasse, même si t'aime pas les bisous ! »

Un léger sourire s'étira sur les lèvres de Théo.

« Coucou mon Théo ! Alors, ma tarlouze préférée, on fête ses vingt-trois aujourd'hui ? Ah la la, ça me rajeunit pas, tout ça… Bon, je te souhaite un bon anniversaire, plein de bonheur, de cadeaux… Bref, que des bonnes choses. Tu passeras à la maison ce soir ? Je t'embrasse fort, Isaline. »

Il serra les dents, alors que son sourire se crispait.

« Kikou Théooooo ! C'est moi, Cho ! Bon anniversaire mon chéri ! Ça y est, on a le même âge, c'est affreux… Je me sens vieille à côté de toi, c'est fou… Bref, bon, passe une bonne journée, même s'il fait un temps de chien, gagne plein de sous et sois sage, pour une fois ! Ne drague pas les infirmières, tu leur brises le cœur, tu sais ?? Je te fais de bons gros bisous baveux comme tu les aimes et je te dis à samedi ! »

Son visage se crispa un peu plus, même s'il faisait des efforts pour se maîtriser.

« Bon anniversaire mon amour !! Ça y est, t'es vieux ?? Vingt-trois piges, quand même… Rooh, je t'embête mon chéri, tu sais que j'adore ça ! Je t'imagine gueuler comme un taré comme quoi que je suis qu'une tapette, que tu n'en es pas une et que je vais le regretter quand tu vas rentrer… Evite de te ridiculiser devant tes collègues, mon cœur, parce que de toute façon je suis pas là ce soir ! Je dois voir une copine, mais promis, demain soir, je te fais des câlinous ! Bon, je vais te laisser. Je te souhaite encore bon anniversaire Théo et je te dis à demain. Ton Seamus qui t'adore. »

Théo, les dents serrées, ferma les yeux et fit de gros efforts pour ne pas laisser de larmes couler sur ses joues. Il avait envie de les laisser partir, pourtant. Mais il se retint, en se disant que, même s'il se sentait fatigué et démoralisé, il n'était pas seul. Il avait des amis qui le soutenaient et pensaient à lui. Un tatoueur bisexuel, sa tante, une chinoise barjot, un gay, un mécano, des jumeaux infréquentables…

Des amis, quoi. Il n'était pas seul. Comme au début, quand il avait commencé ses études…

OoO

Vu que Ron et Théo devaient fêter leur anniversaire début mars, pour être plus précis, avec deux jours d'intervalle, il avait été décidé qu'ils fêteraient leur anniversaire le même jour, à savoir le samedi suivant, chez les Weasley. Cela promettait d'être une fête assez sympathique et pas mal alcoolisée. Molly et Arthur Weasley avaient accepté de laisser leur maison pour que leur fils et ses amis fassent la fête, vu que c'aurait été un peu trop compliqué dans le petit appartement de Ron ou celui de Théo. Et Isaline, bien qu'elle soit très gentille, refusait de laisser ces dégénérés seuls chez elle. Non mais oh !

Tout le monde était invité, évidemment, et chacun était chargé d'accueillir les autres pour dormir, vu qu'il était hors de question de rester sobre et de rentrer en voiture complètement bourré. Enfin, les jumeaux organisaient la fête, donc il était évident que personne ne sortirait de cette baraque avec moins de deux coupes de champagne. Il était donc prévu que, samedi, Draco, Blaise, Théo et Seamus dorment chez Isaline, la tatoueuse ayant donné son autorisation.

Harry savait que ça ne plaisait pas à Draco que Seamus reste dormir chez eux, mais Théo le lui avait demandé personnellement, quand il était venu souffler ses bougies chez eux et il n'avait pas pu refuser. Son ami semblait tellement à l'aise ce jour-là, tellement content de fêter ses vingt-trois ans juste avec Isaline, Harry, Nymph', Remus et Sirius que le tatoueur n'avait pu lui expliquer que ça ne plairait pas à son petit ami. Cela dit, Draco semblait comprendre et, même s'il n'était pas ravi, il n'avait fait aucun commentaire. A la place de Harry, il aurait agi de la même façon.

Nous étions jeudi et la boutique fermait un peu plus tôt que prévu. Enfin, les rendez-vous étaient réglés de façon à ce que la boutique soit fermée à l'heure pile et non pas avec un peu de retard comme c'était le cas d'habitude, vu qu'il fallait tout nettoyer et tout ranger : Rémi et Isaline avaient décidé de dîner ensemble avec Allan et Harry. Rémi jugeait ça un peu rapide pour son fils mais la tatoueuse lui avait assuré que cette tête de mule apprécierait la soirée, elle en était certaine. Il avait néanmoins accepté, vu que son fils semblait d'accord pour cette sortie. Ce qu'il savait, c'était qu'ils allaient à un match de foot, ce qui ne pouvait que plaire à l'adolescent. Ce qu'il ne savait pas, c'était qu'Isaline et Harry connaissaient en personne Olivier Dubois. Et ce charmant jeune homme allait leur être bien utile…

Harry avait fini sa journée plus tôt que les deux autres tatoueuses : la plupart du temps, ils s'organisaient de façon à ce que soit Harry, soit Nymph' soit libéré plus tôt. Isaline étant patronne, elle devait rester toute la journée à son poste, mais si elle avait besoin de s'absenter, son neveu était là pour fermer la boutique. Même Nymph' pouvait le faire. Cette entreprise était presque familiale, Isaline avait Harry chez elle depuis une bonne douzaine d'années et Nymph' n'avait quitté la maison qu'à vingt-six ans. Ils se faisaient mutuellement confiance et aucun des trois n'aurait l'idée de trahir les autres.

C'était d'ailleurs en partie pour cela qu'Isaline refusait toujours les demandes d'emplois qu'on lui envoyait, aussi bien pas mail que par courrier. Certains venaient même en personne, espérant obtenir un emploi ou une formation. La patronne pouvait comprendre que c'était difficile d'entrer dans le métier, il n'y avait pas d'école et embaucher un apprenti promettait un travail long et fastidieux, vu qu'il fallait former le jeune. En soi, Isaline n'était pas contre cette formation, elle s'était même dis que, si elle devait employer quelqu'un un jour, ce serait une personne sans expérience : elle préférait le former que de le laisser faire sa sauce et en subir les conséquences négatives.

Cela dit, elle était trop méfiante et elle avait eu trop de problèmes avec les tatoueurs de son père, ces derniers voulant agir à leur façon, créant des problèmes avec les clients. Sans oublier qu'ils avaient un look à coucher dehors. Vu qu'ils avaient presque l'âge d'être son père, elle ne pouvait les tenir en laisse et imposer des normes, d'où le renvoie du dernier tatoueur qu'elle avait conservé, travaillant alors seule avec Nymph', avant de former Harry par la suite. Elle aurait pu embaucher quelqu'un, elle avait reçu de nombreuses demandes quand elle s'était retrouvée avec l'adolescente, mais elle avait trop peur de se faire avoir une fois de plus, de se retrouver avec un homme qui savait faire son boulot mais qui lui faisait des merdes pas possibles. Et former quelqu'un lui était impossible, elle avait déjà Nymph' comme apprentie…

D'ailleurs, en parlant de Nymph', cette dernière s'était bien faite disputé par la patronne : voulant tout faire tout vite afin de renter chez elle et préparer le déjeuner pour Remus et Teddy, vu que son mari n'avait cours que le matin, la tatoueuse avait fait tomber un appareil qui se fracassa sur le sol. Autant dire qu'elle se fit royalement enguirlander par la patronne, surtout que c'était un appareil neuf qu'elle avait cassé. Il était tombé du haut de l'étagère et il n'avait pas survécu au choc. Penaude, Nymph' avait baissé la tête, subissant sans rien dire les remontrances de sa patronne. Quand Isaline était montée à l'étage pour voir le prix des appareils, Nymph' s'était mise à pester après les engins : mais pourquoi c'était pas un vieux qui était tombé ?! Isaline ne lui aurait pas fait une telle scène sinon !

« Arrête de gueuler, c'est de ta faute si c'est tombé !

- Mais j'aime pas quand elle me dispute… »

Boudeuse, Nymph' était rentrée chez elle. C'était bien un truc qu'elle détestait : se faire disputer par Isaline. Enfin, s'engueuler avec elle, à la limite, ce n'était pas bien grave et ça arrivait souvent. Mais quand Isaline s'en prenait à elle pour une faute qu'elle avait commise, cela blessait bien plus Nymph' que si elle lui avait reproché ses anciennes conquêtes peu fréquentables. Un peu comme si on lui reprochait d'avoir laissé sa serviette hygiénique usagée dans la salle de bain : c'était vexant et en plus c'était de sa faute.

Puis, elle était revenue, mais Isaline ne décolérait pas. Nymph' tenta d'apaiser un peu les choses mais la patronne se montrait d'une humeur exécrable, renvoyant les perches qu'elle lui tendait en pleine figure ou alors l'ignorant superbement. Harry regardait son petit manège du coin de l'œil. On aurait pu dire qu'elle exagérait, mais en même temps, ces engins coutaient assez chers. De plus, Isaline était une patronne assez « cool ». Pour avoir passé un mois dans une autre boutique de tatouages, Harry pouvait affirmer que sa tante était loin d'être exigeante. Quand ils faisaient une bêtise, à eux d'en assumer les conséquences.

Tout en soupirant, Harry descendit dans la cave où se trouvait le matériel pour les tatouages ou les piercings, allant des aiguilles stérilisées à l'encre de diverses couleurs. Armé d'un cutter, il ouvrit un carton où se trouvaient des piercings. Il chercha un peu avant de trouver des écarteurs aux dimensions variables. Il prit quelques sachets puis remonta les escaliers, apportant les bijoux à Nymph'. Il lui faudrait évidemment les traiter avant de les vendre, mais elle devait recevoir un type qui voulait se faire poser un écarteur et elle lui avait proposé de l'aider, sans oublier qu'une cliente voulait actuellement voir leurs nouveaux modèles en matière d'écarteurs.

Quand il eut donné les sachets à Nymph', il monta dans sa chambre et la fouilla de fond en comble, cherchant son téléphone portable, jusqu'à ce qu'il le retrouve caché sous son lit. Il ne chercha même pas à savoir ce que son mobile faisait là, il y avait dans ce monde des mystères faits pour ne jamais être élucidés.

Dans son répertoire, Harry chercha Draco puis il appuya sur le téléphone vert. Il écouta les tonalités si longtemps qu'il crut que Draco ne répondrait jamais. Le brun jeta un coup d'œil à l'emploi du temps de son petit ami qu'il avait scotché près de son lit, les cours callés dans des cases et ses cours à domicile écrits au stylo rouge. La messagerie allait se mettre en route quand, enfin, la voix de Draco se fit entendre.

« Allô ? »

Ou, plutôt, ce qui restait de sa voix.

« Dray ?

- Oui ?

- Mais c'est quoi cette voix ?!

- Si tu rigoles, je t'étripe. »

La voix de Draco était faible, cassée. Harry dut monter le son de son téléphone pour mieux l'entendre. Il faillit rigoler en entendant cette voix bizarre mais il fronça les sourcils quand il entendit son petit ami tousser.

« T'es malade ?

- Waaah, magnifique sens de la déduction, Potter…

- Malfoy, tu sais je déteste quand tu m'appelles par mon nom. Depuis quand t'es malade ? Quand t'es passé, t'allais bien…

- Je sais pas, j'ai choppé cette merde quand je suis rentré chez moi.

- Et en plus tu m'as embrassé…

- Crétin, on s'est vu il y a deux jours ! Je suis tombé malade entre temps ! »

Harry ne put s'empêcher d'éclater de rire. Furieux qu'il se moque ainsi de lui, Draco grogna dans sa barbe : il poussait trop sur sa voix qui partait dans les aigus, ce qui était aussi atroce que douloureux. Mais Harry redevint sérieux et prit de ses nouvelles, sauf que Draco n'avait pas du tout envie de lui parler : sa voix était tout simplement affreuse et il voulait couper court au plus vite à cet échange. Sauf qu'il laissa passer une parole malheureuse : Draco lui dit qu'il avait chaud et qu'il ferait mieux de sortir de son lit.

Aussitôt, Harry sauta sur ses pieds, sortit de sa chambre et dévala les escaliers tout en disant à Draco qu'il venait chez lui. Le blond s'écria : mais pourquoi voulait-il venir chez lui ?! Tout en mettant ses chaussures, le portable coincé entre son oreille et son épaule, Harry lui répondit qu'il était malade et qu'il voulait le voir, point barre, donc à tout de suite.

De longues minutes plus tard, chevauchant sa moto dans le froid, Harry, arriva devant la demeure des Malfoy, toujours aussi imposante et toujours aussi… impersonnelle. Il se gara près d'un lampadaire et mit l'antivol sur sa moto, rangeant ensuite son casque dans le petit coffre. Enfin, il sonna à la porte et la voix de Mr Dobby lui répondit tandis qu'un petit cliquetis lui indiquait que le verrou était ouvert. Harry passa la porte, la referma derrière lui, puis marcha sur l'allée bordé de pelouse qui le menait à la demeure. Quand il eut monté les quelques marches du perron, il appuya sur la sonnette et le majordome lui ouvrit presque automatiquement.

« Bonjour, Mr Harry !

- Bonjour, Mr Dobby, vous allez bien ? »

Tandis que l'employé de maison lui prenait ses chaussures et son manteau, Harry lui fit la causette, ce qui semblait ravir le majordome. Mais ils furent rapidement interrompus par l'arrivée de Mrs Malfoy qui fut agréablement surprise de voir Harry dans l'entrée de sa maison. Elle s'avança vers lui et tendit une main polie vers lui que le jeune homme serra doucement.

« Bonjour, Harry. Cela fait longtemps que tu n'es pas venu ici.

- Bonjour, Madame. J'ai appris que Draco était malade, donc je suis venu lui rendre une petite visite. »

En dépit de son air débraillé, Narcissa appréciait ce jeune homme : il était poli, bien élevé, et d'une étonnante franchise. C'était sans doute cela qu'elle appréciait le plus chez lui : il n'essayait pas de se mettre trop en avant, d'impressionner ses convives, de prouver sa valeur. Il était tout simplement lui-même. Quelque chose qui avait dû plaire à son fils, très certainement…

« C'est vraiment gentil. Au fait, Harry, je voulais vous remercier pour le cadeau.

- Ah… Fit le jeune homme en passant une main gênée dans ses cheveux. Je ne savais pas vraiment quoi vous offrir…

- Ça m'a fait très plaisir, vraiment, lui dit Narcissa avec un sourire. C'est une très belle aquarelle.

- Tant mieux, alors !

- Honnêtement, je ne pensais pas que vous m'offririez un présent, j'ai été agréablement surprise. »

Il y eut comme de l'hésitation dans le regard du jeune homme, puis il se lança, la regardant droit dans les yeux.

« Vous êtes sa mère. C'était normal que je vous offre quelque chose. »

Narcissa sentit sa gorge se serrer en entendant ces mots. Evidemment. Il lui avait fait ce cadeau simplement parce qu'elle était la mère de Draco, et non pas par une quelconque forme d'amitié ou d'affection. Il la détestait très certainement bien qu'il n'en montrât rien. Qu'elle avait été bête de croire le contraire…

« Cela dit, reprit Harry, je ne suis pas du genre à offrir des bouquets de fleurs, je trouve que c'est plutôt impersonnel. Et quand je fais un cadeau, je le fais avec mon cœur. Sinon, je n'en fais pas. »

Il lui fit un léger sourire, ce qui rassura Narcissa. Puis, il quitta l'entrée et monta les escaliers menant au premier étage. Se fiant à ses souvenirs, il traversa quelques couloirs avant d'arriver devant la chambre de Draco. Il toqua à la porte puis entra sans attendre de réponse.

Quand Draco vit son petit ami entrer dans la chambre, il fut un peu étonné : il ne pensait pas qu'il arriverait aussi rapidement. En même temps, ça lui faisait plaisir de le voir : même si ça le faisait royalement chier, et il pesait ses mots, que son amant le voie dans un état pareil, c'était néanmoins agréable qu'il se fasse du souci pour lui. Il savait comme Harry pouvait être impulsif quand il voulait, sa présence ici le prouvait…

« Bah alors Dray, on a la crève ?

- Oh, tais-toi… »

Harry pouffa en entendant sa voix cassée, ce qui vexa Draco. Blaise n'avait pas arrêté de le taquiner toute la journée avec ça… Son petit ami s'avança vers le lit où il était couché. Il vit de l'inquiétude sur son visage et Draco ne se savait pas très présentable : il était allongé dans son lit, la couette relevée jusqu'à son torse, et il savait qu'il avait les joues rouges à cause de la fièvre.

« Qu'est-ce que tu as exactement ? Demanda le brun en s'asseyant sur le lit.

- Va savoir. Hep ! Fit Draco en posant une main sur la bouche de Harry qui s'était penché un peu trop près de la sienne. Comme tu as pu le remarquer, je suis malade, alors tu me feras le plaisir de ne pas choper cette merde de la façon la plus bête qui soit, c'est-à-dire en m'embrassant.

- Ah oui c'est vrai.

- Ton esprit de déduction m'étonnera toujours, Harry…

- Je peux vérifier un truc ? Demanda Harry tout en posant une main sur son front chaud.

- Quoi donc ?

- Note à moi-même : quand Draco a de la fièvre, il est de mauvaise humeur.

- Y'a pas que ça qui me met de mauvaise humeur… et arrête de te foutre de moi !

- Seconde note à moi-même : quand Draco est malade, il parle très mal. »

Draco le repoussa et grogna dans sa barbe : sa voix cassée semblait perdre des décibels au fil des minutes, c'était tout simplement affreux. Ah, s'il le tenait, le crétin ou la crétine qui lui avait refilé ce sale virus…

« Oh, boude pas, je te taquine…

- J'aime pas quand tu me taquines…

- On dirait Tata quand elle est malade. »

Harry passa par-dessus lui et entra dans le lit. Draco allait le protester en le voyant s'installer ainsi, mais Harry lui fit signe de venir vers lui. Le blond le prévint qu'il allait finir par tomber malade mais son petit ami haussa les épaules : ce n'était pas bien grave. Tout en se disant que Harry allait tomber malade, Draco se rallongea. Le brun ouvrit les bras et l'étudiant s'y blottit. Il avait vraiment mal à la tête et une irrésistible envie de dormir. Fermant les yeux, il se plongea dans les bras de Harry qui lui caressait les cheveux.

Pendant un moment, Harry crut que Draco s'était endormi. Écoutant sa respiration régulière, il en conclut qu'il sommeillait bel et bien contre lui. Son visage se détendait au fil des secondes, perdant sa rigidité habituelle. Draco avait de légères cernes bleutées sous les yeux, indiquant qu'il avait mal dormi la nuit dernière. Aucun doute qu'il était allé en cours le matin, mais il avait dû annuler ses cours particulier, vu son état. Son front était chaud et, par moments, il avait de légères toux.

Harry n'avait pas peur d'attraper son virus. Comme on disait au Japon, il n'y avait que les idiots qui ne tombaient jamais malades, et il faisait partie de cette catégorie de gens. C'était peut-être parce qu'il avait travaillé dans les marchés et qu'il avait affronté le froid d'hiver, il n'en savait rien, mais il avait tendance à moins tomber malade que les autres. Théo était comme lui, il attrapait rarement des rhumes ou autres bêtises dans ce genre-là, complètement immunisé contre les maladies.

Pendant un peu moins d'une heure, Draco resta dans ses bras, sommeillant tranquillement. Harry regardait sa montre, surveillant le temps : il ne devait pas rentrer trop tard chez lui. En temps normal, il ne se serait pas soucié de l'heure, mais Isaline tenait vraiment à ce qu'il soit avec eux ce soir-là et Harry n'aimait pas rompre ses promesses. Pourtant, voir Draco comme ça ne lui plaisait pas du tout. Lui qui était si fier et impeccable, d'habitude… pas un cheveu de travers, le visage clair et sans cerne…

Quand Draco se réveilla, il semblait aller un peu mieux, comme s'il avait réussi à se reposer. Alors qu'il émergeait, il baragouina un « désolé d'avoir dormi » que Harry balaya d'un mouvement de tête. Draco voulut s'écarter de son étreinte, émergeant peu à peu, mais Harry le garda contre lui. Le blond maugréa qu'il allait se rendormir si ça continuait comme ça, ce qui fit rire son petit ami.

« Tu te sens mieux ?

- Plus ou moins.

- J'adore ta voix.

- Arrête…

- Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais je vais devoir y aller.

- Déjà ? »

Draco regretta d'avoir prononcé ces paroles de façon aussi spontanée quand il vit le sourire satisfait de Harry. Quand il était malade, il devenait un vrai gamin, exigeant, râleur… et enfantin. Non, il ne voulait pas que son petit ami s'en aille, car se reposer dans ses bras lui avait du bien et sa simple présence avait quelque chose de relaxant. Il embaumait sa journée pourrie, il était la seule jolie chose qui lui soit arrivée ce jour-là.

Tout content, Harry resta un peu plus longtemps avec Draco, ce qui plu à ce dernier même s'il n'en montra rien. À la fac, personne ne l'avait approché vu qu'il était malade et même Blaise se retournait quand il avait une crise de toux. Draco avait horreur de ce genre de comportement mais il adoptait exactement le même quand les autres étaient malades. Même si son but était de devenir médecin, autant éviter de tomber malade, il aurait bien le temps de le devenir plus tard. C'était donc agréable d'avoir Harry contre lui, qui ne tournait pas la tête quand il avait une petite quinte de toux, respirant le même air que lui sans craindre les microbes. Il était tout simplement inconscient, mais pour une fois, ça ne dérangeait Draco…

Pourtant, vint le moment où Harry dut partir. Il sortit donc du lit, ses vêtements quelque peu froissés et ses cheveux ébouriffés. Draco pensa que, avec ses joues légèrement rougies et son air débraillé, on aurait presque pu croire qu'ils avaient fait des choses peu catholiques, tous les deux. Sauf qu'il était bien trop malade pour envisager des galipettes sous la couette, ou même de l'embrasser.

« Bon, je vais y aller. Rétablies-toi vite. »

Le blond s'était rassis sur son lit, gardant sa couette sur ses genoux. Il n'avait pas bien chaud. Harry lui caressa la joue puis se pencha, déposant ses lèvres sur sa bouche. Surpris, Draco voulut le repousser mais il se laissa aller, répondant au baiser tendre de son petit ami, en se disant qu'il allait vraiment tomber malade, même si c'était chaste. Quand ils se séparèrent, Harry lui fit un soupir, planta un dernier baiser sur ses lèvres, puis s'en alla.

OoO

« C'est hors de question !

- Mais Draco…

- Même pas la peine de discuter, c'est hors de question !

- Heu, Draco, tu vas te casser la voix à gueuler comme ça…

- Blaise, occupe-toi de tes fesses et lâche-moi ! Harry, c'est hors de question, point barre ! »

A l'autre bout du fil, il entendit Harry grogner de mécontentement. Cette fois-ci, Draco ne lâcherait pas l'affaire, même pas en rêves ! Près de lui, Blaise le regardait d'un air inquiet.

« Draco, arrête de faire ton cinéma, tu veux ?

- Harry, je ne veux pas que tu y ailles !

- Quand on a commencé à sortir ensemble, tu me disais que tu ne supportais pas quand on contrôlait tes sorties, et encore moins quand on voulait t'empêcher de voir d'autres personnes ! Tu commences à devenir comme Seamus et Astoria et j'aime pas ça !

- Sauf que j'ai de bonnes raisons de douter !

- Mais il est pas amoureux de moi, Draco ! Alors arrête de te monter la tête avec cette histoire !

- T'as de la merde dans les yeux ou quoi ?!

- Draco, franchement, tu commences à me gonfler avec cette histoire.

- C'est toi qui me gonfles à ne pas voir l'évidence !

- Calme-toi tout de suite ou bien je raccroche, Draco. Je ne t'ai pas appelé pour que tu me gueules dessus comme un porc qu'on égorge. »

Furieux, Draco mit fin à la conversation, les dents serrées et les traits de son visage brouillés par la colère. Il tenta de reprendre son calme, mais Harry l'énervait au plus haut point : c'était évident que Seamus le draguait, pourquoi ne voulait-il pas voir l'évidence, bordel ?!

« Draco, calme-toi, s'il te plait… Dit Blaise en posant une main sur son épaule. Tu sais, Harry est une vraie tête de mule, c'est pas comme ça que tu vas l'empêcher de le voir…

- Et comment je fais, alors ? Que je lui demande gentiment de ne pas le voir ? Je l'ai déjà fait, je te signale. Je ne vais quand même pas me mettre à genoux devant lui !

- Tu ne peux pas l'empêcher de voir Théo et ses autres amis, Dray. Tu détestais quand on te le faisait, rappelle-toi… »

Harry lui avait dit exactement la même chose. Oui, il détestait quand on se montrait trop collant avec lui et quand on lui retirait sa liberté, mais avec Harry, c'était différent : ils étaient ensemble, ils formaient un vrai couple, et Seamus était une menace. Draco était jaloux, c'était évident et il était prêt à le reconnaître, mais il ne pouvait accepter que son ex fréquente son petit ami de façon aussi régulière et qu'il le drague. C'était tout simplement inadmissible.

« Il ne veut pas comprendre…

- Draco, c'est pas en essayant de l'empêcher d'y aller comme ça qu'il va t'obéir, répliqua Blaise d'une voix calme. Au contraire, il va te défier et s'y rendre quand même. C'est un mec, Dray, un mec qui a du caractère et qui ne veut pas se laisser faire. Et puis, il est fidèle, c'est pas comme s'il traînait à droite et à gauche…

- C'est pas ça, le problème… Soupira le blond d'un air las.

- C'est quoi le problème, alors ? »

D'une voix hésitante, Draco lui avoua que, ce qui le gênait, c'était que Harry avait tout découvert avec lui. Sans rentrer dans les détails, il avait appris ce que c'était que d'aimer un homme, sortir avec lui, lui tenir la main, l'embrasser dans la rue, fêter de grands évènements avec lui et faire l'amour. Quatre mois qu'ils étaient ensemble et Draco lui avait tout appris, Harry n'avait plus peur de rien. Et s'il tombait amoureux d'un autre ? Un homme plus facile, moins prise de tête, moins pris pas ses études…

« Mais Dray, Seamus est le pire jaloux que je n'ai jamais vu !

- Ouais, mais il bosse moins que moi, il ne parle pas sans arrêt de ses études et il est plus facile à vivre. »

Etonné, Blaise vit de l'inquiétude sur le visage de son meilleur ami : il semblait réellement tourmenté à l'idée que Seamus soit plus supportable que lui. C'était vraiment surprenant qu'il pense de telles choses, lui, qui ne doutait jamais de rien, avançant droit devant lui sans regarder sur les côtés. Sauf que Seamus était là, charmant et agaçant Seamus qui semblait vouloir lui faire de l'ombre.

Dans le fond, Blaise comprenait où il voulait en venir : objectivement, Draco était « l'homme » dans le couple, Harry jouant plutôt le rôle de soumis. C'était un fait incontestable. Cela dit, Harry ne laissait pas sa part au chat et, quand quelque chose ne lui plaisait pas, il le disait, ce qui avait une influence directe sur Draco. Cela rendait leur couple plutôt homogène, chacun avait sa place et personne ne dominait réellement l'autre. Pourtant, Harry pourrait un jour avoir envie de passer à autre chose, de s'intéresser à un homme plus soumis que lui, et c'était ce que Draco craignait : lui-même ne pouvait pas changer de comportement, c'était impossible.

Alors, comme le meilleur ami qu'il était, Blaise tenta de rassurer Draco en lui assurant qu'il se faisait du mouron pour rien du tout. Harry était certainement l'un des hommes les plus fidèles et amoureux qu'il ait connu, il suffisait de voir la façon dont il regardait Draco, la façon dont il se comportait avec lui pour voir que sa passion pour lui n'était pas prête de s'éteindre. Et puis, il pouvait le voir souvent, son Harry, alors que lui il devait attendre vu que Luna vivait à Londres et qu'il n'était pas toujours libre pour la voir, bien qu'il songeait à faire des allers-retours réguliers pour la voir, elle lui manquait déjà.

Pourtant, malgré ces paroles, Draco ne pouvait se sentir rassuré. Harry l'avait appelé pour prendre de ses nouvelles et, dans la conversation, il en était venu à lui dire qu'il allait au cinéma avec Théo et Olivier, et donc très certainement Seamus. Le blond savait parfaitement que, ce soir, énervé qu'il était, Harry passerait la soirée avec ses deux amis et l'irlandais. De plus, Draco avait terminé la conversation de façon brutale, Harry devait vraiment lui en vouloir.

Bien qu'il parut plus serein quand Blaise partit, il n'en était rien. Draco était malade, il n'avait plus de fièvre mais sa gorge le picotait et il avait mal à la tête. Préoccupé, il lut un peu avant qu'on ne lui apporte son repas sur un plateau, vu qu'il ne se sentait pas assez en forme pour dîner dans la salle à manger avec ses parents, puis il tenta d'étudier un peu, mais sa tête était trop douloureuse et la conversation houleuse qu'il avait eue avec Harry l'énervait toujours autant. Ça l'énervait d'autant plus qu'il savait qu'il était en train de s'amuser avec ses potes et Seamus.

Quand il se coucha, il pria pour être guéri le lendemain matin afin de pouvoir aller voir Harry et régler ce problème avec lui : il voulait lui parler calmement et mettre les choses au clair. Draco s'enfouit donc dans ses couvertures, le nez dans son oreiller, quand soudain son téléphone portable sonna. Plongé dans le noir, il tâtonna sur la table de chevet jusqu'à l'avoir sous les doigts. Il regarda qui l'appelait et écarquilla les yeux en voyant le nom de Harry apparaître. Il décrocha et porta son téléphone à son oreille.

« Allô ?

- Dray, c'est moi. Je voulais te demander pardon, pour tout à l'heure, fit Harry d'une voix presque solennelle. Je suis vraiment désolé de m'être énervé comme ça, tu sais…

- Harry…

- J'aime pas quand on se dispute pour des bêtises. Je sais que Seamus est un sujet sensible, mais bon… Je te demande pardon.

- C'est rien, laisse tomber, souffla Draco, intérieurement soulagé.

- C'est vrai ??

- Mais oui, crétin…

- Tu sais, on a pas passé la soirée ensemble, dit Harry d'une voix timide. J'ai appelé Théo pour lui demander… enfin voilà, quoi… je voulais pas qu'il vienne… »

Un léger sourire un peu niais se dessina sur les lèvres de Draco à l'idée que Harry ait demandé une telle chose à Théo, se sentant coupable.

« Tu sais, Dray… Je t'aime. Je t'aime fort. J'irai pas voir ailleurs, même si les autres semblent plus faciles, ou autre… Je t'aime pour ce que tu es. Même si Seamus était attiré par moi, il n'aurait aucune chance. Je sais que c'est niais à souhait de dire ça, mais c'est vrai… »

Dans son lit, Draco se sentait plus soulagé qu'il n'aurait pu l'avouer. Oui, c'était niais, dit comme ça, mais ça faisait du bien d'entendre Harry qui, en plus de lui déclarer une fois de plus ses sentiments, allait dans son sens. Draco lui répondit qu'il l'aimait aussi, et que c'était pour cette raison qu'il agissait avec autant de verve. Alors Harry rigola et lui dit qu'il passerait le voir le lendemain et qu'il lui montrerait qu'il n'avait pas à s'en faire, personne ne pourrait jamais le concurrencer. Draco lui précisa qu'il était encore malade mais son petit ami ne sembla pas voir le rapport. C'était d'ailleurs un miracle qu'il n'ait pas attrapé son virus…

Comme on dit, il n'y avait que les imbéciles qui ne tombaient pas malades…

OoO

Harry se massa le front, soupirant bruyamment. De l'autre côté de l'écran, Luna s'excitait sur son clavier, tapant précipitamment sur les touches à une vitesse étonnante.

« Au lieu de te prendre la tête avec Draco, fais attention à Seamus. Il est pas net.

- C'est toi qui dis ça, Luna ?

- Avoue qu'il est bizarre. Il t'appelé il y a deux jours pour te parler de son amoureux. C'était quand même étrange.

- Et s'il n'a pas personne à qui parler ?

- Harry, c'est comme si demain j'appelais une ancienne copine à Blaise, tu ne trouverais pas ça bizarre ?

- C'est différent…

- Non. Quelqu'un de normalement constitué ne devrait pas parler de ses amours au petit ami de son ex petit ami, sauf s'il veut en faire son petit ami, ce qui serait vraiment étrange vu que tu lui as pris son petit ami… Tu me suis ?

- Nan.

- C'est pas grave. Tout ce que tu as à retenir, c'est…

- Repousse Seamus ou Draco va te faire un caca nerveux, c'est ça ?

- Mais non, Harry. N'oublie pas de m'acheter un cadeau pour mon anniversaire. »

Ah, fit le brun en calculant le nombre de mois qui lui restait avant l'anniversaire de sa meilleure amie, qui se déroulait en juin. Oh, il avait encore le temps, nous n'étions qu'en février.

« D'accord, j'y pense. Qu'est-ce que tu veux ?

- Un truc marrant. Une peluche d'ornithorynque. »

Où pourrait-il trouver une peluche d'ornithorynque ?

« Je dois te laisser, papa est là. »

Et elle se déconnecta. Harry poussa un soupir de lassitude : ce soir, avait lieu l'anniversaire commun de Ron et Théo chez les parents du rouquin et autant dire qu'il voyait cette fête d'un mauvais œil, vu que Seamus serait présent. En soi, ce n'était pas une mauvaise chose, il aimait bien le jeune homme et, même si ça lui en coûtait de le dire, il comprenait pourquoi Draco avait été charmé par lui. Cela dit, son petit ami était irrémédiablement jaloux de l'irlandais, et vu que Harry était assez fêtard quand il avait bu, ça risquait d'être amusant…

Evidemment, il ne pouvait pas vraiment compter sur Luna qui ne savait même plus qui était Seamus physiquement. La seule personne qui lui était inconnue avant son séjour à Paris qu'elle avait retenue était son actuel petit ami, Blaise, qui avait passé sa semaine de vacances avec elle. Ce fut une semaine plutôt tranquille où ils passèrent leur temps à marcher dans Londres ou à légumer chez Luna. Quand Blaise prit son train pour rentrer en France, Luna appela Harry pour lui parler de son patron qui lui chauffait les oreilles et le tatoueur dut la réconforter, lui assurant que Blaise n'allait pas tarder à revenir la voir. Quant à ce dernier, Draco avait dû le prendre entre quatre yeux et lui faire comprendre que Luna n'allait pas le remplacer avec quelqu'un d'autre et qu'il la verrait dans peu de temps. De vrais gosses, ces deux-là…

Peu emballé à l'idée d'aller à la fête, Harry bougea néanmoins son fessier pour aller se changer. Il avait passé la journée à décorer la maison des Weasley avec les jumeaux et Olivier, Cho venant apporter une petite touche féminine à l'ensemble. Donc, Harry prit sa douche et décida de s'habiller correctement pour une fois. Il enfila un jean normal, pas trop large mais dont le tissu ne moulait pas trop ses jambes, ainsi qu'un pull bleu marine. Puis, il se passa un coup de peigne, même s'il savait que ses cheveux auraient tout de même un air désordonné, puis il changea ses piercings, retirant les têtes de mort argentées pour mettre des anneaux dorés à la place. Enfin, se jugeant prêt, il descendit dans le salon où Isaline regardait la télévision. Il s'installa près d'elle afin d'attendre l'arrivée de ceux qui devaient dormir à la maison.

Tandis qu'Isaline bavait devant Johnny Depp pâle au possible avec une mèche blanche dans les cheveux, on sonna à la porte. Harry se leva donc pour ouvrir et découvrit sur le pallier son petit ami et Blaise, tous deux flanqués d'un sac avec leurs affaires. Tandis que le métis entrait tranquillement chez Harry, après lui avoir serré la main, Draco regardait son copain de haut en bas, sans tenir compte de la gêne du brun.

« Harry, il sort d'où ce pantalon ? »

Blaise pouffa et le tatoueur rougit, baragouinant qu'il avait juste voulu faire un effort. Draco leva les yeux au ciel en se demandant pourquoi il faisait autant d'efforts pour être correct à un anniversaire entre amis alors qu'il fallait presque le menacer pour qu'il en fasse de même lors de leurs soirées mondaines.

« Bon, tu rentres ou tu restes dehors ? Grogna Harry en croisant les bras d'un air boudeur.

- Le jour de mon anniversaire, tu feras autant d'efforts vestimentaires ?

- Je mettrai même des dessous sexy, si tu veux.

- Voilà qui est intéressant, dit Draco en le regardant d'un air lubrique, passant son bras autour de sa taille pour le rapprocher de lui.

- Ça te plairait, hein ? Lui chuchota Harry au creux de l'oreille.

- Tu ne peux même pas t'imaginer… »

Le blond déposa un baiser sur sa nuque, électrisant son petit ami qui releva son visage pour embrasser ses lèvres sensuellement.

« Bon, les mecs, c'est pas que j'ai envie de vous déranger…

- Mais tu nous déranges, continua Draco d'un air faussement agacé.

- … sauf qu'Isaline regarde un film bizarre, là. Y'a un psychopathe qui se balade avec des rasoirs…

- Elle adore Sweeny Todd, va savoir pourquoi. Tu l'entends chanter ?

- Who sir, you sir ? No one in the chair, come on ! Come on ! Sweeney's waiting. I want you bleeders…

- Et c'est quoi l'histoire du film ? Demanda Blaise, déboussolé.

- Un juge envoie un barbier en tôle pour lui prendre sa femme et le barbier revient quinze ans plus tard. Il égorge ses clients et les donne à une cuisinière qui les utilise pour ses tourtes.

- Charmant…

- N'est-ce pas ?

- And my Lucy lies in ashes, and I'll never see my girl again… »

Harry leur fit signe de le suivre, ce que les deux étudiants firent tandis qu'Isaline terminait sa chanson plus ou moins morbide, en extase devant ce film. Draco posa son sac dans la chambre de son petit ami tandis que ce dernier expliquait à Blaise qu'il allait installer un lit pliant dans le salon une fois qu'Isaline serait partie avec Remi et Allan. Blaise répliqua qu'il pourrait très bien dormir sur le lit qu'il y avait dans leur salle de sport personnelle, mais Harry secoua énergiquement la tête : le matelas était fin comme une feuille de papier et il passerait une nuit atroce, surtout s'il rentrait bourré.

« Ça a le mérite d'être clair…

- A ton avis, pourquoi Théo dort avec moi quand le lit de la chambre d'ami est pas fait ? Enfin, il est jamais fait vu que Tata a la flemme, comme il est grand…

- Vu comme ça… Je pose mon sac où ? »

Harry haussa les épaules te lui montra un coin dans sa chambre où le métis posa ses affaires. On sonna à nouveau en bas, donc Harry sortit de sa chambre pour aller ouvrir, vu que sa tante ne bougerait pas ses royales fesses du canapé, captivée qu'elle était par son film. Les deux étudiants en médecine descendirent à leur tour, pensant que c'était Théo et Seamus qui arrivaient, mais Harry ouvrit la porte à un véritable médecin et à son fils de treize ans.

« Bonsoir, vous êtes en avance, fit Harry en tendant la main au Dr Petit.

- On pensait arriver en retard, et finalement…

- Bonsoir Allan, tu vas bien ?

- Ça roule. »

L'adolescent serra la main du tatoueur avec un sourire. La soirée qu'ils avaient passée ensemble, avec Isaline et Harry, avait été absolument géniale, et sur tous les plans. Contrairement à ce qu'il aurait pensé, Allan s'amusa comme un fou, délirant avec le tatoueur qui l'amena discrètement dans les vestiaires des joueurs de football du PSG où il félicita Olivier Dubois. Il ne le lâcha pas une seconde, riant à ses histoires et aux petites disputes qu'il eues avec Isaline, la traitant de gamine infantile alors qu'elle l'insultait copieusement de fils ingrat.

Rémi passa une soirée toute aussi agréable : il découvrit réellement qui était Harry et comment il agissait envers Isaline, qu'il considérait à la fois comme sa tante et sa mère. Il riait de leurs disputes et de leur façon tendre de se regarder. Et alors qu'il les regardait tous les deux en train de se chamailler, le médecin se demandait pourquoi donc tous ces hommes avaient quitté Isaline à cause de ce garçon si gentil et prévenant. Oh, il devait avoir des défauts, tout le monde en avait, mais il n'était pas certain que Harry soit difficile à vivre.

En somme, ils s'étaient mutuellement faits bonne impression. Et Rémi se sentait bien surtout parce qu'Allan ne se montrait pas aussi difficile qu'il l'aurait cru : il s'était beaucoup ouvert à Harry, lui parlant sans problèmes, et par là même il parvenait à converser avec Isaline qui en venait à avoir des gestes affectifs avec lui, ce qui gênait un peu l'adolescent, mais en fin de soirée, ça ne l'embarrassait plus qu'elle lui prenne les épaules ou lui ébouriffe les cheveux.

Les voilà donc sur le pas de la porte à venir chercher Isaline pour passer la soirée avec elle. Harry les laissa entrer et fit leur présenta Blaise et Draco qui descendaient les escaliers. Après avoir serré quelques mains, Allan partit discrètement dans le salon où Isaline était captivée par son film, un oreiller coincé entre ses bras et sa poitrine. Quand elle le vit, la tatoueuse lui fit un joli sourire et tendit les bras vers lui. Un peu gêné par tant de familiarité, Allan s'avança vers elle et l'embrassa sur les joues.

« Désolée, je vous ai pas entendus arriver.

- Pas grave. Tu regardes quoi ?

- Sweeny Todd, c'est excellent ! T'as peur du sang ?

- Bah nan. »

Allan retira ses pompes et son manteau et s'assit à côté d'Isaline, tandis que son père et Harry discutaient dans l'entrée. Mais Rémi finit par se demander où était passé son fils, donc il entra à son tour dans le salon et il vit avec horreur un Johnny Depp au teint cadavérique en train d'égorger un homme avec un de ses rasoirs.

« Coucou Rémi !

- Mais qu'est-ce que tu fais regarder à mon fils ?

- Un chef-d'œuvre !

- Isaline et ses films, soupira Harry d'un air fataliste.

- Mais avoue qu'il est beau, ce film !

- Le sang est rouge tomate, ils sont utilisés du ketchup ? Demanda Allan d'un air innocent.

- J'avoue, ça fait jus de fruit, approuva Blaise.

- Vous êtes dégoutants… »

Draco et Rémi échangèrent un regard désabusé : irrécupérables, vraiment… Le médecin s'avança dans le salon et embrassa Isaline sur la joue, qui bougea légèrement la tête de façon à ce que leurs lèvres se touchent. Elle lui fit un sourire mutin et, pour toute réponse, il lui ébouriffa les cheveux. Allan était trop pris par le film pour faire attention à cette petite scène tendre qui se déroulait à moins d'un mètre de lui, mais Harry avait les yeux rivés sur eux. Il fit signe à Draco de sortir alors qu'il quittait la pièce, Blaise les suivit dans le couloir, un léger sourire sur les lèvres.

« Ça a l'air de bien se passer pour ta tante, non ?

- Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vue comme ça. Ça fait du bien. »

Ils montèrent ensemble dans la chambre de Harry. La boutique était fermée et tout avait été rangé par Nymph' et Harry : ils ne devaient pas trop s'attarder, la fête commençant à dix-huit heures trente. Ils avaient ouvert un peu plus tôt et enchaîné les rendez-vous de façon à finir avant la fermeture officielle. Ils paressèrent donc dans la chambre du tatoueur jusqu'à ce qu'on sonne à nouveau. Harry dévala les escaliers et ouvrit cette fois-ci à Théo et Seamus. Harry se jeta au cou de son ami et le serra fort dans ses bras en lui disant « Bon anniversaire Théoooooo !! ». Ledit Théo grogna mais rendit son étreinte tandis que Seamus pouffait.

« Ryry, tu m'étouffes… Hey !!! »

Blaise et Seamus explosèrent de rire alors que Harry gloussait. Il venait d'embrasser Théo sur la joue, ce dernier frottant énergiquement sa peau avec la manche de son manteau. Le tatoueur sentit quelqu'un enserrer sa taille et il se laissa aller en arrière contre le torse de Draco qui lui demanda, à tout hasard, s'il n'était pas en train de le tromper.

« Moi, jamais !

- J'ai pas rêvé, tu as bien embrassé Théo, non ?

- Oh, c'est pas grand-chose…

- Ne me mêlez pas à vos histoires de tapettes, abrutis ! »

Ils eurent un petit rire et Draco tendit la main vers Théo qui la serra à contrecœur, du moins en apparence. Draco tourna la tête de Harry vers lui et l'embrassa tendrement sur les lèvres, faisant gémir de dépit Théo qui entra de force dans la maison sous les rires de Blaise qui se foutait généreusement de sa gueule. Gêné, Seamus entra à son tour, suivant son colocataire dans la maison, puis dans la chambre d'amis.

« Tu l'as fait exprès, souffla Harry contre ses lèvres.

- Et alors ? »

Le blond planta un dernier baiser sur les lèvres de son petit ami puis le lâcha. Entre temps, Isaline avait quitté le salon avec ses invités et courrait jusqu'à la chambre d'amis où elle se jeta sur Théo pour lui faire un gros bisou sur la joue, ce qui fit gueuler Théo : mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec leurs bisous à la con ?!

OoO

Finalement, Rémi et Allan décidèrent de passer la soirée chez Isaline au lieu de sortir, ce qui semblait convenir à l'adolescent qui en avait marre d'aller dans des restaurants, préférant le confort d'un canapé et la télévision. Cela semblait plaire aussi à Rémi qui ne fit pas de difficultés, ce qui faisait extrêmement plaisir à Isaline, évidemment.

Les garçons s'en allèrent donc tous les cinq. A peine mirent-ils un pas dehors que Seamus tenta de se rapprocher de Harry, ce qui ne plut pas du tout à Draco. Blaise voulut le retenir, mais le blond ne pouvait pas laisser son petit ami discuter librement avec son ex devant lui sans rien faire. Discrètement, il prit la main de son amant qui ne fit aucune difficulté, mais cela sembla gêner Seamus. Il fallait dire que le regard de Draco était peu avenant, et ce qui sauva un peu la situation, c'était Théo qui grognait que cette fête allait encore être du grand n'importe quoi. Pour changer.

Ils ne tardèrent pas à arriver chez les Weasley, qui avaient une maison assez grande, vu qu'ils étaient une famille nombreuse. Par moments, Harry tentait d'imaginer les années où cette maison grouillait d'enfants de tous âges, les uns au collège, voire au lycée, tandis que d'autres traînaient encore à l'école primaire. Sept enfants, c'était tout de même un joli nombre, et il n'y avait que des garçons, si on exceptait Ginny, la petite dernière.

Olivier avait pensé à louer une salle pour cet évènement et Harry était prêt à aller dans cette direction, mais le problème était qu'il n'y avait aucune salle à proximité et tous deux savaient parfaitement que personne ne sortirait sobre de cette soirée, même avec la meilleure des volontés. Harry ne buvait quasiment jamais d'alcool et Olivier faisait attention car il avait souvent le rôle du conducteur, mais les jumeaux parvenaient toujours à leur faire boire un verre de trop, donc mieux valait éviter d'utiliser la voiture, car les transports en commun avec des gens ivres, c'était moyen…

Tout avait été organisé par Olivier et Harry, bien que Neville, les jumeaux et Cho soient venus pour les aider à décorer le salon. Tous les cinq s'étaient répartis les différentes dépenses, pour la boisson et la nourriture, et tout s'était fait sans accroc. Il fallait croire qu'ils avaient l'habitude de gérer ce genre de fête, et dans un sens, ce n'était pas faux…

Quand le groupe arriva, tout le monde, ou presque, était déjà là. Un petit plaisantin avait placé du gui au-dessus de la porte. Théo leva le nez et, imaginant déjà l'embrouille, entra dans la maison en se disant que ça allait être sa fête, ce soir, et dans tous les sens du terme. Il dit bonsoir à Hermione et Millicent qui se pressèrent pour lui souhaiter un bon anniversaire. Elles l'avaient déjà appelé mais c'était bien mieux de le lui souhaiter en vrai plutôt que par téléphone.

« Bon anniversaire Théo !!

- Merci les filles, vous êtes sympas…

- Bon anniversaire Théo d'amour !!! »

Vision d'horreur : Fred et Georges, les lèvres peinturlurées de rouge vif, coururent vers Théo, la bouche en cœur. Sous les rires des autres, le pauvre étudiant parvint à s'enfuir du salon et fit le tour de la maison pour échapper à ses agresseurs qui voulaient leur bisou d'anniversaire.

« Putain espèces de connards !!

- Ah, il s'est fait avoir, conclut Ginny en gloussant.

- On est trop forts !! Crièrent les jumeaux en revenant dans le salon, fiers de leur farce, avec Angelina armée de sa caméra. On l'a plaqué sur le lit des parents !

- J'ai toutes les images !

- Harryyyyyy !! Viens ici tout de suite !! »

Plié en deux de rire, Harry eut du mal à retrouver son calme et monter à l'étage pour aider Théo à se démaquiller. Il le trouva dans la salle de bain en train de se laver le visage, mais il ne faisait que se mettre du rouge un peu partout. Harry fouilla et parvint à trouver du lait démaquillant qu'il appliqua sur le visage de Théo, mais il eut du mal, vu qu'il avait déjà mouillé les parties touchées.

« T'es trop mignon Théo…

- Ces connards ont pris des photos, putain !

- Si Tata t'entendait… »

Soudain, un hurlement peu masculin résonna dans toute la maison. Théo et Harry se regardèrent et levèrent les yeux au ciel.

« Je crois que Ron s'est fait avoir, lui aussi. »

Ils entendirent le rouquin monter les escaliers à toute vitesse et passer devant la salle de bain, dont la porte était ouverte. Il voulut s'enfermer dans une chambre mais les jumeaux furent plus rapides et le coincèrent sûrement sur un lit.

« Bon, bah j'ai plus qu'à attendre qu'ils aient fini pour que je le démaquille. »

Théo ricana et croisa les bras, attendant patiemment que les jumeaux et Angelina repassent devant la porte ouverte, ce qu'ils ne tardèrent pas à faire, courant dans le couloir avant de dévaler bruyamment les escaliers en bois, manquant de tomber au passage. Ron arriva dans la salle de bain, épuisé, ses cheveux roux ébouriffés et le visage recouverts de baisers rouge vif. Harry faillit éclater de rire mais Théo ne put se contenir, se tournant pour pouffer tout à son aise.

« Je te démaquille ? Proposa Harry en montrant le flacon de lait et un rond de coton.

- Je me demande si c'était une bonne idée de faire cette fête à la maison, soupira le rouquin tandis que Harry le démaquillait avec application.

- Vive les photos dossier demain… »

Le regard de Théo s'éclaira et un sourire machiavélique se dessina sur son visage.

« Mon Ryry à moi…

- J'adore quand tu me parles comme ça, Théo…

- T'as apporté ton appareil photo ?

- C'est Draco qui l'a. »

Alors Théo sortit de la salle de bain, le visage frais et démaquillé, laissant ses deux amis terminer leur affaire. Une fois que Harry en eut terminé avec Ron, il rangea le lait démaquillant et prit les cotons pour les jeter, écoutant à peine Ron grogner après ses fichus frères qui étaient de vrais gamins. Ils revinrent dans le salon, Olivier, Cho et sa copine Marietta étaient arrivés. Ron foudroya ses frères du regard alors qu'ils montraient à la chinoise leurs nouvelles photos dossier, accueillant dans ses bras Hermione qui lui caressa les joues en lui disant de façon tout à fait moqueuse qu'il sentait bon le bébé. Ecarlate, le rouquin lui dit qu'au lieu de se foutre de lui, elle devrait engueuler ces deux crétins qui lui avaient peinturluré le visage de rouge, mais cela faisait plus glousser la jeune femme qu'autre chose.

Harry alla vers son petit ami qui l'informa que Théo avait son appareil-photo, le brun haussa les épaules en lui disant qu'il avait juste envie de se venger des jumeaux. Avec un sourire moqueur, le blond l'informa qu'il avait vu les photos et elles étaient plutôt réussies. C'était amusant de voir Théo avec des marques rouges de baiser sur le visage…

Olivier, aidé de Millicent et Ginny, apporta les boissons, vu que les jumeaux avaient oubliés de les sortir. Enfin, ils avaient sortis l'alcool mais pas le jus de fruits et l'eau. La table de la salle à manger était recouverte de chips, pains de mie garnis et autres, ainsi que les diverses boissons avec des verres en plastiques empilés les uns sur les autres. Neville se proposa pour faire le service, allié à Harry qui ouvrait une bouteille de champagne à la demande générale.

« Tournée générale ! »

Tout le monde prit une coupe. Il n'y avait pas encore de musique, les uns discutaient avec les autres tout en buvant un verre. Sauf que l'alcool apparut sur les tables et quelques verres s'enchaînèrent, tandis que les invités grignotaient ce qui avait été préparé pour le « repas ». Harry, après une coupe de champagne et deux verres de martini piqués à Cho qui lui vola la moitié de son deuxième verre, se sentait un peu embrouillé. Il décida d'en arrêter là avec l'alcool mais Cho grimaça après avoir bu une gorgée de whisky et, ne pouvant la finir, elle donna son verre à Harry qui le termina. Draco fut plus doux de ce côté-là, il n'aimait pas particulièrement l'alcool. En bref, il n'était pas de ces hommes qui pouvaient boire n'importe quel alcool sans grimacer, ce qui était le cas de son petit ami et de Blaise.

La fête commença vraiment quand la musique arriva. Tenant les platines, les jumeaux allumèrent leur ordinateur et, branchant les enceintes, envoyèrent de la musique, ce qui créa alors une atmosphère des plus joyeuses dans le salon. Le milieu de la pièce avait été laissé libre, servant de piste de danse, sur laquelle quelques personnes se jetèrent.

Il y eut d'abord Ron qui emmena Hermione sur la piste. L'étudiante refusa d'abord mais elle finit par céder, ne pouvant résister à ses yeux de chien battu. Et puis, il fêtait ses vingt-deux ans, elle ne pouvait que lui faire plaisir. De plus, il fallait bien avouer que cela ne la dérangeait pas tant que ça de danser avec son petit ami, même si elle était bien maladroite : l'ambiance était à la rigolade et être dans les bras de son copain la protégeait des possibles moqueries.

Blaise fit une profonde révérence à Millicent et lui proposa galamment d'être son cavalier pour cette soirée. La jeune femme parut hésiter avant de lui céder une main gracile, acceptant son invitation. Ils flirtèrent donc gentiment sur la piste de danser improvisée, se moquant l'un de l'autre : ils étaient bien casés mais bon, vu que leurs partenaires officiels n'étaient pas là, il fallait bien s'occuper…

Enfin, Cho entraîna sa petite amie sur la piste, entamant une danser langoureuse avec Marietta. Théo, une coupe de champagne dans la main, leva les yeux au ciel en les voyant ainsi se chauffer, l'une vêtue d'une jupe outrageusement courte, surtout au vu de la saison, et l'autre portait un jean taille basse qui laissait voir les fines cordelettes rouges de son string. Un sacré couple, ces deux-là… Il allait en faire la remarque à Neville quand, soudain, Seamus se planta devant lui et lui fit ses yeux doux pour qu'il l'invite à danser.

L'irlandais s'attendait à ce que Théo refuse avec cris, mais au contraire, le jeune homme le regarda des pieds à la tête et lui fit un sourire moqueur.

« T'as envie de draguer un homophobe ?

- Y'a aucun homme de libre, ici, sauf toi ! »

Il lui prit alors le bras, le forçant à venir avec lui, et Théo se laissa faire. A la surprise générale, leur homophobe préféré et l'homosexuel par excellence se mirent à danser ensemble sur Like a virgin, puis sur Jesus is gay. Harry et Olivier n'en finissaient plus de rire en les voyant ainsi se déhancher, l'un voulant se coller le plus possible à l'autre qui tentait de le garder à une distance acceptable entre eux. Les danseurs tentaient de garder le rythme mais Ron était plié en deux de rire et Blaise tentait tant bien que mal de danser avec Millicent qui riait à gorge déployée. Les jumeaux les mitraillaient avec leur appareil photo, et le pire fut quand Théo décida de jouer le jeu et répondre aux avances de Seamus qui se fit séducteur au possible.

« Je comprends pourquoi t'es sorti avec lui, glissa Harry à l'oreille de Draco, alors que Hannah emmenait Neville sur la piste.

- Ah oui ?

- Il est vraiment sexy.

- Il est à ton goût ?

- Et si je te répondais oui ? »

Harry lui lança un regard de défi aucun son amant répondit par un autre regard, mais lubrique, un sourire sûr de lui sur les lèvres. Il lui tendit la main, en une invitation voilée, et sans le lâcher du regard, le tatoueur posa sa main dans la sienne. Et ils se lancèrent dans une danse tantôt sage, tantôt sensuelle, voire même provocatrice, au point que Théo et Seamus se firent plus proches, s'effleurant tout en lançant des regards emplis de défi au blond et au brun. Seamus caressait la nuque de Théo, remontant vers ses cheveux marron foncé, l'autre laissant ses mains s'égarer sur ses hanches fines, tandis que Harry effleurait les lèvres de Draco, ce dernier caressant le creux de ses reins sous son tee-shirt.

Sous le regard hilare des autres invités, le couple gay du groupe et celui regroupant deux antipodes se livrèrent à un concours de danse, à celui qui serait le plus provocateur, le plus sensuel… et cela sous l'œil de la caméra d'Angelina qui ne manquait aucune seconde de cette petite guerre qui se termina par une séparation des couples. Cho s'accapara Théo, dansant de façon toute aussi sensuelle avec lui, tandis que Draco se retrouvait avec Marietta qui lui fit un gentil rentre-dedans auquel le blond répondit avec galanterie. Et Harry et Seamus se retrouvèrent ensemble.

Evidemment, l'irlandais en profita pour draguer de façon assez taquine et gentille Harry. Il voyait avec plaisir que le brun savait danser et il ne put s'empêcher de le trouver incroyablement craquant et sexy à répondre ainsi à ses avances, souriant de toutes ses dents blanches et alignées, ses yeux un peu voilés par cette euphorie qui accompagnait la danse et l'alcool qu'il avait bu. C'était sans doute pour cela qu'il se laissait porter aussi facilement par la musique et dansait de façon aussi simple avec Seamus, ne repoussant pas vraiment ses mains ou son corps.

Seamus en vint presque à oublier où il se trouvait. Il n'y avait plus que Harry qui se mouvait en harmonie avec lui, presque contre lui, embrassant son corps, dans sa façon de s'abandonner sans réaliser l'ambigüité de certains gestes. Il fallut que Draco se glisse dans le dos de son homme et le retire de l'étreinte de Seamus pour que ce dernier revienne sur Terre. Le regard de Draco lui glaça le sang et il fut incroyablement gêné, à la fois pour s'être laissé aller de cette façon devant lui, mais surtout parce que le blond, hormis son regard glacial, avait un comportement des plus normaux, enlaçant son petit ami et l'embrassant dans le cou. Seamus fut sauvé par Marietta qui lui demanda une danse, mais il ne tarda pas à la laisser.

Pourtant, personne ne semblait avoir remarqué quoique ce soit d'anormal. Seul Draco avait vu que quelque chose de louche se tramait, et peut-être même Harry, qui restait près de lui sans protester. Sauf que ce dernier, l'esprit un peu embrumé, avait du mal à saisir pourquoi son petit ami lui tenait fermement la taille sans vouloir le laisser partir.

« Dray, laisse-moi…

- Hors de question.

- Chéri, j'ai envie danser…

- Tu as trop bu. »

Harry leva les yeux au ciel et Draco eut la conformation que, non, il avait encore toute sa tête : le brun lui chuchota à l'oreille qu'il n'était qu'un jaloux possessif. Acerbe, Draco répliqua que c'était lui qui l'avait cherché, dansant avec Seamus au lieu de l'éviter.

« Mais je jouais, Draco, arrête de voir le mal partout… Lâche-moi, s'il te plait.

- Tu restes là.

- Tu ne vas quand même pas m'empêcher de m'amuser ? »

Voilà une des qualités de Harry : quand il y avait une fête, il était le premier à mettre l'ambiance en allant danser avec n'importe qui. En général, ça ne dérangeait pas Draco : vu qu'il était occupé avec quelqu'un, il n'avait pas à se forcer à aller danser, jetant juste des coups d'œil à son petit ami. Sauf que ce soir-là, ça ne lui plaisait pas du tout qu'il danse avec Seamus qui avait forcément des vues sur lui.

« Tu vas encore danser avec lui ?

- Je suis encore libre de faire ce que j'ai envie de faire.

- Rappelle-moi de surveiller ta consommation d'alcool à l'avenir.

- Rappelle-moi que tu n'es qu'un coincé des fesses quand il y a une fête. »

Draco fronça les sourcils d'un air énervé et allait répliquer vertement mais Harry s'échappa de ses bras et aborda Ginny qui le suivit bien volontiers pour aller danser. Furieux, Draco regarda donc son amant se déhancher près de la jeune fille qui riait de bon cœur. Le blond ne pouvait le quitter des yeux, même s'il essayait de se calmer. Il décida alors de ne pas se laisser faire.

A grandes enjambées, l'étudiant alla vers Seamus qui, en le voyant arriver, sentit les dernières minutes de sa vie s'écouler. Mais son ex petit ami lui proposa de danser avec lui, ce qui stupéfia Seamus mais il accepta néanmoins avec un sourire. Alors ils allèrent danser tous les deux et une sorte de nouveau défi débuta, entre Harry et Ginny qui se chauffaient dangereusement pour être à la hauteur de l'autre couple tout aussi sensuel.

Mais si c'était fait avec amusement, il y avait quelque chose qui n'allait pas chez Harry et Draco. C'était peu visible, évidemment, les autres suivaient la musique en tapant dans leurs mains ou en venant les rejoindre, mais les deux amoureux ne se quittaient pas du regard. Jusqu'au moment où Draco vit le regard blessé de Harry qui, le sourire aux lèvres, reconnut sa défaite et quitta la piste. Le blond ne tarda pas à sortir à son tour, ses yeux emplis d'incompréhension tournés vers son copain qui se servit un verre d'alcool qu'il but cul-sec. De façon naturelle, l'étudiant en médecine se glissa derrière lui.

« Harry, ça ne va pas ? Demanda-t-il d'une voix douce.

- Si ça va.

- Pose ce verre, fit le blond en le prenant dans sa main. Harry, tu n'as pas l'air bien. Dis-moi ce qui t'arrive.

- Tu dansais avec lui. »

Draco ne savait pas s'il devait rire, s'énerver ou ne rien dire du tout. Le voilà jaloux à son tour ! C'était le monde à l'envers. Draco lui prit la main et l'emmena dans le couloir. Au passage, il dit à Georges que Harry ne se sentait pas très bien, vu qu'il se demandait pourquoi ils quittaient le salon. Le blond l'emmena dans la chambre de Molly et Arthur Weasley, où tous les manteaux et sacs avaient été déposés.

« Harry, il va falloir qu'on discute, toi et moi.

- Dray…

- Je te demande de ne pas t'approcher de Seamus et tu le fais, le coupa le blond. En fait, tu n'en a rien à faire que je ne me sente pas bien quand tu es avec lui. Mais quand moi, je danse avec lui, tu ne le supportes pas !

- C'est pas pareil…

- Qu'est-ce qui est différent ? Regarde-moi quand je te parle, Harry ! »

Le brun leva vers lui des yeux vitreux, un peu humides. Draco ne comprit pas ce qui le mettait dans un état pareil, jusqu'à ce qu'il s'explique.

« Toi, tu l'as aimé, Seamus. Et il t'aimait beaucoup. Vous êtes sortis ensemble et vous avez couché ensemble. Tu crois que ça m'amuse de te voir flirter avec lui ? »

Sa voix était douloureuse, comme s'il répugnait à lui avouer de tes choses.

« J'ai pas les idées claires, je le sais. Toi non plus Draco, tu n'as aucune confiance en moi, tu penses que je vais tomber amoureux de n'importe qui. Tu crois que ça me fait plaisir que tu doutes de moi ? J'en peux plus de ta jalousie, tu crois sans arrêt que je vais coucher avec Seamus parce que je lui plais !

- Pas coucher…

- Et te voir avec lui… Vous avez couché ensemble, merde ! Vous êtes sortis ensemble ! Ça s'oublie pas, ça…

- Harry…

- Quand vous dansiez… c'était tellement naturel…

- Harry, ne pleure pas, s'il te plait… »

Mais trop tard, des larmes dégoulinaient sur ses joues rouges. Draco le prit doucement dans ses bras, caressant ses cheveux d'un geste apaisant. Ça, c'étaient les effets de l'alcool, Harry était assez lucide pour comprendre ce qui se passait autour de lui mais il était à fleur de peau, ses émotions étaient exacerbées. Jamais Draco n'aurait pensé qu'il se mette à pleurer pour ça, même avec un bon coup dans le nez. Ils n'avaient jamais vraiment parlé de ça, il jugeait que Seamus était une affaire classée depuis longtemps, mais apparemment, ce n'était pas vraiment le cas pour Harry qui n'oubliait pas ces trois mois que Draco avait passés avec l'irlandais. Même s'il n'était pas vraiment coupable, le blond regretta d'avoir dansé avec son ex, son but étant de faire comprendre à Harry ce qu'il ressentait, et non pas le blesser.

Peu à peu, Harry se calma, blotti dans ses bras et sa tête dans son cou. La pièce était silencieuse, ils entendaient un semblant de musique qui venait du salon, transperçant les murs et les portes tant le volume était élevé. Finalement, Harry s'écarta de lui et s'essuya les yeux avec ses manches. Draco chercha une boite de mouchoirs des yeux et en trouva une sur la commode. Il tendit une feuille douce et blanche à Harry qui se moucha sans aucune grâce, comme une trompette. Draco ne put s'empêcher de ricaner.

« Qu'est-ce qui te fait rire ?

- On dirait un éléphant qui se mouche.

- Tata ne m'a jamais appris à me moucher avec élégance. »

Ils échangèrent un petit sourire avant que Harry ne se mette sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Ses lèvres avaient un goût salé de larmes, à la fois doux et désagréable.

« Ça va mieux ?

- On peut dire ça, oui. Désolé, mais j'ai pas pu me retenir. L'alcool, sûrement. »

D'une petite voix, Harry lui avoua qu'il avait bu un peu trop parce que Draco l'exaspérait avec sa jalousie maladive. Le blond soupira, sentant qu'il était en train de gâcher la fête : Harry reniflait devant lui, un mouchoir dans la main et Seamus devait faire profil bas dans le salon.

« Harry… Fit Draco en prenant son visage dans ses mains. Ecoute, je ne voulais pas te blesser, vraiment.

- Je sais, acquiesça le brun en posant ses mains sur les siennes. Moi non plus j'ai pas envie de te faire mal. Mais tu répètes toujours la même chose…

- Alors fais des efforts et ne l'approche plus. Dis-lui que c'est de ma faute. Mais je ne veux plus, Harry, ça me fait trop mal de te voir avec lui. C'est plus fort que moi, j'ai beau essayer de me calmer, je n'y arrive pas. Et j'ai confiance en toi, tu sais. Vraiment. »

Le jeune homme hocha la tête et son le blond l'embrassa à son tour, tendrement, tout en caressant doucement ses joues, comme pour effacer ses larmes.

« Tu vas te passer un coup d'eau sur le visage et on y retourne.

- Tu danseras plus avec lui, hein ?

- J'ai fait ça pour te rendre jaloux, pas par plaisir personnel. »

Danser avec Seamus, c'était retrouver une ancienne complicité, mais le goût du flirt n'avait pas guidé ses mouvements. Prenant la main de Harry, il l'emmena dans la salle de bain à l'étage où le brun se lava le visage avec de l'eau froide. Cela lui rafraichit un peu les idées, ce qui était une excellente chose. Draco lui tendit une serviette éponge avec laquelle le brun s'essuya le visage, puis il la pendit et regarda Draco dans les yeux.

« Nan, ça va, ça ne se voit pas trop. »

Harry poussa un petit soupir soulagé : il ne voulait pas que ses yeux soient trop rouges et qu'on s'aperçoive qu'il avait pleuré. Ensemble, main dans la main, ils retournèrent dans le salon, s'immergeant dans un monde coloré et bruyant. Cho sauta sur Harry comme la misère sur le monde et lui demanda si tout allait bien. Une fois qu'il eut acquiescé, elle le tira dans la cuisine de façon peu discrète. Fronçant les sourcils, Draco se demanda pourquoi elle l'emmenait, jusqu'à ce que Blaise lui chuchote que le gâteau était sensé arriver maintenant.

« Ah, d'accord…

- Qu'est-ce qui s'est passé avec Harry ?

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Bah vous êtes partis tous les deux et il avait pas l'air de se sentir bien. L'alcool ?

- Je t'en parlerai plus tard. »

Blaise hocha la tête en se demandant bien quelle mouche les avait piqués encore, cette fois. Mais il ne demanda pas plus de détails, comprenant que Seamus n'était pas étranger à l'affaire. Draco le regardait du coin de l'œil, comme pour le surveiller. Pourtant, le jeune homme ne faisait rien de mal à part discuter avec Neville et sa petite amie, Hannah.

Soudain, toutes les lumières s'éteignirent. On poussa des petits cris, imaginant déjà ce qui allait suivre. Puis Olivier et Harry arrivèrent, l'un portant un fraisier sur un plateau argenté, l'autre un gâteau au chocolat. Alors ils entraient dans le salon, tous les invités se mirent à chanter la chanson traditionnelle.

« Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! »

Enfin, les deux hommes posèrent les grandes pâtisseries sur la table qui avait servi jusque là de buffet, Cho les suivant avec des assiettes et Marietta avec des couverts. Chaque gâteau était piqué de vingt-deux ou vingt-trois bougies, avec une inscription sur un morceau de pâte d'amande au milieu : Joyeux anniversaire Théo et Joyeux anniversaire Ron. Alors que les deux amis soufflaient leurs bougies, les jumeaux prenaient des photos, Angelina filmait et les autres applaudissaient.

Puis, on ralluma les lumières. Fred et Georges sortirent les plus gros couteaux qu'ils trouvèrent et coupèrent des morceaux de gâteaux de façon plus ou moins réussie tandis que Ginny tendait les assiettes pour distribuer des parts à tout le monde. Pendant ce temps-là, Olivier servait à nouveau du champagne, faisant péter le bouchon avant de verser la boisson pétillante dans des coupes que Cho et Millicent donnaient aux invités. Hermione était collée à Ron, ses bras autour de sa taille, le rouquin la serrant tendrement contre lui tout en embrassant ses cheveux bruns.

En les voyant ainsi, Blaise regretta que Luna ne soit pas là : il avait lui aussi envie de la tenir dans ses bras et de l'embrasser. Mais elle était en Angleterre et il ne la reverrait pas avant deux semaines : il prenait son week-end et montait à Londres afin de la voir. C'était étrange mais il sentait qu'il tombait vraiment amoureux de Luna Lovegood, malgré sa timidité, sa bizarrerie et ses paroles plus ou moins claires. Il y avait quelque chose de touchant en elle, quelque chose qu'il n'y avait pas chez les autres filles et qui le charmait indéniablement.

Blaise sortit de ses pensées quand Ginny lui donna son assiette de gâteau. Des chaises avaient été amenées mais il préféra s'asseoir à côté de Harry sur le canapé, lui-même assis près de Draco. Tout le monde prit place, les uns sur les chaises, les autres dans les deux fauteuils. Millicent fit des yeux de chien battu à Blaise qui finit par accepter de l'avoir sur ses genoux, vu qu'il n'y avait plus de place pour elle.

« Ah la la, si ton homme te voyait sur mes genoux… Soupira Blaise d'un air exaspéré.

- Il dirait « tant mieux, elle n'est pas sur les miens », répliqua Draco d'un air moqueur.

- C'est tout à fait son genre, approuva Millicent en goutant le fraisier.

- Vous exagérez… »

Tous les secouèrent la tête sous le regard amusé de Harry qui imaginait lui aussi très bien Gregory Goyle dire ce genre de choses. Le brun fit signe à Millicent de se rapprocher et la jeune fille tendit le cou vers lui. Il lui murmura à l'oreille que Draco se moquait, mais si lui s'asseyait sur les genoux de Blaise, il se rigolerait pas. L'étudiante pouffa et approuva d'un signe de tête.

« Tu dis du mal de moi ? Lui demanda le blond à tout hasard.

- Moi ? Jamais, répondit Harry avec sérieux tout en lui piquant un morceau de gâteau au chocolat.

- C'est cela, oui…

- Il est bon, ce gâteau. Tiens, goute. »

Harry prit un morceau de fraisier et le tendit à Draco qui le mangea mais fit une légère grimace : il n'aimait pas trop ce genre de gâteau, la crème l'écœurait un peu. Harry haussa les épaules en lui disant qu'il ne savait pas ce qu'il perdait à manger du gâteau au chocolat au lieu des fraises. Draco haussa les épaules en lui disant qu'il était bourré. Blaise éclata de rire et Millicent gloussa.

La fête se poursuivit jusque tard dans la nuit. Quand ils rentrèrent, Harry tenait la taille de Draco et ce dernier guidait plus ou moins ses pas, vu que les jumeaux semblaient avoir décidé de le bourrer bien comme il le fallait. Théo avait beaucoup de mal à marcher droit, lui aussi était bien cuit, donc il se tenait à Seamus qui avait bu une bonne coupe en trop lui aussi. Blaise était éméché mais assez lucide pour faire attention à ces deux crétins qui étaient fermement décidés à marcher sur la route et non pas sur le trottoir.

Quand ils rentrèrent à la maison, ils furent accueillis par une Isaline en peignoir. Les poings sur les hanches, elle regarda cette bande de garçon d'un air exaspéré.

« Je crois que vous êtes pires que les jours où je me bourre la gueule avec Sirius.

- Ah, tu crois ? Fit Draco.

- Théo tient même plus début, c'est affligeant… Allez les jeunes, au lit, et que ça saute ! »

Draco monta à l'étage avec Harry tandis que Seamus et Théo allait dans la chambre d'ami au rez-de-chaussée et qu'Isaline montrait le lit déplié dans le salon à Blaise pour qu'il y dorme. Voyant que Harry ne pourrait pas se doucher ni même retirer ses vêtements tant il était parti loin, il se contenta de lui retirer ses chaussures et d'ouvrit le lit. Harry eut tout de même le reflexe de retirer ses vêtements, restant en sous-vêtements avant de se coucher. Draco en fit de même et éteignit la lumière, s'endormant comme une masse.


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !